Titre : La Renaissance littéraire et artistique
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : on s'abonne chez Lachaud, éditeur (Paris)
Éditeur : à l'Agence généraleà l'Agence générale (Paris)
Éditeur : [Librairie de l'eau-forte][Librairie de l'eau-forte] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1873-02-08
Contributeur : Aicard, Jean (1848-1921). Directeur de publication
Contributeur : Blémont, Émile (1839-1927). Directeur de publication
Contributeur : Lesclide, Richard (1825-1892). Directeur de publication
Contributeur : Rouquette, Jules (1828-1888). Directeur de publication
Contributeur : Hardy-Polday (1850-1921). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430961x
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 698 Nombre total de vues : 698
Description : 08 février 1873 08 février 1873
Description : 1873/02/08 (A2,N1)-1873/12/28 (A2,N47). 1873/02/08 (A2,N1)-1873/12/28 (A2,N47).
Description : Collection numérique : France-Japon Collection numérique : France-Japon
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k65803546
Source : Bibliothèque nationale de France, département Littérature et art, Z-2277-2278
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 07/03/2014
LA RENAISSANCE. 101
D'autres, le style grec, les triples colonnades.
Aucun n'invite mieux les molles sérénades
Qu'un caprice d'amant fait cheminer par eau,
Que ce frêle joyau sculpté, la Ca D'Oro.
— Et, pour qui ne met pas de limite à son rêve,
Féerique, dominant la lagune et la grève
Du Lido mince où les doges tournaient leurs yeux,
Pareil aux visions d'un songe merveilleux,
Le vieux Palais-Ducal, rose et blanc à son faîte,
Offre au regard de l'homme une éternelle fête.
— Mais moi, tant de splendeur m'effarouche! Mes vœux,
Aisément contentés, s'arrêtent où je veux :
Et l'habitation que je me suis choisie,
Plus simple, peut combler la rare fantaisie
D'un poète jaloux d'être heureux sans témoins.
Je l'aime ainsi : plus grande, elle me plairait moins.
Dans ses proportions réduites, elle arrête
Juste la ligne où tient une extase discrète.
J'aime cette eau, muette, ou de bruits affaiblis
Berçant l'étude en ses voluptueux oublis;
Ce balcon noble, tel que j'y vois, en idée,
S'incliner un front blanc de songeuse accoudée ;
L'escalier sombre où dort plus d'un secret d'amants ;
Et le seuil favorable aux doux embarquements,
Le soir, lorsque séduit à voir une par une
Les gondoles glisser noires au clair de lune,
Il plairait à l'amour de s'en aller rêvant
Sur l'eau tranquille.
Vieux logis que si souvent
Je regarde, quel est ton possesseur vulgaire?
Je ne sais; et, vraiment, il ne m'importe guère!
Car tes moindres recoins, qu'il a vus des milliers
De fois, me sont pourtant plus qu'à lui familiers ;
Car mon désir, trouvant porte close, sait être
L'amant heureux pour qui s'entr'ouvre la fenêtre,
Celui qu'attendent seul les doux accueils secrets :
Et le jour où, par un hasard, je me verrais
Légitime seigneur de la demeure aimée,
L'âme du lieu, de tout nouveau maître alarmée,
Accepterait pourtant, à défaut des aïeux
Morts dès longtemps, l'ami sympathique et pieux.
LÉON VALADE.
SÉRÉNADE EN MI BÉMOL
Les grands reîtres maigres et roux
Que Charles-Quint traîne en Castille,
A l'aspect d'un coin de mantille
Deviennent tous amoureux fous.
La nuit, d'un air stupide et. doux,
Drapés d'une grande guenille,
Sous un balcon de jeune fille
Ils posent comme des hibous.
Ils voudraient, sur la mandoline,
Maudire l'œillade assassine
Et chanter leurs peines de coeur;
Mais leurs doigts cassent les guitares,
Et, d'en-haut, le rire moqueur
Se mêle à leurs chansons bizarres.
RAOUL GINESTE.
EN PROVINCE.
En province, chez des bourgeois, dans le salon,
Sur une cheminée, en face de la porte,
La pendule dorée à chiffres bleus supporte
Un cavalier romain qui dompte un étalon.,
Devant les écrans noirs dont le vernis miroite,
Sur lesquels des Chinois ventrus prennent le thé,
Posant leur triple griffe avec solidité,
Des candélabres lourds à cannelure droite,
Des fleurs fausses, ayant leurs pieds en fil de fer,
Garnissent la console à ses divers étages
Près de volumineux et ternes coquillages
Que l'on devine pleins des rumeurs de la mer.
A gauche, un clavecin, écrasé sous la charge
De livres et d'albums reliés en cuir vert :
L'un d'entre eux, mis àpart, demeure grand ouvert :
On voit encore le trait d'un ongle sur la marge.
Le canapé profond, flanqué de deux coussins,
Siége à droite, vêtu de sa housse de toile,
Et, sur le mur, on a tendu d'un léger voile
Les vieux portraits à l'huile et les pâles dessins.
De la tringle de cuivre à l'ourlet qui les borde
Les rideaux ont des plis symétriques et droits,
Et le plafond jaunâtre, écaillé par endroits,
Avec le papier gris des tentures s'accorde.
On sent sur les objets le poids d'un long sommeil ;
Tout de l'inaction porte la triste empreinte,
Et les volets sont clos soigneusement, de crainte
Que le parquet ciré ne souffre du soleil.
FRÉDÉRIC PLESSIS.
MUSIQUE
HARMONIE ET MÉLODIE.
II
La célèbre querelle des Gluckistes et des Piccinistes s'était
terminée par le triomphe des Gluckistes : solution conforme au
génie de la langue et aux traditions de l'opéra français, qui
mettait au premier plan l'action dramatique ; et par conséquent
la déclamation lyrique. Mais l'école italienne ne se tenait pas
pour battue ; elle préparait dans l'ombre la revanche que Ros-
sini, aidé de la plus brillante phalange de chanleurs qui fut ja-
mais, devait prendre avec tant d'éclat. Cette revanche ne fut
pas exempte de difficultés, en dépit du génie de Rossini et du
talent de ses interprètes; le bon sens national se révoltait
contre le système des « gargouillades » italiennes ; des critiques
influents se chargèrent de prouver que le bon sens avait tort,
que la roulade était la véritable expression de la tragédie ly-
rique, et que la musique italienne était la seule musique du
monde. Ils n'en seraient peut-être jamais venus à bout, s'ils
n'avaient trouvé le chemin tout tracé par un écrivain d'une au-
torité immense, à qui l'on n'oserait jamais s'attaquer s'il n'était
avéré qu'on peut être un grand écrivain et ne rien connaître à
la musique.
Sous le titre insidieux : Vies de Haydn, Mozart et Métastase,
Stendhal avait fait paraître, en 1814, une série de lettres sur la
musique, entièrement consacrées à la gloire de la musique ita-
lienne. Ce livre a servi de bréviaire à tous les critiques de l'é-
poque rossinienne, et c'est de lui que sont sortis les détestables
aphorismes que l'on répète encore tous les jours. L'étonnante
frivolité qui en fait le fond est masquée par une apparence de
critique sérieuse qui devait en imposer aux ignorants.
D'autres, le style grec, les triples colonnades.
Aucun n'invite mieux les molles sérénades
Qu'un caprice d'amant fait cheminer par eau,
Que ce frêle joyau sculpté, la Ca D'Oro.
— Et, pour qui ne met pas de limite à son rêve,
Féerique, dominant la lagune et la grève
Du Lido mince où les doges tournaient leurs yeux,
Pareil aux visions d'un songe merveilleux,
Le vieux Palais-Ducal, rose et blanc à son faîte,
Offre au regard de l'homme une éternelle fête.
— Mais moi, tant de splendeur m'effarouche! Mes vœux,
Aisément contentés, s'arrêtent où je veux :
Et l'habitation que je me suis choisie,
Plus simple, peut combler la rare fantaisie
D'un poète jaloux d'être heureux sans témoins.
Je l'aime ainsi : plus grande, elle me plairait moins.
Dans ses proportions réduites, elle arrête
Juste la ligne où tient une extase discrète.
J'aime cette eau, muette, ou de bruits affaiblis
Berçant l'étude en ses voluptueux oublis;
Ce balcon noble, tel que j'y vois, en idée,
S'incliner un front blanc de songeuse accoudée ;
L'escalier sombre où dort plus d'un secret d'amants ;
Et le seuil favorable aux doux embarquements,
Le soir, lorsque séduit à voir une par une
Les gondoles glisser noires au clair de lune,
Il plairait à l'amour de s'en aller rêvant
Sur l'eau tranquille.
Vieux logis que si souvent
Je regarde, quel est ton possesseur vulgaire?
Je ne sais; et, vraiment, il ne m'importe guère!
Car tes moindres recoins, qu'il a vus des milliers
De fois, me sont pourtant plus qu'à lui familiers ;
Car mon désir, trouvant porte close, sait être
L'amant heureux pour qui s'entr'ouvre la fenêtre,
Celui qu'attendent seul les doux accueils secrets :
Et le jour où, par un hasard, je me verrais
Légitime seigneur de la demeure aimée,
L'âme du lieu, de tout nouveau maître alarmée,
Accepterait pourtant, à défaut des aïeux
Morts dès longtemps, l'ami sympathique et pieux.
LÉON VALADE.
SÉRÉNADE EN MI BÉMOL
Les grands reîtres maigres et roux
Que Charles-Quint traîne en Castille,
A l'aspect d'un coin de mantille
Deviennent tous amoureux fous.
La nuit, d'un air stupide et. doux,
Drapés d'une grande guenille,
Sous un balcon de jeune fille
Ils posent comme des hibous.
Ils voudraient, sur la mandoline,
Maudire l'œillade assassine
Et chanter leurs peines de coeur;
Mais leurs doigts cassent les guitares,
Et, d'en-haut, le rire moqueur
Se mêle à leurs chansons bizarres.
RAOUL GINESTE.
EN PROVINCE.
En province, chez des bourgeois, dans le salon,
Sur une cheminée, en face de la porte,
La pendule dorée à chiffres bleus supporte
Un cavalier romain qui dompte un étalon.,
Devant les écrans noirs dont le vernis miroite,
Sur lesquels des Chinois ventrus prennent le thé,
Posant leur triple griffe avec solidité,
Des candélabres lourds à cannelure droite,
Des fleurs fausses, ayant leurs pieds en fil de fer,
Garnissent la console à ses divers étages
Près de volumineux et ternes coquillages
Que l'on devine pleins des rumeurs de la mer.
A gauche, un clavecin, écrasé sous la charge
De livres et d'albums reliés en cuir vert :
L'un d'entre eux, mis àpart, demeure grand ouvert :
On voit encore le trait d'un ongle sur la marge.
Le canapé profond, flanqué de deux coussins,
Siége à droite, vêtu de sa housse de toile,
Et, sur le mur, on a tendu d'un léger voile
Les vieux portraits à l'huile et les pâles dessins.
De la tringle de cuivre à l'ourlet qui les borde
Les rideaux ont des plis symétriques et droits,
Et le plafond jaunâtre, écaillé par endroits,
Avec le papier gris des tentures s'accorde.
On sent sur les objets le poids d'un long sommeil ;
Tout de l'inaction porte la triste empreinte,
Et les volets sont clos soigneusement, de crainte
Que le parquet ciré ne souffre du soleil.
FRÉDÉRIC PLESSIS.
MUSIQUE
HARMONIE ET MÉLODIE.
II
La célèbre querelle des Gluckistes et des Piccinistes s'était
terminée par le triomphe des Gluckistes : solution conforme au
génie de la langue et aux traditions de l'opéra français, qui
mettait au premier plan l'action dramatique ; et par conséquent
la déclamation lyrique. Mais l'école italienne ne se tenait pas
pour battue ; elle préparait dans l'ombre la revanche que Ros-
sini, aidé de la plus brillante phalange de chanleurs qui fut ja-
mais, devait prendre avec tant d'éclat. Cette revanche ne fut
pas exempte de difficultés, en dépit du génie de Rossini et du
talent de ses interprètes; le bon sens national se révoltait
contre le système des « gargouillades » italiennes ; des critiques
influents se chargèrent de prouver que le bon sens avait tort,
que la roulade était la véritable expression de la tragédie ly-
rique, et que la musique italienne était la seule musique du
monde. Ils n'en seraient peut-être jamais venus à bout, s'ils
n'avaient trouvé le chemin tout tracé par un écrivain d'une au-
torité immense, à qui l'on n'oserait jamais s'attaquer s'il n'était
avéré qu'on peut être un grand écrivain et ne rien connaître à
la musique.
Sous le titre insidieux : Vies de Haydn, Mozart et Métastase,
Stendhal avait fait paraître, en 1814, une série de lettres sur la
musique, entièrement consacrées à la gloire de la musique ita-
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