Titre : Le Constitutionnel : journal du commerce, politique et littéraire
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1846-06-03
Contributeur : Véron, Louis (1798-1867). Rédacteur
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 03 juin 1846 03 juin 1846
Description : 1846/06/03 (Numéro 154). 1846/06/03 (Numéro 154).
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
/
MERCREDI 5 JUIN 1816.
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CHAQUE AMNÈE.
ËDITIÔIV DE .PARIS.
NUMEROIM.
■Mi
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ANNUAIRE des Lettres, des Artset desThéâtèe».
EH septembre de chaque anctée, j
AN ' K ' ITAÏZU ê! politique (OdputéSj'Pâirs,' ïnilruc-
tion publique, Clergé, Armée et Mariite).» »
eh décembre de chaque ankéb.
ANNUAIRE du Barreau, des Sciences, de ÏA«
griculture et de la Médecine. , •;
en mars de chaque akhée.
ANNUAIRE des C iif.mins de'fer , des Travâut
publics, de la Banque, de l'Industrie. et du Com
merce. .■ . ■; > <
Ces Annuaires réunis remplaceront
Royal, VAlmanach du Commerce et les Annuaires
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qui concerne l'Administration,'
à M. R obin , Birectain
Extérieur.
ÉTATS - UNIS. — NEW - Vokk , 1o mat. — Le
Courrier des Etats-Unis publie aujourd'hui, en
post-écriptum, l'article suivant :■
« Le télégraphe électrique nous transmet à l'instant
la nouvelle de l'arrivée â Washington d'un M. Ogden,
attaché à l'armée du général Taylor, qui a quitté la
Pointe-Isabelle, le 28 avril, le générai Taylor était complètement cerné dans son
camp par les Mexicains, mais qu'il n'avait à redouter
d'autre danger sérieux que celui de la famine. On n'a-
fait encore aucune nouvelle du capitaine Thornton et
du lieutenant Mason, et il paraît que c'est à tort qu'on
avait annoncé leur rentrée dans le camp américain.
» Un autre parsonnage, arrivé de la Nouvel
le-Orléans à Washington ,' M. Governor-Edwards,
rapporte que lo brait ' de la prise de la Pointe-Isa
belle parles Mexicains était-généralement répandu
dans la Louisiane. Ce bruit a été' presque aussitôt
contredit à Washington par des-nouvelles dn 2 mai
de la Pointe-Isabelle, qui annoncent que les commu
nication? continuaient à être complètement interrom
pues entre ce point et le camp du général Taylor ;
mais que celui-ci n'avait eu encore à repousser aucune
attaque sérieuse des Mexicains. »
PORTUGAL. — LisfcoNNE , 21 mai. — Ce n'est
pas seulement Alméida et 0, orto qui se sont unis au
mouvement. A Coimbre, les étudians, Téunis au peur
pie, ont attaqué le 8' régiment de chasseurs, et ont
fait prisonnier presque tout eu corps; cent soldats
seulement sont parvenus à s'échapper. Le. chef politi
que a été tué dans'ce mouvement, ainsi que plusieurs
officiers. Une junte de salut public s'est constituée;
M. D. J. A. de Campan en a été nommé, président;
c'est un des hommes les plus distingués du parti pro-
fressiste; il a été ministre; et a rempli-des fonctions
minantes. A Leiria, le peuple a aussi triomphé. M.
Mozeno de Albuquerque est à la tête du mouvement ;
c'est un libéral distingué et très aimé dans le pays.
Tout le pays s'est prononcé. Le gouvernement n'est
plus obéi que dans les places fortes, où il a encore des
troupes à sa disposition.
ESPA GNE. — madbid , 27 mai — Nos journaux
parlent encore une fois de la probabilité d'un chan
gement de cabinet ; ils présentent MM. Mon et Pidal,
comme devant sortir du cabinet pour faire place à
MU. Pacheco et Salamanca ; mais les amis des minis
tres nient le fait.
Les événemens de Portugal produisent une vivo
sensation à Madrid. ;
POLOGNE.—V arsovie , 22 mai. — Le gouverne
ment .russe est décidé à pousser le désarmement gé
néral, de la Pologne, au point d'interdire l'usage de
tout instrument tranchant, les fourchettes et les cou
teaux de tabe exceptés. Les bouchers, qui sont obli
gés de se servir de haches et de grands couteaux, se
ront tenus de déclarer le nombre de ces instrumens
qu ils auront en leur possession, et les frire estampil
ler. Il en sera de môme a 1 égard des couteaux de cui
sine qui dépasseront un certain calibre. D un aulre
côté, on a pris des mesures très sévères pour la sur
veillance des frontie: es et des grandes routes. On no
peut pas faire un pas sans un passeport du gouverne
ment» Un., négociant prussien qui revenait tout ré
cemment dans son pays, après avoir fait un transport
de marchandises en Russie, a été tué par la gardé
frontière russe. Un autre a été blessé d un coup de
feu, etept mort de sa blessure. Tous lis esprits
sont frappés de stupeur à la vue de tant d'atrocités.
■Du 23 mat : L'empereur de Russie est toujours ici,
passant en revue les* troupes de la garnison. Sur les
observations du prince gouverneur, l'empereur a ré
voqué l'amnistie accordée au Polonais qui a été con
damné en France à cinq années de prison pour vol:
'CRACOVfE, 23. ma».: — Le colonel de gendarmerie
russe, Szmetkowski: a reçu une lettre de l'empereur :
datée de Varsovie, dans laquelle l'empereur se plaint
de la lenteur avec laquelle on procède à l'interrogatoire
des accusés. S. M: veut que l'affaire soit terminée le
22 maii (vieux style),' sinon elle enverra ici une com- '
mission aux frais du colonel pour examiner les causes
d'une pareille lenteur. Cette lettre à produit un heu
reux effet, car hier plusieurs accusés ont tté interro
gés."'
TURQUIE. cojv8tantinom.h, <7 mat.—La loi
musulmane tst impitoyable pour, les convertis qui,
après avoir professé l'islamisme, reviennent à leur
première Veligion. Dans le courant de 1845, un" Alba
nais qui avait apostasié, et qui depuis était revenu au
christianisme, a été soumis à la torture de la baston
nade de la manière la plus cruelle. Les ambassadeurs
des puissances européennes ont réclamé, et ont obtenu
une çjcmi satisfaction;et de grandes promesses. Le fa
natisme musulman n'a pas permis qu'elles fussent te
nues. Des familles catholiques albanaises, qui étaient
rentrées dans le sein du catholicisme, habitaient paisi
blement leà environs d'Ulkup. L'ordre de les enlever
et de les transporter sur Nicomédie est arrivé de Cons-
tantinople.,Pourquoi cette émigration forcée? On'a
p'étèndu que c'était pour les soustraire aux mauvais
-trattemens des populations environnantes. Le fait est
que pendant tout le voyage, ces malheureux exilés
ont été en butte aux plus horribles" traitemèns. La
moitié a péri. Les filles et les femmes ont été violées,
et plusieurs victimes de cette brutalité ont succombé.
Les ambassades se sont émues. Une note a été re
mise au gouvernement par les rep-ésentans d'Angle
terre, d'Autriche et de France. Devant cette mani
festation, le Bultan a cédé. Une enquête a été ordon
née. On verra que le gouvernement français trouver*
le moyen d'en tirer vanité. :
PARIS, 2 JUIN
Les journaux de la droite annoncent que
les délégués de l'opinion réformiste se sont
définitivement entendus sur la conduite à te
nir aux prochaines élections, et qu'ils ont ré
solu : 1° de soutenir les candidats réformistes
delà droite, là où on peut lé faire avec dés
chances de succès ; 2° de soutenir, là où ces
chances n'existent pas, les candidats qui se
rapprochent le plus des opinions réformistes,
si ces candidats présentent des garanties suffi
santes d'indépendance et de probité politique.
Dans ces termes et dans ces limites, nous
n'avons aucune objection à faire. Il nous pa
raît tout naturel que la droite réformiste s'ef
force avant tout de faire prévaloir ses propres
candidats, soit sUrles candidats de la gauche,
soit sur les candidats ministériels. Ce qui nous
paraîtrait absurde, ce serait que dans les lo
calités où leur succès est impossible, les réfor
mistes vinssent, par leurs votes j ou par leur
abstention, au secours d'un ministère qui s'est
nettement, formellement, prononcé pour le
statu quo et contre toute espèce de réforme.
Ce qui nous paraîtrait déplorable, ce serait
qu'en vertu de cette folle maxime : Tout ou
n'en, le système d'immobilité et d'immora
lité qui nous régit reçût une assistance inat
tendue. Heureusement ii n'en sera rien, et la
résolution qu'on nous annonce, aura, nous
l'espérons, une influence très salutaire sur
les prochaines élections.
Quant à nous, on le sait, nous n'ayons ja
mais été de ceux qui croient que tout est bien,
soit dans le parlement, soit , dans les collèges
électoraux, et qu'à la corruption toujours
croissante aucune digue ne peut être opposée.
Tout en reconnaissant Je mal et la nécessité de
le guirir, nous nous réservons seulement le
droit de choisir entre les rcmèdes proposés, et
de repousser ceux qui ne nous paraîtraient
pas efficaces; Mais, nous: l'avons dit il' y à
quelques jours, et nous le répétons, le point
important est de formel 1 une majorité qui, au
lieu de nier le mal, le reconnaisse et s'en pré
occupe., Quand cette majorité existera, tout
sans doute ne sera pas terminé, mais il y aura
un très grand pas de fait. C'est pourquoi nous
insistons tant pour que les diverses fractions
de l'opposition, au lieu de se quereller entre
elles j réunissent toutes leurs forces contre
l'énnemi commun. C'est pourquoi nous de
mandons qu'on cherché les ressemblances au
lieu de chercher les différences, et qu'otfse
place sur un terrain où puissent se rencontrer
tous les hommes qui tiennent à la dignité, à la
liberté, à la moralité du pays. Four que cette
grande opposition nationale! sefprmeet mar
che d'accord, il faut, nous ne l'ignorons pas,
quelques sacrifices réciproques et quelque in
dulgence mutuelle. Mais le but qu'il s'agit
d'atteindre n'est-il pas assez élevé pour qu'on
puisse mettre de côté les vieilles querelles- et
les dissidences secondaires ?
Four toutes les opinions honnêtes et sincè
res, ce qu'il y a de plus pressé aujourd'hui,
c'est d'arracher là France à l'empire d'une
politique qui l'abaisse, qui l'énerve, qui la
corrompt; c'est de substituer dans la chambre
même, îa lutte des idées -à celle des intérêts,
et les. influences morales aux influences ma
térielles. Potfr notre part, nous le déclarons,
nous préférerions une chambre hostile à nos
opinions, mais vivante, même passionnée^ à
une chambre morte, sceptique, et que le soin
de sa conservation personnelle absorbe tout
entière. Telle sera, nous l'espérons du
moins, la pensée de nos amis politiques pen
dant la crise électorale; ils chercheront à faire
triompher leurs propres candidats; mais, à
défaut de ceux-ci, ils préféreront au candidat
qui exploite sâ situation, tout homme d'hon
neur bien résolu à faire respecter le drapeau
de la France au dehors, à combattre énergi-
quement au dedans l'arbitraire, le gaspillage
et l'immoralité; que toutes les fractions de
l'opposition en fassent autant, et l'on verra
bientôt ce que valent les vanteries de la presse
ministérielle.
M. le prince de la Moskowa a interpellé
aujourd'hui le gouvernement, à la chambre
des pairs, au sujet du massacre des prison
niers français par la déïra d'Abd-el-Kader.
L'honorable orateur, après avoir dignement
exprimé la profonde émotion qu'a causée
dans le pays la nouvelle de ce massacre, a de
mandé compte au cabinet des démarches qui
avaient dû être faites pour obtenir l'échange
des prisonniers. Le bruit avait été répandu
que cet échange avait été proposé par Abd-el-
Kader, et que le gouvernement, dans la crain
te de paraître reconnaître implicitement l'é
mir en négociant avec.lui, s'était refusé à toute
négociation. ,
M. le ministre des affaires étrangères a ex
posé les faits que voici :
Abd-eï-Kader a fait, en effet, des offres ;
mais on avait les plus graves raisons de croire
qu'elles n'étaient pas sincères, et qu'il ne fai
sait ces ©ûvértures qu'afin d'accréditer, dans
son intérêt ^ le bruit d'une pacification pro
chaine. On a donc ajourné toute négociation
directe, et en même temps on a pressé l'em
pereur du MaroG de procurer la délivrance
. des prisonniers, en agissant lui-même sur
l'esprit de l'émir. Mais l'empereur du Maroc
- faisait au même moment quelques démonstra-
• tions menaçantes contre la déïra, qui fut obli
gée de s'enfoncer dans l'ouest de l'empire, et
: qui égorgea les Français dont la présence
pouvait embarrasser sa marche.
M. Guizot ne s'en est pas tenu à ces expli
cations. Il s'est empressé, selon l'usage du ca
binet, de mettre sa responsabilité à couvert
derrière quelqu'un, et il a déclaré que le gou
vernement n'avait ajourné la négociation di
recte, que sur l'avis de M. le maréchal Bu-
geaud. Cette déclaration, comme on le pense
bien, a mis le maréchal lui-même en cause,
et la discussion s'est aussitôt dirigée sur ses
'actes, sur son système de guerre, sur les raz-
; zias qu'il croit nécessaires. C'est précisément
ce que voulait M. Guizot. Compromettre,
dans un débat parlementaire, le maréchal
1 absent" et qui ne peut pas se défendre, pren-.
' dr'e ensuite faiblement sa défense, et faire
oublier le cabinet dans ce conflit,. voilà quel
a été le calcul ministériel. C'est toujours le
même' courage et la même franchise.
M. Pelet (de la Lozère), M. Charles Dupin,
< M. de Boissy, ont pris la parole dans cette
-courte "discussion; M.' Pelet (de la Lozère)
pour appuyer les observations de M. le prince
de la Moskova; M. de Boissy pour accuser
les prétendues rigueurs du maréchal-gouver
neur envers les Arabes; et M. Dupin pour
repousser ce reproche avec des paroles de bon
sens. Laguerre est là guerre ; elle autorise les
moyens de destruction et de châtiment qui
peuvent amener une population én armes à
la soumission ; elle ne justifiera jamais l'égor-
gement des prisonniers.
M. de Larcy a ouvert aujourd'hui la dis
cussion générale sur le budget du ministère
de l'agriculture et du commerce. L'honora
ble membre a fait une sorte de revue des at
tributions de ce ministère. Après avoir rendu
hommage aux bonnes intentions de M. Cu-
nin-Gridainé, il a prouvé que les intentions
étaient peu d'accord avec l'action et les faits,
et que M. le ministre était constamment obli
gé de suivre lés impulsions des autres, mem
bres du cabinet , et particulièrement l'in-
fhience de M. le ministre des affaires étran
gères, qui a dans son département le com
merce extérieur et les consulats.
' M. Cunin-Gridaine a été fort sensible aux
complimens de M. de Larcy ; mais il n'à pas
accepté les reproches qui ont succédé aux
aménitçs. Il a tenté, sans réussir, de contester'
les chiffres de M. de Larcy, qui avait prouvé
que dans l'Amérique du Sud surtout, notre
commerce déclinait sensiblement depuis la
politique désastreuse suivie par M.; Guizot
dans les affaires de la Plata. M. Beaumont
(de là Somme) a apporté d'autres observa
tions au débat. Il voudrait que l'administra
tion des forêts fût dans les attributions du mir
nistère de l'agriculture, que les consulats ap
partinssent au ministère du commerce, que
l'agriculture proprement dite ne fut pas con
fondue avec les haras, et qu'elle eût un direc
teur-général et unè dotation-plus considéra
ble. Il est en effet étrange de voir M. le mi
nistre des finances gouverner des forêts, et
M. Guizot gérer les affaires du commerce ex
térieur.
M. Donatien Marquis a soulevé une grave
question. Il a signalé les irrégularités qui
existaient dans le procédé par lequel on fixe
les mercuriales de la farine à Paris. L'agiota
ge se fait à la Halle aussi bien qu'à la Bourse.
On y fait des marchés à terme, des marchés
sur échantillons. Il y a toujours des cotes; alors
même qu'il ne s'est pas vendu un sac de fari
ne, on présente néanmoins des cours. Les
meuniers sont les'rois de la halle à la farine,
et dans ce lieu, on se livre de savantes batailles
pour vendre aux pauvres le pain un peu plus
cher. MM. Mauguin et Lherbetle prennent
part à cette discussion, et chacun de ces deux
orateurs signale de graves abus. Comme M. -
Lherbette a prononcé, à propos de farine/ le
mot de liberté commerciale, M. Chegaray a
repoussé ce principe en insistant un peu trop
fortement sur les inconvéniens de la liberté.
Il y aurait un moyen de paralyser les abus
qui se sont établis dans la détermination du
prix officiel de la farine. Les mercuriales doi
vent être déterminées par des prix réels et non
par des prix résultant de marchés à terme.
Or, les prix réels pourraient facilement s'ob
tenir, si les farines se vendaient, à la criée,
comme cela a lieu pour les beurres, les œufs
et le poisson. Ce moyen a été tenté; mais il a
éprouvé tant de résistances de la part de cer
tains intéressés, qu'il a été abandonné après
quelques, essais très incomplets. Les meuniers
qui siègent à la chambre n'ont pas pris part à
la discussion. M. le ministre de l'agriculture
et du commerce s'en est tiré avec sa formule
habituelle : « La question est à l'étude. » Tou
jours d'excellentes intentions !
La discussion générale étant fermée, la
chambre a voté sans autres débats les quatre
premiers chapitres du budget du ministère de
l'agriculture et du commerce. Au chapitre 5,
encouragements à l'agriculture, la tribune a
de nouveau été occupée. M. de Saint-Priest
demande que le fonds d'encouragement pour
l'agriculture soit porté de un million à douze
cent mille francs. Cet amendement est longue
ment développé par son auteur, et appuyé par
plusieurs membres de la chambre. Il est com
battu par M. le rapporteur et M. Cunin-Gri
daine. M. Michel Chevalier présente quelques
observations Sur la nécessité de spécialiser par
chapitres ce crédit compris dans le chapitre
cinquième, et il entre dans quelques détails sur
l'emploi de ce fonds, tout en rendant justice
aux bonnes intentions âa ministre. L'augmen
tation proposée par M. de Saint-Priest n'a point
été adoptée.
La substitution du droit au poids au droii
par tête sur les bestiaux a été traitée, par
M. Marchant et par M. Havin. Déjà on a fàit
un essai de ce genre pour la Sardaigne, et
M. Cunin-Gridaine a répondu que la ques
tion était à l'étude, et qu'il espérait qu'elle
arriverait bientôt à une solution. C'est tou
jours la même devise. ■ •. "
Le code rural est aussi à l'étude depuis
quatorze ans. La commission instituée pour le
préparer a siégé deux fois en 1852, et depuis
oneques on n'en a entendu parler. M. Boulay
(de la Meurthe) a vivement insisté sur là re
prise de ce travail. Mais ici les difficultés soht
réelles, comme l'a très bien fait remarquer
M. Dupin. L'agriculture n'est point en France
dans des conditions uniformes. Des coûtantes
locales, des usages particuliers, ne perpiéttçnl
point d'appliquer partout le même principe et
la même législation. La tâche est, par feonsé-
quent, ardue et pénible, mais cela ne dispense
pas le ministère de s'en occuper. ' !
M. de Lamartine a réclamé en - faveur des
sociétés d'horticulture le droit d'association,
et il ne veut pas que la liberté dé la végétation
soit gênée. La société d'horticulture de Mâcbn
n'a point pu obtenir jusqu'à présent l'autori
sation de se réunir, et c'est là la circonstance
qui a suggéré à l'honorable orateur, sa récla
mation. M. Cunin-Gridaine a affirmé qu'il
avait corrigé manu proprid (en latin) les
statuts de cette société et que l'affairé serait
expédiée prochainement.
Les deux cent mille francs que M. de Saint-
Priest demandait, outre le million pour en
courager l'agriculture, devaient profiter aux
irrigations. Comme l'augmentation avait été
repoussée par la chambre, M. d'Angeville a
reproduit l'amendement sous forme d'un cha
pitre supplémentaire, et il a exposé, avec beâu-
coup de chaleur, la nécessité d'accorder ' ce
crédit. Il a eu des adversaires, etM.le rappor
teur de la commission a persisté dans ses con
clusions. Avant de mettre l'amendement dejtf.
d r Angeville aux voix,M. le président a deman
dé à l'honorable auteur de la proposition
s'il persistait. Je persiste plus que jamais,! a-
t-il répondu, en accompagnant son affirma
tion d'une expression des plus énergiques.
Quoique ce mot ait beaucoup égayé la cha!m-
bre, elle n'a pas voulu le payer 200,000 fr.,
et l'amendement a été repoussé. Le débat
s'est engagé ensuite sur le chapitre des haras.
ÉLECTIONS.
Le département de l'Isère est, en ce moment, le
témoin de grands scandales électoraux. On connaît
déjà le fait Pellenc. En voici un qui le vaut bien,
et qui, malheureusefhent, ne parait pas moins au
thentique. ; ■ 1 '
On sait la grande querelle qui, depuis un an,
divise et anime l'une contre l'autre la ville de Gre
noble; et la ville de Valence. Grenoble se reliora-
t-il au cheminde fer- de Lyon à Avignon par la
vallée de l'Isère ou par Sàint-Rarobert*? voilà la
question. Le conseil aes ponts-et-chaussées avait,
le 14 mars dernier, adopté, à une forte'majorité,
le tracé de l'Isère, et tout paraissait décidé. Mais
le préfet de l'Isère, ce prefet si consciencieux,-fit,
à ce qu'il paraît, savoir a M. Duchâtel que si l'avis
- A -
FEUILLETON DU CONSTITUTIONNEL.
main, Saint-Laurent et Saint-Ovide, comme fàit aujourd'hui
. la jeunesse élégante pour les exercices équestres de Franconi,
aux Champs-Elysées,
Sous Louis XV, la danse de corde sut de nouveau se re
commander à l'attention et à la bienveillance de la couronne;
voici quelle fut, pour elle, l'occasion de cette recrudescence
de la faveur royale. ^ -
C'était en 1772 ; Louis XV avait alors soixante-deux ans,
et, avec l'âge et l'abus des plaisirs, commençaient "d'arriver
les infirmités.
Un jour, il avait dit à La Martinière, son premier chirur
gien : « Je vois bien que je ne suis plus jeune, il faudra que
j'enraye. — Sire, lui avait répondu l'homme de l'art avec
une brusque franchise, vous feriez mieux de dételer. » Ceci
n'aurait pas fait le compte de la Du Barry, qui s'ingéniait
en mille manières pour distraire son auguste amant de si
sombres pensées. .
Il n'était bruit, à cette époque, que de la troupedes Grands
danseurs, dirigée par le sieur Nicolet.
Etabli sur le boulevard du Temple, où il devint depuis la
Gaîté, cë théâtre, dont un singe acrobate commença la for
tune, représentait des arlequinades, des pièces à machines,
des tragédies burlesques. Entre autres célébrités, il comp
tait dans sa troupe Taconnet, acteur et poète. Cet homme
jouait avec tant de perfection, les rôles de bas peuple et de
savetiers, qu'il aurait été, comme disait plaisamment Préville,
déplacé dans les cordonniers.
Pendant les entr'actes, des danseurs de cordes, des équi-
libristes, des tourneuses, occupaient la scène; leurs exer
cices étaient merveilleux de courage et d'adresse, et gradués
de telle sorte, qu'ils conduisaient le public de surprise en
surprise, d'où le dicton'passé dané la langue : De plus fort
en plus fort comme chez'Nicolet:
La favorite pensa que ce spectacle pourrait un moment
charmer les déplaisirs du monarque, et Nicolet reçut l'ordre
de venir avec son monde au château deChoisy.
On donna Arlequin, dogue d Angleterre, et la mélancolie
du roi ne put tenir contre un fameux endroit de la pièce où,
Arlequin, métamorphosé en chien, vient flairer la robe de
Pantalon e, t lève ensuite dessus, une irrévérente patte de
derrière. Le royal spectateur lut également fort égayé par
la Mort du Bœuf gras, tragédie pour rire de la composition
de Taconnet, et il né prit pas moins de plaisir et d'intérêt
aux tours de force des saltimbanques. Son attention surtout
s'arrêta sur l'un de ces sauteurs, qu'à cause de sa vigiicur,
de sa grâce et de sa bonne mine, on n'appelait partout que le
beau Dupuis. La toile baissée, le roi voulut le voir de plus
près, et après lui avoir adressé quelques paroles bienveil
lantes, ij fit mine de lui mettre dans la main une poignée
dè louis.
Ah ! Sire, seulement l'honneur d'avoir approché Votre Ma
jesté I — dit avec un accent de noble refus le jeune danseur
qui; en même temps, du meilleur air du monde, mit un genou
en terre, afin de se faire pardonner l'audace de son procédé!
Se tournant vers Mme Du Barry :
— Très gentilhomme, ma foi I — dit Louis XV.
La favorite tenait alors une bonbonnière d'écaillé incrustée
d'or; entrant dans l'idée de récompenser ce jeune homme
d'une manière plus conforme à la hauteur de cœur qu'il venait
de montrer :
— Et moi, — dit-elle en lui tendant ce bijou,— est-ce que
vous me refuserez? v
"Lé succès de Dupuis devait être complet. Il prit la bonbon
nière de la belle main qui la lui offrait, et fit comme un mou
vement rapide de la porter à ses lèvres, puis, à mi-chemin, il
s'arrêta, laissant voir que le respect seul l'empêchait de don
ner plus de suite à sa galante intention.
Le roi se retourna de nouveau vers la comtesse d'un air
d'étonnement et d'approbation qui, évidemment, voulait dire :
Où diable l'élégance des manières va-t-elle se nicher ?
En même temps, s'adressant à l'acrobate :
— Dupuis, —reprit-il, — je vous permets à voiis et à vos
camarades de prendre le titre de danseurs du Roi.
Des le lendemain matin, à la place de la modeste enseigne
noire sur gris, qui portait précédemment : Salle des Grands
Dans&urs, le spectacle de Nicolet étalait orgueilleusement, au
milieu de sa façade, une large plaque de marbre noir, et l'on
y lisait, incrusté en lettres d'or, Théâtre des Grands Danseurs
du Roi
Une dizaine d'ouvriers avaient travaillé durant la nuit en
tière, afin que le soleil, à son lever, pût saluer cette transfor
mation subite et glorieuse.
1 -
MERCREDI 5 JUIN 1816.
PUBLICATIONS NOUVELLES
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CHAQUE AMNÈE.
ËDITIÔIV DE .PARIS.
NUMEROIM.
■Mi
. bibliothèque de romans nouveaux -
' contenant : ...
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(contenant les meilleures pièces de théâtre do
l'année.)
Tous ces volumes pourront être brochés et reliés'
Pour chacun des volumes de la Bibliothèque Choisie,
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volumes réunis de chaque Roman nouveau, les
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QUATRE ANNUAIRES.
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/ de <00 pages au moins. ■ <
en JUIN sa CHAQUE AHHÉD.
ANNUAIRE des Lettres, des Artset desThéâtèe».
EH septembre de chaque anctée, j
AN ' K ' ITAÏZU ê! politique (OdputéSj'Pâirs,' ïnilruc-
tion publique, Clergé, Armée et Mariite).» »
eh décembre de chaque ankéb.
ANNUAIRE du Barreau, des Sciences, de ÏA«
griculture et de la Médecine. , •;
en mars de chaque akhée.
ANNUAIRE des C iif.mins de'fer , des Travâut
publics, de la Banque, de l'Industrie. et du Com
merce. .■ . ■; > <
Ces Annuaires réunis remplaceront
Royal, VAlmanach du Commerce et les Annuaires
spéciaux et formeront une précieuse collection, »
16 volumes et A volumes d'Annuaires,
20 volumes far année. V :ï
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■ toute insertion noiT être agréés par u oêiiant.
Pour les Annonces ainsi que polir les Abonnemens, on reçoit des mandais sur Parit.
S 'adresser franco, pour tout ce "
qui concerne l'Administration,'
à M. R obin , Birectain
Extérieur.
ÉTATS - UNIS. — NEW - Vokk , 1o mat. — Le
Courrier des Etats-Unis publie aujourd'hui, en
post-écriptum, l'article suivant :■
« Le télégraphe électrique nous transmet à l'instant
la nouvelle de l'arrivée â Washington d'un M. Ogden,
attaché à l'armée du général Taylor, qui a quitté la
Pointe-Isabelle, le 28 avril,
camp par les Mexicains, mais qu'il n'avait à redouter
d'autre danger sérieux que celui de la famine. On n'a-
fait encore aucune nouvelle du capitaine Thornton et
du lieutenant Mason, et il paraît que c'est à tort qu'on
avait annoncé leur rentrée dans le camp américain.
» Un autre parsonnage, arrivé de la Nouvel
le-Orléans à Washington ,' M. Governor-Edwards,
rapporte que lo brait ' de la prise de la Pointe-Isa
belle parles Mexicains était-généralement répandu
dans la Louisiane. Ce bruit a été' presque aussitôt
contredit à Washington par des-nouvelles dn 2 mai
de la Pointe-Isabelle, qui annoncent que les commu
nication? continuaient à être complètement interrom
pues entre ce point et le camp du général Taylor ;
mais que celui-ci n'avait eu encore à repousser aucune
attaque sérieuse des Mexicains. »
PORTUGAL. — LisfcoNNE , 21 mai. — Ce n'est
pas seulement Alméida et 0, orto qui se sont unis au
mouvement. A Coimbre, les étudians, Téunis au peur
pie, ont attaqué le 8' régiment de chasseurs, et ont
fait prisonnier presque tout eu corps; cent soldats
seulement sont parvenus à s'échapper. Le. chef politi
que a été tué dans'ce mouvement, ainsi que plusieurs
officiers. Une junte de salut public s'est constituée;
M. D. J. A. de Campan en a été nommé, président;
c'est un des hommes les plus distingués du parti pro-
fressiste; il a été ministre; et a rempli-des fonctions
minantes. A Leiria, le peuple a aussi triomphé. M.
Mozeno de Albuquerque est à la tête du mouvement ;
c'est un libéral distingué et très aimé dans le pays.
Tout le pays s'est prononcé. Le gouvernement n'est
plus obéi que dans les places fortes, où il a encore des
troupes à sa disposition.
ESPA GNE. — madbid , 27 mai — Nos journaux
parlent encore une fois de la probabilité d'un chan
gement de cabinet ; ils présentent MM. Mon et Pidal,
comme devant sortir du cabinet pour faire place à
MU. Pacheco et Salamanca ; mais les amis des minis
tres nient le fait.
Les événemens de Portugal produisent une vivo
sensation à Madrid. ;
POLOGNE.—V arsovie , 22 mai. — Le gouverne
ment .russe est décidé à pousser le désarmement gé
néral, de la Pologne, au point d'interdire l'usage de
tout instrument tranchant, les fourchettes et les cou
teaux de tabe exceptés. Les bouchers, qui sont obli
gés de se servir de haches et de grands couteaux, se
ront tenus de déclarer le nombre de ces instrumens
qu ils auront en leur possession, et les frire estampil
ler. Il en sera de môme a 1 égard des couteaux de cui
sine qui dépasseront un certain calibre. D un aulre
côté, on a pris des mesures très sévères pour la sur
veillance des frontie: es et des grandes routes. On no
peut pas faire un pas sans un passeport du gouverne
ment» Un., négociant prussien qui revenait tout ré
cemment dans son pays, après avoir fait un transport
de marchandises en Russie, a été tué par la gardé
frontière russe. Un autre a été blessé d un coup de
feu, etept mort de sa blessure. Tous lis esprits
sont frappés de stupeur à la vue de tant d'atrocités.
■Du 23 mat : L'empereur de Russie est toujours ici,
passant en revue les* troupes de la garnison. Sur les
observations du prince gouverneur, l'empereur a ré
voqué l'amnistie accordée au Polonais qui a été con
damné en France à cinq années de prison pour vol:
'CRACOVfE, 23. ma».: — Le colonel de gendarmerie
russe, Szmetkowski: a reçu une lettre de l'empereur :
datée de Varsovie, dans laquelle l'empereur se plaint
de la lenteur avec laquelle on procède à l'interrogatoire
des accusés. S. M: veut que l'affaire soit terminée le
22 maii (vieux style),' sinon elle enverra ici une com- '
mission aux frais du colonel pour examiner les causes
d'une pareille lenteur. Cette lettre à produit un heu
reux effet, car hier plusieurs accusés ont tté interro
gés."'
TURQUIE. cojv8tantinom.h, <7 mat.—La loi
musulmane tst impitoyable pour, les convertis qui,
après avoir professé l'islamisme, reviennent à leur
première Veligion. Dans le courant de 1845, un" Alba
nais qui avait apostasié, et qui depuis était revenu au
christianisme, a été soumis à la torture de la baston
nade de la manière la plus cruelle. Les ambassadeurs
des puissances européennes ont réclamé, et ont obtenu
une çjcmi satisfaction;et de grandes promesses. Le fa
natisme musulman n'a pas permis qu'elles fussent te
nues. Des familles catholiques albanaises, qui étaient
rentrées dans le sein du catholicisme, habitaient paisi
blement leà environs d'Ulkup. L'ordre de les enlever
et de les transporter sur Nicomédie est arrivé de Cons-
tantinople.,Pourquoi cette émigration forcée? On'a
p'étèndu que c'était pour les soustraire aux mauvais
-trattemens des populations environnantes. Le fait est
que pendant tout le voyage, ces malheureux exilés
ont été en butte aux plus horribles" traitemèns. La
moitié a péri. Les filles et les femmes ont été violées,
et plusieurs victimes de cette brutalité ont succombé.
Les ambassades se sont émues. Une note a été re
mise au gouvernement par les rep-ésentans d'Angle
terre, d'Autriche et de France. Devant cette mani
festation, le Bultan a cédé. Une enquête a été ordon
née. On verra que le gouvernement français trouver*
le moyen d'en tirer vanité. :
PARIS, 2 JUIN
Les journaux de la droite annoncent que
les délégués de l'opinion réformiste se sont
définitivement entendus sur la conduite à te
nir aux prochaines élections, et qu'ils ont ré
solu : 1° de soutenir les candidats réformistes
delà droite, là où on peut lé faire avec dés
chances de succès ; 2° de soutenir, là où ces
chances n'existent pas, les candidats qui se
rapprochent le plus des opinions réformistes,
si ces candidats présentent des garanties suffi
santes d'indépendance et de probité politique.
Dans ces termes et dans ces limites, nous
n'avons aucune objection à faire. Il nous pa
raît tout naturel que la droite réformiste s'ef
force avant tout de faire prévaloir ses propres
candidats, soit sUrles candidats de la gauche,
soit sur les candidats ministériels. Ce qui nous
paraîtrait absurde, ce serait que dans les lo
calités où leur succès est impossible, les réfor
mistes vinssent, par leurs votes j ou par leur
abstention, au secours d'un ministère qui s'est
nettement, formellement, prononcé pour le
statu quo et contre toute espèce de réforme.
Ce qui nous paraîtrait déplorable, ce serait
qu'en vertu de cette folle maxime : Tout ou
n'en, le système d'immobilité et d'immora
lité qui nous régit reçût une assistance inat
tendue. Heureusement ii n'en sera rien, et la
résolution qu'on nous annonce, aura, nous
l'espérons, une influence très salutaire sur
les prochaines élections.
Quant à nous, on le sait, nous n'ayons ja
mais été de ceux qui croient que tout est bien,
soit dans le parlement, soit , dans les collèges
électoraux, et qu'à la corruption toujours
croissante aucune digue ne peut être opposée.
Tout en reconnaissant Je mal et la nécessité de
le guirir, nous nous réservons seulement le
droit de choisir entre les rcmèdes proposés, et
de repousser ceux qui ne nous paraîtraient
pas efficaces; Mais, nous: l'avons dit il' y à
quelques jours, et nous le répétons, le point
important est de formel 1 une majorité qui, au
lieu de nier le mal, le reconnaisse et s'en pré
occupe., Quand cette majorité existera, tout
sans doute ne sera pas terminé, mais il y aura
un très grand pas de fait. C'est pourquoi nous
insistons tant pour que les diverses fractions
de l'opposition, au lieu de se quereller entre
elles j réunissent toutes leurs forces contre
l'énnemi commun. C'est pourquoi nous de
mandons qu'on cherché les ressemblances au
lieu de chercher les différences, et qu'otfse
place sur un terrain où puissent se rencontrer
tous les hommes qui tiennent à la dignité, à la
liberté, à la moralité du pays. Four que cette
grande opposition nationale! sefprmeet mar
che d'accord, il faut, nous ne l'ignorons pas,
quelques sacrifices réciproques et quelque in
dulgence mutuelle. Mais le but qu'il s'agit
d'atteindre n'est-il pas assez élevé pour qu'on
puisse mettre de côté les vieilles querelles- et
les dissidences secondaires ?
Four toutes les opinions honnêtes et sincè
res, ce qu'il y a de plus pressé aujourd'hui,
c'est d'arracher là France à l'empire d'une
politique qui l'abaisse, qui l'énerve, qui la
corrompt; c'est de substituer dans la chambre
même, îa lutte des idées -à celle des intérêts,
et les. influences morales aux influences ma
térielles. Potfr notre part, nous le déclarons,
nous préférerions une chambre hostile à nos
opinions, mais vivante, même passionnée^ à
une chambre morte, sceptique, et que le soin
de sa conservation personnelle absorbe tout
entière. Telle sera, nous l'espérons du
moins, la pensée de nos amis politiques pen
dant la crise électorale; ils chercheront à faire
triompher leurs propres candidats; mais, à
défaut de ceux-ci, ils préféreront au candidat
qui exploite sâ situation, tout homme d'hon
neur bien résolu à faire respecter le drapeau
de la France au dehors, à combattre énergi-
quement au dedans l'arbitraire, le gaspillage
et l'immoralité; que toutes les fractions de
l'opposition en fassent autant, et l'on verra
bientôt ce que valent les vanteries de la presse
ministérielle.
M. le prince de la Moskowa a interpellé
aujourd'hui le gouvernement, à la chambre
des pairs, au sujet du massacre des prison
niers français par la déïra d'Abd-el-Kader.
L'honorable orateur, après avoir dignement
exprimé la profonde émotion qu'a causée
dans le pays la nouvelle de ce massacre, a de
mandé compte au cabinet des démarches qui
avaient dû être faites pour obtenir l'échange
des prisonniers. Le bruit avait été répandu
que cet échange avait été proposé par Abd-el-
Kader, et que le gouvernement, dans la crain
te de paraître reconnaître implicitement l'é
mir en négociant avec.lui, s'était refusé à toute
négociation. ,
M. le ministre des affaires étrangères a ex
posé les faits que voici :
Abd-eï-Kader a fait, en effet, des offres ;
mais on avait les plus graves raisons de croire
qu'elles n'étaient pas sincères, et qu'il ne fai
sait ces ©ûvértures qu'afin d'accréditer, dans
son intérêt ^ le bruit d'une pacification pro
chaine. On a donc ajourné toute négociation
directe, et en même temps on a pressé l'em
pereur du MaroG de procurer la délivrance
. des prisonniers, en agissant lui-même sur
l'esprit de l'émir. Mais l'empereur du Maroc
- faisait au même moment quelques démonstra-
• tions menaçantes contre la déïra, qui fut obli
gée de s'enfoncer dans l'ouest de l'empire, et
: qui égorgea les Français dont la présence
pouvait embarrasser sa marche.
M. Guizot ne s'en est pas tenu à ces expli
cations. Il s'est empressé, selon l'usage du ca
binet, de mettre sa responsabilité à couvert
derrière quelqu'un, et il a déclaré que le gou
vernement n'avait ajourné la négociation di
recte, que sur l'avis de M. le maréchal Bu-
geaud. Cette déclaration, comme on le pense
bien, a mis le maréchal lui-même en cause,
et la discussion s'est aussitôt dirigée sur ses
'actes, sur son système de guerre, sur les raz-
; zias qu'il croit nécessaires. C'est précisément
ce que voulait M. Guizot. Compromettre,
dans un débat parlementaire, le maréchal
1 absent" et qui ne peut pas se défendre, pren-.
' dr'e ensuite faiblement sa défense, et faire
oublier le cabinet dans ce conflit,. voilà quel
a été le calcul ministériel. C'est toujours le
même' courage et la même franchise.
M. Pelet (de la Lozère), M. Charles Dupin,
< M. de Boissy, ont pris la parole dans cette
-courte "discussion; M.' Pelet (de la Lozère)
pour appuyer les observations de M. le prince
de la Moskova; M. de Boissy pour accuser
les prétendues rigueurs du maréchal-gouver
neur envers les Arabes; et M. Dupin pour
repousser ce reproche avec des paroles de bon
sens. Laguerre est là guerre ; elle autorise les
moyens de destruction et de châtiment qui
peuvent amener une population én armes à
la soumission ; elle ne justifiera jamais l'égor-
gement des prisonniers.
M. de Larcy a ouvert aujourd'hui la dis
cussion générale sur le budget du ministère
de l'agriculture et du commerce. L'honora
ble membre a fait une sorte de revue des at
tributions de ce ministère. Après avoir rendu
hommage aux bonnes intentions de M. Cu-
nin-Gridainé, il a prouvé que les intentions
étaient peu d'accord avec l'action et les faits,
et que M. le ministre était constamment obli
gé de suivre lés impulsions des autres, mem
bres du cabinet , et particulièrement l'in-
fhience de M. le ministre des affaires étran
gères, qui a dans son département le com
merce extérieur et les consulats.
' M. Cunin-Gridaine a été fort sensible aux
complimens de M. de Larcy ; mais il n'à pas
accepté les reproches qui ont succédé aux
aménitçs. Il a tenté, sans réussir, de contester'
les chiffres de M. de Larcy, qui avait prouvé
que dans l'Amérique du Sud surtout, notre
commerce déclinait sensiblement depuis la
politique désastreuse suivie par M.; Guizot
dans les affaires de la Plata. M. Beaumont
(de là Somme) a apporté d'autres observa
tions au débat. Il voudrait que l'administra
tion des forêts fût dans les attributions du mir
nistère de l'agriculture, que les consulats ap
partinssent au ministère du commerce, que
l'agriculture proprement dite ne fut pas con
fondue avec les haras, et qu'elle eût un direc
teur-général et unè dotation-plus considéra
ble. Il est en effet étrange de voir M. le mi
nistre des finances gouverner des forêts, et
M. Guizot gérer les affaires du commerce ex
térieur.
M. Donatien Marquis a soulevé une grave
question. Il a signalé les irrégularités qui
existaient dans le procédé par lequel on fixe
les mercuriales de la farine à Paris. L'agiota
ge se fait à la Halle aussi bien qu'à la Bourse.
On y fait des marchés à terme, des marchés
sur échantillons. Il y a toujours des cotes; alors
même qu'il ne s'est pas vendu un sac de fari
ne, on présente néanmoins des cours. Les
meuniers sont les'rois de la halle à la farine,
et dans ce lieu, on se livre de savantes batailles
pour vendre aux pauvres le pain un peu plus
cher. MM. Mauguin et Lherbetle prennent
part à cette discussion, et chacun de ces deux
orateurs signale de graves abus. Comme M. -
Lherbette a prononcé, à propos de farine/ le
mot de liberté commerciale, M. Chegaray a
repoussé ce principe en insistant un peu trop
fortement sur les inconvéniens de la liberté.
Il y aurait un moyen de paralyser les abus
qui se sont établis dans la détermination du
prix officiel de la farine. Les mercuriales doi
vent être déterminées par des prix réels et non
par des prix résultant de marchés à terme.
Or, les prix réels pourraient facilement s'ob
tenir, si les farines se vendaient, à la criée,
comme cela a lieu pour les beurres, les œufs
et le poisson. Ce moyen a été tenté; mais il a
éprouvé tant de résistances de la part de cer
tains intéressés, qu'il a été abandonné après
quelques, essais très incomplets. Les meuniers
qui siègent à la chambre n'ont pas pris part à
la discussion. M. le ministre de l'agriculture
et du commerce s'en est tiré avec sa formule
habituelle : « La question est à l'étude. » Tou
jours d'excellentes intentions !
La discussion générale étant fermée, la
chambre a voté sans autres débats les quatre
premiers chapitres du budget du ministère de
l'agriculture et du commerce. Au chapitre 5,
encouragements à l'agriculture, la tribune a
de nouveau été occupée. M. de Saint-Priest
demande que le fonds d'encouragement pour
l'agriculture soit porté de un million à douze
cent mille francs. Cet amendement est longue
ment développé par son auteur, et appuyé par
plusieurs membres de la chambre. Il est com
battu par M. le rapporteur et M. Cunin-Gri
daine. M. Michel Chevalier présente quelques
observations Sur la nécessité de spécialiser par
chapitres ce crédit compris dans le chapitre
cinquième, et il entre dans quelques détails sur
l'emploi de ce fonds, tout en rendant justice
aux bonnes intentions âa ministre. L'augmen
tation proposée par M. de Saint-Priest n'a point
été adoptée.
La substitution du droit au poids au droii
par tête sur les bestiaux a été traitée, par
M. Marchant et par M. Havin. Déjà on a fàit
un essai de ce genre pour la Sardaigne, et
M. Cunin-Gridaine a répondu que la ques
tion était à l'étude, et qu'il espérait qu'elle
arriverait bientôt à une solution. C'est tou
jours la même devise. ■ •. "
Le code rural est aussi à l'étude depuis
quatorze ans. La commission instituée pour le
préparer a siégé deux fois en 1852, et depuis
oneques on n'en a entendu parler. M. Boulay
(de la Meurthe) a vivement insisté sur là re
prise de ce travail. Mais ici les difficultés soht
réelles, comme l'a très bien fait remarquer
M. Dupin. L'agriculture n'est point en France
dans des conditions uniformes. Des coûtantes
locales, des usages particuliers, ne perpiéttçnl
point d'appliquer partout le même principe et
la même législation. La tâche est, par feonsé-
quent, ardue et pénible, mais cela ne dispense
pas le ministère de s'en occuper. ' !
M. de Lamartine a réclamé en - faveur des
sociétés d'horticulture le droit d'association,
et il ne veut pas que la liberté dé la végétation
soit gênée. La société d'horticulture de Mâcbn
n'a point pu obtenir jusqu'à présent l'autori
sation de se réunir, et c'est là la circonstance
qui a suggéré à l'honorable orateur, sa récla
mation. M. Cunin-Gridaine a affirmé qu'il
avait corrigé manu proprid (en latin) les
statuts de cette société et que l'affairé serait
expédiée prochainement.
Les deux cent mille francs que M. de Saint-
Priest demandait, outre le million pour en
courager l'agriculture, devaient profiter aux
irrigations. Comme l'augmentation avait été
repoussée par la chambre, M. d'Angeville a
reproduit l'amendement sous forme d'un cha
pitre supplémentaire, et il a exposé, avec beâu-
coup de chaleur, la nécessité d'accorder ' ce
crédit. Il a eu des adversaires, etM.le rappor
teur de la commission a persisté dans ses con
clusions. Avant de mettre l'amendement dejtf.
d r Angeville aux voix,M. le président a deman
dé à l'honorable auteur de la proposition
s'il persistait. Je persiste plus que jamais,! a-
t-il répondu, en accompagnant son affirma
tion d'une expression des plus énergiques.
Quoique ce mot ait beaucoup égayé la cha!m-
bre, elle n'a pas voulu le payer 200,000 fr.,
et l'amendement a été repoussé. Le débat
s'est engagé ensuite sur le chapitre des haras.
ÉLECTIONS.
Le département de l'Isère est, en ce moment, le
témoin de grands scandales électoraux. On connaît
déjà le fait Pellenc. En voici un qui le vaut bien,
et qui, malheureusefhent, ne parait pas moins au
thentique. ; ■ 1 '
On sait la grande querelle qui, depuis un an,
divise et anime l'une contre l'autre la ville de Gre
noble; et la ville de Valence. Grenoble se reliora-
t-il au cheminde fer- de Lyon à Avignon par la
vallée de l'Isère ou par Sàint-Rarobert*? voilà la
question. Le conseil aes ponts-et-chaussées avait,
le 14 mars dernier, adopté, à une forte'majorité,
le tracé de l'Isère, et tout paraissait décidé. Mais
le préfet de l'Isère, ce prefet si consciencieux,-fit,
à ce qu'il paraît, savoir a M. Duchâtel que si l'avis
- A -
FEUILLETON DU CONSTITUTIONNEL.
main, Saint-Laurent et Saint-Ovide, comme fàit aujourd'hui
. la jeunesse élégante pour les exercices équestres de Franconi,
aux Champs-Elysées,
Sous Louis XV, la danse de corde sut de nouveau se re
commander à l'attention et à la bienveillance de la couronne;
voici quelle fut, pour elle, l'occasion de cette recrudescence
de la faveur royale. ^ -
C'était en 1772 ; Louis XV avait alors soixante-deux ans,
et, avec l'âge et l'abus des plaisirs, commençaient "d'arriver
les infirmités.
Un jour, il avait dit à La Martinière, son premier chirur
gien : « Je vois bien que je ne suis plus jeune, il faudra que
j'enraye. — Sire, lui avait répondu l'homme de l'art avec
une brusque franchise, vous feriez mieux de dételer. » Ceci
n'aurait pas fait le compte de la Du Barry, qui s'ingéniait
en mille manières pour distraire son auguste amant de si
sombres pensées. .
Il n'était bruit, à cette époque, que de la troupedes Grands
danseurs, dirigée par le sieur Nicolet.
Etabli sur le boulevard du Temple, où il devint depuis la
Gaîté, cë théâtre, dont un singe acrobate commença la for
tune, représentait des arlequinades, des pièces à machines,
des tragédies burlesques. Entre autres célébrités, il comp
tait dans sa troupe Taconnet, acteur et poète. Cet homme
jouait avec tant de perfection, les rôles de bas peuple et de
savetiers, qu'il aurait été, comme disait plaisamment Préville,
déplacé dans les cordonniers.
Pendant les entr'actes, des danseurs de cordes, des équi-
libristes, des tourneuses, occupaient la scène; leurs exer
cices étaient merveilleux de courage et d'adresse, et gradués
de telle sorte, qu'ils conduisaient le public de surprise en
surprise, d'où le dicton'passé dané la langue : De plus fort
en plus fort comme chez'Nicolet:
La favorite pensa que ce spectacle pourrait un moment
charmer les déplaisirs du monarque, et Nicolet reçut l'ordre
de venir avec son monde au château deChoisy.
On donna Arlequin, dogue d Angleterre, et la mélancolie
du roi ne put tenir contre un fameux endroit de la pièce où,
Arlequin, métamorphosé en chien, vient flairer la robe de
Pantalon e, t lève ensuite dessus, une irrévérente patte de
derrière. Le royal spectateur lut également fort égayé par
la Mort du Bœuf gras, tragédie pour rire de la composition
de Taconnet, et il né prit pas moins de plaisir et d'intérêt
aux tours de force des saltimbanques. Son attention surtout
s'arrêta sur l'un de ces sauteurs, qu'à cause de sa vigiicur,
de sa grâce et de sa bonne mine, on n'appelait partout que le
beau Dupuis. La toile baissée, le roi voulut le voir de plus
près, et après lui avoir adressé quelques paroles bienveil
lantes, ij fit mine de lui mettre dans la main une poignée
dè louis.
Ah ! Sire, seulement l'honneur d'avoir approché Votre Ma
jesté I — dit avec un accent de noble refus le jeune danseur
qui; en même temps, du meilleur air du monde, mit un genou
en terre, afin de se faire pardonner l'audace de son procédé!
Se tournant vers Mme Du Barry :
— Très gentilhomme, ma foi I — dit Louis XV.
La favorite tenait alors une bonbonnière d'écaillé incrustée
d'or; entrant dans l'idée de récompenser ce jeune homme
d'une manière plus conforme à la hauteur de cœur qu'il venait
de montrer :
— Et moi, — dit-elle en lui tendant ce bijou,— est-ce que
vous me refuserez? v
"Lé succès de Dupuis devait être complet. Il prit la bonbon
nière de la belle main qui la lui offrait, et fit comme un mou
vement rapide de la porter à ses lèvres, puis, à mi-chemin, il
s'arrêta, laissant voir que le respect seul l'empêchait de don
ner plus de suite à sa galante intention.
Le roi se retourna de nouveau vers la comtesse d'un air
d'étonnement et d'approbation qui, évidemment, voulait dire :
Où diable l'élégance des manières va-t-elle se nicher ?
En même temps, s'adressant à l'acrobate :
— Dupuis, —reprit-il, — je vous permets à voiis et à vos
camarades de prendre le titre de danseurs du Roi.
Des le lendemain matin, à la place de la modeste enseigne
noire sur gris, qui portait précédemment : Salle des Grands
Dans&urs, le spectacle de Nicolet étalait orgueilleusement, au
milieu de sa façade, une large plaque de marbre noir, et l'on
y lisait, incrusté en lettres d'or, Théâtre des Grands Danseurs
du Roi
Une dizaine d'ouvriers avaient travaillé durant la nuit en
tière, afin que le soleil, à son lever, pût saluer cette transfor
mation subite et glorieuse.
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