Titre : La Renaissance littéraire et artistique
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : on s'abonne chez Lachaud, éditeur (Paris)
Éditeur : à l'Agence généraleà l'Agence générale (Paris)
Éditeur : [Librairie de l'eau-forte][Librairie de l'eau-forte] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1873-02-08
Contributeur : Aicard, Jean (1848-1921). Directeur de publication
Contributeur : Blémont, Émile (1839-1927). Directeur de publication
Contributeur : Lesclide, Richard (1825-1892). Directeur de publication
Contributeur : Rouquette, Jules (1828-1888). Directeur de publication
Contributeur : Hardy-Polday (1850-1921). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430961x
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 698 Nombre total de vues : 698
Description : 08 février 1873 08 février 1873
Description : 1873/02/08 (A2,N1)-1873/12/28 (A2,N47). 1873/02/08 (A2,N1)-1873/12/28 (A2,N47).
Description : Collection numérique : France-Japon Collection numérique : France-Japon
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k65803546
Source : Bibliothèque nationale de France, département Littérature et art, Z-2277-2278
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 07/03/2014
LA RENAISSANCE. 15
tale qu'elle ne connaissait pas encore. Là, il se mit à ses
pieds et la regarda longuement sans lui avoir dit autre chose
que ce mot : « Reste! » Elle était droite, ses longs cheveux
roux dénoués. Ses bras avaient conservé les deux anneaux
d'or massif qui ne la quittent jamais. Elle se contemplait
dans une glace et voyait Kustoff à genoux qui lui tenait la
main et la regardait avec une mélancolie indicible. Les
transports de sa passion pour cette femme qu'il allait punir
furent muets comme sa vengeance. Des sanglots profonds
le secouaient parfois tout entier, mais tellement perdus
parmi les spasmes d'une volupté effrénée, que Viviane n'y
prit point garde.
Elle s'endormit de fatigue vers trois heures du matin, et
dans ce premier sommeil de lassitude où les nerfs s'aban-
donnent sans se perdre entièrement, il lui sembla que Kus-
toff se levait. Il appuya la main sur un timbre caché dans la
muraille et dont elle n'entendit pas le bruit. Une porte s'ou-
vrit :
— Avez-vous vos outils, Ivan, dit le Russe.
Ivan était un médecin, serf libéré, qui devait tout à Kus-
toff et ne le quittait point.
- Oui, monseigneur.
- Vos flacons?
- Oui, monseigneur.
- Alors, venez.
Viviane entendit vaguement ces choses, puis une sensation
lourde l'accabla; il lui sembla rêver qu'elle perdait connais-
sance et souffrait atrocement.
Vers neuf heures du matin, Maurice, encore au lit, rêvait
à Viviane; on lui apporta un billet, il était du prince Kus-
toff: — « Veuillez donc, je vous prie, mon cher, ouvrir le
coffret que vous m'avez montre l'autre jour; vous y trou-
verez du nouveau. »
Sauter à bas du lit, prendre le coffret et l'ouvrir, ce fut
pour Maurice l'affaire d'une minute. Sur le velours blanc
taché était placée, le poignet entouré d'un linge sanglant,
la main coupée de Viviane, encore garnie de ses bagues. »
Raymond se tut et jeta sa cigarette.
« — Ils se sont battus! m'écriai-je.
— Kustoff avait quitté Paris, Maurice le rejoignit à Flo-
rence; le prince le tua.
— Et toi? »
Raymond secoua la tête.
« — Elle ne t'a jamais demandé de la venger?
— Peut-être.
— Eh bien?
— J'y songe. »
PIERRE POHL.
GAZETTE RIMÉE
LE LYCÉE HENRI IV.
Ce monarque au « triple talent, »
Patron d'un collége? A merveille !
C'est bien fait, nul Cid ne valant
Ce monarque au « triple talent. »
Prends le lycée, ô Vert-Galant :
Que le boui-boui passe à Corneille.
Ce monarque au « triple talent, »
Patron d'un collége? A merveille !
RÉVOLTE.
Quel puriste ne serait las
Des agissements de la presse ?
Ferme l'oreille, Vaugelas !
Quel puriste ne serait las ?
Nous n'envions plus rien, hélas,
Aux gazetiers de Bourg-en-Bresse.
Quel puriste ne serait las
Des agissements de la presse ?
LE RAPPORTEUR DES TRENTE.
Ce duc apprête pour Clio
Un travail de prose jolie.
Oh ! quel pâteux in-folio
Ce duc apprête pour Clio !
Serait-il vrai qu'imbroglio,
Monsieur Littré, vînt de Broglie?
Ce duc apprête pour Clio
Un travail de prose jolie.
M. FEYDEAU.
« MOI, dit Feydeau louant Gautier,
Son seul ami. » Que vous en semble?
Oyez ce modeste échotier :
« MOI! » dit Feydeau louant Gautier.
Où sont les vers, ô gargotier,
Qu'on vous ait vus. rincer ensemble ?
« MOI, dit Feydeau louant Gautier,
Son seul ami. » — Que vous en semble!
SILVIUS.
MUSIQUE
La Coupe du roi de Thulé fait florès à l'Opéra. Salle comble
tous les soirs, recettes folles, toilettes éblouissantes. La poétique
légende de MM. Gallet et Blau a charmé tout le monde ; les
artistes ont été prodigues de talent, M. Halanzier n'a reculé
devant aucune dépense. Rien ne manque à la fête qu'une par-
tition; mais c'est si peu de chose! Le public ne s'en est pas
même aperçu.
Le livret de cet ouvrage est un véritable poème, cachant sous
une gracieuse allégorie un sens profond. Le pêcheur Yorick,
qui trouve des perles dans l'océan, c'est le poète dans la fraî-
cheur de ses illusions premières, entre la Volupté qui le séduit
et l'Idéal qui l'attire. Malgré les conseils de la Raison (habile-
ment présentée sous le masque de la raillerie), il poursuit la
Volupté jusqu'au moment où, las de déceptions et de souf-
frances, il se jette dans les bras de l'Idéal qui lui donne l'immor-
talité. La Coupe, don sans prix de l'Idéal, joyau ciselé qui
donne la puissance, c'est l'Art lui-même, sous une forme con-
crète et symbolique.
Quant aux musiciens, c'est une autre affaire, et l'on s'est
demandé comment M. Massenet, M. Guiraud, M. Barthe, et
quelques autres dont le jury avait reconnu le style et l'écriture,
avaient pu être distancés par M. Diaz, dont la musique d'ama-
teur échappe à la discussion. C'est toute une histoire que le
concours de l'Opéra, et il serait malséant de se faire l'écho des
bruits évidemment faux qui ont couru à ce sujet. Qu'un jeune
auteur croie à son talent, qu'un directeur de théâtre incapable
de déchiffrer une note de musique se méprenne sur la valeur
d'une partition, il n'y a rien là que de très-naturel. Ce qui
étonne, c'est de voir des musiciens réputés sérieux, dont le
nom est connu de tout le monde, porter un jugement capable
de confondre la raison la plus solide. On ne peut douter de leur
tale qu'elle ne connaissait pas encore. Là, il se mit à ses
pieds et la regarda longuement sans lui avoir dit autre chose
que ce mot : « Reste! » Elle était droite, ses longs cheveux
roux dénoués. Ses bras avaient conservé les deux anneaux
d'or massif qui ne la quittent jamais. Elle se contemplait
dans une glace et voyait Kustoff à genoux qui lui tenait la
main et la regardait avec une mélancolie indicible. Les
transports de sa passion pour cette femme qu'il allait punir
furent muets comme sa vengeance. Des sanglots profonds
le secouaient parfois tout entier, mais tellement perdus
parmi les spasmes d'une volupté effrénée, que Viviane n'y
prit point garde.
Elle s'endormit de fatigue vers trois heures du matin, et
dans ce premier sommeil de lassitude où les nerfs s'aban-
donnent sans se perdre entièrement, il lui sembla que Kus-
toff se levait. Il appuya la main sur un timbre caché dans la
muraille et dont elle n'entendit pas le bruit. Une porte s'ou-
vrit :
— Avez-vous vos outils, Ivan, dit le Russe.
Ivan était un médecin, serf libéré, qui devait tout à Kus-
toff et ne le quittait point.
- Oui, monseigneur.
- Vos flacons?
- Oui, monseigneur.
- Alors, venez.
Viviane entendit vaguement ces choses, puis une sensation
lourde l'accabla; il lui sembla rêver qu'elle perdait connais-
sance et souffrait atrocement.
Vers neuf heures du matin, Maurice, encore au lit, rêvait
à Viviane; on lui apporta un billet, il était du prince Kus-
toff: — « Veuillez donc, je vous prie, mon cher, ouvrir le
coffret que vous m'avez montre l'autre jour; vous y trou-
verez du nouveau. »
Sauter à bas du lit, prendre le coffret et l'ouvrir, ce fut
pour Maurice l'affaire d'une minute. Sur le velours blanc
taché était placée, le poignet entouré d'un linge sanglant,
la main coupée de Viviane, encore garnie de ses bagues. »
Raymond se tut et jeta sa cigarette.
« — Ils se sont battus! m'écriai-je.
— Kustoff avait quitté Paris, Maurice le rejoignit à Flo-
rence; le prince le tua.
— Et toi? »
Raymond secoua la tête.
« — Elle ne t'a jamais demandé de la venger?
— Peut-être.
— Eh bien?
— J'y songe. »
PIERRE POHL.
GAZETTE RIMÉE
LE LYCÉE HENRI IV.
Ce monarque au « triple talent, »
Patron d'un collége? A merveille !
C'est bien fait, nul Cid ne valant
Ce monarque au « triple talent. »
Prends le lycée, ô Vert-Galant :
Que le boui-boui passe à Corneille.
Ce monarque au « triple talent, »
Patron d'un collége? A merveille !
RÉVOLTE.
Quel puriste ne serait las
Des agissements de la presse ?
Ferme l'oreille, Vaugelas !
Quel puriste ne serait las ?
Nous n'envions plus rien, hélas,
Aux gazetiers de Bourg-en-Bresse.
Quel puriste ne serait las
Des agissements de la presse ?
LE RAPPORTEUR DES TRENTE.
Ce duc apprête pour Clio
Un travail de prose jolie.
Oh ! quel pâteux in-folio
Ce duc apprête pour Clio !
Serait-il vrai qu'imbroglio,
Monsieur Littré, vînt de Broglie?
Ce duc apprête pour Clio
Un travail de prose jolie.
M. FEYDEAU.
« MOI, dit Feydeau louant Gautier,
Son seul ami. » Que vous en semble?
Oyez ce modeste échotier :
« MOI! » dit Feydeau louant Gautier.
Où sont les vers, ô gargotier,
Qu'on vous ait vus. rincer ensemble ?
« MOI, dit Feydeau louant Gautier,
Son seul ami. » — Que vous en semble!
SILVIUS.
MUSIQUE
La Coupe du roi de Thulé fait florès à l'Opéra. Salle comble
tous les soirs, recettes folles, toilettes éblouissantes. La poétique
légende de MM. Gallet et Blau a charmé tout le monde ; les
artistes ont été prodigues de talent, M. Halanzier n'a reculé
devant aucune dépense. Rien ne manque à la fête qu'une par-
tition; mais c'est si peu de chose! Le public ne s'en est pas
même aperçu.
Le livret de cet ouvrage est un véritable poème, cachant sous
une gracieuse allégorie un sens profond. Le pêcheur Yorick,
qui trouve des perles dans l'océan, c'est le poète dans la fraî-
cheur de ses illusions premières, entre la Volupté qui le séduit
et l'Idéal qui l'attire. Malgré les conseils de la Raison (habile-
ment présentée sous le masque de la raillerie), il poursuit la
Volupté jusqu'au moment où, las de déceptions et de souf-
frances, il se jette dans les bras de l'Idéal qui lui donne l'immor-
talité. La Coupe, don sans prix de l'Idéal, joyau ciselé qui
donne la puissance, c'est l'Art lui-même, sous une forme con-
crète et symbolique.
Quant aux musiciens, c'est une autre affaire, et l'on s'est
demandé comment M. Massenet, M. Guiraud, M. Barthe, et
quelques autres dont le jury avait reconnu le style et l'écriture,
avaient pu être distancés par M. Diaz, dont la musique d'ama-
teur échappe à la discussion. C'est toute une histoire que le
concours de l'Opéra, et il serait malséant de se faire l'écho des
bruits évidemment faux qui ont couru à ce sujet. Qu'un jeune
auteur croie à son talent, qu'un directeur de théâtre incapable
de déchiffrer une note de musique se méprenne sur la valeur
d'une partition, il n'y a rien là que de très-naturel. Ce qui
étonne, c'est de voir des musiciens réputés sérieux, dont le
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