Titre : Les Ailes : journal hebdomadaire de la locomotion aérienne / directeur, rédacteur en chef, Georges Houard
Éditeur : [s.n. ?] (Paris)
Date d'édition : 1934-01-04
Contributeur : Houard, Georges (1893-1964). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb326846379
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 12981 Nombre total de vues : 12981
Description : 04 janvier 1934 04 janvier 1934
Description : 1934/01/04 (A14,N655). 1934/01/04 (A14,N655).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6576020z
Source : Musée Air France, 2013-273367
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 28/01/2014
N° ':;$:.-- 4-1-34 — FACE 8
L'ACTUALITE
LES AIE.ES
L'AVIATION PRIVEE
LES NOUVELLES CONDITIONS
DU
CERTIFICAT DE NAVIGABILITE
L'Etat accroît ses exigences en matière
de performances et réduit sa généro-
sité en matière de primes.
u
N Arrêté du Ministère de l'Air, en date
du 23 décembre 1933, vient de fixer
de - nouvélles conditions à la déli-
vrance du certificat de navigabilité pour
les avions primés, conditions applicables
à partir du 1" juillet 1934. Ces conditions
sont lés suivantes :
a) Avoir obtenu son certificat de navigabilité
dans_les conditions de charge et de centrage
- définies à l'article 19 de l'Arrêté du 9 août
, 1933, l'appareil- ne devant comporter aucun
autre siège que ceux ayant reçu la charge de
80 kg. prévue, mais comportant une soute à
bagages devaut contenir au minimum autant
de valises de dimensions 55 X 35 X 15 centi-
mètres, et du poids de 15 kg., que l'appareil
comporte de sièges, le poids de ces bagages
étant appliqué au centre géométrique de la
toute ;
b) Avoir fait l'objet, par les soins de pilotes
de l'Etat, d'essais de qualité de vol et de fonc-
tionnement et, en outre, pour les hydravions
et amphibies, d'essais de qualités marines,
à l'issue desquels il aura été constaté qu'ils
ne présentent aucun des vices rédhibitoires
dont la liste est établie par la Commission
Centrale des Essais en vol..
A partir du 1er juillet 1934, un appareil
devra, en outre, pour être primé, satisfaire,
avec le chargement prévu ci-dessus, et sans
avoir subi aucune modification, aux condi-
tions supplémentaires suivantes :
a) Pouvoir franchir un obstacle de 30 mè-
tres à 600 mètres du point de départ et mon-
ter ensuite à 360 mètres en moins de deux
minutes quarante-cinq secondes;
b) Pouvoir atterrir en ligne droite, après
franchissement d'un obstacle de 8 mètres de
hauteur à moins de 250 métrés du pied de
cet obstacle, et sans que les manœuvres pré-
cédant le franchissement de l'obstacle aient
amené l'appareil à moins de 8 mètres du sol.
Et pour compenser ces nouvelles exi-
gences de l'Etat, celui-ci réduit de 10
pour 100, le montant des primes d'achat,
cet abattant étant applicable dès le
,1" janvier et porté à 15 pour 100 au
1" juillet prochain.
L'Aviation privée est comblée. Merci
pour elle!
ICI ET LA.
■ A TOUSSUS-PARIS. — M. et Mme Callot,
i l'Aéro-Club de Paris, sont allés récemment à
Chartres. MM. Rexovice et Pharabod, à Stras-
bourg; le retour a été effectué à une vitesse
moyenne de 220 km-h.
A l'entraînement, MM. Cayré, Callot, Jamas,
Munier.
Un nouvel élève M. Arif, s'est fait inscrire
au cours de navigation qui a lieu tous les jeudis,
à 20 h. 45, à l'Ecole de Photographie et dis
Cinématographie, 85, rue de Vaugirard. Un
film sur l'Aviation sera projeté à chaque séance.
M POUR LE CHALLENGE 1934. — A Sidi-
Bel-Abbès, deux membres du C. A. B. A. sont
en pourparlers avec un constructeur parisien
pour qu'il leur fournisse deux avions répondant
aux conditions du prochain Challenge Interna-
tional de Tourisme. Ce constructeur devant, lui-
même, participer au Challenge avec un appareil
en cours de réalisation, ce sont donc trois avions
de la marque qui courraient cette compétition. Et,
du coup, il y aurait de vrais touristes au Chal-
lenge.
■ AU TOURINC CLUB DE FRANCE. —
Pendant le mois de décembre, les membres du
Touring club de France titulaires du « Fanion
Aérien » ont effectué les déplacements suivants:
Base de Bue : MM. Bril et Léon Challe, au
rallye du Caire; M. Didier Poulain à Istres et à
Colomb-Béchar avec l'Escadre Vuillemin.
Nombreux vols d'entraînement par MM. Ar-
naud, Duverne, Delaporte, Roger Lévy, Ph.
Léon, Bachmann, Casses, Parant, Poulain.
Mlle Régina Wincza a réceptionné son nouvel
avion.
Le classement des épreuves du Caire subit de tels changements successifs qu'il est pré-
férable d'attendre des chiffra définitifs avant de consacrer toute la place que mérite
cette importante réunion: Voici, en attendant mieux, le Farman F-234 à moteur Sahnson
95 CV avec lequel Jacques Puget a enlevé brillamment le Prix de Vitesse-Handicap
Trois aspects du Latécoère 300 au décollage à pleine charge et en voL
LE PREMIER VOYAGE DU « LATECQERE-300 »
Le vol, sans escale, de la « Croix - du-Sud »
de Berre à Saint-Louis du Sénégal
4.300 KM. EN 23 HEURES : C'EST "LE RECORD DE DISTANCE DES HYDRAVIONS
Avec un équipage de cinq hommes, l'avion transatlantique Latécoère-300 à moteur Hispano-Suiza a réussi à
décoller, au poids total de 23 tonnes, et à gagner d'un seul vol le but de son voyage : Saint-Louis du Sénégal.
C'est une très belle performance et le plus long vol accompli, à ce jour, par un hydravion.
L
E quadrimoteur Latécoère-300, baptisé
Croix-du-Sud, équipé de moteurs His-
pano-Suiza de 650 GV, eux-mêmes
pourvus de magnétos Voltex R-B, a battu
le record envié de la distance en ligne
droite, pour hydravions. Ce record appar-
tenait à l'équipage Mermoz-Dabry-Gimié,
également sur hydravion Latécoère, mais
sur Latécoère-28 qui, les 12 et 13 mai 1930,
avait parcouru 3.173 km. 200 entre Saiiit-
Louis du Sénégal et Natal. Or, le Laté-
coère-300 vient de parcourir environ
4.300 km. Il a donc amélioré de plus de
1.000 km. le record officiel de Mermoz,
Dabry et Gimié, ainsi que le record offi-
cieux détenu par l'escadrille américaine
qui avait volé, sans escale, en septembre
1933, de Norfolk à Coco-Solo dans la zone
du Canal de Panama.
La performance du Latécoère-300 vient
d'être accomplie au cours d'une sorte de
vol de contre-réception dans lequel il
s'agissait d'éprouver le décollage de l'appa-
reil à pleine charge — à 23 tonnes — et
ses qualités sur le long parcours où, en
principe, il devra être utilisé : la ligne de
l'Aéropostale.
L'équipage comprenait le Capitaine de
Corvette Bonnot, le Lieutenant de vaisseau
Jean-Pierre, le Premier-Maître pilote Gau-
thier, le Second-Maître radiotélégraphiste
Emont, le Mécanicien civil Duruthy.
La Coix-du-Sud quitta l'étang de Berre,
le 31 décembre, à 13 h. 12, fut signalée
au-dessus des Baléares, à 16 h. 10; "à six
milles au sud de Carthagène, à 18 h.; à
Tanger, à 21 h. 14. Elle allait, à partir de
là, suivre la côte occidentale de l'Afrique.
L'équipage vola toute la nuit du 31 dé-
cembre au 1er janvier; à 4 h. 15, il passa
à 1.000 m. au-dessus du Cap Juby. Il avait
alors parcouru plus des trois quarts de son
itinéraire. A 8 h. 53, il était sur Port-
Etienne et à 12 h. 18, atterrissait à Saint-
Louis du Sénégal, après avoir parcouru
environ 4.300 km. en 23 heures. Il avait fait
ce parcours — avec, à certains moments,
l'aide d'un vent favorable — à la vitesse
moyenne d'environ 186 km.-h.
Le succès du Latécoère-300 est incontes-
table. Il est d'autant plus remarquable que
les premiers essais, puis les tentatives de
décollage à pleine charge avaient été assez
décevants. On ne saurait trop admirer la
persévérance de l'équipage qui, finalement,
a réussi à enlever de l'eau l'énorme masse
de l'appareil et à conduire celui-ci au but
qu'il s'était fixé. Le fait, au cours de ce
premier voyage, de battre, du même coup,
le record de distance des hydravions est
également un résultat qui compte et qui
montre qu'il ne faut pas juger, sans appel,
dès ses premiers vols, un apareil qu'une
mise au point sérieuse suffit parfois à amé-
liorer dans des proportions considérables.
Cela dit, notons que le succès de la
Croix-du-Sud va raviver la polémique en-
tre partisans et adversaires de l'hydravion
et de l'avion pour les longues traversées
de l'Atlantique. Notre pensée à nous est
qu'il ne faut point condamner définitive-
ment l'hydravion et que, dans l'avenir,
c'est peut-être celui-ci qui l'emportera.
Mais, présentement, dans l'état actuel de
la technique, nous estimons qu'un hydra-
vion, comme le Latécoère-300, n'apporte
pas la solution pratique de la traversée
régulière de l'Atlantique Sud. L'avion mul-
timoteur a des possibilités plus grandes,
en raison de sa vitesse beaucoup plus éle-
vée et de son aptitude à tenir l'air avec
une puissance motrice réduite.
Quoi qu'il en soit, seule l'expérience
nous fixera, pour l'avenir. C'est pourquoi,
les partisans de l'avion eux-mêmes, doi-
vent être les premiers à applaudir au bel
effort de l'équipage de la Croix-du-Sud.
DEUX RECORDS D'ALTITUDE SONT BATTUS
En hydravion, avec 1000kg de charge
Bourdin est monté à 9000 mètres
Après cette belle performance, accomplie à bord diun LeO-255, à
2 moteurs Hispano-Suiza 12 Xbrs, Bourdin a essayé, pour la pre-
mière fois, le gors quadrimoteur LeO-270.
L'
ES conditions atmosphériques peu
favorables ont empêché Massotte,
Doumerc et Haegelen de tenter avant
la fin de l'année les records de vitesse que
nous avons annoncés. Par contre, après la
brillante réussite de Delmotte, Bourdin,
chef pilote de la maison Lioré et Olivier a
battu, l'autre semaine, à Antibes, les re-
cords d'altitude, pour hydravions, avec
charge de 500 et 1.000 kg.
Bourdin, en effet, a atteint une altitude
d'environ 9.000 mètres en emmenant à
bord de son appareil, une charge de
1.000 kg. Ce chiffre de 9.000 mètres est ce-
lui que l'on constata à la lecture directe du
barographe, après la performance. Les re-
cords d'altitude avec 500 et 1.000 kilos de
charge étant jusque-là détenus par le pi-
lote américain Sergievski, avec 8.208 mè-
tres, se trouvent donc largement battus.
Des Etats-Unis, ces records rentrent en
France.
L'hydravion utilisé par Bourdin n'est pas
un appareil de record mais un hydravion
de série Lioré-et-Olivier, type 255. C'est
un biplan à ilotteurs, tout métallique dérivé
du LeO-20, très amélioré, et équipé de deux
moteurs Hispano-Suiza 12 Xbrs. L'appareil
a été commandé en série par l'Aéronau-
tique maritime pour en doter plusieurs de
ses escadrilles de gros porteurs.
Insistons ici sur la thèse que nous avons
toujours soutenue et dont ces records vien-
nent de montrer le bien-fondé : à savoir
les résultats que l'on pouvait obtenir de
l'amélioration constante et systématioue
d'un matériel éprouvé, en le faisant béné
ficier des progrès réalisés tant en matien
d'aérodynamique que de construction. Et
l'occurrence, les moteurs ont également uni
large part dans la qualité du LeO-255.
Les possibilités de cet hydravion sont:
d'ailleurs plus grandes. Nous avons déjà
signalé la montée à 9.000 mètres de l'appa-
reil avec 2.000 kilos de charge, perfor-
mance qui n'a pas été retenue par suite du
fonctionnement défectueux du barographe.
Mais Bourdin recommencera et battra, avec
le même hydravion, le record d'.altitude
avec 2.000 kg., qui, lui, est de 6.074 mètres.
Notons que le record français d'altitude
en hydravion, sans charge, est détenu de-
puis mars 1927, par le lieutenant de vais-
seau Demougeot, avec 9.290 mètres. Le fait
d'atteindre, aujourd'hui, avec 2.000 kg. de
charge, une altitude du même ordre, situe
assez bien les progrès réalisés par le nou-
veau matériel.
Entre deux tentatives de records. Bour-
din a procédé, samedi 30 décembre, au
premier essai, en vol, du gros quadrimo-
teur Lioré-et-Olivier 270, destiné à la tra-
versée de l'Atlantique-Sud. La coque de
cette machine qui, équipée pour la tra-
versée, ne pèsera guère moins de 20 tonnes,
avait été exposée en 1930 au Salon de
l'Aéronautique. C'est le troisième appa-
reil des trois qui ont été construits pour
l'Atlantique-Sud. les deux premiers étant le
Latécoère-300 et le Blériot-5.190. Il faut
attendre pour apprécier ses capacités à
remplir le programme imposé.
L'ACTUALITE
LES AIE.ES
L'AVIATION PRIVEE
LES NOUVELLES CONDITIONS
DU
CERTIFICAT DE NAVIGABILITE
L'Etat accroît ses exigences en matière
de performances et réduit sa généro-
sité en matière de primes.
u
N Arrêté du Ministère de l'Air, en date
du 23 décembre 1933, vient de fixer
de - nouvélles conditions à la déli-
vrance du certificat de navigabilité pour
les avions primés, conditions applicables
à partir du 1" juillet 1934. Ces conditions
sont lés suivantes :
a) Avoir obtenu son certificat de navigabilité
dans_les conditions de charge et de centrage
- définies à l'article 19 de l'Arrêté du 9 août
, 1933, l'appareil- ne devant comporter aucun
autre siège que ceux ayant reçu la charge de
80 kg. prévue, mais comportant une soute à
bagages devaut contenir au minimum autant
de valises de dimensions 55 X 35 X 15 centi-
mètres, et du poids de 15 kg., que l'appareil
comporte de sièges, le poids de ces bagages
étant appliqué au centre géométrique de la
toute ;
b) Avoir fait l'objet, par les soins de pilotes
de l'Etat, d'essais de qualité de vol et de fonc-
tionnement et, en outre, pour les hydravions
et amphibies, d'essais de qualités marines,
à l'issue desquels il aura été constaté qu'ils
ne présentent aucun des vices rédhibitoires
dont la liste est établie par la Commission
Centrale des Essais en vol..
A partir du 1er juillet 1934, un appareil
devra, en outre, pour être primé, satisfaire,
avec le chargement prévu ci-dessus, et sans
avoir subi aucune modification, aux condi-
tions supplémentaires suivantes :
a) Pouvoir franchir un obstacle de 30 mè-
tres à 600 mètres du point de départ et mon-
ter ensuite à 360 mètres en moins de deux
minutes quarante-cinq secondes;
b) Pouvoir atterrir en ligne droite, après
franchissement d'un obstacle de 8 mètres de
hauteur à moins de 250 métrés du pied de
cet obstacle, et sans que les manœuvres pré-
cédant le franchissement de l'obstacle aient
amené l'appareil à moins de 8 mètres du sol.
Et pour compenser ces nouvelles exi-
gences de l'Etat, celui-ci réduit de 10
pour 100, le montant des primes d'achat,
cet abattant étant applicable dès le
,1" janvier et porté à 15 pour 100 au
1" juillet prochain.
L'Aviation privée est comblée. Merci
pour elle!
ICI ET LA.
■ A TOUSSUS-PARIS. — M. et Mme Callot,
i l'Aéro-Club de Paris, sont allés récemment à
Chartres. MM. Rexovice et Pharabod, à Stras-
bourg; le retour a été effectué à une vitesse
moyenne de 220 km-h.
A l'entraînement, MM. Cayré, Callot, Jamas,
Munier.
Un nouvel élève M. Arif, s'est fait inscrire
au cours de navigation qui a lieu tous les jeudis,
à 20 h. 45, à l'Ecole de Photographie et dis
Cinématographie, 85, rue de Vaugirard. Un
film sur l'Aviation sera projeté à chaque séance.
M POUR LE CHALLENGE 1934. — A Sidi-
Bel-Abbès, deux membres du C. A. B. A. sont
en pourparlers avec un constructeur parisien
pour qu'il leur fournisse deux avions répondant
aux conditions du prochain Challenge Interna-
tional de Tourisme. Ce constructeur devant, lui-
même, participer au Challenge avec un appareil
en cours de réalisation, ce sont donc trois avions
de la marque qui courraient cette compétition. Et,
du coup, il y aurait de vrais touristes au Chal-
lenge.
■ AU TOURINC CLUB DE FRANCE. —
Pendant le mois de décembre, les membres du
Touring club de France titulaires du « Fanion
Aérien » ont effectué les déplacements suivants:
Base de Bue : MM. Bril et Léon Challe, au
rallye du Caire; M. Didier Poulain à Istres et à
Colomb-Béchar avec l'Escadre Vuillemin.
Nombreux vols d'entraînement par MM. Ar-
naud, Duverne, Delaporte, Roger Lévy, Ph.
Léon, Bachmann, Casses, Parant, Poulain.
Mlle Régina Wincza a réceptionné son nouvel
avion.
Le classement des épreuves du Caire subit de tels changements successifs qu'il est pré-
férable d'attendre des chiffra définitifs avant de consacrer toute la place que mérite
cette importante réunion: Voici, en attendant mieux, le Farman F-234 à moteur Sahnson
95 CV avec lequel Jacques Puget a enlevé brillamment le Prix de Vitesse-Handicap
Trois aspects du Latécoère 300 au décollage à pleine charge et en voL
LE PREMIER VOYAGE DU « LATECQERE-300 »
Le vol, sans escale, de la « Croix - du-Sud »
de Berre à Saint-Louis du Sénégal
4.300 KM. EN 23 HEURES : C'EST "LE RECORD DE DISTANCE DES HYDRAVIONS
Avec un équipage de cinq hommes, l'avion transatlantique Latécoère-300 à moteur Hispano-Suiza a réussi à
décoller, au poids total de 23 tonnes, et à gagner d'un seul vol le but de son voyage : Saint-Louis du Sénégal.
C'est une très belle performance et le plus long vol accompli, à ce jour, par un hydravion.
L
E quadrimoteur Latécoère-300, baptisé
Croix-du-Sud, équipé de moteurs His-
pano-Suiza de 650 GV, eux-mêmes
pourvus de magnétos Voltex R-B, a battu
le record envié de la distance en ligne
droite, pour hydravions. Ce record appar-
tenait à l'équipage Mermoz-Dabry-Gimié,
également sur hydravion Latécoère, mais
sur Latécoère-28 qui, les 12 et 13 mai 1930,
avait parcouru 3.173 km. 200 entre Saiiit-
Louis du Sénégal et Natal. Or, le Laté-
coère-300 vient de parcourir environ
4.300 km. Il a donc amélioré de plus de
1.000 km. le record officiel de Mermoz,
Dabry et Gimié, ainsi que le record offi-
cieux détenu par l'escadrille américaine
qui avait volé, sans escale, en septembre
1933, de Norfolk à Coco-Solo dans la zone
du Canal de Panama.
La performance du Latécoère-300 vient
d'être accomplie au cours d'une sorte de
vol de contre-réception dans lequel il
s'agissait d'éprouver le décollage de l'appa-
reil à pleine charge — à 23 tonnes — et
ses qualités sur le long parcours où, en
principe, il devra être utilisé : la ligne de
l'Aéropostale.
L'équipage comprenait le Capitaine de
Corvette Bonnot, le Lieutenant de vaisseau
Jean-Pierre, le Premier-Maître pilote Gau-
thier, le Second-Maître radiotélégraphiste
Emont, le Mécanicien civil Duruthy.
La Coix-du-Sud quitta l'étang de Berre,
le 31 décembre, à 13 h. 12, fut signalée
au-dessus des Baléares, à 16 h. 10; "à six
milles au sud de Carthagène, à 18 h.; à
Tanger, à 21 h. 14. Elle allait, à partir de
là, suivre la côte occidentale de l'Afrique.
L'équipage vola toute la nuit du 31 dé-
cembre au 1er janvier; à 4 h. 15, il passa
à 1.000 m. au-dessus du Cap Juby. Il avait
alors parcouru plus des trois quarts de son
itinéraire. A 8 h. 53, il était sur Port-
Etienne et à 12 h. 18, atterrissait à Saint-
Louis du Sénégal, après avoir parcouru
environ 4.300 km. en 23 heures. Il avait fait
ce parcours — avec, à certains moments,
l'aide d'un vent favorable — à la vitesse
moyenne d'environ 186 km.-h.
Le succès du Latécoère-300 est incontes-
table. Il est d'autant plus remarquable que
les premiers essais, puis les tentatives de
décollage à pleine charge avaient été assez
décevants. On ne saurait trop admirer la
persévérance de l'équipage qui, finalement,
a réussi à enlever de l'eau l'énorme masse
de l'appareil et à conduire celui-ci au but
qu'il s'était fixé. Le fait, au cours de ce
premier voyage, de battre, du même coup,
le record de distance des hydravions est
également un résultat qui compte et qui
montre qu'il ne faut pas juger, sans appel,
dès ses premiers vols, un apareil qu'une
mise au point sérieuse suffit parfois à amé-
liorer dans des proportions considérables.
Cela dit, notons que le succès de la
Croix-du-Sud va raviver la polémique en-
tre partisans et adversaires de l'hydravion
et de l'avion pour les longues traversées
de l'Atlantique. Notre pensée à nous est
qu'il ne faut point condamner définitive-
ment l'hydravion et que, dans l'avenir,
c'est peut-être celui-ci qui l'emportera.
Mais, présentement, dans l'état actuel de
la technique, nous estimons qu'un hydra-
vion, comme le Latécoère-300, n'apporte
pas la solution pratique de la traversée
régulière de l'Atlantique Sud. L'avion mul-
timoteur a des possibilités plus grandes,
en raison de sa vitesse beaucoup plus éle-
vée et de son aptitude à tenir l'air avec
une puissance motrice réduite.
Quoi qu'il en soit, seule l'expérience
nous fixera, pour l'avenir. C'est pourquoi,
les partisans de l'avion eux-mêmes, doi-
vent être les premiers à applaudir au bel
effort de l'équipage de la Croix-du-Sud.
DEUX RECORDS D'ALTITUDE SONT BATTUS
En hydravion, avec 1000kg de charge
Bourdin est monté à 9000 mètres
Après cette belle performance, accomplie à bord diun LeO-255, à
2 moteurs Hispano-Suiza 12 Xbrs, Bourdin a essayé, pour la pre-
mière fois, le gors quadrimoteur LeO-270.
L'
ES conditions atmosphériques peu
favorables ont empêché Massotte,
Doumerc et Haegelen de tenter avant
la fin de l'année les records de vitesse que
nous avons annoncés. Par contre, après la
brillante réussite de Delmotte, Bourdin,
chef pilote de la maison Lioré et Olivier a
battu, l'autre semaine, à Antibes, les re-
cords d'altitude, pour hydravions, avec
charge de 500 et 1.000 kg.
Bourdin, en effet, a atteint une altitude
d'environ 9.000 mètres en emmenant à
bord de son appareil, une charge de
1.000 kg. Ce chiffre de 9.000 mètres est ce-
lui que l'on constata à la lecture directe du
barographe, après la performance. Les re-
cords d'altitude avec 500 et 1.000 kilos de
charge étant jusque-là détenus par le pi-
lote américain Sergievski, avec 8.208 mè-
tres, se trouvent donc largement battus.
Des Etats-Unis, ces records rentrent en
France.
L'hydravion utilisé par Bourdin n'est pas
un appareil de record mais un hydravion
de série Lioré-et-Olivier, type 255. C'est
un biplan à ilotteurs, tout métallique dérivé
du LeO-20, très amélioré, et équipé de deux
moteurs Hispano-Suiza 12 Xbrs. L'appareil
a été commandé en série par l'Aéronau-
tique maritime pour en doter plusieurs de
ses escadrilles de gros porteurs.
Insistons ici sur la thèse que nous avons
toujours soutenue et dont ces records vien-
nent de montrer le bien-fondé : à savoir
les résultats que l'on pouvait obtenir de
l'amélioration constante et systématioue
d'un matériel éprouvé, en le faisant béné
ficier des progrès réalisés tant en matien
d'aérodynamique que de construction. Et
l'occurrence, les moteurs ont également uni
large part dans la qualité du LeO-255.
Les possibilités de cet hydravion sont:
d'ailleurs plus grandes. Nous avons déjà
signalé la montée à 9.000 mètres de l'appa-
reil avec 2.000 kilos de charge, perfor-
mance qui n'a pas été retenue par suite du
fonctionnement défectueux du barographe.
Mais Bourdin recommencera et battra, avec
le même hydravion, le record d'.altitude
avec 2.000 kg., qui, lui, est de 6.074 mètres.
Notons que le record français d'altitude
en hydravion, sans charge, est détenu de-
puis mars 1927, par le lieutenant de vais-
seau Demougeot, avec 9.290 mètres. Le fait
d'atteindre, aujourd'hui, avec 2.000 kg. de
charge, une altitude du même ordre, situe
assez bien les progrès réalisés par le nou-
veau matériel.
Entre deux tentatives de records. Bour-
din a procédé, samedi 30 décembre, au
premier essai, en vol, du gros quadrimo-
teur Lioré-et-Olivier 270, destiné à la tra-
versée de l'Atlantique-Sud. La coque de
cette machine qui, équipée pour la tra-
versée, ne pèsera guère moins de 20 tonnes,
avait été exposée en 1930 au Salon de
l'Aéronautique. C'est le troisième appa-
reil des trois qui ont été construits pour
l'Atlantique-Sud. les deux premiers étant le
Latécoère-300 et le Blériot-5.190. Il faut
attendre pour apprécier ses capacités à
remplir le programme imposé.
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