Titre : Le Constitutionnel : journal du commerce, politique et littéraire
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1843-02-15
Contributeur : Véron, Louis (1798-1867). Rédacteur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32747578p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 15 février 1843 15 février 1843
Description : 1843/02/15 (Numéro 46). 1843/02/15 (Numéro 46).
Description : Collection numérique : Grande collecte... Collection numérique : Grande collecte d'archives. Femmes au travail
Description : Collection numérique : La Grande Collecte Collection numérique : La Grande Collecte
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k666280p
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
MERCREDI 15 FEVRIER 1843.
• ► H» &
ÉDITION DE PARIS
NEUMRO 46.
RNAL DU COMMERCE, POLITIQtJE ET LITTÉRAIRE-
On s 'abonde à ^«rtf. au bureau du C onstitutionnel, rue Montmartre
en s'a bonne chez les libraires, 'les directeurs de poste, et, «an» augmentation.
f-lV poûtr un mois.^O fr- pour trois mois, 40 fr. peur six mois, et 80 fr. pour '
(nnymi^Tii"**** '1 miwwnftmimimi^mrtifin^wwfwuriiiiimfcwii
intéressent le public. Datfs les département,
es Làffilteet Gaillard. Prix dé l'abonnement :
leur prixa lieu comme pour les abonnemens. '
Paris,
14 FÉVRIER. ..." .
NÉCESSITE »» NOUVELLES EXPLICATIONS.
Depuis l'instant: où le paragraphe sur Je» droit de Tisite a été voté
par la chambre, le ministère ne s'est proposé qu'une tâche, c'est de
îjien prouver à l'Angleterre et à sqn gouvernement qu'il tenait pour
une lettre morte le yœa de JUchambre.et qu'il ae l'exécuterait pas.
Tel était son but et il «l'a atteint.L'Angleterre , gouvernement;
presse, opinion , est parfaitement convaincue -aujourd hui que tant
que M. Guizot sera ministre il ne sera fait par la trance aucun ef
fort? sérieux* pour arriver- à la révision des traités sur le droit de
visite* . ■ , 1 " ■* ' t '
Etleeoestsi bien convaincue, qu'elle ne se croit t même pas obli-
gée à garder certains ménagemens, etqtiela presse de Londresipro-
diguela foi» L'ëlogeîà Jtfi Gaizotiet les plustfégoùtantes invectives
. auxhoiùmes les plus étitinenB de l'une et l'autre chambre. 3
D?où il suit qu'aux yeUxde la . presse anglaisé, M. Guizot "veut
toute autre chose que ce qu'ont'voulu 11 M. ThierayM. Molé, M. Du-
pin , M. Billault, M. Odilon Barret, toute autre chose que ce qu'a
-yeulù la cbambre des députés tout entière sur' la question du droit
de visite. ' '' ') ' .,-••• .
La chambre a voté sur le discours de M. Dupin. Personne, aux
bancs ministériels, né s'est.levé pour le combattre ou pour,le con-
tredirè. Les explications qu'il a données , ont été considérée? par toiit
le monde, comme le corollaire obligé et le commentaire du paragra
phe. Lors donc qu'un journal de Londres, sur lequel; M. Guizot
exerce une influence dès long-temps connue, et qui ne parle de nos
affaires que par ordre,- lorsque-le Afor«iri<)f-.Poït.poursuit M- Dupin
de ses plus grossières injures, c'est la chambre qu'il insulte toyt au-,
tant que l'éloquent orateur, «t la chambre, si elle ne veut tout igno-,
rer , doit savoir sur. qui pèse la solidarité des outrages que lui
adresse le Morning-Post. • ; y, , ;- .i i
Si son vote sur le droit de visite est unvote sérieuxjsi «lie n'a pas
«ntendu se jouer des électeurs et du pays comme M. Guizot se joae
d'elle, elle doit comprendra que tout ce qui s'est passé depuis le vote,
luiiimpose de Hiiiveller èt'graves «obligations, # » i>
Ea se-prononçant «tir lé droit de visite ; elle a'réservé la'question
nitiiètériélle ; elle n'a pàS yoûlû, ; et tooùsl'en louons/qu'une mani-i
festation qui s'adressait à l'étranger fût amoindrie dis ses effets par
undébatde portefeuilles. EUe a tenu à ce parlementaires des intérêts de personnes et de partis ne vinssent pas
altérer l'Hnanimité de son vote. Elle a bien fait. . '
Mais'aujourd'hui qu'il est,clair pour tous que l'Angleterre.ne
.prend pas son vote au sérieux, et que, c'est précisément «n .raison de
la confiance que les'Anglais accordent à JM. Guizot, qu'ils tiennent,
-comme non avenue la manifestation de la chambre, il faut, sous
peine de déshoaneur pour tout le monde, que l'affaire reçoive de
nouveaux et compleW.séclaircissemens. -
On a beaucoup parlé d'équivoque pendant le débat. Il n'y a point
•eutd'équivoquie dans le paragraphe; si complètement expliqué par
M.'Dupia ï! il n'y a peint'eu d'équivoque dans le vote, liais dès
l'instant où en Angleterre on interprète le paragraphe et le vote,
dans un sens diamétralement contraire à celui que la France lui
donne, l'équivoque commence, et il est d'autant plus important de
la faire,cesser, que c'est le ministère lui-même qui l'a faitnattre.
De nouvelles explications sur l'affaire du droit de. visite sont donc
absolument nécessaires.
i ,11 faut qu'on Sache lequel des deux pays, PAngleterre'ôu là Fran
ce, se trompesur la perte'e du vote de la chambre. '
: Si c'est l'Angleterre, on doit le lui dire, car il serait indigne de la
France et dp son parlement, de laisser donner à un dé ses açtes les»
plus importans, une interprétation qui ne serait pas la vraie." Il serait
indigne de laifsser'croire qu'après les énergiques démonstrations ,du
pays et les longs débats des deux chambres sur le droit! de visite, le
paragraphe qui résume le voeu national n'est qu'une parole vide de
sens."-' 5*
Si la France se trempe, le ministère doit avoir le courage dé le
lui dire; il faut qu^une épreuve solennelle nous apprenne; s'il: y a
dans le parlement une majorité décidée avec M. Guizot, à lutter
contre le sentiment public. Cela importe à tout le monde, au minis
tère, au pays, à la chambre. Cela importe à la vérité et à la loyauté
du gouvernement représentatif, et quelles que soient-les' Chanees
d'une telle'épreuvé, nous aurons toujours à nous enféliciter, si elle
'ctt-'sbiâK , et<éèiiip1^,'^reil«''àarè mis fin à la situation la plus
fausse, la plus . humiUa.Qte où jamais le gouvernement de notre pays
ait été placé.
L'article du Morning-Post a été hier,soir et aujourd'hui l'objetde
toutes les conversations politiques. Les dernières phrases de cet ar
ticle sont une signature évidente ; aussi l'effet général qu'a produit
ce long tissu d'injares adressées aux hommés les plus honorables de
cé pays en regard dés louanges .pompeuses'données à netré seul
.min|?tre dçs araires étrangères, a ét.é on ije peut plus .défavorable
;aùx,iiî^piràtëuré ciu Morning-Post. On ne serait pas surpris,de lire
demain ,danses journaux du ministère qni oiit trouvés| plaisant* t,
si ridiçule iç djwçiuiside Dupin, un magnifique éjoge de l'élo-s,
qtient orateur. M. Dupin a, par le commentaire énergiguè qu'il a
fait du paragraphe dé l'adresse et par la tournure qu'il a donnée à
la discussion , sauvé le cabinet (l'un échec direct ét immédiat. Il
est hors de doute que si le sens du paragraphe était resté obscur et
incertain, un amendement funeste pour Je ministère eût été adopté
par la chambre. M. Dupin à préféré mettre à l'écart la question mi-
nistériellé,%ÉprOvoqiii!r contrele droit de visité l'unanimité des vo- '
^es; il l'à fait pà^un dés discourè les plus brilTahs ; les plus spiri
tuels, les plus nerveux qu'il ait jamais prononcés ; il n'a pas épar-
gnéde dures vérités au ministèremais il a écarté l'orage ; le mi
nistère, a reçu un Jéoup fort rude, mais tfi pâs ét^ renverse,
(jr, ; on le sait,^^ c'est toiît ce que demande notre cabinet : meurtri,
impuissant, impotept, chancelant,, ^ue.lai importe ? pourva qu'il viV
vé, c'est assez. Il devrait donc particulièrement de la reconnaissan
ce à M. Dupin. Et cependant voyez comme ceux qui louent M. le
ministre des affaires étrangères, et qui .sont les interprètes de sa pen
sée, s'expriment' sur le talent» et sur la personne de M. Dupin ! En
core passe pour les injures.' AÏ- Dupin est assez haut placé dans l'es
time publique en France, pour les mépriser. Il sait que tout le monde
les désavouera tout,haut, et que l'opinion publique en fait îjustice.
Mais son discours est le véritable,l'unique Commentaire de t'adresse.
C'est aux conditions qu'il a lui-même posées, que le paragraphe a
■ été voté ! maintenant on a gardé le paragraphe, et on a rejeté lé
commentaire; on l'a trouvé, plaisant à Paris, absurde à Londres;
jpn a tout fait pour rentrer dans l'équivoque. La chambre entière;
nous n'eii doutons pas, et M.* Dupin, tout le premier, tiendront à
honneur d'en sortir d'un manière nette et définitive. r
Le Journal des Débats accuse de faiblesse et presque de lâcheté
les candidats qui, bien décidés in petto à soutenir M. Guizot, n'o-
sent prendre hautement devant les électeurs le titré de ministériels.
Nous somme; tout-à-fait de son avis. Mais nous ne sommes pas trop
exigeai» en . le priant d'être du sien. Lui T tnâme, aujourd'hui encore,
affuble de la qualification de conservateur ou de*constitutionnel les
candidats qne M. Guizot ordonne à |ès' préfets de soutenir p'er fat
et nef as et n'ose pas les décorer da nom de ministériels si honora
ble à ses yeux. Il entourage ainsi cette hypocrisie à l'aide de la
quelle on jouit du triomphe public de l'élection sans renoncer aux
faveurs secrètes du ministérialisme.
Puisque Je Journal dès Débats fait avec raison aux électeurs et
aux élus «a devoir du courage politique, il devrait en donner
l'exemple et ne pas craindre d'appeler mïnitiériels ceux qne le mi
nistère appuie, mais qui ; sont probablement obligés de le désavouer
pour surprendre la confiance du pays. Il serait "bien temps d'éçhàp-
per à ce système de. déception et de mensonge gui jblesse l'àonnête-
té publique et qui est tout-à-fait indigne d'une nation si long-temps
renommée par sa loyautés . r .
w '■
Llextrait de la Gazette de Madrid , que nous avons publié d'après le"
journal officiel du soir, a été transmis 1 à Pâris par Jé télésraph,e. I,e nu
méro du journal officiel espagnol, qui a paru à Ma)drid le4Q, nepeut
arriver à Paris que demain jeudi au plus tôt. Il faut attendre ce do--
cément pour juger toifte-cette affairé In pleine connaissance de cau
sé. Oa pour considérer le dé
saveu dé la Gazftie dè Madrid comme le résultat de la médiation de
l'Angleterre ; on ajoutait que le ministère français avait promis de
donner dans quelque temps, après la session, une autre destination
à M. de Lesseps.
' actes officiels;. .
Par «rdennance du 12 :
M. Fort, juge-suppléant à Agen. cst nomné juge au même siège ;
Sontoommés juges-suppléass": A Lunéville, M. Poinsigaon ; — à Bar-
le-Duc. M. VaaeUé y — l Joigny, M. Çhanderis ; •— au P,uy, M. Guilhot-
Cbazalet ; r- ( à Valognes, MM. Lerat èt Sifcheiain;,
Cnnl llAmm^ri înirita' Ja.iiniv . n Tint>>ntn .4 D3..L!/.
teau (Loire-Inferieure), M. Jouslin-Delà louche
,r- «( Qavray (Manche) M. Lefranc; — si F^canap ( Seine-Inférieure,), W
Houdé; à Saias (Somuae), SI. Lizé.. . * . f . /
— Par ordsnnance royale, MM. d'Argout» fils; Hérelle, Letellier et
Edouard Girod, sont nommés auditears de t» classe au conseil d'état.
/ Bulletin de rE^|ér|eiir v
ESPAGNE. — Quoique nous ayons annoncé la soïulion pacifique du
différend qui exilait, entre le gouvernement français et le gouverne
ment espagnol, ainsi qiie la rentise faite à la ville de,Barcelone du res
tant ,de la contribution, nous publions les détails antérieurs que nous
fournissent les journaux d'Espagne sur ce sujet. . t
On lit dans unë correspondance particulière de Madrid, en date du 7
'février : * .... j ;,, t , .... .... -,
« Une mesure assez politique doit être adoptée : il s'agit de la remise
d'une partie de la coutribuUon.extraordinaire à la population de Bar-
celone : la coïneideucc de l'adoption de cette mesure avec l'ouverture
des^lections, aura peu|4tre pour effet de mitiger les dispositions de
certains électeurs et d'obtenir quelques candidatures moins hostiles..
», Les négociations avec la France, motivées par les dernières affaires
de Barcelone, sont à,la veille d'avoir une solution satisfaisante. Ce qui
retarde'depuis quelques jours ,1a publication d'un article concluant de
la Gazette de Madrid, 'c'est'une nuancé dans la rédaction du désaveu
officiel demandé par le gouvernement français. Le^gouvernement désa
vouera franchement lés imputations portées par l'ex-cbef politique de
Barcelone centre le consul dé France. Les dispositions conciliantes du
ministère et surtout de M. Capaz, ministre de la marine, n'ont pas peu
contribué à aplanir les difficultés qui s'opposaient à cet arrangement sa-/
tiSfaisant et prévu. Nous annoncions, il y a plusieurs jours, ce résultat
commecertaiû. » • - • - '
PORTRAITS HISTORIQUES.
!î : J l DAM DE CaâJ >0N!VB. (1)
Or, voiei ce qui venait de sé passer chez Diane de Poitiers :
Lès lecteurs n'ont pas perdu dé vue que nous somaes revenus sur nos
pas. et que nous les initions aux détails de la seule intrigue* amoureuse
qui ait occupé la jeunesse de Craponne. Si, donc les travaux du canal
•creusé en Provence par le gentilhomme salenafSy datent dé la fin du rè-
£nede Henri II, l'aventure qîii nous occupe dans ce monieHt remonte
aux premières années qui Suivirent l'avériement de ce prince.
À cette époquela fille d'Aymart de Poilieré de Saint-Valier n'était
plus dans tout l'éclat de ses charmes. Rivale de là dame d'Etampes, Anne
de Pisseleu, qui s'imaginait, bien à tort assurément.- avoir des droits
exctusifs sùr le cœur de François I er , là veuve de Louis de Brézé, la ru
sée Diane, exerçait eneore un graed empire sur l'esprit du dauphin.
Bientôt la maîtresse du père devint tout-à-falt Celle du fils, et la daine !
d'Etampes, bien qu'elle se fût attaehée aux intérêts du duc d'Orléans,
vit son astre s'éclipser de jour en jour. Voilà donc deux factions>*n
.permanence sous le règne de François I er . Il y avait bien un .autre parti
plus habile, plus prudent, qui aspirait à conquérir l'influence des deux
autres; mais ceux qui Te composaient avaient ordre d'agir avec circons
pection, de ne point se compromettre; d'attendre enfin qu'un change
ment survenu dans l'état leur permit de prendre la part d'autorité, qui
devait leur revenir. Le chef de ce dernier parti, on l'a deviné, était la
femme du prince royal; Catherine de Médicis.
A l'avènement de Henri II ; la ; duchesse 1 d'Etampes, abandonnée par
«eux-là même qui s'étaient prosternés le plus bas devant elle : au temps
de sa puissance , se retira de la cëur, emportant dans son obscure re
traite, dit Meizeray, le mépris de chascuns et même de Jean-, de Bresse,
son mari. Ainsi vont les choses de la terre. L'idole devant laquelle on
brûlait de l'encens naguère, est aussitôt foulée, aux pieds, dès qu'elle est
tombée de son piédestal.
Restaient.deux partis qui divisaient les seigneurs et les- dames de la
■ cour, celui de la reine et celui déjà favorite. "
L'habile Catherine sut, par ses rusés et ses avances calculées, s'atta-
cher un grand nombre des partisans de la dame d'Etampès. Parmi eux,
-on remarquait le cardinal'de Lorraine, l'évêque de Valence, le chancelier
de l'Hôpital , et Semblançais, archevêque de Bourges. La duchesse de
(1) Voir les numéros des 14, 9 février et précédens.
Montpensier; Jacqueline de Longvic,la comtesse de Nably, la même dont
il est question ici, et,la femme de Gondi du Pérott connaissaient les plus
secrëtéà pensées de l'italienne, si toutefois Catherine pouvait se confier
à quelqu'un. ; ' 4 '" * "
Dans le camp opposé, on voyait les Guise, Montworençy, Jacques d'AI-
bon, Sâint-ÀHdrè. Briskac. pour lequel la bellé Diane ne së montràit pas
très-cruelle, dit ia chronique. Quant aux dames qiii se pressaient dans les
salons de la favorite , elles étaient de moins bonne maison que celles de
la r~eine. De là dépit et jalousie de Diane, de là dés lntrigues incessantes
pour gagnera sa cause les dames d'honneur dé Catherine. 1
Henri II restait indifférent à la guerre sourde mais aeharnée que se
faisaient les deux rivales. Rappelons, toutefois, qu'il fallait toute la pru,-
dence unie à toute la ruse de i'Italiennç", pour maintenir son marï dans
cçt état de neutralité ; ' car Henri II était follement épris de sa mat-
tresse, et, bien qu'elle fût âgée de trente-sept ans "a la mort de François.
ïv, Diane av^t'."t^nâpâif enlacé dans ses séductions le nouveau roi,
qu'il n'aurait osé rien entreprendre sans la consulter:'
Ce court préambule, qui vient de nous initier à toutes les intrigues
de la cour, nous fexplique en même'temps l'allégréèse des invités de'
Diane, à la nduvelle que la favorite leur avait annoncée.* If s'agl&Sait'/en
effet, d'un succès éclatant^ d^uné Victoire, d'un triomphe. Jugez plutôt
vous-mêmes.' " ' : •
L'une' des premières'damés d'hennèur de la reine; cèlïc de toutes qui
s'était montrée la plus dédaigneuse, la plus rebelle, la plus acharnée,
celle qui avait toujourstepéussé avec méprjs les avances qui lui étaient
" faites,"la comtesse dé HaWy 'ëhfln; venait de passer à l'ennemi avec aiv
mes et bagages. ■
Lé soir même de la conversation d'Adam et de "Caroline, "la^coquette
comtesse devait se montrer avec tous ses atours dans le salon de Diane:
.Ellé vint, en effetfét chacun des courtisans prenant exemple sur la
maîtresse du logis; on fit à la jolie transfuge l'accueil le plus cordial, la
réception la plus affectueuse. Henri II n'était pas encore arrivé: On profita
de son absence pour entamer mille petits sujetsde médisance, voire mê
me de calomnie, sur le compte des amis d'hier; la comtesse.était spiri
tuelle et méchante,' elle connaissait tous les secrets dé l'ennemi. Veus
devinez sans peine.avec 0 quelle ardeur, avec quelle joie on recueillaitles
moindres paroles qui sortaient de ses lèvres. .
Et il ne fallait rien moins que cette victoire obtenue sur sa rivale,
pour tenir en joyeuse humeur la maîtresse du roi. Diane était triste
avant l'arrivée de la comtesse; nous croyons même, Dieu nous damne l
que ses jolis yeux blejis étaient rôuges et gonflés,Plèàréri elté. Elle, le but uiiiqâe des adorations du roi de France!
Pleurer l elle. devant qrti chacun fléchissait le genou avec respect I Elle,
quittait à vrai dire plutôt la reine que la'favorite ! Elle, qui gouver
nait le royaume ! ' ; ' - • ■ ' ^
Hélas l Diane, touchait à la quarantaine,, qu'on nous pardonne cette
indiscrétion ; ses attraits, qui n'étaient plus dans touteieiir fraîcheur
priiniUvé, r&iàmâient iiUpériêùsëment les secours de l'art et delà co
quetterie, pour çonseifvër encore quelque prestige. Or, le'roi Henri àyait
djmné dernièrement à sa maîtresse une parure de diamans, qui faisait
a|m\rabIeiBeat ressortir les ch'armes ùn peu comproiBis de tbute "sa per-
sonne. Ces diamans, qui étaient de la plus belle eau, rehaussaient par
leur éclat la vivacité langoureuse dé ses deux beaux yeux ; ils brillaient
cominè des" étoiles complaisantes sur un front àbsst blanc que le plus
'bianeWoirè; ils aècojnpâgnàient à ravir ; un bras Sra peu trop potelé
peut-être, mais fait au tour;'Bref, cès diantàns étaientlé palladium qui
garantissait à'ia favorite son empire sur.le cœur de Henri, et ce palla
dium venait dé dispàraître. Confiés à maître Me'rèuriii pour quelques ré
parations à faire dans la mottturë, les diatàans avaient été volés par les
Tuschins, lors du pillage de la boutique de l'orfèvre. ,
Comprenez-vous taaintenàit' pèurqutrt, les yeux de là belle Diane
étaient rouges et gonflés P pourquoi elle était triste et désolée avant l'ar
rivée de là comtesse"? pourquoi enfin il né fallait rien moins que cette
idée : — Ma ri*àlè est humiliée; — pour rendre à la'favorite son hu
meur joyeuse. ' •"» -
Mais pendant cette digression, le roi'de France est entré dans le sa
lon; après,quelques complimens adressés à Diane et aux autres dames
de sa'suité, il s'avance vers la comtesse de Nably et lui prend la main,
qu'il, porte galamment à ses lèvres. . " ~
— Vous avez l'a un diamant bien précieux, dit le roi, en examinant at
tentivement la pierre éclatante enchâssée dans une bague et. qui brillait
au doigt de la comtesse.
— Il vient de la marquise, ma mère; c'est ôn diamant de famille, ré
pondit la noble dame, en coquetant sous le regard de Henri II.
En quittant la comtesse, le roi s'approcha-du comte.d'Aumale, qu'il
invita à son jeu, etilè colonél de cavalerie légère, le beau Brissac, qu'on
appelait alors le miroir des dames, se pencha à l'oreille de Diane. Brissac
a'avait pas ôtéles yeux de dessus la main de la comtesse de Nably, pen
dant que celle-ci recevait les éloges du roi. El la vue de la begue avait
(ait tressaillir le fringant colonel.
• ► H» &
ÉDITION DE PARIS
NEUMRO 46.
RNAL DU COMMERCE, POLITIQtJE ET LITTÉRAIRE-
On s 'abonde à ^«rtf. au bureau du C onstitutionnel, rue Montmartre
en s'a bonne chez les libraires, 'les directeurs de poste, et, «an» augmentation.
f-lV poûtr un mois.^O fr- pour trois mois, 40 fr. peur six mois, et 80 fr. pour '
(nnymi^Tii"**** '1 miwwnftmimimi^mrtifin^wwfwuriiiiimfcwii
intéressent le public. Datfs les département,
es Làffilteet Gaillard. Prix dé l'abonnement :
leur prixa lieu comme pour les abonnemens. '
Paris,
14 FÉVRIER. ..." .
NÉCESSITE »» NOUVELLES EXPLICATIONS.
Depuis l'instant: où le paragraphe sur Je» droit de Tisite a été voté
par la chambre, le ministère ne s'est proposé qu'une tâche, c'est de
îjien prouver à l'Angleterre et à sqn gouvernement qu'il tenait pour
une lettre morte le yœa de JUchambre.et qu'il ae l'exécuterait pas.
Tel était son but et il «l'a atteint.L'Angleterre , gouvernement;
presse, opinion , est parfaitement convaincue -aujourd hui que tant
que M. Guizot sera ministre il ne sera fait par la trance aucun ef
fort? sérieux* pour arriver- à la révision des traités sur le droit de
visite* . ■ , 1 " ■* ' t '
Etleeoestsi bien convaincue, qu'elle ne se croit t même pas obli-
gée à garder certains ménagemens, etqtiela presse de Londresipro-
diguela foi» L'ëlogeîà Jtfi Gaizotiet les plustfégoùtantes invectives
. auxhoiùmes les plus étitinenB de l'une et l'autre chambre. 3
D?où il suit qu'aux yeUxde la . presse anglaisé, M. Guizot "veut
toute autre chose que ce qu'ont'voulu 11 M. ThierayM. Molé, M. Du-
pin , M. Billault, M. Odilon Barret, toute autre chose que ce qu'a
-yeulù la cbambre des députés tout entière sur' la question du droit
de visite. ' '' ') ' .,-••• .
La chambre a voté sur le discours de M. Dupin. Personne, aux
bancs ministériels, né s'est.levé pour le combattre ou pour,le con-
tredirè. Les explications qu'il a données , ont été considérée? par toiit
le monde, comme le corollaire obligé et le commentaire du paragra
phe. Lors donc qu'un journal de Londres, sur lequel; M. Guizot
exerce une influence dès long-temps connue, et qui ne parle de nos
affaires que par ordre,- lorsque-le Afor«iri<)f-.Poït.poursuit M- Dupin
de ses plus grossières injures, c'est la chambre qu'il insulte toyt au-,
tant que l'éloquent orateur, «t la chambre, si elle ne veut tout igno-,
rer , doit savoir sur. qui pèse la solidarité des outrages que lui
adresse le Morning-Post. • ; y, , ;- .i i
Si son vote sur le droit de visite est unvote sérieuxjsi «lie n'a pas
«ntendu se jouer des électeurs et du pays comme M. Guizot se joae
d'elle, elle doit comprendra que tout ce qui s'est passé depuis le vote,
luiiimpose de Hiiiveller èt'graves «obligations, # » i>
Ea se-prononçant «tir lé droit de visite ; elle a'réservé la'question
nitiiètériélle ; elle n'a pàS yoûlû, ; et tooùsl'en louons/qu'une mani-i
festation qui s'adressait à l'étranger fût amoindrie dis ses effets par
undébatde portefeuilles. EUe a tenu à ce
altérer l'Hnanimité de son vote. Elle a bien fait. . '
Mais'aujourd'hui qu'il est,clair pour tous que l'Angleterre.ne
.prend pas son vote au sérieux, et que, c'est précisément «n .raison de
la confiance que les'Anglais accordent à JM. Guizot, qu'ils tiennent,
-comme non avenue la manifestation de la chambre, il faut, sous
peine de déshoaneur pour tout le monde, que l'affaire reçoive de
nouveaux et compleW.séclaircissemens. -
On a beaucoup parlé d'équivoque pendant le débat. Il n'y a point
•eutd'équivoquie dans le paragraphe; si complètement expliqué par
M.'Dupia ï! il n'y a peint'eu d'équivoque dans le vote, liais dès
l'instant où en Angleterre on interprète le paragraphe et le vote,
dans un sens diamétralement contraire à celui que la France lui
donne, l'équivoque commence, et il est d'autant plus important de
la faire,cesser, que c'est le ministère lui-même qui l'a faitnattre.
De nouvelles explications sur l'affaire du droit de. visite sont donc
absolument nécessaires.
i ,11 faut qu'on Sache lequel des deux pays, PAngleterre'ôu là Fran
ce, se trompesur la perte'e du vote de la chambre. '
: Si c'est l'Angleterre, on doit le lui dire, car il serait indigne de la
France et dp son parlement, de laisser donner à un dé ses açtes les»
plus importans, une interprétation qui ne serait pas la vraie." Il serait
indigne de laifsser'croire qu'après les énergiques démonstrations ,du
pays et les longs débats des deux chambres sur le droit! de visite, le
paragraphe qui résume le voeu national n'est qu'une parole vide de
sens."-' 5*
Si la France se trempe, le ministère doit avoir le courage dé le
lui dire; il faut qu^une épreuve solennelle nous apprenne; s'il: y a
dans le parlement une majorité décidée avec M. Guizot, à lutter
contre le sentiment public. Cela importe à tout le monde, au minis
tère, au pays, à la chambre. Cela importe à la vérité et à la loyauté
du gouvernement représentatif, et quelles que soient-les' Chanees
d'une telle'épreuvé, nous aurons toujours à nous enféliciter, si elle
'ctt-'sbiâK , et<éèiiip1^,'^reil«''àarè mis fin à la situation la plus
fausse, la plus . humiUa.Qte où jamais le gouvernement de notre pays
ait été placé.
L'article du Morning-Post a été hier,soir et aujourd'hui l'objetde
toutes les conversations politiques. Les dernières phrases de cet ar
ticle sont une signature évidente ; aussi l'effet général qu'a produit
ce long tissu d'injares adressées aux hommés les plus honorables de
cé pays en regard dés louanges .pompeuses'données à netré seul
.min|?tre dçs araires étrangères, a ét.é on ije peut plus .défavorable
;aùx,iiî^piràtëuré ciu Morning-Post. On ne serait pas surpris,de lire
demain ,danses journaux du ministère qni oiit trouvés| plaisant* t,
si ridiçule iç djwçiuiside Dupin, un magnifique éjoge de l'élo-s,
qtient orateur. M. Dupin a, par le commentaire énergiguè qu'il a
fait du paragraphe dé l'adresse et par la tournure qu'il a donnée à
la discussion , sauvé le cabinet (l'un échec direct ét immédiat. Il
est hors de doute que si le sens du paragraphe était resté obscur et
incertain, un amendement funeste pour Je ministère eût été adopté
par la chambre. M. Dupin à préféré mettre à l'écart la question mi-
nistériellé,%ÉprOvoqiii!r contrele droit de visité l'unanimité des vo- '
^es; il l'à fait pà^un dés discourè les plus brilTahs ; les plus spiri
tuels, les plus nerveux qu'il ait jamais prononcés ; il n'a pas épar-
gnéde dures vérités au ministèremais il a écarté l'orage ; le mi
nistère, a reçu un Jéoup fort rude, mais tfi pâs ét^ renverse,
(jr, ; on le sait,^^ c'est toiît ce que demande notre cabinet : meurtri,
impuissant, impotept, chancelant,, ^ue.lai importe ? pourva qu'il viV
vé, c'est assez. Il devrait donc particulièrement de la reconnaissan
ce à M. Dupin. Et cependant voyez comme ceux qui louent M. le
ministre des affaires étrangères, et qui .sont les interprètes de sa pen
sée, s'expriment' sur le talent» et sur la personne de M. Dupin ! En
core passe pour les injures.' AÏ- Dupin est assez haut placé dans l'es
time publique en France, pour les mépriser. Il sait que tout le monde
les désavouera tout,haut, et que l'opinion publique en fait îjustice.
Mais son discours est le véritable,l'unique Commentaire de t'adresse.
C'est aux conditions qu'il a lui-même posées, que le paragraphe a
■ été voté ! maintenant on a gardé le paragraphe, et on a rejeté lé
commentaire; on l'a trouvé, plaisant à Paris, absurde à Londres;
jpn a tout fait pour rentrer dans l'équivoque. La chambre entière;
nous n'eii doutons pas, et M.* Dupin, tout le premier, tiendront à
honneur d'en sortir d'un manière nette et définitive. r
Le Journal des Débats accuse de faiblesse et presque de lâcheté
les candidats qui, bien décidés in petto à soutenir M. Guizot, n'o-
sent prendre hautement devant les électeurs le titré de ministériels.
Nous somme; tout-à-fait de son avis. Mais nous ne sommes pas trop
exigeai» en . le priant d'être du sien. Lui T tnâme, aujourd'hui encore,
affuble de la qualification de conservateur ou de*constitutionnel les
candidats qne M. Guizot ordonne à |ès' préfets de soutenir p'er fat
et nef as et n'ose pas les décorer da nom de ministériels si honora
ble à ses yeux. Il entourage ainsi cette hypocrisie à l'aide de la
quelle on jouit du triomphe public de l'élection sans renoncer aux
faveurs secrètes du ministérialisme.
Puisque Je Journal dès Débats fait avec raison aux électeurs et
aux élus «a devoir du courage politique, il devrait en donner
l'exemple et ne pas craindre d'appeler mïnitiériels ceux qne le mi
nistère appuie, mais qui ; sont probablement obligés de le désavouer
pour surprendre la confiance du pays. Il serait "bien temps d'éçhàp-
per à ce système de. déception et de mensonge gui jblesse l'àonnête-
té publique et qui est tout-à-fait indigne d'une nation si long-temps
renommée par sa loyautés . r .
w '■
Llextrait de la Gazette de Madrid , que nous avons publié d'après le"
journal officiel du soir, a été transmis 1 à Pâris par Jé télésraph,e. I,e nu
méro du journal officiel espagnol, qui a paru à Ma)drid le4Q, nepeut
arriver à Paris que demain jeudi au plus tôt. Il faut attendre ce do--
cément pour juger toifte-cette affairé In pleine connaissance de cau
sé. Oa pour considérer le dé
saveu dé la Gazftie dè Madrid comme le résultat de la médiation de
l'Angleterre ; on ajoutait que le ministère français avait promis de
donner dans quelque temps, après la session, une autre destination
à M. de Lesseps.
' actes officiels;. .
Par «rdennance du 12 :
M. Fort, juge-suppléant à Agen. cst nomné juge au même siège ;
Sontoommés juges-suppléass": A Lunéville, M. Poinsigaon ; — à Bar-
le-Duc. M. VaaeUé y — l Joigny, M. Çhanderis ; •— au P,uy, M. Guilhot-
Cbazalet ; r- ( à Valognes, MM. Lerat èt Sifcheiain;,
Cnnl llAmm^ri înirita' Ja.iiniv . n Tint>>ntn .4 D3..L!/.
teau (Loire-Inferieure), M. Jouslin-Delà louche
,r- «( Qavray (Manche) M. Lefranc; — si F^canap ( Seine-Inférieure,), W
Houdé; à Saias (Somuae), SI. Lizé.. . * . f . /
— Par ordsnnance royale, MM. d'Argout» fils; Hérelle, Letellier et
Edouard Girod, sont nommés auditears de t» classe au conseil d'état.
/ Bulletin de rE^|ér|eiir v
ESPAGNE. — Quoique nous ayons annoncé la soïulion pacifique du
différend qui exilait, entre le gouvernement français et le gouverne
ment espagnol, ainsi qiie la rentise faite à la ville de,Barcelone du res
tant ,de la contribution, nous publions les détails antérieurs que nous
fournissent les journaux d'Espagne sur ce sujet. . t
On lit dans unë correspondance particulière de Madrid, en date du 7
'février : * .... j ;,, t , .... .... -,
« Une mesure assez politique doit être adoptée : il s'agit de la remise
d'une partie de la coutribuUon.extraordinaire à la population de Bar-
celone : la coïneideucc de l'adoption de cette mesure avec l'ouverture
des^lections, aura peu|4tre pour effet de mitiger les dispositions de
certains électeurs et d'obtenir quelques candidatures moins hostiles..
», Les négociations avec la France, motivées par les dernières affaires
de Barcelone, sont à,la veille d'avoir une solution satisfaisante. Ce qui
retarde'depuis quelques jours ,1a publication d'un article concluant de
la Gazette de Madrid, 'c'est'une nuancé dans la rédaction du désaveu
officiel demandé par le gouvernement français. Le^gouvernement désa
vouera franchement lés imputations portées par l'ex-cbef politique de
Barcelone centre le consul dé France. Les dispositions conciliantes du
ministère et surtout de M. Capaz, ministre de la marine, n'ont pas peu
contribué à aplanir les difficultés qui s'opposaient à cet arrangement sa-/
tiSfaisant et prévu. Nous annoncions, il y a plusieurs jours, ce résultat
commecertaiû. » • - • - '
PORTRAITS HISTORIQUES.
!î : J l DAM DE CaâJ >0N!VB. (1)
Or, voiei ce qui venait de sé passer chez Diane de Poitiers :
Lès lecteurs n'ont pas perdu dé vue que nous somaes revenus sur nos
pas. et que nous les initions aux détails de la seule intrigue* amoureuse
qui ait occupé la jeunesse de Craponne. Si, donc les travaux du canal
•creusé en Provence par le gentilhomme salenafSy datent dé la fin du rè-
£nede Henri II, l'aventure qîii nous occupe dans ce monieHt remonte
aux premières années qui Suivirent l'avériement de ce prince.
À cette époquela fille d'Aymart de Poilieré de Saint-Valier n'était
plus dans tout l'éclat de ses charmes. Rivale de là dame d'Etampes, Anne
de Pisseleu, qui s'imaginait, bien à tort assurément.- avoir des droits
exctusifs sùr le cœur de François I er , là veuve de Louis de Brézé, la ru
sée Diane, exerçait eneore un graed empire sur l'esprit du dauphin.
Bientôt la maîtresse du père devint tout-à-falt Celle du fils, et la daine !
d'Etampes, bien qu'elle se fût attaehée aux intérêts du duc d'Orléans,
vit son astre s'éclipser de jour en jour. Voilà donc deux factions>*n
.permanence sous le règne de François I er . Il y avait bien un .autre parti
plus habile, plus prudent, qui aspirait à conquérir l'influence des deux
autres; mais ceux qui Te composaient avaient ordre d'agir avec circons
pection, de ne point se compromettre; d'attendre enfin qu'un change
ment survenu dans l'état leur permit de prendre la part d'autorité, qui
devait leur revenir. Le chef de ce dernier parti, on l'a deviné, était la
femme du prince royal; Catherine de Médicis.
A l'avènement de Henri II ; la ; duchesse 1 d'Etampes, abandonnée par
«eux-là même qui s'étaient prosternés le plus bas devant elle : au temps
de sa puissance , se retira de la cëur, emportant dans son obscure re
traite, dit Meizeray, le mépris de chascuns et même de Jean-, de Bresse,
son mari. Ainsi vont les choses de la terre. L'idole devant laquelle on
brûlait de l'encens naguère, est aussitôt foulée, aux pieds, dès qu'elle est
tombée de son piédestal.
Restaient.deux partis qui divisaient les seigneurs et les- dames de la
■ cour, celui de la reine et celui déjà favorite. "
L'habile Catherine sut, par ses rusés et ses avances calculées, s'atta-
cher un grand nombre des partisans de la dame d'Etampès. Parmi eux,
-on remarquait le cardinal'de Lorraine, l'évêque de Valence, le chancelier
de l'Hôpital , et Semblançais, archevêque de Bourges. La duchesse de
(1) Voir les numéros des 14, 9 février et précédens.
Montpensier; Jacqueline de Longvic,la comtesse de Nably, la même dont
il est question ici, et,la femme de Gondi du Pérott connaissaient les plus
secrëtéà pensées de l'italienne, si toutefois Catherine pouvait se confier
à quelqu'un. ; ' 4 '" * "
Dans le camp opposé, on voyait les Guise, Montworençy, Jacques d'AI-
bon, Sâint-ÀHdrè. Briskac. pour lequel la bellé Diane ne së montràit pas
très-cruelle, dit ia chronique. Quant aux dames qiii se pressaient dans les
salons de la favorite , elles étaient de moins bonne maison que celles de
la r~eine. De là dépit et jalousie de Diane, de là dés lntrigues incessantes
pour gagnera sa cause les dames d'honneur dé Catherine. 1
Henri II restait indifférent à la guerre sourde mais aeharnée que se
faisaient les deux rivales. Rappelons, toutefois, qu'il fallait toute la pru,-
dence unie à toute la ruse de i'Italiennç", pour maintenir son marï dans
cçt état de neutralité ; ' car Henri II était follement épris de sa mat-
tresse, et, bien qu'elle fût âgée de trente-sept ans "a la mort de François.
ïv, Diane av^t'."t^nâpâif enlacé dans ses séductions le nouveau roi,
qu'il n'aurait osé rien entreprendre sans la consulter:'
Ce court préambule, qui vient de nous initier à toutes les intrigues
de la cour, nous fexplique en même'temps l'allégréèse des invités de'
Diane, à la nduvelle que la favorite leur avait annoncée.* If s'agl&Sait'/en
effet, d'un succès éclatant^ d^uné Victoire, d'un triomphe. Jugez plutôt
vous-mêmes.' " ' : •
L'une' des premières'damés d'hennèur de la reine; cèlïc de toutes qui
s'était montrée la plus dédaigneuse, la plus rebelle, la plus acharnée,
celle qui avait toujourstepéussé avec méprjs les avances qui lui étaient
" faites,"la comtesse dé HaWy 'ëhfln; venait de passer à l'ennemi avec aiv
mes et bagages. ■
Lé soir même de la conversation d'Adam et de "Caroline, "la^coquette
comtesse devait se montrer avec tous ses atours dans le salon de Diane:
.Ellé vint, en effetfét chacun des courtisans prenant exemple sur la
maîtresse du logis; on fit à la jolie transfuge l'accueil le plus cordial, la
réception la plus affectueuse. Henri II n'était pas encore arrivé: On profita
de son absence pour entamer mille petits sujetsde médisance, voire mê
me de calomnie, sur le compte des amis d'hier; la comtesse.était spiri
tuelle et méchante,' elle connaissait tous les secrets dé l'ennemi. Veus
devinez sans peine.avec 0 quelle ardeur, avec quelle joie on recueillaitles
moindres paroles qui sortaient de ses lèvres. .
Et il ne fallait rien moins que cette victoire obtenue sur sa rivale,
pour tenir en joyeuse humeur la maîtresse du roi. Diane était triste
avant l'arrivée de la comtesse; nous croyons même, Dieu nous damne l
que ses jolis yeux blejis étaient rôuges et gonflés,
Pleurer l elle. devant qrti chacun fléchissait le genou avec respect I Elle,
quittait à vrai dire plutôt la reine que la'favorite ! Elle, qui gouver
nait le royaume ! ' ; ' - • ■ ' ^
Hélas l Diane, touchait à la quarantaine,, qu'on nous pardonne cette
indiscrétion ; ses attraits, qui n'étaient plus dans touteieiir fraîcheur
priiniUvé, r&iàmâient iiUpériêùsëment les secours de l'art et delà co
quetterie, pour çonseifvër encore quelque prestige. Or, le'roi Henri àyait
djmné dernièrement à sa maîtresse une parure de diamans, qui faisait
a|m\rabIeiBeat ressortir les ch'armes ùn peu comproiBis de tbute "sa per-
sonne. Ces diamans, qui étaient de la plus belle eau, rehaussaient par
leur éclat la vivacité langoureuse dé ses deux beaux yeux ; ils brillaient
cominè des" étoiles complaisantes sur un front àbsst blanc que le plus
'bianeWoirè; ils aècojnpâgnàient à ravir ; un bras Sra peu trop potelé
peut-être, mais fait au tour;'Bref, cès diantàns étaientlé palladium qui
garantissait à'ia favorite son empire sur.le cœur de Henri, et ce palla
dium venait dé dispàraître. Confiés à maître Me'rèuriii pour quelques ré
parations à faire dans la mottturë, les diatàans avaient été volés par les
Tuschins, lors du pillage de la boutique de l'orfèvre. ,
Comprenez-vous taaintenàit' pèurqutrt, les yeux de là belle Diane
étaient rouges et gonflés P pourquoi elle était triste et désolée avant l'ar
rivée de là comtesse"? pourquoi enfin il né fallait rien moins que cette
idée : — Ma ri*àlè est humiliée; — pour rendre à la'favorite son hu
meur joyeuse. ' •"» -
Mais pendant cette digression, le roi'de France est entré dans le sa
lon; après,quelques complimens adressés à Diane et aux autres dames
de sa'suité, il s'avance vers la comtesse de Nably et lui prend la main,
qu'il, porte galamment à ses lèvres. . " ~
— Vous avez l'a un diamant bien précieux, dit le roi, en examinant at
tentivement la pierre éclatante enchâssée dans une bague et. qui brillait
au doigt de la comtesse.
— Il vient de la marquise, ma mère; c'est ôn diamant de famille, ré
pondit la noble dame, en coquetant sous le regard de Henri II.
En quittant la comtesse, le roi s'approcha-du comte.d'Aumale, qu'il
invita à son jeu, etilè colonél de cavalerie légère, le beau Brissac, qu'on
appelait alors le miroir des dames, se pencha à l'oreille de Diane. Brissac
a'avait pas ôtéles yeux de dessus la main de la comtesse de Nably, pen
dant que celle-ci recevait les éloges du roi. El la vue de la begue avait
(ait tressaillir le fringant colonel.
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