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" SÉANCE DE 1A 'CHAMBRE BES DÉPUTÉS.
• - - niscnssiow Btf rkoJ^T „ v ' ;
La chambre a adopté j^jpuV^'hui Je.paragRapJie, prpppsé 'parla
c^missioa stulp/ droit'$pvfcite» li ; "^wtp a'cxpliqjfer ce rote.
La chambre voulait que jseû adresse^ pon^tWjiM termes clairs
et énergiques, son opposition au maiptien A droit de visité. La ré--,
daction 4e lacommission remplissait ce but. Dès que le paragraphe
si été connu, no** nous somme»; mpvmséê4e déélarerqtt'it donnait
satisfactionau vœu da pays." Uh point seulement démeurait inceiy
tain, c'était de savoir boniment le ministère accueillerait ce para
graphe. Il semblait impossible queM. Guizot, qui s'était opposé, à la
chambre des pairs, à un amendement beaucoup moins eXplicite'que
la rédaction proposée à la chambre des députés, accueillît ce pa
ragraphe. ' ' !
C'est, à ce point" de riip, que, nous, avions présenté comme une
question ministérielle, là question' du droit de visite. L'immense
majorité 4e la chambre voul£\it,fermement,sérieus«ment, la révision
des traités de 1831 et 18^3, le, cabinet ,nè la roulait pas. Nousjétions
tûrs que la conviction 4e |a jn^orité parlementaire ne céderait pps,
et nous .fesions au ministère l'honneur de supposer p'iln'abandon-
nerait pas ses,convictions. i ■ » , t
' Nous nous sommes trompés : Le ministère a cédé : il a tenu, à la
chambre des députés, un langage tout différent de celui qu'il avait
tenu â la chambre des pairs. Il a prêtais, formellement promis, des
négociations, et il s'est seulement refusé à faire ce qu'on ne lui de
mandait pas, ce qu'il eût été absurde de lui demander, à s'engager
à ouvrir immédiatement des négociations-
' Comme le ministère promettait tout ce qu'on exigeait de lui, comme
il désertait ouvertement sa politique pour accepter celle de la cham
bre, la question ministérielle devait naturellement disparattre, pour
laisser la place entière à la question d'affaires, beaucoup plus grave
pour l'atenif du pays. C'était une honteuse palinodie de la part du
cabinet, c'était un de ces actes qu'on ne saurait qualifier, tantil cons-
tatait l'abandon de convictions hautement proclamées ; maU eafln,
c'e qui importait à la chambre, avant toutes choses, c'était de,satis-
feire le vjbu du pays, et de le feirerespecterà l'étrangeF,;en impoj-
sant à sa dépision un caractère d'unanimité. • •/- i ,
C'est ce que la chambre a fait, et son vate.a reçu aujourd'hui
même un admirable commentaire dans le diseoursde M.. Dupiiij^nj
l'a préparé.
Cet honorable Orateur , qui faisait partie de la commissièn d'a-
dresgfe, a expliqué ce qu'a toulu la commission. Son discours a été ,
d'un bout à l'autre, la vive et péremptoire ' réfutation de tous lés ar-
gamens par lesquels le ministère a défendu le droit de visite. Entre
autres détails, M. Supin a apporté, dans la discussion, un lait nou
veau et décisif, en prouvant, pièces en mainfe, qu'en 1831, le minis
tère anglais ne àèmàndait |>as expr^sémeht le droit) de. içlsïte, et
qu'il se serait, contenté 4 'un système de répression de. tgus poipts
semblable à celui que le traiité de Washington a consacré-Pourquoi
lord Aberdeen n'accepterait-il pas, en 4843,ceqtie proposait I»rd
Palmerston en 1831 ? r
Hous ne saurions rendre l'impression qu?a proluite suc 1? cham
bre le discour& de M. Dapin.Jamais peut-être la parole de cet ora
teur, si vive et si acérée, ne s'était élevée à-cette hauteur d'éloquence.
Sauf le.(très-petit oombred'hDmraes qui mettent, avant tout intérêt*
('intérêt prétendu dès noirs,'etq(ui sacrifieraient héroïquement à leurp
g;oûtsnégrophiles, $ fyié pays, tout le; in^ndl,; 1* [
(Ç^mljr^ étiijt sonyaiocUvtont %mond,eJtait prêt f adopter «n pa- :
ragraphe si éloquemment interprété dans le sens de. la dignité et 4e
l'hoimeur de la France. ^•• i .V'.v-> . ■ i : ;
1 Mais On ne s'est pas arrêté à cette première impression, et aiio-
tre avis, on a,en tort.On a vouty savoirce «jue pensait Jp ministère
de l'interprétation donnée par M. i Dupin. aiï paragraphe 4e la came- <
mission. Eh! mon Dieu , on devaitlesavoij» l'avance, le ministère
ne pense qu'à nné^tosp, c'iest à conserver ses portefeuilles." Ecrasé
sops l'éloquente parole de l'orateur, il se soucie peu de répondre. Il.
accepte tout, il subit tout,, pourvu qu'on n'élève pas de question mi-,
- nistérielle : ou bien i'il consent à poseç cette question, c'est d'une
façon si étrange, que personne lie peut le suivre sur le terrain où il
se place. Forcé de s'expliquer par une énergique interpellation de
M. de Beaumont, M. Guiïot ne trouve riëa de mieux. ( à dire qu'à
répéter son di^epurf d'Hier,' C'e rfètait vraiment pàs îâ p^iné de pro
longer le àëtiat, pouF amener çes tristes et hôuteusçs. .êx^Mcatipns.
CependântUa discours du ministre a eù l'avantage de faire monter
M. Odilon Barrot à la tribune^. L'honorable chef de la gaûehè .a
stigmatisé, 4fi sa puissante parole, la conduite du mttust$re. Il à op
posé le langage tenu au Palais-Bourbon au langage tenu au Luxem
bourg. Il a sommé le cabinet de fairè 'disparaître tqàte^équivbque,
en disant clairement quelles étaient ses intentions: Vains efforts,..qui ■
. s'ont amené qu'une nouvelle éqpivqque ; M. le ministre de l'inté
rieur, venant en aide à M. Guizot, a déplacé la question. Ne pouvant
se défendre, il à essayé d'attaquer : il lui eût convenu que l'opposi
tion réduisit ce gr,and débat à une pure affau-e ministérielle, en pro,-
posant un amendement, qu'on eût au besoin formulé pour elle. On
eût gagné à cela deux choses : un affaiblissement pour le vote qui
doit avoir en Europe un grand retentissement, et peut-être aussi un
i succès, ministériçl sur une question mal posée.
Heureusement l'opposition n'a pas donné dans le pie'ge i: elle n'a
rien proposé, elle a pris le paragraphe tel que le commentaire, de
H. Dupin l'avait fait, c'est-â-dire comme une énergique expression
du vœu du pays, et elle .a laissé le ministère avec ses,palinodies,et sa
responsabilité dont il a beaucoup parlé, et ^i, l'espéreie, ne
sera pas illusoire. - •- *
. Après une déclaration du président da conseil, que noiis ne ydu-
drions pas juger sévèrement, car nous n'ouBlierons jamais, ep par- .
lant du maréchal àoult, les services éclatans Qu'il a rendus au pays,
après quelques mots de MM. Berryer et Dsmon, la chambre a en
fin passé au vote, et Ie paragraphe propOsépar la^ coinmission a #
adopté à la presque naanimité. Les ministres députés n'ont pas pris
part au vote. ■ * **
En résultat, cette séance, et le vote qui l'a terminée ontla plus'
haute gravité. La chambre a donné au pays satisfaction pleine et
entière. Ce qu'elle a voulu avec; le p*ys, if est certain que le minis
tère ne le veut pas, cependant le ministère s ! est engagé à faire ce
que veut J a chambre. C'est là' une situation jnouîè, anormale, qui
devra appeler toute la sollicitude «les représentans de la France. La
chambre est désormais en règle vis-àr-vis de'l'étranger': il.lili Veste
i régler ses cbmptes avec le ministère. , (
n
MH. de BeauraoOt (Somme) et Lestiboudois^nt déposé ajujourd'hui 6ur
le bureau de M. le président de la chambré des Réputés un amendement
ur le paragraphe il .de l'adresse, relatif aux traités de cbamercè. Cet
amendement formeraitia demièr» partie daparagrâphe : < >/ ....
i- ! % li ={lo gouvernement) n'oubliera pas quel reppeét méritent- les inlé-
rËts aésà l'abri des lois qui ont fait' grandir notre richesse agricole ët
aôtré puissance industrielle. » - < x
a
La commissidn'd'ëhquête électorale a tenu ( séance aujourd'hui, depuis
huit heures du ^atin jusqu'à une heure,' pour examiner l'élection de
M. Floret, nommé 'pér le collège de Carpen.tras. Elle a entendu confié
«moins MM. tes électeurs. Décor, maire ; iRosly aïs, notaire ;
Chauvet, Ducros fils. Boys^de Seàuins-Vassieitx, -Godibert, Barret,Mac-_
tin de Sevry. La commission se résairà demain à huit heures du matin.
La commission-chargée d'examiner le projet de loi sur les sucre?, re?
prendra, dit-on, ses trayaux lundi prochain. ,
Najre correspondant particulier de Constantiuople bous mande, à la
date du 11 janvier :
Le système d'abaissement continu que suit le gouvernement .français,
s'applique surtout à nos relations avec la Turquie: Chaque - jouraHouS
amène, une humiliation nouvelle. > < "i . />
M. Duclos, nommé en dernier lieu consul de France à Sophia (Bulgarie),
attend ici, depuis près d'un mois, son exequalur, que le divan ne. veut
pas lui accorder. Des. démarches sont faites par notre am bassadeur au
près du divan , mais elles sont restées jusqu'à présent sans Succès. Yoilk
la mesure de l'influence dont nous jouissons ici.
La conclusion de l'affaire de l'bôp ta' est un digne pendant à.ce dui
précède! M. de Bourqueney avait ,:;sur la demande des; délégués du co
mité de l'association de piété, exigé de là Porte l'évacuation de l'hôpital
par le corps-de-garde turc qui y avait été placé sur la réquisition de no
tre ambassadeur, lors du différend qui avait surgi au seinde.cet te asso
ciation. . ; ' "
Le gouvernement turc s'y est refusé, et M. de Bourqçeney s'est berné
à prévenir le gouvernement turc que dorénavant le corps-de-garde ne se
rait plus & la charge de l'ambassade comme cela avait lieu auparavant.
4insi cet établissement, .fondédans un.but de piété pour une destination
toute catholique et appartenant 'en grande partie à des sujets français,
se! trouve, à no: «e grande honte ; occupé malgré nous par un corps-de-
garde, turc ,sans aucun motif plarsible. •{ ; -.j j
Comme contraste avec ces misères, il faut citer la conduite énergique
- que vient de tenir le gouvernement autrichien dans une. affaire $ui inté
ressait bien autrement la Turquie. Cédant aux instigations de là Russie, ,
à qui la présence des bâtimens à vapsur autrichiens dans la .mer Noire
portait ombrage, le divan avait , adopté des mesures extrêmement; vexa-
toires pour forcer ces bâtimens à abandonner la ligne deTrébiconde. Le
gouvernement autrichien avait réclamé une première fois sans rien ob
tenir ; mais, en dernier lieu, le chargé d'affaires d'Autriche a re^u ordre
de rompre avec la Porte, dans le cas ou celle-ci persisterait dans son sys
tème. Une note dans Ce sëns a été présentée , le 7 du présent moii , au
grand conseil, et, après plusieurs discussions, le,divan, bien qu'à regret,
a résolu de céder. Désormais les bateaux à vapeur autrichiens ne seront
pjés inquiétés ,et les actionnaires de Ut Compagnie vont réclamer des
dQmmases-intéfêtspoùr les pertes quMs ont éprouvées!
; Au cours que suivent lés choses ", ta Trancè en Viendra ï solliciter la
protection des antres puissances. N'annonce-t-on pas déjà que les chré
tiens de Perse voit demander la protection de l'Angleterre ? » —
Le Mercure de Leeds dit que des négociations actives ont é
vies récemment pour la conclusion d un traité de commerce
gleterre et l'Autriche, et il annonce même que ce traité est si
d'être-conclu. D'après les dispositions de cette convention les
dises anglaises seraient admi librement dans tous: les Eta?s<
çhe à des. conditions très-avantageuses. L'Autriche, en retour,
obtenir l'èntrée de ses grains dans les ports de l'Angleterre sl_
de droits équivalens. Nos lois actuelles sur les céréales sont Ieseùl obs
tacle qui* s'oppose à. cette concession, et sans ces lois malencontreuses,
ajoute le Mercure de Leeds, il est probable que Ton pourrait annoncer
dans le discoure d ouverture de la session la conclusion d'un des traités
de commerce les plus impôrtans que l'Angleterre ait jamais négociés.
PORTRAITS .HISTORIQUES*
AOAM DE CRAPONNE.
S'il y a des monstres sur la terre dont la mémoire sera én exécration
à la postérité la plus reculée , il se trouve des hommes aussi dont la
vie n'est qu'une abnégation continuelle, dont le ' rôle ici-bas consiste à
sécher les pléurs des malheureux; à venir au secours de toutes les mi
sères, et dont le souvenir devrait vivre dans tous les cœurs. CommeHt
se fait-il, cependant, que les premiers trouvent toujours un Tacite qui
grave sur l'airain leur n6m couvert d'epprobe et d'infamie, et qu'il y
ait disette dePlutarques pour écrire l'histoire des seconds? Pourquoi ces
nobles existences, si pleines de dévoûmèn» sublimes, de généreux sacri
fices, d'actions grandes et courageuses, passent-elles inaperçues aux yeux
de leurs contemporains, et, faute d'un historien fidèle, n'arrivent-elles
pas jusqu'aux siècles qui les suivent? Il y aurait là pourtant matière à
de belles pages éloquentes, et les générations y puiseraient de précieux
enseignémens. Pourquoi donc cette prédilection pour constater les atro
cités et les crimes, et cet oubli, ce mépris, alliotts-nous dire, pour les
vertus dont l'humanité tout entière pourrait s'enorgueillir, à juste titre?
Ne serait-ce pas que nous sommes plus sensibles, pervertis que
nous sommes ! à la relation d'un drame sanglant, à la peinture d'un
épisode terrible, qu'a ces récits naïfs qui nous initieraient aux. douces
^Oies de la famille? Ne serait-ce pas que nous sommes disposés à éprou
ver de fortes émotions, lorsqu'on traine devant nous quelque spectre hi
deux et chargé de souillures, tandis què nous accueillerions avec indiffé
rence, avec froideur et dédain,peut-être, une poétique figure, toute rayon-
nante encore des bénédictions d'un peuple émerveillé? Aussi les écrivains
qui ont compris ce gèùt dépravé , se sont-ils vus forcés de puiser aux
annales du crime, s'ils voulaient conserver encore quelques lecteurs!
Ils ne doivent plus chercher à plaire et à instruire maintenant, mais
à galvaniser des cœurs frappés de marasme. Grâce à ce besoin insatiable
de scandales et de vives impressions le dernier des scélérats , et_plus
il est affreux, plus il a de chances pour occuper la publicité, trouvera
son historien. Quelquefois même, il osera prendre la plume, du fond de
sa prison, et nous initier à toutes les phases de sa carrière vicieuse. Ces
êtres dégradés laisseront ainsi des monumens de leur honte, que consul
tera l'avenir. Ils s'acquerront une célébrité infâme, et les ' hommes de
bien,, ceux dont la vie entière aura été consacrée au boheur de leurs
cencitoyças ; ceux qui auront dolé leur pays d'institutions utiles et pré
cieuses,- ceux qui auront sacrifié fortune, tranquillité, repos, pour as
surer l'avenir de leurs semblables, ceux-là disparaîtront dans le gouffre
de l'oubli, sans laisser après eux de trace de leur passage.
Eh bien ! nous disons que cela est désolant, que cela est illogique
aussi..Les écrivains, romanciers et dramaturges, ,qui évoquent du fend, de
leurs tombeaux, tous ces tyrans odieux dont chaque pas était marqué
de sang, dont chaque action était une action infâme, dont chaque pa
role était un arrêt de mort, ces écrivains manquent évidemment à la
sainte mission qui leur a été confiée. Pour régénérer les masses, pour
les éclairer, pour les améliorer, point n'est besoin de satisfaire leurs ap
pétits grossiers, de leur tracér des tableaux affreux,'d'écrire des pages
horribles, des drames dont le personnage principal est toujours le bour
reau. , '
Vous avez beau, a la dernière place, comme au dernier chapitre, faire
triompher la vertu, et ce n'est pas ainsi que vous concluez souvent. Le
but moral n'est pas atteint. Le peuple, impressionnépar l'action déroule devant lui, par les passions indomptables qui agissent en sa pré-
sence ; par les couleurs sombres que vous prodiguez à pleines mains ;
ce peuple familiarisé, grâce à vous, avec le Vice et le crime, se jouera sans
remords ije tout ce qui est saint et sacré. One peinture chaste aurait
adouci la rudesse de ses mœurs ; une intrigue touchante aurait dévelop
pé chez lui le germe de toutes les vertus, jin épisçtâe gracieux, un. dé-
voûment patriotique, un trait généreux emprunté à l'histoire, en re
muant toutes ses fibres, éclaireraient sa raison sur ce qui est véritable
ment digne de son estime. Vos tableaux prétendus historiques dégradent
son intelligence,. détournent ses idées premières et "rendent le bonheur
eq ce monde impossible pour lui.
Pénétré de cette grande vérité, nous aurons le courïge, dans'une sé
rie de biographies que nous nous proposons d'écrire daçs ce journal, de
nous raidir contre les funestes exigences du siècle; nous compulserons
les annales, "nous aussi ; mais nous aurons soin de n'y choisir- que les
belles et majestueuses figures, dans lesquelles brille , dans tout son
éclat, l'amour de l'humanité. Nous évoquerons les morts, nous aussi,
mais ceux-là seulement, dont la vie nous offrira des exemples à suivre ;
nous ressusciterons le passé, nous aussi , mais ce sera, qu'on nous passe
cette prétention, pour l'enseignement de l'avenir. Nous ne puiserons que
rarement dans les annales des autres peuples ; l'histoire de notre payfe
est assez riche, assez féconde en traits héroïques et de désintéressement,
en actions généreusës et magnifiques, en dévoùmens de toute sorte pour
que nos ressources ne soient pas épuisées de si tôt.Notre horizon est plus
vaste qu'on ne pense, sans franchir les frontières. En arrachant à l'oubli,
en vengeant de l'ingratitude de leurs contemporains, nos ancêtres, qui
furent les apôtres de l'humanité, nous n'accomplirons pas seulement une
œuvre' patriotique, mais cette réparation tardive sera encore un acte de
justice et une bonne action. Voilà plus de motifs qu'il n'en faut assuré
ment pour nous décider à poursuivre hardiment notre tâche.
Lés voyageurs qui traversent aujourd'hui la vallée de la Durance sont
bien loin de se douter', en voyant de vastes plaines couvertes d'oliviers ,
des champs fertiles où ^'on cultive la garance, des oôteaux pittoresques où
croissent la vigne et de vigoureux arbustes, que cette campagne > enri
chie de tous les trésors d'une riche végétation , était autrefois un stérile
désert. Ces populations robustes "et satisfaites ont 'été chétives et courbées
sous le rude fardeau de la misère. Tous ces villages, ces hameaux, Ces
petites villes qui bordent la route et en couronnent les hauteurs, man
quaient , il n'y a pas très, long-temps encore, des ehoses indispensables
aux premiers besoins de la vie. J
Un homme , un génie bianfaisant plutôt, s'est attendri à la vue'de
tant'de souffrances; il trouva dans ton cœur la volonté,'dans sa tête ï'é-
nèrgie. nécessaires pour changer le sort misérable de ses concitoyens; c'é
tait là un beau rêve, si l'on songe à l'époque à laquelle jl vivait, aux
difficultés que la nature et les hommes devaient apporter à son projet.
Hais que ne peut pas un mortel animé du saint amour de l'humanité 1
Le mortel à qui la Basse-Provence est redevable de sa prospérité, c'est
Adam de Craponhe.
Adam est issu d'un sang noble et généreux. Sa famille, originaire de
Pise, compte plusieurs grands citoyens, dont les services ont été reli
gieusement inscrits dans le livre' d'or de eette république. Lors des
guerres désastreuses engendrées par l'ambition des divers concurrèns
qui se disputaient la couronne de Naples, les ancêtres de Crapoiwe s'at
tachèrent | la fortune de la maison d'Anjou. Après la victoire rempor
tée en 1394, par Charles de Duras , sur Louis I er , ils suivirent en Pro
vence le prince malheureux, et s'établirent à Salon. C'est dans cette pe
tite ville qu'Adam vint au monde, en l'année 1519. La Provence appar
tenait alors à la France. Mais les nobles Provençaux, dent le nom était
lié à toutes les gloires de leur patrie, trouvèrent chez leurs nouveaux
souverains la continuation de cetté bienveillance précieuse à laquelle les
anciens comtes les avaient habitués. La famille de Craponne ne fut pas
oubliée par les rois de Frahcedaas la répartition de leursbienfails. Au com
mencement du 16 e siècle , grâce à la faveur dont elle jouissait à la cour,
elle tenait un rang distingué dans la patrie nouvelle qu'elle s'était choi
sie. C'est à cette époque, venons-nous de dire, que naquit Adam. Malgré
le préjugé -qui semblait encore repousser la noblesse de la culture des
lettres, le jeune Craponne s'adonna avec ardeur à l'étude dès mathéma
tiques. 11 annonçait les plus heureuses dispositions dès l'âge de quinze
ans ; à vingt ans il était déjà très-versé dans la science de l'architecture
hydraulique, cette science à laquelle les Italiens avaient fait faire des
progrès surprenans pour le temps dont eous parlons, et qui restait en-
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" SÉANCE DE 1A 'CHAMBRE BES DÉPUTÉS.
• - - niscnssiow Btf rkoJ^T „ v ' ;
La chambre a adopté j^jpuV^'hui Je.paragRapJie, prpppsé 'parla
c^missioa stulp/ droit'$pvfcite» li ; "^wtp a'cxpliqjfer ce rote.
La chambre voulait que jseû adresse^ pon^tWjiM termes clairs
et énergiques, son opposition au maiptien A droit de visité. La ré--,
daction 4e lacommission remplissait ce but. Dès que le paragraphe
si été connu, no** nous somme»; mpvmséê4e déélarerqtt'it donnait
satisfactionau vœu da pays." Uh point seulement démeurait inceiy
tain, c'était de savoir boniment le ministère accueillerait ce para
graphe. Il semblait impossible queM. Guizot, qui s'était opposé, à la
chambre des pairs, à un amendement beaucoup moins eXplicite'que
la rédaction proposée à la chambre des députés, accueillît ce pa
ragraphe. ' ' !
C'est, à ce point" de riip, que, nous, avions présenté comme une
question ministérielle, là question' du droit de visite. L'immense
majorité 4e la chambre voul£\it,fermement,sérieus«ment, la révision
des traités de 1831 et 18^3, le, cabinet ,nè la roulait pas. Nousjétions
tûrs que la conviction 4e |a jn^orité parlementaire ne céderait pps,
et nous .fesions au ministère l'honneur de supposer p'iln'abandon-
nerait pas ses,convictions. i ■ » , t
' Nous nous sommes trompés : Le ministère a cédé : il a tenu, à la
chambre des députés, un langage tout différent de celui qu'il avait
tenu â la chambre des pairs. Il a prêtais, formellement promis, des
négociations, et il s'est seulement refusé à faire ce qu'on ne lui de
mandait pas, ce qu'il eût été absurde de lui demander, à s'engager
à ouvrir immédiatement des négociations-
' Comme le ministère promettait tout ce qu'on exigeait de lui, comme
il désertait ouvertement sa politique pour accepter celle de la cham
bre, la question ministérielle devait naturellement disparattre, pour
laisser la place entière à la question d'affaires, beaucoup plus grave
pour l'atenif du pays. C'était une honteuse palinodie de la part du
cabinet, c'était un de ces actes qu'on ne saurait qualifier, tantil cons-
tatait l'abandon de convictions hautement proclamées ; maU eafln,
c'e qui importait à la chambre, avant toutes choses, c'était de,satis-
feire le vjbu du pays, et de le feirerespecterà l'étrangeF,;en impoj-
sant à sa dépision un caractère d'unanimité. • •/- i ,
C'est ce que la chambre a fait, et son vate.a reçu aujourd'hui
même un admirable commentaire dans le diseoursde M.. Dupiiij^nj
l'a préparé.
Cet honorable Orateur , qui faisait partie de la commissièn d'a-
dresgfe, a expliqué ce qu'a toulu la commission. Son discours a été ,
d'un bout à l'autre, la vive et péremptoire ' réfutation de tous lés ar-
gamens par lesquels le ministère a défendu le droit de visite. Entre
autres détails, M. Supin a apporté, dans la discussion, un lait nou
veau et décisif, en prouvant, pièces en mainfe, qu'en 1831, le minis
tère anglais ne àèmàndait |>as expr^sémeht le droit) de. içlsïte, et
qu'il se serait, contenté 4 'un système de répression de. tgus poipts
semblable à celui que le traiité de Washington a consacré-Pourquoi
lord Aberdeen n'accepterait-il pas, en 4843,ceqtie proposait I»rd
Palmerston en 1831 ? r
Hous ne saurions rendre l'impression qu?a proluite suc 1? cham
bre le discour& de M. Dapin.Jamais peut-être la parole de cet ora
teur, si vive et si acérée, ne s'était élevée à-cette hauteur d'éloquence.
Sauf le.(très-petit oombred'hDmraes qui mettent, avant tout intérêt*
('intérêt prétendu dès noirs,'etq(ui sacrifieraient héroïquement à leurp
g;oûtsnégrophiles, $ fyié pays, tout le; in^ndl,; 1* [
(Ç^mljr^ étiijt sonyaiocUvtont %mond,eJtait prêt f adopter «n pa- :
ragraphe si éloquemment interprété dans le sens de. la dignité et 4e
l'hoimeur de la France. ^•• i .V'.v-> . ■ i : ;
1 Mais On ne s'est pas arrêté à cette première impression, et aiio-
tre avis, on a,en tort.On a vouty savoirce «jue pensait Jp ministère
de l'interprétation donnée par M. i Dupin. aiï paragraphe 4e la came- <
mission. Eh! mon Dieu , on devaitlesavoij» l'avance, le ministère
ne pense qu'à nné^tosp, c'iest à conserver ses portefeuilles." Ecrasé
sops l'éloquente parole de l'orateur, il se soucie peu de répondre. Il.
accepte tout, il subit tout,, pourvu qu'on n'élève pas de question mi-,
- nistérielle : ou bien i'il consent à poseç cette question, c'est d'une
façon si étrange, que personne lie peut le suivre sur le terrain où il
se place. Forcé de s'expliquer par une énergique interpellation de
M. de Beaumont, M. Guiïot ne trouve riëa de mieux. ( à dire qu'à
répéter son di^epurf d'Hier,' C'e rfètait vraiment pàs îâ p^iné de pro
longer le àëtiat, pouF amener çes tristes et hôuteusçs. .êx^Mcatipns.
CependântUa discours du ministre a eù l'avantage de faire monter
M. Odilon Barrot à la tribune^. L'honorable chef de la gaûehè .a
stigmatisé, 4fi sa puissante parole, la conduite du mttust$re. Il à op
posé le langage tenu au Palais-Bourbon au langage tenu au Luxem
bourg. Il a sommé le cabinet de fairè 'disparaître tqàte^équivbque,
en disant clairement quelles étaient ses intentions: Vains efforts,..qui ■
. s'ont amené qu'une nouvelle éqpivqque ; M. le ministre de l'inté
rieur, venant en aide à M. Guizot, a déplacé la question. Ne pouvant
se défendre, il à essayé d'attaquer : il lui eût convenu que l'opposi
tion réduisit ce gr,and débat à une pure affau-e ministérielle, en pro,-
posant un amendement, qu'on eût au besoin formulé pour elle. On
eût gagné à cela deux choses : un affaiblissement pour le vote qui
doit avoir en Europe un grand retentissement, et peut-être aussi un
i succès, ministériçl sur une question mal posée.
Heureusement l'opposition n'a pas donné dans le pie'ge i: elle n'a
rien proposé, elle a pris le paragraphe tel que le commentaire, de
H. Dupin l'avait fait, c'est-â-dire comme une énergique expression
du vœu du pays, et elle .a laissé le ministère avec ses,palinodies,et sa
responsabilité dont il a beaucoup parlé, et ^i, l'espéreie, ne
sera pas illusoire. - •- *
. Après une déclaration du président da conseil, que noiis ne ydu-
drions pas juger sévèrement, car nous n'ouBlierons jamais, ep par- .
lant du maréchal àoult, les services éclatans Qu'il a rendus au pays,
après quelques mots de MM. Berryer et Dsmon, la chambre a en
fin passé au vote, et Ie paragraphe propOsépar la^ coinmission a #
adopté à la presque naanimité. Les ministres députés n'ont pas pris
part au vote. ■ * **
En résultat, cette séance, et le vote qui l'a terminée ontla plus'
haute gravité. La chambre a donné au pays satisfaction pleine et
entière. Ce qu'elle a voulu avec; le p*ys, if est certain que le minis
tère ne le veut pas, cependant le ministère s ! est engagé à faire ce
que veut J a chambre. C'est là' une situation jnouîè, anormale, qui
devra appeler toute la sollicitude «les représentans de la France. La
chambre est désormais en règle vis-àr-vis de'l'étranger': il.lili Veste
i régler ses cbmptes avec le ministère. , (
n
MH. de BeauraoOt (Somme) et Lestiboudois^nt déposé ajujourd'hui 6ur
le bureau de M. le président de la chambré des Réputés un amendement
ur le paragraphe il .de l'adresse, relatif aux traités de cbamercè. Cet
amendement formeraitia demièr» partie daparagrâphe : < >/ ....
i- ! % li ={lo gouvernement) n'oubliera pas quel reppeét méritent- les inlé-
rËts aésà l'abri des lois qui ont fait' grandir notre richesse agricole ët
aôtré puissance industrielle. » - < x
a
La commissidn'd'ëhquête électorale a tenu ( séance aujourd'hui, depuis
huit heures du ^atin jusqu'à une heure,' pour examiner l'élection de
M. Floret, nommé 'pér le collège de Carpen.tras. Elle a entendu confié
«moins MM. tes électeurs. Décor, maire ; iRosly aïs, notaire ;
Chauvet, Ducros fils. Boys^de Seàuins-Vassieitx, -Godibert, Barret,Mac-_
tin de Sevry. La commission se résairà demain à huit heures du matin.
La commission-chargée d'examiner le projet de loi sur les sucre?, re?
prendra, dit-on, ses trayaux lundi prochain. ,
Najre correspondant particulier de Constantiuople bous mande, à la
date du 11 janvier :
Le système d'abaissement continu que suit le gouvernement .français,
s'applique surtout à nos relations avec la Turquie: Chaque - jouraHouS
amène, une humiliation nouvelle. > < "i . />
M. Duclos, nommé en dernier lieu consul de France à Sophia (Bulgarie),
attend ici, depuis près d'un mois, son exequalur, que le divan ne. veut
pas lui accorder. Des. démarches sont faites par notre am bassadeur au
près du divan , mais elles sont restées jusqu'à présent sans Succès. Yoilk
la mesure de l'influence dont nous jouissons ici.
La conclusion de l'affaire de l'bôp ta' est un digne pendant à.ce dui
précède! M. de Bourqueney avait ,:;sur la demande des; délégués du co
mité de l'association de piété, exigé de là Porte l'évacuation de l'hôpital
par le corps-de-garde turc qui y avait été placé sur la réquisition de no
tre ambassadeur, lors du différend qui avait surgi au seinde.cet te asso
ciation. . ; ' "
Le gouvernement turc s'y est refusé, et M. de Bourqçeney s'est berné
à prévenir le gouvernement turc que dorénavant le corps-de-garde ne se
rait plus & la charge de l'ambassade comme cela avait lieu auparavant.
4insi cet établissement, .fondédans un.but de piété pour une destination
toute catholique et appartenant 'en grande partie à des sujets français,
se! trouve, à no: «e grande honte ; occupé malgré nous par un corps-de-
garde, turc ,sans aucun motif plarsible. •{ ; -.j j
Comme contraste avec ces misères, il faut citer la conduite énergique
- que vient de tenir le gouvernement autrichien dans une. affaire $ui inté
ressait bien autrement la Turquie. Cédant aux instigations de là Russie, ,
à qui la présence des bâtimens à vapsur autrichiens dans la .mer Noire
portait ombrage, le divan avait , adopté des mesures extrêmement; vexa-
toires pour forcer ces bâtimens à abandonner la ligne deTrébiconde. Le
gouvernement autrichien avait réclamé une première fois sans rien ob
tenir ; mais, en dernier lieu, le chargé d'affaires d'Autriche a re^u ordre
de rompre avec la Porte, dans le cas ou celle-ci persisterait dans son sys
tème. Une note dans Ce sëns a été présentée , le 7 du présent moii , au
grand conseil, et, après plusieurs discussions, le,divan, bien qu'à regret,
a résolu de céder. Désormais les bateaux à vapeur autrichiens ne seront
pjés inquiétés ,et les actionnaires de Ut Compagnie vont réclamer des
dQmmases-intéfêtspoùr les pertes quMs ont éprouvées!
; Au cours que suivent lés choses ", ta Trancè en Viendra ï solliciter la
protection des antres puissances. N'annonce-t-on pas déjà que les chré
tiens de Perse voit demander la protection de l'Angleterre ? » —
Le Mercure de Leeds dit que des négociations actives ont é
vies récemment pour la conclusion d un traité de commerce
gleterre et l'Autriche, et il annonce même que ce traité est si
d'être-conclu. D'après les dispositions de cette convention les
dises anglaises seraient admi librement dans tous: les Eta?s<
çhe à des. conditions très-avantageuses. L'Autriche, en retour,
obtenir l'èntrée de ses grains dans les ports de l'Angleterre sl_
de droits équivalens. Nos lois actuelles sur les céréales sont Ieseùl obs
tacle qui* s'oppose à. cette concession, et sans ces lois malencontreuses,
ajoute le Mercure de Leeds, il est probable que Ton pourrait annoncer
dans le discoure d ouverture de la session la conclusion d'un des traités
de commerce les plus impôrtans que l'Angleterre ait jamais négociés.
PORTRAITS .HISTORIQUES*
AOAM DE CRAPONNE.
S'il y a des monstres sur la terre dont la mémoire sera én exécration
à la postérité la plus reculée , il se trouve des hommes aussi dont la
vie n'est qu'une abnégation continuelle, dont le ' rôle ici-bas consiste à
sécher les pléurs des malheureux; à venir au secours de toutes les mi
sères, et dont le souvenir devrait vivre dans tous les cœurs. CommeHt
se fait-il, cependant, que les premiers trouvent toujours un Tacite qui
grave sur l'airain leur n6m couvert d'epprobe et d'infamie, et qu'il y
ait disette dePlutarques pour écrire l'histoire des seconds? Pourquoi ces
nobles existences, si pleines de dévoûmèn» sublimes, de généreux sacri
fices, d'actions grandes et courageuses, passent-elles inaperçues aux yeux
de leurs contemporains, et, faute d'un historien fidèle, n'arrivent-elles
pas jusqu'aux siècles qui les suivent? Il y aurait là pourtant matière à
de belles pages éloquentes, et les générations y puiseraient de précieux
enseignémens. Pourquoi donc cette prédilection pour constater les atro
cités et les crimes, et cet oubli, ce mépris, alliotts-nous dire, pour les
vertus dont l'humanité tout entière pourrait s'enorgueillir, à juste titre?
Ne serait-ce pas que nous sommes plus sensibles, pervertis que
nous sommes ! à la relation d'un drame sanglant, à la peinture d'un
épisode terrible, qu'a ces récits naïfs qui nous initieraient aux. douces
^Oies de la famille? Ne serait-ce pas que nous sommes disposés à éprou
ver de fortes émotions, lorsqu'on traine devant nous quelque spectre hi
deux et chargé de souillures, tandis què nous accueillerions avec indiffé
rence, avec froideur et dédain,peut-être, une poétique figure, toute rayon-
nante encore des bénédictions d'un peuple émerveillé? Aussi les écrivains
qui ont compris ce gèùt dépravé , se sont-ils vus forcés de puiser aux
annales du crime, s'ils voulaient conserver encore quelques lecteurs!
Ils ne doivent plus chercher à plaire et à instruire maintenant, mais
à galvaniser des cœurs frappés de marasme. Grâce à ce besoin insatiable
de scandales et de vives impressions le dernier des scélérats , et_plus
il est affreux, plus il a de chances pour occuper la publicité, trouvera
son historien. Quelquefois même, il osera prendre la plume, du fond de
sa prison, et nous initier à toutes les phases de sa carrière vicieuse. Ces
êtres dégradés laisseront ainsi des monumens de leur honte, que consul
tera l'avenir. Ils s'acquerront une célébrité infâme, et les ' hommes de
bien,, ceux dont la vie entière aura été consacrée au boheur de leurs
cencitoyças ; ceux qui auront dolé leur pays d'institutions utiles et pré
cieuses,- ceux qui auront sacrifié fortune, tranquillité, repos, pour as
surer l'avenir de leurs semblables, ceux-là disparaîtront dans le gouffre
de l'oubli, sans laisser après eux de trace de leur passage.
Eh bien ! nous disons que cela est désolant, que cela est illogique
aussi..Les écrivains, romanciers et dramaturges, ,qui évoquent du fend, de
leurs tombeaux, tous ces tyrans odieux dont chaque pas était marqué
de sang, dont chaque action était une action infâme, dont chaque pa
role était un arrêt de mort, ces écrivains manquent évidemment à la
sainte mission qui leur a été confiée. Pour régénérer les masses, pour
les éclairer, pour les améliorer, point n'est besoin de satisfaire leurs ap
pétits grossiers, de leur tracér des tableaux affreux,'d'écrire des pages
horribles, des drames dont le personnage principal est toujours le bour
reau. , '
Vous avez beau, a la dernière place, comme au dernier chapitre, faire
triompher la vertu, et ce n'est pas ainsi que vous concluez souvent. Le
but moral n'est pas atteint. Le peuple, impressionnépar l'action
sence ; par les couleurs sombres que vous prodiguez à pleines mains ;
ce peuple familiarisé, grâce à vous, avec le Vice et le crime, se jouera sans
remords ije tout ce qui est saint et sacré. One peinture chaste aurait
adouci la rudesse de ses mœurs ; une intrigue touchante aurait dévelop
pé chez lui le germe de toutes les vertus, jin épisçtâe gracieux, un. dé-
voûment patriotique, un trait généreux emprunté à l'histoire, en re
muant toutes ses fibres, éclaireraient sa raison sur ce qui est véritable
ment digne de son estime. Vos tableaux prétendus historiques dégradent
son intelligence,. détournent ses idées premières et "rendent le bonheur
eq ce monde impossible pour lui.
Pénétré de cette grande vérité, nous aurons le courïge, dans'une sé
rie de biographies que nous nous proposons d'écrire daçs ce journal, de
nous raidir contre les funestes exigences du siècle; nous compulserons
les annales, "nous aussi ; mais nous aurons soin de n'y choisir- que les
belles et majestueuses figures, dans lesquelles brille , dans tout son
éclat, l'amour de l'humanité. Nous évoquerons les morts, nous aussi,
mais ceux-là seulement, dont la vie nous offrira des exemples à suivre ;
nous ressusciterons le passé, nous aussi , mais ce sera, qu'on nous passe
cette prétention, pour l'enseignement de l'avenir. Nous ne puiserons que
rarement dans les annales des autres peuples ; l'histoire de notre payfe
est assez riche, assez féconde en traits héroïques et de désintéressement,
en actions généreusës et magnifiques, en dévoùmens de toute sorte pour
que nos ressources ne soient pas épuisées de si tôt.Notre horizon est plus
vaste qu'on ne pense, sans franchir les frontières. En arrachant à l'oubli,
en vengeant de l'ingratitude de leurs contemporains, nos ancêtres, qui
furent les apôtres de l'humanité, nous n'accomplirons pas seulement une
œuvre' patriotique, mais cette réparation tardive sera encore un acte de
justice et une bonne action. Voilà plus de motifs qu'il n'en faut assuré
ment pour nous décider à poursuivre hardiment notre tâche.
Lés voyageurs qui traversent aujourd'hui la vallée de la Durance sont
bien loin de se douter', en voyant de vastes plaines couvertes d'oliviers ,
des champs fertiles où ^'on cultive la garance, des oôteaux pittoresques où
croissent la vigne et de vigoureux arbustes, que cette campagne > enri
chie de tous les trésors d'une riche végétation , était autrefois un stérile
désert. Ces populations robustes "et satisfaites ont 'été chétives et courbées
sous le rude fardeau de la misère. Tous ces villages, ces hameaux, Ces
petites villes qui bordent la route et en couronnent les hauteurs, man
quaient , il n'y a pas très, long-temps encore, des ehoses indispensables
aux premiers besoins de la vie. J
Un homme , un génie bianfaisant plutôt, s'est attendri à la vue'de
tant'de souffrances; il trouva dans ton cœur la volonté,'dans sa tête ï'é-
nèrgie. nécessaires pour changer le sort misérable de ses concitoyens; c'é
tait là un beau rêve, si l'on songe à l'époque à laquelle jl vivait, aux
difficultés que la nature et les hommes devaient apporter à son projet.
Hais que ne peut pas un mortel animé du saint amour de l'humanité 1
Le mortel à qui la Basse-Provence est redevable de sa prospérité, c'est
Adam de Craponhe.
Adam est issu d'un sang noble et généreux. Sa famille, originaire de
Pise, compte plusieurs grands citoyens, dont les services ont été reli
gieusement inscrits dans le livre' d'or de eette république. Lors des
guerres désastreuses engendrées par l'ambition des divers concurrèns
qui se disputaient la couronne de Naples, les ancêtres de Crapoiwe s'at
tachèrent | la fortune de la maison d'Anjou. Après la victoire rempor
tée en 1394, par Charles de Duras , sur Louis I er , ils suivirent en Pro
vence le prince malheureux, et s'établirent à Salon. C'est dans cette pe
tite ville qu'Adam vint au monde, en l'année 1519. La Provence appar
tenait alors à la France. Mais les nobles Provençaux, dent le nom était
lié à toutes les gloires de leur patrie, trouvèrent chez leurs nouveaux
souverains la continuation de cetté bienveillance précieuse à laquelle les
anciens comtes les avaient habitués. La famille de Craponne ne fut pas
oubliée par les rois de Frahcedaas la répartition de leursbienfails. Au com
mencement du 16 e siècle , grâce à la faveur dont elle jouissait à la cour,
elle tenait un rang distingué dans la patrie nouvelle qu'elle s'était choi
sie. C'est à cette époque, venons-nous de dire, que naquit Adam. Malgré
le préjugé -qui semblait encore repousser la noblesse de la culture des
lettres, le jeune Craponne s'adonna avec ardeur à l'étude dès mathéma
tiques. 11 annonçait les plus heureuses dispositions dès l'âge de quinze
ans ; à vingt ans il était déjà très-versé dans la science de l'architecture
hydraulique, cette science à laquelle les Italiens avaient fait faire des
progrès surprenans pour le temps dont eous parlons, et qui restait en-
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