Titre : Le Constitutionnel : journal du commerce, politique et littéraire
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1845-04-02
Contributeur : Véron, Louis (1798-1867). Rédacteur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32747578p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 02 avril 1845 02 avril 1845
Description : 1845/04/02 (Numéro 92). 1845/04/02 (Numéro 92).
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Description : Collection numérique : La Grande Collecte Collection numérique : La Grande Collecte
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k667044g
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
MERCREDI «2 AVRIL 1845.
ÉDITION I>E FAIÎiS.
NUMERO 92.
DIX FRANCS.
JOUR&àiDUCOMMEItCE ,î^]d LITTÉRAIRE.
ON S'ABONNE A PARIS, RUE 121.
R, daai lsi lÂrAXiwms, chbz les diiuestscbs dk» postes ,
BT A TOUTES IBS MSSSASKRÎES.
 Londres, chex JUM. Cowie et fils, Saint-Anne's Lane.
PARIS.
CH AR................. 40 ».
glXMOIS.... 20,
TROIS MOIS 10
DÉP^JRTËMÇNS ET ÉTRANGER.
Dit AH 48.n.
• KXKOVl....... 24
T«p» HOIS. ;.. . la
ANNONCES.
1 franc 50 cent, la petite ligne; — 3 francs la ligne de réclama.
TOUTH IHSKRTION BOIT ÈTRB ASRÈÉS PAR LÉ 6É*ARX.-
Les lettres non affranchie* seront rigoureusement refusées.
1" AVRIÏ,. j ; ;
Les joarnaux ministériels; ne rougissent pas de crier victoire ;
ils tressent dés couronnes à M. Guizot pour le triomphe qu'il ai
remporté hier sur M.. Maurat-Ballange. Une question de cabinet
comme si l'opposition était obligée d'appuyer le premier amende
ment qu'on aventure, et cela pour procurer à M. Guizot la satis
faction de le faire rejeter;
En fait, tout le monde sait dans la chambre que l'opposition
avait préparé l'amendement dont la commission s'est emparée et
qàe M. Gruizot a subi. Tout le monde sait que depuis deux jours
l'opposition engageait M. Maurat-Ballangeàretirerson amendement
et déçlârait qu'elle ne l'appuierait pas. C'est ce qai a exalté le cou
rage de M. Guizot. Sur de son- fait et de n'être pas contredit lors
qu'il-combattrait cet amendement, qu'aucun parti ne voulait ap
puyer, il a déployé à'l'aise tout son héroïsme et toute son élo
quence. L'opposition s'est contentée de rire de cette gasconnade.
Cependant M. Guizot lui réproche aujourd'hui de s'être tenue
pour satisfaite de l'amendement de la commission, et de n'avoir
pas donné, ne fût-ce qu'une demi-adhésion, à l'amendement de
M. Maurat-Ballange afin, sans doute, de procurer à M. Guizot un
semblant de. victoire. L'opposition y a mis de la méchanceté !
L 'opposition a eu tort de ne pas donner la réplique au ministère
dans la parade qu'il voulait représenter! On n'est pas moins com
plaisante que cela !
Il nous semble entendre M. Jourdain dire à Nicolle, qui lui porte
de bons coups de fleuret : Pourquoi pares-tu en tierce, quand je '
te dis de parer en quarte?
Nous n'avons pas vu depuis long-temps un gouvernement quel
conque descendre à un aussi puéril charlatanisme, et ensuite,
lorsqu'il est convaincu d'avoii; fui devant le vrai péril et d'avoir
porté, de grands coups d'épée du côté où l'ennemi n'était pas, mon
trer, au milieu des rires universels, une mauvaise humeur aussi
comique.
— ' . —— : —■'
Le rapport de la conyersion des rentes sera fait dans peu de jours.
Î1 paraît que le ministère, après mûre délibération, a déjà, pris son
parti sur la conduite qu'il doit tenir dans cette grave circonstance.
Il est décidé à accepter les conclusions de la commission, quelles
qu'elles soient. Mais en même temps, s'il surgit un amendement
gui au lieu de 4 1 /2 0/0 ne donne que 2 0/0 aux rentiers, le mi
nistère est résolu, quoi qu'il puisse arriver, à poser catégorique
ment' et hardiment la question de cabinet sur cet amendement
-comme sur l'amendement de M. Maurat-Bailaoge. Oci assure que,
5 poui" cette fois, c'est M. Duchâtel qui, à l 'exemple de M. Guizot,
s Sè changera de prouver -qné la bocns politique consiste à résister
quand on n'a p-s d'adversaires, et à céder dès qu'un danger quel
conque apparaît. Nous espérons qu 'il ne sera r.-i moins éloquent,
ni moins heureux que son collègue.
vmsss&sgmss snr oosr&Tzmraxoiranei. »u 2 Avait ig4s.
.3 ' • ■ - ' mi —
! ; L'ALLÉE DES VEUVES
PREMIERE PARTIE.
SUITE BU CH1PITSE IV.
En voyant la visite qui lui arrivait :
— Eh ! mes toutes belles ! — s'écria Legros,— qui me procure ce
matin l'honneur de votre présence?
— Nous sommes venues de bonne heure à Paris pour quelques em
plettes, — répondit la plus âgée des deux visiteuses, petite femme déjà
sur le retour , mais qui sous un embonpoint assez développé, consérvait
un air de jeunesse et d'appétissante fraîcheur ; — comme nous nous
trouvions dans votre quartier, —ajouta-t-elle, — nous avons eu l'idée
un peu cavalière de venir vous demander à déjeûner.
— Gomment donc ! mais c'est une charmante idée que vous avez eue
' là, et je vous en ai une reconnaissance infinie. Seulement, n'étant pas
prérenu, je ne sais si je serai en mesure de vous recevoir ainsi que vous
je méritez.
, , —Ah! vous savez qu'Esther mange comme un oiseau, — répartit
celle qui,avait déjà parlé, — et, quant à moi, il ne me faut qu'une tasse
de thé.
. — Yous permettrez au moins que j'aille donner quelques ordres, —
reprit l'homme de loi, et sortant aussitôt du cabinet, il laissa Chevillard
en agréable compagnie.
Celui-ci, pendant le petit colloque que nous venons de raconter et de
puis le moment où les amies de Legros étaient entrées, n'avait cessé de
donner la plus vive attention à une jeune fille dont la dame qui avait
porté la parole était accompagnée. Un homme qui, précédemment, nous
a fait confidence de son goût pour les blondes, devait trouver là, réalisé,
le plus séduisant idéal que jamais il eût pu rêver.
. De grands yeuxbleus, brillans de cette splendeur moite qui donne tant
d'expression au regard, un teint éclatant, une blancheur de peau incom
parable, une luxuriante chevelure du plus beau fauve doré, enfin une
taille élancée et une tournure où quelque chose d'attirant et de volup
tueux se mêlait à un grand air de noblesse , rendaient éblouissant le
.premier aspect de cette ravissante créature ; et Chevillard devait en être
d'autant plus frappé, que lui-même crut s'apercevoir de quelques regards
curieux que la jeune fille jetait sur lui à la dérobée.
Le teneur dé livres, Cependant, n'était pas tellement absorbé par.
sa contemplation , qu'il ne se sentît le devoir de soutenir, par un peu de
conversation, le tête-à-tête dans lequel il se voyait engagé. Mais comme
iil aurait voulu entamer par quelque chose de spirituel, il ne trouva pas
d'abord son début ; si bien qu'il fut prévenu par la plus âgée des deux
femmes , qui lui demanda — si elle n'avait pas déjà eu l'honneur de se
rencontrer avee lui chez M. Legros?
Chevillard répondit qu'il venait chez l'homme de loi pour la première
fois.
(1) Tonte reproduction, même partielle, de co feuilleton, est interdite.
Voir nos numéro» dés 26, 27, 28, 29, 30 mars et 1" avril.
- • U V.. . ' - !. . ' ■ , '5? i v 1 " " ' ■ 1
La discussion sur le" projet de loi relatif aux douanes sesteon-,
tiàuée anjourd'hoi à là chambre des «d'un amendement de M. Lherbetle sur le traitement des navires.
sardes dans nos ports, le débat s -eSt porté sur le régime douanier
de l'Algérie. MM. iestiboudois^ i ®ezeiniêris auraient voulu'
que l'Algérie fût régie par les lois 'communes à* là France. Cet
amendement, vivement combattu par M- Dufaure, a été rejeté. On
blâme, a dit l'orateur, lerégime des ordonnancés appliqué ; aux t
douanes, quand la justice elle -même est régléé dans nos colonies^
par ordonnances. La situation actuelle, de l'Algérie ne ressemble
d'ailleurs en rien à celle de-la métropole*. Il faut.tâcher d'attirer
en Afrique des Colons par lés mesures les plus favorables à leurs
intérêts, et par conséquent laisser au pouvoir la faculté de modi
fier le tarif des douanes en Algérie, touies les fois qu'il pourra en
résulter un avantage pour les populations.
Après un débat sur l'article 11, auquel prennent part MM. La-
crosse, Greterin, Berryer et Leray, cèt article estrenvoyé à la com
mission et la discussion,ajournée à dëmaân. ;
La proposition de M. Dâru",:discutée,ï-ré^lée, ajustée, élaborée
pendant huit jo^rs, et à laquelle M.' le ministre des travaux pu
blics a donné à peu près son adhésion,-ai. été rejetée aujourd'hui
par la chambre des pairs au scrutin secret, par quatre-vingt-six
voix contre cinquante-une. -
Nous étions sûrs d'avance de ce résultat.' Il suffisait d'examiner
attentivement la proposition de M. Dàru, dictée d'ailleurs par
les meilleurs sentimens, pour se convaincre qu'elle était inappli
cable, contraire à la liberté, dés transactions, et que le pouvoir
législatif né pouvait entrer dans une voie de réglementation qui
entravait les affaires sans donner au fond de nouvéllès garanties
au public. -,j
Le vote de la chambre des pairs est un rejet implicite d'une
Sortion de la loi sur le chemin de feMe Paris à la frontière du
ord. Le ministère y a introduit,; cominé on sait, à peu près en
entier les termes de la proposition : ,de Mj. : paru. Cette obséquiosité
lui a mal réussi. Que devient en effet maintenant toute la partie
préventive et pénale du projet de loi" sur le themin de fer du
Nord? Si la chambre des députéssl'adoptait, ce qui est du reste
peu probable, la chambre des pairs ne se déjugerait certainement
pas. Ainsi, queHe-que-soit la sounilssion du ministère, la fatalité
le poursuit, il est toujours battu, et on ne veut pas même accepter
sa résignation.
■—aagBB—■ — ■■ ■■
M. Guizot se vantait hier d 'avoir fait faire depuis quatre ans de
grands progrès à l'influence française ea Italie. Et lesquels, s'il
vous plaît 1
Nous ea sommes en bons rapports avec la cour de Naples; mais
k qui doiî-oa ces relations amicales , sinon au ministère du 1"
mars qui, par la solution de la question des soufres, sut ramener
k la France !e royaume de Naoies , jusqu'alors en froideur avec
— C'est singulier, — reprit la dame ; — vous ressemblez alors, beau
coup à une personne pour laquelle M. Legros, si je ne me trompe,, né
gociait un mariage. Cependant, à y regarder mieux, — ajouta-t-elle, : —
je croirais assez que cette personne était moins jeune et de façons moins
distinguées.
Le commis-marchand, surpris par ce compliment, ne sut que s'incliner
en signe de reconnaissance. ,
— Eh bien ! Monsieur? — reprit la dame,—si vous êtes venu une
fois chez Legros, vous y reviendrez. C'est un homme d'une habileté éton
nante en affaires, et d'une loyauté si parfaite, qu'il se fait des amis de
de tous ses cliens.
Chevillard venait de répondre qu'en effet il avait beaucoup à se louer
de la connaissance de M. Legros, quand celui-ci reparut en disant : ,
— Ma foi! belles dames, je suis plus heureux que'je n'avais cru
Marguerite prétend que je suis en mesure de vous offrir un déjeûner
passable, et vous serez servies dans un moment., -
En même temps, il tira à part son client, et lui dit à voix basse :
— Ah ! ça, vous êtes des nôtres, car, vous voyez, il n'y a pas moyen
de terminer maintenant !
— Cela va me mener bien loin, — dit Chevillard : — je suis déjà en
retard ; une signature est sitôt donnée.
— Mais, mon cher, vous ne voulez pas que je vous compte de l'argent,
et que je vous fasse faire un billet devant ces dames ; de quoi cela àu-
rait-il l'air? Et puis je ne suis pas sûr d'avoir ici du papier de propor
tion , ; et il faut que j'en envoie chercher.
— Enfin, puisque c'est comme ça ! — dit le teneur de livres en se ré
signant.
— Parbleu, plaignez-vous donc? — reprit Legros, — on vous fait
déjeûner avec l'une des plus jolies femmes de Paris !
Puis, prenant le commis par le bras et le forçant à avancer de quel
ques pas :
— Madame de Saint-Martin — dit-il — veut-elle bien me permettre
de lui présenter M. Chevillard, un de mes cliens ?
— Je n'ai pas l'avantage de connaître Monsieur, répondit la dame
ainsi interpellée, —mais j'avais cru le reconnaître; je le prenais d'abord
pour cette personne à laquelle vous fîtes faire dernièrement ce beau
mariage, vous savez?
— Oui, en effet, il y a quelque lointaine ressemblance. Mais ce n'est
pas une affaire de ce genre que je traite avec Monsieur ;.plus tard, peut-
être, je ne dis pas.
Dans ce moment la servante de Legros vint avertir que son maître
était servi. Legros s'étant fait le chevalier de Mme de Saint-Martin,
Chevillard eut en partage la belle blonde, et il fallait qu'elle eût fait d'a
bord sur lui une bien vive impression, puisqu'au seul contact de la
main qu'elle lui donna pour se laisser conduire, n'étant ni un novice, ni
un lycéen, il se sentit néanmoins tout ému.
Le déjeûner improvisé de Legros aurait été prémédité avec soin, qu'il
ne se fût pas trouvé plus présentable, et tout èn se récriant sur la dé
licatesse et sur l'abondance de la chère, Mme de Saint-Martin, à
laquelle il ne fallait qu'une tasse de thé, fit honneur au repas de manière à
donner l'idée la plus avantageuse de la complaisance de son estomac. Au
contraire, la jeune fille toucha à peine à tout ce qui lui fut servi. Placé
en face d'elle, Chevillard qui, en commençant, s'était cru l'objet de son
attention, ne laissa-pas d'être assez désappointé quand il remarqua le
soin particulier qu'elle mettait à ne pas rencontrer ses yeux. Un air de
tristesse et d'ennui, sinon de dédain, était frappant dans toute l'habi-
nous? Depuis quatre ans, on a gagné du terrain ! est-ce à Rome ,
Expliquez-nous alors l'attitude du gouvernement romain vis-à-vis
de nos évêques, expliquez-nous l'émeute permanence, de notre
clergé. . : i j:; •
Autre triomphe imaginaire : M. Guizot a le premier fait consa
crer dans un traité le principe de la propriété littéraire. Si cela
était vrai, nous l'en féliciterions ; mais M. Guizot devrait se mieux
rappeler un traité (iOnclu aVëc la Hollande par le ministère du 1"
mars. Depuis cinq ans qu'il à été introduit dans le droit des gens,',
qu'a fait M: Guizot ? l'appliquer et l'étendre. Nous voudrions sa
voir où en est cette affaire.
Que conclure de tout ceci ? C'est qu'à force de rêver des triom
phes, M. Guizot et ses collègues finissent par s'attribuer les tra
vaux d'autrui. '
, Nous publions le texte français original de là dépêche dont 1&
chargé d'affaires suisse à Paris, a été invité par le président du di
rectoire à donner lecture à M. Guizot. Il est à remarquer que cette
démarche est le fait personnel d'un conservateur des plus pronon
cés. • ' ,:i " •
A M. de Tschann, chargé d'affaires de la confédération suisse^ d Paris.
Zurich, le 17 mars" 1845.
Monsieur,
Dans une audience particulière, demandée par M. le comte de Poritois,
ambassadeur de S. M. le Roi des Français, S. Ex. m'a donné lecture et
m'a laissâ copie d'une dépêche datée du 3 mars, qu'elle venait de rece
voir de M. Guizot, ministre des affaires étrangères.
En s'acquittant de cette mission, M. l'ambassadeur a déclaré qu'il n'é
tait point dans les intentions du gouvernement de S. M. de s'ingérer dans
les affaires intérieures de la confédération, et que la démarche actuelle
était dictée uniquement par l'ancienne amitié de la France pour la Suisse
et par un intérêt sincère pour son indépendance et pour son bonheur. J'ai
remercié M. le comte de Pontois de cette déclaration, en ajoutant que
c'était dans ce sens que je comprenais la communication de 8. Ex. Tonte-
fois, Monsieur,, je dois, dans ma position comme président de - la diète,
vous transmettre quelques observations, sur lesquelles j'appelle totrte votre
attention* -
Lorsque la dépêche de M. le ministre des affaires étrangères a été écrite,
les instructions des états sur la question des corps-francs, objet dont elle
traite spécialement, ainsi que la probabilité d'une solution conforme aux
intérêts de la Suisse, pouvaient être connues de l'ambassadeur. La commu
nication de cette dépêche, au n>oment même où la diète allait s'occuper
.des mesures relatives aux corps-francs, devait dès-lors réveiller les susr
' ceptibilités nationales, et ce-résultat était d'autant plus naturel, -que- quel-*
ques-unes des expressions, dont S. Ex., M. Guizot, s'est servi, semble plu
tôt être celles d'une injonction que d'un simple conseil bienveillant. Je ne
relèverai point cependant les passagos qui ont pu donner lieu à une par
reille interprétation, puisque i'admets comme certain, ainsi que M. l'am
bassadeur me l'a déclaré, qu'il n'est jamais entré daos la pensée de M. le
minisire des'affaires étrangères dé froisser les sentimens d'indépendance
nationale, sentimens que la France possède à un degré éminent, et qu'elle
respecte chez les autres peuples.
Si les troubles qui ont affligé la Suisse dans ces derniers temps,ont at
tiré l'attention de l'Europe, il est juste d'observer qu'ils n'ont pas porté
la plus légère atteinte aux rapports internationaux. La confédération, j'én
suis convaincu, évitera avec soin tout ce qui pourrait compromettre ces
rapports, mais elle estime aussi que son droit, comme état indépendant,
tude extérieure de cette belle enfant, qui ne se décidait .qu'avec une
contrainte visible à laisser tomber quelques mots dans la conversation.
Du reste, elle était largement suppléée par Mme de Saint-Martiii,
dont la loquacité naturelle paraissait encore excitée par la présence de
l'étranger.. Rien dans la conversation de cette causeuse n'annonçait une
éducation et un esprit bien distingués, mais Chevillard, à l'adresse du
quel tombaient une foule de choses polies et obligeantes, en jugea d'au
tre façon et put sans fatuité se croire le très bien venu. Ce succès, qui
n'était pas précisément celui qu'il aurait ambitionné, lui donna néan
moins du cœur à faire tous les frais d'amabilité dont il était capable, et
il espérait toujours parvenir à fondre la glace de son charmant vis-à-
vis , dans lequel il découvrait de moment en moment un nouvel éclat
de beauté. Mais, en dépit de tous ses efforts, bien qu'en réalité il se fût
montré un assez agréable convive, Chevillard ne sut rien modifier à la
disposition d'humeur qui lui tuait presque tout le plaisir de cette ren
contre et le ' repas s'acheva, sans que la jeune fille à laquelle il adressait
ses soins et sa.galanterie parût seulement les avoir remarqués.
Mme de Saint-Martin avait été une terre moins ingrate, et elle avait
semblé goûter si étrangement l'esprit et toute la personne du commis-
marchand, que, le repas fini, quand elle parla de partir, il n'aurait point
été absolument surpris.de se voir invité à l'honneur de visiter chez elle
celle qu'il aurait vraiment pu appeler sa conquête ; mais là bienveillance
dont il était l'objet n'alla pas jusque-là, et en dernier résultat, tout se ré
suma en un adieu fort gracieux de la dame et à un salut assez froid de la
jeune fille, qui d'ailleurs ne se mit pas pour Legros en beaucoup plus
grands frais.
Aussitôt que nos gens , restés seuls , se retrouvèrent dans le cabinet
de l'homme de loi :
— Eh bien ! — demanda celui-ci, — Que dites-vous de Mme de
Saint-Martin ?
— Elle est aimable , —répondit Chevillard ; — mais savez-vous que
sa fille est ce qu'on peut appeler une beauté I
— Ce n'est pas sâ fiHe , — repartit Legros. — C'est une jeune orphe
line qu'elle a élevée.
. — Ceci alors,— reprit Chevillard, — explique l'air souffrant et triste
de cette jeune personne.
— Oh ! — fit l'homme de loi, — il y a bien des choses à dire là-des
sus. Mme de Saint-Martin, comme vous avez pu voir, aime encore assez
à plaire." Elle a fort bien traité cette enfant, k qui lui a été confiée dès le
bas-âge, tant qu'elle a été une petite fille ; mais depuis qu'Esther a
grandi et qu'elle peut faire concurrence à ses «harmes, la chère dame
n'est plus pour elle ce qu'elle était.
— De telle sorte , — dit Chevillard , — qu'elle est jalouse de cette
pauvre demoiselle, et qu'elle ne la rend pas heureuse ?
— Oui ; il y a bien quelque chose comme ça.. .
— Mais pourquoi ne pas se débarrasser de cette rivale en la mariant?
— On y songe, — répartit Legros, — et il semble même que la chose
serait facile, car cette fille, telle que vous la voyez, est un joli parti.
Elle n'a pas précisément de dot, mais elle a un tuteur qui lui porte uii
vif intérêt. C'est un homme fort lancé dans les affaires ; il vient d'être
institué munitionnaire général des subsistances pour la marine et pour
ra disposer pour le mari que choisira sa pupille, d'un très bël emploi.
— A ce compte, cette charmante personne devrait avoir une foule
de soupirans. •
—D'abord elle a peu d'occasions dé se produire : Mme de Saint -Martin
va peu dans le monde et habite un quartier fort retiré qui est
ÉDITION I>E FAIÎiS.
NUMERO 92.
DIX FRANCS.
JOUR&àiDUCOMMEItCE ,î^]d LITTÉRAIRE.
ON S'ABONNE A PARIS, RUE 121.
R, daai lsi lÂrAXiwms, chbz les diiuestscbs dk» postes ,
BT A TOUTES IBS MSSSASKRÎES.
 Londres, chex JUM. Cowie et fils, Saint-Anne's Lane.
PARIS.
CH AR................. 40 ».
glXMOIS.... 20,
TROIS MOIS 10
DÉP^JRTËMÇNS ET ÉTRANGER.
Dit AH 48.n.
• KXKOVl....... 24
T«p» HOIS. ;.. . la
ANNONCES.
1 franc 50 cent, la petite ligne; — 3 francs la ligne de réclama.
TOUTH IHSKRTION BOIT ÈTRB ASRÈÉS PAR LÉ 6É*ARX.-
Les lettres non affranchie* seront rigoureusement refusées.
1" AVRIÏ,. j ; ;
Les joarnaux ministériels; ne rougissent pas de crier victoire ;
ils tressent dés couronnes à M. Guizot pour le triomphe qu'il ai
remporté hier sur M.. Maurat-Ballange. Une question de cabinet
comme si l'opposition était obligée d'appuyer le premier amende
ment qu'on aventure, et cela pour procurer à M. Guizot la satis
faction de le faire rejeter;
En fait, tout le monde sait dans la chambre que l'opposition
avait préparé l'amendement dont la commission s'est emparée et
qàe M. Gruizot a subi. Tout le monde sait que depuis deux jours
l'opposition engageait M. Maurat-Ballangeàretirerson amendement
et déçlârait qu'elle ne l'appuierait pas. C'est ce qai a exalté le cou
rage de M. Guizot. Sur de son- fait et de n'être pas contredit lors
qu'il-combattrait cet amendement, qu'aucun parti ne voulait ap
puyer, il a déployé à'l'aise tout son héroïsme et toute son élo
quence. L'opposition s'est contentée de rire de cette gasconnade.
Cependant M. Guizot lui réproche aujourd'hui de s'être tenue
pour satisfaite de l'amendement de la commission, et de n'avoir
pas donné, ne fût-ce qu'une demi-adhésion, à l'amendement de
M. Maurat-Ballange afin, sans doute, de procurer à M. Guizot un
semblant de. victoire. L'opposition y a mis de la méchanceté !
L 'opposition a eu tort de ne pas donner la réplique au ministère
dans la parade qu'il voulait représenter! On n'est pas moins com
plaisante que cela !
Il nous semble entendre M. Jourdain dire à Nicolle, qui lui porte
de bons coups de fleuret : Pourquoi pares-tu en tierce, quand je '
te dis de parer en quarte?
Nous n'avons pas vu depuis long-temps un gouvernement quel
conque descendre à un aussi puéril charlatanisme, et ensuite,
lorsqu'il est convaincu d'avoii; fui devant le vrai péril et d'avoir
porté, de grands coups d'épée du côté où l'ennemi n'était pas, mon
trer, au milieu des rires universels, une mauvaise humeur aussi
comique.
— ' . —— : —■'
Le rapport de la conyersion des rentes sera fait dans peu de jours.
Î1 paraît que le ministère, après mûre délibération, a déjà, pris son
parti sur la conduite qu'il doit tenir dans cette grave circonstance.
Il est décidé à accepter les conclusions de la commission, quelles
qu'elles soient. Mais en même temps, s'il surgit un amendement
gui au lieu de 4 1 /2 0/0 ne donne que 2 0/0 aux rentiers, le mi
nistère est résolu, quoi qu'il puisse arriver, à poser catégorique
ment' et hardiment la question de cabinet sur cet amendement
-comme sur l'amendement de M. Maurat-Bailaoge. Oci assure que,
5 poui" cette fois, c'est M. Duchâtel qui, à l 'exemple de M. Guizot,
s Sè changera de prouver -qné la bocns politique consiste à résister
quand on n'a p-s d'adversaires, et à céder dès qu'un danger quel
conque apparaît. Nous espérons qu 'il ne sera r.-i moins éloquent,
ni moins heureux que son collègue.
vmsss&sgmss snr oosr&Tzmraxoiranei. »u 2 Avait ig4s.
.3 ' • ■ - ' mi —
! ; L'ALLÉE DES VEUVES
PREMIERE PARTIE.
SUITE BU CH1PITSE IV.
En voyant la visite qui lui arrivait :
— Eh ! mes toutes belles ! — s'écria Legros,— qui me procure ce
matin l'honneur de votre présence?
— Nous sommes venues de bonne heure à Paris pour quelques em
plettes, — répondit la plus âgée des deux visiteuses, petite femme déjà
sur le retour , mais qui sous un embonpoint assez développé, consérvait
un air de jeunesse et d'appétissante fraîcheur ; — comme nous nous
trouvions dans votre quartier, —ajouta-t-elle, — nous avons eu l'idée
un peu cavalière de venir vous demander à déjeûner.
— Gomment donc ! mais c'est une charmante idée que vous avez eue
' là, et je vous en ai une reconnaissance infinie. Seulement, n'étant pas
prérenu, je ne sais si je serai en mesure de vous recevoir ainsi que vous
je méritez.
, , —Ah! vous savez qu'Esther mange comme un oiseau, — répartit
celle qui,avait déjà parlé, — et, quant à moi, il ne me faut qu'une tasse
de thé.
. — Yous permettrez au moins que j'aille donner quelques ordres, —
reprit l'homme de loi, et sortant aussitôt du cabinet, il laissa Chevillard
en agréable compagnie.
Celui-ci, pendant le petit colloque que nous venons de raconter et de
puis le moment où les amies de Legros étaient entrées, n'avait cessé de
donner la plus vive attention à une jeune fille dont la dame qui avait
porté la parole était accompagnée. Un homme qui, précédemment, nous
a fait confidence de son goût pour les blondes, devait trouver là, réalisé,
le plus séduisant idéal que jamais il eût pu rêver.
. De grands yeuxbleus, brillans de cette splendeur moite qui donne tant
d'expression au regard, un teint éclatant, une blancheur de peau incom
parable, une luxuriante chevelure du plus beau fauve doré, enfin une
taille élancée et une tournure où quelque chose d'attirant et de volup
tueux se mêlait à un grand air de noblesse , rendaient éblouissant le
.premier aspect de cette ravissante créature ; et Chevillard devait en être
d'autant plus frappé, que lui-même crut s'apercevoir de quelques regards
curieux que la jeune fille jetait sur lui à la dérobée.
Le teneur dé livres, Cependant, n'était pas tellement absorbé par.
sa contemplation , qu'il ne se sentît le devoir de soutenir, par un peu de
conversation, le tête-à-tête dans lequel il se voyait engagé. Mais comme
iil aurait voulu entamer par quelque chose de spirituel, il ne trouva pas
d'abord son début ; si bien qu'il fut prévenu par la plus âgée des deux
femmes , qui lui demanda — si elle n'avait pas déjà eu l'honneur de se
rencontrer avee lui chez M. Legros?
Chevillard répondit qu'il venait chez l'homme de loi pour la première
fois.
(1) Tonte reproduction, même partielle, de co feuilleton, est interdite.
Voir nos numéro» dés 26, 27, 28, 29, 30 mars et 1" avril.
- • U V.. . ' - !. . ' ■ , '5? i v 1 " " ' ■ 1
La discussion sur le" projet de loi relatif aux douanes sesteon-,
tiàuée anjourd'hoi à là chambre des «
sardes dans nos ports, le débat s -eSt porté sur le régime douanier
de l'Algérie. MM. iestiboudois^ i ®ezeiniêris auraient voulu'
que l'Algérie fût régie par les lois 'communes à* là France. Cet
amendement, vivement combattu par M- Dufaure, a été rejeté. On
blâme, a dit l'orateur, lerégime des ordonnancés appliqué ; aux t
douanes, quand la justice elle -même est régléé dans nos colonies^
par ordonnances. La situation actuelle, de l'Algérie ne ressemble
d'ailleurs en rien à celle de-la métropole*. Il faut.tâcher d'attirer
en Afrique des Colons par lés mesures les plus favorables à leurs
intérêts, et par conséquent laisser au pouvoir la faculté de modi
fier le tarif des douanes en Algérie, touies les fois qu'il pourra en
résulter un avantage pour les populations.
Après un débat sur l'article 11, auquel prennent part MM. La-
crosse, Greterin, Berryer et Leray, cèt article estrenvoyé à la com
mission et la discussion,ajournée à dëmaân. ;
La proposition de M. Dâru",:discutée,ï-ré^lée, ajustée, élaborée
pendant huit jo^rs, et à laquelle M.' le ministre des travaux pu
blics a donné à peu près son adhésion,-ai. été rejetée aujourd'hui
par la chambre des pairs au scrutin secret, par quatre-vingt-six
voix contre cinquante-une. -
Nous étions sûrs d'avance de ce résultat.' Il suffisait d'examiner
attentivement la proposition de M. Dàru, dictée d'ailleurs par
les meilleurs sentimens, pour se convaincre qu'elle était inappli
cable, contraire à la liberté, dés transactions, et que le pouvoir
législatif né pouvait entrer dans une voie de réglementation qui
entravait les affaires sans donner au fond de nouvéllès garanties
au public. -,j
Le vote de la chambre des pairs est un rejet implicite d'une
Sortion de la loi sur le chemin de feMe Paris à la frontière du
ord. Le ministère y a introduit,; cominé on sait, à peu près en
entier les termes de la proposition : ,de Mj. : paru. Cette obséquiosité
lui a mal réussi. Que devient en effet maintenant toute la partie
préventive et pénale du projet de loi" sur le themin de fer du
Nord? Si la chambre des députéssl'adoptait, ce qui est du reste
peu probable, la chambre des pairs ne se déjugerait certainement
pas. Ainsi, queHe-que-soit la sounilssion du ministère, la fatalité
le poursuit, il est toujours battu, et on ne veut pas même accepter
sa résignation.
■—aagBB—■ — ■■ ■■
M. Guizot se vantait hier d 'avoir fait faire depuis quatre ans de
grands progrès à l'influence française ea Italie. Et lesquels, s'il
vous plaît 1
Nous ea sommes en bons rapports avec la cour de Naples; mais
k qui doiî-oa ces relations amicales , sinon au ministère du 1"
mars qui, par la solution de la question des soufres, sut ramener
k la France !e royaume de Naoies , jusqu'alors en froideur avec
— C'est singulier, — reprit la dame ; — vous ressemblez alors, beau
coup à une personne pour laquelle M. Legros, si je ne me trompe,, né
gociait un mariage. Cependant, à y regarder mieux, — ajouta-t-elle, : —
je croirais assez que cette personne était moins jeune et de façons moins
distinguées.
Le commis-marchand, surpris par ce compliment, ne sut que s'incliner
en signe de reconnaissance. ,
— Eh bien ! Monsieur? — reprit la dame,—si vous êtes venu une
fois chez Legros, vous y reviendrez. C'est un homme d'une habileté éton
nante en affaires, et d'une loyauté si parfaite, qu'il se fait des amis de
de tous ses cliens.
Chevillard venait de répondre qu'en effet il avait beaucoup à se louer
de la connaissance de M. Legros, quand celui-ci reparut en disant : ,
— Ma foi! belles dames, je suis plus heureux que'je n'avais cru
Marguerite prétend que je suis en mesure de vous offrir un déjeûner
passable, et vous serez servies dans un moment., -
En même temps, il tira à part son client, et lui dit à voix basse :
— Ah ! ça, vous êtes des nôtres, car, vous voyez, il n'y a pas moyen
de terminer maintenant !
— Cela va me mener bien loin, — dit Chevillard : — je suis déjà en
retard ; une signature est sitôt donnée.
— Mais, mon cher, vous ne voulez pas que je vous compte de l'argent,
et que je vous fasse faire un billet devant ces dames ; de quoi cela àu-
rait-il l'air? Et puis je ne suis pas sûr d'avoir ici du papier de propor
tion , ; et il faut que j'en envoie chercher.
— Enfin, puisque c'est comme ça ! — dit le teneur de livres en se ré
signant.
— Parbleu, plaignez-vous donc? — reprit Legros, — on vous fait
déjeûner avec l'une des plus jolies femmes de Paris !
Puis, prenant le commis par le bras et le forçant à avancer de quel
ques pas :
— Madame de Saint-Martin — dit-il — veut-elle bien me permettre
de lui présenter M. Chevillard, un de mes cliens ?
— Je n'ai pas l'avantage de connaître Monsieur, répondit la dame
ainsi interpellée, —mais j'avais cru le reconnaître; je le prenais d'abord
pour cette personne à laquelle vous fîtes faire dernièrement ce beau
mariage, vous savez?
— Oui, en effet, il y a quelque lointaine ressemblance. Mais ce n'est
pas une affaire de ce genre que je traite avec Monsieur ;.plus tard, peut-
être, je ne dis pas.
Dans ce moment la servante de Legros vint avertir que son maître
était servi. Legros s'étant fait le chevalier de Mme de Saint-Martin,
Chevillard eut en partage la belle blonde, et il fallait qu'elle eût fait d'a
bord sur lui une bien vive impression, puisqu'au seul contact de la
main qu'elle lui donna pour se laisser conduire, n'étant ni un novice, ni
un lycéen, il se sentit néanmoins tout ému.
Le déjeûner improvisé de Legros aurait été prémédité avec soin, qu'il
ne se fût pas trouvé plus présentable, et tout èn se récriant sur la dé
licatesse et sur l'abondance de la chère, Mme de Saint-Martin, à
laquelle il ne fallait qu'une tasse de thé, fit honneur au repas de manière à
donner l'idée la plus avantageuse de la complaisance de son estomac. Au
contraire, la jeune fille toucha à peine à tout ce qui lui fut servi. Placé
en face d'elle, Chevillard qui, en commençant, s'était cru l'objet de son
attention, ne laissa-pas d'être assez désappointé quand il remarqua le
soin particulier qu'elle mettait à ne pas rencontrer ses yeux. Un air de
tristesse et d'ennui, sinon de dédain, était frappant dans toute l'habi-
nous? Depuis quatre ans, on a gagné du terrain ! est-ce à Rome ,
Expliquez-nous alors l'attitude du gouvernement romain vis-à-vis
de nos évêques, expliquez-nous l'émeute permanence, de notre
clergé. . : i j:; •
Autre triomphe imaginaire : M. Guizot a le premier fait consa
crer dans un traité le principe de la propriété littéraire. Si cela
était vrai, nous l'en féliciterions ; mais M. Guizot devrait se mieux
rappeler un traité (iOnclu aVëc la Hollande par le ministère du 1"
mars. Depuis cinq ans qu'il à été introduit dans le droit des gens,',
qu'a fait M: Guizot ? l'appliquer et l'étendre. Nous voudrions sa
voir où en est cette affaire.
Que conclure de tout ceci ? C'est qu'à force de rêver des triom
phes, M. Guizot et ses collègues finissent par s'attribuer les tra
vaux d'autrui. '
, Nous publions le texte français original de là dépêche dont 1&
chargé d'affaires suisse à Paris, a été invité par le président du di
rectoire à donner lecture à M. Guizot. Il est à remarquer que cette
démarche est le fait personnel d'un conservateur des plus pronon
cés. • ' ,:i " •
A M. de Tschann, chargé d'affaires de la confédération suisse^ d Paris.
Zurich, le 17 mars" 1845.
Monsieur,
Dans une audience particulière, demandée par M. le comte de Poritois,
ambassadeur de S. M. le Roi des Français, S. Ex. m'a donné lecture et
m'a laissâ copie d'une dépêche datée du 3 mars, qu'elle venait de rece
voir de M. Guizot, ministre des affaires étrangères.
En s'acquittant de cette mission, M. l'ambassadeur a déclaré qu'il n'é
tait point dans les intentions du gouvernement de S. M. de s'ingérer dans
les affaires intérieures de la confédération, et que la démarche actuelle
était dictée uniquement par l'ancienne amitié de la France pour la Suisse
et par un intérêt sincère pour son indépendance et pour son bonheur. J'ai
remercié M. le comte de Pontois de cette déclaration, en ajoutant que
c'était dans ce sens que je comprenais la communication de 8. Ex. Tonte-
fois, Monsieur,, je dois, dans ma position comme président de - la diète,
vous transmettre quelques observations, sur lesquelles j'appelle totrte votre
attention* -
Lorsque la dépêche de M. le ministre des affaires étrangères a été écrite,
les instructions des états sur la question des corps-francs, objet dont elle
traite spécialement, ainsi que la probabilité d'une solution conforme aux
intérêts de la Suisse, pouvaient être connues de l'ambassadeur. La commu
nication de cette dépêche, au n>oment même où la diète allait s'occuper
.des mesures relatives aux corps-francs, devait dès-lors réveiller les susr
' ceptibilités nationales, et ce-résultat était d'autant plus naturel, -que- quel-*
ques-unes des expressions, dont S. Ex., M. Guizot, s'est servi, semble plu
tôt être celles d'une injonction que d'un simple conseil bienveillant. Je ne
relèverai point cependant les passagos qui ont pu donner lieu à une par
reille interprétation, puisque i'admets comme certain, ainsi que M. l'am
bassadeur me l'a déclaré, qu'il n'est jamais entré daos la pensée de M. le
minisire des'affaires étrangères dé froisser les sentimens d'indépendance
nationale, sentimens que la France possède à un degré éminent, et qu'elle
respecte chez les autres peuples.
Si les troubles qui ont affligé la Suisse dans ces derniers temps,ont at
tiré l'attention de l'Europe, il est juste d'observer qu'ils n'ont pas porté
la plus légère atteinte aux rapports internationaux. La confédération, j'én
suis convaincu, évitera avec soin tout ce qui pourrait compromettre ces
rapports, mais elle estime aussi que son droit, comme état indépendant,
tude extérieure de cette belle enfant, qui ne se décidait .qu'avec une
contrainte visible à laisser tomber quelques mots dans la conversation.
Du reste, elle était largement suppléée par Mme de Saint-Martiii,
dont la loquacité naturelle paraissait encore excitée par la présence de
l'étranger.. Rien dans la conversation de cette causeuse n'annonçait une
éducation et un esprit bien distingués, mais Chevillard, à l'adresse du
quel tombaient une foule de choses polies et obligeantes, en jugea d'au
tre façon et put sans fatuité se croire le très bien venu. Ce succès, qui
n'était pas précisément celui qu'il aurait ambitionné, lui donna néan
moins du cœur à faire tous les frais d'amabilité dont il était capable, et
il espérait toujours parvenir à fondre la glace de son charmant vis-à-
vis , dans lequel il découvrait de moment en moment un nouvel éclat
de beauté. Mais, en dépit de tous ses efforts, bien qu'en réalité il se fût
montré un assez agréable convive, Chevillard ne sut rien modifier à la
disposition d'humeur qui lui tuait presque tout le plaisir de cette ren
contre et le ' repas s'acheva, sans que la jeune fille à laquelle il adressait
ses soins et sa.galanterie parût seulement les avoir remarqués.
Mme de Saint-Martin avait été une terre moins ingrate, et elle avait
semblé goûter si étrangement l'esprit et toute la personne du commis-
marchand, que, le repas fini, quand elle parla de partir, il n'aurait point
été absolument surpris.de se voir invité à l'honneur de visiter chez elle
celle qu'il aurait vraiment pu appeler sa conquête ; mais là bienveillance
dont il était l'objet n'alla pas jusque-là, et en dernier résultat, tout se ré
suma en un adieu fort gracieux de la dame et à un salut assez froid de la
jeune fille, qui d'ailleurs ne se mit pas pour Legros en beaucoup plus
grands frais.
Aussitôt que nos gens , restés seuls , se retrouvèrent dans le cabinet
de l'homme de loi :
— Eh bien ! — demanda celui-ci, — Que dites-vous de Mme de
Saint-Martin ?
— Elle est aimable , —répondit Chevillard ; — mais savez-vous que
sa fille est ce qu'on peut appeler une beauté I
— Ce n'est pas sâ fiHe , — repartit Legros. — C'est une jeune orphe
line qu'elle a élevée.
. — Ceci alors,— reprit Chevillard, — explique l'air souffrant et triste
de cette jeune personne.
— Oh ! — fit l'homme de loi, — il y a bien des choses à dire là-des
sus. Mme de Saint-Martin, comme vous avez pu voir, aime encore assez
à plaire." Elle a fort bien traité cette enfant, k qui lui a été confiée dès le
bas-âge, tant qu'elle a été une petite fille ; mais depuis qu'Esther a
grandi et qu'elle peut faire concurrence à ses «harmes, la chère dame
n'est plus pour elle ce qu'elle était.
— De telle sorte , — dit Chevillard , — qu'elle est jalouse de cette
pauvre demoiselle, et qu'elle ne la rend pas heureuse ?
— Oui ; il y a bien quelque chose comme ça.. .
— Mais pourquoi ne pas se débarrasser de cette rivale en la mariant?
— On y songe, — répartit Legros, — et il semble même que la chose
serait facile, car cette fille, telle que vous la voyez, est un joli parti.
Elle n'a pas précisément de dot, mais elle a un tuteur qui lui porte uii
vif intérêt. C'est un homme fort lancé dans les affaires ; il vient d'être
institué munitionnaire général des subsistances pour la marine et pour
ra disposer pour le mari que choisira sa pupille, d'un très bël emploi.
— A ce compte, cette charmante personne devrait avoir une foule
de soupirans. •
—D'abord elle a peu d'occasions dé se produire : Mme de Saint -Martin
va peu dans le monde et habite un quartier fort retiré qui est
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