Titre : Le Constitutionnel : journal du commerce, politique et littéraire
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1846-06-23
Contributeur : Véron, Louis (1798-1867). Rédacteur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32747578p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 23 juin 1846 23 juin 1846
Description : 1846/06/23 (Numéro 174). 1846/06/23 (Numéro 174).
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
MâBDI 25 JUIN 4810.
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qui concerne l'Administration,
à M. Robin, Directeur.
Ifr*
i:■:*
Nous Unirons le 24 juiu l846X.ES CWKAÏÏIlS DANSEURS DU ROI, roman nouveau en un volume,, par M> CSHAÏIUÇS RABOU.
LE 25 JUIN 1846,
Nous commencerons la publication de MARTIN, L'ENFAJVT TROUVÉ , OU LES 1DÉI0111E8 D'UN VALET DE OHliBBE , ROMAN NOUVEAU EN SIX VOLUMES,
■t» m. EUGÈNE SUE.
Nous avons entre les mains les premiers volumes de MARTIJÏ, et nous ne craignons pas de prédire à cette œuvre le succès des MYSTÈRES IMÉ PARIS et de HMATHIUM??
Le Juin 1846, nos abonnés recevront encartée dans leur journal ^couverture de Martin avec une grande vignette sur bois par M. Baron. Nos abonnés pourront ainsi réunir et classer facilement les numéros et les volumes de ce nouveau roman.
* rrr —a^«a
PARIS 9 22 JUIN
La chambre des pairs , a commencé l'examen
du projet de loi des 93 millions'de la marine.
M. le comte Beugnot, tout en appuyant le projet,
a demandé compte au gouvernement de la lon
gue négligence qui a créé l'énorme déficit de 93
millions, du pea d'efforts qu'il fait pour accroître
notre inicription maritime, et du peu de souci
qu'il a d-s intérêts de la mariné marchande. M.
le baron Tupinier, au nom du gouvernement, a
cherché à répondre à ces objections. M. l'amiral
Bergeret et M. l'amiral Grivel ont aussi pris
part à la discussion, qui est continuée à demain.
La chambre des députés a consacré la séance
de ce jour au rapport de diverse» pétitions. Elle
a Tenvoyé, ei;tre autres, aux ministres qu'elles
concernaient, Ja réclamation d'un habitant de la
Dordogne contre la violation du secret des lettres
dans sa localité ; la demande de plusieurs notai
res qui désirent l'établissement d'un tarif unifor
me pour les actes notariés ; la pétition des habi-
tans de Bourbon-Vendée qui veulent rendra à
cette ville le nom dé Napoléon; et enfin diverses
pétitions concernant l'agriculture, etc.
Les commissions refusent rarement aux péti
tionnaires la satisfaction du renvoi de leurs péti
tions aux ministres; mais ce renvoi n'a pas sou
vent d'autre suite. Il y a quinze ans, par exem
ple, que la pétition des nabitans de Bourbon-
Vendée est accueillie par Ja chambre, et ils n'eu
sont pas plus avancés pour cela. Ne vaudrait-il
pas mieux que le gouvernement s'opposât au ren
voi, toutes les fois qu'il çst résolu à ne pas défé
rer aux vœux des pétitionnai) es? Cela serait pius
loyal et plus courageux. La chambre S'est sépa
rée sans ajournement fixe.
-r-rasQgCB»
Les promotions qui doivent avoir lieu dans le
corps des officiers de la marine, par suite de
l'accroissement du cadre récemment voté dans
1rs deux chambres, sont ajournées au mois d'août.
C'gst du moins ce que l'on répond kux nombreu
ses tollicHationî qui se produisent à cette orca-
sioH. Cependant les crédits ont été demandés
pour être employés à partir du i" juillet -, c'est
ainsi que s'en expliquait l'exposé des motifs.
Pourquoi cet ajournement au mois d'août ? Au
rait on le dessein de faire des promotions une ré
compense électorale'? ' ' "
, Oi lit ce matin dans le MoniUur :
« Le gouvernement a reçu un courrier d'Afri
que, qui apporte la nouvelle d'un funeste événe
ment arrivé dans la province de Constantine, où
rien de semblable n'avait eu lieu jusqu'ici.
» M. le général Randon, se trouvant en expé
dition contre les Nememchas, dans les environs
de Tebessa, jugea nécessaire, avant d'entrer dans
les montagnes, d'évacuer sur Guelma les mala
des qui auraient manqué desoins et dont la pré
sence eût alourdi sa colonne. Après avoir formé
pour les escorter, un petit convoi sous la conduite
du kaïi Bîn-Ihar,dontia fidélité avait été souvent
éprouvée, il se mit en marche le 31 mai. Le len
demain, sans qu'aucun indice eût pu donner l'a
larme, le convoi fut entouré, près de l'endroit où
il devait coucher, par un grand nombre de Ka
byle*, auxquels on avait fait croire que Tebessa
avait été saccagée , et que le général Randon ,
ayant eu un engagement malheureux, évacuait
ses blessas.
Ce bruit mensonger ayant échauffé les (êtes,
un coup de fusil fut le signal du massacre. L'es
corte, après un combat inégal et inutile, chercha
son salut dans la fuite. Nos féroces ennemis n'é
pargnèrent que les muletiers indigènes. Vingt-
cinq de nos compatriotes ont perdu la vie dans
ce guet-apens.
Parmi les morts se trouvent le capitaine Noël,
du 5 e hussards; Hamerroui, sous-lieutenant au
3 e de spahis, et Castelli, chirurgien aide-major à
la légion étrangère. Les noms des vingt-deux sol
dats qui ont péri ne sont pas encore parvenus.
La foule des assaillans était telle, que si le gé
néral Randon, au risque d'affaiblir outre mesure
sa colonne, tût donné aux malades une plus forte
escorte, il n'eût fait certainement qu'accroître le
nombre des victimes.
» Prévenu de cet événement, le général Ran
don marcha sans hésiter, malgré la crainté d'un
soulèvement général, sur ces nombreux ennemis,
les atteignit, le % dans un poste qu'ils iroy&ient
inaccessible, et, les attaquant avec une audace
que secondait encore le désir d'une juste ven
geance, les mit eu déroute, leur tua 200 hommes,
s'empara de 500 chameaux, dont la plupart étaient
chargés, de 1,500 bœufs, de 12,000 moutons, et
de toutes les tentes.
» Ce succès éclatant et soudain a détruit com
plètement l'influence que la nouvelle du massa
cre aurait pu exercer sur les tribus, et rienriTst
i craindre maintenant pour la tranquillité de la
province »
ÉLECTIONS.
En 1842, M. Saazet fut élu à Lyon au troisième
lourde scrutin, et à quelques voix de majorité seule
ment, bien que son concurrent; M. Laforêt, eût dé
claré expressément qu'il refusait la candidat uie. Cstte
année, M. Laforêt se présente, et la considération
dont il jouit, l'influence qu'il posséda, laissent peu de
doute sur sa nomination. Aussi M. Ssuzet, inquiet et
troublé, cherche-t-il depuis deux mois un autre col
lège. Il avait ponté à Valence, puis à Charolles, puis,
enfin, au premier arrondissement de Paris.
. Partout les réponses qu'il a reçues l'ont découragé,
et en ce moment il revient à Lyon avec loute l'éner
gie du désespoir. Le préfet du Rhône, M. Jayr, sait
que M. Laforêt, homme d'opposition . modérée, repré
sente bien mieux que M. Sauzet les opinions de son
collège. Aussi M. Jayr emploie-t il, sans réservé et
sans scrupule, tous les moyens dont l'administration
est armée. M. Sauzet en outre espère, grâce à fes
antécédens et à l'amitié de M. de Chantelauze, obtenir
quelques veix légitimistes. Malgré tout cela, M. Sau
zet perdra la partie, et déjà, dit-on, il a témoigné le
désir qu'un de ses collègues, M. Devienne ou M. Des
prés, voulût bien se retirer en sa faveur. C'est la seule
chance qu'ait aujourd'hui M. Sauzet de rester député
de Lyon.
. L'élection de M. Sauzet n'est pas la seule qui soit
compromise dans le département du Rhône, et tout
annonce que MM; Martin et Terme seront remplacés,
le premier, par M. Guimet, le second, par M, Julien
Lacroix, frère du député actuel de Saône-et-Loire.
M. Martin avait été nommé contre M. Jars par l'op
position, et pendant la courte session d'août1842, per-
r sonne ne se montrait plus hostile au ministère. C'était
à peine si, én raison d'une triste catastrophe, il con-,
sentait à lui accorder quelques mois de répit, L'opço^
sition comptait donc et devait compter sur M. Martin;
mais quand il revint.au mois de janvier, il était entiè
rement changé.
Quelques personnes aperçurent alors un certain
lien entre cette brusque conversion et une ordon
nance qui parut au Moniteur, conférant à un proche
parent de M. Martin un emploi judiciaire fort désiré.
Quoi qu'il en< soit. M. Martin, depuis cette époque,
n'est pas moins dévoué à la politique ministérielle
que M. Laurence, M. de Golbéry, M. Réal et plusieurs
autres excellens députés. M. Guimet, au contraire,
dont les opinions sont très modérées, est un homme
indépendant par position, indépendant par caractère,
et qui n'aura rien à demander à personne... Il y a
tout lieu d'espérer qu'entre lui et M. Martin les élec
teurs n'hésiteront pas.
Quant à M. Terme, il avait toujours passé à Lyon
pour être du centre gauche, et telle était encore sa
couleur quand le collège de Villefranche le choisit.
Qu'on juge de la surprise de ce collège, composé en
grande partie d'honnêtes cultivateurs, quand il ap
prit que M. Terme n'avait rien à refuser à M. Guizot,
et qu il poussait la complaisance ministérielle jusqu'à
voter l'indemnité Pritchard! Ce dernier vote a tué M.
Terme, et ses amis eux-mêmes reconnaissent que son
élection est impossible aujourd'hui. M. Terme, qui en
est également convaincu, songeait dernièrement à
changer ses batteries, ot à se mettre sur les rangs
contre M. Martin. Mais la candidature de M. Guimet
l'a déconcerté, et il re sait plus où donner delà tête.
On nous écrit d'ailleurs qu'il n'y a rien à faire con
tre M. Devienne, président du tribunal civil, et contre
M. Després, récemment élu en remplacement de M.
Fulchiron. Quelques personnes, qui se souviennent
des anciennes opinions de M. Després, se flattent en
core qu'il y reviendra, et qu'il ne voudra pas toujours
imiter son illustre prédécesseur.
Quoi qu'il en soit, sur les cinq députés ministériels
que Lyon envoie aujourd'hui à la chambre, trois sont
sérieusement en danger. On peut donc espérer que
cette grande cité donnera, commeRouen, comme Bor
deaux, un noble exemple, et qu'elle protestera aussi
contre un système qui compromet à la fois l'ordre et
la liberté, la paix et la dignité nationale.
OPINIONS DE M. GUIZOT EN <839
Pendant la coalition, il y avait à Paris un
journal dont la direction appartenait notoire
ment à M. Guizot, et dont la rédaction était con
fiée k M. Léonce de Lavergne, aujourd'hui soui-
direcUwaux affaires étrangères, et kM.Mallac,
aujourd'hui sous-préfet de la Nièvre. Chaque jour
ce journal attaquait avec une extrême vivacité le
gouvernement personnel et la politique des aides-
de-camp. Chaque jour il reprochait avec véhé
mence a M. Moté d'abaisser le pays au dehors et
de le corrompre au dedans. Nous avons sous les
yeux quelques numéros de ce journal, etnousen
publierons successivement quelques passages
sous le titre de: Opinions de M. Guizot en \ 839.
On pourra juger par ces citations de ce qu'il y a
d'audacieux dans la conduite actuelle de M. Gui
zot çt dans les injures xaniourd'hui'à l'opposition.
Voici, *pâr exemple, comment le Journd gé
néral justifiait la distinction faite par M. Guizot
entre fa majorité de 4830 à 4836 et la majorité
de 4839. Ces quelaues lignes sont une nouvelle
réponse à la nouvelle édition de l'un de ses an
ciens sophismes que le Journal des Débats pu
bliait il y a peu de jours.
! « Les principes soutenus aujourd'hui par le
Journal det Débats ne sont plus ceux à l'aide desquels
le parti conservateur de 4830 à 4836 a triomphé de
l'opposition ; la politique-du 15 avril est tout autre
que celle qui prévalait sous le h 3 mars et sous le 11
octobre. Nous-savons que le Journal des Débats refu
se d'en convenir, mais le fait n'en est pas moins cer
tain, et nous pensons qu'il sera nettement démontré.
Pour nous borner à une seule preuve, nous deman
derons si, du temps de M. Casimir Périer ou de M. le
duc de Broglie, le Journal des Débats eût cru se faire
bien venir des chambres' et du ministère en soutenant
tous les jours que « le Roi gouverne et doit gouver
ner. » Nous demanderons si, en 1835, quand cette fa
meuse maxime a repâru d'abord dans la brochure de
M. Rœderer , puis dans les écrits de M.Fonfiède, H
n'a pas jeté un cri d'alarme et protesté contre des
idées auxquelles la dernière dynastie doit sa ruine. »
[Journal général du 30 décembre 1838).
Intérieur.
PARIS, a» JUIN.
M. Damon, ministre des travaux publics,
est chafgé de L'intérim du ministère de l'instruc
tion publique, pendant l'absence de M. de Sal-
vandy, dont nous avons annoncé le départ pour
l'Algérie.
—M Guizot passera, dit-on, une grande partie
du mois de juillet à sa terre de Val-Richer.
— M. de Lamartine est parti pourMâcon. Il
va de lk en Italie, où il achèvera son histoire des
Girondins avant la session prochaine.
— M. P. David, député du Calvados, ancien
consul général à Saayrne, est mort hier k Paris.
M. David était âgé de soixante-quinze ans.
C'est le quatrième membre de la chambre qui
succombe depuis l'ouverture de la session. Les
trois autres sont MM. Philippe Dupin, Schneider
et de Sade ; les deux premiers ont été remplacés
par MM. Garnier et Schneider. On ne connaît pas
encore le successeur de M. de Sade.
Cinq députés ont donné leur démission : MM.
Marchai, Cabanon, Emile Girardin, Gauthier
d'Hauteserve et de Langle; les quatre premiers
ont été remplacés par MM- Collignon, Rondeaux,
Bourjade et de Goulard. Le successeur de M. de
Langle n'est pas encore nommé.
Six députés ont été soumis k la réélection par
suite dç promotions dans les fonctions publiques.
Quatre ont été réélus , ce sont : MM. Pons, Cha-
baud-Litour , de Peyramont et Daguenet. M.
Soubrebost a été remplacé par M. Emile Girardin.
Le collège qui a nommé M Espéronnier eit con
voqué.
—Mme la duchesse d'Orléans a reçu, il y a peu
de jours, une lettre autographe par laquelle la
reine Victoria priait S. A. R. de tenir, sur les
fonts de baptême, sa fille nouveau-née. On as
sure que la princesse a répondu qu'en accep
tant l'honneur qui lui était fait, elle serait obli
gée de le remplir par délégation, attendu qu'elle
a fait vœu de ne pas quitter ses enfans.
— L'élection du souverain pontife n'a pas été
faite p.r le mode d'acclamation proprement dite.'
Quatre scrutins avec le vote d'accession ont eu
lieu pendant les deux jours qu'a duré le con
clave ; c'est au scrutin du second jour, le mardi
46 juin, que les suffrages du sacré eollége se sont
réunis sur S. E. le cardinal Mastai Ferretti.
— On a vu avec quelle rapidité s'était faite
l'élection du successeur de Grégoire XVI, il
n'est pas sans intérêt de savoir sous quelle in
fluence on a été si vite en be?o^ne; voici ce que
l'on écrit de Vienne, le 44, au Journal allemand
de Francfort :
• Le nonce du papo a eu depuis huit jours de nom-
breusej conférences avec le prince de Metternich.
L'armée autrichienne sera augmentée do 10,000 hom
mes. On craint des désordres dans la Romagne. Dans
la marche d'Ancône, on s'est prononcé contre le pape.
A Rimini, on a affiché un placard portant : « Plus de
» pape! »
— On ar.nonce qu'au mois de septembre pro
chain les trois souverains de Russie, d'Autriche
et de Prusse se réuniront k Vienne.
—- Nous avons annoncé que les réfugiés qui
avaient levé l'étendard delà révolte en Catalogne
avaient été promptemeni réduits k se retirer en
France. Il paraît que deux d'entre eux, faits pri
sonniers, ont été fusillés sur-le-champ.
Le général Breton, capitaine-général de la Ca
talogne, vient, k la suite de cette expédition.
d'être nommé grand'eroix de l'ordre de Saint-
Ferdinand.
— Une correspondance de Barcelone, citée par
l'Indépendant de Perpignan, rapporte que le fa
meux Perellada, ancien commissaire de police
secrète, qui s'eit échappé de la citadelle, est
maintenant en France.
« Cet homme qui, dit ce journal, a causé la
ruine de nombreux libéraux par ses délations et
ses perfidies, avait une fabrique de fausse mon--
naie : plus de trente-cinq mille napoléons, frap
pés dans ses ateliers, circulent maintenant en G%-,
talogne et k Valence. »
—,M A. Gaillard de Féry, attaché au minis
tère des affaires étrangères, vient de partir pôar
Londres, porteur de dépêches pour M. de Sainte-
Aulaire.
— La confusion de doctrines qui, aujourd hui,
agite toute la Germanie, ne pouvait manquer de
faire renaître de leurs cendres les anciennes sec
tes écloses du berceau même de la réforme. A
Hersfeld, commune entièrement protestante de
la Hesse-Electorale, il vient de se former une
congrégation d'anabaptistes, qui a pour chef an
chapelier, et qui compte déjà 70 membres d'une
grande austérité de mœurs et d'une probité sé
vère. Ils célèbrent un culte domsstique k leur
usage, mais ils baptisent leurs adultes publi
quement dans la Fuldi. Aux remontrances du
clergé local, ils répondent par des citations da
textes de la Bible, qu'ils ont étudiée avec une
grande assiduité, et ils invoquent le privilège du
libre examen. Mais le libre examen ne paraît pas
être du goût de tout le monde : le gouvernement
vient de décréter contre ces nouveaux sectaires
de* mesures de police. ( l'Ami de la Religion). '
Nous lisons dan; le même journal que les mis-
sionnaires rongistes ont eu peu de succès dans
l'Etat de Cincinnati, aux Etats Unis En revanche,
dit cette, feuille, les millénistes (prophètes des
derniers jours) s'y sont si fort étendus, que déjà
ils se sont divisés en deux sectes ennemies : celle
des Laveurs, qui font du lavement des pieds an
sacrement, et celle des Jacols, qui rejettent cette
croyance. Cette dissidence a déjà soulevé parmi
eux des controverses tellement vives, que, sans
l'intervention de la police, elles auraient dégé
néré en rixes sanglantes.
—Le Courrier de Marseille, qui nous arrive par
voie extraordinaire, publie ce qui suit, sous la
daté du 49 juin :
« Notre population a été mise en émoi cette nuit
par un événement terrible, et qui pouvait avoir des
suites incalculables. Vers les dix heures, un coup de
canon d'alarme, tiré par la patache, annonçait un si
nistre, et bientôt une foule immense encombrait les
quais du port et apprenait que le feu avait pris à l'un
des nombreux navires amoncelés dans le bassin.C'était
le trois mâts le Tambour, capitaine Fages. '
» Le maire, le commandant du port, ses subordon
né -
73
LES GRANDS DANSEURS DU ROI.
"i'.at, 1 " 11 ' '«y*» ir "
CHAPITRE XXXVI.
Si jamais le soleil s'éprenait de la lune, les choses se pas
seraient entre eux, exactement de la manière qu'elles al
laient entre la marquise et Dupuis.
L'un descendant à l'horizon quand l'autre y monte et ré
ciproquement, il leur serait fort difficile de s'entendre et de
se rencontrer.
Les étranges amoureux que nous avons suivis dans toutes
leurs évolutions différentes, peuvent encore être comparés à
des asymptotes, et si pour plusieurs de nos lecteurs ce mot
paraît bien savant et partant bien ambitieux, qu'ils nous le
passent, en faveur de la merveilleuse application dont il est
ici ; l'asymptote étant définie en mathématiques : une ligne
droite dont une courbe s'approche à l'infini sans jamais la
toucher.
Peut-être ce perpétuel va-et-vient, cette espèce de jeu de
bascule, enfin, cette éternelle impossibilité pour ces deux
pauvres cœurs de trouver leur niveau, ne sont-ils pas absolu
ment nuisibles à l'intérêt dé cette histoire, et même, si l'on
veut savoir à ce sujet notre avis particulier, nous dirons qu'au
contraire, ils en sont l'un des charmes et l'un des mérites, si
charme ou mérite il y a.
Toutefois, pour ceux qui seraient d'un autre sentiment et
qui commenceraient k se lasser de ce continuel mouvement
d'oscillation, nous croyons pouvoir leur en annoncer la clô
ture, et désormais nous paraît bien prise et bien arrêtée la
pente défiaitive de ces deux volontés si long-temps k la re
cherche de leur équilibre et de leur stabilité.
Du côté de Mme de Flavacourt, il n'y avait point à craindre
une rechute ; le dédain de Dupuis subi dans.les cruelles cir
constances que nous venons de voir, était une de ces mortelles
injures qui ne s'oublientni ne se pardonnent; et, s'il est vrai,
comme nous l'avons constaté en un autre endroit, que par
fois la contrariété fait vivre l'amour, au moins faut-il que
cette façon de philtre soit administrée avec une certaine
mesure, autrement il frappe k mort et tue au lieu de vivifier.
Pour ce qui était de Dupuis, après qu'on l'a vu si brave
ment résister dans une si dangereuse rencontre, on peut dire
queses preuves sont faites, et, du reste, ce n'était ni sa probi
té, ni le respect pour sa parole, nila crainte de porter àRosa-
lie le coup de la mort qui l'avaient soutenu. Le vrai el le plus
déterminant motif de sa résistance , c'était l'amour dévoué
et sincère que l'admirable procédé de celle qui allait devenir
sa femme, était rapidement parvenu à lui inoculer. Plus il
pensait à cette charmante enfant, et plus il se considérait
LES AMOURS t)D SOLEIL ET DE 1A LUNE. — LES ASYMPTOTES. — BILAN DE DUPUIS ET DE LA MARQUISE. — CONVALESCENCE
DE ROSALIE. — UNION FORTUNÉE. — ÉVÉNEMENT MYSTÉRIEUX ET POMPE TRIOMPHALE.
lui-même, plus il s'étonnait qu'avec de si grands affi
nités entre leurs deux natures , il eût pu si long -
temps la méconnaître et chercher en dehors d'elle son
avenir et sa voie. Par'contre, il se demandait ce qu'il'serait
advenu de lui, une fois tombé dans les mains de- cette fou
droyante Italienne, de cette femme aux instincts sijindicatifs
et si fiers, aux impressions si énergiques et si peu réfléchies,
qui, sous le vent de sa colère ou de sa fantaisie, faisait
ployer toutes les notions du bien et du mal, et à la dévorante
ardeur de ses déterminations, n'admettait pour régulateur
et pour conseiller, que le premier entraînement de sa vo
lonté. ' ,
Rien qu'à envisager l'orageux avenir de cette relation, il
y avait certes à s'épouvanter, et, par le contraste, cette pai
sible félicité que faisait espérer l'amour de Rosalie, semblait
se parer-encore de plus riantes promesses. Dupuis d'ailleurs
était un de ces hommes qui, nés avec un goût naturel d'une
vie droite et bien réglée, ne pensent pas qu'k être avoué par
la morale, le bonheur perde rien de sa saveur et de son par
fum. Maintenant restait la question de savoir si la Providen
ce permettrait k cette belle floraison de porter ses fruits.
Dans Rosalie, parut un exemple consolant, mais trop rare
seulement dans notre monde, de la persévérance et de la ré
signation dignement couronnées. L'horoscope du médecin se
justifia de tout point. Dupuis avait commencé la cure; son
amour, de moment en moment plus ardent et plus tendra,
suffit à l'achever.
— Mon Dieu! — disait la pauvre enfant dans cette béati
tude qui prend aux convalescens surtout quand le frôlement
des ailes de la mort a passé tout près d'eux, — mon Dieu !
que je suis heureuse ! Mais j'ai peur de tant de btnheur; est-
ce que cela peut durer?
Non-seulement cela dura, mais cela s'accrut encore; et,
enfin, après un long détour qu'il aurait bien mieux valu
s'épargner, les fiancés se retrouvèrent k cette surveille de
mariage où nous les avions vus arrivés lorsque commençait
ce récit. Cette fois la surveille fut suivie dé la veille, puis la
veille suivie du jour; tous deux ne l'avaient-ils pas bien mé
rité?
Rien d'intéressant à mentionner dans la cérémonie ni
dans les joies de la noce qui furent seulement un peu bruyan
tes, Dupuis ayant voulu que tous ses camarades de «théâtre y
assistassent, ce qui ne plut pas trop k la morgue directoriale
de M. et de Mme Nicclet.
i \ J
FEUILLETON DU CONSTITUTIONNEL.
C hapitre xxxv.
OUI SERA LONG/ ATTENDU IX NOMBRE DE CHOSES QU'IL RENFERME, TANT PRÉVUES QU'IUTRÊVUES.
Quoique s'étant décidé d'entraînement, Dupuis n'eut pas
de regret au parti qu'il avait pris. Aussitôt qu'il fut rassuré
sur le compte de sa fiancée, il lui sembla qu'une brume ve
nait de disparaître de devant ses yeux, et il se demanda
comment jusque-là il avait j>u méconnaître, et la touchante
beauté de Rosalie, et sa naïveté enchanteresse, et enfin
l'admirable élévation de cette nature, qui dans son adora
ble simplicité, atteignait, sans même s'en apercevoir, pres-
qu'au sublime de -la résignation et du dévoûment.
A grand'peine, sur l'exprès commandement du docteur,
déclarant qu'après tant d'émotions, la malade avait besoin
de repos et de solitude, le fiancé se décida-t-il k la quitter
pour quelques heures, et elle commençait déjà à tenir tantde
place dans sa pensée, que, même long-temps après s'être sé
paré d'elle, il entendait epeore à son oreille, cette douce voix
dont, au moment où il était sorti, elle lui avait dit, enlui ten
dant la main : — Adieu! ami, au revoir I
Puis, en se promenant dans la compagnie de ses riantes
idées sur ce joyeux boulevard du Temple, où il lui fallait
toujours revenir comme à une patrie : « A quoi pensais-je
» donc, —se demandait-il, — d'aller si loin chercher le bon-
» heur qiiand il était là? » Pensées de haute fortune, ambi
tieux désirs, vanité du rang et de la naissance, comme tout
cela lui paraissait mesquin et hors de raison, et comme sur
sa vie d'artiste, désormais embellie par la possession de ce
cœur d'or qu'il avait entrevu , bien d'autres chances d'un doux
et tranquille avenir semblaient maintenant se lever!
Un peu avant de se rendre au théâtre, il passa au logis de
Nicolet où il apprit qu'un mieux marqué continuait à se des
siner dans l'état de Rosalie : depuis une heure environ, elle
reposait d'un bon >ommeil.
Ce fut donc avec de merveilleuses disposi tions k se surpas
ser qu'il alla se disposer pour la représentation du soir.
Depuis le matin, apposée par les soins de Nicolet, et portant
en caractères mégascopiques :
POUR
LA RENTRÉE DE
M. DUPUIS,
une gigantesque affiche semblait convier le publie k des plai
sirs inaccoutumés; mais, de son côté, le revenant sentait en
lui tout ce qu'il fallait d'entrain et de vigueur pour ne pas
tromper cette attente.
Du reste, l'affiche n'avait pas manqué son effet : long
temps avant l'ouverture des bureaux, se pressait k la porte
des Grands Danseurs, une fois plus de spectateurs que la
salle ne pourrait en contenir, et, durant toute la journée, le
préposé k la location n'avait pu suffire aux empressemens
des laquais qui venaient chercher des loges pour les plus
grands noms de l'aristocratie. Il est bon de remarquer, en
effet, que le court dépaysement de Dupuis dans les rangs de
la noblesse avait fait de son retour à l'existence dramatique
un événement remarquable, plus encore pour les hautes
classes de la société que pour les vrais habitués de chez
Nicolet. .
En présence d'une assemblée k faire envie à la Comédie-
Française et à l'Opéra, Dupuis dansa comme il n'avait ja
mais fait, et reçut l'ovation la plus brillante. Ajoutons qu'en
suite du système d'amortissement imaginé par. la marquise,
relativement aux bruits qui avaient couru de sa folle passion
pour Dupuis, sa loge, ce soir-là, demeura vide. Quant
à Mlle Lucile, de même que toutes les plus fringantes péche
resses de l'époque, elle était à son poste ; mais venue bien
moins pour voir que pour être vue, en manière de vengean
ce, elle affecta de sortir pendant que Dupuis dansait.
Aussitôt que celui-ci eut fini, il se hâta de regagner sa loge;
il voulait promptement se déshabiller et aller savoir des nou
velles de la manière dont Rosalie avait passé la soirée.
U avait rapidement achevé sa toilette de ville, et venait
d'ouvrir sa loge pour sortir, quand des pas précipités reten
tissent dans le corridor. Au même moment, couverte d'une
cape à l'espagnole, une femme entre vivement, pousse der
rière elle la porte entr'ouverte, puis s'assevant haletante sur
un sopha et découvrant son visage : ,
— C'est moi, Dupuis, — dit-elle, — me voici.
— Madame la marquise ! — fit de son côté Dupuis en re
culant avec une sbrte d'épouvante.
— Un mot pourtant—reprit l'Italienne,—ce n'est pas
le bouquet dé cette fille, n'est-il pas vrai, qu'hier vous avez
cru ramasser? .
— Non,. Madame la marquise, j'avais cru qu'une autre
personne.. *
— Le mien, le voilà—dit-elle en lui présentant une
liasse de fleurs à moitié flétries — j'ai deviné ta méprise et
ton sacrifice, et tu me vois au rendez-vous.
— En vérité, Madame, je suis confus, anéanti — dit le
danseur en balbutiant.
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qui concerne l'Administration,
à M. Robin, Directeur.
Ifr*
i:■:*
Nous Unirons le 24 juiu l846X.ES CWKAÏÏIlS DANSEURS DU ROI, roman nouveau en un volume,, par M> CSHAÏIUÇS RABOU.
LE 25 JUIN 1846,
Nous commencerons la publication de MARTIN, L'ENFAJVT TROUVÉ , OU LES 1DÉI0111E8 D'UN VALET DE OHliBBE , ROMAN NOUVEAU EN SIX VOLUMES,
■t» m. EUGÈNE SUE.
Nous avons entre les mains les premiers volumes de MARTIJÏ, et nous ne craignons pas de prédire à cette œuvre le succès des MYSTÈRES IMÉ PARIS et de HMATHIUM??
Le Juin 1846, nos abonnés recevront encartée dans leur journal ^couverture de Martin avec une grande vignette sur bois par M. Baron. Nos abonnés pourront ainsi réunir et classer facilement les numéros et les volumes de ce nouveau roman.
* rrr —a^«a
PARIS 9 22 JUIN
La chambre des pairs , a commencé l'examen
du projet de loi des 93 millions'de la marine.
M. le comte Beugnot, tout en appuyant le projet,
a demandé compte au gouvernement de la lon
gue négligence qui a créé l'énorme déficit de 93
millions, du pea d'efforts qu'il fait pour accroître
notre inicription maritime, et du peu de souci
qu'il a d-s intérêts de la mariné marchande. M.
le baron Tupinier, au nom du gouvernement, a
cherché à répondre à ces objections. M. l'amiral
Bergeret et M. l'amiral Grivel ont aussi pris
part à la discussion, qui est continuée à demain.
La chambre des députés a consacré la séance
de ce jour au rapport de diverse» pétitions. Elle
a Tenvoyé, ei;tre autres, aux ministres qu'elles
concernaient, Ja réclamation d'un habitant de la
Dordogne contre la violation du secret des lettres
dans sa localité ; la demande de plusieurs notai
res qui désirent l'établissement d'un tarif unifor
me pour les actes notariés ; la pétition des habi-
tans de Bourbon-Vendée qui veulent rendra à
cette ville le nom dé Napoléon; et enfin diverses
pétitions concernant l'agriculture, etc.
Les commissions refusent rarement aux péti
tionnaires la satisfaction du renvoi de leurs péti
tions aux ministres; mais ce renvoi n'a pas sou
vent d'autre suite. Il y a quinze ans, par exem
ple, que la pétition des nabitans de Bourbon-
Vendée est accueillie par Ja chambre, et ils n'eu
sont pas plus avancés pour cela. Ne vaudrait-il
pas mieux que le gouvernement s'opposât au ren
voi, toutes les fois qu'il çst résolu à ne pas défé
rer aux vœux des pétitionnai) es? Cela serait pius
loyal et plus courageux. La chambre S'est sépa
rée sans ajournement fixe.
-r-rasQgCB»
Les promotions qui doivent avoir lieu dans le
corps des officiers de la marine, par suite de
l'accroissement du cadre récemment voté dans
1rs deux chambres, sont ajournées au mois d'août.
C'gst du moins ce que l'on répond kux nombreu
ses tollicHationî qui se produisent à cette orca-
sioH. Cependant les crédits ont été demandés
pour être employés à partir du i" juillet -, c'est
ainsi que s'en expliquait l'exposé des motifs.
Pourquoi cet ajournement au mois d'août ? Au
rait on le dessein de faire des promotions une ré
compense électorale'? ' ' "
, Oi lit ce matin dans le MoniUur :
« Le gouvernement a reçu un courrier d'Afri
que, qui apporte la nouvelle d'un funeste événe
ment arrivé dans la province de Constantine, où
rien de semblable n'avait eu lieu jusqu'ici.
» M. le général Randon, se trouvant en expé
dition contre les Nememchas, dans les environs
de Tebessa, jugea nécessaire, avant d'entrer dans
les montagnes, d'évacuer sur Guelma les mala
des qui auraient manqué desoins et dont la pré
sence eût alourdi sa colonne. Après avoir formé
pour les escorter, un petit convoi sous la conduite
du kaïi Bîn-Ihar,dontia fidélité avait été souvent
éprouvée, il se mit en marche le 31 mai. Le len
demain, sans qu'aucun indice eût pu donner l'a
larme, le convoi fut entouré, près de l'endroit où
il devait coucher, par un grand nombre de Ka
byle*, auxquels on avait fait croire que Tebessa
avait été saccagée , et que le général Randon ,
ayant eu un engagement malheureux, évacuait
ses blessas.
Ce bruit mensonger ayant échauffé les (êtes,
un coup de fusil fut le signal du massacre. L'es
corte, après un combat inégal et inutile, chercha
son salut dans la fuite. Nos féroces ennemis n'é
pargnèrent que les muletiers indigènes. Vingt-
cinq de nos compatriotes ont perdu la vie dans
ce guet-apens.
Parmi les morts se trouvent le capitaine Noël,
du 5 e hussards; Hamerroui, sous-lieutenant au
3 e de spahis, et Castelli, chirurgien aide-major à
la légion étrangère. Les noms des vingt-deux sol
dats qui ont péri ne sont pas encore parvenus.
La foule des assaillans était telle, que si le gé
néral Randon, au risque d'affaiblir outre mesure
sa colonne, tût donné aux malades une plus forte
escorte, il n'eût fait certainement qu'accroître le
nombre des victimes.
» Prévenu de cet événement, le général Ran
don marcha sans hésiter, malgré la crainté d'un
soulèvement général, sur ces nombreux ennemis,
les atteignit, le % dans un poste qu'ils iroy&ient
inaccessible, et, les attaquant avec une audace
que secondait encore le désir d'une juste ven
geance, les mit eu déroute, leur tua 200 hommes,
s'empara de 500 chameaux, dont la plupart étaient
chargés, de 1,500 bœufs, de 12,000 moutons, et
de toutes les tentes.
» Ce succès éclatant et soudain a détruit com
plètement l'influence que la nouvelle du massa
cre aurait pu exercer sur les tribus, et rienriTst
i craindre maintenant pour la tranquillité de la
province »
ÉLECTIONS.
En 1842, M. Saazet fut élu à Lyon au troisième
lourde scrutin, et à quelques voix de majorité seule
ment, bien que son concurrent; M. Laforêt, eût dé
claré expressément qu'il refusait la candidat uie. Cstte
année, M. Laforêt se présente, et la considération
dont il jouit, l'influence qu'il posséda, laissent peu de
doute sur sa nomination. Aussi M. Ssuzet, inquiet et
troublé, cherche-t-il depuis deux mois un autre col
lège. Il avait ponté à Valence, puis à Charolles, puis,
enfin, au premier arrondissement de Paris.
. Partout les réponses qu'il a reçues l'ont découragé,
et en ce moment il revient à Lyon avec loute l'éner
gie du désespoir. Le préfet du Rhône, M. Jayr, sait
que M. Laforêt, homme d'opposition . modérée, repré
sente bien mieux que M. Sauzet les opinions de son
collège. Aussi M. Jayr emploie-t il, sans réservé et
sans scrupule, tous les moyens dont l'administration
est armée. M. Sauzet en outre espère, grâce à fes
antécédens et à l'amitié de M. de Chantelauze, obtenir
quelques veix légitimistes. Malgré tout cela, M. Sau
zet perdra la partie, et déjà, dit-on, il a témoigné le
désir qu'un de ses collègues, M. Devienne ou M. Des
prés, voulût bien se retirer en sa faveur. C'est la seule
chance qu'ait aujourd'hui M. Sauzet de rester député
de Lyon.
. L'élection de M. Sauzet n'est pas la seule qui soit
compromise dans le département du Rhône, et tout
annonce que MM; Martin et Terme seront remplacés,
le premier, par M. Guimet, le second, par M, Julien
Lacroix, frère du député actuel de Saône-et-Loire.
M. Martin avait été nommé contre M. Jars par l'op
position, et pendant la courte session d'août1842, per-
r sonne ne se montrait plus hostile au ministère. C'était
à peine si, én raison d'une triste catastrophe, il con-,
sentait à lui accorder quelques mois de répit, L'opço^
sition comptait donc et devait compter sur M. Martin;
mais quand il revint.au mois de janvier, il était entiè
rement changé.
Quelques personnes aperçurent alors un certain
lien entre cette brusque conversion et une ordon
nance qui parut au Moniteur, conférant à un proche
parent de M. Martin un emploi judiciaire fort désiré.
Quoi qu'il en< soit. M. Martin, depuis cette époque,
n'est pas moins dévoué à la politique ministérielle
que M. Laurence, M. de Golbéry, M. Réal et plusieurs
autres excellens députés. M. Guimet, au contraire,
dont les opinions sont très modérées, est un homme
indépendant par position, indépendant par caractère,
et qui n'aura rien à demander à personne... Il y a
tout lieu d'espérer qu'entre lui et M. Martin les élec
teurs n'hésiteront pas.
Quant à M. Terme, il avait toujours passé à Lyon
pour être du centre gauche, et telle était encore sa
couleur quand le collège de Villefranche le choisit.
Qu'on juge de la surprise de ce collège, composé en
grande partie d'honnêtes cultivateurs, quand il ap
prit que M. Terme n'avait rien à refuser à M. Guizot,
et qu il poussait la complaisance ministérielle jusqu'à
voter l'indemnité Pritchard! Ce dernier vote a tué M.
Terme, et ses amis eux-mêmes reconnaissent que son
élection est impossible aujourd'hui. M. Terme, qui en
est également convaincu, songeait dernièrement à
changer ses batteries, ot à se mettre sur les rangs
contre M. Martin. Mais la candidature de M. Guimet
l'a déconcerté, et il re sait plus où donner delà tête.
On nous écrit d'ailleurs qu'il n'y a rien à faire con
tre M. Devienne, président du tribunal civil, et contre
M. Després, récemment élu en remplacement de M.
Fulchiron. Quelques personnes, qui se souviennent
des anciennes opinions de M. Després, se flattent en
core qu'il y reviendra, et qu'il ne voudra pas toujours
imiter son illustre prédécesseur.
Quoi qu'il en soit, sur les cinq députés ministériels
que Lyon envoie aujourd'hui à la chambre, trois sont
sérieusement en danger. On peut donc espérer que
cette grande cité donnera, commeRouen, comme Bor
deaux, un noble exemple, et qu'elle protestera aussi
contre un système qui compromet à la fois l'ordre et
la liberté, la paix et la dignité nationale.
OPINIONS DE M. GUIZOT EN <839
Pendant la coalition, il y avait à Paris un
journal dont la direction appartenait notoire
ment à M. Guizot, et dont la rédaction était con
fiée k M. Léonce de Lavergne, aujourd'hui soui-
direcUwaux affaires étrangères, et kM.Mallac,
aujourd'hui sous-préfet de la Nièvre. Chaque jour
ce journal attaquait avec une extrême vivacité le
gouvernement personnel et la politique des aides-
de-camp. Chaque jour il reprochait avec véhé
mence a M. Moté d'abaisser le pays au dehors et
de le corrompre au dedans. Nous avons sous les
yeux quelques numéros de ce journal, etnousen
publierons successivement quelques passages
sous le titre de: Opinions de M. Guizot en \ 839.
On pourra juger par ces citations de ce qu'il y a
d'audacieux dans la conduite actuelle de M. Gui
zot çt dans les injures
Voici, *pâr exemple, comment le Journd gé
néral justifiait la distinction faite par M. Guizot
entre fa majorité de 4830 à 4836 et la majorité
de 4839. Ces quelaues lignes sont une nouvelle
réponse à la nouvelle édition de l'un de ses an
ciens sophismes que le Journal des Débats pu
bliait il y a peu de jours.
! « Les principes soutenus aujourd'hui par le
Journal det Débats ne sont plus ceux à l'aide desquels
le parti conservateur de 4830 à 4836 a triomphé de
l'opposition ; la politique-du 15 avril est tout autre
que celle qui prévalait sous le h 3 mars et sous le 11
octobre. Nous-savons que le Journal des Débats refu
se d'en convenir, mais le fait n'en est pas moins cer
tain, et nous pensons qu'il sera nettement démontré.
Pour nous borner à une seule preuve, nous deman
derons si, du temps de M. Casimir Périer ou de M. le
duc de Broglie, le Journal des Débats eût cru se faire
bien venir des chambres' et du ministère en soutenant
tous les jours que « le Roi gouverne et doit gouver
ner. » Nous demanderons si, en 1835, quand cette fa
meuse maxime a repâru d'abord dans la brochure de
M. Rœderer , puis dans les écrits de M.Fonfiède, H
n'a pas jeté un cri d'alarme et protesté contre des
idées auxquelles la dernière dynastie doit sa ruine. »
[Journal général du 30 décembre 1838).
Intérieur.
PARIS, a» JUIN.
M. Damon, ministre des travaux publics,
est chafgé de L'intérim du ministère de l'instruc
tion publique, pendant l'absence de M. de Sal-
vandy, dont nous avons annoncé le départ pour
l'Algérie.
—M Guizot passera, dit-on, une grande partie
du mois de juillet à sa terre de Val-Richer.
— M. de Lamartine est parti pourMâcon. Il
va de lk en Italie, où il achèvera son histoire des
Girondins avant la session prochaine.
— M. P. David, député du Calvados, ancien
consul général à Saayrne, est mort hier k Paris.
M. David était âgé de soixante-quinze ans.
C'est le quatrième membre de la chambre qui
succombe depuis l'ouverture de la session. Les
trois autres sont MM. Philippe Dupin, Schneider
et de Sade ; les deux premiers ont été remplacés
par MM. Garnier et Schneider. On ne connaît pas
encore le successeur de M. de Sade.
Cinq députés ont donné leur démission : MM.
Marchai, Cabanon, Emile Girardin, Gauthier
d'Hauteserve et de Langle; les quatre premiers
ont été remplacés par MM- Collignon, Rondeaux,
Bourjade et de Goulard. Le successeur de M. de
Langle n'est pas encore nommé.
Six députés ont été soumis k la réélection par
suite dç promotions dans les fonctions publiques.
Quatre ont été réélus , ce sont : MM. Pons, Cha-
baud-Litour , de Peyramont et Daguenet. M.
Soubrebost a été remplacé par M. Emile Girardin.
Le collège qui a nommé M Espéronnier eit con
voqué.
—Mme la duchesse d'Orléans a reçu, il y a peu
de jours, une lettre autographe par laquelle la
reine Victoria priait S. A. R. de tenir, sur les
fonts de baptême, sa fille nouveau-née. On as
sure que la princesse a répondu qu'en accep
tant l'honneur qui lui était fait, elle serait obli
gée de le remplir par délégation, attendu qu'elle
a fait vœu de ne pas quitter ses enfans.
— L'élection du souverain pontife n'a pas été
faite p.r le mode d'acclamation proprement dite.'
Quatre scrutins avec le vote d'accession ont eu
lieu pendant les deux jours qu'a duré le con
clave ; c'est au scrutin du second jour, le mardi
46 juin, que les suffrages du sacré eollége se sont
réunis sur S. E. le cardinal Mastai Ferretti.
— On a vu avec quelle rapidité s'était faite
l'élection du successeur de Grégoire XVI, il
n'est pas sans intérêt de savoir sous quelle in
fluence on a été si vite en be?o^ne; voici ce que
l'on écrit de Vienne, le 44, au Journal allemand
de Francfort :
• Le nonce du papo a eu depuis huit jours de nom-
breusej conférences avec le prince de Metternich.
L'armée autrichienne sera augmentée do 10,000 hom
mes. On craint des désordres dans la Romagne. Dans
la marche d'Ancône, on s'est prononcé contre le pape.
A Rimini, on a affiché un placard portant : « Plus de
» pape! »
— On ar.nonce qu'au mois de septembre pro
chain les trois souverains de Russie, d'Autriche
et de Prusse se réuniront k Vienne.
—- Nous avons annoncé que les réfugiés qui
avaient levé l'étendard delà révolte en Catalogne
avaient été promptemeni réduits k se retirer en
France. Il paraît que deux d'entre eux, faits pri
sonniers, ont été fusillés sur-le-champ.
Le général Breton, capitaine-général de la Ca
talogne, vient, k la suite de cette expédition.
d'être nommé grand'eroix de l'ordre de Saint-
Ferdinand.
— Une correspondance de Barcelone, citée par
l'Indépendant de Perpignan, rapporte que le fa
meux Perellada, ancien commissaire de police
secrète, qui s'eit échappé de la citadelle, est
maintenant en France.
« Cet homme qui, dit ce journal, a causé la
ruine de nombreux libéraux par ses délations et
ses perfidies, avait une fabrique de fausse mon--
naie : plus de trente-cinq mille napoléons, frap
pés dans ses ateliers, circulent maintenant en G%-,
talogne et k Valence. »
—,M A. Gaillard de Féry, attaché au minis
tère des affaires étrangères, vient de partir pôar
Londres, porteur de dépêches pour M. de Sainte-
Aulaire.
— La confusion de doctrines qui, aujourd hui,
agite toute la Germanie, ne pouvait manquer de
faire renaître de leurs cendres les anciennes sec
tes écloses du berceau même de la réforme. A
Hersfeld, commune entièrement protestante de
la Hesse-Electorale, il vient de se former une
congrégation d'anabaptistes, qui a pour chef an
chapelier, et qui compte déjà 70 membres d'une
grande austérité de mœurs et d'une probité sé
vère. Ils célèbrent un culte domsstique k leur
usage, mais ils baptisent leurs adultes publi
quement dans la Fuldi. Aux remontrances du
clergé local, ils répondent par des citations da
textes de la Bible, qu'ils ont étudiée avec une
grande assiduité, et ils invoquent le privilège du
libre examen. Mais le libre examen ne paraît pas
être du goût de tout le monde : le gouvernement
vient de décréter contre ces nouveaux sectaires
de* mesures de police. ( l'Ami de la Religion). '
Nous lisons dan; le même journal que les mis-
sionnaires rongistes ont eu peu de succès dans
l'Etat de Cincinnati, aux Etats Unis En revanche,
dit cette, feuille, les millénistes (prophètes des
derniers jours) s'y sont si fort étendus, que déjà
ils se sont divisés en deux sectes ennemies : celle
des Laveurs, qui font du lavement des pieds an
sacrement, et celle des Jacols, qui rejettent cette
croyance. Cette dissidence a déjà soulevé parmi
eux des controverses tellement vives, que, sans
l'intervention de la police, elles auraient dégé
néré en rixes sanglantes.
—Le Courrier de Marseille, qui nous arrive par
voie extraordinaire, publie ce qui suit, sous la
daté du 49 juin :
« Notre population a été mise en émoi cette nuit
par un événement terrible, et qui pouvait avoir des
suites incalculables. Vers les dix heures, un coup de
canon d'alarme, tiré par la patache, annonçait un si
nistre, et bientôt une foule immense encombrait les
quais du port et apprenait que le feu avait pris à l'un
des nombreux navires amoncelés dans le bassin.C'était
le trois mâts le Tambour, capitaine Fages. '
» Le maire, le commandant du port, ses subordon
né -
73
LES GRANDS DANSEURS DU ROI.
"i'.at, 1 " 11 ' '«y*» ir "
CHAPITRE XXXVI.
Si jamais le soleil s'éprenait de la lune, les choses se pas
seraient entre eux, exactement de la manière qu'elles al
laient entre la marquise et Dupuis.
L'un descendant à l'horizon quand l'autre y monte et ré
ciproquement, il leur serait fort difficile de s'entendre et de
se rencontrer.
Les étranges amoureux que nous avons suivis dans toutes
leurs évolutions différentes, peuvent encore être comparés à
des asymptotes, et si pour plusieurs de nos lecteurs ce mot
paraît bien savant et partant bien ambitieux, qu'ils nous le
passent, en faveur de la merveilleuse application dont il est
ici ; l'asymptote étant définie en mathématiques : une ligne
droite dont une courbe s'approche à l'infini sans jamais la
toucher.
Peut-être ce perpétuel va-et-vient, cette espèce de jeu de
bascule, enfin, cette éternelle impossibilité pour ces deux
pauvres cœurs de trouver leur niveau, ne sont-ils pas absolu
ment nuisibles à l'intérêt dé cette histoire, et même, si l'on
veut savoir à ce sujet notre avis particulier, nous dirons qu'au
contraire, ils en sont l'un des charmes et l'un des mérites, si
charme ou mérite il y a.
Toutefois, pour ceux qui seraient d'un autre sentiment et
qui commenceraient k se lasser de ce continuel mouvement
d'oscillation, nous croyons pouvoir leur en annoncer la clô
ture, et désormais nous paraît bien prise et bien arrêtée la
pente défiaitive de ces deux volontés si long-temps k la re
cherche de leur équilibre et de leur stabilité.
Du côté de Mme de Flavacourt, il n'y avait point à craindre
une rechute ; le dédain de Dupuis subi dans.les cruelles cir
constances que nous venons de voir, était une de ces mortelles
injures qui ne s'oublientni ne se pardonnent; et, s'il est vrai,
comme nous l'avons constaté en un autre endroit, que par
fois la contrariété fait vivre l'amour, au moins faut-il que
cette façon de philtre soit administrée avec une certaine
mesure, autrement il frappe k mort et tue au lieu de vivifier.
Pour ce qui était de Dupuis, après qu'on l'a vu si brave
ment résister dans une si dangereuse rencontre, on peut dire
queses preuves sont faites, et, du reste, ce n'était ni sa probi
té, ni le respect pour sa parole, nila crainte de porter àRosa-
lie le coup de la mort qui l'avaient soutenu. Le vrai el le plus
déterminant motif de sa résistance , c'était l'amour dévoué
et sincère que l'admirable procédé de celle qui allait devenir
sa femme, était rapidement parvenu à lui inoculer. Plus il
pensait à cette charmante enfant, et plus il se considérait
LES AMOURS t)D SOLEIL ET DE 1A LUNE. — LES ASYMPTOTES. — BILAN DE DUPUIS ET DE LA MARQUISE. — CONVALESCENCE
DE ROSALIE. — UNION FORTUNÉE. — ÉVÉNEMENT MYSTÉRIEUX ET POMPE TRIOMPHALE.
lui-même, plus il s'étonnait qu'avec de si grands affi
nités entre leurs deux natures , il eût pu si long -
temps la méconnaître et chercher en dehors d'elle son
avenir et sa voie. Par'contre, il se demandait ce qu'il'serait
advenu de lui, une fois tombé dans les mains de- cette fou
droyante Italienne, de cette femme aux instincts sijindicatifs
et si fiers, aux impressions si énergiques et si peu réfléchies,
qui, sous le vent de sa colère ou de sa fantaisie, faisait
ployer toutes les notions du bien et du mal, et à la dévorante
ardeur de ses déterminations, n'admettait pour régulateur
et pour conseiller, que le premier entraînement de sa vo
lonté. ' ,
Rien qu'à envisager l'orageux avenir de cette relation, il
y avait certes à s'épouvanter, et, par le contraste, cette pai
sible félicité que faisait espérer l'amour de Rosalie, semblait
se parer-encore de plus riantes promesses. Dupuis d'ailleurs
était un de ces hommes qui, nés avec un goût naturel d'une
vie droite et bien réglée, ne pensent pas qu'k être avoué par
la morale, le bonheur perde rien de sa saveur et de son par
fum. Maintenant restait la question de savoir si la Providen
ce permettrait k cette belle floraison de porter ses fruits.
Dans Rosalie, parut un exemple consolant, mais trop rare
seulement dans notre monde, de la persévérance et de la ré
signation dignement couronnées. L'horoscope du médecin se
justifia de tout point. Dupuis avait commencé la cure; son
amour, de moment en moment plus ardent et plus tendra,
suffit à l'achever.
— Mon Dieu! — disait la pauvre enfant dans cette béati
tude qui prend aux convalescens surtout quand le frôlement
des ailes de la mort a passé tout près d'eux, — mon Dieu !
que je suis heureuse ! Mais j'ai peur de tant de btnheur; est-
ce que cela peut durer?
Non-seulement cela dura, mais cela s'accrut encore; et,
enfin, après un long détour qu'il aurait bien mieux valu
s'épargner, les fiancés se retrouvèrent k cette surveille de
mariage où nous les avions vus arrivés lorsque commençait
ce récit. Cette fois la surveille fut suivie dé la veille, puis la
veille suivie du jour; tous deux ne l'avaient-ils pas bien mé
rité?
Rien d'intéressant à mentionner dans la cérémonie ni
dans les joies de la noce qui furent seulement un peu bruyan
tes, Dupuis ayant voulu que tous ses camarades de «théâtre y
assistassent, ce qui ne plut pas trop k la morgue directoriale
de M. et de Mme Nicclet.
i \ J
FEUILLETON DU CONSTITUTIONNEL.
C hapitre xxxv.
OUI SERA LONG/ ATTENDU IX NOMBRE DE CHOSES QU'IL RENFERME, TANT PRÉVUES QU'IUTRÊVUES.
Quoique s'étant décidé d'entraînement, Dupuis n'eut pas
de regret au parti qu'il avait pris. Aussitôt qu'il fut rassuré
sur le compte de sa fiancée, il lui sembla qu'une brume ve
nait de disparaître de devant ses yeux, et il se demanda
comment jusque-là il avait j>u méconnaître, et la touchante
beauté de Rosalie, et sa naïveté enchanteresse, et enfin
l'admirable élévation de cette nature, qui dans son adora
ble simplicité, atteignait, sans même s'en apercevoir, pres-
qu'au sublime de -la résignation et du dévoûment.
A grand'peine, sur l'exprès commandement du docteur,
déclarant qu'après tant d'émotions, la malade avait besoin
de repos et de solitude, le fiancé se décida-t-il k la quitter
pour quelques heures, et elle commençait déjà à tenir tantde
place dans sa pensée, que, même long-temps après s'être sé
paré d'elle, il entendait epeore à son oreille, cette douce voix
dont, au moment où il était sorti, elle lui avait dit, enlui ten
dant la main : — Adieu! ami, au revoir I
Puis, en se promenant dans la compagnie de ses riantes
idées sur ce joyeux boulevard du Temple, où il lui fallait
toujours revenir comme à une patrie : « A quoi pensais-je
» donc, —se demandait-il, — d'aller si loin chercher le bon-
» heur qiiand il était là? » Pensées de haute fortune, ambi
tieux désirs, vanité du rang et de la naissance, comme tout
cela lui paraissait mesquin et hors de raison, et comme sur
sa vie d'artiste, désormais embellie par la possession de ce
cœur d'or qu'il avait entrevu , bien d'autres chances d'un doux
et tranquille avenir semblaient maintenant se lever!
Un peu avant de se rendre au théâtre, il passa au logis de
Nicolet où il apprit qu'un mieux marqué continuait à se des
siner dans l'état de Rosalie : depuis une heure environ, elle
reposait d'un bon >ommeil.
Ce fut donc avec de merveilleuses disposi tions k se surpas
ser qu'il alla se disposer pour la représentation du soir.
Depuis le matin, apposée par les soins de Nicolet, et portant
en caractères mégascopiques :
POUR
LA RENTRÉE DE
M. DUPUIS,
une gigantesque affiche semblait convier le publie k des plai
sirs inaccoutumés; mais, de son côté, le revenant sentait en
lui tout ce qu'il fallait d'entrain et de vigueur pour ne pas
tromper cette attente.
Du reste, l'affiche n'avait pas manqué son effet : long
temps avant l'ouverture des bureaux, se pressait k la porte
des Grands Danseurs, une fois plus de spectateurs que la
salle ne pourrait en contenir, et, durant toute la journée, le
préposé k la location n'avait pu suffire aux empressemens
des laquais qui venaient chercher des loges pour les plus
grands noms de l'aristocratie. Il est bon de remarquer, en
effet, que le court dépaysement de Dupuis dans les rangs de
la noblesse avait fait de son retour à l'existence dramatique
un événement remarquable, plus encore pour les hautes
classes de la société que pour les vrais habitués de chez
Nicolet. .
En présence d'une assemblée k faire envie à la Comédie-
Française et à l'Opéra, Dupuis dansa comme il n'avait ja
mais fait, et reçut l'ovation la plus brillante. Ajoutons qu'en
suite du système d'amortissement imaginé par. la marquise,
relativement aux bruits qui avaient couru de sa folle passion
pour Dupuis, sa loge, ce soir-là, demeura vide. Quant
à Mlle Lucile, de même que toutes les plus fringantes péche
resses de l'époque, elle était à son poste ; mais venue bien
moins pour voir que pour être vue, en manière de vengean
ce, elle affecta de sortir pendant que Dupuis dansait.
Aussitôt que celui-ci eut fini, il se hâta de regagner sa loge;
il voulait promptement se déshabiller et aller savoir des nou
velles de la manière dont Rosalie avait passé la soirée.
U avait rapidement achevé sa toilette de ville, et venait
d'ouvrir sa loge pour sortir, quand des pas précipités reten
tissent dans le corridor. Au même moment, couverte d'une
cape à l'espagnole, une femme entre vivement, pousse der
rière elle la porte entr'ouverte, puis s'assevant haletante sur
un sopha et découvrant son visage : ,
— C'est moi, Dupuis, — dit-elle, — me voici.
— Madame la marquise ! — fit de son côté Dupuis en re
culant avec une sbrte d'épouvante.
— Un mot pourtant—reprit l'Italienne,—ce n'est pas
le bouquet dé cette fille, n'est-il pas vrai, qu'hier vous avez
cru ramasser? .
— Non,. Madame la marquise, j'avais cru qu'une autre
personne.. *
— Le mien, le voilà—dit-elle en lui présentant une
liasse de fleurs à moitié flétries — j'ai deviné ta méprise et
ton sacrifice, et tu me vois au rendez-vous.
— En vérité, Madame, je suis confus, anéanti — dit le
danseur en balbutiant.
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