Titre : Le Constitutionnel : journal du commerce, politique et littéraire
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1848-07-21
Contributeur : Véron, Louis (1798-1867). Rédacteur
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Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 21 juillet 1848 21 juillet 1848
Description : 1848/07/21 (Numéro 203). 1848/07/21 (Numéro 203).
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
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* On Abonna dan» les dépariera*.»* aux mca^-trles ci aux
dh*octionsde& postes.—A Londres ihez Mld t Cvwlc et fils, SMiiti- *
* iaw.*—A Strasbourg, eh*x Alexandre? pour l AHenzagna.
S'adresser hannj, pou i la rédaction, ■ ■
à M. MEMItiiJAU, gérant.
. Le» article» iérosds no seront pas rendu».
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JOURNAL POLITIQUE, LITTÉRAIRE, UNIVERSEL.
Le» abonnement datent de» i" et 10 de chaque mol*.
BUREAUX A PARU :
Rut du 24 Février, 10 (ci-devant de Valoil).
Let annonce» »ont reçues an barean du Journal
do 11 A 4 hearei* . ,
l£i.'. ïtoutt insertion doit Mr. igrMi pu 1» (tout.
S'adresser franeo, pour l'administration,
■ • à H. bobim , directeur. -
PMiàë,' 20 JUILLET.
'Les hommes qui sont aujourd'hui au pou
voir, et qui doivent le salut de la République
' et le leur au courageux concours des répu
blicains du lendemain, ont vainement, dans
un jour de reconnaissance et da justice, fait
un appel à la concorde et à l'union entre les
républicains de toute date. Vainement la
réunion des représentant qui a sou siège à
l'Institut, a-t-elle Tait entendre le même lau-
; gage. La distinction d'origine, à peine effacée
d'hier } le National se hâte de la rétablir. Il y
aura; toujours pour loi les républicains de
la veille et ceux du lendemain. Les uns sont
ceux qui veulent ledéveloppeiront de la révo-
■ lution, les autres ceux qui s'efforcent deï'ar-
- .iêler. Ceux-là en acceptent à la fois le prin
cipe et les conséquences, ceux-ci, sophistes
'maladroits, proclament le premier et nient
" les secondes. Ce sont des réactionnaires.
A votre aise,. leur répondons-nous. Don
nez tant qu'il vous plaira aux hommes de
notre opinion; ce titre proscrit que vous nous
prodiguez depuis qnalre mois, et qui de
vrait commencer à être réhabilité, à vos
yeux, parles actes du gouvernement com
posé'de vos amis. Cette qualification, vous
nous l'avez appliquée dans des jours où ellé
était plus dangereuse à porter, dans ces
jours où vous donniez à la révolution'de
février un développement insensé dont nous
exposions ,alorà et dont vous reconnaissez
maintenant les périls après les avoir contes-
. tés. Si ce qu'on fait aujourd'hui s'appelle de
la réaction, c'est vous qui' l'avez rendue
nécessaire,' vous dont le journal, transformé
en gouvernement', avait rempli de son per
sonnel multiple toutes les positions influen
tes du pouvoir et de l'administration. C'est
vous qui gouverniez quand on faisait tant de
fautes, ce sontvos amis qui gouvernent en
core quand on commence à les réparer.
Appelez-nous, si cela vous plaît, réaction
naires ,. mais interdisez-vous, par une juste
modestie, de faire la leçon aux autres du
haut de votre prétendue supériorité en matiè
re de gouvernement. Vous n'avez pas le droit
d'être fiers, vous n'avez pas le droit de dire
que vous seul comprenez les conséquences
que doit produire la Révolution, et que nous
no savons pas, " nous, faibles que nous som
mes; nous élever à la conception des déduc-
' tioris logiques contenues dans un principe.
Et d'abord, à propos, de quoi nous repro
chez-vous de nous opposer aux justes éonsé-,
quences de la Révolution? A propos du dé
bat sur PécolePoly technique. La gratuité ap
pliquée à toutes les admissions estunë dette de
la révolution envers la démocratie. Quoi! il
n'aurait pas été tout aussi démocratique dé
partager les choses par moitié, et de faire
payer l'instruction aux riches, et de ne . la
point fa repayer aux pauvres?Est ce qu'iln'y
aura pas probablement,une bonne partie des
élèves admis à cette école, qulseront capables
de pourvoir aux frais de cette instructiQn su
périeure? 0ue si !« principe de la gratuité
universelle, appliqué à l'instruction ; était, à
vos yeux j engagé dans ce débat; si c'est la
conséquence démocratique que vous poursui
vez, noiis verrons s'il vous sera possiblè de
l'organiser, de maniéré à ce .qu'elle, ne soit
pas une illusion ou une ruine, et une source
d'inégalités réelles cachées au fond de cette
égalité théorique. Nous verrons si le droit à
l'instruction gratuite, appliqué sur une
grande échelle, ne produirait pas des résultats
analogues à ceux du droit au travail. M. de
Lamoricière n'a-t-il pas demandé, dans l'in
térêt du trésor, un ajournement à cette appli
cation restreinte.de l'instruction gratijite? ,
Comment ! vous prétendez régler ce qu'on
doit accorder de conséquences à la révolution
de février; mais vous avez soutenu que l'une
de ces conséquences était l'organisation, du,
travail; et la grève de toutes les industries 1
g'en est suivie, et vos amis ont fermé cette
fabrique de la misère. Vous avez soutenu que
l'une de ces conséquences était la création
d'ateliers nationaux ; ét là puissance du tré
sor public y a succombé, et vous les avez
dissous.'Vous avez demandé comme, con
séquence de la. révolution ,' la liberté il
limitée de ' la pressé et des clubs, et vos
amis én sont arrivés au droit momentané de
suspendre les journaux, et à la réglementa-!
tion indispensable, du droit de s'assembler
dans des clubs. L'armewedt de tous les ci
toyens sans exception était une conséquence
Àe la révolution; et vous en êtes à un désar
mement réclame par tlô salut public. Ah!
oui, vous vpus entendez attirer les cpnsé-
quënpeS d'iîn principe l Vous en avez tire, en
effet, la guerre jciyile;». h pl«s effroyable.ba-
taille qui ait ea lieu dans Paris. Vous avez.
161
525
274
38
gouverné quatre mois, et, sans le savoir,
vous avez marché à. l'abîme ; vous vouliez
éviter dos collisions, et le sang a été'versé à
flots. Vous vouliez organiser ua budget dé-
mocrat'que, autre conséquence de la révolu
tion; et vous avez agrandi le gouffre où nos
finances sont menacées de périr. N'attaquez
pas l'intelligence de vos - adversaires. Tant
d'orgueil ne Vous est pas permis.
■'■■■lOBOtaiL-—
Voici les résultats du scrutin qui a eu lieu
ce matin pour l'élection du colonel de la
3 e légion de la garde nationale :
Electeurs inscrits. . 10,774
Votans. ... . S, 058
• Suffrages
Le général de Bar a obtenu ... . 3,933
M. Hovyn, lieutenant-colonel dé la
legi n . . . . • ■ « ,. » .
M. Vincent Dubocfret, chef du 2°
bataillon d« la légion . . . .
M. Perrée, maire de l'arrondissem.
M. Thirion, colonel démissionnaire.
En conséquèncé M. le généi al de Bar a été
proclamé colonel de la 3 e légion,,On voit qùe
nous avions justement pressenti les disposi
tions de la 3° légion,, puisque le général de
Bar a réuni à lui seul quatre fois autant de
voix que ses coneumns en ont obtenu tous
ensemble.
Les amis de M. Clément Thomas et de M."
Thirion publiaient aujourd'hui, au sujet de
cette élection, dans le Nationil, un article
bien ridicule; le commandant en chef de la
garde nationale, le général-Changarnier, y
était surtout pris à partie, pour ce qu'il a
écrit, pour ce qu'il n'a pas écrit, pour l'acte
de fermeté qu'i| a accompli envers Al. Thi
rion, pour le cas qu'il fait de la décoration,
du hochet de la Légion-d''Honneur, pour
la ferme volonté qu'il a exprimée, d'ac
cord avec le chef du cabinet, de donner
aux gardes nationaux qui ont fait preu
ve de bravoure et. de dévoûment, les ré
compenses honorifiques qu'ils ont méritées
de la patrie. Le National combattait en même
temps avec beaucoup de vivacité la candida
ture du général.de Bar,et,- du haut de la gloi
re militaire de M. Clément Thomas, décla
rait désormais incapables.et inutiles, tous ces
anciens généraux qui ont servi leur pays
avec honneur.
Sur tous ces points, la 3 e légion a été d'un
autre avis que le National, qui est décidé
ment malheureux en fait d'élection. Il ne
s'est trouvé, sur 5,000 homme», que 38 per
sonnes pour protester par. un vote en faveur
de M. Thirion, contre,l'ordre du jour dont
il se plaint. Le général de Bar a été nommé
par une immense majorité. La légion qui a
si bravem*nt fait son devoir, en juin, n'est
pas fâchée d'être commandée par un militaire
expérimenté ; ' elle ne partage pas les dé
dains et l'ingratitude des amis du Natio
nal pour les vieux services ; elle recevra
avec une juste fierté les. récompenses qui
seront décernées à quelques-uns de ses
plus braves, soldats, par des hommes qui,
comme le général Changarnier, le général
Cavaigoacou le général de Lamoricière se
connaissent en bravoure. Elle pense, comme
foutes les légions parisiennes, qu'on ne pou
vait pas donnér. à la garde nationale un chef
plus digne de la confiance de ses concitoyens,
de la déférence de ses subordonnés, que le
général Changarnier, déjà élu, comme repré
sentant, par les suffrages de Parts. En somme,
le scrutin de cette élection nous-, parait une
réponse très péremptoire à l'article du Nar-
lionai. . .
Le mot de oumul vient d'être prononcé dans
l'Assemblée nationale, et nos législateurs ont
paru tout surpris de n'en pas,éprouver plus
d'horreur. A vrai dire, il ne s'agissait encore
que du nom, point de la chose. Toutefois, il
faut bien s'attendre à ce que le même .effet se .
reproduise quand .on examinera certains cas
de cumul incontestables, mais assez dignes de
pardon; ceux qui intéressent, par exemple,
la classe des sâvans. On sera contraint d'opter
alors entre la rigueur du principe et l'avenir
'des mathématiques pures en France; car
celles-ci n'offrant à d'illustres professeurs.au-
cunèi application lucrative dans les arts ni
dans l'industrie, leur perspective là plus bril
lante se Lornerait à .un. traitement de 4,000
ou 5,000 fr., p jur peu qu'il devint impossible
d'occuper deux chaires ou deux fonctions
d'enseignèment. Nous serions en droit d'in-
voquer, à l'appui de cette thèse, l'exemple
donné depuis long-temps par des républicains
de la veille.
Mais n'anticipons point sur des débats qui.
viendront en leur temps et fourniront à l!Âs-
sembléé nationale une occasion ,nouvelle de>
reconnaîtra combien il est plus facile d'éiion-,
cer de grands principes généraux que d'en
tirer de bonnes et équitables lois. Nous n'a
vons à nous occuper aujourd'hui que de la
posilion des anciens militaires investis de
fonctions civiles, et, à ce double titre, ayant
droit aune pension de retraite et de reforme,
ainsi qu'aux appointemens de leur servicé ac
tif. Est-ce bien là d'ahord un véritable cas
de cumul? nous.ne'saurions l'admettre.
Ce qui caractérise proprement le cumul,
c'est la possession et le bénéfice simultanés
de plusieurs places réellfs, distinctes, qui
pourraient être réparties entr.e autant de per
sonnes différentes. Or, la retraite ne consti
tue point ce qu'on nomme une place, et la
pension n a pas la moindre analogie avec un
traitemènt d'emploi. Cette pension n'est
qu'une dette de l'Etat : pas autre chose. Elle
formé une propriété légale, aussi fixe, aussi
personnelle, et, à certains égards, mieux ga
rantie que la rente inscrite sur le grand-li
vre, qui se perçoit de même au trésor. Tan
dis que dès appointemens servent à rémuné
rer un servicé journalier et disparaissent avec
lui, sont susceptibles d'élévation ou d'abais
sement, en vertu d'arrêtés successifs, etc., les
pensions, une fois réglées, ne-peuvent'plus
subir aucun remaniement ; elles n'assujélis-
sent leurs détenteurs à aucune obligation ma
térielle. Les pensionnaires, en un mot, sont
des créanciers de l'Etat; ils touchent le divi
dende qui lèur revient dans la vaste tontine
des retenues ; ils sont soldés en rente viagère
d'un capital complètement acquis par eux et
fixé sans retour. Voilà leur vraie position.
Certains emplois, dans les Services acces
soire» de l'armée, ne donnent point droit à
des retraites; mais leurs émolUfyiens sont plus
élevés et ne subissent aucune retenue. Dans
ce cas, on abandonne à l'employé lui-même
le soin, d'assurer son avenir par des écono
mies facultativts. Supposons, qu'il l'ait fait et
se soit créé de la sorte un revenu Sur l'Etat,
correspondant à la pension du militaire qui
lui était assimilé en grade,, pourquoi l'une
de ces rentes donnerait-elle prise aux dispo
sitions contre le cumul des emplois, tandis-
que l'autre leur échapperait de plein droit?
Nous le savons, plus d'un niveleur serait
tenté de nous suivre sur ce terrain ; car, aa
fond de sa pensée, l'abus ne réside pas seule
ment dans le cumul des deux emplois; il
existe déjà dans la jouissance simultanée d'un
salaire et d'une fortune personnelle quelcon
que, n'importe d'ailleurs l'origine ou la quo
tité de celle-ci. La question entre .ces advér-
saires et nous; consiste à décider'si les places ?
du gouvernement seront données au plus né
cessiteux ou bien au'plus capable ; si l'on vi- ;
sera principalement à créer une administra
tion probe et habile, ou à réaliser cette for
mule égalitaire : A chacun un imorctauâe
pain et rien qu'unmorceau de pain. Triste pro
gramme dont on ne remplirait même qu'une
partie : la seconde î
Les observations précédentes s'appliquent
indistinctement à toutes les retraites, soit ci
viles, soit militaires, par conséquent, nous
n'avons point de catégories à établir. Si nous
en avions, notre premier soin serait d'admet
tre les réserves plaidées par le. ministre >ie la
guerre et plusieurs, autres officiers en faveur
des retraités militaires. Cette classe, en éffet,
ne se compose pas seulement d'hommes, âgés
otrà peu près hors de service;, comme celle s
.qui provient des fonctions civiles. Les droits
à la retraite sont quelquefois'acquis dès qua- '
rante-un ans, dans la marine, et quarante-
six dans l'armée deterre : à ces âges, on peut
quitter la profession des armes par raison .de
famille ou de santé, et porter dans une autre <
carrière toute la vigueur do corps ét de l'es
prit. Enfin, ces changemens de direction de- ;
viennent une nécessité douloureuse pour la
plupart des amputés dont une pension de ré
forme très modiqueassure à peine l'existence,
et qui souvent ont, vu, dès leur jeunesse, une »
belle perspective d'avancement se fermer de
vant eux. Certes, l'opinion publique approu
ve pleinement la préférence jlonnée.à de tels
candidats ; elle ne les flétrit point , du nom de
cumulards, elle n'exige aucune réduction sur
leurs traitemens combinés/
^ C'est à ce point de vue que s'est placé le
général Oudinot en proposant que les an
ciens militaires fussent purement et simple
ment admis au bénéfice des emplois civils et
pussent en toucher le traitement intégral.
Au contraire, le projet du ministre consacre
le principe d'un'réduction ; il implique donc
l'aveu d'un cas de cumul dont nous contes
tons l'existence. : 1
Eh bien! malgré cà l'encontre de ce projet ; nous'souhaitons
même*sincèrement que: l'Assemblée le sanc
tionne. La cause de cette apparente, contra
diction est que nous nous attachons surtout
* • - ' ' -ne **
ci à l'intérêt des militaires mis en cause. Or,
'important pour eux n'est pas de bénéficier
un peu plus sur l'ensemble des deux traite-
ttiens, c'est d'obtenir qu'il leur, soit réservé
. grand nombre de ces places modestes sans
lesquelles ils demeureraient dans un état voi
sin de l'indigence. *
: Si le Gouvernement réalise une économie
positive en leur accordant ces emplois da pré
férence aux candidats civils, l'intérêt des fi
nances publiques , obérées, l'appellera dans
Cette voie plus impérieusement qu ? aucune
autre considération. Quant au point de droit,
bous nous inquiéterons peu d'approfondir si
l'on vote la retenue comme une taxe prélevée
sur lé cumul, ou si on la regarde comme une
sorte da compromis passé entre l'Etat, li
bre dispensateur de ses emplois, et le retraité
qui en acquiert un au prix de quelque réduc-
• tion sur le montant de sa créance antérieure.
De quelque façon qu'on l'entende, le résultat
sera certainement économie pour le trésor et
admission plus large dés retraités militaires
dans les services civils. Double motif pour
être bien reçu par l'Assemblée nationale.
Nous n'insisterons pas sur de petites diffi
cul tés que ce système entraîné dans son ap
plication. La principale de .toutes, qui est l'é
chelle .de réduction du traitement civil, est
résolue par le ministre de manière à ména
ger surtout les petits pensionnaires. Au lieu
de croître dans un simple rapport propor
tionnel avec le chiffre des retraites, ainsi
qu'on l'avait proposé, les retenues suivraient
une loi progressive ; elles grandiraient d'un
pour cent par chaque augmentation de£0 fr.
'• Ainsi, la pension militaire de 500. fr. grève-
roiitle traitement civil cumulé avec elle d'u
ne retenue de o 0/0 ou de 50 fr. ; la pension
de 1,000 ff. conduirait à une réduction de
15 0/0 ou de 150 fr., et ainsi de suite.
En présence d'un tarif aussi modéré, on
conçoit aisément que nous puissions nous
rallier à ce projet de loi, tout en repoussant
- la fausse interprétation de cumul dont il
émane. - .
. Ce sont les incidens instructifs de la candi
dature d'un des commissaires envoyés dans
les départemens par le Gouvernement provi
soire, qui ont occupé aujourd'hui la plus
grande partie de la séance de la chambre.
Décidément, il n'y a pas un genre de repro
ches que n'aient encouru ces fonctionnaires,
et si M. Ledru-Rollin ressaisit jamais les rê
nes du ministère de l'intérieur, il aura bien
de la peine à réuhir une collection de préfets
aussi mauvaise. ,
M. Gent, dont il a été question à l'Assem
blée, était commissaire de la République à
Avignon. S'il faut l'en croire, il avait été en
quelque sorte acclamé par ses administrés qui
ne voulaient pas d'autre préfet que lui. Ce
pendant M. Perdiguier, élu. représentant du
peuple dans le département de Vaucluse, et
dans le département de la Seine, ayant opté
pour Paris, M. Gent pensa à le remplacer.
régime constitutionnel interdisait aux pré
fets de se porter candidats dans leur dépar
tementale régime, de M. Ledru-Rollin a en
couragé au contraire la candidature des com
missaires. C'était, sans doute, aux yeux de
cet homme d'Etat de la Réforme, un moyen
d'avoir des élections entièrement libres, et
d gagées de. toute influence administrative.
. M. Gent a été élu. Mais quand il s'est ache
miné vers Paris, une protestation l'a suivi et
a dérangé les joies que, son succès avait ré
pandues stir la Montagne. .
La protestation, énumérait beaucoup de
fraudes électorales. Des individus avaient été
admis à voter sans justifier des conditions
d'âge et dé domicile; à mesure que les élec
teurs favorables au candidat démocrate se
présentaient, on les admettait sans autre exa-
men, et on adméttait leurs noms sur les lis
tes électorales. Mais là.ne devaient pas se bor
ner les combinaisons du. commissaire pour
assurer son élection. Il avait, dit-on, réuni,
dans, une des salles de la préfecture, un grand
nombre de sous-commissaires, de juges de'
paix, de maires provisoires, d'officiers de la
garde nationale, et là, on, se : serait entendu,
en quelque sorte administrativement, pour
appuyer la candidature et pour la faire réussir.
Tels sont les abus, énuméres dans la pro
testation;, qui ont motivé de.la part de M.'.
Vivien, rapporteur du 4° bureau, une pro
position d'enquête. ; La chambre a beaucoup
ri quand M. Gent, pour se justifier, a dit que
son seul but; en réunissant lès fonctionnaires
sous ses ordres, était de savoir si les habitans
du département consentiraient à se séparer
de lui, même pour l'envoyer à l'Assemblée
nationale.
L'enquête sur ces faits et ces allégations a
été votée à une grande majorité.
Au début de la séance, l'Assemblée a ap
pris avec regret que le président qu'elle vient
d'élire, M. Marrasf, est souffrant «t ne peut
pas prendre immédiatement possession du
fauteuil.^jOn a donné en même temps it li
•chambre la nouvelle douloureuse dé la mort
de M. Damés. .
Nous publions la réponse faite par Pie'IX*
à l'adresse de la chambre de3 députés ro
mains : ' . ' : .
Réponse de Sa Sainteté le pape Pie IX à l'adresse du
conseil des députés.
- <0 juillet 1848.
Nous acceptons les expressions de gratitude que le
conseil nous adresse, et nous recevons la réponse au
discours prononcé en notre nom par le cardinal que
cous avions expressément délégué pour l 'ouverture
des deux conseils, déclarant que nous l 'accueillons
uniquement dans cette partie, qui ne s'écarte en rien
de ce qui a été prescrit dans ie statut fondamental.
» Si le poutife prie, bénit et pardonne, il a aussi
le devoir de délier et de lier. Et si, comme prince,
dans l'intention de mieux protéger et de fortifier la
chose publique, il appelle les deux conseils à coopérer
avec iui; le prince-prêtre a^besoin de toute la liberté
nécessaire pour que son action ne soit pas paralysée
en tout ce qui touche les intérêts de la religion et de
l'Etat; cette liberté, il la garde intacte, tant que de
meurent.intacts, comme ils doivent l'être-, le statut et
la loi sur le conseil des ministres que nous avons
spontanément octroyés.
- » Si de grands dasirs se multiplient pour la gran
deur de la nation italienne, il est nécessaire que le
monde entier sache de nouveau que pour notre part
la guerre ne paut être le moyen d'atteindre ce but.
Notre nom a été béni sur. toute la terre pour les pre
mières' parolès de paix qui sortirent de notre bouche;
il ne pourrait plus l'être, assurément, si les paroles
de guerre en sortaient maintenant. Ce fut donc pour
nous une grande surprise quand .nous, apprîmes que
celte question était, sodmise aux délibérations du
conseil, contrairement à nos déclarations publiques,
et au moment où nous avions entrepris de négociet
la paix. L'union entre les princes, la bonne harmo
nie entre les peuples de la péninsule, peuvent seules
réaliser la félicité après laquelle nous soupirons. Ce
besoin de' la concorde e-t "tel que nous devons em
brasser également tous les princes d'Italie, afin que
de cet embrassement. paternel * puisse naître cette
harmonie qui amènera l'accomplissement des vœux
publics, -i '• : ■
» Le respect des droits et des lois d ^ l'Eglise et la
persuasion dont vous devez être animés que la grân-
deur spéciale de cet Etat dépend de l'indépendance
du souverain-pontife, agiront sur vous de telle sorte
que, dans vos délibérations, vous respecterez toujours
1 s limites tracées par nous dans ie statut. En ceci
surtout se manifestera la gratitude que nous vous de
mandons pour les amples institutions par nous oc
troyées.
» C'est une noble résolution que celle de vous oc
cuper de nos affaires intérieures,, et nous vous exhor
tons de toute notre ame à cetfe entreprise. Le com
merce et l'industrie doivent être rétablis, et notre
principal désir, qui, nous en sommes certains, est
aufsi 1« vôtre, seia t de ne pas surcharger, mais au
contraire de soulager le peu [île. L'ordre public récla
me de grandes ressources, et, pour les obtenir, il est
indispensable que le ministère commence a y consa
crer »es pensées et ses toin's. L'administration publi
que dès finances exige de grandes et minutieuses pré
cautions: Après ces eiémens vitaux, le Gouvernement
vous proposera; pour 1er, municipalités, les améliora
tions que l'on croit leplus.utiles et le plus conformes
aux besoins présens.
» A l'égfondateur a donné le grand droit et imposé le devoir
d'enseigner. • ; • , v
• Soyez d'accord entre vous, avec le haut-conseil,
avec nous et avec nos ministres. Rappelez-vous sou
vent que Rome e t grande non par son domaine.tem
porel, mais principalement parce qu'elle est le siège
de la religion catholique. Cette vérité, nous voudrions
qu'elle fût gravée non sur le marbre, mais dans le
cœur de tous ceux qui participent à l'administration
publique, afin que, chacun respectant notre primauté
universelle, personne ne donne carrière à certaines
théories limitées; ou même' quelquefois à des désirs
de parti: Qui a des sentimens élevés de la religion ne
saurait penser autrement. Et si vous, comme nous
le croyons, vous êtes pénétrés de ces vérités, vous
serez de nobles instrumens dans les msins de Dieu,
pour assurer à Rome et à l'Etat de véritables et so
lides avantages,'dont le premier sera celui d'extirper
la semence de la défiance et le désastreux levain des
partis. ' -
Onn? saurait refuser à la réponse de Pie IX
le mérite delà franchisé et de la netteté.- Le
souverain pontife ne cherche point à dissi
muler l'opposition complète qui existe entre
loi et la majorité de la. chambre : chacun des
paragraphes de sa réponse conteste quel
qu'une des prétentions énoncées par le parle
ment romain. Nous regrettons que la dissi
dence soit aussi éclatante, et que la question
se, trouve-posée avec une telle netteté; qu'une
solution prochaine et décisive soit inévitable.
A un moment aussi critique, lorsque tant
de fermens de. discorde existent dans la
Péninsule, quand l'Italie n'a pas trop de tou
tes ses forcés pour se sauver; nous .aurions
souhaité que le parlement romain- se préoc
cupât; de l'indépendance plus encore que de
l'émancipation de la patrie» Nous aurions vu
'sans regret qu'ajournant jusqu'après la décla
ration de- prétentions justes au fond, il lais
sât reposer quelque temps encore les ques
tions que son adresse a soulevées dans toute
leur gravité.: Nous aurions voulu, par senti
ment de gratitude envers un pieux et saint
pontife, que lui du moins ne fût pas obligé
de défendre l'autorité dont il n'a fait jusqu'ici
IL-* 1 ., i J"
m. : ûi
FÉCILLETON DII C0NSTITUTI0NNEL,21 JUILLET
'liE :i €ABI«fET; NOIR. ■
, ' ilOUtAiV EK SII PiRTiES ,
' BRÉCÉDjfcBS J)'l7H;)PB0I.06UÏ._ , , f ; s
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CHAPITRE VII.
, ' ." "... . ..." " . (Suite.). ; '
5 -« - J » .J V. » . • . . > . - — u. . V - » ». ,.w c*
î A.; cette païole^l'élrangeretM. B...., se regar
dèrent .comme pour sç consulter sur ce qui devait
être conclu, de ce nouvel çt .curieux incident, où;
décidément,. le carnaval .semblait avoir - plus de.
part que la politique. Ce muet échange de pensées
.n'amenant, pour le. notaire aucune explication. lu- 4
cide, il se rabattit du côté deMaisonneuvç, qui pa-
raifsait beaucoup s'amuser de. la. situation et lui.
demanda avec hauteur'ce que cela signifiait?
, --r Probablementj—repartit l'étudiant,—les di
verses sociétés seçrètes de Paris vous auront choisi
pour leuF.notairç ç!,,en conséquence de l'assassinat
du prince, elles, vous envoyent. lfeurs archives à
.garder,; t ... ^ ... i; . ,.
Cette repartie qui n'était' vraiment, pas .trop
mal trouvée, eu, égard surtout k la portée or-
y<)ir poire auméro du 20 juillet.
'■ Toute reproduction,*' même partielle, de cet ouvrage,-
e>t interdite, et serait pounoirie comme contrefaçon.
dinaire de l'esprit de Maisonneuve, acheva, de.
mettre hors de lui le 'notaire, et suivi des,au
tres acteurs de la scène, .il sortit furieux, pour
mettre, ordre à cette espèce , de conjuration que
les làyetiers et emballeurs de Paris semblaient di
riger contre sa maison. , : , , s
Au moment oit M. B... arriva dans.l'anticham
bre, les gaillards qu'il se proposait de rudement
semoncer, s'étaient, quoi qu'on eût "pu leur dire,
déjà déchargés de leur fardeau et maintenant, .dé
posées à côté de la caisse, apportée par Maison-
neuve, quatre sœurs de dimension à peu près, pa
reille, donnaient à la pièce, où elles formaient
émeute, un faux air d'entrepôtet decour des mes
sageries. : , « •
Vivement interrogés ' sur la provenance et la
d&5tiïWtion de cet immense matériel, les commis-,
sionnaires formajat un horrible chœur de chara
bias, répondirent qu'un Monsieur, bien couvert
•était venu les réveiller .dans le garni où ils lo
geaient. Il les avait généreusement payés d'avan
cé, attendu l'heure singulière où il réclamait,
leurs services ,,.les avait ensuite conduits dans un
roulage, du côté du Jardin-des-Piantes, et les a-,
vait chargés de. porter en toute l^âte ces quatre,
caisses ^ leur adresse, laquelle était bien; ; çomme'
on pouvait le voir écrit sur les couvercles, celle
de M. B.. ...notaire, rue de l'Université, faubourg
Saint-Germain, auquel un M. Britannicus de Bor
deaux les expédiait.. .
Si, avant ce ^burlesque.incident, Maisonneuve se
fût. donné la peine de lire la snscription de la
caisse par lui apportée, et surtout si, tête plus
pensante, il avait été .capable..de ce. rapprocher
ment,: daçsJêjnoment,.il eût été.frappé d'une cir-.
constance assez remarquable, à savoir : qu'il était
. chargé, lui, d'expédier à M. Britannicus, à Bor
deaux, tandis que maintenant, c'était M. Bri:an-<
nicus, de Bordeaux, qui expédiait à M. B.. , no
taire à Paris. ■ « {
Mais au milieu de l'indignation du notaire, des;
explications auvergnates des commissionnaires,^
sous le feu croisé de trente questions faites.pari
les convives, que le bruit, avait fini par attirer;
hors des salons, et.qui, tous, à la fois, demandaient;.
k être renseignés,, le moyen, que l'esprit même le;
plus ohservateur. pût se conserver, assez présenti
pour enregistrer une remarque de cette ténuité? i
Finissant, par se ranger, à l'avis de Maisonneuve-
qui décl^rait le fait du quadruple envoi, une suit®
.et continuation incontestable de sa propre aven-;
turé-, M. B...,.pour couperiLCourt à:la ridicule si->
tuation où il se voyait placé, ordonna impérieuse
ment aux portefaix de reprendre ce qu'ils avaient
apporté et de vider incontinent les lieux. •
, Tout en se. défendant d'abord d'obéir, les Au
vergnats qu'à un certain air narquois, et gogue-î
nard 'on pouvait, supposer mieux au fait qu'ils ne
le, prétendaient, opérèrent pourtant, en dçlinitive,
assez lestement leur retraite, et ils avaient quitté'
la place, depuis, plus d'un demi quartrd'heure,
lorsque le commissaire arriva.
Informé de la manière dont la caisse suspecte
avait été confiée à Maisonneuve, le, magistrat ne
tomba nullement d'accord avec l'étudiant, relati
vement au caractère purement facétieux qua ce
lui-ci coBtinuait.d'attribjiefà SQn aventure. La fait
du .souterrain ét. des hommef rouges rappella aus
sitôt. auioMUonftaire cette au(Jjicieuse. série de
crimes que, nous-avens précédemment rapportés!
,c .ar„en sai.qi»lité dlofficiçr4epQUce.4udM;iaiiie ( il-
avait été appelé à procéder dans quelques-unes
de ces affaires, et tout le détail lui en avait, été
connu. En. particulier, l'invasion des .portefaix lui.
parut très digne d'attention et très significative, et
il reprocha vivement à M. B., . de n'avoir,pas soi
gneusement, gardé ces gens; jusqu'à sa venue, hc
doutant pas ,qu' il f ne ; fût arrivé à tirer d'eux de
Concluans et précieux renseignemens.
Cependant, restait la cinquième caisse à inven
torier. ■; ! " • "
Transportée dans le cabinet de M. B...... elle
fut longuement retournée, et en quelque, sorte
flairée par le magistrat, qui, sans expliquer tout
haut sa pensée, avait l'air, d'y odorer quelque
contenu suspect. Mais au moment où, ayant déjà,
demandé quelques inslrumet : s pour en pratiquer
l'ouverture, il sq disposait k satisfaire sa curiçsilé
ét celle dç.toute rassist £U )ce,.il fut saisi d'un sçru-
pule; sa.compétence, si les preuves d'un crime
étaient recélées sous ces planches mystérieuses ,
allait-elle à en opérer lui-même, la constatation et
ne devait-il pas. se eontenter de : sequestrer la cais
se et de rendre compte au parquet (Je M. le pro-;
cureur du roi? i, j
Heureusement, cette,difliculté put être levée sur
le moment çiême. Le notaire, se. rappela, qu'au,
nombre de, ses invités/se trouvaient plusieurs.
magistrats, et eptrlautres, deux substituts . qui ;
avaient incontestabiement.qualité pour instrumen
ter. Âllant aussitôt mettre en réquisition le pre-.,
migr qui lui tomba sous. la. main, M. î'^rra?;
cîja presqiîP, dp vive force, à- une chaude partie «
d'épaulé, et .l'amenant, affublé d'un , costume de
^énateut.rpnwin que le jçunftjinagisirat a.vai), çhoi- j
si pour ia circonstance, il le somma de faire acte ;
;«îe^S;fonctions, ; . a . < :I . fc . ^. «a.rc-et... t>
jurant tout ce délai, la sinistre nouvelle de l'as
sassinat du prince avait peu à peu pénétré dan's
le bal, où elle avait interrompu les danses; ma|s
aucun des convives ne quittait la place ; l'arrivée
du commissaire avait fait événement -, chacun
voulait savoir le mot de l'énigme qui allait se dé
couvrir dans le cabinet du notaire, et, générale
ment, la révélation des plus effrayans mystère^
était soupçonnée et, attendue.,. . j
' Enfin tout fut connuj et,nous avons quelque
honte à en, convenir, un immense triomphe avait
été ménagé, à, Maisonneuve.' Dans cette caissé,
objet de tant de suppositions, de commentaire^ et
de démarches „. on trouva, en définitive, : quelque
chpse de prodigieusement ridicule;—cinq ou. six
pavés soigneusement enveloppés dans du foin,
des vieux chiffons et du papier coupé. , i
CHAPITRE YIIl. ;
RAPPORTS DE IIWTE ET BASSE POUCE. ,
'/Le lendemain , d'assez bonne.heure, M. le di
recteur de là police du royaume recevait trois rap
ports circonstanciés sur la bizarre et inexplicable
aventure qu'avait fini par couronner uq si pi
toyable dénoûment. - » -
Le premier de ces rapports était celui du com
missaire de pal we.', ; j
A cela près d'une insinuation donnant à enten
dre qu'à, la caisse vraiment sérieuse . et intéres
sante,attrait été adroitement substitué le non-
sens contre jlequçl il,était venuse he^eï, |e ma
gistrat ne racontait auçuft ftouvew , et qui ne
^9jt idgjà; , .k.-connaissance du. lecteur. Inutile
^n^^ejepco^ttiïfeeonréciitv;. « ! j
Le second document émanait d'un bas agent
qu'un,nob:e usage.
• Il ne *faut pas se le dissimuler, Pie IX est
aujourd'hui, vis-à-vis du parlement romain ,
dans la situation de Louis XVI vis-à-vis des
Etats-généraux. Les, élus de la nation, con
voqués par lui, n'existant que par suite d'un
décret émané de lui, revendiquént contre lui
les droits imprescriptibles de tout! peuple, et
à.l'autorité naguère intacte du pontife, op
posent ,1a souveraineté nationale. Pie. IX,
dans sa réponse, rappelle sans cesse lès dé
putés, à la constitution, c'est-à-dire aux dé
crets rendus par lui et en vertu desquels le
parièment romain a pris naissance ; il ne leur
reconnaît pas une autre sphère, d'activité
que celle que leur assignent les décrets aux
quels ili. doivent d'exister. Les députés ro
mains répondent que les droits des peuples
ne se prescrivent pas ; qu'ils subsistent éter
nellement, qu'ils sont antérieurs à toute con
cession, à toutjlécret, et que leur revendi
cation, dès qu'elle peut avoir lieu, est tou
jours légiliine. '
Il s'agit donc de savoir si Pie IX, en appe
lant à la vie le parlement romain, a fait Ùn
acte gratuit de sa part, révocable psyr consé
quent, et surtout qui ne prisse avoir d'autre
pensée que celle que lui assigne son. au
teur ; ou : bien, s'il n'a, fait que rendre àu
peuple, romain ce, qui appartenait à celui-ci, "
que se,dépouiller d'une autorité qui reposait
sur l'usage, et la tradition,,-et non pas sur !le
droit, se soumettant, par suite, aux conse'-
quences inévitables d'une pareille remise én
possession. C'est l'éternelle querelle entre les
chartes octroyées et lés chartes consenties.'
La chambre des . députés et le ministère
Mamiani revendiquent pour le parlement
l'intégrité du pouvoir législatif; le pape n'est
à leurs yeux que le représentant du pouvoir
exécutif gouvernant conformément aux dé
cisions de la nation. Pie IX repousse cette
prétention ; il ne veut rien céder de l'auto
rité souveraine qu'il s'est réservée dans la
constitution, spontanément octroyée par Idi ;
il rappelle Ja chambre au respect dé cette
constitution,/comme à là meilleure ;t anière
de prouver ta reconnaissance envers le saint-
siége. , . -
La création par la chambre d'un ministère
des, affaires étrangères séculière?, l'interven
tion de lachambredans ia question de la paix
et de la guerre, le projetde séculariser l'ensei
gnement publicj paraissent à Pie IX autant
d'usurpations. Le pape ne reconnaîtras de .
droits préexistons et supérieurs à ceux qu'il a
octroyés au peuple ; il ne comprend donc pas
qu'après son allocution du 29. avril, et. son
motuproprio du l ?r mai, la chambre des dé
putés insiste pour qu'on fasse la guerre, et re
vienne sur une question qu'il s'est réservé de
trancher. Le pape déclare qu'à ses yeux Sa
liberté comme prince-prêtre ne peut demeu
rer,entière .qu'autant que, la constitution,
c'est-à-dire le statut fondamental et le décret
sur les attributions du ministère seront lais
sés intacts. La revendication que fait lé par
lement des droi.s de la nation, paraît donc à
Pie IX, destructive de sa propre souverainsté.
Là est en effet la gravité ,du débat engagé
entre le pape et son parlement. L'impartant
n'est pas en effet que le pape, en insistant sur
son désir de diminuer les impôts au lieu de
les aggraver, et du besoin de créer de nou
velles ressources, fasse une critique indirecte
des dépenses ordonnées par le parlement, et
de la préférence donnée par celui-ci àdx
questions politiques sur les questions admi
nistratives : il s'agit de savoir lequel des-deux
pouvoirs aura le dernier mot, aujourd'hui
que la lutte sa trouve engagée entre la sou
veraineté du peuple et la souveraineté du
prince, i . r
C'est là un' grave et difficile problème; le
double caractère de la papauté donne à la
révolution romaine une importance hors de
toute proportion avec l'étendue du territoire
où elle s'accomplit. L'intérêt de deuxmillions
d'hommes s'y compliqué de l'intérêt dé la
chrétienté entière. Le pape a perdu depuis
long-temps sa prépondérance politique, mais
il n'avait pas cessé d'être un souverain Indé
pendant et absolu chez lui. ; Jusqu'à qu,el
point cette -indépendance temporelle' a-t-elle
contribué à sauvegarder l'autorité spiritueHa
du premier pasteur, du seul évêque démeuré
souverain?Cette indépendance est-elle, àu point
de vue humain, une condition indispensable à
la conservation de l'autorité spriritùélle ? La
primatie n'aurait-elle rien à souffrir d'une Ré
volution quienleveraitàl'Etatromainsaperpé ■
tuèlleneutralité,qui pourrait mettreopposition
entre les vœux et le devoir du pasteur d'une !
part et , les obligations du prince de l'autre
et qui aurait peut-être pour conséquence der- "
nière de réduire le pape à n'être que 1 evêque
da Rome? Questions épineuses et pleines de
par lequel le commissaire de ,polies s'était fait
accompagner quand il s'était rendu chez M. B,..j
De par une loi de progressiontqui fait croître et
grandir le zèle en raison de l'humilité des fonc
tions, employé à l'espionnage à 900 fr; par a©
cet homme, dans son ardeur de porter laJumièré
au milieu des ténèbres de celte affaire,' avait cru
pouvoir suppléer, par la force de son imagination
à l'absence de . renseignemens plus positifs. En
conséquence, et suivant une habitude asset fami
lière à ses pareils, donnant pour avérées de sim .
pies suppositions, il écrivait ».. ^
« Paris, <4 février j! 820 <
» Trois heures du matin.'
» Monsieur le directeur-général, (1) - v*
» La France gémissante et en deuil p.vi- l e C ûub
>» fatal qu'il vient de frapper l'auguslfcdj" nasli6 . des
» petits-fils de saint Louis,-nécessite que tous les
» bons Français et serviteurs aélés au roi et de
« son auguste famille fassent effort pourdécou-
» vrir les auteurs do Vinfàme attentat qu'il attriste
» gen.eralemeitf tous les. cœurs; C'est pourquoi ié
» nç dçi.s pas cacher la certitude que je puis four-
» nir. de vtsif, relativement'à plusieurs coffres.de
» boistrès suspects, transportés peHdant la nuit
» du 13 au 1 i février i 820.chezlesieur B..., no-
» taird royal à la résidence de Paris (Seine) ; v
» demeurant, ruo de l'Université, faubourgSaint-
» Germain, et dont il reste prouvé que les socié-
» .téa .Secrètes ont fait le coup, etu 'ayaatpusoulwer
» les faubourgs Saint-MarceauetAntoine, comme
» ils le croyaient, ont fait déménager en crainte
» ,le^rs,archives et transporter chez.le notaire J...
- ti) On n'a pas cru devoir ronserTer Tortho ? ranÎ!«~7 a
ce rapport, qui le rendait presque inintelligible. '
smx. sa 5E.'A33H3r«s£ïsPS ir*, "* :«
rÀius. ,i>iir.vK r. ilïùAxa.
'TROIS Mots ......j • 8 p.
"en mois.........f 18
•II» AH. . . . .... . , .; 82.
Les aL-onnemens datent des 1 er et 10 Je chaque mois.
. ■ ' BUREAUX A PAH.S : /
Aug ciu 24 Fâurier, 10 (ci-ce?; ni de Valois).
* On Abonna dan» les dépariera*.»* aux mca^-trles ci aux
dh*octionsde& postes.—A Londres ihez Mld t Cvwlc et fils, SMiiti- *
* iaw.*—A Strasbourg, eh*x Alexandre? pour l AHenzagna.
S'adresser hannj, pou i la rédaction, ■ ■
à M. MEMItiiJAU, gérant.
. Le» article» iérosds no seront pas rendu».
NliiVIEIlO 205.
jraux sx l'ABossinm
TROIS MOIS ......
SIX MOIS..
UN AN.... ..
PAIU8.
8 F.
16
OEPAHTAE-rBANQ.
11 F. j 14 r. I
22 28
44 ■ se
JOURNAL POLITIQUE, LITTÉRAIRE, UNIVERSEL.
Le» abonnement datent de» i" et 10 de chaque mol*.
BUREAUX A PARU :
Rut du 24 Février, 10 (ci-devant de Valoil).
Let annonce» »ont reçues an barean du Journal
do 11 A 4 hearei* . ,
l£i.'. ïtoutt insertion doit Mr. igrMi pu 1» (tout.
S'adresser franeo, pour l'administration,
■ • à H. bobim , directeur. -
PMiàë,' 20 JUILLET.
'Les hommes qui sont aujourd'hui au pou
voir, et qui doivent le salut de la République
' et le leur au courageux concours des répu
blicains du lendemain, ont vainement, dans
un jour de reconnaissance et da justice, fait
un appel à la concorde et à l'union entre les
républicains de toute date. Vainement la
réunion des représentant qui a sou siège à
l'Institut, a-t-elle Tait entendre le même lau-
; gage. La distinction d'origine, à peine effacée
d'hier } le National se hâte de la rétablir. Il y
aura; toujours pour loi les républicains de
la veille et ceux du lendemain. Les uns sont
ceux qui veulent ledéveloppeiront de la révo-
■ lution, les autres ceux qui s'efforcent deï'ar-
- .iêler. Ceux-là en acceptent à la fois le prin
cipe et les conséquences, ceux-ci, sophistes
'maladroits, proclament le premier et nient
" les secondes. Ce sont des réactionnaires.
A votre aise,. leur répondons-nous. Don
nez tant qu'il vous plaira aux hommes de
notre opinion; ce titre proscrit que vous nous
prodiguez depuis qnalre mois, et qui de
vrait commencer à être réhabilité, à vos
yeux, parles actes du gouvernement com
posé'de vos amis. Cette qualification, vous
nous l'avez appliquée dans des jours où ellé
était plus dangereuse à porter, dans ces
jours où vous donniez à la révolution'de
février un développement insensé dont nous
exposions ,alorà et dont vous reconnaissez
maintenant les périls après les avoir contes-
. tés. Si ce qu'on fait aujourd'hui s'appelle de
la réaction, c'est vous qui' l'avez rendue
nécessaire,' vous dont le journal, transformé
en gouvernement', avait rempli de son per
sonnel multiple toutes les positions influen
tes du pouvoir et de l'administration. C'est
vous qui gouverniez quand on faisait tant de
fautes, ce sontvos amis qui gouvernent en
core quand on commence à les réparer.
Appelez-nous, si cela vous plaît, réaction
naires ,. mais interdisez-vous, par une juste
modestie, de faire la leçon aux autres du
haut de votre prétendue supériorité en matiè
re de gouvernement. Vous n'avez pas le droit
d'être fiers, vous n'avez pas le droit de dire
que vous seul comprenez les conséquences
que doit produire la Révolution, et que nous
no savons pas, " nous, faibles que nous som
mes; nous élever à la conception des déduc-
' tioris logiques contenues dans un principe.
Et d'abord, à propos, de quoi nous repro
chez-vous de nous opposer aux justes éonsé-,
quences de la Révolution? A propos du dé
bat sur PécolePoly technique. La gratuité ap
pliquée à toutes les admissions estunë dette de
la révolution envers la démocratie. Quoi! il
n'aurait pas été tout aussi démocratique dé
partager les choses par moitié, et de faire
payer l'instruction aux riches, et de ne . la
point fa repayer aux pauvres?Est ce qu'iln'y
aura pas probablement,une bonne partie des
élèves admis à cette école, qulseront capables
de pourvoir aux frais de cette instructiQn su
périeure? 0ue si !« principe de la gratuité
universelle, appliqué à l'instruction ; était, à
vos yeux j engagé dans ce débat; si c'est la
conséquence démocratique que vous poursui
vez, noiis verrons s'il vous sera possiblè de
l'organiser, de maniéré à ce .qu'elle, ne soit
pas une illusion ou une ruine, et une source
d'inégalités réelles cachées au fond de cette
égalité théorique. Nous verrons si le droit à
l'instruction gratuite, appliqué sur une
grande échelle, ne produirait pas des résultats
analogues à ceux du droit au travail. M. de
Lamoricière n'a-t-il pas demandé, dans l'in
térêt du trésor, un ajournement à cette appli
cation restreinte.de l'instruction gratijite? ,
Comment ! vous prétendez régler ce qu'on
doit accorder de conséquences à la révolution
de février; mais vous avez soutenu que l'une
de ces conséquences était l'organisation, du,
travail; et la grève de toutes les industries 1
g'en est suivie, et vos amis ont fermé cette
fabrique de la misère. Vous avez soutenu que
l'une de ces conséquences était la création
d'ateliers nationaux ; ét là puissance du tré
sor public y a succombé, et vous les avez
dissous.'Vous avez demandé comme, con
séquence de la. révolution ,' la liberté il
limitée de ' la pressé et des clubs, et vos
amis én sont arrivés au droit momentané de
suspendre les journaux, et à la réglementa-!
tion indispensable, du droit de s'assembler
dans des clubs. L'armewedt de tous les ci
toyens sans exception était une conséquence
Àe la révolution; et vous en êtes à un désar
mement réclame par tlô salut public. Ah!
oui, vous vpus entendez attirer les cpnsé-
quënpeS d'iîn principe l Vous en avez tire, en
effet, la guerre jciyile;». h pl«s effroyable.ba-
taille qui ait ea lieu dans Paris. Vous avez.
161
525
274
38
gouverné quatre mois, et, sans le savoir,
vous avez marché à. l'abîme ; vous vouliez
éviter dos collisions, et le sang a été'versé à
flots. Vous vouliez organiser ua budget dé-
mocrat'que, autre conséquence de la révolu
tion; et vous avez agrandi le gouffre où nos
finances sont menacées de périr. N'attaquez
pas l'intelligence de vos - adversaires. Tant
d'orgueil ne Vous est pas permis.
■'■■■lOBOtaiL-—
Voici les résultats du scrutin qui a eu lieu
ce matin pour l'élection du colonel de la
3 e légion de la garde nationale :
Electeurs inscrits. . 10,774
Votans. ... . S, 058
• Suffrages
Le général de Bar a obtenu ... . 3,933
M. Hovyn, lieutenant-colonel dé la
legi n . . . . • ■ « ,. » .
M. Vincent Dubocfret, chef du 2°
bataillon d« la légion . . . .
M. Perrée, maire de l'arrondissem.
M. Thirion, colonel démissionnaire.
En conséquèncé M. le généi al de Bar a été
proclamé colonel de la 3 e légion,,On voit qùe
nous avions justement pressenti les disposi
tions de la 3° légion,, puisque le général de
Bar a réuni à lui seul quatre fois autant de
voix que ses coneumns en ont obtenu tous
ensemble.
Les amis de M. Clément Thomas et de M."
Thirion publiaient aujourd'hui, au sujet de
cette élection, dans le Nationil, un article
bien ridicule; le commandant en chef de la
garde nationale, le général-Changarnier, y
était surtout pris à partie, pour ce qu'il a
écrit, pour ce qu'il n'a pas écrit, pour l'acte
de fermeté qu'i| a accompli envers Al. Thi
rion, pour le cas qu'il fait de la décoration,
du hochet de la Légion-d''Honneur, pour
la ferme volonté qu'il a exprimée, d'ac
cord avec le chef du cabinet, de donner
aux gardes nationaux qui ont fait preu
ve de bravoure et. de dévoûment, les ré
compenses honorifiques qu'ils ont méritées
de la patrie. Le National combattait en même
temps avec beaucoup de vivacité la candida
ture du général.de Bar,et,- du haut de la gloi
re militaire de M. Clément Thomas, décla
rait désormais incapables.et inutiles, tous ces
anciens généraux qui ont servi leur pays
avec honneur.
Sur tous ces points, la 3 e légion a été d'un
autre avis que le National, qui est décidé
ment malheureux en fait d'élection. Il ne
s'est trouvé, sur 5,000 homme», que 38 per
sonnes pour protester par. un vote en faveur
de M. Thirion, contre,l'ordre du jour dont
il se plaint. Le général de Bar a été nommé
par une immense majorité. La légion qui a
si bravem*nt fait son devoir, en juin, n'est
pas fâchée d'être commandée par un militaire
expérimenté ; ' elle ne partage pas les dé
dains et l'ingratitude des amis du Natio
nal pour les vieux services ; elle recevra
avec une juste fierté les. récompenses qui
seront décernées à quelques-uns de ses
plus braves, soldats, par des hommes qui,
comme le général Changarnier, le général
Cavaigoacou le général de Lamoricière se
connaissent en bravoure. Elle pense, comme
foutes les légions parisiennes, qu'on ne pou
vait pas donnér. à la garde nationale un chef
plus digne de la confiance de ses concitoyens,
de la déférence de ses subordonnés, que le
général Changarnier, déjà élu, comme repré
sentant, par les suffrages de Parts. En somme,
le scrutin de cette élection nous-, parait une
réponse très péremptoire à l'article du Nar-
lionai. . .
Le mot de oumul vient d'être prononcé dans
l'Assemblée nationale, et nos législateurs ont
paru tout surpris de n'en pas,éprouver plus
d'horreur. A vrai dire, il ne s'agissait encore
que du nom, point de la chose. Toutefois, il
faut bien s'attendre à ce que le même .effet se .
reproduise quand .on examinera certains cas
de cumul incontestables, mais assez dignes de
pardon; ceux qui intéressent, par exemple,
la classe des sâvans. On sera contraint d'opter
alors entre la rigueur du principe et l'avenir
'des mathématiques pures en France; car
celles-ci n'offrant à d'illustres professeurs.au-
cunèi application lucrative dans les arts ni
dans l'industrie, leur perspective là plus bril
lante se Lornerait à .un. traitement de 4,000
ou 5,000 fr., p jur peu qu'il devint impossible
d'occuper deux chaires ou deux fonctions
d'enseignèment. Nous serions en droit d'in-
voquer, à l'appui de cette thèse, l'exemple
donné depuis long-temps par des républicains
de la veille.
Mais n'anticipons point sur des débats qui.
viendront en leur temps et fourniront à l!Âs-
sembléé nationale une occasion ,nouvelle de>
reconnaîtra combien il est plus facile d'éiion-,
cer de grands principes généraux que d'en
tirer de bonnes et équitables lois. Nous n'a
vons à nous occuper aujourd'hui que de la
posilion des anciens militaires investis de
fonctions civiles, et, à ce double titre, ayant
droit aune pension de retraite et de reforme,
ainsi qu'aux appointemens de leur servicé ac
tif. Est-ce bien là d'ahord un véritable cas
de cumul? nous.ne'saurions l'admettre.
Ce qui caractérise proprement le cumul,
c'est la possession et le bénéfice simultanés
de plusieurs places réellfs, distinctes, qui
pourraient être réparties entr.e autant de per
sonnes différentes. Or, la retraite ne consti
tue point ce qu'on nomme une place, et la
pension n a pas la moindre analogie avec un
traitemènt d'emploi. Cette pension n'est
qu'une dette de l'Etat : pas autre chose. Elle
formé une propriété légale, aussi fixe, aussi
personnelle, et, à certains égards, mieux ga
rantie que la rente inscrite sur le grand-li
vre, qui se perçoit de même au trésor. Tan
dis que dès appointemens servent à rémuné
rer un servicé journalier et disparaissent avec
lui, sont susceptibles d'élévation ou d'abais
sement, en vertu d'arrêtés successifs, etc., les
pensions, une fois réglées, ne-peuvent'plus
subir aucun remaniement ; elles n'assujélis-
sent leurs détenteurs à aucune obligation ma
térielle. Les pensionnaires, en un mot, sont
des créanciers de l'Etat; ils touchent le divi
dende qui lèur revient dans la vaste tontine
des retenues ; ils sont soldés en rente viagère
d'un capital complètement acquis par eux et
fixé sans retour. Voilà leur vraie position.
Certains emplois, dans les Services acces
soire» de l'armée, ne donnent point droit à
des retraites; mais leurs émolUfyiens sont plus
élevés et ne subissent aucune retenue. Dans
ce cas, on abandonne à l'employé lui-même
le soin, d'assurer son avenir par des écono
mies facultativts. Supposons, qu'il l'ait fait et
se soit créé de la sorte un revenu Sur l'Etat,
correspondant à la pension du militaire qui
lui était assimilé en grade,, pourquoi l'une
de ces rentes donnerait-elle prise aux dispo
sitions contre le cumul des emplois, tandis-
que l'autre leur échapperait de plein droit?
Nous le savons, plus d'un niveleur serait
tenté de nous suivre sur ce terrain ; car, aa
fond de sa pensée, l'abus ne réside pas seule
ment dans le cumul des deux emplois; il
existe déjà dans la jouissance simultanée d'un
salaire et d'une fortune personnelle quelcon
que, n'importe d'ailleurs l'origine ou la quo
tité de celle-ci. La question entre .ces advér-
saires et nous; consiste à décider'si les places ?
du gouvernement seront données au plus né
cessiteux ou bien au'plus capable ; si l'on vi- ;
sera principalement à créer une administra
tion probe et habile, ou à réaliser cette for
mule égalitaire : A chacun un imorctauâe
pain et rien qu'unmorceau de pain. Triste pro
gramme dont on ne remplirait même qu'une
partie : la seconde î
Les observations précédentes s'appliquent
indistinctement à toutes les retraites, soit ci
viles, soit militaires, par conséquent, nous
n'avons point de catégories à établir. Si nous
en avions, notre premier soin serait d'admet
tre les réserves plaidées par le. ministre >ie la
guerre et plusieurs, autres officiers en faveur
des retraités militaires. Cette classe, en éffet,
ne se compose pas seulement d'hommes, âgés
otrà peu près hors de service;, comme celle s
.qui provient des fonctions civiles. Les droits
à la retraite sont quelquefois'acquis dès qua- '
rante-un ans, dans la marine, et quarante-
six dans l'armée deterre : à ces âges, on peut
quitter la profession des armes par raison .de
famille ou de santé, et porter dans une autre <
carrière toute la vigueur do corps ét de l'es
prit. Enfin, ces changemens de direction de- ;
viennent une nécessité douloureuse pour la
plupart des amputés dont une pension de ré
forme très modiqueassure à peine l'existence,
et qui souvent ont, vu, dès leur jeunesse, une »
belle perspective d'avancement se fermer de
vant eux. Certes, l'opinion publique approu
ve pleinement la préférence jlonnée.à de tels
candidats ; elle ne les flétrit point , du nom de
cumulards, elle n'exige aucune réduction sur
leurs traitemens combinés/
^ C'est à ce point de vue que s'est placé le
général Oudinot en proposant que les an
ciens militaires fussent purement et simple
ment admis au bénéfice des emplois civils et
pussent en toucher le traitement intégral.
Au contraire, le projet du ministre consacre
le principe d'un'réduction ; il implique donc
l'aveu d'un cas de cumul dont nous contes
tons l'existence. : 1
Eh bien! malgré c
même*sincèrement que: l'Assemblée le sanc
tionne. La cause de cette apparente, contra
diction est que nous nous attachons surtout
* • - ' ' -ne **
ci à l'intérêt des militaires mis en cause. Or,
'important pour eux n'est pas de bénéficier
un peu plus sur l'ensemble des deux traite-
ttiens, c'est d'obtenir qu'il leur, soit réservé
. grand nombre de ces places modestes sans
lesquelles ils demeureraient dans un état voi
sin de l'indigence. *
: Si le Gouvernement réalise une économie
positive en leur accordant ces emplois da pré
férence aux candidats civils, l'intérêt des fi
nances publiques , obérées, l'appellera dans
Cette voie plus impérieusement qu ? aucune
autre considération. Quant au point de droit,
bous nous inquiéterons peu d'approfondir si
l'on vote la retenue comme une taxe prélevée
sur lé cumul, ou si on la regarde comme une
sorte da compromis passé entre l'Etat, li
bre dispensateur de ses emplois, et le retraité
qui en acquiert un au prix de quelque réduc-
• tion sur le montant de sa créance antérieure.
De quelque façon qu'on l'entende, le résultat
sera certainement économie pour le trésor et
admission plus large dés retraités militaires
dans les services civils. Double motif pour
être bien reçu par l'Assemblée nationale.
Nous n'insisterons pas sur de petites diffi
cul tés que ce système entraîné dans son ap
plication. La principale de .toutes, qui est l'é
chelle .de réduction du traitement civil, est
résolue par le ministre de manière à ména
ger surtout les petits pensionnaires. Au lieu
de croître dans un simple rapport propor
tionnel avec le chiffre des retraites, ainsi
qu'on l'avait proposé, les retenues suivraient
une loi progressive ; elles grandiraient d'un
pour cent par chaque augmentation de£0 fr.
'• Ainsi, la pension militaire de 500. fr. grève-
roiitle traitement civil cumulé avec elle d'u
ne retenue de o 0/0 ou de 50 fr. ; la pension
de 1,000 ff. conduirait à une réduction de
15 0/0 ou de 150 fr., et ainsi de suite.
En présence d'un tarif aussi modéré, on
conçoit aisément que nous puissions nous
rallier à ce projet de loi, tout en repoussant
- la fausse interprétation de cumul dont il
émane. - .
. Ce sont les incidens instructifs de la candi
dature d'un des commissaires envoyés dans
les départemens par le Gouvernement provi
soire, qui ont occupé aujourd'hui la plus
grande partie de la séance de la chambre.
Décidément, il n'y a pas un genre de repro
ches que n'aient encouru ces fonctionnaires,
et si M. Ledru-Rollin ressaisit jamais les rê
nes du ministère de l'intérieur, il aura bien
de la peine à réuhir une collection de préfets
aussi mauvaise. ,
M. Gent, dont il a été question à l'Assem
blée, était commissaire de la République à
Avignon. S'il faut l'en croire, il avait été en
quelque sorte acclamé par ses administrés qui
ne voulaient pas d'autre préfet que lui. Ce
pendant M. Perdiguier, élu. représentant du
peuple dans le département de Vaucluse, et
dans le département de la Seine, ayant opté
pour Paris, M. Gent pensa à le remplacer.
régime constitutionnel interdisait aux pré
fets de se porter candidats dans leur dépar
tementale régime, de M. Ledru-Rollin a en
couragé au contraire la candidature des com
missaires. C'était, sans doute, aux yeux de
cet homme d'Etat de la Réforme, un moyen
d'avoir des élections entièrement libres, et
d gagées de. toute influence administrative.
. M. Gent a été élu. Mais quand il s'est ache
miné vers Paris, une protestation l'a suivi et
a dérangé les joies que, son succès avait ré
pandues stir la Montagne. .
La protestation, énumérait beaucoup de
fraudes électorales. Des individus avaient été
admis à voter sans justifier des conditions
d'âge et dé domicile; à mesure que les élec
teurs favorables au candidat démocrate se
présentaient, on les admettait sans autre exa-
men, et on adméttait leurs noms sur les lis
tes électorales. Mais là.ne devaient pas se bor
ner les combinaisons du. commissaire pour
assurer son élection. Il avait, dit-on, réuni,
dans, une des salles de la préfecture, un grand
nombre de sous-commissaires, de juges de'
paix, de maires provisoires, d'officiers de la
garde nationale, et là, on, se : serait entendu,
en quelque sorte administrativement, pour
appuyer la candidature et pour la faire réussir.
Tels sont les abus, énuméres dans la pro
testation;, qui ont motivé de.la part de M.'.
Vivien, rapporteur du 4° bureau, une pro
position d'enquête. ; La chambre a beaucoup
ri quand M. Gent, pour se justifier, a dit que
son seul but; en réunissant lès fonctionnaires
sous ses ordres, était de savoir si les habitans
du département consentiraient à se séparer
de lui, même pour l'envoyer à l'Assemblée
nationale.
L'enquête sur ces faits et ces allégations a
été votée à une grande majorité.
Au début de la séance, l'Assemblée a ap
pris avec regret que le président qu'elle vient
d'élire, M. Marrasf, est souffrant «t ne peut
pas prendre immédiatement possession du
fauteuil.^jOn a donné en même temps it li
•chambre la nouvelle douloureuse dé la mort
de M. Damés. .
Nous publions la réponse faite par Pie'IX*
à l'adresse de la chambre de3 députés ro
mains : ' . ' : .
Réponse de Sa Sainteté le pape Pie IX à l'adresse du
conseil des députés.
- <0 juillet 1848.
Nous acceptons les expressions de gratitude que le
conseil nous adresse, et nous recevons la réponse au
discours prononcé en notre nom par le cardinal que
cous avions expressément délégué pour l 'ouverture
des deux conseils, déclarant que nous l 'accueillons
uniquement dans cette partie, qui ne s'écarte en rien
de ce qui a été prescrit dans ie statut fondamental.
» Si le poutife prie, bénit et pardonne, il a aussi
le devoir de délier et de lier. Et si, comme prince,
dans l'intention de mieux protéger et de fortifier la
chose publique, il appelle les deux conseils à coopérer
avec iui; le prince-prêtre a^besoin de toute la liberté
nécessaire pour que son action ne soit pas paralysée
en tout ce qui touche les intérêts de la religion et de
l'Etat; cette liberté, il la garde intacte, tant que de
meurent.intacts, comme ils doivent l'être-, le statut et
la loi sur le conseil des ministres que nous avons
spontanément octroyés.
- » Si de grands dasirs se multiplient pour la gran
deur de la nation italienne, il est nécessaire que le
monde entier sache de nouveau que pour notre part
la guerre ne paut être le moyen d'atteindre ce but.
Notre nom a été béni sur. toute la terre pour les pre
mières' parolès de paix qui sortirent de notre bouche;
il ne pourrait plus l'être, assurément, si les paroles
de guerre en sortaient maintenant. Ce fut donc pour
nous une grande surprise quand .nous, apprîmes que
celte question était, sodmise aux délibérations du
conseil, contrairement à nos déclarations publiques,
et au moment où nous avions entrepris de négociet
la paix. L'union entre les princes, la bonne harmo
nie entre les peuples de la péninsule, peuvent seules
réaliser la félicité après laquelle nous soupirons. Ce
besoin de' la concorde e-t "tel que nous devons em
brasser également tous les princes d'Italie, afin que
de cet embrassement. paternel * puisse naître cette
harmonie qui amènera l'accomplissement des vœux
publics, -i '• : ■
» Le respect des droits et des lois d ^ l'Eglise et la
persuasion dont vous devez être animés que la grân-
deur spéciale de cet Etat dépend de l'indépendance
du souverain-pontife, agiront sur vous de telle sorte
que, dans vos délibérations, vous respecterez toujours
1 s limites tracées par nous dans ie statut. En ceci
surtout se manifestera la gratitude que nous vous de
mandons pour les amples institutions par nous oc
troyées.
» C'est une noble résolution que celle de vous oc
cuper de nos affaires intérieures,, et nous vous exhor
tons de toute notre ame à cetfe entreprise. Le com
merce et l'industrie doivent être rétablis, et notre
principal désir, qui, nous en sommes certains, est
aufsi 1« vôtre, seia t de ne pas surcharger, mais au
contraire de soulager le peu [île. L'ordre public récla
me de grandes ressources, et, pour les obtenir, il est
indispensable que le ministère commence a y consa
crer »es pensées et ses toin's. L'administration publi
que dès finances exige de grandes et minutieuses pré
cautions: Après ces eiémens vitaux, le Gouvernement
vous proposera; pour 1er, municipalités, les améliora
tions que l'on croit leplus.utiles et le plus conformes
aux besoins présens.
» A l'ég
d'enseigner. • ; • , v
• Soyez d'accord entre vous, avec le haut-conseil,
avec nous et avec nos ministres. Rappelez-vous sou
vent que Rome e t grande non par son domaine.tem
porel, mais principalement parce qu'elle est le siège
de la religion catholique. Cette vérité, nous voudrions
qu'elle fût gravée non sur le marbre, mais dans le
cœur de tous ceux qui participent à l'administration
publique, afin que, chacun respectant notre primauté
universelle, personne ne donne carrière à certaines
théories limitées; ou même' quelquefois à des désirs
de parti: Qui a des sentimens élevés de la religion ne
saurait penser autrement. Et si vous, comme nous
le croyons, vous êtes pénétrés de ces vérités, vous
serez de nobles instrumens dans les msins de Dieu,
pour assurer à Rome et à l'Etat de véritables et so
lides avantages,'dont le premier sera celui d'extirper
la semence de la défiance et le désastreux levain des
partis. ' -
Onn? saurait refuser à la réponse de Pie IX
le mérite delà franchisé et de la netteté.- Le
souverain pontife ne cherche point à dissi
muler l'opposition complète qui existe entre
loi et la majorité de la. chambre : chacun des
paragraphes de sa réponse conteste quel
qu'une des prétentions énoncées par le parle
ment romain. Nous regrettons que la dissi
dence soit aussi éclatante, et que la question
se, trouve-posée avec une telle netteté; qu'une
solution prochaine et décisive soit inévitable.
A un moment aussi critique, lorsque tant
de fermens de. discorde existent dans la
Péninsule, quand l'Italie n'a pas trop de tou
tes ses forcés pour se sauver; nous .aurions
souhaité que le parlement romain- se préoc
cupât; de l'indépendance plus encore que de
l'émancipation de la patrie» Nous aurions vu
'sans regret qu'ajournant jusqu'après la décla
ration de- prétentions justes au fond, il lais
sât reposer quelque temps encore les ques
tions que son adresse a soulevées dans toute
leur gravité.: Nous aurions voulu, par senti
ment de gratitude envers un pieux et saint
pontife, que lui du moins ne fût pas obligé
de défendre l'autorité dont il n'a fait jusqu'ici
IL-* 1 ., i J"
m. : ûi
FÉCILLETON DII C0NSTITUTI0NNEL,21 JUILLET
'liE :i €ABI«fET; NOIR. ■
, ' ilOUtAiV EK SII PiRTiES ,
' BRÉCÉDjfcBS J)'l7H;)PB0I.06UÏ._ , , f ; s
•; * : ■ • ' "•"*) '.'.i I • ; l
;• v ; 'prologue.'
'! " i x i x-' , * . , „ «,
CHAPITRE VII.
, ' ." "... . ..." " . (Suite.). ; '
5 -« - J » .J V. » . • . . > . - — u. . V - » ». ,.w c*
î A.; cette païole^l'élrangeretM. B...., se regar
dèrent .comme pour sç consulter sur ce qui devait
être conclu, de ce nouvel çt .curieux incident, où;
décidément,. le carnaval .semblait avoir - plus de.
part que la politique. Ce muet échange de pensées
.n'amenant, pour le. notaire aucune explication. lu- 4
cide, il se rabattit du côté deMaisonneuvç, qui pa-
raifsait beaucoup s'amuser de. la. situation et lui.
demanda avec hauteur'ce que cela signifiait?
, --r Probablementj—repartit l'étudiant,—les di
verses sociétés seçrètes de Paris vous auront choisi
pour leuF.notairç ç!,,en conséquence de l'assassinat
du prince, elles, vous envoyent. lfeurs archives à
.garder,; t ... ^ ... i; . ,.
Cette repartie qui n'était' vraiment, pas .trop
mal trouvée, eu, égard surtout k la portée or-
y<)ir poire auméro du 20 juillet.
'■ Toute reproduction,*' même partielle, de cet ouvrage,-
e>t interdite, et serait pounoirie comme contrefaçon.
dinaire de l'esprit de Maisonneuve, acheva, de.
mettre hors de lui le 'notaire, et suivi des,au
tres acteurs de la scène, .il sortit furieux, pour
mettre, ordre à cette espèce , de conjuration que
les làyetiers et emballeurs de Paris semblaient di
riger contre sa maison. , : , , s
Au moment oit M. B... arriva dans.l'anticham
bre, les gaillards qu'il se proposait de rudement
semoncer, s'étaient, quoi qu'on eût "pu leur dire,
déjà déchargés de leur fardeau et maintenant, .dé
posées à côté de la caisse, apportée par Maison-
neuve, quatre sœurs de dimension à peu près, pa
reille, donnaient à la pièce, où elles formaient
émeute, un faux air d'entrepôtet decour des mes
sageries. : , « •
Vivement interrogés ' sur la provenance et la
d&5tiïWtion de cet immense matériel, les commis-,
sionnaires formajat un horrible chœur de chara
bias, répondirent qu'un Monsieur, bien couvert
•était venu les réveiller .dans le garni où ils lo
geaient. Il les avait généreusement payés d'avan
cé, attendu l'heure singulière où il réclamait,
leurs services ,,.les avait ensuite conduits dans un
roulage, du côté du Jardin-des-Piantes, et les a-,
vait chargés de. porter en toute l^âte ces quatre,
caisses ^ leur adresse, laquelle était bien; ; çomme'
on pouvait le voir écrit sur les couvercles, celle
de M. B.. ...notaire, rue de l'Université, faubourg
Saint-Germain, auquel un M. Britannicus de Bor
deaux les expédiait.. .
Si, avant ce ^burlesque.incident, Maisonneuve se
fût. donné la peine de lire la snscription de la
caisse par lui apportée, et surtout si, tête plus
pensante, il avait été .capable..de ce. rapprocher
ment,: daçsJêjnoment,.il eût été.frappé d'une cir-.
constance assez remarquable, à savoir : qu'il était
. chargé, lui, d'expédier à M. Britannicus, à Bor
deaux, tandis que maintenant, c'était M. Bri:an-<
nicus, de Bordeaux, qui expédiait à M. B.. , no
taire à Paris. ■ « {
Mais au milieu de l'indignation du notaire, des;
explications auvergnates des commissionnaires,^
sous le feu croisé de trente questions faites.pari
les convives, que le bruit, avait fini par attirer;
hors des salons, et.qui, tous, à la fois, demandaient;.
k être renseignés,, le moyen, que l'esprit même le;
plus ohservateur. pût se conserver, assez présenti
pour enregistrer une remarque de cette ténuité? i
Finissant, par se ranger, à l'avis de Maisonneuve-
qui décl^rait le fait du quadruple envoi, une suit®
.et continuation incontestable de sa propre aven-;
turé-, M. B...,.pour couperiLCourt à:la ridicule si->
tuation où il se voyait placé, ordonna impérieuse
ment aux portefaix de reprendre ce qu'ils avaient
apporté et de vider incontinent les lieux. •
, Tout en se. défendant d'abord d'obéir, les Au
vergnats qu'à un certain air narquois, et gogue-î
nard 'on pouvait, supposer mieux au fait qu'ils ne
le, prétendaient, opérèrent pourtant, en dçlinitive,
assez lestement leur retraite, et ils avaient quitté'
la place, depuis, plus d'un demi quartrd'heure,
lorsque le commissaire arriva.
Informé de la manière dont la caisse suspecte
avait été confiée à Maisonneuve, le, magistrat ne
tomba nullement d'accord avec l'étudiant, relati
vement au caractère purement facétieux qua ce
lui-ci coBtinuait.d'attribjiefà SQn aventure. La fait
du .souterrain ét. des hommef rouges rappella aus
sitôt. auioMUonftaire cette au(Jjicieuse. série de
crimes que, nous-avens précédemment rapportés!
,c .ar„en sai.qi»lité dlofficiçr4epQUce.4udM;iaiiie ( il-
avait été appelé à procéder dans quelques-unes
de ces affaires, et tout le détail lui en avait, été
connu. En. particulier, l'invasion des .portefaix lui.
parut très digne d'attention et très significative, et
il reprocha vivement à M. B., . de n'avoir,pas soi
gneusement, gardé ces gens; jusqu'à sa venue, hc
doutant pas ,qu' il f ne ; fût arrivé à tirer d'eux de
Concluans et précieux renseignemens.
Cependant, restait la cinquième caisse à inven
torier. ■; ! " • "
Transportée dans le cabinet de M. B...... elle
fut longuement retournée, et en quelque, sorte
flairée par le magistrat, qui, sans expliquer tout
haut sa pensée, avait l'air, d'y odorer quelque
contenu suspect. Mais au moment où, ayant déjà,
demandé quelques inslrumet : s pour en pratiquer
l'ouverture, il sq disposait k satisfaire sa curiçsilé
ét celle dç.toute rassist £U )ce,.il fut saisi d'un sçru-
pule; sa.compétence, si les preuves d'un crime
étaient recélées sous ces planches mystérieuses ,
allait-elle à en opérer lui-même, la constatation et
ne devait-il pas. se eontenter de : sequestrer la cais
se et de rendre compte au parquet (Je M. le pro-;
cureur du roi? i, j
Heureusement, cette,difliculté put être levée sur
le moment çiême. Le notaire, se. rappela, qu'au,
nombre de, ses invités/se trouvaient plusieurs.
magistrats, et eptrlautres, deux substituts . qui ;
avaient incontestabiement.qualité pour instrumen
ter. Âllant aussitôt mettre en réquisition le pre-.,
migr qui lui tomba sous. la. main, M. î'^rra?;
cîja presqiîP, dp vive force, à- une chaude partie «
d'épaulé, et .l'amenant, affublé d'un , costume de
^énateut.rpnwin que le jçunftjinagisirat a.vai), çhoi- j
si pour ia circonstance, il le somma de faire acte ;
;«îe^S;fonctions, ; . a . < :I . fc . ^. «a.rc-et... t>
jurant tout ce délai, la sinistre nouvelle de l'as
sassinat du prince avait peu à peu pénétré dan's
le bal, où elle avait interrompu les danses; ma|s
aucun des convives ne quittait la place ; l'arrivée
du commissaire avait fait événement -, chacun
voulait savoir le mot de l'énigme qui allait se dé
couvrir dans le cabinet du notaire, et, générale
ment, la révélation des plus effrayans mystère^
était soupçonnée et, attendue.,. . j
' Enfin tout fut connuj et,nous avons quelque
honte à en, convenir, un immense triomphe avait
été ménagé, à, Maisonneuve.' Dans cette caissé,
objet de tant de suppositions, de commentaire^ et
de démarches „. on trouva, en définitive, : quelque
chpse de prodigieusement ridicule;—cinq ou. six
pavés soigneusement enveloppés dans du foin,
des vieux chiffons et du papier coupé. , i
CHAPITRE YIIl. ;
RAPPORTS DE IIWTE ET BASSE POUCE. ,
'/Le lendemain , d'assez bonne.heure, M. le di
recteur de là police du royaume recevait trois rap
ports circonstanciés sur la bizarre et inexplicable
aventure qu'avait fini par couronner uq si pi
toyable dénoûment. - » -
Le premier de ces rapports était celui du com
missaire de pal we.', ; j
A cela près d'une insinuation donnant à enten
dre qu'à, la caisse vraiment sérieuse . et intéres
sante,attrait été adroitement substitué le non-
sens contre jlequçl il,était venuse he^eï, |e ma
gistrat ne racontait auçuft ftouvew , et qui ne
^9jt idgjà; , .k.-connaissance du. lecteur. Inutile
^n^^ejepco^ttiïfeeonréciitv;. « ! j
Le second document émanait d'un bas agent
qu'un,nob:e usage.
• Il ne *faut pas se le dissimuler, Pie IX est
aujourd'hui, vis-à-vis du parlement romain ,
dans la situation de Louis XVI vis-à-vis des
Etats-généraux. Les, élus de la nation, con
voqués par lui, n'existant que par suite d'un
décret émané de lui, revendiquént contre lui
les droits imprescriptibles de tout! peuple, et
à.l'autorité naguère intacte du pontife, op
posent ,1a souveraineté nationale. Pie. IX,
dans sa réponse, rappelle sans cesse lès dé
putés, à la constitution, c'est-à-dire aux dé
crets rendus par lui et en vertu desquels le
parièment romain a pris naissance ; il ne leur
reconnaît pas une autre sphère, d'activité
que celle que leur assignent les décrets aux
quels ili. doivent d'exister. Les députés ro
mains répondent que les droits des peuples
ne se prescrivent pas ; qu'ils subsistent éter
nellement, qu'ils sont antérieurs à toute con
cession, à toutjlécret, et que leur revendi
cation, dès qu'elle peut avoir lieu, est tou
jours légiliine. '
Il s'agit donc de savoir si Pie IX, en appe
lant à la vie le parlement romain, a fait Ùn
acte gratuit de sa part, révocable psyr consé
quent, et surtout qui ne prisse avoir d'autre
pensée que celle que lui assigne son. au
teur ; ou : bien, s'il n'a, fait que rendre àu
peuple, romain ce, qui appartenait à celui-ci, "
que se,dépouiller d'une autorité qui reposait
sur l'usage, et la tradition,,-et non pas sur !le
droit, se soumettant, par suite, aux conse'-
quences inévitables d'une pareille remise én
possession. C'est l'éternelle querelle entre les
chartes octroyées et lés chartes consenties.'
La chambre des . députés et le ministère
Mamiani revendiquent pour le parlement
l'intégrité du pouvoir législatif; le pape n'est
à leurs yeux que le représentant du pouvoir
exécutif gouvernant conformément aux dé
cisions de la nation. Pie IX repousse cette
prétention ; il ne veut rien céder de l'auto
rité souveraine qu'il s'est réservée dans la
constitution, spontanément octroyée par Idi ;
il rappelle Ja chambre au respect dé cette
constitution,/comme à là meilleure ;t anière
de prouver ta reconnaissance envers le saint-
siége. , . -
La création par la chambre d'un ministère
des, affaires étrangères séculière?, l'interven
tion de lachambredans ia question de la paix
et de la guerre, le projetde séculariser l'ensei
gnement publicj paraissent à Pie IX autant
d'usurpations. Le pape ne reconnaîtras de .
droits préexistons et supérieurs à ceux qu'il a
octroyés au peuple ; il ne comprend donc pas
qu'après son allocution du 29. avril, et. son
motuproprio du l ?r mai, la chambre des dé
putés insiste pour qu'on fasse la guerre, et re
vienne sur une question qu'il s'est réservé de
trancher. Le pape déclare qu'à ses yeux Sa
liberté comme prince-prêtre ne peut demeu
rer,entière .qu'autant que, la constitution,
c'est-à-dire le statut fondamental et le décret
sur les attributions du ministère seront lais
sés intacts. La revendication que fait lé par
lement des droi.s de la nation, paraît donc à
Pie IX, destructive de sa propre souverainsté.
Là est en effet la gravité ,du débat engagé
entre le pape et son parlement. L'impartant
n'est pas en effet que le pape, en insistant sur
son désir de diminuer les impôts au lieu de
les aggraver, et du besoin de créer de nou
velles ressources, fasse une critique indirecte
des dépenses ordonnées par le parlement, et
de la préférence donnée par celui-ci àdx
questions politiques sur les questions admi
nistratives : il s'agit de savoir lequel des-deux
pouvoirs aura le dernier mot, aujourd'hui
que la lutte sa trouve engagée entre la sou
veraineté du peuple et la souveraineté du
prince, i . r
C'est là un' grave et difficile problème; le
double caractère de la papauté donne à la
révolution romaine une importance hors de
toute proportion avec l'étendue du territoire
où elle s'accomplit. L'intérêt de deuxmillions
d'hommes s'y compliqué de l'intérêt dé la
chrétienté entière. Le pape a perdu depuis
long-temps sa prépondérance politique, mais
il n'avait pas cessé d'être un souverain Indé
pendant et absolu chez lui. ; Jusqu'à qu,el
point cette -indépendance temporelle' a-t-elle
contribué à sauvegarder l'autorité spiritueHa
du premier pasteur, du seul évêque démeuré
souverain?Cette indépendance est-elle, àu point
de vue humain, une condition indispensable à
la conservation de l'autorité spriritùélle ? La
primatie n'aurait-elle rien à souffrir d'une Ré
volution quienleveraitàl'Etatromainsaperpé ■
tuèlleneutralité,qui pourrait mettreopposition
entre les vœux et le devoir du pasteur d'une !
part et , les obligations du prince de l'autre
et qui aurait peut-être pour conséquence der- "
nière de réduire le pape à n'être que 1 evêque
da Rome? Questions épineuses et pleines de
par lequel le commissaire de ,polies s'était fait
accompagner quand il s'était rendu chez M. B,..j
De par une loi de progressiontqui fait croître et
grandir le zèle en raison de l'humilité des fonc
tions, employé à l'espionnage à 900 fr; par a©
cet homme, dans son ardeur de porter laJumièré
au milieu des ténèbres de celte affaire,' avait cru
pouvoir suppléer, par la force de son imagination
à l'absence de . renseignemens plus positifs. En
conséquence, et suivant une habitude asset fami
lière à ses pareils, donnant pour avérées de sim .
pies suppositions, il écrivait ».. ^
« Paris, <4 février j! 820 <
» Trois heures du matin.'
» Monsieur le directeur-général, (1) - v*
» La France gémissante et en deuil p.vi- l e C ûub
>» fatal qu'il vient de frapper l'auguslfcdj" nasli6 . des
» petits-fils de saint Louis,-nécessite que tous les
» bons Français et serviteurs aélés au roi et de
« son auguste famille fassent effort pourdécou-
» vrir les auteurs do Vinfàme attentat qu'il attriste
» gen.eralemeitf tous les. cœurs; C'est pourquoi ié
» nç dçi.s pas cacher la certitude que je puis four-
» nir. de vtsif, relativement'à plusieurs coffres.de
» boistrès suspects, transportés peHdant la nuit
» du 13 au 1 i février i 820.chezlesieur B..., no-
» taird royal à la résidence de Paris (Seine) ; v
» demeurant, ruo de l'Université, faubourgSaint-
» Germain, et dont il reste prouvé que les socié-
» .téa .Secrètes ont fait le coup, etu 'ayaatpusoulwer
» les faubourgs Saint-MarceauetAntoine, comme
» ils le croyaient, ont fait déménager en crainte
» ,le^rs,archives et transporter chez.le notaire J...
- ti) On n'a pas cru devoir ronserTer Tortho ? ranÎ!«~7 a
ce rapport, qui le rendait presque inintelligible. '
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