Titre : Le Constitutionnel : journal du commerce, politique et littéraire
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1845-03-29
Contributeur : Véron, Louis (1798-1867). Rédacteur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32747578p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 124053 Nombre total de vues : 124053
Description : 29 mars 1845 29 mars 1845
Description : 1845/03/29 (Numéro 90). 1845/03/29 (Numéro 90).
Description : Note : supplément à l'intérieur. Note : supplément à l'intérieur.
Description : Collection numérique : Grande collecte... Collection numérique : Grande collecte d'archives. Femmes au travail
Description : Collection numérique : La Grande Collecte Collection numérique : La Grande Collecte
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k667040z
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
SAMEDI 29 MARS
ÏMTIOIV Ï>E PA1U&
NUMÉRO
' . MX FltANCS.
îi'j . *: Ï ' s .'i .
» ..
ioBRHAl DTJ COOMRHCB, POUTIQBB ET LITTÉRAIRE.
ON à'ÂfeONKE A PARIS, ,RUÉl^NTM^T3j£ «• 121, ,
«*, BAH* MM DiPARTHUm, CQU LK* 4) M*BCMtM DM VOSTU,
' "st a roxrtaf isa behagïriks. - -
ALondut, chex SUT. Cotcie etfilt.. Saint-Anne's Lan s, ,
ir-l
PARIS.
TO • • • • rf»•*• • i
six son...
TROIS SOIS,
40 n.
N ao
10
-un Ail• •• «••••••«
six xoif ••«««••«•
XftOIS KOM.«•••••
48 re.
34 " ■
13
■ ~ ' "" -■ 1 .i' - 11 1 ^ é ,=s r
"■ •)''-f -i ÂHHOKCEiSich i : ,i ,-va «a v
i franc 60 cent* la petite ligne; — S francs 1* ligne de réoUme.
tout» ihhkiioh son firân ASB^ia vix lh «imAfli.: ,
Ltt lettre» non affranchie! seront rigoureusement refusées. , ,
lie rapide Blpeeès eiue EiK COXSTITUTIOJVKEI i a
•^W^epwià 4'abo%
nés'qu'il compte aujourd'hui, lui permettent aïe
fairede nouveaux " sacrifiées ' s»our■ > -p^ager les
opinions ^olijfW^Wftoiit il 'est' l'organe!...
■ ! Mous Runoneerosis très juraeisaiiiement le» JSOiïJï-
lilaiEIJSES Eï KSEé'œib'rÀIKXES'IHli 'OirAVIOSrS' que
ftE ;^si»TiraijXlÔWl«ÉlL" 'compte réaliser dans le
Courant du trimestre qui va commencer.
IiE CO\!>T!Tli lO\^XL (iounera aux. abonnés nou
veaux qui s'inscriront i» dater du i" avril 1813,
DES 'VEUVES pu-
«bliés: avant .cette époque. ^
*' * ^ ' " ; |iPA»iii8; r ;Sè.é MA.1SS. . : ,
Ou a vu que l'industrie linière a remporté sa victoire sur la
ÏOl dfe? douanes et sur le ministère par le vote delà chambre, qui
Ajlipite lQrcépieBt it dty-h'ujt mois là durée du traité conclu avec
JaSelgique. « , - > :i v . -,
- La culture des graines oléagineuses et une,partie de l'industrie
deè fiûiles a aussi triomphé hier, par l'adoption de l'amendement
"dé M. Darblay. . .
Les éleveurs de .bestiaux vont aussi avoir leur journée,
limitation de la durée du traité conclu avec la Sardaigne.
j^'^rij&ipal avantagé accordé k l i Sardaigne piar ce traité consiste
§k effet dans un abaissement de tarif: pour l'introduction du bé
tail piémontaiS, Les intérêts français que gêne ou que blesse cette
^Mijçuçrpnc^ .ont, des représentons nombreux,à la chambre et dans
1& commission des .douanes» Déjà,,l'année dernière, le mïhisté^
avait rencontré dans la commission de la chambre des députés une
Résistance tellement vive et une opinion si nettement formulée, j
; dii?ii s'étài '
3ardaign&,
de six ans à quatre.
•n'est pas dénoijcé »avant une époque déterminée, il continuera à,
àvbrr^dn plein cfetr V " i 11 s ! î
* La commission , cette année; ne s'était guère montrée satisfaite;
. dece résultat, et elle avait exprimé le vœu, comme pouir le traité
belge, que Je gouvernement s 'engage dès à présent à ne pas main
tenir le traité au-delà de ce premier terme de quatre années. Mais
depuis trois ioursj la conduite du gouvernement a produit dans la
chambre l'effet" qu'on devait naturellement attendre. Les intérêts
industriels ou agricoles engagés dans les questions qu'on discute,
exaltés par lé succès; une sorte d'émulation prohibitive
s'est.manifestée dans les divers groupes que forme au sein de l'as
semblée l'exatjîen dé chaque chapitre de Ja loi des douanes; la dé
fiance est d'ailleurs dans tous les esprits ; on ne croit pas aux en-
gageinens que pourraient prendre les ministres, tant leur faiblesse
jjsti grajid§ ; ;et tant- leursrésolutioDS sont subordonnées.au besoin
.de vivre ; on ne croit pas davantage à l'avenir du .cabinet, ét cha- >
«oiluxos va comssTtvTioimja, va 29 mars 1845.
çun veut se mettre en gardé par son propre vote, contre les ha A
sards de l'avenir. ; .
, Oh a donc représenté à la commission que i» substitution du
terme de quatre ans à celui 4e six ans, n'était pas un résultat sér
rieux, puisqu'il Suffisait dn silence du gouvernement français pour
prolonger le traité ; on a remarqué que les engagemens que pour
raient prendre les ministres, n'auraient aucune valeur, car la pa-
rolé d'un gouVernemeat n'est sérieuse que lorsqu'il a lâ puissance
et l'énergie nécessaires pour la tenir, ta çommissÎQn. avait hésité
cependant avant de prendre line résolution ^1 us gïafe. lîénonce): ;
i« ♦«-.:»* -- ;—, -i -—-s* déjà de x§r-
semblait un
pournos mi
nistres, sans exemple d'ailleurs dans les souvenirs parlementaires.
Plusieurs députés avaient done préparé un amendement semblable-
de tous points à celui de M. Lestiboudois, c'est-à-dire ayant pour;
effet de limiter à quatre années le vo'e du tarif, qui est la sanc
tion du traité sarde. r .. . ....
Mais, depuis hier, les dispositions de la commission se sont
modifiées, Sous l'empire de l'indignation qu'a causée à tous ses
membres la pitoyable conduite que tiennent les ministres, la com
mission s'est réunie ce matin, et, par un vote unàuime, elle a
décidé qu'elle proposerait elle-même l'amendement. i. ;
Quel parti a pris alors le ministère? Ou répandait le bruit qu'il
voulait faire du traité sarde une question de cabinet. Rien n'est
plus loin delà vérité. Il accepte l'amendement de la commission 1. ..
Toujours sans doute parce que de tels votes donnent de la force
atf gouvernement ! i;
Nous verrons donc, encore une fois, lundi les ministres se paiv
tager les rôles; voter dans des sens divers ou ne point voter, quit
ter subitement la séaDce ou n'y point assister. Nous verrons le
cabinet s'évanouir de peur d'une défaite. -
Voilà des gîens bièn forts et bien honorés dans le monde 1 Ils ne :
peuvent plus traiter ni avec les grandes, ni avec les petites puis
sances, lis méditaient une union douanière avec un pays voisin;
les députés d'une partie de la France, Rassemblant aussitôt, leur
ont enjoint de n'en rien faire ; ils ont renoncé à la négociation.
1 —Ils avaient signé une convention avec l'Angleterre, eu 1841; j
la chambre, unanime, leur a interdit de passer outre, .et ils ont dû;
refuser la ratiiication. — D'anciens traités existaient depuis dix;
ans sur le droit de visite *, ifs ont eu le malheur de vouloir complé-
ter et déve'opper ces traités; la chambre aussitôt leur a commandé
d'en obtenir l'abrogation icoœplète ; et, après deux ans d'hésita
tion, ils viennent de se rendre et d'agir sérieusement pour obéir à
la chambre. — Ils s : étaient réduits à modifier quelques articles
de nos tarifs en faveur de la Belgique ; le traité s'exécutait depuis
plus de deux ans ; la chambre a décrété que le traité ne durerait
pas au-delà de dix-huit moi si — Quelques avantages commer
ciaux avaient été enfin stipulés avec la Sardaigne ; il a fallu d'a
bord que le ministère, docile aux vœux d'une commission, négo
ciât de nouveau pour restreindre les effets de sa précédente négo
ciation, et aujourd'hui la commission propose à la chambre de
rtfuser tout-à-fait, après le premier terme du traité, la sanction
parlementaire.
.. En France, on refuse de croire aux engagemens que ce minis
tère veut prendre. Quelle nation voudra croire désormais aux en
gagemens qu'il offrira de contracter? 11 est condamné à se tour
menter dans l'impuissance, ; sa diplomatie fait l'ouvrage de Péné
lope; ce qu'il dit n'a plus de portée ; ce qu'il projette n'a plus
"d'avenir; ce qu'il signe n'a 'plus de valeur ; ce qu'il ratifie n's
jlus dé durée probable ; ce qu il
surée.
exécute n'a pins d'existence as-
IJ est lui-même nn problème, et le plus triste : dô tous: Une
sorte de licenciement momentané disperse tous Ses membres, au
moment où il faudrait se montrer et eombattre ; Ce système du
sàuve-qui-peùt, appliqué au gouvernement de la (Cambré, est
"probablement de l'invention de M. Duchâtel, si prompt à donner
l'exemple de la fuité. La diplomatie de l'intérieur Vaut celle dû
dehors. ;
La chambré à continué aujourd'hui la discussion sur le projet de
loi relatif aux douanes. On. a successivement adopté un grand
nombre d'articles sans aucun incident remarquable, et on est ar
rivé aux Produits des états sardes. Cônamé là 'séafllcie était fort
avancée, la discussion sur le traité, sarde a été renvoyée à lundi.
, La chambrq dés pairs a voté aujourd'hui un certain nombre
d'articles de la .proposition deM. le comte Daru sur les chemins
de fér . C'est le système de la ; commission qui triomphe, mais 11
difficile de croire qu'il puisse sortir rien d applicablè de ce dé-
est
bât. Nous sommes à cet égard assez de ravisie.M. d'Jïarcoiart
qui pense aue la proposition de M,, Daru, quoique morale en gqi,
pousse les enoses trop loin : c'est, comme il le dit, un remède qui
pourrait bien emporter le malade. , . ; .
' «a» I — —
ANNEXION DU TEXAS. 7
Le sénat des Etats-Unis a voté par 27 voix contre 25 le bill
d'annexion du Texas. D 'après les termes de c-et acte, lé Texas for
mera un nouvel état dans la confédération américaine^ sous le nom
d'état du Texas , à la condition que cette annexion sera résolue
par le gouvernement et les représentans du peuple du Texas réu
nis en convention. Le nouvel état aura-des institutions républi
caines,'et sera représenté au congrès des Etats-Unis par deux dé
putés. Il livrera à l'union son territoire, ses biens et ressources
pouvant intéresser la défense publique ; mais il restera chargé de
sa dette en même temps quil conservera la jouissance de son
revenu!-'- • i'.. i. v ,
En retour de l'abandon qui leur sera fait par le Texas d'une par
tie de la souveraineté, les Etats-Unis prendront la responsa
bilité du règlement de toutes les questions de limités qui pourront
s'élever.avec les autres gouvernemens, ; . , »
• Enfin de nouveaux états pourront être formés, avec l'agrément
du Texas, dans le territoire même de cet état, c'ast^Mire dansjts
parties non peuplées encore, qui chaque jour se remplissent d'e-
migrans des Etats-Unis. Ainsi sera résolue l'objection, tirée -de
l'existence de l'esclavage au Texas, que les représentans des états
libres du Nord de l'Union, ont opposée à l'annexion. La partie du
Texas ou l'esclavage existe, à savoir la partie où se, trouvent lés
villes, les villages et les habitations, sera annexée avec l'esclavage.
La partie déserte encore, mais déjà s llonnée parles pionniers amé
ricains, sera admise probablement sans esclavage,.lorsqu'elle aura
réuni une population sufffisante pour former une nouvelle pro
vince dans l'Union. <
Le vote du sénat américain est très grave ; il a été déterminé,
sans doute., par un concours de circonstances qui ne permettaient
guère de prendre une résolution contraire. A fa puissante impul
sion de 1 opinion publique, et à l'influence des sentimens de
Bg»»agBBeaaEa8«»gagim^mim»!«aj!iM&y'gSB8EaB^ wacmsataBœBeœB
: ■ AVIS. ' :
Après le roman'ÎL'ALLÉE DES VEUVES, par M. Charles Rabou,,
le Constitutionnel reprendra, dans le courant d'avril, la publication du
ER1VÂÎW, doiit les trois derniers vôlumes paraîtront dans un
court espace de temps. " ; ;
? -a r.v, jitif y.ttit a NT publié. noBsdonnerons un roman deM. ALEXAN-
DUE DUMAS en plusieurs volumes. M; Alexandre Dumas, devenu li-
Isro par le décès dè M. Ddjarier, avec qui il avait traité de l'exploitation
'dë tous sës ouvrages, vient dé signer avec le Constitutionnel, un traité
,quj agspre sa collaboration exclusive au Constitutionnel ainsi qu'au jour
nal 6* Presse, pendant plusieurs années. ; u
Après le romande M. Alexandre Dumas, et ayant: la fin de l'an-
'nfe -ISio, nous commencerons la publication des SEPT PÉCHÉS
CAPITAUX, par; liï. EUGÈNE SUE; ;
Indépendamment de toutes ces grandes publications, le{Cômiitution-
nel continuera de donner en feuilletons des articlès sur les théâtres, par
«U. 1^..Rolls; une Chronique de Paris, par M, Charle de Boigne, et plu-,
sieurs nouvelles plus ou moins étendues, signées de noms connus par;
f lë^'plus nombreux succès en littérature. '
Le feùillétoii du Côn$(jtutionneî ne sera donc plus consacré qu'aux
,îhéâtres,;à la Çhronique'de Paris, aux NouvelleSiet aux Romans. '
* La Chronique du Palais, la Sev»e scientifique,: lest articles sur les'
Beaux-Arts seront désormais classés dans une autre partie du journal,
'àihsi qile nous l'indiquerons en faisant connaître les nom&mwes în-
'nàvations qui seront réalisées dans le courant du trimestre qui va com
mencer.
L'ALLÉE DES ¥EU¥ES
(i);
PREMIERE PARTIE.
":î V ' i:",'-CHAPnpài:'U.''
' ' Dans le courant du mois de novembre 4S03,- Clwbouillant se disposait
TontoTeproduotion, même pérti611e, ; de -ce'^feuilleton, ëst interilite. •
¥oir nos numéro» des 26, 27 et 29 marei «l f cî l «a. ;i
à partir pour l'Allemagne. Il venait demander à Mlle Lebeau ses ins
tructions, quand Chevillard entra dans le cabinet de sa patronne pour
soumettre à sa signature quelques lettres que le courrier du soir devait
emporter.: ; , -
Pendant que la jeune marchande, suivant sa bonne méthode de lire
. avant de signer, donnait son attention à cette correspondance, tout en
répondant à vingt acheteurs et à trois où quatre demoiselles de magasin
qui venaient à l'envi lui demander des renseignemens, Chabouillant prit
à part le comptablé, et dans un style particulier dont il s'était fait 1 ha
bitude ;.
rr Chevillard le bien nommé,— lui dit-il,—puisque vous êtes de
cette honorable maison la,.cheville ouvrière, puis-je, avec la permis
sion, des autorités constituées, vous faire une proposition ? . «
~n Faites!—repartit Chevillard. :
i -rVous, a'êtes pas sans savoir, r— répartit le çommisT-voyageur, —
que dans quelques heures un char rapide (1 ) doit emporter votre confrère,
et ami vers la frontière du Rhin? ,
— Tiens! vous partez ce soir? —dit le teneur de livres en termes
plus prosaïques.
tt Oui, mon cher.
Je guitte le séjour de l'aimable Trézène.
— Alors, bon voyage! — répartit malicieusement Chevillard, — et
surtout, ramenez-nous la familie demandée.'
— No plaisantons pas sur ces choses là, — répondit Chabouillant , en
, portant mélancoliquement la. main sur son cœur. — J'ai là un certain
pressentiment qu'à ce voyage-ci;., enfin, suffit; mais pour en revenir à
ma proposition,.. ;. ■ . •
-r-En bien! de quoi s'agit-il? — demanda Chevillard.
— Il s'agit, que la diligence qui m'emmène ce soir ne s'arrêtera plus
avant demain onze heures, pour le déjeûner; si.bien que, jusqu'à ce
moment, il me sera interdit de me livrer à aucune espèce d alimenta
tion...
: -r-Diable ! le jeûne est long.
— Trop long, pour un çstomac naturellement délicat. Aussi, aurais-
je comme une idée, en sortant d'ici, de me rendre au Palais du Tribu-
nat, chez le nommé Février (2), restaurateur, dont la euisine n'est pas
trop méprisable, et là, de me munir d'un petit dîner agréable et succu
lent.
— Eh bien ! mais la précaution n'est pas mauvaise I
— Sans doute ; mais je ne, vpudrais .pas dtner comme un ours, et
j'aimerais assez qu'à nous deux, nous fissions un petit banquet civique,
sile cœur vous-en disait.. , ,
— Merci bien, — fit Chevillard, — je compte travailler tout ce soir ;
j'ai de la besogne arriérée.
—Vous la ferez demain, votre besogne;,, un jour de plus ou de moins.
— Non, vraiment, j'aime mieux ne pas sortir aujourd'hui. : ,
— Chevillard I — reprit le commis-voyageur d'un air sentencieux, —
je crois avoir de la vie une assez grande expérience pour affirmer qu'il
n'est pas naturel à l'homme de refuser un bon dîner ; vous avez donc,
pour faire ainsi là petite bouche, quelques raisons superlatives que vous
ne dites pas à votre ami.
— Quelles raisons aurais-je bien? — dit le teneur de livres.
; —Eh ! eh ! la charmante patronne, peut-être, que nous avons peur de
mécontenter. ' . . '
— Par exemple ! t - dit Chevillard avec dignité, — j'aimerais assez
qu'elle trouvât mauvais...
Cette déclarationd'indépendance fut interrompue par Mlle Lebeau, qui,
demeurée étrangère à la conversation, dit au comptable, comme par sou
venir et sans se déranger de la révision de ses lettres : :
— Monsieur Chevillard, vous savez que Mme Foubert n'apas soldé ,çe
matin la traite de 3,000 livres; elle a promis d'être, en mesure ce soir,
sans faute ; il faudra y passer vous-même, après dîner, parce que, dans
le cas ou elle ne payerait pas, vous feriez faire le protêt ae bonne heure,
demain matin.
— Pour le coup, — dit Chabouillant, s'adressant à Chevillard,—j'ose
dire, mon camarade, que vous voilà collé sous bande ; Mademoiselle,
elle-même, joue dans mon jeu. . t . •
— Quel jeu? — demanda Mlle Lebeau, qui avait entendu cette fin de
phrase.
— C'est, qu'imaginez-vous, belle Demoiselle, notre ami Chevillard, ici
présent, refuse impétueusement de dtndr avec moi, de peur d'encourir
votre céleste courroux.
— Je n'ai pas dit un mot décela, — s'écria Chevillard.
. — Et en effet, je m'en êconnerais, — reprit Mlle Lebeau, avec une
nuance de sécheresse, — car je n'ai pas pour habitude de me mêler des
choses qui ne me regardent pas. . , "
' _ Certainement ! — dit Chabouillant— mais comme en général vous
ne professez pas un- très grand respect pour mes vertus patriarcales,
Chevillard se persuade que vous aimeriez autant lui savoir un autre
amphitryon. •
— Si vous le prenez par là, — répondit la jeune marchande, — je ne
vous cacherai pas, mon cher Monsieur, que vous ne m'avez jamais paru
un modèle de sagesse et de tempérance, et èntre nous, M. Chevillard
auquel les dîners de garçon ne réussissent pas toujours bien, ferait peut-
être prudemment de dîner ici, comme à 1 ordinaire et de refuser votre
invitation; mais en résultat, il est assez grand pour savoir se conduire et
il fera là-dessus ce q% lui plaira.
'— C'est fort heureux! — dit Chevillard à demi-voix, tandis que Cha-
(2) Keslaurateur alors fort connu chez lequel"fut assassiné le conyen-. « bouillant reprenait :. • ; > —. « . 1 , . • 1 s 1 »
tioanel Lepelleiier de Sairit-Fargeau. • H ' v 1! ! r le W«î bien, mçadwr, .%4emgjs§llp PiVous^n^udrapas
(i) Rapide ! Chabouillant est bien honnête ; en 1804 les Grandes-Mes
sageries, aujourd'hui Messageries-Royales, mettaient cinq jours et demi
ipouciitcr de,Paris à Strasbourg.
ÏMTIOIV Ï>E PA1U&
NUMÉRO
' . MX FltANCS.
îi'j . *: Ï ' s .'i .
» ..
ioBRHAl DTJ COOMRHCB, POUTIQBB ET LITTÉRAIRE.
ON à'ÂfeONKE A PARIS, ,RUÉl^NTM^T3j£ «• 121, ,
«*, BAH* MM DiPARTHUm, CQU LK* 4) M*BCMtM DM VOSTU,
' "st a roxrtaf isa behagïriks. - -
ALondut, chex SUT. Cotcie etfilt.. Saint-Anne's Lan s, ,
ir-l
PARIS.
TO • • • • rf»•*• • i
six son...
TROIS SOIS,
40 n.
N ao
10
-un Ail• •• «••••••«
six xoif ••«««••«•
XftOIS KOM.«•••••
48 re.
34 " ■
13
■ ~ ' "" -■ 1 .i' - 11 1 ^ é ,=s r
"■ •)''-f -i ÂHHOKCEiSich i : ,i ,-va «a v
i franc 60 cent* la petite ligne; — S francs 1* ligne de réoUme.
tout» ihhkiioh son firân ASB^ia vix lh «imAfli.: ,
Ltt lettre» non affranchie! seront rigoureusement refusées. , ,
lie rapide Blpeeès eiue EiK COXSTITUTIOJVKEI i a
•^W^epwià 4'abo%
nés'qu'il compte aujourd'hui, lui permettent aïe
fairede nouveaux " sacrifiées ' s»our■ > -p^ager les
opinions ^olijfW^Wftoiit il 'est' l'organe!...
■ ! Mous Runoneerosis très juraeisaiiiement le» JSOiïJï-
lilaiEIJSES Eï KSEé'œib'rÀIKXES'IHli 'OirAVIOSrS' que
ftE ;^si»TiraijXlÔWl«ÉlL" 'compte réaliser dans le
Courant du trimestre qui va commencer.
IiE CO\!>T!Tli lO\^XL (iounera aux. abonnés nou
veaux qui s'inscriront i» dater du i" avril 1813,
DES 'VEUVES pu-
«bliés: avant .cette époque. ^
*' * ^ ' " ; |iPA»iii8; r ;Sè.é MA.1SS. . : ,
Ou a vu que l'industrie linière a remporté sa victoire sur la
ÏOl dfe? douanes et sur le ministère par le vote delà chambre, qui
Ajlipite lQrcépieBt it dty-h'ujt mois là durée du traité conclu avec
JaSelgique. « , - > :i v . -,
- La culture des graines oléagineuses et une,partie de l'industrie
deè fiûiles a aussi triomphé hier, par l'adoption de l'amendement
"dé M. Darblay. . .
Les éleveurs de .bestiaux vont aussi avoir leur journée,
limitation de la durée du traité conclu avec la Sardaigne.
j^'^rij&ipal avantagé accordé k l i Sardaigne piar ce traité consiste
§k effet dans un abaissement de tarif: pour l'introduction du bé
tail piémontaiS, Les intérêts français que gêne ou que blesse cette
^Mijçuçrpnc^ .ont, des représentons nombreux,à la chambre et dans
1& commission des .douanes» Déjà,,l'année dernière, le mïhisté^
avait rencontré dans la commission de la chambre des députés une
Résistance tellement vive et une opinion si nettement formulée, j
; dii?ii s'étài '
3ardaign&,
de six ans à quatre.
•n'est pas dénoijcé »avant une époque déterminée, il continuera à,
àvbrr^dn plein cfetr V " i 11 s ! î
* La commission , cette année; ne s'était guère montrée satisfaite;
. dece résultat, et elle avait exprimé le vœu, comme pouir le traité
belge, que Je gouvernement s 'engage dès à présent à ne pas main
tenir le traité au-delà de ce premier terme de quatre années. Mais
depuis trois ioursj la conduite du gouvernement a produit dans la
chambre l'effet" qu'on devait naturellement attendre. Les intérêts
industriels ou agricoles engagés dans les questions qu'on discute,
exaltés par lé succès; une sorte d'émulation prohibitive
s'est.manifestée dans les divers groupes que forme au sein de l'as
semblée l'exatjîen dé chaque chapitre de Ja loi des douanes; la dé
fiance est d'ailleurs dans tous les esprits ; on ne croit pas aux en-
gageinens que pourraient prendre les ministres, tant leur faiblesse
jjsti grajid§ ; ;et tant- leursrésolutioDS sont subordonnées.au besoin
.de vivre ; on ne croit pas davantage à l'avenir du .cabinet, ét cha- >
«oiluxos va comssTtvTioimja, va 29 mars 1845.
çun veut se mettre en gardé par son propre vote, contre les ha A
sards de l'avenir. ; .
, Oh a donc représenté à la commission que i» substitution du
terme de quatre ans à celui 4e six ans, n'était pas un résultat sér
rieux, puisqu'il Suffisait dn silence du gouvernement français pour
prolonger le traité ; on a remarqué que les engagemens que pour
raient prendre les ministres, n'auraient aucune valeur, car la pa-
rolé d'un gouVernemeat n'est sérieuse que lorsqu'il a lâ puissance
et l'énergie nécessaires pour la tenir, ta çommissÎQn. avait hésité
cependant avant de prendre line résolution ^1 us gïafe. lîénonce): ;
i« ♦«-.:»* -- ;—, -i -—-s* déjà de x§r-
semblait un
pournos mi
nistres, sans exemple d'ailleurs dans les souvenirs parlementaires.
Plusieurs députés avaient done préparé un amendement semblable-
de tous points à celui de M. Lestiboudois, c'est-à-dire ayant pour;
effet de limiter à quatre années le vo'e du tarif, qui est la sanc
tion du traité sarde. r .. . ....
Mais, depuis hier, les dispositions de la commission se sont
modifiées, Sous l'empire de l'indignation qu'a causée à tous ses
membres la pitoyable conduite que tiennent les ministres, la com
mission s'est réunie ce matin, et, par un vote unàuime, elle a
décidé qu'elle proposerait elle-même l'amendement. i. ;
Quel parti a pris alors le ministère? Ou répandait le bruit qu'il
voulait faire du traité sarde une question de cabinet. Rien n'est
plus loin delà vérité. Il accepte l'amendement de la commission 1. ..
Toujours sans doute parce que de tels votes donnent de la force
atf gouvernement ! i;
Nous verrons donc, encore une fois, lundi les ministres se paiv
tager les rôles; voter dans des sens divers ou ne point voter, quit
ter subitement la séaDce ou n'y point assister. Nous verrons le
cabinet s'évanouir de peur d'une défaite. -
Voilà des gîens bièn forts et bien honorés dans le monde 1 Ils ne :
peuvent plus traiter ni avec les grandes, ni avec les petites puis
sances, lis méditaient une union douanière avec un pays voisin;
les députés d'une partie de la France, Rassemblant aussitôt, leur
ont enjoint de n'en rien faire ; ils ont renoncé à la négociation.
1 —Ils avaient signé une convention avec l'Angleterre, eu 1841; j
la chambre, unanime, leur a interdit de passer outre, .et ils ont dû;
refuser la ratiiication. — D'anciens traités existaient depuis dix;
ans sur le droit de visite *, ifs ont eu le malheur de vouloir complé-
ter et déve'opper ces traités; la chambre aussitôt leur a commandé
d'en obtenir l'abrogation icoœplète ; et, après deux ans d'hésita
tion, ils viennent de se rendre et d'agir sérieusement pour obéir à
la chambre. — Ils s : étaient réduits à modifier quelques articles
de nos tarifs en faveur de la Belgique ; le traité s'exécutait depuis
plus de deux ans ; la chambre a décrété que le traité ne durerait
pas au-delà de dix-huit moi si — Quelques avantages commer
ciaux avaient été enfin stipulés avec la Sardaigne ; il a fallu d'a
bord que le ministère, docile aux vœux d'une commission, négo
ciât de nouveau pour restreindre les effets de sa précédente négo
ciation, et aujourd'hui la commission propose à la chambre de
rtfuser tout-à-fait, après le premier terme du traité, la sanction
parlementaire.
.. En France, on refuse de croire aux engagemens que ce minis
tère veut prendre. Quelle nation voudra croire désormais aux en
gagemens qu'il offrira de contracter? 11 est condamné à se tour
menter dans l'impuissance, ; sa diplomatie fait l'ouvrage de Péné
lope; ce qu'il dit n'a plus de portée ; ce qu'il projette n'a plus
"d'avenir; ce qu'il signe n'a 'plus de valeur ; ce qu'il ratifie n's
jlus dé durée probable ; ce qu il
surée.
exécute n'a pins d'existence as-
IJ est lui-même nn problème, et le plus triste : dô tous: Une
sorte de licenciement momentané disperse tous Ses membres, au
moment où il faudrait se montrer et eombattre ; Ce système du
sàuve-qui-peùt, appliqué au gouvernement de la (Cambré, est
"probablement de l'invention de M. Duchâtel, si prompt à donner
l'exemple de la fuité. La diplomatie de l'intérieur Vaut celle dû
dehors. ;
La chambré à continué aujourd'hui la discussion sur le projet de
loi relatif aux douanes. On. a successivement adopté un grand
nombre d'articles sans aucun incident remarquable, et on est ar
rivé aux Produits des états sardes. Cônamé là 'séafllcie était fort
avancée, la discussion sur le traité, sarde a été renvoyée à lundi.
, La chambrq dés pairs a voté aujourd'hui un certain nombre
d'articles de la .proposition deM. le comte Daru sur les chemins
de fér . C'est le système de la ; commission qui triomphe, mais 11
difficile de croire qu'il puisse sortir rien d applicablè de ce dé-
est
bât. Nous sommes à cet égard assez de ravisie.M. d'Jïarcoiart
qui pense aue la proposition de M,, Daru, quoique morale en gqi,
pousse les enoses trop loin : c'est, comme il le dit, un remède qui
pourrait bien emporter le malade. , . ; .
' «a» I — —
ANNEXION DU TEXAS. 7
Le sénat des Etats-Unis a voté par 27 voix contre 25 le bill
d'annexion du Texas. D 'après les termes de c-et acte, lé Texas for
mera un nouvel état dans la confédération américaine^ sous le nom
d'état du Texas , à la condition que cette annexion sera résolue
par le gouvernement et les représentans du peuple du Texas réu
nis en convention. Le nouvel état aura-des institutions républi
caines,'et sera représenté au congrès des Etats-Unis par deux dé
putés. Il livrera à l'union son territoire, ses biens et ressources
pouvant intéresser la défense publique ; mais il restera chargé de
sa dette en même temps quil conservera la jouissance de son
revenu!-'- • i'.. i. v ,
En retour de l'abandon qui leur sera fait par le Texas d'une par
tie de la souveraineté, les Etats-Unis prendront la responsa
bilité du règlement de toutes les questions de limités qui pourront
s'élever.avec les autres gouvernemens, ; . , »
• Enfin de nouveaux états pourront être formés, avec l'agrément
du Texas, dans le territoire même de cet état, c'ast^Mire dansjts
parties non peuplées encore, qui chaque jour se remplissent d'e-
migrans des Etats-Unis. Ainsi sera résolue l'objection, tirée -de
l'existence de l'esclavage au Texas, que les représentans des états
libres du Nord de l'Union, ont opposée à l'annexion. La partie du
Texas ou l'esclavage existe, à savoir la partie où se, trouvent lés
villes, les villages et les habitations, sera annexée avec l'esclavage.
La partie déserte encore, mais déjà s llonnée parles pionniers amé
ricains, sera admise probablement sans esclavage,.lorsqu'elle aura
réuni une population sufffisante pour former une nouvelle pro
vince dans l'Union. <
Le vote du sénat américain est très grave ; il a été déterminé,
sans doute., par un concours de circonstances qui ne permettaient
guère de prendre une résolution contraire. A fa puissante impul
sion de 1 opinion publique, et à l'influence des sentimens de
Bg»»agBBeaaEa8«»gagim^mim»!«aj!iM&y'gSB8EaB^ wacmsataBœBeœB
: ■ AVIS. ' :
Après le roman'ÎL'ALLÉE DES VEUVES, par M. Charles Rabou,,
le Constitutionnel reprendra, dans le courant d'avril, la publication du
ER1VÂÎW, doiit les trois derniers vôlumes paraîtront dans un
court espace de temps. " ; ;
? -a r.v, jitif y.ttit a NT publié. noBsdonnerons un roman deM. ALEXAN-
DUE DUMAS en plusieurs volumes. M; Alexandre Dumas, devenu li-
Isro par le décès dè M. Ddjarier, avec qui il avait traité de l'exploitation
'dë tous sës ouvrages, vient dé signer avec le Constitutionnel, un traité
,quj agspre sa collaboration exclusive au Constitutionnel ainsi qu'au jour
nal 6* Presse, pendant plusieurs années. ; u
Après le romande M. Alexandre Dumas, et ayant: la fin de l'an-
'nfe -ISio, nous commencerons la publication des SEPT PÉCHÉS
CAPITAUX, par; liï. EUGÈNE SUE; ;
Indépendamment de toutes ces grandes publications, le{Cômiitution-
nel continuera de donner en feuilletons des articlès sur les théâtres, par
«U. 1^..Rolls; une Chronique de Paris, par M, Charle de Boigne, et plu-,
sieurs nouvelles plus ou moins étendues, signées de noms connus par;
f lë^'plus nombreux succès en littérature. '
Le feùillétoii du Côn$(jtutionneî ne sera donc plus consacré qu'aux
,îhéâtres,;à la Çhronique'de Paris, aux NouvelleSiet aux Romans. '
* La Chronique du Palais, la Sev»e scientifique,: lest articles sur les'
Beaux-Arts seront désormais classés dans une autre partie du journal,
'àihsi qile nous l'indiquerons en faisant connaître les nom&mwes în-
'nàvations qui seront réalisées dans le courant du trimestre qui va com
mencer.
L'ALLÉE DES ¥EU¥ES
(i);
PREMIERE PARTIE.
":î V ' i:",'-CHAPnpài:'U.''
' ' Dans le courant du mois de novembre 4S03,- Clwbouillant se disposait
TontoTeproduotion, même pérti611e, ; de -ce'^feuilleton, ëst interilite. •
¥oir nos numéro» des 26, 27 et 29 marei «l f cî l «a. ;i
à partir pour l'Allemagne. Il venait demander à Mlle Lebeau ses ins
tructions, quand Chevillard entra dans le cabinet de sa patronne pour
soumettre à sa signature quelques lettres que le courrier du soir devait
emporter.: ; , -
Pendant que la jeune marchande, suivant sa bonne méthode de lire
. avant de signer, donnait son attention à cette correspondance, tout en
répondant à vingt acheteurs et à trois où quatre demoiselles de magasin
qui venaient à l'envi lui demander des renseignemens, Chabouillant prit
à part le comptablé, et dans un style particulier dont il s'était fait 1 ha
bitude ;.
rr Chevillard le bien nommé,— lui dit-il,—puisque vous êtes de
cette honorable maison la,.cheville ouvrière, puis-je, avec la permis
sion, des autorités constituées, vous faire une proposition ? . «
~n Faites!—repartit Chevillard. :
i -rVous, a'êtes pas sans savoir, r— répartit le çommisT-voyageur, —
que dans quelques heures un char rapide (1 ) doit emporter votre confrère,
et ami vers la frontière du Rhin? ,
— Tiens! vous partez ce soir? —dit le teneur de livres en termes
plus prosaïques.
tt Oui, mon cher.
Je guitte le séjour de l'aimable Trézène.
— Alors, bon voyage! — répartit malicieusement Chevillard, — et
surtout, ramenez-nous la familie demandée.'
— No plaisantons pas sur ces choses là, — répondit Chabouillant , en
, portant mélancoliquement la. main sur son cœur. — J'ai là un certain
pressentiment qu'à ce voyage-ci;., enfin, suffit; mais pour en revenir à
ma proposition,.. ;. ■ . •
-r-En bien! de quoi s'agit-il? — demanda Chevillard.
— Il s'agit, que la diligence qui m'emmène ce soir ne s'arrêtera plus
avant demain onze heures, pour le déjeûner; si.bien que, jusqu'à ce
moment, il me sera interdit de me livrer à aucune espèce d alimenta
tion...
: -r-Diable ! le jeûne est long.
— Trop long, pour un çstomac naturellement délicat. Aussi, aurais-
je comme une idée, en sortant d'ici, de me rendre au Palais du Tribu-
nat, chez le nommé Février (2), restaurateur, dont la euisine n'est pas
trop méprisable, et là, de me munir d'un petit dîner agréable et succu
lent.
— Eh bien ! mais la précaution n'est pas mauvaise I
— Sans doute ; mais je ne, vpudrais .pas dtner comme un ours, et
j'aimerais assez qu'à nous deux, nous fissions un petit banquet civique,
sile cœur vous-en disait.. , ,
— Merci bien, — fit Chevillard, — je compte travailler tout ce soir ;
j'ai de la besogne arriérée.
—Vous la ferez demain, votre besogne;,, un jour de plus ou de moins.
— Non, vraiment, j'aime mieux ne pas sortir aujourd'hui. : ,
— Chevillard I — reprit le commis-voyageur d'un air sentencieux, —
je crois avoir de la vie une assez grande expérience pour affirmer qu'il
n'est pas naturel à l'homme de refuser un bon dîner ; vous avez donc,
pour faire ainsi là petite bouche, quelques raisons superlatives que vous
ne dites pas à votre ami.
— Quelles raisons aurais-je bien? — dit le teneur de livres.
; —Eh ! eh ! la charmante patronne, peut-être, que nous avons peur de
mécontenter. ' . . '
— Par exemple ! t - dit Chevillard avec dignité, — j'aimerais assez
qu'elle trouvât mauvais...
Cette déclarationd'indépendance fut interrompue par Mlle Lebeau, qui,
demeurée étrangère à la conversation, dit au comptable, comme par sou
venir et sans se déranger de la révision de ses lettres : :
— Monsieur Chevillard, vous savez que Mme Foubert n'apas soldé ,çe
matin la traite de 3,000 livres; elle a promis d'être, en mesure ce soir,
sans faute ; il faudra y passer vous-même, après dîner, parce que, dans
le cas ou elle ne payerait pas, vous feriez faire le protêt ae bonne heure,
demain matin.
— Pour le coup, — dit Chabouillant, s'adressant à Chevillard,—j'ose
dire, mon camarade, que vous voilà collé sous bande ; Mademoiselle,
elle-même, joue dans mon jeu. . t . •
— Quel jeu? — demanda Mlle Lebeau, qui avait entendu cette fin de
phrase.
— C'est, qu'imaginez-vous, belle Demoiselle, notre ami Chevillard, ici
présent, refuse impétueusement de dtndr avec moi, de peur d'encourir
votre céleste courroux.
— Je n'ai pas dit un mot décela, — s'écria Chevillard.
. — Et en effet, je m'en êconnerais, — reprit Mlle Lebeau, avec une
nuance de sécheresse, — car je n'ai pas pour habitude de me mêler des
choses qui ne me regardent pas. . , "
' _ Certainement ! — dit Chabouillant— mais comme en général vous
ne professez pas un- très grand respect pour mes vertus patriarcales,
Chevillard se persuade que vous aimeriez autant lui savoir un autre
amphitryon. •
— Si vous le prenez par là, — répondit la jeune marchande, — je ne
vous cacherai pas, mon cher Monsieur, que vous ne m'avez jamais paru
un modèle de sagesse et de tempérance, et èntre nous, M. Chevillard
auquel les dîners de garçon ne réussissent pas toujours bien, ferait peut-
être prudemment de dîner ici, comme à 1 ordinaire et de refuser votre
invitation; mais en résultat, il est assez grand pour savoir se conduire et
il fera là-dessus ce q% lui plaira.
'— C'est fort heureux! — dit Chevillard à demi-voix, tandis que Cha-
(2) Keslaurateur alors fort connu chez lequel"fut assassiné le conyen-. « bouillant reprenait :. • ; > —. « . 1 , . • 1 s 1 »
tioanel Lepelleiier de Sairit-Fargeau. • H ' v 1! ! r le W«î bien, mçadwr, .%4emgjs§llp PiVous^n^udrapas
(i) Rapide ! Chabouillant est bien honnête ; en 1804 les Grandes-Mes
sageries, aujourd'hui Messageries-Royales, mettaient cinq jours et demi
ipouciitcr de,Paris à Strasbourg.
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 85.53%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 85.53%.
- Collections numériques similaires La Grande Collecte La Grande Collecte /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "GCGen1"
- Auteurs similaires Véron Louis Véron Louis /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Véron Louis" or dc.contributor adj "Véron Louis")
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/8
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k667040z/f1.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k667040z/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k667040z/f1.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k667040z/f1.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k667040z
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k667040z
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k667040z/f1.image × Aide
Facebook
Twitter
Pinterest