Titre : Le Constitutionnel : journal du commerce, politique et littéraire
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1846-06-22
Contributeur : Véron, Louis (1798-1867). Rédacteur
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 22 juin 1846 22 juin 1846
Description : 1846/06/22 (Numéro 173). 1846/06/22 (Numéro 173).
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
LUNDI 22 JUIN 1816.
ÉDITION DE PARIS.
SŒEKS
NtMERO
PUBLICATIONS NOUVELLES
eïsérées dans LE journal
chaque année.
BtOTIOTHEQUE DE ROMANS NOUVEAUX
CONTENANT :
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Bibliothèque Choisie, 2 ou 3 vol. ;
Magasin Dramatique, 4 ou 2 vol.
(contenant les meilleures pièecs de theitre de
l'année.)
' Tous ces volumes pourront être brochés et reliés.
Pour chmnn des volumes de la Bibliothèque Choisie,
pour les volumes du Magasin Dramatique, etpouries
volumesfréunis de chaque Roman nouveau, le)
abonnés auront droit à une couverture spéciale,
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2# volumes par année.
JOURNAL POLITIQUE, LITTERAIRE, UNIVERSEL.
On s'abonne à Paris", à l'Administration du Journal, rue de Valois-Palais-Royal, n° 40, Maison de M. Pape.
QUATRE ANNUAIRES.' .
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BH JUIN DS OHAQUS ANKÉH.
AKfW0 AIRE des Lettres, des Arts et des Théâtres
EX SEPTSSSB&E DE CHAQUE ANKÉH.
ANMtTAIBJE politique (Députés, Pairs, Instruc
tion publique, Clergé, Armée et Marine).
BH DÉCEMBRE BB CHAQUE ANNÉE.
AB7BJU-&I2VE du Barreau, des Sciences, de FAr-
griculture et de la Médecine.
BN MAHS SB CHAjQITB ANKÉB.
annuaire des Ohemius de fer , des Travail»
publics, de la Banque, dé l'Industrie et du Com
merce.
Ces Annuaires réunis remplaceront VAlmanatfy
Boyal, VAlmanach du Commerce et les Annuaire!
spéciaux et formeront une précieuse collection.
46 volumes et 4 volumes d'Annuaires,
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UN an 83
ON reçoit les annonces et avis a inséreu , tous les jours, rte 10 heures du matin à 4 heures,
à l'administration générale des Annonces, place de la Bourse, 8.
' . toute insertion doit être agréée f ail le gérant.
Pour let Annonces ainsi que pôût les Abonnemens, on reçoit des mandats sur Paris.
S'adresser franco, pour tout ce
qui concerne l'Administration,
à M. R obin , Directeur.
Nous finirons le 24 juin 1846 ILES GRAIOïS DAJtfSEIJItlS DU ROI, roman nouveau en un volume, par M. CfflAIULEiS KAIIOÏJ.
LE 25 JUIN 1846,
Nous commencerons la publication de MARTIN* L'ENFANT TROUVÉ ^ OU LES MÉMOIRES D'CN VALET DE CHAMBRE , ROMAN NOUVEAU EN SIX VOLUMES,
par M. EUGÈNE SUE.'
Nous avons entre les mains les premiers volumes de MA.RTIW, et nous ne craignons pas de prédire à cette œuvre le succès des MYlSTÈBWESI 1ME S*ÂltB]§ et de HI4TI1ILDE.
Le 25 juin 6, nos abonnés recevront encartée dans leur journal la couverture de Martin avec une grande vignette sur bois par M. Baron. Nos abonnés pourront ainsi réunir et classer facilement les numéros et les volumes de ce nouveau roman.
Extérieur.
ANGLETERRE. — LONDRES, 20 juin. — La
chambre des lords a repris hier soir la discussion en
comité du bill des céréales ; quelques amendemens
ont été présentés, développés, puis retirés; ensuite le
bill a passé au comité. Il ne reste plus que la troisiè
me lecture, fixée à mardi.
A la chambre des communes, sir Robert Peel a
donné les explications qu'il avait promises sur sa
conduite, lors de la discussion du bill sur l'émanci
pation des catholiques. En vain lord Georges Bontinck
a voulu soutenir ses accusations; M. Roebuck a tourné
en plaisanterie les acceBS de ce Paganini de la tri
bune, dont le violon n'a qu'une corde, et qui ne sait
en tirer que des sons criards. Lord John Russell a
rendu aussi hommage à la loyauté de sir Robert Peel.
M. d'Israeli a essayé de venir au secours de lord
George ; mais il a été vivement combattu par M. IIu-
jne, et surtout par M. Villiers', qui a trouvé des as-
cens d'une profonde indignation contre toutes ces.
personnalités que l'on vient apportera la tribune au
lieu d'y apporter de bonnes raisons. La discussion du
bill de ccë cition a ensuite été renvoyée à lundi.
Sir James Graham, dit le Globe, va être immédiate
ment élevé à la pairie avec le titre de lord Preston ;
ce serait une sorte d'aveu que sas amis se préparent à
quitter les affaires. On dit aussi que lord Francis Eger-
ton sera créé pair, avec le litre de lord Ellesmore.
Le Forth, steamer de la poste royale, est arrivé
lundi soir, à six heures, à Southampton. avec les mal
les des Indes Occidentales ; sa traversée a été exces
sivement rapide, car il est arrivé deux jours entiers
plus tôt qu'on ne l'attendait.
Les nouvelles rrçues par ce paquebot ne sont pas
d'une haute importance. La sécheresse à la Jamaïque
persistait d'une manière alarmante. A Kingstown, le
thermomètre Fahrenheit, à l'ombre, s'est élevé à 96
degrés. Les récoltes éprouveront une diminution con
sidérable par suite de cette température.
— Le navire Augustina , qui vient d'arriver à Pen-
zance, nous a apporté les journaux de Lanneeston du
28 février. On avait reçu à Lanneeston, par la voie
de Hobart-Town , des nouvelles de la Nouvelle-Zé
lande. Elles annoncent Ja prise du pah occupé par
les chefs Kawiti et Kelri. Cette prise a eu lieu le H
janvier, après une canonnade, qui avait fait plusieurs
brèches à cette forteresse. Nous avons eu dans cette
attaque 12 tués et 30 blessés. Le gouverneur Grey
assistait à cette affaire. Après avoir chassé les indigè
nes, il a publié une proclamation pour leur offrir une
amnistie générale. Il paraît que tous l'ont acceptée, à
l'exception de Heki, qui a brûlé un autre pah, c-t s'est
retiré dans les broussailles aies sa tribu. L'Augustina
ne nous a point apporté de lettres particulières de la
Nouvelle-Zélande*; de sorte que nous n'avons pas de
détails plus circonstanciés. [Standard.)
GALLICIE. — D'après les nouvelles du 7 de ce
mois, Szela était encore en prison; mais sa fille a été
mise en liberté. Le pays est tranquille. Tout récem
ment il est vrai, les paysans du village de Druschkow,
ont voulu s'attribuer la récolte des terres seigneuria
les; le capitaine Szappe s'est rendu sur les lieux avec
des troupes pour maintenir la tranquillité publique.
Le comte Lazansky a réuni les anciens du village et
leur a recommandé l'observation-des lois.
PORTUGAL.—L isbonne, 13 juin : Le Diario do
Governo, d'hier, annonce la pacification complète du
royaume et la dissolution de la junte centrale de San-
tarem (dans la province d Estramadure). C'était la
dernière qui était restée en fonctions. L'ordre a été
donné d'organiser immédiatement les gardes nationa
les ; on a consenti aussi à payer la force populaire de
Santarem, pendant vingt-deux jours. — Le gouver
nement à la requête des juntes du Nord, a pris des
mesures pour faire juger par un conseil de guerre,
tous les officiers commandans de brigade ou de divi
sion dans la province du Minho, à raison des nom
breuses accusations de viols commis par les troupes
sous leurs oidres.
RIO DE LA PL AT A. — Les partisans du général
Rosas sur les bords du Parana ne manquent pas une
seu'e occasion d'attaquer les Ang'ais. Voici un ex
trait d'une lettre écrite par un officier du sloop à va
peur de S. M., VAlecto, commandé par .M. F. W.
Austen : « Le 10 février, nous avons eu une courte,
mais assez vive escarmouche avec une batterie d'ar-
tilleria légère. Les ennemis avaient installé quatre
pièces de canon sur 1rs bords du fleuve, de façon à
ce qu'on ne pût les apercevoir. De là, ils ont fait sur
nous un feu rapide et bien dirigé. Malgré la vitesse
de notre marche, nous avons été atteints plusieurs
fois ; nous avons riposté avec nos canons et nos fu
sées, mais nous ne savons quel résultat aura produit
notre feu; l'affaire n'a duré que vingt-cinq minutes;
cependant, nous avons eu cinq hommes blessés, dont
deux grièvement. Quelques jours après, nous avons
essuyé le feu d'une troupe de cavalerie qui, pendant
deux heures, a tiré sur nous toutes les fois qu'elle le
pouvait. Mais nous n'avons eu aucun mal, quoique
nous ayons été atteints plusieurs fois, tandis que
l'ennemi paraît avoir beaucoup souffert de nos obus
et de nos fusées, qui étaient lancés avec une grande
précision. Une de nos fu: : ées. après avoir traversé et
mis la feu à une tente, a éclaté au milieu d'un groupe
de cavaliers et en a démonté plusieurs; à la fin, nous
les avons dispersés. »
TURQUIE. — coivstaivtiivople , 7 juin. —Nos
journaux continuent de publier de longs détails sur
le voyage du sultan dans les provinces européennes
A Kysanlik, Sa Hautesse a reçu le prince Alexandre
de Servie avec beancoup d'affabilité. La veille de son
départ de cette ville, le sultan a admis en sa pré
sence les notables de la ville, musulmans, chrétiens et
juifs. Voici quelques passages remarquables de l'al-
1 cution qui leur a été adressée au nom de Sa Hautesse.
« De même que Sa Majesté désire le bonheur de ses
sijets^nu ulmans, de même elle désire que les chré
tiens et les ji.ifs, qui sont aussi ses sujeti, soient heu
reux, soient protégés partout et mis à l'abri de toute
injustice. Avec un peu do réflexion, nous pouvons aisé
ment demeurer convaincus que la différence de reli
gion ne regarde que la conscience et ne touche en rien
aux droits de sujets, nous sommes tous les sujets d 'un
même souverain el les enfans d'une même patrie, et il
ne nous convient nullement de nous regarder arec ini
mitié les uns les autres. C'est pourquoi la volonté im
périale de Sa Majesté est que ses sujets de toutes les
classes aient à vivre en paix entre eux et à consacrer
tous leurs soins à l'amélioration de notre patrie eom-
muiie. »
L'Echo de l'Orient, qui sa publiait à Smyrne, cesse
de paraître. Il te réunit au Journal de Comlantinople.
PARIS, 21 JUIN.
Nous ne le cachons pas : ce que nous de
mandons , c'est ce que le Journal des Débats
désirait en 1827, et ce que M. Guizot voulait en
1827 et en 1839: l'union dans un effort com
mun, de toutes les opinions nationales et in
dépendantes. En 1827, le Journal des Débats,
dévoué à la dynastie régnante, portait sur ses
listes de candidats M. de Lafayette, M. Voyer-
d'Argenson, M. de Chauvelin, qui n'avaient
certes pas les mêmes sentimens. En 1839, M.
Guizot avait des entrevues personnelles avec
M. Berryer, et donnait notoirement son ap
pui à tous les députés de la droite qai avaient
voté avec la coalition. Pourquoi cela ? Parcé
que le Journal des Débats en 1827, M. Guizot
en 1839, comprenaient qae le gouvernement
n'était pas mis en péril par les partis, mais par
ses propres fautes et par le zèle exagéré de
ses amis.
Quand donc aujourd'hui le Journal des Dé
bats et M. G izot jeprochent à l'opposition
constitutionnelle de faire ce qu'ils ont fait
eux mêmes, il faut qu'ils prouvent qu'aujour
d'hui la situation est tout autre, et que le
danger vient du dehors, non du dedans. Il
faut qu'ils prouvent, pour parler net, d'une
part, que le parti légitimiste et le parti radi
cal sont, comme il y a douze ans, en mesure
de livrer bataille à la dynastie, de l'autre que
les griefs de l'opposition constitutionnelle sont
moins fondés qu'ils ne l'étaient en 1839. Or,
nous pensons précisément le contraire. Nous
pensons que les idées de désordre et de révolte
armée sont, à l'heure qu'il est, fort loin de
tous les fsprifs. Nous pensons qu'à aucune
époque la dignité nationale, l'honnêteté
publique, la sincérité des institutions n'ont
reçu de plus graves atteintes. Nous pensons
qu'il est urgent de mettre un terme à la déplo
rable politique qui pèse sur la France, et que
si l'occasion qui se présente estmanquée, Dieu
sait où, quand et comment s'arrêtera la réac
tion.
Nous trouvons d'ailleurs fort plaisant que
le ministère vienne aujourd'hui nous faire
un crime de tendre la main aux légitimistes.
Ce n'est pas l'opposition, ce nous semble, qui,
après avoir odieusement flétri ce parti, lui a
fait, depuis un an, les plus ridicules avances
et les plus pitoyables concessions. Ce n'est
pas l'opposition qui, pour glaner çà et là
quelques voix incertaines, a porté la hache
dans une de nos institutions et promis, sans
avoir l'intention de tenir sa promesse, de fai
re mieux encore l'an prochain. Ce n'est pa3
l'opposition qui s'est redressée, qui s'est gon
flée, parce que trois ou quatre légitimistes de
haut rang consentaient à passer le seuil des
Tuileries. L'opposition laisse à M. Guizot et
à ses collègues ces joies de parvenu : l'oppo
sition ne s'abaisse devant personne et ne veut
tromper personne. Quand elle ne partage pas
l'avis des députés légitimistes, elle le leur dit
franchement, honnêtement ; quand, au con
traire, elle se trouve avec eux en commu
nauté de sentimens et d'opinions, elle le dit
encore sans mystère et sans affectation.
Au surplus, s'il y avait dans la dernière
chambre des légitimistes votant avec l'oppo
sition, il y en avait d'autres votant avec le
cabinet. Un d'entre eux à qui on en faisait
un reproche, répondit un jour par ce mot
naïf et significatif : « Je suis contre la dynas
tie, et pour le ministère. » Or, voici la ques
tion que nous prenons la liberté de poser au
Journal des Débats et à ses patrons : Si, dans
les élections prochaines, un des légitimistes
dont il s'agit a pour concurrent un hojame
sincèrement dévoué à la révolution de juil
let, mais appartenant à la gauche on au cen
tre gauche, que fera le cabi:et? Soutiendra-
t-il le candidat de l'opposition dynastique
contre le légitimiste ministériel, ou bien est-
ce au légitimiste qu'il donnera son appui ? Si
un préfet s'avisait de poser une telle ques
tion à M. Duchâtel, nous croyons que celui-
ci le regarderait comme le plus inintelligent*,
des préfets, et le destituerait en conséquence.
Si nous nous trompons, qu'on nous le dise ;
jusque-là, on nous permettra de faire notre
choix entre les légitimistes comme le ministè -
re fait le sien, et de préférer M. Berryer à M.
Lafarelle, M. de Larochejaquelein à M. Du-
rosier, M. de Larcy à M. Lahaye-Joasselin.
.. -
M. Charles Dupin a déposé, à la chambre
des pairs, son rapport sur le projet de loi re
latif à l'ouverture du crédit de 93 mi.lions
pour l'augmentation des approvisionnemens
de la marine et du matériel naval. Le rap
porteur a étudié dans toutes ses phases la do
tation, tour-à-tour progressive, rétrograde, et
progressive encore, du matériel de notre flotte;
il a examiné attentivement et réfuté les objec
tions élevées contre un armement général de
40 vaisseaux et de 50 frégates ; il a constaté,
d'accord avec tous les hommes qui ont ap
profondi cette question, que las ressources de
notre inscription maritime sont suffisantes
pour le maintien de cet armement, sans au
cun inconvénient pour le commerce. Le pro
grès suivi sans interruption depuis vingt ans
par le nombre des gens de mer continuera
sans aucun doute. Enfin, M. Dupin a prouvé
que l'entretien en armement de 40 vaisseaux
et de 50 frégates ne constituerait point une
charge que la France, dans sa richesse, ne
pût aisément supporter. Nous citerons les
calculs à l'aide desquels il a fait cette dé
monstration :
« Afin de n'établir ces calculs sur aucune base hy
pothétique, nous avons pris dans les comptes rendus
pour l'année 1841, les dépenses effectives qu'ont exi
gées 20 vaisseaux ei20frégates, armés pendant douze
mois, solde, vivres et matériel d'armement réunis. De
là nous avons conclu l'armement général de 40 vais
seaux et de 50 frégates. Tel est l'objet du tableau sui
vant :
HED DE GUERRE NORMAL : 40 VAISSEAUX
ET 50 FRÉGATES.
Pour 20 vaisseaux
armés en 1841.
Pour 20 frégate*
armées en 1841.
Total.
Pour 40 vaisseaux
armés en 1841.
Pour 80 frégates
armées en 1841.
12,889,628 fr.
7,705,913 fr.
20,593,543 fr.
23,779,233 fr.
19,264,787 fr.
Total. 43,044,043 fr.
» Par conséquent, lors des événemens de 1840, si
la Francs avait de longue main, et par de sages me
sures, au moyen d'un budget mis en équilibre avec
intelligence, préparé son matériel pour un armement
rapide de 40 vaisseaux et 50 frégates (armement qui
devait être possible dès 1830), il aurait suffi pendant
une année que la France ajoutât à la dépense qu'elle a
faite, 24,519,500 fr.
» Nous le demandons, 40 vaisseaux et 50 frégates,
moitié dans la Méditerranée et moitié faisant face à
l'Angleterre, n'auraient-ils pas eu l'effet le plus avan
tageux, pour ajouter aux résultats qu'on pouvait es
pérer de plusieurs centaines de millions dépensés en
infanterie, en cavalerie, en artillerie de terre?
» L'économie et l'honneur national se seraient ajou
tés l'une à l'autresil'on avait, nous le répétons, rendu
possible d'avance, du côté du matériel, un armeirent
qu8 notre personnel maritime était capable de four
nir. »
Passant ensuite à l'examen de la partie da
projet de loi qui a trait à la marine à vapeur,
M. Dupin commence par constater les éton-
nans progrès de celte marine dans les qua
rante dernières années. Ea 1820, la navi
gation à vapeur était encore en dehors de
; toutes les prévisions pour la marine mili
taire. En 1830, la marine militaire comptait
quinze navires à vapeur tant à flot qu'en
construction. En T840, le nombre des navi
res à vapeur de la marine de l'Etat avait
triplé. Aujourd'hui, le ministre de la marine,
poussé par l'opinion et par les chambres, de
mande à porter notre marine à vapeur an
chiffre de cent navires.
M. Charles Dupin approuve ce3 progrès et
partage ce désir de les augmenter encore.
Le rapporteur demande deux choses prin
cipales. La première, c'est que, par une éco
nomie bien réglée, on diminue autant que
possible les dépenses de la marine à vapeur ;
la seconde, c'est qu'on profite des découver
tes de l'Angleterre et qu'on prépare, comme
elle, en pleine paix, de formidables moyens
de défense et d'attaque.
Quant aux expériences nouvelles, faites en
Angleterre, et aux préparatifs de défense et
d'attaque secrètement ordonnés par l'ami
rauté anglaise, voici ce qu'en dit M. Charles
Dupin :
■ L'alliance de la voile et de la vapeur , sur les bâ-
timens à vapeur, a fait naître une autre pensée : c'est
d'ajouter aux bâtimens de guerre à voiles une força
auxiliaire à vapeur qui pourra leur rendre des servi
ces infinis : tel est le système de bAtimem mixtes.
» La substitution d'une vis mobile et cachée sous
les eaux, au système dès roues à aubes, rend beau
coup plus acceptable la pensée d'ajouter aux bâtimens
à voiles la force de la vapeur, pour la marine mili
taire.
» Aujourd'hui, dans la Grande-Bretagne, le com
merce et le gouvernement s'occupent d'introduire
cetie force auxiliaire, transmise par un appareil à vis.
» Nous allons faire connaître l'exécution d'un plan
considérable que le gouvernement anglais poursuit,
selon son usage, avec une discrétion merveilleuse, et
qui ne peut manquer d'avoir une influence infinie sur
la généralisation du système mixte dans toutes les
marines militaires.
.» L'amirauté d'Angleterre a pris quatre anciens
vaisseaux de 72 canons et quatre frégates, pour en
faire un premier objet de grandes expériences : ces
huit bâtimens doivent servir spécialement, affirme-
t-on, à la défense des côtes britanniques. Ils sont dési
gnés sous le titre modeste de steam-guard-ships (n«-
vires-gardes-côtes à vapeur).
» On rase les œuvres hautes, on donne aux vais
seaux une simple mâture de frégate ; puis on calcula
la force de la vapeur pour procurer à ces bâtimens à
sec de voiles, une vitesse de six nœuds, 11 kilomè
tres 111/1000" par heure.
» On évalue à 450 chevaux la force auxiliaire de la
vapeur pour les vaisseaux rasés de 72.
» Les quatre anciennes frégates, dites de 44, auront
aussi leurs œuvres hautes rasées. Elles recevront une
mâture et une voilure de grande corvette.
72 -
LES GRANDS DANSEURS DU ROI.
jamais ; mais je pensais que cette visite vous serait péni
ble; je vous l'aurais épargnée, si je n'avais vu dans le secours
que vous voudriez bien me prêter, le moyen d'exécuter quel
que chose à quoi je tiens beaucoup.
— Parlez, Mademoiselle, — répondit Dupuis ; — ce que
vous voudrez que je fasse, je le ferai.
— Il faudrait, Monsieur Dupuis, avoir la bonté de me faire
venir un notaire que j'ai déjà, demandé plusieurs fois.
— Mais, Mademoiselle, pourquoi toujours des idées d'une
fin prochaine? Vous n'en êtes pas là.
— Allons , — dit Rosalie avec une nuance imperceptible
d'impatience, — vous allez dire aussi comme les autres ;
je sais bien ce que je sens, moi ; ainsi vous allez aller cher
cher ce notaire, tout de suite, n'est-il pas vrai ?
— Mon Dieu, si vous l'exigez, je vous obéirai ; mais votre
tuteur et votre marraine ne trouveront-ils pas étrange que
cela ait l'air de se faire en dehors d'eux?
Rosalie avait peut-être une pensée qu'elle ne voulait pas
dire, car elle sembla un moment chercher ses paroles. Enfin
elle reprit :
— Quand les personnes dont vous parlez se décideront à
appeler le notaire, je ne m'entendrai peut-être pas bien
avec eux sur ce que je veux faire écrire. Ainsi il vaut mieux,
de toute manière, que cela se passe en dehors d'eux, comme
vous dites ; une fois qu'on saura que vous avez été chercher
l'homme noir, on ne pourra plus le renvoyer.
— Enfin , Mademoiselle , si vous l'exigez absolument, je
ferai suivant votre désir.
— Ce n'est pas tout — continua Rosalie — et vous n'allez
pas vous fàeher de ce qui me reste à vous dire?
— Bonne comme vous êtes — répondit Dupuis — pour-
riez-vous jamais adresser à quelqu'un une parole offensante ?
— D'abord — reprit la jeune fille — je veux que mes der
nières volontés soient exécutées. Vous y tiendrez la main ,
n'est-il pas vrai? vous me le promettez?
De plus en plus ému, le danseur mit, à prendre l'engage
ment qu'on lui demandait, toute la chaleur que l'on peut
croire.
— Eh bien 1 dit la petite malade, après s'être un peu re
cueillie — voilà ma pensée, Monsieur Dupuis ; puisque nous
ne nous sommes pas mariés , vous ne m'avez jamais regardé
comme votre femme !
— Mademoiselle, — fit Dupuis en interrompant; pourquoi
rappeler ces choses?...
— Laissez-moi dire, — interrompit à son tour Rosalie; —
je parle depuis long-temps; tout ceci me remue, et je crains
que les forces ne me manquent... Je disais donc que vous ne
me regardiez pas comme votre femme; mais moi, vous me le
pardonnerez, n'est-ce pas? je vous ai toujours regardé comme
mon mari.
— Eh mon Dieu!...—dit Dupuis avec expression, sans que
Rosalie lui permît d'achever.
— Je n'ai pas de parens , — continua-t-3llc , — M. et
Mme Nicolet sont riches; moi, j'ai un petit avoir, et c'est à
■ r»,.,- ;— —
mon mari que je veux le laisser.
— Rosalie—s'écria Dupuis en tombant à ses genoux et en
lui prenant les deux mains dans les siennes — que ne me
pèrmettiez-vous de finir, je voulais vous dire que je l'étais,
votre mari, que je veux l'être, et il fallait donc me laisser
parler avant que celte dernière preuve de votre amour vînt
montrer combien j'étais insensé et ingrat en vous refusant.
Rosalie dans cette longue phrase n'avait entendu-que ces
mots : Votre mari, je veux l'être. Une telle révolution se "fit
en elle, à cette parole, que l'animation et la force parurent
lui revenir tout à coup. Les mains appuyées sur les bras du
fauteuil, elle se souleva énergiquement comme si elle eût
voulu aller reprendre possession de la vie, et en mênie temps
elle s'écriait avec angoisse :
— Monsieur Dupuis, vous ne me trompez pas ?
— Non, Rosalie, — répondit D.upuis entraîné par la force
de la situation; — devant Dieu et devant les hommes, vous
êtes ma femme, je vous 1e promets.
—Mon Dieu 1 mon Dieu ! — s'écria la pauvre fille, retom
bant sous l'effort qu'elle avait fait;—en même temps elle joi
gnit les mains comme pour une prière, et il sembla que la
mort venait de passer sur son front.
Epouvanté de ce spectacle, Dupuis courut ouvrir la porte,
appelant de toutes ses forces à l'aide.
Mme Nicolet vint aussitôt, suivie d'une voisine et de la
servante. En voyant la pâleur et l'immobilité de la jeune
fille, elles la crurent morte, et Mme Nicolet de s'en prendre
à Dupuis, cependant que la voisine et la servante frappaient
dans les mains de la pauvre enfant, lui faisaient respirer des
sels, el enfin s'empressaient de leur mieux autour d'elle.
Dans ce moment survint le docteur; il avait espéré quelque
chose de la visite de Dupuis, se doutant bien, à la manière
dont on lui avait peint son caractère, qu'il aurait peine à
sortir de cette entrevue sans donner à la malade au moins un
lointain espoir ; maintenant il venait voir le résultat de son
expérience.
— A.h! Monsieur,—s'écria Mme Nicolet, en le voyant en
trer,— quelle imprudence à nous d'avoir permis cette visite 1
Le docteur ne parut pas fort convaincu de cette bévue mé
dicale, à laquelle Mme Nicolet avait la générosité de s'asso
cier.
Il s'approcha de Rosalie, ausculta le cœur, tâta le pouls,
et, s'adressant ensuite à Dupuis qui, dans une angoisse inex
primable, attendait son arrêt, il lui demanda ce qui s'était
passé entre elle et la malade?
— Mon dieu, Monsieur, — repartit Dupuis, — tant d'a
mour et de résignation m'avaient touché, et c'est du fond de
mon cœur que je lui avais marqué l'intention de la prendre
pour femme.
— Le malheureux 1 — s'écria la directrice, — lui dijre cela
sans préparation ! Tout est fini ; le saisissement l'a tuée.
— Le saisissement l'a sauvée, — répondit le docteur. —
Je n'en attendais pas moins de vous, — ajouta-t-il parlant
à Dupuis ; — maintenant je réponds d'elle.
- 69 —
FEUILLETON DU CONSTITUTIONNEL.
— Comment ! je vous fais la politesse de vous placer dans
ma loge, et vous profitez de cette facilité pour sauter comme
un fou sur le théâtre et pour venir insulter mon premier su
jet et le forcer à s'expatrier.
—Vous voulez dire pour le forcer à retourner dans sa patrie
où il fera bien, ma foi ! de demeurer, le gâte-métier qu'il
est !
— Mon ami, — reprit Nicolet, — vous ne rendez pas
justice à cet homme, et parce qu'il est étranger...
— Ce n'est pas une raison, — interrompit iDupuis, —
pour qu'il se permette l'insolence de ce drapeau national; et
puis enfin voyons, maître Nicolet, vous êtes un directeur
éclairé et qui avez des yeux; là, je vous le demande, les
tours d'équilibriste que fait cet Anglais, appelez-vous cela
danser ?
— Enfin, — repartit le directeur,— il réussissait, le pu
blic l'avait adopté, et vous venez me le faire envoler !
— Mais si je redeviens des vôtres l le public, moi aussi,
m'avait adopté, et il m'a bien fait voir hier, qu'il ne m'avait
pas oublié.
— Très bien; mais vous m'avez dit un jour que je
vous avais eu pour un morceau de pain, et je vous vois bien
d'ici avec des prétentions à me
— A vous ruiner ? — fit gaîment Dupuis. — Vous vous
trompez — continua-t-il — des prétentions , je n'en ai au
cune ; j'estime, au contraire, que mon engagement avait en
core quelque temps à courir ; je le reprends et l'achèverai
sur le même pied, et pour ce qui est de- l'absence que j'ai
faite, nous supposerons que j'ai eu un congé.
— Vrai? c'est là votre idée? —demanda Nicolet avec éba-
hissement.
— Oui, mon bon directeur, voilà toutes les conditions que
je mets à ma rentrée. Eh bien! plus tard, quand il sera ques
tion de renouveler bail, si vous êtes content de mes services,
vous hausserez un peu mon prix.
•— Àh! — fit Nicolet avec mélancolie.—Nous avions parlé
dans le temps de quelque chose qui arrangeait bien toutes ees
affaires, et c'est un grand malheur que vous vous soyez dédit.
— Que voulez-vous?—reprit le danseur,—Je ne me sen
tais pas mùr pour le mariage.
— Sans doute, le mariage, — repartit Nicolet en homme
qui en avait tâté, —il y a là-dessus bien des choses à dire;
mais, ce qui est désastreux, c'est que vous ayez laisse ame
ner les choses au point de conclure, parce que, maintenant,
il y a cette petite qui paiera les pots cassés.
— Comment cela? — demanda Dupuis avec intérêt.
— Oui, Rosalie, cette enfant, qui était folle de vous et qui
ne se console pas de votre perte; à ce point même qu'elle
s'en va mourant de consomption et qu'elle est condamnée
par tous les médecins.
— Ce que vous dites là, n'est pas possible! — s'écria le
danseur avec un vif accent de pitié.
— Si fait, vraiment, elle est très mal ; deux fois déjà il a
été question qu'elle fût administrée, et, pas plus tard qu'hier
soir, elle demandait un notaire pour faire son testament.
— Mon Dieu! — dit Dupuis du ton le plus ému, — mais
vous me fendez le cœur avec ces révélations ; et la médecine
dit qu'il n'y a pas de remède?
—Un remède ! un remède, peut-être il y en aurait un: ce
lui avec lequel on guérit la moitié des maladies des filles,
mais il faudrait avoir le docteur pour l'appliquer.
—Voyons cependant, — dit Dupuis tâchant de calmer sa
conscience. —Vous parlez d'une consomption ; la consomp
tion ne marche pas si vite, et tout ne doit pas être désespéré.
— Mon cher, c'est surtout depuis le moment où vous avez
pris lepaulette, que les progrès ont été rapides : jusque-là,
c'était de la tristesse, des larmes en secret ; car lorsque Mme
Nicolet la voyait pleurer, elle la tarabustait, et même un peu
trop rudement ; mais quand une fois cette petite tête a appris
que vous passiez dans la noblesse, elle s'est tout-à-fait mon
tée; elle s'est dit : c'et homme-là est perdu pour moi, je ne
l'aurai jamais; alors sont venues les syncopes, 1& fièvre, enfin
qu'elle est au plus bas ! 1
Dupuis avait écouté avec une attention marquée, cet his
torique de la maladie ; puis, après avoir encore gardé un
moment le silence :
— Si je pouvais croire, — dit-il, — que ma visite.
Puis se reprenant aussitôt, — mais non, — ajouta-t-il — ce
serait de l'huile sur le feu.
— Je sais bien, —reprit Nicolet, — que j'ai entendu par-
ler à M. Tronchin, car vous remarquerez que nous avons ap
pelé tout ce qu'il y a de mieux en fait de docteurs, M. Tron
chin de Genève, premier médecin de M. le duc d'Orléans...
— Eh bien! que vous disait-il, M. Tronchin? — demanda
Dupuis avec impatience.
— Eh bien ! il disait qu'une crise, une forte secousse,
enfin quelque chose qui la tirerait de son marasme, pourrait
peut-être la sauver.
— Veuillez alors savoir, — dit Dupuis, —s'il pense que
ma présence serait de nature à opérer une diversion heu
reuse ; c'est bien le moins que je fasse la démarche de la voir
après tout le mal dont je suis coupable innocemment.
— C'est bien, — dit Nicolet en prenant son chapeau, —
je vais causer de cela avec ma femme. — Puis, revenant.sur
ses pas : — Ah çà! ce soir, — demanda-t-il, —nous vous
mettons sur l'affiche... c'est entendu?
— Oui, je danserai, — repartit Dupuis, — quoique vous
ne m'ayez guère mis en verve avec vos tristes révélation?.
— Que voulez-vous, mon cher? on ne peut pas djre que
ce soit absolument votre faute; et puis, tôt ou tard, vous au
riez su ce qui se passait; Du reste, nous allons voir ce que
va dire le médecin ; sur ce, je me sauve, car j'ai la répéti
tion k onze heures.
Et, en effet, le cher Nicolet sortit.
ÉDITION DE PARIS.
SŒEKS
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chaque année.
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Pour let Annonces ainsi que pôût les Abonnemens, on reçoit des mandats sur Paris.
S'adresser franco, pour tout ce
qui concerne l'Administration,
à M. R obin , Directeur.
Nous finirons le 24 juin 1846 ILES GRAIOïS DAJtfSEIJItlS DU ROI, roman nouveau en un volume, par M. CfflAIULEiS KAIIOÏJ.
LE 25 JUIN 1846,
Nous commencerons la publication de MARTIN* L'ENFANT TROUVÉ ^ OU LES MÉMOIRES D'CN VALET DE CHAMBRE , ROMAN NOUVEAU EN SIX VOLUMES,
par M. EUGÈNE SUE.'
Nous avons entre les mains les premiers volumes de MA.RTIW, et nous ne craignons pas de prédire à cette œuvre le succès des MYlSTÈBWESI 1ME S*ÂltB]§ et de HI4TI1ILDE.
Le 25 juin 6, nos abonnés recevront encartée dans leur journal la couverture de Martin avec une grande vignette sur bois par M. Baron. Nos abonnés pourront ainsi réunir et classer facilement les numéros et les volumes de ce nouveau roman.
Extérieur.
ANGLETERRE. — LONDRES, 20 juin. — La
chambre des lords a repris hier soir la discussion en
comité du bill des céréales ; quelques amendemens
ont été présentés, développés, puis retirés; ensuite le
bill a passé au comité. Il ne reste plus que la troisiè
me lecture, fixée à mardi.
A la chambre des communes, sir Robert Peel a
donné les explications qu'il avait promises sur sa
conduite, lors de la discussion du bill sur l'émanci
pation des catholiques. En vain lord Georges Bontinck
a voulu soutenir ses accusations; M. Roebuck a tourné
en plaisanterie les acceBS de ce Paganini de la tri
bune, dont le violon n'a qu'une corde, et qui ne sait
en tirer que des sons criards. Lord John Russell a
rendu aussi hommage à la loyauté de sir Robert Peel.
M. d'Israeli a essayé de venir au secours de lord
George ; mais il a été vivement combattu par M. IIu-
jne, et surtout par M. Villiers', qui a trouvé des as-
cens d'une profonde indignation contre toutes ces.
personnalités que l'on vient apportera la tribune au
lieu d'y apporter de bonnes raisons. La discussion du
bill de ccë cition a ensuite été renvoyée à lundi.
Sir James Graham, dit le Globe, va être immédiate
ment élevé à la pairie avec le titre de lord Preston ;
ce serait une sorte d'aveu que sas amis se préparent à
quitter les affaires. On dit aussi que lord Francis Eger-
ton sera créé pair, avec le litre de lord Ellesmore.
Le Forth, steamer de la poste royale, est arrivé
lundi soir, à six heures, à Southampton. avec les mal
les des Indes Occidentales ; sa traversée a été exces
sivement rapide, car il est arrivé deux jours entiers
plus tôt qu'on ne l'attendait.
Les nouvelles rrçues par ce paquebot ne sont pas
d'une haute importance. La sécheresse à la Jamaïque
persistait d'une manière alarmante. A Kingstown, le
thermomètre Fahrenheit, à l'ombre, s'est élevé à 96
degrés. Les récoltes éprouveront une diminution con
sidérable par suite de cette température.
— Le navire Augustina , qui vient d'arriver à Pen-
zance, nous a apporté les journaux de Lanneeston du
28 février. On avait reçu à Lanneeston, par la voie
de Hobart-Town , des nouvelles de la Nouvelle-Zé
lande. Elles annoncent Ja prise du pah occupé par
les chefs Kawiti et Kelri. Cette prise a eu lieu le H
janvier, après une canonnade, qui avait fait plusieurs
brèches à cette forteresse. Nous avons eu dans cette
attaque 12 tués et 30 blessés. Le gouverneur Grey
assistait à cette affaire. Après avoir chassé les indigè
nes, il a publié une proclamation pour leur offrir une
amnistie générale. Il paraît que tous l'ont acceptée, à
l'exception de Heki, qui a brûlé un autre pah, c-t s'est
retiré dans les broussailles aies sa tribu. L'Augustina
ne nous a point apporté de lettres particulières de la
Nouvelle-Zélande*; de sorte que nous n'avons pas de
détails plus circonstanciés. [Standard.)
GALLICIE. — D'après les nouvelles du 7 de ce
mois, Szela était encore en prison; mais sa fille a été
mise en liberté. Le pays est tranquille. Tout récem
ment il est vrai, les paysans du village de Druschkow,
ont voulu s'attribuer la récolte des terres seigneuria
les; le capitaine Szappe s'est rendu sur les lieux avec
des troupes pour maintenir la tranquillité publique.
Le comte Lazansky a réuni les anciens du village et
leur a recommandé l'observation-des lois.
PORTUGAL.—L isbonne, 13 juin : Le Diario do
Governo, d'hier, annonce la pacification complète du
royaume et la dissolution de la junte centrale de San-
tarem (dans la province d Estramadure). C'était la
dernière qui était restée en fonctions. L'ordre a été
donné d'organiser immédiatement les gardes nationa
les ; on a consenti aussi à payer la force populaire de
Santarem, pendant vingt-deux jours. — Le gouver
nement à la requête des juntes du Nord, a pris des
mesures pour faire juger par un conseil de guerre,
tous les officiers commandans de brigade ou de divi
sion dans la province du Minho, à raison des nom
breuses accusations de viols commis par les troupes
sous leurs oidres.
RIO DE LA PL AT A. — Les partisans du général
Rosas sur les bords du Parana ne manquent pas une
seu'e occasion d'attaquer les Ang'ais. Voici un ex
trait d'une lettre écrite par un officier du sloop à va
peur de S. M., VAlecto, commandé par .M. F. W.
Austen : « Le 10 février, nous avons eu une courte,
mais assez vive escarmouche avec une batterie d'ar-
tilleria légère. Les ennemis avaient installé quatre
pièces de canon sur 1rs bords du fleuve, de façon à
ce qu'on ne pût les apercevoir. De là, ils ont fait sur
nous un feu rapide et bien dirigé. Malgré la vitesse
de notre marche, nous avons été atteints plusieurs
fois ; nous avons riposté avec nos canons et nos fu
sées, mais nous ne savons quel résultat aura produit
notre feu; l'affaire n'a duré que vingt-cinq minutes;
cependant, nous avons eu cinq hommes blessés, dont
deux grièvement. Quelques jours après, nous avons
essuyé le feu d'une troupe de cavalerie qui, pendant
deux heures, a tiré sur nous toutes les fois qu'elle le
pouvait. Mais nous n'avons eu aucun mal, quoique
nous ayons été atteints plusieurs fois, tandis que
l'ennemi paraît avoir beaucoup souffert de nos obus
et de nos fusées, qui étaient lancés avec une grande
précision. Une de nos fu: : ées. après avoir traversé et
mis la feu à une tente, a éclaté au milieu d'un groupe
de cavaliers et en a démonté plusieurs; à la fin, nous
les avons dispersés. »
TURQUIE. — coivstaivtiivople , 7 juin. —Nos
journaux continuent de publier de longs détails sur
le voyage du sultan dans les provinces européennes
A Kysanlik, Sa Hautesse a reçu le prince Alexandre
de Servie avec beancoup d'affabilité. La veille de son
départ de cette ville, le sultan a admis en sa pré
sence les notables de la ville, musulmans, chrétiens et
juifs. Voici quelques passages remarquables de l'al-
1 cution qui leur a été adressée au nom de Sa Hautesse.
« De même que Sa Majesté désire le bonheur de ses
sijets^nu ulmans, de même elle désire que les chré
tiens et les ji.ifs, qui sont aussi ses sujeti, soient heu
reux, soient protégés partout et mis à l'abri de toute
injustice. Avec un peu do réflexion, nous pouvons aisé
ment demeurer convaincus que la différence de reli
gion ne regarde que la conscience et ne touche en rien
aux droits de sujets, nous sommes tous les sujets d 'un
même souverain el les enfans d'une même patrie, et il
ne nous convient nullement de nous regarder arec ini
mitié les uns les autres. C'est pourquoi la volonté im
périale de Sa Majesté est que ses sujets de toutes les
classes aient à vivre en paix entre eux et à consacrer
tous leurs soins à l'amélioration de notre patrie eom-
muiie. »
L'Echo de l'Orient, qui sa publiait à Smyrne, cesse
de paraître. Il te réunit au Journal de Comlantinople.
PARIS, 21 JUIN.
Nous ne le cachons pas : ce que nous de
mandons , c'est ce que le Journal des Débats
désirait en 1827, et ce que M. Guizot voulait en
1827 et en 1839: l'union dans un effort com
mun, de toutes les opinions nationales et in
dépendantes. En 1827, le Journal des Débats,
dévoué à la dynastie régnante, portait sur ses
listes de candidats M. de Lafayette, M. Voyer-
d'Argenson, M. de Chauvelin, qui n'avaient
certes pas les mêmes sentimens. En 1839, M.
Guizot avait des entrevues personnelles avec
M. Berryer, et donnait notoirement son ap
pui à tous les députés de la droite qai avaient
voté avec la coalition. Pourquoi cela ? Parcé
que le Journal des Débats en 1827, M. Guizot
en 1839, comprenaient qae le gouvernement
n'était pas mis en péril par les partis, mais par
ses propres fautes et par le zèle exagéré de
ses amis.
Quand donc aujourd'hui le Journal des Dé
bats et M. G izot jeprochent à l'opposition
constitutionnelle de faire ce qu'ils ont fait
eux mêmes, il faut qu'ils prouvent qu'aujour
d'hui la situation est tout autre, et que le
danger vient du dehors, non du dedans. Il
faut qu'ils prouvent, pour parler net, d'une
part, que le parti légitimiste et le parti radi
cal sont, comme il y a douze ans, en mesure
de livrer bataille à la dynastie, de l'autre que
les griefs de l'opposition constitutionnelle sont
moins fondés qu'ils ne l'étaient en 1839. Or,
nous pensons précisément le contraire. Nous
pensons que les idées de désordre et de révolte
armée sont, à l'heure qu'il est, fort loin de
tous les fsprifs. Nous pensons qu'à aucune
époque la dignité nationale, l'honnêteté
publique, la sincérité des institutions n'ont
reçu de plus graves atteintes. Nous pensons
qu'il est urgent de mettre un terme à la déplo
rable politique qui pèse sur la France, et que
si l'occasion qui se présente estmanquée, Dieu
sait où, quand et comment s'arrêtera la réac
tion.
Nous trouvons d'ailleurs fort plaisant que
le ministère vienne aujourd'hui nous faire
un crime de tendre la main aux légitimistes.
Ce n'est pas l'opposition, ce nous semble, qui,
après avoir odieusement flétri ce parti, lui a
fait, depuis un an, les plus ridicules avances
et les plus pitoyables concessions. Ce n'est
pas l'opposition qui, pour glaner çà et là
quelques voix incertaines, a porté la hache
dans une de nos institutions et promis, sans
avoir l'intention de tenir sa promesse, de fai
re mieux encore l'an prochain. Ce n'est pa3
l'opposition qui s'est redressée, qui s'est gon
flée, parce que trois ou quatre légitimistes de
haut rang consentaient à passer le seuil des
Tuileries. L'opposition laisse à M. Guizot et
à ses collègues ces joies de parvenu : l'oppo
sition ne s'abaisse devant personne et ne veut
tromper personne. Quand elle ne partage pas
l'avis des députés légitimistes, elle le leur dit
franchement, honnêtement ; quand, au con
traire, elle se trouve avec eux en commu
nauté de sentimens et d'opinions, elle le dit
encore sans mystère et sans affectation.
Au surplus, s'il y avait dans la dernière
chambre des légitimistes votant avec l'oppo
sition, il y en avait d'autres votant avec le
cabinet. Un d'entre eux à qui on en faisait
un reproche, répondit un jour par ce mot
naïf et significatif : « Je suis contre la dynas
tie, et pour le ministère. » Or, voici la ques
tion que nous prenons la liberté de poser au
Journal des Débats et à ses patrons : Si, dans
les élections prochaines, un des légitimistes
dont il s'agit a pour concurrent un hojame
sincèrement dévoué à la révolution de juil
let, mais appartenant à la gauche on au cen
tre gauche, que fera le cabi:et? Soutiendra-
t-il le candidat de l'opposition dynastique
contre le légitimiste ministériel, ou bien est-
ce au légitimiste qu'il donnera son appui ? Si
un préfet s'avisait de poser une telle ques
tion à M. Duchâtel, nous croyons que celui-
ci le regarderait comme le plus inintelligent*,
des préfets, et le destituerait en conséquence.
Si nous nous trompons, qu'on nous le dise ;
jusque-là, on nous permettra de faire notre
choix entre les légitimistes comme le ministè -
re fait le sien, et de préférer M. Berryer à M.
Lafarelle, M. de Larochejaquelein à M. Du-
rosier, M. de Larcy à M. Lahaye-Joasselin.
.. -
M. Charles Dupin a déposé, à la chambre
des pairs, son rapport sur le projet de loi re
latif à l'ouverture du crédit de 93 mi.lions
pour l'augmentation des approvisionnemens
de la marine et du matériel naval. Le rap
porteur a étudié dans toutes ses phases la do
tation, tour-à-tour progressive, rétrograde, et
progressive encore, du matériel de notre flotte;
il a examiné attentivement et réfuté les objec
tions élevées contre un armement général de
40 vaisseaux et de 50 frégates ; il a constaté,
d'accord avec tous les hommes qui ont ap
profondi cette question, que las ressources de
notre inscription maritime sont suffisantes
pour le maintien de cet armement, sans au
cun inconvénient pour le commerce. Le pro
grès suivi sans interruption depuis vingt ans
par le nombre des gens de mer continuera
sans aucun doute. Enfin, M. Dupin a prouvé
que l'entretien en armement de 40 vaisseaux
et de 50 frégates ne constituerait point une
charge que la France, dans sa richesse, ne
pût aisément supporter. Nous citerons les
calculs à l'aide desquels il a fait cette dé
monstration :
« Afin de n'établir ces calculs sur aucune base hy
pothétique, nous avons pris dans les comptes rendus
pour l'année 1841, les dépenses effectives qu'ont exi
gées 20 vaisseaux ei20frégates, armés pendant douze
mois, solde, vivres et matériel d'armement réunis. De
là nous avons conclu l'armement général de 40 vais
seaux et de 50 frégates. Tel est l'objet du tableau sui
vant :
HED DE GUERRE NORMAL : 40 VAISSEAUX
ET 50 FRÉGATES.
Pour 20 vaisseaux
armés en 1841.
Pour 20 frégate*
armées en 1841.
Total.
Pour 40 vaisseaux
armés en 1841.
Pour 80 frégates
armées en 1841.
12,889,628 fr.
7,705,913 fr.
20,593,543 fr.
23,779,233 fr.
19,264,787 fr.
Total. 43,044,043 fr.
» Par conséquent, lors des événemens de 1840, si
la Francs avait de longue main, et par de sages me
sures, au moyen d'un budget mis en équilibre avec
intelligence, préparé son matériel pour un armement
rapide de 40 vaisseaux et 50 frégates (armement qui
devait être possible dès 1830), il aurait suffi pendant
une année que la France ajoutât à la dépense qu'elle a
faite, 24,519,500 fr.
» Nous le demandons, 40 vaisseaux et 50 frégates,
moitié dans la Méditerranée et moitié faisant face à
l'Angleterre, n'auraient-ils pas eu l'effet le plus avan
tageux, pour ajouter aux résultats qu'on pouvait es
pérer de plusieurs centaines de millions dépensés en
infanterie, en cavalerie, en artillerie de terre?
» L'économie et l'honneur national se seraient ajou
tés l'une à l'autresil'on avait, nous le répétons, rendu
possible d'avance, du côté du matériel, un armeirent
qu8 notre personnel maritime était capable de four
nir. »
Passant ensuite à l'examen de la partie da
projet de loi qui a trait à la marine à vapeur,
M. Dupin commence par constater les éton-
nans progrès de celte marine dans les qua
rante dernières années. Ea 1820, la navi
gation à vapeur était encore en dehors de
; toutes les prévisions pour la marine mili
taire. En 1830, la marine militaire comptait
quinze navires à vapeur tant à flot qu'en
construction. En T840, le nombre des navi
res à vapeur de la marine de l'Etat avait
triplé. Aujourd'hui, le ministre de la marine,
poussé par l'opinion et par les chambres, de
mande à porter notre marine à vapeur an
chiffre de cent navires.
M. Charles Dupin approuve ce3 progrès et
partage ce désir de les augmenter encore.
Le rapporteur demande deux choses prin
cipales. La première, c'est que, par une éco
nomie bien réglée, on diminue autant que
possible les dépenses de la marine à vapeur ;
la seconde, c'est qu'on profite des découver
tes de l'Angleterre et qu'on prépare, comme
elle, en pleine paix, de formidables moyens
de défense et d'attaque.
Quant aux expériences nouvelles, faites en
Angleterre, et aux préparatifs de défense et
d'attaque secrètement ordonnés par l'ami
rauté anglaise, voici ce qu'en dit M. Charles
Dupin :
■ L'alliance de la voile et de la vapeur , sur les bâ-
timens à vapeur, a fait naître une autre pensée : c'est
d'ajouter aux bâtimens de guerre à voiles une força
auxiliaire à vapeur qui pourra leur rendre des servi
ces infinis : tel est le système de bAtimem mixtes.
» La substitution d'une vis mobile et cachée sous
les eaux, au système dès roues à aubes, rend beau
coup plus acceptable la pensée d'ajouter aux bâtimens
à voiles la force de la vapeur, pour la marine mili
taire.
» Aujourd'hui, dans la Grande-Bretagne, le com
merce et le gouvernement s'occupent d'introduire
cetie force auxiliaire, transmise par un appareil à vis.
» Nous allons faire connaître l'exécution d'un plan
considérable que le gouvernement anglais poursuit,
selon son usage, avec une discrétion merveilleuse, et
qui ne peut manquer d'avoir une influence infinie sur
la généralisation du système mixte dans toutes les
marines militaires.
.» L'amirauté d'Angleterre a pris quatre anciens
vaisseaux de 72 canons et quatre frégates, pour en
faire un premier objet de grandes expériences : ces
huit bâtimens doivent servir spécialement, affirme-
t-on, à la défense des côtes britanniques. Ils sont dési
gnés sous le titre modeste de steam-guard-ships (n«-
vires-gardes-côtes à vapeur).
» On rase les œuvres hautes, on donne aux vais
seaux une simple mâture de frégate ; puis on calcula
la force de la vapeur pour procurer à ces bâtimens à
sec de voiles, une vitesse de six nœuds, 11 kilomè
tres 111/1000" par heure.
» On évalue à 450 chevaux la force auxiliaire de la
vapeur pour les vaisseaux rasés de 72.
» Les quatre anciennes frégates, dites de 44, auront
aussi leurs œuvres hautes rasées. Elles recevront une
mâture et une voilure de grande corvette.
72 -
LES GRANDS DANSEURS DU ROI.
jamais ; mais je pensais que cette visite vous serait péni
ble; je vous l'aurais épargnée, si je n'avais vu dans le secours
que vous voudriez bien me prêter, le moyen d'exécuter quel
que chose à quoi je tiens beaucoup.
— Parlez, Mademoiselle, — répondit Dupuis ; — ce que
vous voudrez que je fasse, je le ferai.
— Il faudrait, Monsieur Dupuis, avoir la bonté de me faire
venir un notaire que j'ai déjà, demandé plusieurs fois.
— Mais, Mademoiselle, pourquoi toujours des idées d'une
fin prochaine? Vous n'en êtes pas là.
— Allons , — dit Rosalie avec une nuance imperceptible
d'impatience, — vous allez dire aussi comme les autres ;
je sais bien ce que je sens, moi ; ainsi vous allez aller cher
cher ce notaire, tout de suite, n'est-il pas vrai ?
— Mon Dieu, si vous l'exigez, je vous obéirai ; mais votre
tuteur et votre marraine ne trouveront-ils pas étrange que
cela ait l'air de se faire en dehors d'eux?
Rosalie avait peut-être une pensée qu'elle ne voulait pas
dire, car elle sembla un moment chercher ses paroles. Enfin
elle reprit :
— Quand les personnes dont vous parlez se décideront à
appeler le notaire, je ne m'entendrai peut-être pas bien
avec eux sur ce que je veux faire écrire. Ainsi il vaut mieux,
de toute manière, que cela se passe en dehors d'eux, comme
vous dites ; une fois qu'on saura que vous avez été chercher
l'homme noir, on ne pourra plus le renvoyer.
— Enfin , Mademoiselle , si vous l'exigez absolument, je
ferai suivant votre désir.
— Ce n'est pas tout — continua Rosalie — et vous n'allez
pas vous fàeher de ce qui me reste à vous dire?
— Bonne comme vous êtes — répondit Dupuis — pour-
riez-vous jamais adresser à quelqu'un une parole offensante ?
— D'abord — reprit la jeune fille — je veux que mes der
nières volontés soient exécutées. Vous y tiendrez la main ,
n'est-il pas vrai? vous me le promettez?
De plus en plus ému, le danseur mit, à prendre l'engage
ment qu'on lui demandait, toute la chaleur que l'on peut
croire.
— Eh bien 1 dit la petite malade, après s'être un peu re
cueillie — voilà ma pensée, Monsieur Dupuis ; puisque nous
ne nous sommes pas mariés , vous ne m'avez jamais regardé
comme votre femme !
— Mademoiselle, — fit Dupuis en interrompant; pourquoi
rappeler ces choses?...
— Laissez-moi dire, — interrompit à son tour Rosalie; —
je parle depuis long-temps; tout ceci me remue, et je crains
que les forces ne me manquent... Je disais donc que vous ne
me regardiez pas comme votre femme; mais moi, vous me le
pardonnerez, n'est-ce pas? je vous ai toujours regardé comme
mon mari.
— Eh mon Dieu!...—dit Dupuis avec expression, sans que
Rosalie lui permît d'achever.
— Je n'ai pas de parens , — continua-t-3llc , — M. et
Mme Nicolet sont riches; moi, j'ai un petit avoir, et c'est à
■ r»,.,- ;— —
mon mari que je veux le laisser.
— Rosalie—s'écria Dupuis en tombant à ses genoux et en
lui prenant les deux mains dans les siennes — que ne me
pèrmettiez-vous de finir, je voulais vous dire que je l'étais,
votre mari, que je veux l'être, et il fallait donc me laisser
parler avant que celte dernière preuve de votre amour vînt
montrer combien j'étais insensé et ingrat en vous refusant.
Rosalie dans cette longue phrase n'avait entendu-que ces
mots : Votre mari, je veux l'être. Une telle révolution se "fit
en elle, à cette parole, que l'animation et la force parurent
lui revenir tout à coup. Les mains appuyées sur les bras du
fauteuil, elle se souleva énergiquement comme si elle eût
voulu aller reprendre possession de la vie, et en mênie temps
elle s'écriait avec angoisse :
— Monsieur Dupuis, vous ne me trompez pas ?
— Non, Rosalie, — répondit D.upuis entraîné par la force
de la situation; — devant Dieu et devant les hommes, vous
êtes ma femme, je vous 1e promets.
—Mon Dieu 1 mon Dieu ! — s'écria la pauvre fille, retom
bant sous l'effort qu'elle avait fait;—en même temps elle joi
gnit les mains comme pour une prière, et il sembla que la
mort venait de passer sur son front.
Epouvanté de ce spectacle, Dupuis courut ouvrir la porte,
appelant de toutes ses forces à l'aide.
Mme Nicolet vint aussitôt, suivie d'une voisine et de la
servante. En voyant la pâleur et l'immobilité de la jeune
fille, elles la crurent morte, et Mme Nicolet de s'en prendre
à Dupuis, cependant que la voisine et la servante frappaient
dans les mains de la pauvre enfant, lui faisaient respirer des
sels, el enfin s'empressaient de leur mieux autour d'elle.
Dans ce moment survint le docteur; il avait espéré quelque
chose de la visite de Dupuis, se doutant bien, à la manière
dont on lui avait peint son caractère, qu'il aurait peine à
sortir de cette entrevue sans donner à la malade au moins un
lointain espoir ; maintenant il venait voir le résultat de son
expérience.
— A.h! Monsieur,—s'écria Mme Nicolet, en le voyant en
trer,— quelle imprudence à nous d'avoir permis cette visite 1
Le docteur ne parut pas fort convaincu de cette bévue mé
dicale, à laquelle Mme Nicolet avait la générosité de s'asso
cier.
Il s'approcha de Rosalie, ausculta le cœur, tâta le pouls,
et, s'adressant ensuite à Dupuis qui, dans une angoisse inex
primable, attendait son arrêt, il lui demanda ce qui s'était
passé entre elle et la malade?
— Mon dieu, Monsieur, — repartit Dupuis, — tant d'a
mour et de résignation m'avaient touché, et c'est du fond de
mon cœur que je lui avais marqué l'intention de la prendre
pour femme.
— Le malheureux 1 — s'écria la directrice, — lui dijre cela
sans préparation ! Tout est fini ; le saisissement l'a tuée.
— Le saisissement l'a sauvée, — répondit le docteur. —
Je n'en attendais pas moins de vous, — ajouta-t-il parlant
à Dupuis ; — maintenant je réponds d'elle.
- 69 —
FEUILLETON DU CONSTITUTIONNEL.
— Comment ! je vous fais la politesse de vous placer dans
ma loge, et vous profitez de cette facilité pour sauter comme
un fou sur le théâtre et pour venir insulter mon premier su
jet et le forcer à s'expatrier.
—Vous voulez dire pour le forcer à retourner dans sa patrie
où il fera bien, ma foi ! de demeurer, le gâte-métier qu'il
est !
— Mon ami, — reprit Nicolet, — vous ne rendez pas
justice à cet homme, et parce qu'il est étranger...
— Ce n'est pas une raison, — interrompit iDupuis, —
pour qu'il se permette l'insolence de ce drapeau national; et
puis enfin voyons, maître Nicolet, vous êtes un directeur
éclairé et qui avez des yeux; là, je vous le demande, les
tours d'équilibriste que fait cet Anglais, appelez-vous cela
danser ?
— Enfin, — repartit le directeur,— il réussissait, le pu
blic l'avait adopté, et vous venez me le faire envoler !
— Mais si je redeviens des vôtres l le public, moi aussi,
m'avait adopté, et il m'a bien fait voir hier, qu'il ne m'avait
pas oublié.
— Très bien; mais vous m'avez dit un jour que je
vous avais eu pour un morceau de pain, et je vous vois bien
d'ici avec des prétentions à me
— A vous ruiner ? — fit gaîment Dupuis. — Vous vous
trompez — continua-t-il — des prétentions , je n'en ai au
cune ; j'estime, au contraire, que mon engagement avait en
core quelque temps à courir ; je le reprends et l'achèverai
sur le même pied, et pour ce qui est de- l'absence que j'ai
faite, nous supposerons que j'ai eu un congé.
— Vrai? c'est là votre idée? —demanda Nicolet avec éba-
hissement.
— Oui, mon bon directeur, voilà toutes les conditions que
je mets à ma rentrée. Eh bien! plus tard, quand il sera ques
tion de renouveler bail, si vous êtes content de mes services,
vous hausserez un peu mon prix.
•— Àh! — fit Nicolet avec mélancolie.—Nous avions parlé
dans le temps de quelque chose qui arrangeait bien toutes ees
affaires, et c'est un grand malheur que vous vous soyez dédit.
— Que voulez-vous?—reprit le danseur,—Je ne me sen
tais pas mùr pour le mariage.
— Sans doute, le mariage, — repartit Nicolet en homme
qui en avait tâté, —il y a là-dessus bien des choses à dire;
mais, ce qui est désastreux, c'est que vous ayez laisse ame
ner les choses au point de conclure, parce que, maintenant,
il y a cette petite qui paiera les pots cassés.
— Comment cela? — demanda Dupuis avec intérêt.
— Oui, Rosalie, cette enfant, qui était folle de vous et qui
ne se console pas de votre perte; à ce point même qu'elle
s'en va mourant de consomption et qu'elle est condamnée
par tous les médecins.
— Ce que vous dites là, n'est pas possible! — s'écria le
danseur avec un vif accent de pitié.
— Si fait, vraiment, elle est très mal ; deux fois déjà il a
été question qu'elle fût administrée, et, pas plus tard qu'hier
soir, elle demandait un notaire pour faire son testament.
— Mon Dieu! — dit Dupuis du ton le plus ému, — mais
vous me fendez le cœur avec ces révélations ; et la médecine
dit qu'il n'y a pas de remède?
—Un remède ! un remède, peut-être il y en aurait un: ce
lui avec lequel on guérit la moitié des maladies des filles,
mais il faudrait avoir le docteur pour l'appliquer.
—Voyons cependant, — dit Dupuis tâchant de calmer sa
conscience. —Vous parlez d'une consomption ; la consomp
tion ne marche pas si vite, et tout ne doit pas être désespéré.
— Mon cher, c'est surtout depuis le moment où vous avez
pris lepaulette, que les progrès ont été rapides : jusque-là,
c'était de la tristesse, des larmes en secret ; car lorsque Mme
Nicolet la voyait pleurer, elle la tarabustait, et même un peu
trop rudement ; mais quand une fois cette petite tête a appris
que vous passiez dans la noblesse, elle s'est tout-à-fait mon
tée; elle s'est dit : c'et homme-là est perdu pour moi, je ne
l'aurai jamais; alors sont venues les syncopes, 1& fièvre, enfin
qu'elle est au plus bas ! 1
Dupuis avait écouté avec une attention marquée, cet his
torique de la maladie ; puis, après avoir encore gardé un
moment le silence :
— Si je pouvais croire, — dit-il, — que ma visite.
Puis se reprenant aussitôt, — mais non, — ajouta-t-il — ce
serait de l'huile sur le feu.
— Je sais bien, —reprit Nicolet, — que j'ai entendu par-
ler à M. Tronchin, car vous remarquerez que nous avons ap
pelé tout ce qu'il y a de mieux en fait de docteurs, M. Tron
chin de Genève, premier médecin de M. le duc d'Orléans...
— Eh bien! que vous disait-il, M. Tronchin? — demanda
Dupuis avec impatience.
— Eh bien ! il disait qu'une crise, une forte secousse,
enfin quelque chose qui la tirerait de son marasme, pourrait
peut-être la sauver.
— Veuillez alors savoir, — dit Dupuis, —s'il pense que
ma présence serait de nature à opérer une diversion heu
reuse ; c'est bien le moins que je fasse la démarche de la voir
après tout le mal dont je suis coupable innocemment.
— C'est bien, — dit Nicolet en prenant son chapeau, —
je vais causer de cela avec ma femme. — Puis, revenant.sur
ses pas : — Ah çà! ce soir, — demanda-t-il, —nous vous
mettons sur l'affiche... c'est entendu?
— Oui, je danserai, — repartit Dupuis, — quoique vous
ne m'ayez guère mis en verve avec vos tristes révélation?.
— Que voulez-vous, mon cher? on ne peut pas djre que
ce soit absolument votre faute; et puis, tôt ou tard, vous au
riez su ce qui se passait; Du reste, nous allons voir ce que
va dire le médecin ; sur ce, je me sauve, car j'ai la répéti
tion k onze heures.
Et, en effet, le cher Nicolet sortit.
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