Titre : Le Constitutionnel : journal du commerce, politique et littéraire
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1845-04-01
Contributeur : Véron, Louis (1798-1867). Rédacteur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32747578p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 01 avril 1845 01 avril 1845
Description : 1845/04/01 (Numéro 91). 1845/04/01 (Numéro 91).
Description : Collection numérique : Grande collecte... Collection numérique : Grande collecte d'archives. Femmes au travail
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Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6670433
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
* MARDI 1 M AVRIL 1848.
e W.IIH 1 ——
ÉDITION DE PARIS.
—iwiÉMiÉiinfti
race&o t>i.
FABSIS,
DIX FRANCS.
OR S'ABONNE A. PARIS, RDK M5imtâ3ElTa^N' 121,
M, DAJT» LU DÉPAKOUCU, CBKX LB1 BDMCHiBk» DU
i IOIDXI LES KESSAfiBHIKI.
' ' , ; A Londres. ihex MU. Courte et fils* Saint-Anne'» Lan»,
JÙURtUl DD COHMBRÇR, JPOLITIQ1ISJBT MTtÉHAIRB.
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AÏ^jNONŒS. ■ • - *
1 firtno $0 cent, Upetité ligne; — 8 franc» I* lipue de riolataitf.;
Toun iHfKKïioK DOtrtrnu amMh'mà ta «taiirr.
Les lettrés non affranchie» seront rigoùireutiment refusées.
» Ungtand nombre de personnes nous ont aujourd'hui demandé
»àvëfe cttribsité quel était l'auteur anonyme de cet écrit remarquà-
" b!e sâr l'état des affaires et du gouvernement dont nous avons pu
blié Mer. des extraits et l'analyse. A la chambre, chacun voulait
- savoir quel était cet homme considérable, ayant vu de pris les af
faires publiques^- et si bten instruit de la manière dont elles sont
"âctfcfeilèment conduites ; on trouvait que l'abaissement, la nullité
du pouvoir, l'exploitation par les ministres de tout ce qu'il y a de
petit et de subalterne dans notre état social, toutes les misères
- ministérielles, sont peintes dans ces fragmens avec une verve
e-et'nne vérité qu'il est difficile d'égaler. On se livrait à vingt con-
iectures : les uns croyaient reconnaître d'anciens ministres ; d'au-
^ïresJdësjg^àiént ùp écrivain habile qui était récemment le colfëguë
_de M, Gwzoti e.t, qui à pu,juger dë près sa politique.; Pèrsoïrçë,
-ne «soupçonnait là vérités Nous avons été obligés de dire notre'
secret, et comme nous craignons qne nos leoteurs ne devinent pas
"ffiièux qiië; MM: lés députes, nous allons les mettre aussi dans
"là ëonfidenbë. L'écrit que nous avons cité hier est un article qui a
. été publié en avriH 838 dans un recueil appelé la, Aevm fr t àn-
■ çaist j par M. Guizot lui-même. Il prétendait être l'historien du
iriinistère de M. le comte Molé, il était le prophète de son propre
.ministère.
< " a l8l lgî "" ' •
iy..:(ÈJâ,guê nons prédisions samedi s'est réalisé aujourd'hui : le mi- ;
nistère s'est empressé d'accepter l'amendement qu'on voulait lui
-imposer; mais nous nous refusions à croire qu'un homme sérieux
jouerait en outre la comédie ridicule que nous avons vue aujourf
j. d'hùi. .
5 ;; Il s'agissait du traité sarde. Nous avons rappelé quel àcci||il
•ce traité reçut l'année dernière de la commission des douanes :
accueil qui détermina le cabinet à solliciter lui-même le gouver-
' nement sarde de réduire le premier terme du traité de six ans 1 à
' quatrè. D'après une stipulation qui se retrouve dans toutes les
( Conventions commerciales, le traité devait être dénoncé six mois
d'avance, ou il continuait d'être exécuté en vertu du silence seul
des parties contractantes. Il n'a. pas suffi à la commission d'avoir
obligé le cabinetk revenir sur son œuvre ;j elle, n'a même pas
' yontu lui laisser la faculté de dénoncer ou de laisser subsister le
. traité au bout dé quatre ans ; et par une innovation sans exemple
dans les traditions parlementaires et diplomatiques, elle a vou
lu limiter expressément à quatre années la durée du traité,
' qui se trouvé ainsi'dénoncé avant même d'avoir été mis à
; exécutiôn. L'oppôsitipn -avait annoncé ' qu'elle appuierait l'|-
meudement. M. Guizot, dont on marquait l'œuvre d'uç ça-
chetde désapprobation ou du moins de méfiance, M. Guizot,
à qui où retirait, par une précaution peu flatteuse, une des pré
rogatives habituelles du pouvoir exécutif, et que l'on comprit-
^ îpëttait vis-àrvis d'un goiiyérnement étranger, est venu déclarer
t ique de. ministère partageait l'avis dé la commission, qu'il ne
demandait pas mieux que d'obliger le gouvernement à soumettre
à recommencer les négociations; que c'était ici i; une question dej
bônne foi; et, jèn conséquence,' il a adhéré, à'l'amentoment de la;
commission. Si c'était une question de bonne foi, il nous semble!
que là commissionn'a pans on» beaucoup à. la bonne foi' de -ff: le,
ministre des affaires étrangères, puisqù'ëllô a jugé iùdis^enïàblef
dè l'obliger par unë loi èi tenir rengagement qu'il panait, au cas,î
douteux il est vrai, où dans quatre ^'UjmtroùvéÉa^'nunii^.'
On ne met d'entraves qu'aux gens qui peuvent s'échapper.
«H
Un amendement était donc présenté, qui était appuyé par \
position, qui était un acte de défiance envers le cabinet; et aiou-:
tait k sa déconsidération vis-à-vis des puissances étrangères. L 'a
mendement a de grandes chancesfle'snccès, M. Guizot y adhère;;
il confisque à son profit les yerges donton le, frappe. Mais il y;
avait dans la chambre cinq ira six députés très àçharnés contre lef
traité, ét ï'uh d'eux voulait, en faire restreindre' lia durée à deus|
ans ; aucun parti ne songeait à soutenir cet amendement. M. Gui-j
zot, qui cherchait une consolation, prend à partie l'auteur dé cetj
amendement mort-né, et commence une lutte- héroïque contre 1%
demi-douzaine de députés qui l'approuvent. • Il déclare tragique-:
ment qu'il fait du rejet de cet amendement une question de ca -j
binet. \ ! i
Et chacun de se regarder, dé se demai^er quel' 'était cet ajnen-i
deinent si formidable , et d'en chercher les partisans. M. le prési
dent, à qui on fait observer que l'àmendementn'apas été appuyé,j
finit par lui découvrir jusqu'à deux partisans, et te vote en tràftitj
trois ou quatre autres. Les neuf portefeuilles déposés sur la Ui-j
bunepar lès ministres étaient "plus nombreux que les votes ~ dont
il fallait triompher. Et voilà les grandes questions çour lesquelles
M. Guizot joue l'existence du cabinet, voilà les triomphes de lal
bonne politique 1 La chambre' veut-elle infliger un blâme an mi
nistère , il s'incline et reçoit la semonce avec une docilité parfaite.
Une ou dëux personnes nsquent-elleS unë proposition aventurée 4
M. Guizot rassemble tout son couragë et toute sa forcé ; il sé pr'éj
cipite sur une porte ouverte, et, par ces victoires sans combat, il
espère cacher ses défaites quotidiennés ! Quelle pitoyable bouffon
nerie ! .On ne saurait faire meilleur niarché dé ses travaux, de sori
autorité et de sa propre considération ! ...
Nos lettres d'Arau, du 28 mars,nous apprennent que le jour et :
l'heure étaient fixés pour le commencement des hostilités sur lai
frontière de Lucerne : tfest dans la nuit du 30 au 3i mars que le
mouvement devait commencer.
On disait, en effet, aujourd'hui que le gouveraement avait reçd
de Besançon dans la journée, une dépêche annonçant que les deux
nartifi ÀtaÎATlt £>n mnnaant /l'on tronti» aiiv moine ;
Eassé dans lès rangs adverses. 11 y avait eu des défections nom4
rèuses parmi lèS troupes lucenioises, ét cet officier n'était pas lé
seul qui eût quitté leurs rangs.
- Voici la liste des députés qui ont accepté ou répoussé au vote
public la proposition de M. Vivien, relative aux annonces judi
ciaires
Pour la proposition.
MM. Âbattncci. Abraham Dubois. Allard. Allier. Arago. Anmont-
Thiérille. Aylie». Ballot.. Baron. Barillon. F. Barrot. 0. Barrot. Beau-
mont (Somme). G, Beaumont (Sarthe). Qéchard. Béhaghel. Berger.
Bernard!. Berfyér. Berrille. Betlimoiit. Billandet. Bitlattlti Bineaa.
Boiasel. Bonnaire. Bonnin. Boadet. Boadonsquié. Bonilland. Bonlay
JaTille. Clapier. Combarel, Corcelle. Cordier. Corriienin. Conle. ,Co-
télle. Conrtai». Créniienx. Defennon. Delavadd. Belespanl. Deqtarçay.
I>esabeg. Deajobert. pealongrais.. Deteimeri». Doublât. Drault. Dronin do
l'Hnyi. Duboii (Loire-Inférienre). Doboys-Fresnay. Dofaur». Drifonrnel.
Durand d6 RomOrautin. Duthie. DuTergîer de Hauranne. Qpigat. Da
L^in^ssec Estancelin. 1 Etienne. Farran. Feuillade-ChauTin. Fontette.
Ganneron. Gamier-Pagès. GarnonJ Ganthier-Rùmilly. GenoOi. Gigon-
Laberterie. Ernest de Girardin. Glais-Bizoin. Grammont. Grandin. Gras- .
Pr.érille. Granet. Guyet-Desfontainç. Ha vin. D'Hérambàult. Henrtaud da
Metz.Isambért. XolliTet. Jolly. Jonlneaux. Jonvencel. Junyen. Lacrosse.
Ladoncette. Lafayette. Laidet. Lanjninais. Lanyer. Larabit. Laroy. tâs-
teyrie' (Ferdinand). Lasteyrie (Jules). LbTalette. LedrU-RolIin. Legendre.
tegraverend. < Lestiboudois. LeTayasseur. Leyrand.. Lher&ettp. Lnneap.
Malerille (Léon dè). Mallye. Mannel. Marchai. Marchand. Marie. Marqnis.
Mathieu (Saône-et-Loire). Maurat-Ballange. Mercier. Mesgrigny. Mon-
nier de la Sizefaniiè. Morean (Seine). Mornay. Nozeréau. Oudinot. Panat.
Pérignon. PiéronV Qninètte. Rémnsat. Rivet. La Rochejaquelein. Roger
(Loiret). Roger (Nord). De Sade. Saint-Albin. Saint-Marc Girardin. Saint-
Priest. Sellier. Sieyès. Stourme. Suborvic. Surian. Taillandier.. Talabot.
Xernaux (Mortimer). Ternaux-Compans. Teulon. Thiard. Thier«. Tillette
(de Clermont). Tocqueville. Toassin. Tracy. Tribert. Yiard. Vieillard.
Yiyien. - : •
■ • Contre la proposition. : 0 r
Mîtf. d'Aiigeyille. Ardant. Armand (de l'Anbe), Armez. Barkda. Barbél.
Basse. Baudé. Baumes. Belionnet. Bernàdou. Bernard. Bert. Bertbois. Bi-
gnon; Boblaye. Boîssy-d'Anglas. Bonnefond. Bonnemain; Bronet. Bos-
sière. Cadeau d'Acy. Cambis. Castellane. Cerfbeer. Chabaud - Latour.
Champanhet. Cbasles. Chasselonp (Just). Chassiron. Chaudordy. Chegaray.
Cheyallier (Michel). Cibiél. Cornndet. Là Cpste, Costé- Contnre. Cnnin-
Gridaine. Baguenet. Dalloz. Darblay. Daru. Decazes. Dejeau. Dèlebecque.
Delessert. Demesmay. Denis. Desmortiers. Desmonsseauj: dé Giyré. Des-
sauret. Deyaisne. Didëlot. Dilban. Doguereau. Dozon. Dubois (du Hayre).
Dnchâtcl. Dugabé. Duprat. Durosier. Durieu. Duthil. Duval de Frayille.
Esnault. De Lespée. Esperonnier, Fonld. Fuichiron. Galos. Garcias. Gar-
raube. Gaujal. Genin, Genty de Bussy. Gillon. Giraùd (Drôme). jSirod (de
l'Ain). : Girod de Langlade. Golbéry. De Grille. Guizot. Hallez-CIa-
parède. Harlé. Hartmann. D'HaHbersaert. D'Haussonville. D'Haute-
rive. Hebert. De Hell. Hernonx. Heryé. D'Houdetot. Jaccjueminot.
Janvier. Labaume. Henri Lacasé. Lachaise. Lacombe. Lacondrais. Laf-
farelle. Lafond. Lassalle. Las-Cases. Laurans. Laurence. Lavielle. La-
yocat. Lebobe. Lefebvré. Legrand (Manche). Lelorgne d'Ideville. Le-
maire. Lemercier. Lenôble. Lepelletier d'Aunay. Leray. Leseigneqr.
Liadières. Locquet. De Loyne. Magne. Magnoncoart. Maingoval. Mal-
lerille (marquis de). Martin (du Nord). Martin (Adolphe). Martin
(Rhône). Mater, Méilheurat. Meynadier. Meynard. Molin. Montesqaiou.
Montozon. Moreau (Meurthe). Mottet. Muret (de Bort). Nisard, Oger. Pa-
gès. Paganel. Paixhans. Parçey. Parés. Pascalis. Passy. PeHereau da
Villëneuve. Perier (Alphonse). Periér -(de l'Ain). Persil. Peyramont.
Peyre. Poisat. Pommeroy. Poulie. Proa. Raguet-Lépine. Réal. Resii-
geac.Richond des Brus.Rihouet. Rivière de Larque. Larochefoucauld.
Roux. Roui. Sahune. Sainte-Aulaire. Saignes. Salvage, Salvandy. Sannac.
Sanzet. Schauenburg. Sébastiani. Sevin-Marean. Sevret. Siméon. Tarer-
nier. Tesnière, Tbil. La Tonrnelle. Toye. Tnenx. Tnpinier.' d'Uzès.
nnuoroB m ooHBurtmonmi >v i«- aveu is 43.
E.-.v
"î liE CONSTlTtlTidslDlEL donnera aux abonnés noù-
! vëaiix qui s'inscriront à dater «lu 1 er avril 1945,
ton» les chapitres de L'ALLÉE DES VEUVES pu-
blié» avant cette époque.
L'ALLÉE DES VEUVES
(4)
premiere partie,
StriTl DU CHAPITRE IZX.
— Etes-vous le démon ? — s'écria Chevillard avec un accent de co-
■ 1ère, — et ne pouvez-vous laisser mourir en paix celui que vous avez
poussé à eëtte nécessité?
:■> — Fi dûncl — lui fut-il répondu. — Est-ce qu'on se tue à vptre âge
pour une misérable somme de mille écus ! Je sais votre cas; vingt, fois
-il s'est représenté. L'argent que vous avez ioué n'était point à vous,
et: maintenant un sentiment d'honneur mal entendu vous pousse au
suicide.
: Quand cela serait, cela vous regarde-t-il ?
— Encore un.ceup ( je vous dis qu'pn ne se tue pas pour 3,000 fr. En
cherchant bien, on trouve toujours quelqu'un qui vous les prête et vous
n'avez qu'à passer, demain chez moi; je les ai à votre disposition.
■f Chevillard ne pouvait pas manquer de donner quelqu'attention à cette
'brusqué offre de service qui venait le rattacher à la vie.
-• —Mais enfin, Monsieur, — dit-il, — qui donc êtes-vous pour ainsi
-"vous occuper de moi ? .. . , '
—r pn ami de l'humanité, jeune homme, — répondit l'inconnu avee
solennité, — et surtout un ennemi des maisons de jeu.
— C'est singulier! Je me serais figuré plutôt.... .
— Que je suis un de leurs compères? Dites franchement votre pensée,
. —. Mais enfin vous ne nierez pas que votre, conduite avec moi...
, — Ma conduite, — interrompit encore l'inconnu, —s'explique par mon
expérience du cœur humain. Sachez-le bien, quand on a affaire à une
passion, jamais on ne doit la heurter de front. ;
. rr Au moins ne faudrait-il pas l'exciter.
• Voyons, jeune homme, si je vous avais laissé à votre entraînement,
tera. Vous n'êtes pas le premier auquel j'aie rendu un servicë pareil.
Presque tous les soirs je viens dans la maison funeste d'où vous sortez,
-et chaque fois que je viens à rencontrer un de ces imprudens dont
■ l'inexpérience est si facile à reconnaître, j'en use avec lui, comme je l'ai
fait ce soir avec vous.
fi) Toute reproduction, même partielle de ce feuilleton, est interdite.
Voir bps numéros des 26, 27, 28, 29 et 30 mars.
C'est de la morale qui doit vous coûter cher, si vous avez souvent
à faite des avances de pareilles sommes ! j. ; . . •
. Moins que vous ne le croyez, parce que je sais choisir mon monde
et que je ne m'adresse qu'à des jeunes gens foncièrement honnêtes. Je
leur donne du temps, et ils s'acquittent. Combien m'ont , dit, depuis,
qu'ils me devaient l'honneur et la tranquillité de lèur vie I Quelquefois
même, il m'est arrivé de procurer a quelques-uns des établissemens.
— C'est possible ; mais vous n'en êtes pas moins un singulier homme.
— Oui, — répartit lé philantrope, — j'ai bien ma petite originalité {
mais quand nous nous connaîtrons mieux, vous - verrez que je suis -bon
diable. Tenez, — ajouta-t-il eh déchirant dans un agenda un feuillet
sur lequel il écrivit quelques mots au crayon, -r- voici mon adrese; de
main, je suis tout à vous.
Chevillard ne/crut pas devoir rejeter cette planche de sslut, car, en
définitive, c'était le véritable auteur de sa faute qui lui offrait le moyen
de la réparer.
— Pourrai-je vous voir d'an.peu bonne heure? — demanda-t-il.
Vous sentez, la somme que vous m'avez vu perdre, j'aurai à en tenir
compte dans la matinée.
— Mon heure sera la vôtre, — répondit l'officieux inconnu.
Et ils se séparèrent là-dessus.
GHJUlTBZlt.
Demëuïé seul, Chevillard êut Une curiosité bien naturelle; celle dè
savoir quèl était l'homme qui venait de s'installer si singulièrement dans
sa vie. Il rentra donc dans le Palais-Roya], qui était un peu moins mal
éclairé que la rue de Valois, et parvint à déchiffrer- sur le papier qui lui
avait été remig : Legros, homme de loi,rue des Moulins, n° 42,
De nos jours, la qualification d'homme de loi est à peu près passée de
mode, et elle n'est plus guère prise que par quelques vieux jurisconsul
tes sans diplôme, praticiens de campagne ou de faubourg. t:
Au temps dont nous parlons, elle correspondait à celle.d'agent d'affai
res, et servait d'enseigne à cette nébuleuse industrie, qui, dans la vague
ampleur de son horizon, comprend le bureau de ; placement, le courtage
matrimonial, lè tripotage de la liquidation arriérée; la poursuite des
droits successifs aléatoires, celle des créances véreuses, et quelquefois
même un peu l'usure, le cas échéant. ' .
Il faut aire cependant qu'à la suite du grand déclassement de fortunes
opéré par la révolution de 89, il s'était créé une masse énorme de
droits et d'intérêts litigieux, dont la gestion pouvait donner ouverture à
une profession sérieuse. Par cëla même qu'à cette époque le cabinet d'af
faires avait sa' raison d'exister, il n'était pas sous le poids de la suspicion
et du discrédit où nous le voyons tombé aujourd'hui.
Chevillard ne trouva donc rien de décourageant dans la position so
ciale que s'attribuait sa nouvelle connaissance, et plutôt rassuré que
mis en défiance par ce renseignement, il regagna, d'un esprit assez
tranquille, sa demeure où il avait été si près de ne plus rentrer. Il ne
tarda pas à se mettre au lit, et la fatigue de corps et d'esprit, produit»
chez lui par l'extrême vivacité des émotions qu'il venait de traverser,»
lui procura un sommeil plus profond qu'il ne l'avait d'abord espéré. -,
Le lendemain, à son réveil, le souvenir de tout .ce qui s'était passé le
soir précédent, lui revint confusément à l'esprit; mais quelques heures
avaient amené dans son existèmce én enchaînement «d'é^épemeos si ex
traordinaires, qu'il eut besoin, de se recueillir, pour bien se convaincre,
qu'il ne restait pas sous le poids d'un de ces rêves dont la terrifiante im
pression se continue'même au-delàsommeil. Toutefois, ?on porte
feuille vide, la lettre qu'il avait écrite comme pièce justificative de son
suicide, et l'adrèssé laissée en ses mains par l'homme qui en avait
empêché l'exécution, ne lui permettaient pas d'avoir un doute sur la
réalité des faits dont il retrouvait le souvenir. Il dut même, en consé
quence de la situation que sa faute lui avait créée, se hâter dé s'habiller
et de sortir, ear, pour tout au monde, i} n'aurait pas voulu se rencon
trer avec Mlle Lebeau, avant d'être en mesure de représenter la somme
dont il avait opéré le détournement. . ^
: Arrivé rue des Moulins, il trouva une maison dé bonne apparence où
logeait effectivement celui qu'il venait y chercher, , ;
A l'étage qué lui avait indiqué lé concierge, un écussonde tôle vernie,
Îiortant écrit en lettres d'or : Legros, homme de loi, lui fit connaître au just«
a porte à laquelle il devait s'adresser. Presque aussitôt qu'il eut sonné,
une vieille servante vint lui ouvrir, et lui demanda « s'il était le jeune
homme que son maître attendait ? >
Sur sa réponse affirmative, Chevillard fut invité à entrer au salon , et
à vouloir bien prendre patience jusqu'au retour de l'homme de loi
qu'une affaire avait forcé de sortir, et qui ne pouvait tarder à rentrer.
L'aspect de la pièce où fut alors introduit le teneur de livres,; avait
quelque chose d'étrange. Au milieu d'un mobilier moderne d'assez mé
diocre valeur était jetée une foule de raretés, telles que tableaux, bron
zes, ivoires, orfèvreries et autres objets précieux, qui laissaient suppo
ser dans leur détenteur un.y regarder, cette collection formait un si disgracieux encombrement,
et elle était entassée dans un si étrange désordre, qu'elle donnait & l'ap
partement, où elle ne semblait être que de passage, un faux air de salle
de vente ou de magasin de curiosités.
rendu à son bureau menaçait d'être bientôt dépassée, et il calculait qu'il
anrajt à se présenter devant Mlle Lebeau coupable du délit d'inexàctitu-
de, celui qu'elle pardonnait le moins volontiers. , ,
Cependant, Legros 11e rentrait toujours pas, et lorsqu'on attend un
homme avec lequel on a à traiter de «solution d'un grand intérêt, on sait
comme l'impatience vous gagne, et., le chemin qu'en peu dé témps fait
l'imagination. s
Au bout de trois quarts d'heure, Chevillard èn était venu à concevoir
les craintes les plus sérieuses sur le succès de "son emprunt. « Evidem-
» ment, Legros avait oùblié leur rendez-vous ou bien il n'avait pas à
» sa disposition la somme pour laquelle il s : était porté fort, ou bien en-
» core jamais il n'avait eu l'intention sérieuse de l'obliger, » Car, en pa
reil cas ^ que nfr se figure-t-on pas? ■ .
Bientôt la tempête intérieure, à laquelle le pauvre jeune homme était
livré, fut poussée à la dernière violence; marchant à grands, pas dans la
chambre, se parlant haut à lui-même, présentant enfintout le symptôme
d'une fiévreuse exaltation, il recommençait à accueillir l'idée du suicide,
quand enfin se fit entendre ce coup de sonnette impérieux qui, en toute
maison, annonce là venue du maître, et presqu'aussitôt, parut l'homme
de loi. ; i . , .
— Ahl ah' vous voilà, mon jeune ami, — dit-il en entrant, —». en
bien I comment va ce matia? . ...
— Assez bien, — répondit Chevillard; — seulepien^ je commença»
à eraindre que vous ne vous fussiez plus souvenu dé moi. ~
— Il n'y a pas de danger, je guis homme de parole; mais on n'a
e W.IIH 1 ——
ÉDITION DE PARIS.
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OR S'ABONNE A. PARIS, RDK M5imtâ3ElTa^N' 121,
M, DAJT» LU DÉPAKOUCU, CBKX LB1 BDMCHiBk» DU
i IOIDXI LES KESSAfiBHIKI.
' ' , ; A Londres. ihex MU. Courte et fils* Saint-Anne'» Lan»,
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AÏ^jNONŒS. ■ • - *
1 firtno $0 cent, Upetité ligne; — 8 franc» I* lipue de riolataitf.;
Toun iHfKKïioK DOtrtrnu amMh'mà ta «taiirr.
Les lettrés non affranchie» seront rigoùireutiment refusées.
» Ungtand nombre de personnes nous ont aujourd'hui demandé
»àvëfe cttribsité quel était l'auteur anonyme de cet écrit remarquà-
" b!e sâr l'état des affaires et du gouvernement dont nous avons pu
blié Mer. des extraits et l'analyse. A la chambre, chacun voulait
- savoir quel était cet homme considérable, ayant vu de pris les af
faires publiques^- et si bten instruit de la manière dont elles sont
"âctfcfeilèment conduites ; on trouvait que l'abaissement, la nullité
du pouvoir, l'exploitation par les ministres de tout ce qu'il y a de
petit et de subalterne dans notre état social, toutes les misères
- ministérielles, sont peintes dans ces fragmens avec une verve
e-et'nne vérité qu'il est difficile d'égaler. On se livrait à vingt con-
iectures : les uns croyaient reconnaître d'anciens ministres ; d'au-
^ïresJdësjg^àiént ùp écrivain habile qui était récemment le colfëguë
_de M, Gwzoti e.t, qui à pu,juger dë près sa politique.; Pèrsoïrçë,
-ne «soupçonnait là vérités Nous avons été obligés de dire notre'
secret, et comme nous craignons qne nos leoteurs ne devinent pas
"ffiièux qiië; MM: lés députes, nous allons les mettre aussi dans
"là ëonfidenbë. L'écrit que nous avons cité hier est un article qui a
. été publié en avriH 838 dans un recueil appelé la, Aevm fr t àn-
■ çaist j par M. Guizot lui-même. Il prétendait être l'historien du
iriinistère de M. le comte Molé, il était le prophète de son propre
.ministère.
< " a l8l lgî "" ' •
iy..:(ÈJâ,guê nons prédisions samedi s'est réalisé aujourd'hui : le mi- ;
nistère s'est empressé d'accepter l'amendement qu'on voulait lui
-imposer; mais nous nous refusions à croire qu'un homme sérieux
jouerait en outre la comédie ridicule que nous avons vue aujourf
j. d'hùi. .
5 ;; Il s'agissait du traité sarde. Nous avons rappelé quel àcci||il
•ce traité reçut l'année dernière de la commission des douanes :
accueil qui détermina le cabinet à solliciter lui-même le gouver-
' nement sarde de réduire le premier terme du traité de six ans 1 à
' quatrè. D'après une stipulation qui se retrouve dans toutes les
( Conventions commerciales, le traité devait être dénoncé six mois
d'avance, ou il continuait d'être exécuté en vertu du silence seul
des parties contractantes. Il n'a. pas suffi à la commission d'avoir
obligé le cabinetk revenir sur son œuvre ;j elle, n'a même pas
' yontu lui laisser la faculté de dénoncer ou de laisser subsister le
. traité au bout dé quatre ans ; et par une innovation sans exemple
dans les traditions parlementaires et diplomatiques, elle a vou
lu limiter expressément à quatre années la durée du traité,
' qui se trouvé ainsi'dénoncé avant même d'avoir été mis à
; exécutiôn. L'oppôsitipn -avait annoncé ' qu'elle appuierait l'|-
meudement. M. Guizot, dont on marquait l'œuvre d'uç ça-
chetde désapprobation ou du moins de méfiance, M. Guizot,
à qui où retirait, par une précaution peu flatteuse, une des pré
rogatives habituelles du pouvoir exécutif, et que l'on comprit-
^ îpëttait vis-àrvis d'un goiiyérnement étranger, est venu déclarer
t ique de. ministère partageait l'avis dé la commission, qu'il ne
demandait pas mieux que d'obliger le gouvernement à soumettre
à recommencer les négociations; que c'était ici i; une question dej
bônne foi; et, jèn conséquence,' il a adhéré, à'l'amentoment de la;
commission. Si c'était une question de bonne foi, il nous semble!
que là commissionn'a pans on» beaucoup à. la bonne foi' de -ff: le,
ministre des affaires étrangères, puisqù'ëllô a jugé iùdis^enïàblef
dè l'obliger par unë loi èi tenir rengagement qu'il panait, au cas,î
douteux il est vrai, où dans quatre ^'UjmtroùvéÉa^'nunii^.'
On ne met d'entraves qu'aux gens qui peuvent s'échapper.
«H
Un amendement était donc présenté, qui était appuyé par \
position, qui était un acte de défiance envers le cabinet; et aiou-:
tait k sa déconsidération vis-à-vis des puissances étrangères. L 'a
mendement a de grandes chancesfle'snccès, M. Guizot y adhère;;
il confisque à son profit les yerges donton le, frappe. Mais il y;
avait dans la chambre cinq ira six députés très àçharnés contre lef
traité, ét ï'uh d'eux voulait, en faire restreindre' lia durée à deus|
ans ; aucun parti ne songeait à soutenir cet amendement. M. Gui-j
zot, qui cherchait une consolation, prend à partie l'auteur dé cetj
amendement mort-né, et commence une lutte- héroïque contre 1%
demi-douzaine de députés qui l'approuvent. • Il déclare tragique-:
ment qu'il fait du rejet de cet amendement une question de ca -j
binet. \ ! i
Et chacun de se regarder, dé se demai^er quel' 'était cet ajnen-i
deinent si formidable , et d'en chercher les partisans. M. le prési
dent, à qui on fait observer que l'àmendementn'apas été appuyé,j
finit par lui découvrir jusqu'à deux partisans, et te vote en tràftitj
trois ou quatre autres. Les neuf portefeuilles déposés sur la Ui-j
bunepar lès ministres étaient "plus nombreux que les votes ~ dont
il fallait triompher. Et voilà les grandes questions çour lesquelles
M. Guizot joue l'existence du cabinet, voilà les triomphes de lal
bonne politique 1 La chambre' veut-elle infliger un blâme an mi
nistère , il s'incline et reçoit la semonce avec une docilité parfaite.
Une ou dëux personnes nsquent-elleS unë proposition aventurée 4
M. Guizot rassemble tout son couragë et toute sa forcé ; il sé pr'éj
cipite sur une porte ouverte, et, par ces victoires sans combat, il
espère cacher ses défaites quotidiennés ! Quelle pitoyable bouffon
nerie ! .On ne saurait faire meilleur niarché dé ses travaux, de sori
autorité et de sa propre considération ! ...
Nos lettres d'Arau, du 28 mars,nous apprennent que le jour et :
l'heure étaient fixés pour le commencement des hostilités sur lai
frontière de Lucerne : tfest dans la nuit du 30 au 3i mars que le
mouvement devait commencer.
On disait, en effet, aujourd'hui que le gouveraement avait reçd
de Besançon dans la journée, une dépêche annonçant que les deux
nartifi ÀtaÎATlt £>n mnnaant /l'on tronti» aiiv moine ;
Eassé dans lès rangs adverses. 11 y avait eu des défections nom4
rèuses parmi lèS troupes lucenioises, ét cet officier n'était pas lé
seul qui eût quitté leurs rangs.
- Voici la liste des députés qui ont accepté ou répoussé au vote
public la proposition de M. Vivien, relative aux annonces judi
ciaires
Pour la proposition.
MM. Âbattncci. Abraham Dubois. Allard. Allier. Arago. Anmont-
Thiérille. Aylie». Ballot.. Baron. Barillon. F. Barrot. 0. Barrot. Beau-
mont (Somme). G, Beaumont (Sarthe). Qéchard. Béhaghel. Berger.
Bernard!. Berfyér. Berrille. Betlimoiit. Billandet. Bitlattlti Bineaa.
Boiasel. Bonnaire. Bonnin. Boadet. Boadonsquié. Bonilland. Bonlay
télle. Conrtai». Créniienx. Defennon. Delavadd. Belespanl. Deqtarçay.
I>esabeg. Deajobert. pealongrais.. Deteimeri». Doublât. Drault. Dronin do
l'Hnyi. Duboii (Loire-Inférienre). Doboys-Fresnay. Dofaur». Drifonrnel.
Durand d6 RomOrautin. Duthie. DuTergîer de Hauranne. Qpigat. Da
L^in^ssec Estancelin. 1 Etienne. Farran. Feuillade-ChauTin. Fontette.
Ganneron. Gamier-Pagès. GarnonJ Ganthier-Rùmilly. GenoOi. Gigon-
Laberterie. Ernest de Girardin. Glais-Bizoin. Grammont. Grandin. Gras- .
Pr.érille. Granet. Guyet-Desfontainç. Ha vin. D'Hérambàult. Henrtaud da
Metz.Isambért. XolliTet. Jolly. Jonlneaux. Jonvencel. Junyen. Lacrosse.
Ladoncette. Lafayette. Laidet. Lanjninais. Lanyer. Larabit. Laroy. tâs-
teyrie' (Ferdinand). Lasteyrie (Jules). LbTalette. LedrU-RolIin. Legendre.
tegraverend. < Lestiboudois. LeTayasseur. Leyrand.. Lher&ettp. Lnneap.
Malerille (Léon dè). Mallye. Mannel. Marchai. Marchand. Marie. Marqnis.
Mathieu (Saône-et-Loire). Maurat-Ballange. Mercier. Mesgrigny. Mon-
nier de la Sizefaniiè. Morean (Seine). Mornay. Nozeréau. Oudinot. Panat.
Pérignon. PiéronV Qninètte. Rémnsat. Rivet. La Rochejaquelein. Roger
(Loiret). Roger (Nord). De Sade. Saint-Albin. Saint-Marc Girardin. Saint-
Priest. Sellier. Sieyès. Stourme. Suborvic. Surian. Taillandier.. Talabot.
Xernaux (Mortimer). Ternaux-Compans. Teulon. Thiard. Thier«. Tillette
(de Clermont). Tocqueville. Toassin. Tracy. Tribert. Yiard. Vieillard.
Yiyien. - : •
■ • Contre la proposition. : 0 r
Mîtf. d'Aiigeyille. Ardant. Armand (de l'Anbe), Armez. Barkda. Barbél.
Basse. Baudé. Baumes. Belionnet. Bernàdou. Bernard. Bert. Bertbois. Bi-
gnon; Boblaye. Boîssy-d'Anglas. Bonnefond. Bonnemain; Bronet. Bos-
sière. Cadeau d'Acy. Cambis. Castellane. Cerfbeer. Chabaud - Latour.
Champanhet. Cbasles. Chasselonp (Just). Chassiron. Chaudordy. Chegaray.
Cheyallier (Michel). Cibiél. Cornndet. Là Cpste, Costé- Contnre. Cnnin-
Gridaine. Baguenet. Dalloz. Darblay. Daru. Decazes. Dejeau. Dèlebecque.
Delessert. Demesmay. Denis. Desmortiers. Desmonsseauj: dé Giyré. Des-
sauret. Deyaisne. Didëlot. Dilban. Doguereau. Dozon. Dubois (du Hayre).
Dnchâtcl. Dugabé. Duprat. Durosier. Durieu. Duthil. Duval de Frayille.
Esnault. De Lespée. Esperonnier, Fonld. Fuichiron. Galos. Garcias. Gar-
raube. Gaujal. Genin, Genty de Bussy. Gillon. Giraùd (Drôme). jSirod (de
l'Ain). : Girod de Langlade. Golbéry. De Grille. Guizot. Hallez-CIa-
parède. Harlé. Hartmann. D'HaHbersaert. D'Haussonville. D'Haute-
rive. Hebert. De Hell. Hernonx. Heryé. D'Houdetot. Jaccjueminot.
Janvier. Labaume. Henri Lacasé. Lachaise. Lacombe. Lacondrais. Laf-
farelle. Lafond. Lassalle. Las-Cases. Laurans. Laurence. Lavielle. La-
yocat. Lebobe. Lefebvré. Legrand (Manche). Lelorgne d'Ideville. Le-
maire. Lemercier. Lenôble. Lepelletier d'Aunay. Leray. Leseigneqr.
Liadières. Locquet. De Loyne. Magne. Magnoncoart. Maingoval. Mal-
lerille (marquis de). Martin (du Nord). Martin (Adolphe). Martin
(Rhône). Mater, Méilheurat. Meynadier. Meynard. Molin. Montesqaiou.
Montozon. Moreau (Meurthe). Mottet. Muret (de Bort). Nisard, Oger. Pa-
gès. Paganel. Paixhans. Parçey. Parés. Pascalis. Passy. PeHereau da
Villëneuve. Perier (Alphonse). Periér -(de l'Ain). Persil. Peyramont.
Peyre. Poisat. Pommeroy. Poulie. Proa. Raguet-Lépine. Réal. Resii-
geac.Richond des Brus.Rihouet. Rivière de Larque. Larochefoucauld.
Roux. Roui. Sahune. Sainte-Aulaire. Saignes. Salvage, Salvandy. Sannac.
Sanzet. Schauenburg. Sébastiani. Sevin-Marean. Sevret. Siméon. Tarer-
nier. Tesnière, Tbil. La Tonrnelle. Toye. Tnenx. Tnpinier.' d'Uzès.
nnuoroB m ooHBurtmonmi >v i«- aveu is 43.
E.-.v
"î liE CONSTlTtlTidslDlEL donnera aux abonnés noù-
! vëaiix qui s'inscriront à dater «lu 1 er avril 1945,
ton» les chapitres de L'ALLÉE DES VEUVES pu-
blié» avant cette époque.
L'ALLÉE DES VEUVES
(4)
premiere partie,
StriTl DU CHAPITRE IZX.
— Etes-vous le démon ? — s'écria Chevillard avec un accent de co-
■ 1ère, — et ne pouvez-vous laisser mourir en paix celui que vous avez
poussé à eëtte nécessité?
:■> — Fi dûncl — lui fut-il répondu. — Est-ce qu'on se tue à vptre âge
pour une misérable somme de mille écus ! Je sais votre cas; vingt, fois
-il s'est représenté. L'argent que vous avez ioué n'était point à vous,
et: maintenant un sentiment d'honneur mal entendu vous pousse au
suicide.
: Quand cela serait, cela vous regarde-t-il ?
— Encore un.ceup ( je vous dis qu'pn ne se tue pas pour 3,000 fr. En
cherchant bien, on trouve toujours quelqu'un qui vous les prête et vous
n'avez qu'à passer, demain chez moi; je les ai à votre disposition.
■f Chevillard ne pouvait pas manquer de donner quelqu'attention à cette
'brusqué offre de service qui venait le rattacher à la vie.
-• —Mais enfin, Monsieur, — dit-il, — qui donc êtes-vous pour ainsi
-"vous occuper de moi ? .. . , '
—r pn ami de l'humanité, jeune homme, — répondit l'inconnu avee
solennité, — et surtout un ennemi des maisons de jeu.
— C'est singulier! Je me serais figuré plutôt.... .
— Que je suis un de leurs compères? Dites franchement votre pensée,
. —. Mais enfin vous ne nierez pas que votre, conduite avec moi...
, — Ma conduite, — interrompit encore l'inconnu, —s'explique par mon
expérience du cœur humain. Sachez-le bien, quand on a affaire à une
passion, jamais on ne doit la heurter de front. ;
. rr Au moins ne faudrait-il pas l'exciter.
• Voyons, jeune homme, si je vous avais laissé à votre entraînement,
tera. Vous n'êtes pas le premier auquel j'aie rendu un servicë pareil.
Presque tous les soirs je viens dans la maison funeste d'où vous sortez,
-et chaque fois que je viens à rencontrer un de ces imprudens dont
■ l'inexpérience est si facile à reconnaître, j'en use avec lui, comme je l'ai
fait ce soir avec vous.
fi) Toute reproduction, même partielle de ce feuilleton, est interdite.
Voir bps numéros des 26, 27, 28, 29 et 30 mars.
C'est de la morale qui doit vous coûter cher, si vous avez souvent
à faite des avances de pareilles sommes ! j. ; . . •
. Moins que vous ne le croyez, parce que je sais choisir mon monde
et que je ne m'adresse qu'à des jeunes gens foncièrement honnêtes. Je
leur donne du temps, et ils s'acquittent. Combien m'ont , dit, depuis,
qu'ils me devaient l'honneur et la tranquillité de lèur vie I Quelquefois
même, il m'est arrivé de procurer a quelques-uns des établissemens.
— C'est possible ; mais vous n'en êtes pas moins un singulier homme.
— Oui, — répartit lé philantrope, — j'ai bien ma petite originalité {
mais quand nous nous connaîtrons mieux, vous - verrez que je suis -bon
diable. Tenez, — ajouta-t-il eh déchirant dans un agenda un feuillet
sur lequel il écrivit quelques mots au crayon, -r- voici mon adrese; de
main, je suis tout à vous.
Chevillard ne/crut pas devoir rejeter cette planche de sslut, car, en
définitive, c'était le véritable auteur de sa faute qui lui offrait le moyen
de la réparer.
— Pourrai-je vous voir d'an.peu bonne heure? — demanda-t-il.
Vous sentez, la somme que vous m'avez vu perdre, j'aurai à en tenir
compte dans la matinée.
— Mon heure sera la vôtre, — répondit l'officieux inconnu.
Et ils se séparèrent là-dessus.
GHJUlTBZlt.
Demëuïé seul, Chevillard êut Une curiosité bien naturelle; celle dè
savoir quèl était l'homme qui venait de s'installer si singulièrement dans
sa vie. Il rentra donc dans le Palais-Roya], qui était un peu moins mal
éclairé que la rue de Valois, et parvint à déchiffrer- sur le papier qui lui
avait été remig : Legros, homme de loi,rue des Moulins, n° 42,
De nos jours, la qualification d'homme de loi est à peu près passée de
mode, et elle n'est plus guère prise que par quelques vieux jurisconsul
tes sans diplôme, praticiens de campagne ou de faubourg. t:
Au temps dont nous parlons, elle correspondait à celle.d'agent d'affai
res, et servait d'enseigne à cette nébuleuse industrie, qui, dans la vague
ampleur de son horizon, comprend le bureau de ; placement, le courtage
matrimonial, lè tripotage de la liquidation arriérée; la poursuite des
droits successifs aléatoires, celle des créances véreuses, et quelquefois
même un peu l'usure, le cas échéant. ' .
Il faut aire cependant qu'à la suite du grand déclassement de fortunes
opéré par la révolution de 89, il s'était créé une masse énorme de
droits et d'intérêts litigieux, dont la gestion pouvait donner ouverture à
une profession sérieuse. Par cëla même qu'à cette époque le cabinet d'af
faires avait sa' raison d'exister, il n'était pas sous le poids de la suspicion
et du discrédit où nous le voyons tombé aujourd'hui.
Chevillard ne trouva donc rien de décourageant dans la position so
ciale que s'attribuait sa nouvelle connaissance, et plutôt rassuré que
mis en défiance par ce renseignement, il regagna, d'un esprit assez
tranquille, sa demeure où il avait été si près de ne plus rentrer. Il ne
tarda pas à se mettre au lit, et la fatigue de corps et d'esprit, produit»
chez lui par l'extrême vivacité des émotions qu'il venait de traverser,»
lui procura un sommeil plus profond qu'il ne l'avait d'abord espéré. -,
Le lendemain, à son réveil, le souvenir de tout .ce qui s'était passé le
soir précédent, lui revint confusément à l'esprit; mais quelques heures
avaient amené dans son existèmce én enchaînement «d'é^épemeos si ex
traordinaires, qu'il eut besoin, de se recueillir, pour bien se convaincre,
qu'il ne restait pas sous le poids d'un de ces rêves dont la terrifiante im
pression se continue'même au-delàsommeil. Toutefois, ?on porte
feuille vide, la lettre qu'il avait écrite comme pièce justificative de son
suicide, et l'adrèssé laissée en ses mains par l'homme qui en avait
empêché l'exécution, ne lui permettaient pas d'avoir un doute sur la
réalité des faits dont il retrouvait le souvenir. Il dut même, en consé
quence de la situation que sa faute lui avait créée, se hâter dé s'habiller
et de sortir, ear, pour tout au monde, i} n'aurait pas voulu se rencon
trer avec Mlle Lebeau, avant d'être en mesure de représenter la somme
dont il avait opéré le détournement. . ^
: Arrivé rue des Moulins, il trouva une maison dé bonne apparence où
logeait effectivement celui qu'il venait y chercher, , ;
A l'étage qué lui avait indiqué lé concierge, un écussonde tôle vernie,
Îiortant écrit en lettres d'or : Legros, homme de loi, lui fit connaître au just«
a porte à laquelle il devait s'adresser. Presque aussitôt qu'il eut sonné,
une vieille servante vint lui ouvrir, et lui demanda « s'il était le jeune
homme que son maître attendait ? >
Sur sa réponse affirmative, Chevillard fut invité à entrer au salon , et
à vouloir bien prendre patience jusqu'au retour de l'homme de loi
qu'une affaire avait forcé de sortir, et qui ne pouvait tarder à rentrer.
L'aspect de la pièce où fut alors introduit le teneur de livres,; avait
quelque chose d'étrange. Au milieu d'un mobilier moderne d'assez mé
diocre valeur était jetée une foule de raretés, telles que tableaux, bron
zes, ivoires, orfèvreries et autres objets précieux, qui laissaient suppo
ser dans leur détenteur un.
et elle était entassée dans un si étrange désordre, qu'elle donnait & l'ap
partement, où elle ne semblait être que de passage, un faux air de salle
de vente ou de magasin de curiosités.
rendu à son bureau menaçait d'être bientôt dépassée, et il calculait qu'il
anrajt à se présenter devant Mlle Lebeau coupable du délit d'inexàctitu-
de, celui qu'elle pardonnait le moins volontiers. , ,
Cependant, Legros 11e rentrait toujours pas, et lorsqu'on attend un
homme avec lequel on a à traiter de «solution d'un grand intérêt, on sait
comme l'impatience vous gagne, et., le chemin qu'en peu dé témps fait
l'imagination. s
Au bout de trois quarts d'heure, Chevillard èn était venu à concevoir
les craintes les plus sérieuses sur le succès de "son emprunt. « Evidem-
» ment, Legros avait oùblié leur rendez-vous ou bien il n'avait pas à
» sa disposition la somme pour laquelle il s : était porté fort, ou bien en-
» core jamais il n'avait eu l'intention sérieuse de l'obliger, » Car, en pa
reil cas ^ que nfr se figure-t-on pas? ■ .
Bientôt la tempête intérieure, à laquelle le pauvre jeune homme était
livré, fut poussée à la dernière violence; marchant à grands, pas dans la
chambre, se parlant haut à lui-même, présentant enfintout le symptôme
d'une fiévreuse exaltation, il recommençait à accueillir l'idée du suicide,
quand enfin se fit entendre ce coup de sonnette impérieux qui, en toute
maison, annonce là venue du maître, et presqu'aussitôt, parut l'homme
de loi. ; i . , .
— Ahl ah' vous voilà, mon jeune ami, — dit-il en entrant, —». en
bien I comment va ce matia? . ...
— Assez bien, — répondit Chevillard; — seulepien^ je commença»
à eraindre que vous ne vous fussiez plus souvenu dé moi. ~
— Il n'y a pas de danger, je guis homme de parole; mais on n'a
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