Titre : Le Constitutionnel : journal du commerce, politique et littéraire
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1846-06-12
Contributeur : Véron, Louis (1798-1867). Rédacteur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32747578p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 12 juin 1846 12 juin 1846
Description : 1846/06/12 (Numéro 163). 1846/06/12 (Numéro 163).
Description : Collection numérique : Grande collecte... Collection numérique : Grande collecte d'archives. Femmes au travail
Description : Collection numérique : La Grande Collecte Collection numérique : La Grande Collecte
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
VENDREDI 12 JUIN
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spéciaux et formeront une préci»ttse collection.
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toute insertion doit être agréée par le gérant.
Pour le» Annonces ainsi que pour les Abonnement, on reçoit des mandats sur Paris.
S'adresser franco, pour tout ce
qui concerne l'Administratio»,
à M. Robin , Directeur.
DE L'ILLUSTRATION I
DES NOUVEAUX ROMANS
DU CONSTITUTIONNEL.
Nous avons annoncé, dans notre specimen
du 17 mai 4846, que, pour conserver à cha
que feuilleton, dans le cadre invariable d'une
bibliothèque, un certain intérêt d'ensemble
et de composition, nous aurions recours aux
vignettes gravées sur bois.
L'exécution de ces vignettes, dans le roman
LES GRANDS DANSEURS DU ROI, est
loin de nous satisfaire. On conçoit que, pressés
par le temps, nous n'ayons pu réussir du pre
mier coup. Mais des artistes d'un grand talent
croient encore le succès des vignettes possible,
malgré la rapidité d'un tirage de plus de vingt-
six mille exemplaires par jour, et qui a encore
augmenté depuis le 1 er juin 1846, par l'accrois
sement du nombre de nos abonnés à ce dernier
renouvellement. Nous espérons donc obtenir
de meilleurs résultats pour l'illustration de
MiRTm, MIIFAIITTIMHJVÉ,
roman nouveau en six volumes , de
M. EUGEWE.- SUE, doiit nous commen
cerons la publication le 25 juin 1846. Nous
n'épargnerons ni peines, ni soins pour que
cette exécution des vignettes laisse le moins
possible à désirer.
Extérieur.
ÉTATS-UNIS.— Nous recevons des nouvelles d'A
mérique par la voie d'Angleterre jusqu'au 4 i, et par la
voie du Havre jusqu'au 18 mai. Le gouvernementamé-
ricain continuait activement les préparatifs deguerre,
et le général Scott devait prendre le commandement
de 25,000 hommes et so diriger vers le Mexique. Mais
la population n'a point montré pour la guerre l'en
thousiasme auquel on s'attendait : les Etats du Sud
sur lesquels on comptait le plus, et 1* Texas lui-même,
sont demeurés indifférons. Il sera difficile de remplir
les cadres avec les enrôlemens volontaires, quoique
le congrès ait élevé considérablement la paie de ceux-
ci. On craint d'être obligé de recourir à la conscrip
tion.
Il devient urgent, en effet, de porter secours au gé
néral Taylor. A la date des dernières nouvelles, il était
bloqué dans son camp depuis six jours, et n'avait plus
que pour six jours de vivres. La pointe Isabelle, où
sont les provisions et le matériel de l'armée, était éga
lement bloqué, et toute communication interceptée
«ntre ces deux points. Le capitaine Walker, à la tête
de soixante-dix volontaires, a voulu essayer de rejoin
dre le général Taylor. Il a été attaqué dans sa marche
par les Mexicains, qui ont tué ou fait prisonniers, à
peu près tous les hommes qui l'accompagnaient, et le
capitaine Walker a dû se réfugier, lui quatrième, à la
pointe Isabelle. Il en est reparti le lendemain avec
quelques hommes, voulant à tout prix pénétrer jus
qu'au camp du général pour l'informer de l'état des
choses.
Le général Taylor et la garnison de pointe Isabelle
ne courent du reste atrun danger autre que la fami
ne ; les Mexicains semblent avoir renoncé à les atta
quer de vive force, et vouloir réduire leurs ennemis
par les privations. Us ont fortifié lalangue de terre qui
commande la barre de Brazos Santiago; et mis ainsi
les Américains dans l'impossibilité de recevoir par
mer aucun renfort et aucunes provisions. Les volon
taires américains et les convois seront obligés de pas
ser par Corpus-Christi, et de prendre la voie de terre,
beaucoup plus longue et bsaucoup plus dangereuse.
Toutes ces nouvelles avaient répandu quelques in
quiétudes aux Etats-Unis ; et les villes maritimes con
tinuaient à se préoccuper beaucoup delà crainte des
corsaires mexicains. Le bruit s'était répandu que le
gouvernement du Mexique avait déjà distribué un
grand nombre de lettres de marque. Ce qui avait ac
cru les inquiétudes, o est la nouvelle donnée par un
journal de New-York, que M. Pakenham avait protes
té contre la conduite des Etats-Unis v is -à -vis du Mexi
que, et contre l'établissement du blocus à l'èmbou-
cliure du Rio-Grande, comme préjudiciab'e aux inté
rêts du commerce anglais. Ce journal ajoutait même
que M. Pakenham avait menacé de se- retirer dans
une des possessions ang aises, jusqu'à ce qu'il eût re
çu des instructions de son gouvernement.
Il était fort peu vraisemblable que M. Pakenham,
sans instructions venues d'Angleterre, eût pris si
vite, et de lui-même, une détermination d'une si
haute gravité; mais, quelqu'improbable que fût l'as
sertion du Nciv+ York Herald, elle n'en avait pas
moins causé une grande sensation. Aussi, le journal
officiel de Washington, l'Union, s'est empressé de dé
mentir complètement le fait. Cependant, plusieurs
correspondances persistent à afflrmerqua M. Pakenham
a adressé au gouvernement américain des représen
tations' sur sa conduite vis-à-vis du Mexique.
CHILI. — Des lettres de Valparaiso, portant la
date du 4" avril, annoncent qu'une émeute formi
dable a éclaté dans cette ville, à l'occasion de l'élec
tion des députés.. Quelques trouhleS'S -étant manifes
tés au moment de voter, les officiers de police em
ployèrent des moyens violens pour rétablir l'ordre, et
se mirent à frapper de coups de sabre ceux qui ne se
rangeaient pas devant eux. Le peuple, outré de cette
brutalité, se retrancha sous un pont, et les assaillit à
coups de pierres, ainsi qu'avec toutes les armes qu'il
avait pu,se procurer; quelques-uns firent même un
mouvement pour marcher vers les casernes; mais
alors la troupe sortit en force au secours de la police,
et les insurgés ne tardèrent pas à être délogés et mis
en fuite, non sans perte d'un côté comme de l'autre.
Vingt à trente personnes ont trouvé la mort dans ces
troubles; d'autres ont été blessées, d autres enfin ont
■vu leurs magasins et leur3 maisons pillés par la popu
lace ameutée.
Le consul français, d'accord avec le commandant du
navire de guerre le Génie, ainsi que le commandant
du navire de S. M. britannique la Daplmé, ont offert
au gouverneur un corps de troupes de débarquement
pour protéger leurs nationaux; mais ce secours n'a
pas été nécessaire, et ils se sont contentés de station
ner toute la nuit dans des canots armés, le long du ri
vage.
PARIS. II JUIN.
m. Guizot avait laissé hier la chambre des
députés dans une profonde incertitude ,au su
jet du système que le gouvernement ge pro
pose d'adopter pour coloniser et administrer
l'Algérie ; ou plutôt, après avoir entendu le
ministre, la chambre avait dû rester convain
cue que le gouvernement n'avait encore, sur
cette grande question, aucun système, aucun
dessein.
Le ministre, en effet, avait atteint le su
blime du genre dans lequel il excelle : celui
des dissertations vagues qui ne contiennent
aucune solution, et des grands mots qui n'ont
pas de sens. « Le débat est sérieux, s'était
écrié m. Guizot, au début de son discours, il
ne l'a pas été autant qu'il pouvait l'être. »
On avait pu croire que le ministre allait pren
dre tout à fait au sérieux la question de la
colonisation de l'Algérie qui résume toutes
les questions agitées à l'occasion de nos pos
sessions africaines. Peuplez l'Afrique deFran-
çais et d'Européens, et l'administration lo
cale, le gouvernement civil, la défense du
pays s'organisent d'eux-mêmes.
Il importait donc de savoir une seule cho
se, comme l'a remarqué aujourd'hui avec
beaucoup de raison l'honorable M. Berryer,
au commencement de la séance : il impor
tait de savoir ce qué le gouvernement pensait
sur la colonisation. M. Guizot a répondu qu'il
ne pensait rien. « Il s'est trouvé entre deux
opinions. Les uns lui disaient : La colonisa
tion s'accomplira toute seule, ne faites rien
vous-même, ne vous mêlez de rien ; les autres
lui disaient : Faites tout vous-même; entrepre
nez la colonisation militaire, la colonisation
civile. De ces deux avis, le gouvernement n'a'
pris m l'un ni l'autre. Il a choisi un juste milieu
entre agir et n'agir point, entre coloniser et
ne pas coloniser ; entre fonder des colonies
militaires et n'en point fonder. On ^essaiera
un peu de tout; et un jour, M. Guizot ne
sait lequel, la colonisation marchera. »
Voilà lé langage du gouvernement ! On ne
pouvait pas accumuler plus de pon-sens en
moins de mois, et faire un plus ridicule aveu
de l'inintelligence, de l'incapacité du gouver
nement.
M. Berryer a vivement reproché au mi
nistère cette absence de vurs, cette abdication
déplorable, cette nullité fabuleuse. M. Da-
faure, après être tombé d'accord avec M. Ber
ryer, sur la pitoyable attitude du pouvoir, a
cependant exprimé, avec un indulgent dé
dain, de douteuses espérances, et il a proposé,
au nom de la commission, de voter les crédits.
Des observations judicieuses ont été faites
ensuite par M. le général Oudinot, au sujet
de la remonte en Afrique, et du désordre ad
ministratif qui a mis en péril notre cavale
rie. Puis une assez curieuse discussion s'est
engagée sur le chapitre ayant pour titre : du
service maritime. La surveillance de la con
trebande est exercée par mer le long de la
côte d'Afrique ; l'année dernière la-chambre a
accordé, sans trop y songer, au ministère de la
guerre, un bateau à vapeur pour ce service. Le
même ministère en demandaitun second cette
année. La commission proposait le rejet, par
plusieurs motifs : aucune preuve de la néces
sité de cette dépense n'a été fournie. Pour
quoi 'd'ailleurs le ministre de la marine, qui
fournit les ofliciers et les marins pour ce ser
vice, ne fournit-il pas aussi la coque du bâ
timent? Allons-nous avoir deux ministères
de la marine? Pourquoi ne pas respecter la t
division des spécialités ministérielles? Ge der- '
nier argument, disons-le en passant, est
fort juste, mais il nous a surpris dans la
bouche de l'honorable rapporteur. Il est, en
effet, complètement en contradiction avecja
proposition que la commission a faite de la
concentration de toutes les attributions entre
les mains d'un ministère spécial de l'Algérie.
Quoi qu'il en soit, la chambre a fort sage
ment rejeté le crédit. A la fin de la séance,
M. Gustave de Beaumont a interpelé M. Gui
zot au sujet du massacre des prisonniers de la
deïra. Il n'en a pu obtenir d'autres explica
tions que celles qu'avait déjà données le mi
nistre à la chambre des pairs. Nous nous
trompons s M. Guizot a rejeté encore plus
complètementsurle maréchal Bugeaud la res
ponsabilité du refus des propositions d'Abd-
el-Kader.
Le ministère anglais est à deux doigts de sa
perte, et il semble que ce soit volontairement qu'il
cherche une défaite.
Le bill de répression pour l'Irlande a obtenu
une première lecture & la chambre des commu
nes, grâce à la Téunion momentanée de tout l'an
cien parti tory. Une partie des whigs ont voté
également la première lecture pourne pas embar
rasser marche du gouvernement, m compro
mettre le sort du bill des céréales. Mais lord John
Russell avait déclaré formellement que lui et ses
amis combattraiént le bill à la seconde lecture.
Le ministère akrait pu emporter de vive force
la seconde lecture, s'il avait conservé sur cette
question l'appui de tous les tories. Mais le jour
où, contre leur attente, la chambre des lords a
voté la seconde lecture du bill dei céréales, les
pTot« ctionistes ont compris qu'il ne leur restait
plus qu'une seule ressource : c'était dé renverser
le ministère, en l'abandonnant sur la question
irlandaise. Ils ont donc annoncé hautement l'in
tention de s'abstenir sur la seconde lecture du
bill de répression ou même de voter contre elle.
Il devenait évident dès lors que sir Robert
Peel, réduit aux cent douze membres qui sont
restés fidèles à sa fortune, ne pourrait faire face
à la fois aux whigs et aux tories, et tomberait en
minorité. On s'est donc écrié de toutes paris que
la demande de la seconde lecture par le gouver
nement serait un véritable suicide. Non-seule
ment les journaux ministériels, mais même quel
ques-uns des journaux de l'opposition ont adjuré
sir Robert Peel de différer cette seconde lecture
jusqu'après le triomphe définitif du bill des cé
réales, afin de ne pas compromettre cette grande
réforme par une crise ministérielle dont une dis
solution du parlement serait la conséquence.
Le ministère ne s'eit point arrêté devant cette
considération : la seconde lecture a été i> ise à
l'ordre du jour, comme on s'y attendait dès le
premier jour, lord Jobu Ru?sell, au nom des
whigs, lord George Bentinek, au nom des protec-
tionistes, ont annoncé tous deux qu'ils repous
seraient le bill. On s'est écrié de toutes parts que
le ministère voulait se retirer puisqu'il tentait ce
qu'il savait être impossible.
Cependant, aujourd'hui encore, quelques jour
naux espèrent que le ministère ne se retirera pas,
même après une défaite éclatante sur la question
irlandaise, et qu'il attendra que la réforme agri
cole et commerciale soit accomplie. Mais, si le ca
binet avait eu l'intention de consentir à un pa
reil délai, il était bien plus simple d'ajourner
deux mois encore, sinon de laisser dormir tout-
à-fait le bill sur l'Irlande, plutôt que de se mettre
dans la nécessite de garder le pouvoir aprè? un
échec parlementaire.
Il y a donc lieu de croire que sir Rob' rt Peel
veut se retirer, se retirer immédiatement. C'est
peut être un sacrifice qu'il fait à son parti, car
un grand nombre» de ses membres auraient vu
leur réélection compromise si la lutte électorale
s'était engagée sur le terrain de la réforme agri
cole. D'ailleurs, il vaut mieux, de toutes les fa
çons, pour sir Robert Peel et pour son parti, se
retirer sur une question irlandaise, k propos d'u-
ne mesure transitoire de sa nature,. qu'on ne se
rait point obligé de reprendre ni même de défen
dre plus tard, que tomber par une question de
principe et de façon à être engagé pour l'avenir.
Battu sur la question irlandaise, sur une^me
sure qui était au fond agréable à ceux mêmes
qui vont la repousser aujourd'hui, sir Robert
Peel n'est pas séparé par un abîme des protec-
tionistes ; et le jour où ceux-ci auront aussi
essuyé leur défaite, les deux portions de l'ancien
parti tory se trouveront réunies par une commune
infortune.
Voilà sans doute le véritable motif de l'obsti
nation désir Robeit Peel. Il croit le moment et
; le prétexte favorables pour sa retraite, et il en
| profite aussitôt avec ce don de l'à-propos qui a
signalé toute sa carrière politique. Du reste le
sort du ministère semble si bien décidé, que la
chambre des communes ne prête plus aucune at-
tention à la discussion du bill de répression, c'est
à peine si le nombre nécessaire de députés, qua
rante seulement, viennent prendre place sur les
bancs quand on réclame l'appel. Chacun attend
patiemment le jour du vote qui consommera la
chute du cabinet.
NOUVELLES DE TAITI.
Les dernières nouvelles qui nous sont arrivées
directement de Borabora (archipel de Taïti), nous'
ont appris qu'à cette époque la frégate Uranie et
le bateau à vapeur le Phaëton avaient été expé
diés à Huahine, pour commencer par cette île la
soumission des lies sous le vent, qu'ils devaient
terminer par celle de Borabora.
Si nous en croyons une correspondance de
Taïti, que nous trouvons dans les journaux an
glais, et qui ne porte pas de date , les opérations
de notre escadre auraient été moins promptes et
moins décisives que l'on ne pensait. D'après cette
version, il s'tn faudrait peu que nous n'eussions
éprouvé à Huahine un grave échec, ce qui serait
assez extraordinaire, vu là supériorité des forces
envoyées sur ce point Quoi qu'il en soit, nous re
produisons cette correspondance , qui contient
auelques détails instructifs sur la conduite de
1 Angleterre dans nos possessions de l'Océanie :
« Une convention conclue entre M. Bruat, gouver
neur de Taïti, et sir Georges Seymour, lors de la
dernière visite de notre amiral à Papeïti, ayant inter
dit formellement aux Français de prendre possession
d'aucune nouvelle île dans le3 groupes environnans ,
de molester les souverains de ces archipels, ou d'en
accepter le protectorat jusqu'à ce qu'on eût reçu de
nouvelles instructions des deux gouvernemens mé
tropolitains, ils se servirent d'un moyen détourné
pour arriver au but. Quelques Français furent dépê
ches de Taïti dans l'Ile voisine de Huahine pour y
nouer des relations avec quelques Américains et An
glais qui s'y étaient établis , et, par leurs menées,
arriyer à faire déposer la souveraine de cette île. Ces
intrigues ne tardèrent pas à porter leurs fruits ; bien
tôt une requête fut présentée à M. Bruat, au nom des
habitans de Huahine; ils annonçaient au gouverneur
que l'Angleterre, à laquelle !s s'étaient d'abord a-
aressés, avait refusé de les couvrir de son pavillon ,
et terminaient en le priant instamment de placerlepays
sous le protectorat français, comme on l'avait déjà
fait pour Taïti.
» Aussitôt, san3 perdre de tempî, M. Bruat expédie
à Huahine, situé à environ quatre-vingt-dix milles de
Taïti, 'la frégate de soixante l'Uranie, capitaine Bo-
nard, le steamer de cinq canens le Phaéton, et un au
tre petit bâtiment de guerre, un brick, je crois. Le
capitaine commandant l'expédition somma la reine Ara-
païa de céder la souveraineté de son île à la France,
pour qu'elle fût mise sous le protectorat, conformé
ment aux vœux des habitans ; mais celle-ci répondit a-
vec indignation qu'elle était souveraine indépendante
de la terre où elle était née, que la pétition présentée
au nom de ses sujets était un mensonge et n'exprimait
aucunement les sentimens dont ils étaient animés en
vers elle ; qu'ils n'étaient nullement disposés à l'aban
donner; mais que toute cette comédie avait étépréparée
sous mainàTaïti, pour amener les Français à Huahine
et la mettre en hostilité ouverte aveceux, au moyen de
quelques signatures extorquées à des étrangers éta
blis dans ses domaines, et qu'enfin, pour preuve, ceux-
là mêmes dont on avait surpris la bonne foi en do-
mandant leur adhésion, étaient prêts à mourir pour
assurer son indépendance. Le commandant français :
répondit à cette déclaration en lui donnant quatre
jours pour se soumettre volontairement, sinon, au
bout de ce temps, il emploierait la force pour l'y con
traindre. On avait aussi stipulé que la reine paierait ■
une somme de 600 dollars.
» A l'expiration du délai fixé, Arapaïa n'ayant pas
consenti à ce qu'on exigeait d'elle, les Français dé
barquèrent des troupes s'élevant à environ 500 hom
mes et commencèrent l'attaque, comme je vous l'ai
dit dans ma dernière lettre. Ils espéraient une vic
toire facile sur les naturels; mais, à leur grand désap
pointement, ils furent reçus vigoureusement par les
indigènes qui, au nombre de plus de 2.000, retirés'
dans des retranchement fortifiés, se tenaient prêts à
repoussèr toute agression. A leur tête se trouvaient
quelques Anglais et Américains qui .les conduisirent
au combat et sûrent leur inspirer l'ardeur du déses
poir. La" mêlée a été terrible : les Français, pris par
surprise et rencontrant une résistance à laquelle ils
étaient loin de s'attendre, ont été complètement re
poussés : 50 des leurs sont restés sur le c'iamp de ba
taille, et ils ont eu aussi un grand nombre de blessés.
Cependant les Français ici sont très réservés sur les
détails de cet engagement; ils assurent seulement
qu'ils n'ont perdu personne.
» D 'après toutes les apparences les hostilités ne
semblaient pas terminées entre les Français et les in
digènes.
Ces nouvelles exigent confirmation. Le gou
vernement ne peut tarder de publier l'analyse des
dépêches qu'il aura reçues sur une affaire qui
intéresse notre établissement k Taïti, et un grand
nombre de familles.
i
AFFAIRES DE LA PL ATA.
Voici les renseignemens qui nous sont trans
mis sur la mission qui vient d'être confiée à M.
Hood, pour la Plata :
« M. Samuel Hood, jadis eonsul à Montevideo, a
quitté l'Angleterre, il y a quelques jours, à bord du
Dévastation, frégate à vapeur ; ce bâtiment, destiné à
un service secret, est parti dePIymouth pour la Plata.
M. Hood a reçu, de la part des gouvernement français
et anglais, une mission spéciale, et de pleins pouvoirs
pour régler les affaires de la Plata.
» D'abord M. Guizot se refusait de consentir au
pouvoir qui lui était demandé pour M. Hood, mais,
après une longue correspondance, il a fini par céder.
D'après le projet adopté, il y a bien à craindre que les
seules personnes qui tireront profit de cette mission
ne se réduisent à Rosas, Oribe, et M. Hood lui-même.
• En effet, M. Samuel Hood est resté à Montevideo,
d'abord comme consul d'Angleterre, puis comme con-
sul ( général pendant les dernières années.
» En 4838,, au commencement du blocus de Bue-
nos-Ayres, alors qu'Oribe, président de Montevideo,
s'était déclaré l'ennemi de la France, auprès de qui
cet Oribe allait-il chercher conseil 1 Auprès de M.
Hood. Cette intimité, qui existait depuis long-tempa
entre eux, est devenue plus étroite, et, lorsquà la un
de 4833 Oribe s'est retiré de Montevideo, il n'en a
pas moins conservé des relations secrètes dans la vil
le, grâce à M. Hood. C était un scandale que ces si
gnaux transmis par un certain amiral à M. Hood, afin
que celui-ci n'ignorât pas ce qui se faisait à Bueneg-
Ayres, tandis que M. Ilood faisait connaître ce qui se
passait à Montevideo.
» M. Hood fut obligé de se retirer immédiatement
après le trai é du 29 octobre 1840. Il alla en Anele-
36 ~
— 33 —
LES GRANDS DANSEURS DU ROI.
bon jeune homme se tamisa en quelque sorte; ce qui Veut
dire que, devenue plus pure, parce qu'elle n'était plus seule
ment une excitation de l'appétit sensuçl, elle devint aussi
plus raffinée et plus subtile, l'Être moral y étant alors de son
contingent. .
Mais pour être désormais tout entier, sans fiel et sans
partage, à des pensées plus tendres, Dupuis ne s'en trouvait
guère plus heureux, car il ne se dissimulait pas l'immense
distance qui continuait à le séparer de si haute et si puisr-
sante dame, et il ne lui paraissait pas qu'il eût fait encore le
moindre chemin pour combler cette profondeur d'espace qui
existait entre eux.
Il avait passé le reste de sa journée dans sa chambre, oc
cupé à se repaître du souvenir de sa belle marquise, et mê
me il avait essayédê se le rendre plus sensible en le matéria
lisant dans une ébauche dont le premier jet n'était point
trop mal venu ; mais il lui fallut quitter cette agréable cKs-
traction pour se rendre au théâtre, où le devoir l'appelait.
Il allait prendre la clé de sa loge chez la concierge,
quand celle-ci le tira à part d'un air de mystère, et lui dit
qu'un moment avant, une dame était venue s'informer de sa
demeure, et qu'elle paraissait fort empressée de la connaître,
car à peine avait-elle souffert que l'on entrât avec elle dans
les explications seulement nécessaires.
Dupuis ne manqua pas de s'informer de la manière dont
était faite cette dame; mais tout ce qu'on sut lui répondre,
c'est qu'elle était grande et simplement mise; quant à son
visage, on avait à peine pu l'entrevoir, attendu le coquelu-
chon de son mantelet, dont elle le cachait soigneusement.
Une idée bizarre traversa alors l'esprit du danseur ; ne se
rait-ce pas la marquise, — se demanda-t-il, — qui aurait
voulu connaître mon domicile, afin de me faire savoir le ré
sultat de sa démarche auprès de mon colonel? Mais je suis
bien sot,—ajouta-t-il presque aussitôt,—serait-elle venue de
sa personne, etn'aurait-elle pas plutôt envoyé un de ses gens?
Sur ce, et une preuve qu'il ne s'arrêta guère à cette idée,
qui l'eût bien autrement remué, s'il lui eût trouvé plug de
vraisemblance, le voilà qui tout-à-coup se sent saisi d'un
genre de souci bien différent.
Je vais danser, pensa-t-il, mais en ai-jéle droit? Ma si
gnature donnée à Pompée, j'appartiens à S. M. ,'et portanten
quelque façon l'uniforme, puis-je maintenant aller le compro
mettre sur la corde raide, tant que la bienveillante interven
tion de ma protectrice ne m'a pas relevé démon engagement?
Pendant qu'il rêvait ainsi, survient Nicolet. La pièce à la
suite de laquelle paraissait Dupuis, était près de finir, et le
directeur trouva son danseur chez le concierge, bâillant,
comme on dit vulgairement, aux corneilles, et n'ayant pas
plus l'air de penser à aller se vêtir, que si c'eût été jour de
relâche, ou que son nom ne fut point affiché.
Le Nicolet n'était jamais d'une humeur très commode;
mais désormais rassuré sur la négociation de Dupuis avec
Audinot, il était moins que jamais disposé à le ménager.
L'apostrophant donc avec la dernière dureté, il lui demanda
« à quoi il pensait de n'être point encore prêt à paraître en
» scène, etsic'étaitqu'il avait l'intention dele ruiner? »
On ruinait ainsi ce singulier homme dix fois par jour : un
machiniste qui plaçait mal un montant de coulisse, le me
naçait de sa ruine ; un moucheur qui laissait couler une
chandelle, le ruinait encore ; il allait même jusqu'à se croire
ruiné par une quinte qui comptait des pauses, disant qu'il
ne payait pas pour que l'on comptât des pauses, et qu'il vou
lait que l'on jouât.
Qu'on se représente alors sa situation d'esprit quand Du
puis vint à lui faire part de son scrupule en lui annonçant
qu'il était, depuis le matin de ce jour-là, passé de son ser
vice à celui du roi.
Prenant la question de très haut, Nicolet se mit à la trai
ter en jurisconsulte ; il argumenta de la préexistence de l'en
gagement dramatique souscrit à son profit, pour infirmer la
valeur du contrat militaire passé au profit du roi; parla de
faire emprisonner le danseur au For-l'Evêque, et voulut que
l'on cassât Pompée de son grade; il aurait même, au besoin,
demandé la destitution du maréchal de Biron, et hâté de quel
ques années la prochaine révolution de 1789 plutôt que de
permettre que son premier danseur pût lui être enlevé sans
qu'on lui soldât un dédit.
Cette passion de le conserver avait pour Dupuis son côté
flatteur; mais comme Nicolet, à la manière du barreau, en
tremêlait son point de droit de force injures et impertinen
ces pour sa partie adverse, l'artiste, qui avait d'abord hésité
sur le parti qu'il devait prendre, finit par s'arrêter à une
idée, et il déclara, de la manière la plus péremptoire, qu'ayant
l'honneur de faire partie du régiment des gardes françaises,
décidément il ne danserait pas.
Dans cette extrémité, Nicolet se détermina pour un parti
violent, il courut au théâtre, fit lever la toile, et, dans une
petite allocution fort émue, annonça au parterre que, sans
être indisposé, et par un pur caprice, le nommé Dupuis re
fusait de jouer.
A cette annonce, un affreux tumulte d'éclater dans la
salle. — Dupuis ! Dupuis ! — s'écrie-t-on de toute part, et
les gens de se lever sur les banquettes, et le parterre, qui
alors n'était point assis, de commencer à onduler comme une
mer orageuse, et quelques entreprenans de chercher à esca
lader la scène. Heureusement, un commissaire au Châteiet
se trouvait là présent. Pour remédier au désordre, il se hâta
de monter au théâtre, et, apprenant que le réfractaire pou
vait être immédiatement montré au public, il lui ordonna
d'entrer en scène et de donner des explications.
Au moment où Dupuis parut, des sifflets et des applau-
dissemens l'accueillirent, car beaucoup pensaient, que Nico
let devait avoir vis à vis de lui quelque tort qui l'avait déci
dé à ce refus de concours. Le mieux, dans tous les cas, était
de l'entendre, puisqu'il manifestait l'intention de parler. Il
serait toujours bien temps de lui faire un mauvais parti, si
l'on n'était pas content des raisons qu'il paraissait vouloir
donner, à la décharge de l'accusation portée contre lui.
FEUILLETON DU CONSTITUTIONNEL.
Mme deFlavacourtleregarda faire avec un certain étonne-
ment, car la fermeté de cette parole, aussi bien que le procédé,
étaient pour elle également inattendus, puis elle répondit :
— Mais que voulez-vous me rendre cet argent? ce que j'ai
donné, je ne le reprends pas.
— Donné n'est pas le mot, — repartit le danseur; — il
vous a été indignement extorqué. Pour ce qui est de ne pas
reprendre vos générosités, je ne sais pas bien,—continua-t-
il,—si cela est exact; je trouve même que vous mettez parfois
à ces sortes d'avarices plus de dureté qu'il ne conviendrait.
Dupuis avait cédé à la pente d'une transition qui était ve
nue s'offrir d'elle-même, et il croyait avoir fait merveille en
saisissant cette occasion d'exposer ses anciens griefs.
Mais ce souvenir fut loin de plaire à la marquise ; il lui pa
rut même impliquer pour une démarche, dont elle était dis
posée à mieux juger d'abord, une interprétation fort peu
honorable; s'animant donc sous cette pensée :
— J'ai déjà dit, à l'homme que vous m'avez envoyé,—
reprit-elle, — que si j'entendais encore parler de lui ou de
vous, j'aurais recours à une lettre de cachet; ainsi, croyez-
moi, brisons-Ià, reprenez votre rouleau, et sortez d'ici.
— Je sortirai,—répondit Dupuis,—car je n'ai pas le droit,
dans le rôle humiliant que l'on m'a fait auprès de vous, de
vouloir vous imposer ma présence; mais, pour l'argent, je le
laisse ; il est à vous.
— Je vous dis que je vous l'ai donné, — répliqua la mar
quise en frappant du pied, — et d'ailleurs, croyez-vous que
je sois dupe de votre désintéressement, qui est tout simple
ment un prétexte de vous remontrer chez moi ?
— Cependant, si je me retire et n'emporte rien, il faudra
bien croire que ma démarche avait le but que je vous ai dit.
— Habile homme! il ne fallait pas commencer par en dis
poser, de la soirime, avant de me la rapporter.
— En disposer? — fit Dupuis avec étonnement, — car il
ne comprenait pas où allait l'idée de la marquise.
—Et oui sans doute, en disposer,—répondit Mme de
Flavacourt. —Est-ce que je paie les gens en écus, moi,
comme mes fermiers; j'ai donné de l'or à ce soldat, vous
avez commencé par en faire sans doute quelque débauche,
et puis pour revenir, sous un prétexte honnête, me faire une
nouvelle visite, vous vous serez procuré cette belle monnaie,
que peut-être seulement vous avez empruntée en vue de la
spéculation nouvelle que vous avez arrangée sur moi.
Une vive rougeur couvrit le visage de Dupuis, quand il
entendit cette accusation, qui, toute subtile qu'elle fût, ne
manquait pas de vraisemblance, et il maudit, à part lui, son
peu de prévision et de prudence, car, de toute façon, il eût
été pjus convenable de se procurer de l'or, et de ne pas venir
faire sa restitution eu la manière d'un fermier, comme le lui
avait dit si aristocratiquement la marquise. Ne pouvant pas
toutefois rester sous le poids d'une inculpation qui annulait
pour lui tout le résultat d'un grand sacrifice :
— Vous avez tort, Madame,—dit-il,—dé faire fi de cet ar
gent; il est noble; c'est de l'argent du roi.
— Que voulez-vous dire, avec votre argent du roi?
— Cela signifie que l'homme d'hier recrute pour S. M., et
c'est des deniers royaux que ce rouleau a été formé.
— Vous êtes bien sot de me faire cette confidence, — ré
pliqua aigrement la marquise, abondant toujours dans son
idée ; — elle prouve que ce militaire, qui puise ainsi dans sa
caisse, est un maître fripon, et vous...
—Et moi, je suis sa victime,—interrompit vivement Du
puis ; — le misérable avait dépensé ce qu'il vous avait sous
trait, et comme, à tout prix, Madame, il fallait vous le ren
dre, je me suis vendu.
— Vous vous êtes fait soldat? — demanda la marquise avec
un ton de surprise qui n'avait plus rien de désobligeant.
— Oui, Madame; je ne sauterai plus devant le roi, je m#
battrai pour lui.
— Mais quelle folie J dit Mme de Flavacourt de plus en
plus adoucie, —était-il besoin de recourir à une pareille ex
trémité?
— Vous me méprisiez bien assez comme cela, pourune cho
se qui n'était ni de mon fait, ni de ma volonté, sans que, par
une infamie où j'eusse eu l'apparence de participer, j'ache
vasse de m'avilir à vos yeux.
—Mais vous ne serez pas soldat, — dit la marquise avec
vivacité,—se faire soldat, un si dur métier... à cause de moi...
Je ne le veux pas, Monsieur; votre engagement n'aura pas de
suite... Encore si c'était pour être officier !
— Peut-être le deviendrai-je, — répondit Depuis d'un air
d'assurance, qui pourtant ne manquait pas de modestie.
— Officier l Pauvre garçon; ce n'est pas sans doute la bra
voure qui vous manquera, car ce que vous venez de faire est
d'un noble cœur, dit la belle Italienne d'un accent à mon
trer combien elle était touchée ; — mais que sert la bravoure,
sans la naissance?
— J'y aurai sans doute un peu plus de peine qu'un autre,
mais enfin il n'est pas sans exemple qu'un roturier...
— Oui, un sur mille, — fit la marquise en l'interrompant,
—je vous dis que c'est insensé, et qu'il faut absolument que
vous vous rachetiez. Combien cela peut-il coûter, un congé?
— Moi? prendre de vous... — dit Dupuis sans achever.
— C'est juste! jamais vous ne voudriez; mais je sais un
autre moyen : je vais écrire à M. le maréchal de Biron; je le
connais beaucoup, et très certainement il ne me refusera pai
de vous libérer.
— De grâce, Madame, n'en faites rien ; je n'accepterais
pas cette faveur, quand ifiême M. le maréchal me l'accorde
rait.
— Parce qu'elle vous serait venue à ma recommandation,
n'est-il pas vrai? — demanda la marquise d'un ton de repro
che. — Ah! vous êtes rancunier, Monsieur Dupuis, et il ne
fait pas bon vous offenser, gi peu de réflexion et de volonté
que l'on y ait mis.
— Ainsi donc, vous ne me méprisez pas autant que j'ai pu
le croire, — demanda le danseur, que cette espèce de loin
taine justification apaisa un peu
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à l'administration générale des Annonces, place de la Bourse, 8.
toute insertion doit être agréée par le gérant.
Pour le» Annonces ainsi que pour les Abonnement, on reçoit des mandats sur Paris.
S'adresser franco, pour tout ce
qui concerne l'Administratio»,
à M. Robin , Directeur.
DE L'ILLUSTRATION I
DES NOUVEAUX ROMANS
DU CONSTITUTIONNEL.
Nous avons annoncé, dans notre specimen
du 17 mai 4846, que, pour conserver à cha
que feuilleton, dans le cadre invariable d'une
bibliothèque, un certain intérêt d'ensemble
et de composition, nous aurions recours aux
vignettes gravées sur bois.
L'exécution de ces vignettes, dans le roman
LES GRANDS DANSEURS DU ROI, est
loin de nous satisfaire. On conçoit que, pressés
par le temps, nous n'ayons pu réussir du pre
mier coup. Mais des artistes d'un grand talent
croient encore le succès des vignettes possible,
malgré la rapidité d'un tirage de plus de vingt-
six mille exemplaires par jour, et qui a encore
augmenté depuis le 1 er juin 1846, par l'accrois
sement du nombre de nos abonnés à ce dernier
renouvellement. Nous espérons donc obtenir
de meilleurs résultats pour l'illustration de
MiRTm, MIIFAIITTIMHJVÉ,
roman nouveau en six volumes , de
M. EUGEWE.- SUE, doiit nous commen
cerons la publication le 25 juin 1846. Nous
n'épargnerons ni peines, ni soins pour que
cette exécution des vignettes laisse le moins
possible à désirer.
Extérieur.
ÉTATS-UNIS.— Nous recevons des nouvelles d'A
mérique par la voie d'Angleterre jusqu'au 4 i, et par la
voie du Havre jusqu'au 18 mai. Le gouvernementamé-
ricain continuait activement les préparatifs deguerre,
et le général Scott devait prendre le commandement
de 25,000 hommes et so diriger vers le Mexique. Mais
la population n'a point montré pour la guerre l'en
thousiasme auquel on s'attendait : les Etats du Sud
sur lesquels on comptait le plus, et 1* Texas lui-même,
sont demeurés indifférons. Il sera difficile de remplir
les cadres avec les enrôlemens volontaires, quoique
le congrès ait élevé considérablement la paie de ceux-
ci. On craint d'être obligé de recourir à la conscrip
tion.
Il devient urgent, en effet, de porter secours au gé
néral Taylor. A la date des dernières nouvelles, il était
bloqué dans son camp depuis six jours, et n'avait plus
que pour six jours de vivres. La pointe Isabelle, où
sont les provisions et le matériel de l'armée, était éga
lement bloqué, et toute communication interceptée
«ntre ces deux points. Le capitaine Walker, à la tête
de soixante-dix volontaires, a voulu essayer de rejoin
dre le général Taylor. Il a été attaqué dans sa marche
par les Mexicains, qui ont tué ou fait prisonniers, à
peu près tous les hommes qui l'accompagnaient, et le
capitaine Walker a dû se réfugier, lui quatrième, à la
pointe Isabelle. Il en est reparti le lendemain avec
quelques hommes, voulant à tout prix pénétrer jus
qu'au camp du général pour l'informer de l'état des
choses.
Le général Taylor et la garnison de pointe Isabelle
ne courent du reste atrun danger autre que la fami
ne ; les Mexicains semblent avoir renoncé à les atta
quer de vive force, et vouloir réduire leurs ennemis
par les privations. Us ont fortifié lalangue de terre qui
commande la barre de Brazos Santiago; et mis ainsi
les Américains dans l'impossibilité de recevoir par
mer aucun renfort et aucunes provisions. Les volon
taires américains et les convois seront obligés de pas
ser par Corpus-Christi, et de prendre la voie de terre,
beaucoup plus longue et bsaucoup plus dangereuse.
Toutes ces nouvelles avaient répandu quelques in
quiétudes aux Etats-Unis ; et les villes maritimes con
tinuaient à se préoccuper beaucoup delà crainte des
corsaires mexicains. Le bruit s'était répandu que le
gouvernement du Mexique avait déjà distribué un
grand nombre de lettres de marque. Ce qui avait ac
cru les inquiétudes, o est la nouvelle donnée par un
journal de New-York, que M. Pakenham avait protes
té contre la conduite des Etats-Unis v is -à -vis du Mexi
que, et contre l'établissement du blocus à l'èmbou-
cliure du Rio-Grande, comme préjudiciab'e aux inté
rêts du commerce anglais. Ce journal ajoutait même
que M. Pakenham avait menacé de se- retirer dans
une des possessions ang aises, jusqu'à ce qu'il eût re
çu des instructions de son gouvernement.
Il était fort peu vraisemblable que M. Pakenham,
sans instructions venues d'Angleterre, eût pris si
vite, et de lui-même, une détermination d'une si
haute gravité; mais, quelqu'improbable que fût l'as
sertion du Nciv+ York Herald, elle n'en avait pas
moins causé une grande sensation. Aussi, le journal
officiel de Washington, l'Union, s'est empressé de dé
mentir complètement le fait. Cependant, plusieurs
correspondances persistent à afflrmerqua M. Pakenham
a adressé au gouvernement américain des représen
tations' sur sa conduite vis-à-vis du Mexique.
CHILI. — Des lettres de Valparaiso, portant la
date du 4" avril, annoncent qu'une émeute formi
dable a éclaté dans cette ville, à l'occasion de l'élec
tion des députés.. Quelques trouhleS'S -étant manifes
tés au moment de voter, les officiers de police em
ployèrent des moyens violens pour rétablir l'ordre, et
se mirent à frapper de coups de sabre ceux qui ne se
rangeaient pas devant eux. Le peuple, outré de cette
brutalité, se retrancha sous un pont, et les assaillit à
coups de pierres, ainsi qu'avec toutes les armes qu'il
avait pu,se procurer; quelques-uns firent même un
mouvement pour marcher vers les casernes; mais
alors la troupe sortit en force au secours de la police,
et les insurgés ne tardèrent pas à être délogés et mis
en fuite, non sans perte d'un côté comme de l'autre.
Vingt à trente personnes ont trouvé la mort dans ces
troubles; d'autres ont été blessées, d autres enfin ont
■vu leurs magasins et leur3 maisons pillés par la popu
lace ameutée.
Le consul français, d'accord avec le commandant du
navire de guerre le Génie, ainsi que le commandant
du navire de S. M. britannique la Daplmé, ont offert
au gouverneur un corps de troupes de débarquement
pour protéger leurs nationaux; mais ce secours n'a
pas été nécessaire, et ils se sont contentés de station
ner toute la nuit dans des canots armés, le long du ri
vage.
PARIS. II JUIN.
m. Guizot avait laissé hier la chambre des
députés dans une profonde incertitude ,au su
jet du système que le gouvernement ge pro
pose d'adopter pour coloniser et administrer
l'Algérie ; ou plutôt, après avoir entendu le
ministre, la chambre avait dû rester convain
cue que le gouvernement n'avait encore, sur
cette grande question, aucun système, aucun
dessein.
Le ministre, en effet, avait atteint le su
blime du genre dans lequel il excelle : celui
des dissertations vagues qui ne contiennent
aucune solution, et des grands mots qui n'ont
pas de sens. « Le débat est sérieux, s'était
écrié m. Guizot, au début de son discours, il
ne l'a pas été autant qu'il pouvait l'être. »
On avait pu croire que le ministre allait pren
dre tout à fait au sérieux la question de la
colonisation de l'Algérie qui résume toutes
les questions agitées à l'occasion de nos pos
sessions africaines. Peuplez l'Afrique deFran-
çais et d'Européens, et l'administration lo
cale, le gouvernement civil, la défense du
pays s'organisent d'eux-mêmes.
Il importait donc de savoir une seule cho
se, comme l'a remarqué aujourd'hui avec
beaucoup de raison l'honorable M. Berryer,
au commencement de la séance : il impor
tait de savoir ce qué le gouvernement pensait
sur la colonisation. M. Guizot a répondu qu'il
ne pensait rien. « Il s'est trouvé entre deux
opinions. Les uns lui disaient : La colonisa
tion s'accomplira toute seule, ne faites rien
vous-même, ne vous mêlez de rien ; les autres
lui disaient : Faites tout vous-même; entrepre
nez la colonisation militaire, la colonisation
civile. De ces deux avis, le gouvernement n'a'
pris m l'un ni l'autre. Il a choisi un juste milieu
entre agir et n'agir point, entre coloniser et
ne pas coloniser ; entre fonder des colonies
militaires et n'en point fonder. On ^essaiera
un peu de tout; et un jour, M. Guizot ne
sait lequel, la colonisation marchera. »
Voilà lé langage du gouvernement ! On ne
pouvait pas accumuler plus de pon-sens en
moins de mois, et faire un plus ridicule aveu
de l'inintelligence, de l'incapacité du gouver
nement.
M. Berryer a vivement reproché au mi
nistère cette absence de vurs, cette abdication
déplorable, cette nullité fabuleuse. M. Da-
faure, après être tombé d'accord avec M. Ber
ryer, sur la pitoyable attitude du pouvoir, a
cependant exprimé, avec un indulgent dé
dain, de douteuses espérances, et il a proposé,
au nom de la commission, de voter les crédits.
Des observations judicieuses ont été faites
ensuite par M. le général Oudinot, au sujet
de la remonte en Afrique, et du désordre ad
ministratif qui a mis en péril notre cavale
rie. Puis une assez curieuse discussion s'est
engagée sur le chapitre ayant pour titre : du
service maritime. La surveillance de la con
trebande est exercée par mer le long de la
côte d'Afrique ; l'année dernière la-chambre a
accordé, sans trop y songer, au ministère de la
guerre, un bateau à vapeur pour ce service. Le
même ministère en demandaitun second cette
année. La commission proposait le rejet, par
plusieurs motifs : aucune preuve de la néces
sité de cette dépense n'a été fournie. Pour
quoi 'd'ailleurs le ministre de la marine, qui
fournit les ofliciers et les marins pour ce ser
vice, ne fournit-il pas aussi la coque du bâ
timent? Allons-nous avoir deux ministères
de la marine? Pourquoi ne pas respecter la t
division des spécialités ministérielles? Ge der- '
nier argument, disons-le en passant, est
fort juste, mais il nous a surpris dans la
bouche de l'honorable rapporteur. Il est, en
effet, complètement en contradiction avecja
proposition que la commission a faite de la
concentration de toutes les attributions entre
les mains d'un ministère spécial de l'Algérie.
Quoi qu'il en soit, la chambre a fort sage
ment rejeté le crédit. A la fin de la séance,
M. Gustave de Beaumont a interpelé M. Gui
zot au sujet du massacre des prisonniers de la
deïra. Il n'en a pu obtenir d'autres explica
tions que celles qu'avait déjà données le mi
nistre à la chambre des pairs. Nous nous
trompons s M. Guizot a rejeté encore plus
complètementsurle maréchal Bugeaud la res
ponsabilité du refus des propositions d'Abd-
el-Kader.
Le ministère anglais est à deux doigts de sa
perte, et il semble que ce soit volontairement qu'il
cherche une défaite.
Le bill de répression pour l'Irlande a obtenu
une première lecture & la chambre des commu
nes, grâce à la Téunion momentanée de tout l'an
cien parti tory. Une partie des whigs ont voté
également la première lecture pourne pas embar
rasser marche du gouvernement, m compro
mettre le sort du bill des céréales. Mais lord John
Russell avait déclaré formellement que lui et ses
amis combattraiént le bill à la seconde lecture.
Le ministère akrait pu emporter de vive force
la seconde lecture, s'il avait conservé sur cette
question l'appui de tous les tories. Mais le jour
où, contre leur attente, la chambre des lords a
voté la seconde lecture du bill dei céréales, les
pTot« ctionistes ont compris qu'il ne leur restait
plus qu'une seule ressource : c'était dé renverser
le ministère, en l'abandonnant sur la question
irlandaise. Ils ont donc annoncé hautement l'in
tention de s'abstenir sur la seconde lecture du
bill de répression ou même de voter contre elle.
Il devenait évident dès lors que sir Robert
Peel, réduit aux cent douze membres qui sont
restés fidèles à sa fortune, ne pourrait faire face
à la fois aux whigs et aux tories, et tomberait en
minorité. On s'est donc écrié de toutes paris que
la demande de la seconde lecture par le gouver
nement serait un véritable suicide. Non-seule
ment les journaux ministériels, mais même quel
ques-uns des journaux de l'opposition ont adjuré
sir Robert Peel de différer cette seconde lecture
jusqu'après le triomphe définitif du bill des cé
réales, afin de ne pas compromettre cette grande
réforme par une crise ministérielle dont une dis
solution du parlement serait la conséquence.
Le ministère ne s'eit point arrêté devant cette
considération : la seconde lecture a été i> ise à
l'ordre du jour, comme on s'y attendait dès le
premier jour, lord Jobu Ru?sell, au nom des
whigs, lord George Bentinek, au nom des protec-
tionistes, ont annoncé tous deux qu'ils repous
seraient le bill. On s'est écrié de toutes parts que
le ministère voulait se retirer puisqu'il tentait ce
qu'il savait être impossible.
Cependant, aujourd'hui encore, quelques jour
naux espèrent que le ministère ne se retirera pas,
même après une défaite éclatante sur la question
irlandaise, et qu'il attendra que la réforme agri
cole et commerciale soit accomplie. Mais, si le ca
binet avait eu l'intention de consentir à un pa
reil délai, il était bien plus simple d'ajourner
deux mois encore, sinon de laisser dormir tout-
à-fait le bill sur l'Irlande, plutôt que de se mettre
dans la nécessite de garder le pouvoir aprè? un
échec parlementaire.
Il y a donc lieu de croire que sir Rob' rt Peel
veut se retirer, se retirer immédiatement. C'est
peut être un sacrifice qu'il fait à son parti, car
un grand nombre» de ses membres auraient vu
leur réélection compromise si la lutte électorale
s'était engagée sur le terrain de la réforme agri
cole. D'ailleurs, il vaut mieux, de toutes les fa
çons, pour sir Robert Peel et pour son parti, se
retirer sur une question irlandaise, k propos d'u-
ne mesure transitoire de sa nature,. qu'on ne se
rait point obligé de reprendre ni même de défen
dre plus tard, que tomber par une question de
principe et de façon à être engagé pour l'avenir.
Battu sur la question irlandaise, sur une^me
sure qui était au fond agréable à ceux mêmes
qui vont la repousser aujourd'hui, sir Robert
Peel n'est pas séparé par un abîme des protec-
tionistes ; et le jour où ceux-ci auront aussi
essuyé leur défaite, les deux portions de l'ancien
parti tory se trouveront réunies par une commune
infortune.
Voilà sans doute le véritable motif de l'obsti
nation désir Robeit Peel. Il croit le moment et
; le prétexte favorables pour sa retraite, et il en
| profite aussitôt avec ce don de l'à-propos qui a
signalé toute sa carrière politique. Du reste le
sort du ministère semble si bien décidé, que la
chambre des communes ne prête plus aucune at-
tention à la discussion du bill de répression, c'est
à peine si le nombre nécessaire de députés, qua
rante seulement, viennent prendre place sur les
bancs quand on réclame l'appel. Chacun attend
patiemment le jour du vote qui consommera la
chute du cabinet.
NOUVELLES DE TAITI.
Les dernières nouvelles qui nous sont arrivées
directement de Borabora (archipel de Taïti), nous'
ont appris qu'à cette époque la frégate Uranie et
le bateau à vapeur le Phaëton avaient été expé
diés à Huahine, pour commencer par cette île la
soumission des lies sous le vent, qu'ils devaient
terminer par celle de Borabora.
Si nous en croyons une correspondance de
Taïti, que nous trouvons dans les journaux an
glais, et qui ne porte pas de date , les opérations
de notre escadre auraient été moins promptes et
moins décisives que l'on ne pensait. D'après cette
version, il s'tn faudrait peu que nous n'eussions
éprouvé à Huahine un grave échec, ce qui serait
assez extraordinaire, vu là supériorité des forces
envoyées sur ce point Quoi qu'il en soit, nous re
produisons cette correspondance , qui contient
auelques détails instructifs sur la conduite de
1 Angleterre dans nos possessions de l'Océanie :
« Une convention conclue entre M. Bruat, gouver
neur de Taïti, et sir Georges Seymour, lors de la
dernière visite de notre amiral à Papeïti, ayant inter
dit formellement aux Français de prendre possession
d'aucune nouvelle île dans le3 groupes environnans ,
de molester les souverains de ces archipels, ou d'en
accepter le protectorat jusqu'à ce qu'on eût reçu de
nouvelles instructions des deux gouvernemens mé
tropolitains, ils se servirent d'un moyen détourné
pour arriver au but. Quelques Français furent dépê
ches de Taïti dans l'Ile voisine de Huahine pour y
nouer des relations avec quelques Américains et An
glais qui s'y étaient établis , et, par leurs menées,
arriyer à faire déposer la souveraine de cette île. Ces
intrigues ne tardèrent pas à porter leurs fruits ; bien
tôt une requête fut présentée à M. Bruat, au nom des
habitans de Huahine; ils annonçaient au gouverneur
que l'Angleterre, à laquelle !s s'étaient d'abord a-
aressés, avait refusé de les couvrir de son pavillon ,
et terminaient en le priant instamment de placerlepays
sous le protectorat français, comme on l'avait déjà
fait pour Taïti.
» Aussitôt, san3 perdre de tempî, M. Bruat expédie
à Huahine, situé à environ quatre-vingt-dix milles de
Taïti, 'la frégate de soixante l'Uranie, capitaine Bo-
nard, le steamer de cinq canens le Phaéton, et un au
tre petit bâtiment de guerre, un brick, je crois. Le
capitaine commandant l'expédition somma la reine Ara-
païa de céder la souveraineté de son île à la France,
pour qu'elle fût mise sous le protectorat, conformé
ment aux vœux des habitans ; mais celle-ci répondit a-
vec indignation qu'elle était souveraine indépendante
de la terre où elle était née, que la pétition présentée
au nom de ses sujets était un mensonge et n'exprimait
aucunement les sentimens dont ils étaient animés en
vers elle ; qu'ils n'étaient nullement disposés à l'aban
donner; mais que toute cette comédie avait étépréparée
sous mainàTaïti, pour amener les Français à Huahine
et la mettre en hostilité ouverte aveceux, au moyen de
quelques signatures extorquées à des étrangers éta
blis dans ses domaines, et qu'enfin, pour preuve, ceux-
là mêmes dont on avait surpris la bonne foi en do-
mandant leur adhésion, étaient prêts à mourir pour
assurer son indépendance. Le commandant français :
répondit à cette déclaration en lui donnant quatre
jours pour se soumettre volontairement, sinon, au
bout de ce temps, il emploierait la force pour l'y con
traindre. On avait aussi stipulé que la reine paierait ■
une somme de 600 dollars.
» A l'expiration du délai fixé, Arapaïa n'ayant pas
consenti à ce qu'on exigeait d'elle, les Français dé
barquèrent des troupes s'élevant à environ 500 hom
mes et commencèrent l'attaque, comme je vous l'ai
dit dans ma dernière lettre. Ils espéraient une vic
toire facile sur les naturels; mais, à leur grand désap
pointement, ils furent reçus vigoureusement par les
indigènes qui, au nombre de plus de 2.000, retirés'
dans des retranchement fortifiés, se tenaient prêts à
repoussèr toute agression. A leur tête se trouvaient
quelques Anglais et Américains qui .les conduisirent
au combat et sûrent leur inspirer l'ardeur du déses
poir. La" mêlée a été terrible : les Français, pris par
surprise et rencontrant une résistance à laquelle ils
étaient loin de s'attendre, ont été complètement re
poussés : 50 des leurs sont restés sur le c'iamp de ba
taille, et ils ont eu aussi un grand nombre de blessés.
Cependant les Français ici sont très réservés sur les
détails de cet engagement; ils assurent seulement
qu'ils n'ont perdu personne.
» D 'après toutes les apparences les hostilités ne
semblaient pas terminées entre les Français et les in
digènes.
Ces nouvelles exigent confirmation. Le gou
vernement ne peut tarder de publier l'analyse des
dépêches qu'il aura reçues sur une affaire qui
intéresse notre établissement k Taïti, et un grand
nombre de familles.
i
AFFAIRES DE LA PL ATA.
Voici les renseignemens qui nous sont trans
mis sur la mission qui vient d'être confiée à M.
Hood, pour la Plata :
« M. Samuel Hood, jadis eonsul à Montevideo, a
quitté l'Angleterre, il y a quelques jours, à bord du
Dévastation, frégate à vapeur ; ce bâtiment, destiné à
un service secret, est parti dePIymouth pour la Plata.
M. Hood a reçu, de la part des gouvernement français
et anglais, une mission spéciale, et de pleins pouvoirs
pour régler les affaires de la Plata.
» D'abord M. Guizot se refusait de consentir au
pouvoir qui lui était demandé pour M. Hood, mais,
après une longue correspondance, il a fini par céder.
D'après le projet adopté, il y a bien à craindre que les
seules personnes qui tireront profit de cette mission
ne se réduisent à Rosas, Oribe, et M. Hood lui-même.
• En effet, M. Samuel Hood est resté à Montevideo,
d'abord comme consul d'Angleterre, puis comme con-
sul ( général pendant les dernières années.
» En 4838,, au commencement du blocus de Bue-
nos-Ayres, alors qu'Oribe, président de Montevideo,
s'était déclaré l'ennemi de la France, auprès de qui
cet Oribe allait-il chercher conseil 1 Auprès de M.
Hood. Cette intimité, qui existait depuis long-tempa
entre eux, est devenue plus étroite, et, lorsquà la un
de 4833 Oribe s'est retiré de Montevideo, il n'en a
pas moins conservé des relations secrètes dans la vil
le, grâce à M. Hood. C était un scandale que ces si
gnaux transmis par un certain amiral à M. Hood, afin
que celui-ci n'ignorât pas ce qui se faisait à Bueneg-
Ayres, tandis que M. Ilood faisait connaître ce qui se
passait à Montevideo.
» M. Hood fut obligé de se retirer immédiatement
après le trai é du 29 octobre 1840. Il alla en Anele-
36 ~
— 33 —
LES GRANDS DANSEURS DU ROI.
bon jeune homme se tamisa en quelque sorte; ce qui Veut
dire que, devenue plus pure, parce qu'elle n'était plus seule
ment une excitation de l'appétit sensuçl, elle devint aussi
plus raffinée et plus subtile, l'Être moral y étant alors de son
contingent. .
Mais pour être désormais tout entier, sans fiel et sans
partage, à des pensées plus tendres, Dupuis ne s'en trouvait
guère plus heureux, car il ne se dissimulait pas l'immense
distance qui continuait à le séparer de si haute et si puisr-
sante dame, et il ne lui paraissait pas qu'il eût fait encore le
moindre chemin pour combler cette profondeur d'espace qui
existait entre eux.
Il avait passé le reste de sa journée dans sa chambre, oc
cupé à se repaître du souvenir de sa belle marquise, et mê
me il avait essayédê se le rendre plus sensible en le matéria
lisant dans une ébauche dont le premier jet n'était point
trop mal venu ; mais il lui fallut quitter cette agréable cKs-
traction pour se rendre au théâtre, où le devoir l'appelait.
Il allait prendre la clé de sa loge chez la concierge,
quand celle-ci le tira à part d'un air de mystère, et lui dit
qu'un moment avant, une dame était venue s'informer de sa
demeure, et qu'elle paraissait fort empressée de la connaître,
car à peine avait-elle souffert que l'on entrât avec elle dans
les explications seulement nécessaires.
Dupuis ne manqua pas de s'informer de la manière dont
était faite cette dame; mais tout ce qu'on sut lui répondre,
c'est qu'elle était grande et simplement mise; quant à son
visage, on avait à peine pu l'entrevoir, attendu le coquelu-
chon de son mantelet, dont elle le cachait soigneusement.
Une idée bizarre traversa alors l'esprit du danseur ; ne se
rait-ce pas la marquise, — se demanda-t-il, — qui aurait
voulu connaître mon domicile, afin de me faire savoir le ré
sultat de sa démarche auprès de mon colonel? Mais je suis
bien sot,—ajouta-t-il presque aussitôt,—serait-elle venue de
sa personne, etn'aurait-elle pas plutôt envoyé un de ses gens?
Sur ce, et une preuve qu'il ne s'arrêta guère à cette idée,
qui l'eût bien autrement remué, s'il lui eût trouvé plug de
vraisemblance, le voilà qui tout-à-coup se sent saisi d'un
genre de souci bien différent.
Je vais danser, pensa-t-il, mais en ai-jéle droit? Ma si
gnature donnée à Pompée, j'appartiens à S. M. ,'et portanten
quelque façon l'uniforme, puis-je maintenant aller le compro
mettre sur la corde raide, tant que la bienveillante interven
tion de ma protectrice ne m'a pas relevé démon engagement?
Pendant qu'il rêvait ainsi, survient Nicolet. La pièce à la
suite de laquelle paraissait Dupuis, était près de finir, et le
directeur trouva son danseur chez le concierge, bâillant,
comme on dit vulgairement, aux corneilles, et n'ayant pas
plus l'air de penser à aller se vêtir, que si c'eût été jour de
relâche, ou que son nom ne fut point affiché.
Le Nicolet n'était jamais d'une humeur très commode;
mais désormais rassuré sur la négociation de Dupuis avec
Audinot, il était moins que jamais disposé à le ménager.
L'apostrophant donc avec la dernière dureté, il lui demanda
« à quoi il pensait de n'être point encore prêt à paraître en
» scène, etsic'étaitqu'il avait l'intention dele ruiner? »
On ruinait ainsi ce singulier homme dix fois par jour : un
machiniste qui plaçait mal un montant de coulisse, le me
naçait de sa ruine ; un moucheur qui laissait couler une
chandelle, le ruinait encore ; il allait même jusqu'à se croire
ruiné par une quinte qui comptait des pauses, disant qu'il
ne payait pas pour que l'on comptât des pauses, et qu'il vou
lait que l'on jouât.
Qu'on se représente alors sa situation d'esprit quand Du
puis vint à lui faire part de son scrupule en lui annonçant
qu'il était, depuis le matin de ce jour-là, passé de son ser
vice à celui du roi.
Prenant la question de très haut, Nicolet se mit à la trai
ter en jurisconsulte ; il argumenta de la préexistence de l'en
gagement dramatique souscrit à son profit, pour infirmer la
valeur du contrat militaire passé au profit du roi; parla de
faire emprisonner le danseur au For-l'Evêque, et voulut que
l'on cassât Pompée de son grade; il aurait même, au besoin,
demandé la destitution du maréchal de Biron, et hâté de quel
ques années la prochaine révolution de 1789 plutôt que de
permettre que son premier danseur pût lui être enlevé sans
qu'on lui soldât un dédit.
Cette passion de le conserver avait pour Dupuis son côté
flatteur; mais comme Nicolet, à la manière du barreau, en
tremêlait son point de droit de force injures et impertinen
ces pour sa partie adverse, l'artiste, qui avait d'abord hésité
sur le parti qu'il devait prendre, finit par s'arrêter à une
idée, et il déclara, de la manière la plus péremptoire, qu'ayant
l'honneur de faire partie du régiment des gardes françaises,
décidément il ne danserait pas.
Dans cette extrémité, Nicolet se détermina pour un parti
violent, il courut au théâtre, fit lever la toile, et, dans une
petite allocution fort émue, annonça au parterre que, sans
être indisposé, et par un pur caprice, le nommé Dupuis re
fusait de jouer.
A cette annonce, un affreux tumulte d'éclater dans la
salle. — Dupuis ! Dupuis ! — s'écrie-t-on de toute part, et
les gens de se lever sur les banquettes, et le parterre, qui
alors n'était point assis, de commencer à onduler comme une
mer orageuse, et quelques entreprenans de chercher à esca
lader la scène. Heureusement, un commissaire au Châteiet
se trouvait là présent. Pour remédier au désordre, il se hâta
de monter au théâtre, et, apprenant que le réfractaire pou
vait être immédiatement montré au public, il lui ordonna
d'entrer en scène et de donner des explications.
Au moment où Dupuis parut, des sifflets et des applau-
dissemens l'accueillirent, car beaucoup pensaient, que Nico
let devait avoir vis à vis de lui quelque tort qui l'avait déci
dé à ce refus de concours. Le mieux, dans tous les cas, était
de l'entendre, puisqu'il manifestait l'intention de parler. Il
serait toujours bien temps de lui faire un mauvais parti, si
l'on n'était pas content des raisons qu'il paraissait vouloir
donner, à la décharge de l'accusation portée contre lui.
FEUILLETON DU CONSTITUTIONNEL.
Mme deFlavacourtleregarda faire avec un certain étonne-
ment, car la fermeté de cette parole, aussi bien que le procédé,
étaient pour elle également inattendus, puis elle répondit :
— Mais que voulez-vous me rendre cet argent? ce que j'ai
donné, je ne le reprends pas.
— Donné n'est pas le mot, — repartit le danseur; — il
vous a été indignement extorqué. Pour ce qui est de ne pas
reprendre vos générosités, je ne sais pas bien,—continua-t-
il,—si cela est exact; je trouve même que vous mettez parfois
à ces sortes d'avarices plus de dureté qu'il ne conviendrait.
Dupuis avait cédé à la pente d'une transition qui était ve
nue s'offrir d'elle-même, et il croyait avoir fait merveille en
saisissant cette occasion d'exposer ses anciens griefs.
Mais ce souvenir fut loin de plaire à la marquise ; il lui pa
rut même impliquer pour une démarche, dont elle était dis
posée à mieux juger d'abord, une interprétation fort peu
honorable; s'animant donc sous cette pensée :
— J'ai déjà dit, à l'homme que vous m'avez envoyé,—
reprit-elle, — que si j'entendais encore parler de lui ou de
vous, j'aurais recours à une lettre de cachet; ainsi, croyez-
moi, brisons-Ià, reprenez votre rouleau, et sortez d'ici.
— Je sortirai,—répondit Dupuis,—car je n'ai pas le droit,
dans le rôle humiliant que l'on m'a fait auprès de vous, de
vouloir vous imposer ma présence; mais, pour l'argent, je le
laisse ; il est à vous.
— Je vous dis que je vous l'ai donné, — répliqua la mar
quise en frappant du pied, — et d'ailleurs, croyez-vous que
je sois dupe de votre désintéressement, qui est tout simple
ment un prétexte de vous remontrer chez moi ?
— Cependant, si je me retire et n'emporte rien, il faudra
bien croire que ma démarche avait le but que je vous ai dit.
— Habile homme! il ne fallait pas commencer par en dis
poser, de la soirime, avant de me la rapporter.
— En disposer? — fit Dupuis avec étonnement, — car il
ne comprenait pas où allait l'idée de la marquise.
—Et oui sans doute, en disposer,—répondit Mme de
Flavacourt. —Est-ce que je paie les gens en écus, moi,
comme mes fermiers; j'ai donné de l'or à ce soldat, vous
avez commencé par en faire sans doute quelque débauche,
et puis pour revenir, sous un prétexte honnête, me faire une
nouvelle visite, vous vous serez procuré cette belle monnaie,
que peut-être seulement vous avez empruntée en vue de la
spéculation nouvelle que vous avez arrangée sur moi.
Une vive rougeur couvrit le visage de Dupuis, quand il
entendit cette accusation, qui, toute subtile qu'elle fût, ne
manquait pas de vraisemblance, et il maudit, à part lui, son
peu de prévision et de prudence, car, de toute façon, il eût
été pjus convenable de se procurer de l'or, et de ne pas venir
faire sa restitution eu la manière d'un fermier, comme le lui
avait dit si aristocratiquement la marquise. Ne pouvant pas
toutefois rester sous le poids d'une inculpation qui annulait
pour lui tout le résultat d'un grand sacrifice :
— Vous avez tort, Madame,—dit-il,—dé faire fi de cet ar
gent; il est noble; c'est de l'argent du roi.
— Que voulez-vous dire, avec votre argent du roi?
— Cela signifie que l'homme d'hier recrute pour S. M., et
c'est des deniers royaux que ce rouleau a été formé.
— Vous êtes bien sot de me faire cette confidence, — ré
pliqua aigrement la marquise, abondant toujours dans son
idée ; — elle prouve que ce militaire, qui puise ainsi dans sa
caisse, est un maître fripon, et vous...
—Et moi, je suis sa victime,—interrompit vivement Du
puis ; — le misérable avait dépensé ce qu'il vous avait sous
trait, et comme, à tout prix, Madame, il fallait vous le ren
dre, je me suis vendu.
— Vous vous êtes fait soldat? — demanda la marquise avec
un ton de surprise qui n'avait plus rien de désobligeant.
— Oui, Madame; je ne sauterai plus devant le roi, je m#
battrai pour lui.
— Mais quelle folie J dit Mme de Flavacourt de plus en
plus adoucie, —était-il besoin de recourir à une pareille ex
trémité?
— Vous me méprisiez bien assez comme cela, pourune cho
se qui n'était ni de mon fait, ni de ma volonté, sans que, par
une infamie où j'eusse eu l'apparence de participer, j'ache
vasse de m'avilir à vos yeux.
—Mais vous ne serez pas soldat, — dit la marquise avec
vivacité,—se faire soldat, un si dur métier... à cause de moi...
Je ne le veux pas, Monsieur; votre engagement n'aura pas de
suite... Encore si c'était pour être officier !
— Peut-être le deviendrai-je, — répondit Depuis d'un air
d'assurance, qui pourtant ne manquait pas de modestie.
— Officier l Pauvre garçon; ce n'est pas sans doute la bra
voure qui vous manquera, car ce que vous venez de faire est
d'un noble cœur, dit la belle Italienne d'un accent à mon
trer combien elle était touchée ; — mais que sert la bravoure,
sans la naissance?
— J'y aurai sans doute un peu plus de peine qu'un autre,
mais enfin il n'est pas sans exemple qu'un roturier...
— Oui, un sur mille, — fit la marquise en l'interrompant,
—je vous dis que c'est insensé, et qu'il faut absolument que
vous vous rachetiez. Combien cela peut-il coûter, un congé?
— Moi? prendre de vous... — dit Dupuis sans achever.
— C'est juste! jamais vous ne voudriez; mais je sais un
autre moyen : je vais écrire à M. le maréchal de Biron; je le
connais beaucoup, et très certainement il ne me refusera pai
de vous libérer.
— De grâce, Madame, n'en faites rien ; je n'accepterais
pas cette faveur, quand ifiême M. le maréchal me l'accorde
rait.
— Parce qu'elle vous serait venue à ma recommandation,
n'est-il pas vrai? — demanda la marquise d'un ton de repro
che. — Ah! vous êtes rancunier, Monsieur Dupuis, et il ne
fait pas bon vous offenser, gi peu de réflexion et de volonté
que l'on y ait mis.
— Ainsi donc, vous ne me méprisez pas autant que j'ai pu
le croire, — demanda le danseur, que cette espèce de loin
taine justification apaisa un peu
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