Titre : Le Constitutionnel : journal du commerce, politique et littéraire
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1845-04-07
Contributeur : Véron, Louis (1798-1867). Rédacteur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32747578p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 07 avril 1845 07 avril 1845
Description : 1845/04/07 (Numéro 97). 1845/04/07 (Numéro 97).
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Description : Collection numérique : La Grande Collecte Collection numérique : La Grande Collecte
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k667049c
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
LUNDI 7 AVRIL 1843.
■ii i mu iiim nmiCTiwmiraimni
édition de paris.
NUMÉRO 97.
iwdais;
JOURNAL DU COMMERCE, POLITIQUE ET LITTERAIRE.
S'Aj fomÉ A. PARIS, RUE MONTMARTRE, N- 121,
■T, ftjg» ÏJtS DÉPARTKSSEKS, CHEZ LES DIRECTEURS DES POSTES,
ET A TOUTES LES MESSAGERIES.
Ar Londres, chex MM. Corne et fis, rue Saint-Anne'* Lan*.
: PARIS.
ra AN ................. 40 »H.
SIX MOIS ;.. 20'
TROIS HOISw.. . . ....... 10
DÉPABTEMENS ET ÉTRANGER.
me AS .|î .a..(.».....i. 48 ni.'
SIX Mots 2S
TROIS MOIS. 12
.... • ' ■ ANNONCES.
1 fjrano 89 cent, la petite ligne; — 3 franc* la ligne de Réclame.
TOUTE IHSEAIIOK BOIT ÉTRB ACRÉÉH PAR LB GÉRANT.
Le* lettres non affranchies teront rigoureusement refusée*.
Ï»A!5S», 6 AVBIIi.
; Les chemins de fer peuvent-ils suppléer les voies navigables
«çour; le transport des objets et des marchandises? Voilà une ques-
•tion qui s'agite depuis plusieurs années et qui a été résolue en
sens divers. Elle a surgi l'année demie; e à la chambre des dé
putés qui.aprèsune discussion animée, a suspendu les travaux du
canal ae là Marne au Rhin et du canal latéral à la Garonne. Cette :
décision a été motivée, pour la première de ces voies navigables
«iStirtoat^ur l'établissemâat^dôs chemins-de fer èt sur l'action ab
sorbante qu'ils exerceraient sur les canaux qui leur seraient
parallèles,', Çe Vote toutefois étxit loin d'impliquer la solution de
la question. Ôa craignait seulement de s'engager dans des tra-,
ivaux dont l'utilité était devenue problématique par l'établisse
ment des chemins de fer. On se foaiait d'ailleurs sur quelques
données, fort incomplètes à la vérité, qu'on avait recueillies sur
lès effets combinés des canaux et des chemins de fer anglais;
il semblait en résulter que les premiers devaient inévitablement
Succomber par'la concurrence des seconds. On citait des exem
ples, et particulièremeat celui du canal de Crovdon converti en
chemin de fer. On a, déplus, construit de3 tableaux où l'on éta
blissait la dépréciation des actions des canaux depuis l'établis
sement des chemins de fer. Mais, comme il arrive presque tou
jours ën pareille circonstance, les faits et les chiffres avaient
été choisis à l'appui d'idées et de théories préconçues. On aban
donnait les appréciations générales ên «'attachant à, des points de
détail. On exaltait les chemins de fer aux dépens des voies navi
gables, et, dans quelques circonstances, on allait jusqu'à suppri
mer les fleuves au profit des routes artificielles.
La réaction était grave,; c'était en quelque sorte désavouer la
; Providence qui a sillonné le globe de chemins qui marchent, pour
: nous servir de l'expression de Pascil. Les fleuves et les rivières,
dont les canaux ne sont que le complément, sont des voies pri-
, witives çt naturelles qui survivront sans doute aux plus ingé
nieuses combinaisons dé l'art, et quelle que puisse être l'action
-Ides chemins de fer, l'Escaut, le Rhin, le Danube, le Rhôae, la
, Loire, avec leurs affluens et leurs dépendances, resteront toujours
; de puissans instrumens pour le commerce et l'industrie, et, en
dernière analyse, pour la civilisation. Cette vue générale, quelque
rationnelle qu'elle soit en elle-même, ne suffit cependant pas
" pour résoudre un prob'ème aussi important que celui qui a été
soulevé par l'établissement des chemins de fer. Aussi des hommes
; spéciaux, des économistes et des ingénieurs, se sont-ils empressés
détudier lès faits,-de multiplier les tèrmes de comparaison et de
• faire des enquêtes propres à donner des solutions rassurantes et
définitives.
Npus avons socs les yeux un travail de M. Collignon, ingénieur
en chef dès ponts-et-chaussées, intitulé : du Concours des Canaux
et des Chemins de fer et de l'achèvement du Canal de la Marne au
- Rhin, où l'existence simultanée des canaux et des chemins de fer
,■ est examinée avec une parfaite sagacité. L'auteur a restitué aux
• faits leur véritable valeur, et il a fait concourir à la solution du
problème des données générales et particulières, réunies en Belgi
que; en Angleterre et en France.
En Belgique, le réseau des chemins de fer est achevé, et. il est
doublé dans presque toute son étendue par un système de voies
; navigables. De Bruxelles à Acvers, de Bruxelles à Gand et à Os-
tende; de Gand à Courtrai et à Lille, et de Bruxelles à Charleroi et
' à Namur, le rail-way est parallèle à une ligne de navigation, c ! est-
à -dire sur 560 kilomètres de chemins de fer, 440 sont ainsi dou-
' blés. Qu'est-il arrivé? Les produits des droits de navigation pour
les principales lignes parallèles aux chemins de fer ont plutôt
; augmenté que diminué. Ils étaient, en 1842, de 1,925,000 fr., et
„ ên 1844 de 1.963,000 fr. Pour le canal de Charleroi, qui rattache
rkvnxsvôsf sra coHs*raswio3rarc& sv 7 avbix. iws. »
IiE CONSTITUTIONNEL donnera aux abonnés nou
veaux. qui s'inscriront .à dater du 1 er avril 1S15,
tous les chapitres de I/AMiÉE ïîES VEUVES pu
bliés avant cette epoque.
(Voir l'article THÉÂTRE à la Ou du journal.)
1/ALLÉE DES "VEUVES
(i)
MtEMIEUE PARTIE.
CHAPITRE XIII.
Le lendemain, jour do son mariage, en s'éveillant dans sa chambre
qu'il allait quitter pour toujours, Chevillard se sentit saisi d'un singu
lier mouvement de tristesse. Les lieux où nous ayons long-temps vécu
semblent prendre une voix pour nous parler, au moment où nous
les quittons, et quant à l'idée de cette séparation vient se joindre
celle de l'éternité dans l'abandon, notre cœur se serre douloureusement,
nonobstant les promesses du bonheur qui ailleurs nous attend. Tout en
se préparant pour la cérémonie, l'ancien commis de Mlle Lebeau pensa
aux longues années qui s'étaient écoulées pour lui dans cet agréable
réduit, et il ne put s'empêcher de reconnaître que si, durant cette lon
gue période de sa vie, de grandes joies et de bien vifs plaisirs n'en a-
vaient pas marqué le cours, pendant ce temps aussi, il avait vécu à
l'abri des amers soucis et des graves mécomptes.
Ses témoins, qui vinrent le prendre un peu après, firent cependant
une heureuse diversion à cette rêverie mélancolique, et bientôt on se
trouva transporté à la maison de l'Allée des Veuves, où déjà Legros,
ainsi qu'un de ses amis qui devait être avec lui témoin du côté d'Esther,
était arrivé avec Morizot.
(1) Toute reproduction, même partielle de ce feuilleton, est interdite.
Voir nos numéros des 26, 27, 28, 29 et 30 mars, 1 er , 2, 3, 4, 8 et 6
avril.
Bruxelles à là Sambre, les résultats sont snrtôiit remarquables :
les produits , qui n'avaient été en 1829 que d'Un million environ,
sont portés au budget de 1844 pour 1,350,000 fr. Pendant ce
temps-là le mouvement sur les chemins dé fer s'est également ac
cru, mais nullement au détriment des voies navigables, comme
on le craignait au moment de l'établissement dès chemins de fer.
En Angleterre, ; l'expérience a éié faite sur une échelle plus
vaste encore, et M. Minard, inspectenr-divisionnaire des pontg-e$-
chaussées, a fait voir que le capit^l^ea actions des canaux avait
encore une valeur fort supérieure, à4a valeur primitive de ces ac
tions, c'est-à-dire que les canaux qui, dans l'origine, ont coûté
260 millions, représentent aujourd'hui encore une valeur de plus
de 500 millions, malgré la dépression que les chemins de fer ont
fait éprouver aux titres afférens à ces voies de communication.
Une portion des transports à nécessairement dû se porter sur les
chemins de fer, mais le mouvement sur les canaux est encore tel,
que les produits qu'ils donnent, représentée pour le capital pri
mitif un intérêt de près de 10 pour 100. Il n'y a là rien qui res
semble à uné ruine.
En France, les expériences sont moins concluantes ; mais on
trouve cependant que le canal de Givors rend au commerce à peu
près.les mêmes services qu'en 1829, et que, s'il y a eu dépression
dans les produits, cela résulte d'une réduction de trois cinquièmes
sur les droits de navigation, et nullement d'une diminution dans
les transports. D'après les calculs de M. Collignon , le chemin de
fer de Paris à Rouen n'aurait enlevé à la navigation de la Seine,
pendant le semestre du 1 er avril au 30 septembre 1844 , qu'envi
ron 13,000 tonnes, et encore, pour arriver à ce résultat, la com
pagnie a-t-elle dû s'imposer de tels sacrifices que sa recette brute
ne s'est accrue que de 13,000 francs, et que , sous le rapport des
bénéfices, il eût mieux valu laisser les 13,000 tonnes à la naviga
tion sur la Seine. Nous le répétons, pour la France l'expérience est
moins décisive; mais comme nous avons chez nous les mêmes ana
logies qu'en Angleterre et en Belgique, nous arriverons inévitable
ment, au bout d'un certain temps, à des résultats semblables.
Maintenant, il y a une autre question, c'est celle du taux com
paratif des prix de locomotion. D'après'les données et les élémens
réunis par M. Collignon, et qui nous paraissent avoir une assez
grande précision, le prix effectif total du transport de la marchan
dise par le chemin de fer de Paris à Rouen, par exemple, doit être
compté, an minimum, par tonne et par kilomètre, à neuf centi
mes, et le prix sur les canaux et rivières à trois centimes. On voit
que les voies ,navigables offrent, dès lors, dans le prix effectif du
transport, tout péage mis à part, u $e économie sur les chemins
de fer de six centimes par tonne et par kilomètre. Voilà des indi
cations qui peuvent servir de base à de nouvelles études et qui
changent notablement l'état de la question. Ce n'est pas tout : il y
a des impossibilités matérielles qui s'opposent à l'absorption par
les chemins de fer des transports sur les voies navigables. Ainsi
le service du chemin de fer de Rouen, pour s'emparer de la navi
gation en remonte de la Seine, devrait s'établir sur un accroisse
ment journalier de tonnage de 1,000 à 1,200 tonnes, exigeant au
moins dix convois en remonte et autant en descente, ce qui sup
pose vingt convois de plus que le service actuel.
Dans l'état actuel des choses, il y en a dix-huit dans la saison
d'été. Pour que ce service pût se réaliser, la compagnie serait
donc forcée ae doubler le nombre de ses voies, en d'autres ter
mes, de construire un second chemin de fer. Cette circonstance se
retrouve dans la plupart des directions qui ont à la fois un rail-
way et une voie navigable. Le système exclusif des chemins de
fer perd toute sa valeur en présence des faits de cette nature, et
nous croyons qu'on reviendra sans difficulté de cette répugnance
3ui s'était emparée de quelques esprits pour les voies fluviales,
ès qu'on aura étudié le problême sans prévention et dans ses
Dans son costume de mariée, la fiancée était d'une beauté sans pa
reille, et les amis de Chevillard, même celui qui lui avait fait quelque
objection à son mariage, le félicitèrent vivement de son bonheur. Le
gros, ainsi que le comportait la circonstance, se montrait de fort belle
humeur, et Mme de Saint-Martin, dans une toilette des plus recherchées,
paraissait surtout occupée de l'effet qu'elle produisait sur les assistans.
Quanta Morizot, il était grave et préoccupé comme s'il eût été au moment
de l'adjudication d'un grand marché de fournitures sur soumissions ca
chetées.
L'accueil qu'Esther fit à son mari, ne se ressentit en rien de cette bi
zarre hésitation qu'elle avait montrée la veille, et elle parut avec tout
l'air d'une personne qui, sachant bien ce qu'elle veut et où elle va, n'a
rien à regretter dans le dessein auquel elle s'est arrêtée.
Quelques instans plus tard on partit pour la mairie, et après que les
époux eurent reçu la bénédiction nuptiale à l'église de Saint-Pierre de
Chaillot, suivant le programme arrêté, on revint déjeûner chez Mme de
Saint-Martin.
Les témoins de Chevillard, qui s'étaient étonnés d'abord de ne pas voir
avec eux un peu de parenté, au retour de la cérémonie où la lecture des
actes leur avait appris la position de famille d'Esther, s'expliquèrent
celte singularité, et en leur qualité d'amis du marié, ils ne furent pas
absolument fâchés d'apprendre qu'au bonheur un peû merveilleux de
leur ancien confrère, se rencontrait quelque déchet. Ils commentèrent
aussi à leur manière l'absence assez remarquable de Mlle Lebeau, et le
splendide équipage de Morizot, dans lequel fut menée la mariée, devint
aussi sourdement, entre eux, l'occasion de certaines remarques, fort
singulières pour ne pas dire plus.
Du reste, l'aspect de cette noce presque strictement réduite au nom
bre d'assistans commandé par la loi, -avait quelque chose de triste. Le
repas qui suivit, entre gens qui se rencontraient pour la première fois
et ne devaient pas se revoir, ne fut animé d'aucune gaîté; Morizot qui
était là le personnage incontestablement le plus considérable, ne fit pas
les moindre fraiss pour mettre à son aise les convives, et garda cons
tamment au contraire un air d'ennui et de morgue propre à glacer la
joie qui aurait essayé de jeter un peu de vie au milieu de cette froide
réunion.
Le seul des convives qui parut goûter la situation fut le témoin qu'a
vait amené Legros. Il fit si bien honneurau banquet, qu'un peu avant de
quitter la table, il commençait à donner des inquiétudes sur la manière
dont il en sortirait. Se donnant pour un ancien héros de la célèbre tren
te-deuxième demi-brigade, il occupa une grande partie de la séance à ra
conter ses campagnes, et quand on fut passé dans le salon pour pren-
rapports avec les moyens d'exécution, l'économie des transports
et les nécessités du commerce et de l'industrie.
! ——— '
■ Le gouvernement ne donne pas ce soir de nouvelles de Suisse.
Nous en devons conclure que les hostilités avaient cessé. En ce
>moment la diète est de nouveau réunie ; mais la présidence a
changé de titulaire, par suite de la retraite un peu forcée de M.
-Mousson; Ainsi^ rtpdis que le parti du mouvement, éprouvait -
"une défaite sangîàntê '"sons les murs dé Lucerne, une vic
toire pacifique rendait à l'opinion libérale plus de forcé peut-être
que ne lui en eût donné le triomphe des insurgés lucernois. Pour
quoi faut-il que ce changement ne se soit pas opéré quelques jours
plus tôt? Beaucoup de sang n'aurait pas été inutilement répandu.
Voici les nouvelles qui nous sont transmises:
■ . « Zurich, le 3. avril.
» Les détails commencent à arriver en assez grande abondance sur la
journée néfaste d'avant-hier ; mais ils continuent à être, ponr la plupart,
assez incohérens et incomplets, surtout ceux qui sont donnés par le. parti
vainqueur, lequel cherche • naturellement ' à rehausser son triomphe en
augmentant le nombre de ses adversaires, et en diminuant d'une manière
incroyable celui de ses propres morts et blessés.
» Les insurgés tenaient avant tout à s'emparer de la capitale. C'est
dans ce bat que le corps d'armée principal était parvenu, au prix d'une
marche très fatigante, à tourner deux positions où le général Sonnenberg
avait d'abord concentré une grande partie de ses moyens de défense, sa
voir : la ville de Sufzée et le pont de l'Emme. Il avait bien fallu, il est
vrai, franchir denx.fois l'Emme, près da Welkhausenet à Littau, et livrer
aux abords des ponts des engagemens très meurtriers ; mais on avait
triomphé de ces obstacles, et lorsque le principal corps d'armée arriva,
lnndi 31 mars, à cinq heures du soir, dans les premiers faubourgs de Lu-
cerne, il eût été possible, en livrant tout de suite un assaut, de prendre la
ville, très peu fortifiée de sa nature, qui n'était encore occupée que par
la landwehr cantonale et le contingent d'Uri. Mais l'armée insurrection
nelle était harassée d'une marche de quatorze heures consécutives, entre
mêlés de combats partiels; le conseil de guerre jugea donc nécessaire de ren
voyer au lendemain le commencement les hostilités, en se bornant à prendre
position sur la. Gutsch, colline qni domine Lucerne. Déjà cette position
avait coûté beaucoup de monde au corps expéditionnaire. Cependant, il
"parvint à y braquer quatre pièces d'artillerie, dont l'usage immédiat eût
probablement sufû pour amener Lucerne "à capituler, si le .chef civil de
l'expédition, le docteur Steiger, ne s'était opposé à cette mesure, par des
motifs d'humanité qu'il devait payer bien cher. •
» Le pied de Ta colline était gardé par deux bataillons de corps-francs ,
formant un effectif de douze cents hommes. Dès l'aube du jour, le lende
main,ces troupes' furent attaquées par six; mille hommes débarqués en
grande partie le soir et la nnit des cantons d'Uri et d'Unterwald. Les corps-
francs, après s'être défendus comme des lions, virent leurs rangs rompus,
et leor artillerie qui ne pouvait, vu la petitesse des pièces , lutter aveo
avantage contre la grosse artillerie lucernoise, tomba, au bout de cinq
heures d'une lutte acharnée, au pouvoir de l'ennemi.
» Une seconde colonne d'insurgés, forte à peu près de mille hommes
et qui avaient passé la nuit à Littau et dans d'autres villages voisins de
Lucerne, situés dans la même direction, n'arriva sur le lieu du combat
que pour être témoin dé la dispersion de la première. Elle ne songea dès
lors qu'à protéger sa retraite, et se replia sur Matters et Schachen, mais
elle rencontra deux bataillons détachés de Surzée pendant la nuit et qui,
renforcés par la landsturm, parvinrent à se rendre maîtres des trois piè
ces d'artillerie et de tout le bagage que cette colonne avait avec elle.
» Restait la troisième colonne d'insurgés qui, pour faire une utile diver
sion, et retenir les troupes gouvernementales hors de la ville, avait cher
ché à déboucher sur Lucerne par le point le plus périlleux, c'est-à-dire
par la route de Sùrzée. Parvenue en effet à l'Emmenbau, à une demi-
lieue de la> ville, elle fut reçue par un feu d'artillerie bien nourri, qui tua
du premier coup le porte-enseigne de l'armée. Le combat fut très meur
trier, et les carabiniers d'Unterwald furent même d'abord repoussés avec
une perte considérable, mais la colonne d'insurgés, privée de ses chefs qui,
s'exposant les premiers, avaient payé de leur vie cette témérité, troava
tant d'obstacles à poursuivre sa route, qu'elle ne put opérer sa jonction
avec les deux colonnes déjà arrivées près de Lucerne par la direction de
Willisau. Cette circonstance eut l'influence la plus désastreuse sur l'issue
de l'expédition.
» Des trois colonnes, cette dernière fut celle qai put le moins difficile
ment opérer sa retraite. Les deux autres furent cruellement décimées, et
dre le café, il était arrivé à un état si expansif, qu'il voulut à toute force
embrasser Mme de Saint-Martin, et s'oublia jusqu'à frapper sur le ventre
du munitionnaire en l'appelant papa Morizot.
Pour débarrasser la maison de ce bruyant convive, qui demandait si
l'on n'allait pas faire une partie de bouillotte, Legros ne vit qu'un moyen,
celui de lui proposer, à voix basse, de le conduire chez des beautés de
sa connaissance, un peu moins collet-monté que la dame du lieu et dans
la compagnie desquelles il trouverait du punch à boire et des cartes à
manier.
Ce commencement de désertion fut bientôt suivi du départ de Mo
rizot , qui, après avoir causé un moment en particulier avec.Mme de
Saint-Martin, fit demander sa voiture. Presque aussitôt après, les té
moins de Chevillard crurent devoir se retirer, et les époux, à leur'grand
contentement, se trouvèrent seuls, ou du moins n'ayant plus avec eux,
en tiers, que Mme de Saint-Martin.
Après deux heures d'une conversation où se dirent les choses les plus
tendres que l'on peut croire, Mme de Saint-Martin, qui gardait tout le
sang-froid et toute l'autorité d'une belle-mère, dit à Chevillard que c'é
tait assez faire le tourtereau, et qu'il lui fallait, puisque son domicile
était désormais fixé dans la maison, aller prendre à son ancien logement
les hardes qu'il y avait laissées, car il n'aurait pas été convenable qu'il
en opérât l'emménagement avant le mariage célébré.
L'avis était sensé, et, quoique faisant descendre l'heureux époux de
son ciel, pour le condamner à des détails terriblement prosaïques, il dut
en tenir compte. S'arrachant avec tout Je regret du monde d'auprès
d'Esther, Chevillard, après l'avoir embrassée, retourna passer le reste
du jour dans sa chambré- du quartier Saint-Denis, et, malgré toute sa
diligence, les détails dont il avait à s'occuper le retinrent assez long
temps pour qu'il fût près de six heures du soir lorsqu'il arriva avec tou
tes ses malles et paquets au nouveau logement dont il venait prendra
possession.
Il avait été convenu que Legros et Morizot reviendraient dîner chez
Mme de Saint-Martin, et que, pour employer la soirée, on irait, cette
fois encore, à l'Opéra.
Legros fut'exact, mais Morizot se fit attendre, et son retard se pro
longea à ce point que l'on dut prendre le parti de se mettre à table sans
lui.
Au milieu de ce-qu'on pourrait appeler le souper, car il était alors
aux environs de neuf heures, le munitionnaire arriva, mais avec un
air fort contraint, et qui devait faire supposer que l'affaire pour laquellp
il avait été retenu n'était pas d'une nature fort réjouissante.
Il se mit à table et s'adressant à Chevillard :
■ii i mu iiim nmiCTiwmiraimni
édition de paris.
NUMÉRO 97.
iwdais;
JOURNAL DU COMMERCE, POLITIQUE ET LITTERAIRE.
S'Aj fomÉ A. PARIS, RUE MONTMARTRE, N- 121,
■T, ftjg» ÏJtS DÉPARTKSSEKS, CHEZ LES DIRECTEURS DES POSTES,
ET A TOUTES LES MESSAGERIES.
Ar Londres, chex MM. Corne et fis, rue Saint-Anne'* Lan*.
: PARIS.
ra AN ................. 40 »H.
SIX MOIS ;.. 20'
TROIS HOISw.. . . ....... 10
DÉPABTEMENS ET ÉTRANGER.
me AS .|î .a..(.».....i. 48 ni.'
SIX Mots 2S
TROIS MOIS. 12
.... • ' ■ ANNONCES.
1 fjrano 89 cent, la petite ligne; — 3 franc* la ligne de Réclame.
TOUTE IHSEAIIOK BOIT ÉTRB ACRÉÉH PAR LB GÉRANT.
Le* lettres non affranchies teront rigoureusement refusée*.
Ï»A!5S», 6 AVBIIi.
; Les chemins de fer peuvent-ils suppléer les voies navigables
«çour; le transport des objets et des marchandises? Voilà une ques-
•tion qui s'agite depuis plusieurs années et qui a été résolue en
sens divers. Elle a surgi l'année demie; e à la chambre des dé
putés qui.aprèsune discussion animée, a suspendu les travaux du
canal ae là Marne au Rhin et du canal latéral à la Garonne. Cette :
décision a été motivée, pour la première de ces voies navigables
«iStirtoat^ur l'établissemâat^dôs chemins-de fer èt sur l'action ab
sorbante qu'ils exerceraient sur les canaux qui leur seraient
parallèles,', Çe Vote toutefois étxit loin d'impliquer la solution de
la question. Ôa craignait seulement de s'engager dans des tra-,
ivaux dont l'utilité était devenue problématique par l'établisse
ment des chemins de fer. On se foaiait d'ailleurs sur quelques
données, fort incomplètes à la vérité, qu'on avait recueillies sur
lès effets combinés des canaux et des chemins de fer anglais;
il semblait en résulter que les premiers devaient inévitablement
Succomber par'la concurrence des seconds. On citait des exem
ples, et particulièremeat celui du canal de Crovdon converti en
chemin de fer. On a, déplus, construit de3 tableaux où l'on éta
blissait la dépréciation des actions des canaux depuis l'établis
sement des chemins de fer. Mais, comme il arrive presque tou
jours ën pareille circonstance, les faits et les chiffres avaient
été choisis à l'appui d'idées et de théories préconçues. On aban
donnait les appréciations générales ên «'attachant à, des points de
détail. On exaltait les chemins de fer aux dépens des voies navi
gables, et, dans quelques circonstances, on allait jusqu'à suppri
mer les fleuves au profit des routes artificielles.
La réaction était grave,; c'était en quelque sorte désavouer la
; Providence qui a sillonné le globe de chemins qui marchent, pour
: nous servir de l'expression de Pascil. Les fleuves et les rivières,
dont les canaux ne sont que le complément, sont des voies pri-
, witives çt naturelles qui survivront sans doute aux plus ingé
nieuses combinaisons dé l'art, et quelle que puisse être l'action
-Ides chemins de fer, l'Escaut, le Rhin, le Danube, le Rhôae, la
, Loire, avec leurs affluens et leurs dépendances, resteront toujours
; de puissans instrumens pour le commerce et l'industrie, et, en
dernière analyse, pour la civilisation. Cette vue générale, quelque
rationnelle qu'elle soit en elle-même, ne suffit cependant pas
" pour résoudre un prob'ème aussi important que celui qui a été
soulevé par l'établissement des chemins de fer. Aussi des hommes
; spéciaux, des économistes et des ingénieurs, se sont-ils empressés
détudier lès faits,-de multiplier les tèrmes de comparaison et de
• faire des enquêtes propres à donner des solutions rassurantes et
définitives.
Npus avons socs les yeux un travail de M. Collignon, ingénieur
en chef dès ponts-et-chaussées, intitulé : du Concours des Canaux
et des Chemins de fer et de l'achèvement du Canal de la Marne au
- Rhin, où l'existence simultanée des canaux et des chemins de fer
,■ est examinée avec une parfaite sagacité. L'auteur a restitué aux
• faits leur véritable valeur, et il a fait concourir à la solution du
problème des données générales et particulières, réunies en Belgi
que; en Angleterre et en France.
En Belgique, le réseau des chemins de fer est achevé, et. il est
doublé dans presque toute son étendue par un système de voies
; navigables. De Bruxelles à Acvers, de Bruxelles à Gand et à Os-
tende; de Gand à Courtrai et à Lille, et de Bruxelles à Charleroi et
' à Namur, le rail-way est parallèle à une ligne de navigation, c ! est-
à -dire sur 560 kilomètres de chemins de fer, 440 sont ainsi dou-
' blés. Qu'est-il arrivé? Les produits des droits de navigation pour
les principales lignes parallèles aux chemins de fer ont plutôt
; augmenté que diminué. Ils étaient, en 1842, de 1,925,000 fr., et
„ ên 1844 de 1.963,000 fr. Pour le canal de Charleroi, qui rattache
rkvnxsvôsf sra coHs*raswio3rarc& sv 7 avbix. iws. »
IiE CONSTITUTIONNEL donnera aux abonnés nou
veaux. qui s'inscriront .à dater du 1 er avril 1S15,
tous les chapitres de I/AMiÉE ïîES VEUVES pu
bliés avant cette epoque.
(Voir l'article THÉÂTRE à la Ou du journal.)
1/ALLÉE DES "VEUVES
(i)
MtEMIEUE PARTIE.
CHAPITRE XIII.
Le lendemain, jour do son mariage, en s'éveillant dans sa chambre
qu'il allait quitter pour toujours, Chevillard se sentit saisi d'un singu
lier mouvement de tristesse. Les lieux où nous ayons long-temps vécu
semblent prendre une voix pour nous parler, au moment où nous
les quittons, et quant à l'idée de cette séparation vient se joindre
celle de l'éternité dans l'abandon, notre cœur se serre douloureusement,
nonobstant les promesses du bonheur qui ailleurs nous attend. Tout en
se préparant pour la cérémonie, l'ancien commis de Mlle Lebeau pensa
aux longues années qui s'étaient écoulées pour lui dans cet agréable
réduit, et il ne put s'empêcher de reconnaître que si, durant cette lon
gue période de sa vie, de grandes joies et de bien vifs plaisirs n'en a-
vaient pas marqué le cours, pendant ce temps aussi, il avait vécu à
l'abri des amers soucis et des graves mécomptes.
Ses témoins, qui vinrent le prendre un peu après, firent cependant
une heureuse diversion à cette rêverie mélancolique, et bientôt on se
trouva transporté à la maison de l'Allée des Veuves, où déjà Legros,
ainsi qu'un de ses amis qui devait être avec lui témoin du côté d'Esther,
était arrivé avec Morizot.
(1) Toute reproduction, même partielle de ce feuilleton, est interdite.
Voir nos numéros des 26, 27, 28, 29 et 30 mars, 1 er , 2, 3, 4, 8 et 6
avril.
Bruxelles à là Sambre, les résultats sont snrtôiit remarquables :
les produits , qui n'avaient été en 1829 que d'Un million environ,
sont portés au budget de 1844 pour 1,350,000 fr. Pendant ce
temps-là le mouvement sur les chemins dé fer s'est également ac
cru, mais nullement au détriment des voies navigables, comme
on le craignait au moment de l'établissement dès chemins de fer.
En Angleterre, ; l'expérience a éié faite sur une échelle plus
vaste encore, et M. Minard, inspectenr-divisionnaire des pontg-e$-
chaussées, a fait voir que le capit^l^ea actions des canaux avait
encore une valeur fort supérieure, à4a valeur primitive de ces ac
tions, c'est-à-dire que les canaux qui, dans l'origine, ont coûté
260 millions, représentent aujourd'hui encore une valeur de plus
de 500 millions, malgré la dépression que les chemins de fer ont
fait éprouver aux titres afférens à ces voies de communication.
Une portion des transports à nécessairement dû se porter sur les
chemins de fer, mais le mouvement sur les canaux est encore tel,
que les produits qu'ils donnent, représentée pour le capital pri
mitif un intérêt de près de 10 pour 100. Il n'y a là rien qui res
semble à uné ruine.
En France, les expériences sont moins concluantes ; mais on
trouve cependant que le canal de Givors rend au commerce à peu
près.les mêmes services qu'en 1829, et que, s'il y a eu dépression
dans les produits, cela résulte d'une réduction de trois cinquièmes
sur les droits de navigation, et nullement d'une diminution dans
les transports. D'après les calculs de M. Collignon , le chemin de
fer de Paris à Rouen n'aurait enlevé à la navigation de la Seine,
pendant le semestre du 1 er avril au 30 septembre 1844 , qu'envi
ron 13,000 tonnes, et encore, pour arriver à ce résultat, la com
pagnie a-t-elle dû s'imposer de tels sacrifices que sa recette brute
ne s'est accrue que de 13,000 francs, et que , sous le rapport des
bénéfices, il eût mieux valu laisser les 13,000 tonnes à la naviga
tion sur la Seine. Nous le répétons, pour la France l'expérience est
moins décisive; mais comme nous avons chez nous les mêmes ana
logies qu'en Angleterre et en Belgique, nous arriverons inévitable
ment, au bout d'un certain temps, à des résultats semblables.
Maintenant, il y a une autre question, c'est celle du taux com
paratif des prix de locomotion. D'après'les données et les élémens
réunis par M. Collignon, et qui nous paraissent avoir une assez
grande précision, le prix effectif total du transport de la marchan
dise par le chemin de fer de Paris à Rouen, par exemple, doit être
compté, an minimum, par tonne et par kilomètre, à neuf centi
mes, et le prix sur les canaux et rivières à trois centimes. On voit
que les voies ,navigables offrent, dès lors, dans le prix effectif du
transport, tout péage mis à part, u $e économie sur les chemins
de fer de six centimes par tonne et par kilomètre. Voilà des indi
cations qui peuvent servir de base à de nouvelles études et qui
changent notablement l'état de la question. Ce n'est pas tout : il y
a des impossibilités matérielles qui s'opposent à l'absorption par
les chemins de fer des transports sur les voies navigables. Ainsi
le service du chemin de fer de Rouen, pour s'emparer de la navi
gation en remonte de la Seine, devrait s'établir sur un accroisse
ment journalier de tonnage de 1,000 à 1,200 tonnes, exigeant au
moins dix convois en remonte et autant en descente, ce qui sup
pose vingt convois de plus que le service actuel.
Dans l'état actuel des choses, il y en a dix-huit dans la saison
d'été. Pour que ce service pût se réaliser, la compagnie serait
donc forcée ae doubler le nombre de ses voies, en d'autres ter
mes, de construire un second chemin de fer. Cette circonstance se
retrouve dans la plupart des directions qui ont à la fois un rail-
way et une voie navigable. Le système exclusif des chemins de
fer perd toute sa valeur en présence des faits de cette nature, et
nous croyons qu'on reviendra sans difficulté de cette répugnance
3ui s'était emparée de quelques esprits pour les voies fluviales,
ès qu'on aura étudié le problême sans prévention et dans ses
Dans son costume de mariée, la fiancée était d'une beauté sans pa
reille, et les amis de Chevillard, même celui qui lui avait fait quelque
objection à son mariage, le félicitèrent vivement de son bonheur. Le
gros, ainsi que le comportait la circonstance, se montrait de fort belle
humeur, et Mme de Saint-Martin, dans une toilette des plus recherchées,
paraissait surtout occupée de l'effet qu'elle produisait sur les assistans.
Quanta Morizot, il était grave et préoccupé comme s'il eût été au moment
de l'adjudication d'un grand marché de fournitures sur soumissions ca
chetées.
L'accueil qu'Esther fit à son mari, ne se ressentit en rien de cette bi
zarre hésitation qu'elle avait montrée la veille, et elle parut avec tout
l'air d'une personne qui, sachant bien ce qu'elle veut et où elle va, n'a
rien à regretter dans le dessein auquel elle s'est arrêtée.
Quelques instans plus tard on partit pour la mairie, et après que les
époux eurent reçu la bénédiction nuptiale à l'église de Saint-Pierre de
Chaillot, suivant le programme arrêté, on revint déjeûner chez Mme de
Saint-Martin.
Les témoins de Chevillard, qui s'étaient étonnés d'abord de ne pas voir
avec eux un peu de parenté, au retour de la cérémonie où la lecture des
actes leur avait appris la position de famille d'Esther, s'expliquèrent
celte singularité, et en leur qualité d'amis du marié, ils ne furent pas
absolument fâchés d'apprendre qu'au bonheur un peû merveilleux de
leur ancien confrère, se rencontrait quelque déchet. Ils commentèrent
aussi à leur manière l'absence assez remarquable de Mlle Lebeau, et le
splendide équipage de Morizot, dans lequel fut menée la mariée, devint
aussi sourdement, entre eux, l'occasion de certaines remarques, fort
singulières pour ne pas dire plus.
Du reste, l'aspect de cette noce presque strictement réduite au nom
bre d'assistans commandé par la loi, -avait quelque chose de triste. Le
repas qui suivit, entre gens qui se rencontraient pour la première fois
et ne devaient pas se revoir, ne fut animé d'aucune gaîté; Morizot qui
était là le personnage incontestablement le plus considérable, ne fit pas
les moindre fraiss pour mettre à son aise les convives, et garda cons
tamment au contraire un air d'ennui et de morgue propre à glacer la
joie qui aurait essayé de jeter un peu de vie au milieu de cette froide
réunion.
Le seul des convives qui parut goûter la situation fut le témoin qu'a
vait amené Legros. Il fit si bien honneurau banquet, qu'un peu avant de
quitter la table, il commençait à donner des inquiétudes sur la manière
dont il en sortirait. Se donnant pour un ancien héros de la célèbre tren
te-deuxième demi-brigade, il occupa une grande partie de la séance à ra
conter ses campagnes, et quand on fut passé dans le salon pour pren-
rapports avec les moyens d'exécution, l'économie des transports
et les nécessités du commerce et de l'industrie.
! ——— '
■ Le gouvernement ne donne pas ce soir de nouvelles de Suisse.
Nous en devons conclure que les hostilités avaient cessé. En ce
>moment la diète est de nouveau réunie ; mais la présidence a
changé de titulaire, par suite de la retraite un peu forcée de M.
-Mousson; Ainsi^ rtpdis que le parti du mouvement, éprouvait -
"une défaite sangîàntê '"sons les murs dé Lucerne, une vic
toire pacifique rendait à l'opinion libérale plus de forcé peut-être
que ne lui en eût donné le triomphe des insurgés lucernois. Pour
quoi faut-il que ce changement ne se soit pas opéré quelques jours
plus tôt? Beaucoup de sang n'aurait pas été inutilement répandu.
Voici les nouvelles qui nous sont transmises:
■ . « Zurich, le 3. avril.
» Les détails commencent à arriver en assez grande abondance sur la
journée néfaste d'avant-hier ; mais ils continuent à être, ponr la plupart,
assez incohérens et incomplets, surtout ceux qui sont donnés par le. parti
vainqueur, lequel cherche • naturellement ' à rehausser son triomphe en
augmentant le nombre de ses adversaires, et en diminuant d'une manière
incroyable celui de ses propres morts et blessés.
» Les insurgés tenaient avant tout à s'emparer de la capitale. C'est
dans ce bat que le corps d'armée principal était parvenu, au prix d'une
marche très fatigante, à tourner deux positions où le général Sonnenberg
avait d'abord concentré une grande partie de ses moyens de défense, sa
voir : la ville de Sufzée et le pont de l'Emme. Il avait bien fallu, il est
vrai, franchir denx.fois l'Emme, près da Welkhausenet à Littau, et livrer
aux abords des ponts des engagemens très meurtriers ; mais on avait
triomphé de ces obstacles, et lorsque le principal corps d'armée arriva,
lnndi 31 mars, à cinq heures du soir, dans les premiers faubourgs de Lu-
cerne, il eût été possible, en livrant tout de suite un assaut, de prendre la
ville, très peu fortifiée de sa nature, qui n'était encore occupée que par
la landwehr cantonale et le contingent d'Uri. Mais l'armée insurrection
nelle était harassée d'une marche de quatorze heures consécutives, entre
mêlés de combats partiels; le conseil de guerre jugea donc nécessaire de ren
voyer au lendemain le commencement les hostilités, en se bornant à prendre
position sur la. Gutsch, colline qni domine Lucerne. Déjà cette position
avait coûté beaucoup de monde au corps expéditionnaire. Cependant, il
"parvint à y braquer quatre pièces d'artillerie, dont l'usage immédiat eût
probablement sufû pour amener Lucerne "à capituler, si le .chef civil de
l'expédition, le docteur Steiger, ne s'était opposé à cette mesure, par des
motifs d'humanité qu'il devait payer bien cher. •
» Le pied de Ta colline était gardé par deux bataillons de corps-francs ,
formant un effectif de douze cents hommes. Dès l'aube du jour, le lende
main,ces troupes' furent attaquées par six; mille hommes débarqués en
grande partie le soir et la nnit des cantons d'Uri et d'Unterwald. Les corps-
francs, après s'être défendus comme des lions, virent leurs rangs rompus,
et leor artillerie qui ne pouvait, vu la petitesse des pièces , lutter aveo
avantage contre la grosse artillerie lucernoise, tomba, au bout de cinq
heures d'une lutte acharnée, au pouvoir de l'ennemi.
» Une seconde colonne d'insurgés, forte à peu près de mille hommes
et qui avaient passé la nuit à Littau et dans d'autres villages voisins de
Lucerne, situés dans la même direction, n'arriva sur le lieu du combat
que pour être témoin dé la dispersion de la première. Elle ne songea dès
lors qu'à protéger sa retraite, et se replia sur Matters et Schachen, mais
elle rencontra deux bataillons détachés de Surzée pendant la nuit et qui,
renforcés par la landsturm, parvinrent à se rendre maîtres des trois piè
ces d'artillerie et de tout le bagage que cette colonne avait avec elle.
» Restait la troisième colonne d'insurgés qui, pour faire une utile diver
sion, et retenir les troupes gouvernementales hors de la ville, avait cher
ché à déboucher sur Lucerne par le point le plus périlleux, c'est-à-dire
par la route de Sùrzée. Parvenue en effet à l'Emmenbau, à une demi-
lieue de la> ville, elle fut reçue par un feu d'artillerie bien nourri, qui tua
du premier coup le porte-enseigne de l'armée. Le combat fut très meur
trier, et les carabiniers d'Unterwald furent même d'abord repoussés avec
une perte considérable, mais la colonne d'insurgés, privée de ses chefs qui,
s'exposant les premiers, avaient payé de leur vie cette témérité, troava
tant d'obstacles à poursuivre sa route, qu'elle ne put opérer sa jonction
avec les deux colonnes déjà arrivées près de Lucerne par la direction de
Willisau. Cette circonstance eut l'influence la plus désastreuse sur l'issue
de l'expédition.
» Des trois colonnes, cette dernière fut celle qai put le moins difficile
ment opérer sa retraite. Les deux autres furent cruellement décimées, et
dre le café, il était arrivé à un état si expansif, qu'il voulut à toute force
embrasser Mme de Saint-Martin, et s'oublia jusqu'à frapper sur le ventre
du munitionnaire en l'appelant papa Morizot.
Pour débarrasser la maison de ce bruyant convive, qui demandait si
l'on n'allait pas faire une partie de bouillotte, Legros ne vit qu'un moyen,
celui de lui proposer, à voix basse, de le conduire chez des beautés de
sa connaissance, un peu moins collet-monté que la dame du lieu et dans
la compagnie desquelles il trouverait du punch à boire et des cartes à
manier.
Ce commencement de désertion fut bientôt suivi du départ de Mo
rizot , qui, après avoir causé un moment en particulier avec.Mme de
Saint-Martin, fit demander sa voiture. Presque aussitôt après, les té
moins de Chevillard crurent devoir se retirer, et les époux, à leur'grand
contentement, se trouvèrent seuls, ou du moins n'ayant plus avec eux,
en tiers, que Mme de Saint-Martin.
Après deux heures d'une conversation où se dirent les choses les plus
tendres que l'on peut croire, Mme de Saint-Martin, qui gardait tout le
sang-froid et toute l'autorité d'une belle-mère, dit à Chevillard que c'é
tait assez faire le tourtereau, et qu'il lui fallait, puisque son domicile
était désormais fixé dans la maison, aller prendre à son ancien logement
les hardes qu'il y avait laissées, car il n'aurait pas été convenable qu'il
en opérât l'emménagement avant le mariage célébré.
L'avis était sensé, et, quoique faisant descendre l'heureux époux de
son ciel, pour le condamner à des détails terriblement prosaïques, il dut
en tenir compte. S'arrachant avec tout Je regret du monde d'auprès
d'Esther, Chevillard, après l'avoir embrassée, retourna passer le reste
du jour dans sa chambré- du quartier Saint-Denis, et, malgré toute sa
diligence, les détails dont il avait à s'occuper le retinrent assez long
temps pour qu'il fût près de six heures du soir lorsqu'il arriva avec tou
tes ses malles et paquets au nouveau logement dont il venait prendra
possession.
Il avait été convenu que Legros et Morizot reviendraient dîner chez
Mme de Saint-Martin, et que, pour employer la soirée, on irait, cette
fois encore, à l'Opéra.
Legros fut'exact, mais Morizot se fit attendre, et son retard se pro
longea à ce point que l'on dut prendre le parti de se mettre à table sans
lui.
Au milieu de ce-qu'on pourrait appeler le souper, car il était alors
aux environs de neuf heures, le munitionnaire arriva, mais avec un
air fort contraint, et qui devait faire supposer que l'affaire pour laquellp
il avait été retenu n'était pas d'une nature fort réjouissante.
Il se mit à table et s'adressant à Chevillard :
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