Titre : Le Constitutionnel : journal du commerce, politique et littéraire
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1846-06-21
Contributeur : Véron, Louis (1798-1867). Rédacteur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32747578p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 21 juin 1846 21 juin 1846
Description : 1846/06/21 (Numéro 172). 1846/06/21 (Numéro 172).
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
DIMANCHE 21 i816»
EDITION DE PARIS.
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S'adresser franco, pour tout M
qui concerne 1' Administration»
k H. B obin, Directeur.
Nous finirons le 24 juin 1846 WES GRANDS DAJSSBURS DU ROÎ, roman nouveau en un volume, par M. CHIAIILES RiUlOU.
LE 25 JUIN 1846,
Nous commencerons la publication dé MARTIN* L'ENFANT TROUVÉ , «. IES IHÉSiOUUES B'CIV VilOf ME CUAlUBlUE, ROMAN JSWEAïJ & SIX VOLUMES,
par M. EUGÈNE SUE.
Nous avons entre les mains les premiers volumes de MARTIN, et nous ne craignons pas de prédire à cette oeuvre le succès des MYSTÈRES DE PARIS et de MATHItDE»
Le 25» Juin 184©j nos abonnés recevront encartée dans leur journal la couverture de Martin avec une grande vignette sur bois par M. Baron. Nos abonnés pourront ainsi réunir et classer facilement les numéros et les volumes de ce nouveau rooian.
Extérieur.
- INDES-ORIENTALÏS— Nous avonsde3 nouvelles
de Bombay du 42 mai. Il y avait eu quelques trou
bles à Lahore, Un artilleur, mis-en faction à l'entrée
d'une rue , pour interdire le passage pendant
qu'on opérait un déchargement de munitions, avait
blessé deux vachès faisant partie d'un troupeau dont
les conducteurs voulaient forcer la consigne. Or, les
vàches sont' des animaux sacrés; la population s'était
émue de ce sacrilège ; on a fermé les boutiques; des
pierres ont été lancées, des personnes blessées. Ce
pendant le tumulte n'a pas été de longue durée; on a
fait comprendre au peuple que la sentinelle n'avait
pas cru commettre une profanation en faisant respec
ter la consigne, et le calme 3'est rétabli. Toutefois un
brahmine, principal ins ; igateur de l'émeute, a été
pendu par ordre des autorités de Lahore, et le même
sort était réservé à un gourou (prêtre indoa], qui a
blessé un cipaye au bras. On dit que, par suite des
perquisitions qui oiit suivi ce mouvement, on a dé
couvert une centaine de pièces de canon cachéesdans
la villa.
■ La reine-mère a été très sérieusement malade à La
hore; on disait que c'était la suite de moyens violens
auxquels elle avait eu recours pour se faire avorter.
Le pays est calme; mais on ne voit pas que les
Sikhs avançant fort vitedaqs l'œuvre de recomposition
Û'un gouvernement.
J Deux petits forts tiennent encore prè3 de la fron
tière. Les garnisens de ces forts ont refusé d'ouvrir
les portes aux envoyés du gouvernement de Lahore,
et les Anglais doivent en commencer bientôt le siège.
PARIS. 20 JUIN.
Le Journal des Débajs, dans l'étrange ar
ticle qu'il publie ce matin, oublie plusieurs
choses assez importantes. Il oublie que le 18
brumaire moral dont il parle, a été demandé,
en 1836 et 1837, non par un membre de
l'opposition actuelle, mais par un des plus
fervens adorateurs du gouvernement person
nel, par M. Henri Fonfrède; il oublie que le
rejet de la loi de disjonction a renversé du
ministère, non M. Thiers et M.'Duvergier
de Hauranne, qui n'y étaient pas, mais MM.
Guizot et Duchâtel; il oublie que personne
plus que M. Guizot n'a blâmé l'amnistie ; il
oublie, enfin, qu'il ne peut injurier l'oppo
sition de 1831-1834 sans frapper sur quatre-
vingt-dix à cent membres de la majorité ac
tuelle.
Laissons les questions de personnes, et al
lons au fond des choses. Le Journal des Dé
bats voudrait bien renouveler entre la gau
che et le centre gauche, les queretlesde 1832,
et détourner ainsi la discussion. II n'y réus
sira pas, De 1831 à 1834, nous savons qu'il
y a eu dans la majorité comme dans l'oppo
sition des hommes sincères, honorables,
courageux, qui, les uns plus préoccupés du
présent, les autres plus inquiets de l'avenir,
défendaient avec une égale loyauté des opi
nions réelles et sérieuses. Mais, une fois la
cause de l'ordre gagnée, qu'a-t-on vu? D'une
part, les partis violens renoncer à leurs pro
jets de subversion, et substituer la résistance
légale à la résistance armée; de l'autre, le
gouvernement fouler aux pieds tous les ins
tincts généreux, tous lesnobles sentimens, tou
tes les idées honnêtes. Alors a commencé un
double mouvement. Les uns, comme M.
Hyde de Neuville, comme M. de Martignac
en 1826 et 1827, sont entrés dans l'opposi
tion, non .certes pour renverser le gouverne
ment, mais pour le sauver en le contenant.
Les autres se sontralliés au pouvoir, non pour
lui prêter un secours tardif, mais pour .l'ex
ploiter et pour faire, au moyen de leur vote,
leurs affaires privées. C'est entre ces deux
classes d'hommes qu'est aujourd'hui le dé
bat. '
Au surplus, il faut sans cesse le répéter,
ce qae nous disons aujourd'hui, M. Guizot
le disait en 1839 ; ce qûe le Journal dès Dé
bats dit contre M. Thiers, il le disait, à
la même époque , contre M. Guizot. Et
.l'on croit, à force d'audace, étourdir la
France et lui faire perdre lamémpire! On
croit effacer de notre histoire parlemen
taire le souvenir importun, fatal, de la coali
tion ! Il faut pourtant qu'on choisisse. Ou
bien entre la majorité de 1834 et celle de
1859 et 1846 il y a une profonde différence,
et alors que' devient l'argumentation du
Journal des Débats ? ou bien il n'y en a pas,
et alors que devient l 'honneur de M. Guizot?
Voici, en effet, ce que M. Guizot répondait
en 1839, à ceux qui raisonnaient contre lui
comme le Journal des Débats raisonne au
jourd'hui contre les députés qui faisaient
partie de la majorité au temps des émeutes,
et qui sont entrés depuis dans l'opposition.
« Je ne peux pas, disait M. Guizot, je ne ne
veux pas, mon honneur ne më permet pas d'ac
cepter l'assimilation qu'on a voulu établir entre
la politique du cabinet actuel (celui de M. Molé)
et la nôtre (celle de 4831-34).
» ÀU centre : Allons donc f
» Aux extrémités : Très bien l
» C'est au nom del'honsear du pays, c'est au nom
des véritables intérêts du pays et au nom de mon
propre honneur que je proteste... Çe que vous
avez fait, ce que vous faites, je ne l'aurais pas fait,
je vous blâme de l'avoir fait. Nous avions laissé
la France à Ancône; elle n'y est plus. Nous
avons laissé sur un grand nombre de points im-
portans, nous avons laissé de l'influence, de la
dignité k la France ; elle les a perdus entre vos
mains (très bien! à gauche) par votre fait. Voilà
pourquoi je repousse toute assimilation pareille à
celle qu'on a voulu établir, etc. »
C'est ainsi que parlait M. Guizot en 1839.
Qu'eût-il dit, si le cabinet dont il était alors
l'adversaire, eût signé le traité du droit de
visite au lendemain d'une humiliation subie
par la France; s'il eût signé le traité dé Tan
ger au lendemain d'une victoire; s'il eût
abaissé son pays jusqu'à la ridicule conquête
des Marquises, jusqu'à la honte des désaveux
et de la fameuse indemnité?
Non,la majorité de 1839 ne ressemblait en
rien à la majorité de 1834, et la majorité de
1846 y ressemble moins encore. Ls ministère
actuel a assez fait pour effacer toutes les dissi
dences passées et ponr réunir contre sa politi
que, comme en 1827, tous les hommes qui
conservent quelque amour de nos institutions
et quelque fierté nationale.
r
Le nouveau pape a été été élu le 16 juin
par acclamation : il a été proclamé le 17 au
matin. Le gouvernement en a reçu l'avis par
dépêche télégraphique. L'élu du conclave
est le cardinal Jean Mastaï Ferretti, natif de
Sinigaglia, évêque d'Imola, né en 1792, âgé
aujourd'hui de 54 ans. Il a pris le nom de
Pie IX.
Pie VII, d'illustre mémoire, était aussi é-
vêque d'Imola; il a été aussi élu par accla
mation, mais dans des circonstances diffé
rentes.
Il parait certain que la vive émotion des
esprits dans les Etats-Romains, la crainte
d'un soulèvement, la nécessité de porter sur-
le-champ au trône pontifical un homme mo
déré, a déterminé-l'élection du cardinal
Ferretti.
Puisse ce changement de règne apporter
quelque soulagement aux maux qui pèsent
depuis si long-temps sur les Etats pontifi
caux !
La session est close de fait. La chambré
des députés a terminé aujourd'hui ses tra
vaux par le vote du budget des recettes. Plu
sieurs amendemens ont été discutés dans cette
dernière séance. M. Lanyer a proposé que
l'exemption du prélèvement de 10 centimes
accordé par la loi aux villes qui sont autori
sées à ajouter des centimes additionnels aux
tarifs de leur octroi, pour subvenir à certai
nes dépenses, leur fût applicable, toutes les
fois que les taxe3 additionnelles concerneront
des objets d'utilité publique, générale ou lo
cale, et qu'elles seront affectées à des dépen
ses temporaires.
Malgré les efforts de M. le ministre des fi
nances, l'amendêment a été adopté.
La chambre a repoussé un amendement
de M. Desmbusseaux de Givré qui plaçait
sous l'empire de là loi la fixation du chiffre
dè la rétribution,collégiale, et un amende
ment de M. Liadières qui abaissait le maxi
mum du droit de timbre pour les journaux.
A la fin de la séance, la question de la con
version des rentes a été ramenée à l'occasion
d'un amendement de M. Beaumont ( de la
Somme), qui soumettait les rentes à un droit
de mutation. M. Gouin, en démontrant
l'inopportunité de cet amendement, a pris
occasion de faire remarquer que, depuis le
15 mars, une commission était chargée de pré
parer un rapport sur la conversion des ren
tes, que là majorité de la commission était,
disait-on, opposéeàlaconversion, mais qu'au
lieu de provoquér un débat, elle avait par ses
lenteurs soustrait la question aux chambres,
et rendu toute discussion impossible c tte an
née.
Ces paroles ont provoqué des explications.
Il paraît que M. Jacques Lefebvre avait ré
digé fort tardivement un rapport qui n'a pas
paru exprimer d'une manière satisfaisante
l'opinion de la commission ; que ce rapport
a été considéré par la commission comme un
simple renseignement, et joint, à ce titre, à
ses procès-verbaux, pour être déposé aux ar
chives; ces délais et ces malentendus ont
évidemment pour cause la résolution qu'avait
le gouvernement d'empêcher la chambre d'ê
tre saisie de la question et de se prononcer
Une fois de plus avec énergie.
Ainsi, la session s'est terminée par cette
comédie. La majorité, à la fin, n'avait guère
gardé d'indépendance que sur cette question
de la conversion des rentes. On s'est moqué
d'elle en la congédiant.
Le budget est voté; on peut dire que la
session est terminée pour MM. les députés,
bien qu'une séance de pétitions soit indiquée
pour lundi, et qu'il doive y avoir ensuite une
dernière séance ( probablement le 2 juillet),
dans laquelle sera lue l'ordonnance de clô
ture.
RÉSUMÉ DES TRAVAUX DE LA CHAMBRE.
La session a été ouverte le 27 décembre 1845.
La chambre s'est réunie 30 fois dans ses btirçfrax,
et 43! fois en séance publique.
Elle a nommé 56 commissions (4), dont 48 ont fait
leurs rapports.
Elle a eu à examiner, avec les projets repris (2),
84 projets d'intérêt général et 406-projets d'intérêt
local. Parmi ce3 derniers, 4 est resté à l'état dè rap
port, 5 n'ont point été rapportés, et 100 ont été adop
tés.
Parmi les projets de loi d'intérêt général, SI ont été
adoptés, 4 ont été retirés, 6 ont été écartés, 47 sont
restés à l'état de rapport, 6 n'ont point été l'objet de
rapport.
PROJETS ADOPTÉS.
Projet de loi relatif à la navigation intérieure. (Re
pris.)
Projet de loi relatif à la perception de l'impôt sur
les sucrés indigènes. (Repris.)
Projet de loi relatif aux eaux minérales. (Repris.)
Projet de loi sur les pêcheries. (Repris.)
Projet de loi sur les canaux. (Repris.)
Projet de loi relatif au chemin, de fer de Bordeaux à
Cette. (Repris.)
Projet de loi relatif aux chemins de fer de l'Ouest.
(Repris.)
Projet de loi relatif au chemin de fer de Dijon à Mul
house. (Repris.) ,
Projet de loi relatif au chemin de fer de Saint-Dizier
à Gray. . .. •
Projet de loi relatif au traité belge et à quelques
dispositions du tarif général des douanes.
5 projets de loi relatifs à des échanges d'immeubles
{dont 4 repris de la session précédente )
Projet de loi relatif à l'achèvement de divers édifices
publics d'intérêt général, (Premier projet.)
Projet de loi relatif aux chemins de fer de Château-
roux" à Limoges, et dj* Bec-d'Allier à Clermont.
Projet de loi tendant à proroger les lois relatives
aux étrangers réfugiés en France.
Projet de loi portant demande- d'un crédit extraor
dinaire pour complément des dépenses secrètes de
l'exercice 4846.
Projet de loi relatif aux constructions navales et ap-
provisionnemens des'arsenaux de la marine.
Projet de loi relatif aux fêtes de juillet.
Projet de loi portant demande de crédits extraordi
(1) Dix-huit commissions nommées dans les sessions
précédentes ont eu à s'occuper en outre de projets re
pris.
(2) Quatre des projets, restés à l'état de rapport, & la
session dernière, n'ont point été l'objet de reprise. Ce
sont : le projet dé loi sur les théâtres, le projet de loi
relatif à l'instruction secondaire, la proposition de
MM. Lanyer et BoiSsy-d'Anglas, relative aux députés
intéressés dans les marchés public*, et la proposition
de MM. Lacrosse, Leyraud et Gaslave de Beaumont,
tendant & assurer la liberté des votes dans les élections.
naires pour l'Algérie.
Projet de loi relatif à l'établissement de divars
ponts. . ■
Projet de loi relatif à un appel de 80,000 hommes
sur la classe de 4846.,
Projet de loi pour travaux de rectification deiroutea '
royales.
Projet de loi relatif à l'ouverture d'nn crédit pomr,
l'innuni <)nn nnnninnfl »V»ïlIûn ^ 8^6 '
Projet de loi portant demande d'un crédit extraor-v
dinaire pour secours aux hospices, bureaux de charité
et institutions de bienfaisance. <
Projet de loi relatif au paiement d'une indemnité et t
.d'une pension à la veuve Bournat.
Projet de loi pour l'établissement d'une ligne $9
télégraphie électrique. - - • .
Projet de loi pour la publication de l 'ouvrage cou- 5
cernant les ruines de l'ancienne TSinive.
Projet de loi pour l'acquisition de terrains à join-,
dre au Muséum d'histoire naturelle.
Projet de loi relatif aux chemins de fer d'Orléans ft
Vierzon, et de Nîmes à Montpellier. -
Projet de loi relatif à l'amélioration de divers ports:
Projet de loi relatif au havre de Courseulles. (Cer
deux derniers projets ont été examinés par la même
commission.)
Projet de loi portant règlement définitif du budget
de l'exercice 4843. - , ' ■
Projet de loi relatif aux crédits supplémentaires et-
extraordinaires des exercices 4845 et 4846, et des,
exercices clos.
Projet de loi portant demande de crédits extraor
dinaires et supplémentaires des exercices 4848 et
4846. "
Autre projet de loi tendant à ouvrir un crédit poar>
des études de chemins de fer. ( Ces trois derniers
projets ont été examinés par la môme commission. ) ; >
Budget de l'exercice 4847. (Dépenses.).
Budget de l'exercice 4 847. (Recettes.)
Projet de loi portant demande d'un crédit -pour
l'augmentation des traitemens des magistrats..
Projet de loi relatif à un crédit supplémentaire pour
salaires d'ouvriers.
Projet de loi relatif au tribunal d'Alger.'
Projet de loi relatif au Palais-de-Justice de Pau.
Projet de loi d'échange concernant la manufacturé
de3 tabacs de Strasbourg.
Projet de loi relatif à l'abolition du décime rural et
à l'abaissement des droits pour les envois d'argent.
(Ces six derniers projets ont été examinés par là com>
mission du budget.) • .
Proposition de M. le général Jacqueminot, tendant;
à modifier quelques dispositions de la loi relative à la
garde nationale.
Proposition de MM. Mauguin, Lasalle et Tesnière»,'
tendant à réprimer la falsification des vins. (Reprise.):
Proposition de M. Desmousseaux de Givré, concer
nant les droits d'octroi sur les bestiaux. (Reprise.)
Proposition de M. de Mesmay sur le sel. (Reprise ): »
PROJETS RETIRÉS.
Projet de loi sur la taxe des lettres. >
Projet de loi relatif à l'acquisition de pièces ^anato*
miques et collections pour le Muséum d'histoire na
turelle (4 ). .
(1) Ces deux projets ont été remplacés par det?x au«
T 68 —
LES GRANDS DANSEURS DU ROI.
chille, au lieu de choisir les armes, il vous convient mieux
les fuseaux (4).
—Je ne sais pas bien précisément ce que vous voulez dire :
—répondit Dupuis, qui n'avait pas fait d'études; —maissi cela
signifie que le métier que je déserte vaut mieux que celui où
je vais rentrer, je vous dirai que je n'en crois rien. Votre mé
tier, mon cher, tout le monde peut le faire, et au bout de
trois semaines j'en savais autant que vous ; le mien, pour me
servir d'une de vos expressions favorites, je vous le donne
en dix, essayez-y un peu.
— Mon cher Dupuis, répondit La Brémaudière. avec gra
vité et tristesse Dites que le parti que vous prenez est dans
vos goûts, et que la via de théâtre a des charmes secrets dont
on a peine k se défendre, quand une fois on en a goûté; mais
ne faites pas de désobligeant paradoxe, et permettez-nous
de regretter une résolution que nous déplorons tous.
— Mon ami,'—dit Dupuis avec un peu d'émotion, — je
ne me sépare pas sans regret des camarades qui avaient fini
par bien m'accueillir, et vous, en particulier, qui m'avez ho
noré de votre amitié, vous, resterez pour moi un précieux
souvenir; mais, en résumé, je crois bien faire; et voyez-
vous, Messieurs, il me semble entre nous, que nous ne nous
convenions pas.
— Comment l'entendez-vous? — demanda le doyen, en
mettant à sa question une certaine sécheresse.
— On dit que je suis gentilhomme, — repartit le danseur,
— j'aime à. le croire ; mais, entre moi et vous qui l'êtes sans
conteste, je vois pourtant de grandes différences. Vous por»
(4) L'ofûcier gascon pe met là aussi en travers do la mytholo
gie, et il fait des histoires d'Achille et d'Hercule une espèce do
mixture qu'il faut lui pardonner, i raison ie «a bonne intention
classique. . i
tez, presque.sans le sentir, le joug de la discipline; moi je ne
puis le souffrir, et j'en desséchais; vous êtes d'une entière
résignation à tout le tripot militaire, moi il me semble que
l'ordinaire et la chambrée, tête à gauche, tête à droite, et ca
poral, venez reconnaître trouille, sont autant de vulgaires
préoccupations où je n'ai jamais trouvé mon plaisir.
— Mais, Monsieur, — dit le doyen, avec un sérieux qni
ne manquait pas de dignité, — tout ce que vous dédaignez
là., c'est l'armée, et l'armée, c'est la sécurité du royaume!
— Soit, — répondit Dupuis, — mais si vous êtes la force
du pays, nous autres artistes nous en sommes le délasse
ment et la fête. Et puis sans entrer ici en tant de questions
de prééminence, un soir on m'a trouvé sur le pas d'une
porte ; je suis un bohème après tout, et maintenant je re
tourne à la vie du bohème qui est l'espace, le grand air et
la liberté.
— Messieurs,— dit alors le doyen très peu touché de cet
enthousiasme, — il me semble que nous n'avoûs plus rien à
faire ici.
Teut le monde se leva.
— Adieu donc, Messieurs,--—dit le danseur en recondui
sant.
Quand on fut sur lef pas de la porte, La Brémaudière, qui;
comme le plus jeune, passait le dernier, se retourna du côti
de Dupuis, et celui-ci put surprendre une larme qui brillait
dans les yeux de son ancien ami.
— Votre main, La Brémaudière, — dit alors Dupuis en
lui tendant la sienne. " " '
La Brémaudière ne lui donna pas sa main, mais il se pré
cipita chaleureusement dans ses bras ; un instant, comme ils
avaient fait à la suite de leur duel, les deux jeunes gens se
tinrent embrassés, ensuite ils se séparèrent, probablement
pour ne se rencontrer jamais.
CHAPITRE XXXIII.
QUI SERA TRBS COURT.
Remis un peu de l'émotion que lui avait causée cette scène,
Dupuis s'occupa sans retard de rédiger une démission qu'il
eut soin de faire parvenir dans le plus bref délai possible à
M. le duc d'Aiguillon.
Ensuite, il s'occupa d'une lettre dont la rédaction était un
peu plus difficile : il s'agissait d'écfire à la marquise, de lui
laisser entendre la part qu'elle avait eue dans l'événement de
la veille; enfin de tirer pied ou aile de son sacrifice, comme
aurait dit Pompée. .
Mais après avoir, barbouillé deux ou trois feuilles de papier
sans pouvoir trouver un début qui le satisfit, Dupuis se vit
interrompu par une nouvelle visite à laquelle il devait bien
s'attendre; mais, néanmoins, il aurait mieux aimé la rece
voir dans un autre moment.
Entrant tout à coup ehez lui, Nicolet l'aborda avec sa for
mule ordinaire : ,
— Ah çà I mon cher, vous voulez donc me ruiner ?
— Et où voyez-vous cela? —repartit Dupuis, ne pouvant
s'empêcher de rire à ce début.
65
iii|H>iim»w)iiiin i
vm*
FEUILLETON DU CONSTITUTIONNEL.
Après la retraite de Dupuis, qui avait porté un grand
coup à ses recettes, il avait pensé à ramener le public par
quelque chose d'attrayant et d'imprévu. Admirateur pas
sionné de M. de Voltaire, et ne connaissant rien au-des
sus de sa tragédie de Zaïre , l'habile administrateur avait
alors eu l'idée d'importer cet ouvrage sur son théâtre; seu
lement, comme la Comédie-Française aurait pu lui chercher
querelle s'il n'eût pas un peu déguisé l'emprunt, Zaïre se
jouaitsousle titre duGrand- Turc misàmort{ 4); comme au
jourd'hui encore, sur quelques' affiches de province, on voit
la tragédie de Racine s'appeler: Phèdre et Htppolyte ou le
Monstre marin.
On peut se figurer le charme de Zaïre, représentée par des
acteurs accoutumés k jouer Arlequin, dogue d'Angleterre, et
la Mort du Bœuf-Gras, et l'on voit d'ici comment la poésie
de M. de Voltaire se trouvait aecommodée.
Tombé vers le troisième acte dans ce guêpier, Dupuis prit
le seul parti qu'il y eût à prendre : en moins de cinquante
vers, il était endormi.
Durant ce sommeil, l'ancien artiste eut un rêve, vision
confuse, mais splendide, où figuraient pêle-mêle le roi,
la duBarry, Zamore, la maréchale/je sergent Pompée,et sur
tout la marquise, dans ce costume adorablement négatif où
le pauvre jeune homme avait commencé de s'éprendre d'elle.
Tous ces gens lui faisaient d'amers reproches de ce qu'il
avait quitté son art, et, en lui montrant la belle Bianca, qui
sanglotait en un coin, navrée de son abandon, ils lui deman
daient comment, k la fumée d'une vaine gloriole, il avait pu
sacrifier la possession de ce miracle de beauté?
Notredormeur fut cependant tiré de ce songe par un grand
bruit d'instrumens qui vint à retentir ; il s'aperçut alors que
la tragédie avait pris fin, et que les exercices des sauteurs
commençaient.
Tout en regardant fonctionner ses anciens confrères et en
attendant la venue de l'Anglais à la fraise jaune, Dupuis ne
pouvait parvenir à secouer l'influence de son rêve : chacun l'a
éprouvé; il est de ces visions de l'homme endormi, qui sem
blent retentir au sein de la veille, et qui ont dans la vi# réelle
une sorte de continuité mystérieuse et de prolongement.
Les oreilles et les yeux encore pleins de ce qu'il avait vu et
"entendu pendant-son sommeil, le transfuge de la danse se sen
tait sous le coup d'une attraction étrange, et il y avait en lui
comme une voix intérieure lui conseillant de quitter sa
triste existence militaire, pour retourner à la vie d'artiste et
ravoir sa marquise. 1
Pendant que sa raison luttait contre cette fantasque idée;
dont .il tâchait à se faire honte, une partie de son rêve vint
k se réaliser. Dans une glace ornant le galant réduit du sieur
Nicolet et disposée de manière k refléter la salle, Dupuis
aperçoit la belle Mme de Flavacourt, qui venait d'entrer. Un
bouquet k la main, elle est assise dans cette même loge d où
elle l'avait si souvent provoqué du regard, et pour nous, qui,
(1) Historique:
sommes de sang-froid et point sous l'impression d'un songe;
il n'y a pas beaucoup k nous étonner de cette apparition qui
jette un si grand trouble dans les idées de notre héros. Au
temps de sa passion pour le danseur, la marquise avait pris
cette loge k l'année, et comme cette inclination, si étrange
ment placée, avait été danslemondele sujet de quelques ma
licieux commentaires, probablement le méilleurmoyen que la
rusée dame eût trouvé de réparer ce scandale, c'était de con
tinuer son assiduité aux Grands Danse/urs, depuis que le bel
astre qu'elle était soupçonnée de venir y chercher, avait dis
paru de l'horizon. m
Jamais la dangereuse Italienne n'avait été plus adorable et
plus séduisante. Soit qu'elle se laissât doucement bercer par
un souvenir du passé, soit seulement l'ennu\ du spectacle au
quel elle se condamnait chaque soir par souci de sa renom
mée, chez elle la fierté et les airs imposans avaient fait place
k une molle langueur. Voilant ainsi la splendeur éblouissan
te de sa beauté, peut-être ce léger nuage ajoutait encore à ses
charmes. Enfin, jusqu'k ce jeu de glace, eh la faisant paraî
tre comme une apparition lointaine et vaporeuse, contribuait
k la fascination de Dupuis.
Cependant le fretin des. sauteurs avait défilé, et arrivait le
tour du fameux Insulaire, comme l'appelait Pompée.
En entrant en scène, au lieu de saluer l'assistance à là
manière des artistes français, avec noblesse et déférence, il
vint raide et droit comme un cierge, et, sans plier les épau
les, donna deux ou trois fois dè la tête, comme si son cou eût
été k ressorts, ce qui parut k Dupuis le plus disgracieux et
le plus inconvenant du monde.
Monté ensuitesur sa corde, il passa un temps considérable
en capricieuses préparations, ©e pouvant parvenir k rencon
trer le balancier dont il voulait se servir, la corde n'étant ja
mais au point de tension qu'il entendait; et tous ses ordres
donnés avec une morgue et un flegme merveilleux, en pre
nant son loisir et ses aises sans plus se soucier du public qui
attendait, que si l'on eût été lk assemblé pour voir danser k
leur heure S. M. l'empereur du grand Mogol ou la reine de
Saba.
H Quand toutes ces impertinences furent k bout, le seigneur
acrobate se décida pourtant k commencer, et, du premier
coup d'œil, Dupuis vit qu'il avait à faire bien moins à un vé
ritable danseur qu'k un agile fort de la halle, hardi exécu
teur de sauts périlleux. Toutefois, on paraissait goûter ce dé»
testable genre, et de fréquentes salves d'applaudissemens en-,
courageaient les lourds et disgracieux exercices de l'Hercule
britannique. Ces bravos devenaient pour l'ame artiste de no
tre héros autant de torturés et de coups de poignard, et en
voyant ainsi passée k un indigne, cette faveur du public qu'il
avait su conquérir par des moyens si différens, i] ne pouvait
assez gémir et s'étonner d'un aveuglement si étrange.
Quoi qu'en eût dit Pompée, qui ne lui accordait en propre
que l approbation du parterre, cet homme était décidément
1 enfant gâté de la foule inconstante et volage, et il n'y avait
rien qu'il ne se permît.
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oiï reçoit les annonces et avisa insérer , tous les jours, do 10 heures du matin à 4 heures,
à l'administration générale des Annonces, place de la Bourse, 8.
toute insertion doit être agréée par le gérant.
Pour les Annonces ainsi que pour les Abonnement, on reçoit des mandat! sur Paris.
S'adresser franco, pour tout M
qui concerne 1' Administration»
k H. B obin, Directeur.
Nous finirons le 24 juin 1846 WES GRANDS DAJSSBURS DU ROÎ, roman nouveau en un volume, par M. CHIAIILES RiUlOU.
LE 25 JUIN 1846,
Nous commencerons la publication dé MARTIN* L'ENFANT TROUVÉ , «. IES IHÉSiOUUES B'CIV VilOf ME CUAlUBlUE, ROMAN JSWEAïJ & SIX VOLUMES,
par M. EUGÈNE SUE.
Nous avons entre les mains les premiers volumes de MARTIN, et nous ne craignons pas de prédire à cette oeuvre le succès des MYSTÈRES DE PARIS et de MATHItDE»
Le 25» Juin 184©j nos abonnés recevront encartée dans leur journal la couverture de Martin avec une grande vignette sur bois par M. Baron. Nos abonnés pourront ainsi réunir et classer facilement les numéros et les volumes de ce nouveau rooian.
Extérieur.
- INDES-ORIENTALÏS— Nous avonsde3 nouvelles
de Bombay du 42 mai. Il y avait eu quelques trou
bles à Lahore, Un artilleur, mis-en faction à l'entrée
d'une rue , pour interdire le passage pendant
qu'on opérait un déchargement de munitions, avait
blessé deux vachès faisant partie d'un troupeau dont
les conducteurs voulaient forcer la consigne. Or, les
vàches sont' des animaux sacrés; la population s'était
émue de ce sacrilège ; on a fermé les boutiques; des
pierres ont été lancées, des personnes blessées. Ce
pendant le tumulte n'a pas été de longue durée; on a
fait comprendre au peuple que la sentinelle n'avait
pas cru commettre une profanation en faisant respec
ter la consigne, et le calme 3'est rétabli. Toutefois un
brahmine, principal ins ; igateur de l'émeute, a été
pendu par ordre des autorités de Lahore, et le même
sort était réservé à un gourou (prêtre indoa], qui a
blessé un cipaye au bras. On dit que, par suite des
perquisitions qui oiit suivi ce mouvement, on a dé
couvert une centaine de pièces de canon cachéesdans
la villa.
■ La reine-mère a été très sérieusement malade à La
hore; on disait que c'était la suite de moyens violens
auxquels elle avait eu recours pour se faire avorter.
Le pays est calme; mais on ne voit pas que les
Sikhs avançant fort vitedaqs l'œuvre de recomposition
Û'un gouvernement.
J Deux petits forts tiennent encore prè3 de la fron
tière. Les garnisens de ces forts ont refusé d'ouvrir
les portes aux envoyés du gouvernement de Lahore,
et les Anglais doivent en commencer bientôt le siège.
PARIS. 20 JUIN.
Le Journal des Débajs, dans l'étrange ar
ticle qu'il publie ce matin, oublie plusieurs
choses assez importantes. Il oublie que le 18
brumaire moral dont il parle, a été demandé,
en 1836 et 1837, non par un membre de
l'opposition actuelle, mais par un des plus
fervens adorateurs du gouvernement person
nel, par M. Henri Fonfrède; il oublie que le
rejet de la loi de disjonction a renversé du
ministère, non M. Thiers et M.'Duvergier
de Hauranne, qui n'y étaient pas, mais MM.
Guizot et Duchâtel; il oublie que personne
plus que M. Guizot n'a blâmé l'amnistie ; il
oublie, enfin, qu'il ne peut injurier l'oppo
sition de 1831-1834 sans frapper sur quatre-
vingt-dix à cent membres de la majorité ac
tuelle.
Laissons les questions de personnes, et al
lons au fond des choses. Le Journal des Dé
bats voudrait bien renouveler entre la gau
che et le centre gauche, les queretlesde 1832,
et détourner ainsi la discussion. II n'y réus
sira pas, De 1831 à 1834, nous savons qu'il
y a eu dans la majorité comme dans l'oppo
sition des hommes sincères, honorables,
courageux, qui, les uns plus préoccupés du
présent, les autres plus inquiets de l'avenir,
défendaient avec une égale loyauté des opi
nions réelles et sérieuses. Mais, une fois la
cause de l'ordre gagnée, qu'a-t-on vu? D'une
part, les partis violens renoncer à leurs pro
jets de subversion, et substituer la résistance
légale à la résistance armée; de l'autre, le
gouvernement fouler aux pieds tous les ins
tincts généreux, tous lesnobles sentimens, tou
tes les idées honnêtes. Alors a commencé un
double mouvement. Les uns, comme M.
Hyde de Neuville, comme M. de Martignac
en 1826 et 1827, sont entrés dans l'opposi
tion, non .certes pour renverser le gouverne
ment, mais pour le sauver en le contenant.
Les autres se sontralliés au pouvoir, non pour
lui prêter un secours tardif, mais pour .l'ex
ploiter et pour faire, au moyen de leur vote,
leurs affaires privées. C'est entre ces deux
classes d'hommes qu'est aujourd'hui le dé
bat. '
Au surplus, il faut sans cesse le répéter,
ce qae nous disons aujourd'hui, M. Guizot
le disait en 1839 ; ce qûe le Journal dès Dé
bats dit contre M. Thiers, il le disait, à
la même époque , contre M. Guizot. Et
.l'on croit, à force d'audace, étourdir la
France et lui faire perdre lamémpire! On
croit effacer de notre histoire parlemen
taire le souvenir importun, fatal, de la coali
tion ! Il faut pourtant qu'on choisisse. Ou
bien entre la majorité de 1834 et celle de
1859 et 1846 il y a une profonde différence,
et alors que' devient l'argumentation du
Journal des Débats ? ou bien il n'y en a pas,
et alors que devient l 'honneur de M. Guizot?
Voici, en effet, ce que M. Guizot répondait
en 1839, à ceux qui raisonnaient contre lui
comme le Journal des Débats raisonne au
jourd'hui contre les députés qui faisaient
partie de la majorité au temps des émeutes,
et qui sont entrés depuis dans l'opposition.
« Je ne peux pas, disait M. Guizot, je ne ne
veux pas, mon honneur ne më permet pas d'ac
cepter l'assimilation qu'on a voulu établir entre
la politique du cabinet actuel (celui de M. Molé)
et la nôtre (celle de 4831-34).
» ÀU centre : Allons donc f
» Aux extrémités : Très bien l
» C'est au nom del'honsear du pays, c'est au nom
des véritables intérêts du pays et au nom de mon
propre honneur que je proteste... Çe que vous
avez fait, ce que vous faites, je ne l'aurais pas fait,
je vous blâme de l'avoir fait. Nous avions laissé
la France à Ancône; elle n'y est plus. Nous
avons laissé sur un grand nombre de points im-
portans, nous avons laissé de l'influence, de la
dignité k la France ; elle les a perdus entre vos
mains (très bien! à gauche) par votre fait. Voilà
pourquoi je repousse toute assimilation pareille à
celle qu'on a voulu établir, etc. »
C'est ainsi que parlait M. Guizot en 1839.
Qu'eût-il dit, si le cabinet dont il était alors
l'adversaire, eût signé le traité du droit de
visite au lendemain d'une humiliation subie
par la France; s'il eût signé le traité dé Tan
ger au lendemain d'une victoire; s'il eût
abaissé son pays jusqu'à la ridicule conquête
des Marquises, jusqu'à la honte des désaveux
et de la fameuse indemnité?
Non,la majorité de 1839 ne ressemblait en
rien à la majorité de 1834, et la majorité de
1846 y ressemble moins encore. Ls ministère
actuel a assez fait pour effacer toutes les dissi
dences passées et ponr réunir contre sa politi
que, comme en 1827, tous les hommes qui
conservent quelque amour de nos institutions
et quelque fierté nationale.
r
Le nouveau pape a été été élu le 16 juin
par acclamation : il a été proclamé le 17 au
matin. Le gouvernement en a reçu l'avis par
dépêche télégraphique. L'élu du conclave
est le cardinal Jean Mastaï Ferretti, natif de
Sinigaglia, évêque d'Imola, né en 1792, âgé
aujourd'hui de 54 ans. Il a pris le nom de
Pie IX.
Pie VII, d'illustre mémoire, était aussi é-
vêque d'Imola; il a été aussi élu par accla
mation, mais dans des circonstances diffé
rentes.
Il parait certain que la vive émotion des
esprits dans les Etats-Romains, la crainte
d'un soulèvement, la nécessité de porter sur-
le-champ au trône pontifical un homme mo
déré, a déterminé-l'élection du cardinal
Ferretti.
Puisse ce changement de règne apporter
quelque soulagement aux maux qui pèsent
depuis si long-temps sur les Etats pontifi
caux !
La session est close de fait. La chambré
des députés a terminé aujourd'hui ses tra
vaux par le vote du budget des recettes. Plu
sieurs amendemens ont été discutés dans cette
dernière séance. M. Lanyer a proposé que
l'exemption du prélèvement de 10 centimes
accordé par la loi aux villes qui sont autori
sées à ajouter des centimes additionnels aux
tarifs de leur octroi, pour subvenir à certai
nes dépenses, leur fût applicable, toutes les
fois que les taxe3 additionnelles concerneront
des objets d'utilité publique, générale ou lo
cale, et qu'elles seront affectées à des dépen
ses temporaires.
Malgré les efforts de M. le ministre des fi
nances, l'amendêment a été adopté.
La chambre a repoussé un amendement
de M. Desmbusseaux de Givré qui plaçait
sous l'empire de là loi la fixation du chiffre
dè la rétribution,collégiale, et un amende
ment de M. Liadières qui abaissait le maxi
mum du droit de timbre pour les journaux.
A la fin de la séance, la question de la con
version des rentes a été ramenée à l'occasion
d'un amendement de M. Beaumont ( de la
Somme), qui soumettait les rentes à un droit
de mutation. M. Gouin, en démontrant
l'inopportunité de cet amendement, a pris
occasion de faire remarquer que, depuis le
15 mars, une commission était chargée de pré
parer un rapport sur la conversion des ren
tes, que là majorité de la commission était,
disait-on, opposéeàlaconversion, mais qu'au
lieu de provoquér un débat, elle avait par ses
lenteurs soustrait la question aux chambres,
et rendu toute discussion impossible c tte an
née.
Ces paroles ont provoqué des explications.
Il paraît que M. Jacques Lefebvre avait ré
digé fort tardivement un rapport qui n'a pas
paru exprimer d'une manière satisfaisante
l'opinion de la commission ; que ce rapport
a été considéré par la commission comme un
simple renseignement, et joint, à ce titre, à
ses procès-verbaux, pour être déposé aux ar
chives; ces délais et ces malentendus ont
évidemment pour cause la résolution qu'avait
le gouvernement d'empêcher la chambre d'ê
tre saisie de la question et de se prononcer
Une fois de plus avec énergie.
Ainsi, la session s'est terminée par cette
comédie. La majorité, à la fin, n'avait guère
gardé d'indépendance que sur cette question
de la conversion des rentes. On s'est moqué
d'elle en la congédiant.
Le budget est voté; on peut dire que la
session est terminée pour MM. les députés,
bien qu'une séance de pétitions soit indiquée
pour lundi, et qu'il doive y avoir ensuite une
dernière séance ( probablement le 2 juillet),
dans laquelle sera lue l'ordonnance de clô
ture.
RÉSUMÉ DES TRAVAUX DE LA CHAMBRE.
La session a été ouverte le 27 décembre 1845.
La chambre s'est réunie 30 fois dans ses btirçfrax,
et 43! fois en séance publique.
Elle a nommé 56 commissions (4), dont 48 ont fait
leurs rapports.
Elle a eu à examiner, avec les projets repris (2),
84 projets d'intérêt général et 406-projets d'intérêt
local. Parmi ce3 derniers, 4 est resté à l'état dè rap
port, 5 n'ont point été rapportés, et 100 ont été adop
tés.
Parmi les projets de loi d'intérêt général, SI ont été
adoptés, 4 ont été retirés, 6 ont été écartés, 47 sont
restés à l'état de rapport, 6 n'ont point été l'objet de
rapport.
PROJETS ADOPTÉS.
Projet de loi relatif à la navigation intérieure. (Re
pris.)
Projet de loi relatif à la perception de l'impôt sur
les sucrés indigènes. (Repris.)
Projet de loi relatif aux eaux minérales. (Repris.)
Projet de loi sur les pêcheries. (Repris.)
Projet de loi sur les canaux. (Repris.)
Projet de loi relatif au chemin, de fer de Bordeaux à
Cette. (Repris.)
Projet de loi relatif aux chemins de fer de l'Ouest.
(Repris.)
Projet de loi relatif au chemin de fer de Dijon à Mul
house. (Repris.) ,
Projet de loi relatif au chemin de fer de Saint-Dizier
à Gray. . .. •
Projet de loi relatif au traité belge et à quelques
dispositions du tarif général des douanes.
5 projets de loi relatifs à des échanges d'immeubles
{dont 4 repris de la session précédente )
Projet de loi relatif à l'achèvement de divers édifices
publics d'intérêt général, (Premier projet.)
Projet de loi relatif aux chemins de fer de Château-
roux" à Limoges, et dj* Bec-d'Allier à Clermont.
Projet de loi tendant à proroger les lois relatives
aux étrangers réfugiés en France.
Projet de loi portant demande- d'un crédit extraor
dinaire pour complément des dépenses secrètes de
l'exercice 4846.
Projet de loi relatif aux constructions navales et ap-
provisionnemens des'arsenaux de la marine.
Projet de loi relatif aux fêtes de juillet.
Projet de loi portant demande de crédits extraordi
(1) Dix-huit commissions nommées dans les sessions
précédentes ont eu à s'occuper en outre de projets re
pris.
(2) Quatre des projets, restés à l'état de rapport, & la
session dernière, n'ont point été l'objet de reprise. Ce
sont : le projet dé loi sur les théâtres, le projet de loi
relatif à l'instruction secondaire, la proposition de
MM. Lanyer et BoiSsy-d'Anglas, relative aux députés
intéressés dans les marchés public*, et la proposition
de MM. Lacrosse, Leyraud et Gaslave de Beaumont,
tendant & assurer la liberté des votes dans les élections.
naires pour l'Algérie.
Projet de loi relatif à l'établissement de divars
ponts. . ■
Projet de loi relatif à un appel de 80,000 hommes
sur la classe de 4846.,
Projet de loi pour travaux de rectification deiroutea '
royales.
Projet de loi relatif à l'ouverture d'nn crédit pomr,
l'innuni <)nn nnnninnfl »V»ïlIûn ^ 8^6 '
Projet de loi portant demande d'un crédit extraor-v
dinaire pour secours aux hospices, bureaux de charité
et institutions de bienfaisance. <
Projet de loi relatif au paiement d'une indemnité et t
.d'une pension à la veuve Bournat.
Projet de loi pour l'établissement d'une ligne $9
télégraphie électrique. - - • .
Projet de loi pour la publication de l 'ouvrage cou- 5
cernant les ruines de l'ancienne TSinive.
Projet de loi pour l'acquisition de terrains à join-,
dre au Muséum d'histoire naturelle.
Projet de loi relatif aux chemins de fer d'Orléans ft
Vierzon, et de Nîmes à Montpellier. -
Projet de loi relatif à l'amélioration de divers ports:
Projet de loi relatif au havre de Courseulles. (Cer
deux derniers projets ont été examinés par la même
commission.)
Projet de loi portant règlement définitif du budget
de l'exercice 4843. - , ' ■
Projet de loi relatif aux crédits supplémentaires et-
extraordinaires des exercices 4845 et 4846, et des,
exercices clos.
Projet de loi portant demande de crédits extraor
dinaires et supplémentaires des exercices 4848 et
4846. "
Autre projet de loi tendant à ouvrir un crédit poar>
des études de chemins de fer. ( Ces trois derniers
projets ont été examinés par la môme commission. ) ; >
Budget de l'exercice 4847. (Dépenses.).
Budget de l'exercice 4 847. (Recettes.)
Projet de loi portant demande d'un crédit -pour
l'augmentation des traitemens des magistrats..
Projet de loi relatif à un crédit supplémentaire pour
salaires d'ouvriers.
Projet de loi relatif au tribunal d'Alger.'
Projet de loi relatif au Palais-de-Justice de Pau.
Projet de loi d'échange concernant la manufacturé
de3 tabacs de Strasbourg.
Projet de loi relatif à l'abolition du décime rural et
à l'abaissement des droits pour les envois d'argent.
(Ces six derniers projets ont été examinés par là com>
mission du budget.) • .
Proposition de M. le général Jacqueminot, tendant;
à modifier quelques dispositions de la loi relative à la
garde nationale.
Proposition de MM. Mauguin, Lasalle et Tesnière»,'
tendant à réprimer la falsification des vins. (Reprise.):
Proposition de M. Desmousseaux de Givré, concer
nant les droits d'octroi sur les bestiaux. (Reprise.)
Proposition de M. de Mesmay sur le sel. (Reprise ): »
PROJETS RETIRÉS.
Projet de loi sur la taxe des lettres. >
Projet de loi relatif à l'acquisition de pièces ^anato*
miques et collections pour le Muséum d'histoire na
turelle (4 ). .
(1) Ces deux projets ont été remplacés par det?x au«
T 68 —
LES GRANDS DANSEURS DU ROI.
chille, au lieu de choisir les armes, il vous convient mieux
les fuseaux (4).
—Je ne sais pas bien précisément ce que vous voulez dire :
—répondit Dupuis, qui n'avait pas fait d'études; —maissi cela
signifie que le métier que je déserte vaut mieux que celui où
je vais rentrer, je vous dirai que je n'en crois rien. Votre mé
tier, mon cher, tout le monde peut le faire, et au bout de
trois semaines j'en savais autant que vous ; le mien, pour me
servir d'une de vos expressions favorites, je vous le donne
en dix, essayez-y un peu.
— Mon cher Dupuis, répondit La Brémaudière. avec gra
vité et tristesse Dites que le parti que vous prenez est dans
vos goûts, et que la via de théâtre a des charmes secrets dont
on a peine k se défendre, quand une fois on en a goûté; mais
ne faites pas de désobligeant paradoxe, et permettez-nous
de regretter une résolution que nous déplorons tous.
— Mon ami,'—dit Dupuis avec un peu d'émotion, — je
ne me sépare pas sans regret des camarades qui avaient fini
par bien m'accueillir, et vous, en particulier, qui m'avez ho
noré de votre amitié, vous, resterez pour moi un précieux
souvenir; mais, en résumé, je crois bien faire; et voyez-
vous, Messieurs, il me semble entre nous, que nous ne nous
convenions pas.
— Comment l'entendez-vous? — demanda le doyen, en
mettant à sa question une certaine sécheresse.
— On dit que je suis gentilhomme, — repartit le danseur,
— j'aime à. le croire ; mais, entre moi et vous qui l'êtes sans
conteste, je vois pourtant de grandes différences. Vous por»
(4) L'ofûcier gascon pe met là aussi en travers do la mytholo
gie, et il fait des histoires d'Achille et d'Hercule une espèce do
mixture qu'il faut lui pardonner, i raison ie «a bonne intention
classique. . i
tez, presque.sans le sentir, le joug de la discipline; moi je ne
puis le souffrir, et j'en desséchais; vous êtes d'une entière
résignation à tout le tripot militaire, moi il me semble que
l'ordinaire et la chambrée, tête à gauche, tête à droite, et ca
poral, venez reconnaître trouille, sont autant de vulgaires
préoccupations où je n'ai jamais trouvé mon plaisir.
— Mais, Monsieur, — dit le doyen, avec un sérieux qni
ne manquait pas de dignité, — tout ce que vous dédaignez
là., c'est l'armée, et l'armée, c'est la sécurité du royaume!
— Soit, — répondit Dupuis, — mais si vous êtes la force
du pays, nous autres artistes nous en sommes le délasse
ment et la fête. Et puis sans entrer ici en tant de questions
de prééminence, un soir on m'a trouvé sur le pas d'une
porte ; je suis un bohème après tout, et maintenant je re
tourne à la vie du bohème qui est l'espace, le grand air et
la liberté.
— Messieurs,— dit alors le doyen très peu touché de cet
enthousiasme, — il me semble que nous n'avoûs plus rien à
faire ici.
Teut le monde se leva.
— Adieu donc, Messieurs,--—dit le danseur en recondui
sant.
Quand on fut sur lef pas de la porte, La Brémaudière, qui;
comme le plus jeune, passait le dernier, se retourna du côti
de Dupuis, et celui-ci put surprendre une larme qui brillait
dans les yeux de son ancien ami.
— Votre main, La Brémaudière, — dit alors Dupuis en
lui tendant la sienne. " " '
La Brémaudière ne lui donna pas sa main, mais il se pré
cipita chaleureusement dans ses bras ; un instant, comme ils
avaient fait à la suite de leur duel, les deux jeunes gens se
tinrent embrassés, ensuite ils se séparèrent, probablement
pour ne se rencontrer jamais.
CHAPITRE XXXIII.
QUI SERA TRBS COURT.
Remis un peu de l'émotion que lui avait causée cette scène,
Dupuis s'occupa sans retard de rédiger une démission qu'il
eut soin de faire parvenir dans le plus bref délai possible à
M. le duc d'Aiguillon.
Ensuite, il s'occupa d'une lettre dont la rédaction était un
peu plus difficile : il s'agissait d'écfire à la marquise, de lui
laisser entendre la part qu'elle avait eue dans l'événement de
la veille; enfin de tirer pied ou aile de son sacrifice, comme
aurait dit Pompée. .
Mais après avoir, barbouillé deux ou trois feuilles de papier
sans pouvoir trouver un début qui le satisfit, Dupuis se vit
interrompu par une nouvelle visite à laquelle il devait bien
s'attendre; mais, néanmoins, il aurait mieux aimé la rece
voir dans un autre moment.
Entrant tout à coup ehez lui, Nicolet l'aborda avec sa for
mule ordinaire : ,
— Ah çà I mon cher, vous voulez donc me ruiner ?
— Et où voyez-vous cela? —repartit Dupuis, ne pouvant
s'empêcher de rire à ce début.
65
iii|H>iim»w)iiiin i
vm*
FEUILLETON DU CONSTITUTIONNEL.
Après la retraite de Dupuis, qui avait porté un grand
coup à ses recettes, il avait pensé à ramener le public par
quelque chose d'attrayant et d'imprévu. Admirateur pas
sionné de M. de Voltaire, et ne connaissant rien au-des
sus de sa tragédie de Zaïre , l'habile administrateur avait
alors eu l'idée d'importer cet ouvrage sur son théâtre; seu
lement, comme la Comédie-Française aurait pu lui chercher
querelle s'il n'eût pas un peu déguisé l'emprunt, Zaïre se
jouaitsousle titre duGrand- Turc misàmort{ 4); comme au
jourd'hui encore, sur quelques' affiches de province, on voit
la tragédie de Racine s'appeler: Phèdre et Htppolyte ou le
Monstre marin.
On peut se figurer le charme de Zaïre, représentée par des
acteurs accoutumés k jouer Arlequin, dogue d'Angleterre, et
la Mort du Bœuf-Gras, et l'on voit d'ici comment la poésie
de M. de Voltaire se trouvait aecommodée.
Tombé vers le troisième acte dans ce guêpier, Dupuis prit
le seul parti qu'il y eût à prendre : en moins de cinquante
vers, il était endormi.
Durant ce sommeil, l'ancien artiste eut un rêve, vision
confuse, mais splendide, où figuraient pêle-mêle le roi,
la duBarry, Zamore, la maréchale/je sergent Pompée,et sur
tout la marquise, dans ce costume adorablement négatif où
le pauvre jeune homme avait commencé de s'éprendre d'elle.
Tous ces gens lui faisaient d'amers reproches de ce qu'il
avait quitté son art, et, en lui montrant la belle Bianca, qui
sanglotait en un coin, navrée de son abandon, ils lui deman
daient comment, k la fumée d'une vaine gloriole, il avait pu
sacrifier la possession de ce miracle de beauté?
Notredormeur fut cependant tiré de ce songe par un grand
bruit d'instrumens qui vint à retentir ; il s'aperçut alors que
la tragédie avait pris fin, et que les exercices des sauteurs
commençaient.
Tout en regardant fonctionner ses anciens confrères et en
attendant la venue de l'Anglais à la fraise jaune, Dupuis ne
pouvait parvenir à secouer l'influence de son rêve : chacun l'a
éprouvé; il est de ces visions de l'homme endormi, qui sem
blent retentir au sein de la veille, et qui ont dans la vi# réelle
une sorte de continuité mystérieuse et de prolongement.
Les oreilles et les yeux encore pleins de ce qu'il avait vu et
"entendu pendant-son sommeil, le transfuge de la danse se sen
tait sous le coup d'une attraction étrange, et il y avait en lui
comme une voix intérieure lui conseillant de quitter sa
triste existence militaire, pour retourner à la vie d'artiste et
ravoir sa marquise. 1
Pendant que sa raison luttait contre cette fantasque idée;
dont .il tâchait à se faire honte, une partie de son rêve vint
k se réaliser. Dans une glace ornant le galant réduit du sieur
Nicolet et disposée de manière k refléter la salle, Dupuis
aperçoit la belle Mme de Flavacourt, qui venait d'entrer. Un
bouquet k la main, elle est assise dans cette même loge d où
elle l'avait si souvent provoqué du regard, et pour nous, qui,
(1) Historique:
sommes de sang-froid et point sous l'impression d'un songe;
il n'y a pas beaucoup k nous étonner de cette apparition qui
jette un si grand trouble dans les idées de notre héros. Au
temps de sa passion pour le danseur, la marquise avait pris
cette loge k l'année, et comme cette inclination, si étrange
ment placée, avait été danslemondele sujet de quelques ma
licieux commentaires, probablement le méilleurmoyen que la
rusée dame eût trouvé de réparer ce scandale, c'était de con
tinuer son assiduité aux Grands Danse/urs, depuis que le bel
astre qu'elle était soupçonnée de venir y chercher, avait dis
paru de l'horizon. m
Jamais la dangereuse Italienne n'avait été plus adorable et
plus séduisante. Soit qu'elle se laissât doucement bercer par
un souvenir du passé, soit seulement l'ennu\ du spectacle au
quel elle se condamnait chaque soir par souci de sa renom
mée, chez elle la fierté et les airs imposans avaient fait place
k une molle langueur. Voilant ainsi la splendeur éblouissan
te de sa beauté, peut-être ce léger nuage ajoutait encore à ses
charmes. Enfin, jusqu'k ce jeu de glace, eh la faisant paraî
tre comme une apparition lointaine et vaporeuse, contribuait
k la fascination de Dupuis.
Cependant le fretin des. sauteurs avait défilé, et arrivait le
tour du fameux Insulaire, comme l'appelait Pompée.
En entrant en scène, au lieu de saluer l'assistance à là
manière des artistes français, avec noblesse et déférence, il
vint raide et droit comme un cierge, et, sans plier les épau
les, donna deux ou trois fois dè la tête, comme si son cou eût
été k ressorts, ce qui parut k Dupuis le plus disgracieux et
le plus inconvenant du monde.
Monté ensuitesur sa corde, il passa un temps considérable
en capricieuses préparations, ©e pouvant parvenir k rencon
trer le balancier dont il voulait se servir, la corde n'étant ja
mais au point de tension qu'il entendait; et tous ses ordres
donnés avec une morgue et un flegme merveilleux, en pre
nant son loisir et ses aises sans plus se soucier du public qui
attendait, que si l'on eût été lk assemblé pour voir danser k
leur heure S. M. l'empereur du grand Mogol ou la reine de
Saba.
H Quand toutes ces impertinences furent k bout, le seigneur
acrobate se décida pourtant k commencer, et, du premier
coup d'œil, Dupuis vit qu'il avait à faire bien moins à un vé
ritable danseur qu'k un agile fort de la halle, hardi exécu
teur de sauts périlleux. Toutefois, on paraissait goûter ce dé»
testable genre, et de fréquentes salves d'applaudissemens en-,
courageaient les lourds et disgracieux exercices de l'Hercule
britannique. Ces bravos devenaient pour l'ame artiste de no
tre héros autant de torturés et de coups de poignard, et en
voyant ainsi passée k un indigne, cette faveur du public qu'il
avait su conquérir par des moyens si différens, i] ne pouvait
assez gémir et s'étonner d'un aveuglement si étrange.
Quoi qu'en eût dit Pompée, qui ne lui accordait en propre
que l approbation du parterre, cet homme était décidément
1 enfant gâté de la foule inconstante et volage, et il n'y avait
rien qu'il ne se permît.
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