Titre : Les Ailes : journal hebdomadaire de la locomotion aérienne / directeur, rédacteur en chef, Georges Houard
Éditeur : [s.n. ?] (Paris)
Date d'édition : 1931-05-07
Contributeur : Houard, Georges (1893-1964). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb326846379
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 07 mai 1931 07 mai 1931
Description : 1931/05/07 (A11,N516). 1931/05/07 (A11,N516).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k65557653
Source : Musée Air France, 2013-273367
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 22/10/2013
t'C;J'\5t6.!t ''7 ':!)::1931.
LES AILES
15
tribuent, dans de cordiales poignées de
mains à d'anciens camarades retrouvés,
leur chaude sympathie. Sur le terrain de
Toulouse, rencontre d'André Dubourdieu
et de Couret, deux brillants et chies gar-
çons de l'Aéropostale.
à
L
'ÉQUIPE Moth-Morane — six avions
avec Maryse Hilsz, Lefolcalvez, Ma-
linvaud, etc.), qui se sent observée
par les « représentants de maisons con-
nues », achète de petits bérets blancs,
avec insignes ailés. C'est pittoresque et
comme moyen de ralliement, au travers
des villes, c'est de premier ordre.
« N'avez-vous pas vu passer un béret
blanc ? », telle est la formule pour la re-
cherche des camarades ou les palabres
dans les hôtels.
L
E 30 avril, réception à l'Auto-Club.
M. Caille, qui représente Le Journal,
lève son verre en disant aux Toulou-
sains : « Nous sommes heureux d'être a
Toulouse. Nous y avons trouvé le beau
temps. Nous tâcherons de le garder. sans
vous l'enlever ».
Jolie formule. Bref discours. qui repose
de certains autres.
L'après-midi, visite des admirables
« Salies des Illustres » du Capitole. Le
conservateur expose, avec science et hu-
mour, les vertus de ces salles. Il est amu-
sant d'établir le parallèle entre la magni-
fique peinture murale de Jean-Paul Lau-
rens — « Toulouse fortifiant ses rem-
parts pour résister à Simon de Montfort.
1226 » — et le groupe des hommes volants
de 1931 venus à Toulouse par les airs.
Dans ce tableau, le Génie de la guerre pa-
raît tout cuirassé dans les nuages, ainsi
qu'un énorme lion (Montfort) qui semble
bien lourd pour ces vapeurs.
L
'HUMOUR, fils de la bonne humeur,
se mêla toute la journée aux propos
de nos touristes. Dans l'autocar aui
les ramenait de Francazal à Toulouse, sur
les banquettes dotées d'excellents ressorts,
un groupe se divertissait en exagérant les
oscillations verticales que le pavé donnait
à leur séant. Ils sautaient sur leur siège
en criant : « Paris-Nantes ! Paris-Nan-
tes ! » Ce nouveau jeu leur rappelait de
récentes émotions. On en parlait encore.
Des pilotes contaient que leur appareil
qui « bouchonnait » terriblement, avait
fait un demi-tour, parfois même un tour de
vrille. Or, à cent mètres du sol, cette per-
fidie des rafales paraissaient assez mena-
çante. Beaucoup avouèrent leur fatigue,
comme Maryse Bastié, qui, trahie par ses
forces, dut se poser à Angers. Les esto-
macs, secoués à la manière d'un cocktail,
en virent de dures. Enfin, n'oublions pas
que deux femmes pilotaient dans cette
épreuve.
L
E soir, banquet présidé par M. du Ma-
roussem, de la très sympathique
Amicale des Aviateurs.
Toulouse a su recevoir les touristes de
l'air. Nous l'en félicitons.
QUATRIÈME ÉTAPE
TOULOUSE NIMES
(1" MAI)
B
EAU temps, apparemment, pour l'étape
Toulouse-Nîmes ! Mais à mesure qu'ap-
proche l'heure du départ, le ciel se couvre
et de gros nuages noirs apparaissent.. Et les
prévisions météorologiques sont si peu favo-
rables que Haegelen décide de renoncer à
l'escale de Perpignan où l'on annonce, surtout
sur la Montagne Noire, une brume assez
intense. En revanche, on reporte cette escale
à Carcassonne.
Les départs ont eu lieu à partir de 8 heures.
Quarante et un avions se sont envolés. Le
quarante deuxième a dû différer son départ
en raison d'un aile légèrement avariée : il
est monté par Camion et Abrial.
Les concurrents passèrent à Carcassonne
sans incident et reprirent leur vol pour le
terrain de Montpellier-L'Or où les attendait
une réception charmante de l'Aéro-Club de
l'Hérault. Le premier atterrissage, à 10 h., est
celui de Lallouette qui est réellement le plus
rapide des concurrents. Les autres atterris-
sent successivement jusqu'à 13 h. 41. Louis
Duc profita de son passage à Montpellier pour
aller se poser, avec son amphibie Schreck-
Hispano sur un étang voisin. La démonstra-
tion fut extrêmement goûtée. La réception de
Montpellier, organisée par le président de
l'Aé.C.H., M. d'Albenas, avec le concours
empressé des commissaires Claparède, Moli-
nier, Robert, Castelneau, comptera parmi les
meilleures.
Les quarante et un appareils quittèrent
Montpellier entre 15 h. et 16 h. Les premiers
atterrissages à Nîmes - ceux de Lallouette
et de Reginensi — eurent lieu à partir de
15 h. 46. Le soir même, tous avaient rallié
l'aérodrome de Nîmes-Courbessac, à l'excep-
tion de l'équipage Camion-Abrial. Celui-ci
réussit à gagner Carcassonne samedi, mais le
mauvais temps l'immobilisa à cette escale jus-
qu'au lendemain matin. Il put cependant
rejoindre Nîmes à temps pour prendre le
départ à l'heure fixée, avec les autres concur-
rents.
T
OUT d'abord, on devait donc faire es-
cale à Perpignan. Mais on a pensé
aux montagnes et au temps - souvent
bouché sur la région — les pilotes de l'Aé-
ropostale en savent quelque chose — et,
pour éviter tout ennui, on a, au dernier
moment, indiqué comme escale Carcas-
sonne et Montpellier.
Bref, on part de Toulouse avec le vent
d'autan, à la fais bine faiteur et malfaiteur
dans la région qu'il assainit mais dont il
secoue trop rudement les fleurs et les
fruits. Ce vent debout réduit formidable-
ment l'allure.
A bord d'un Moth, Malinvaud qui suivait
une voie ferrée, disait à Edmond Bianc :
« Regardez ! la fumée va plus vite que le
train ». En effet, les locomotives marchant
vers l'ouest, avaient leurs fumées qui re-
tombaient devant elles: comme le panache
d'un chapeau mis à l'envers par un grand
seigneur ! Phénomène caractéristique du
vent d'autan qui soufflait à 60 km.-h. au
moins, en sens opposé au vol des avions.
Le vent allait pit's vite que le train !
A Carcassonne, le beau temps nous aban-
donne. Un peu de pluie. On vole Las, en
suivant le canal du Midi, vers Narbonn.
Les nuages sont accrochés aux montagnes
d'Alarie, pourtant pas bien hautes. On
longe la côte de la Méditerranée où repa-
rait le beau temps.
Paysage magnifique.
Sète offre son panorama. La région de
Béziers. Que de vignes ! Mais où diable
pourrait-on atterrir avec tous ces piquets?
M
ONTPELLIER : accueil charmant.. L'Aé-
ro-Club de l'Hérault est digne de
- ses camarades du Tour de France.
Son président, M. d'Albenas, a fait dres-
ser dans un hangar 80 couverts et un re-
pas froid — mais excellent — qu'on mange
debout, en riant — car les dents sont bel-
les pour l'appétit, — cependant que le
jazz Alexander, habile à souhait, joue.
Ce jazz — quatre musiciens à béret bleu
ciel et costume bleu ciel — est venu dans
l'avion Columbia. C'est une des curiosités
du voyage. Il joue admirablement. Et sou-
vent l'on danse. Maryse Hilz n'est pas la
dernière.
Les touristes n'oublieront jamais l'ac-
cueil de Montpellier.
Voici Nîmes. Les Moth qu'on a obligés
à partir les derniers de Montpellier, clô-
turent les arrivées par un vol de groupe
où, paraît-il, l'avion de Nicolesco et Che-
midlin « serrait de trop près » celui de
Maryse Hilz — à une demi envergure —.
Du danger de la galanterie, en l'air !
N
IMES, samedi soir. Accueil enthou-
siaste de l'Aéro-Club du Gard. Déjeu-
ner somptueux offert à l'Impérator,
au cours duqûel le Président de lAéro-
Club, M. Bouzanquet, explique comment
la ville de Nîmes créa son beau terrain
de Courbessac, à cinq minutes de la cité,
qu'on nomme volontiers la « Rome fran-
çaise » et où passèrent Paillard, Costes et
Codos, Le Brix et Doret au cours de leurs
records. M. Bouzanquet annonce que,
lors du prochain Tour de France, les con-
currents trouveront le champ d'aviation
doublé. Pour cela la grande route d'Avi-
gnon à Nîmes sera déplacée. Les terrains
supplémentaires sont déjà acquis. et
Le Caudron 232, moteur Renault de 95 CV,
de lAéro-Club de la Tour du Pin, piloté par
Perrier et Durand. (Photo André
payés..L'Aéro-Club du Gard n'ayant pu
distribuer des. prix nombreux aux concur-
rents, a réservé une Coupe offerte à l'un
des touristes, habitant de Nîmes, le mar-
quis de Bimard, qui, au cours du voyage,
a su conquérir toutes les sympathies et
accomplir dans les délais toutes les étapes.
M. d'Albenas parla ensuite pour rappeler
que le terrain de Montpellier où les con-
currents furent si bien fêtés, est l'œuvre
d'un groupement de pilotes. Bel exemple
qu'il convient de citer. Après M. Naquet,
président de l'Aéro-Club de Vaucluse qui
parle du terrain d'Avignon, M. Caille im-
provisa un discours fort éloquent, achevé
par un jugement sévère pour le ciel de
Nîmes. En effet, ce 2 mai, l'eau tombait
à seaux d'un ciel si aimable la veille. Les
avions, restés dehors, comme il convient
en voyage de tourisme, sur le terrain de
Courbessac, subirent toute la journée les
averses. Mais les concurrents ne parurent
point s'en soucier, tant ils se sentaient ré-
jouis par la magnifique réception offerte
à eux par Nîmes qui a vraiment bien mé-
rité de l'Aviation.
ENCORE UN RECORD DU MONDE A L'ACTIF DE
Paillard etMermozsuravion Bernard grand raid,moteur
Hispano-Suiza 650 chevaux, battent le record du monde
de distance en circuit fermé avec 9.100 kilomètres.
Ils avaient alimenté leur moteur en Essence Stanavo
comme l'avaient déjà fait Bossoutrot et Rossi, détenteurs
- du précédent record.
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S'I. MW 0
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ESSENCE ET HUILES SPÉCIALES POUR L'AVIATION
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Distribuées en France par l'Économique, S. A.,
82, Avenue des Champs-Élysées, Paris, distributrice d'
CINQUIÈME ÉTAPE
NIMES-MARSEILLE
(3 MAI)
D
E Nîmes à Marseille-Marignane, il n'y a,
à vol d'oiseau, que 90 km. Petite étape, -
donc, que les concurrents, toujours au - com-
plet depuis Nantes, allaient couvrir allègre-
ment et rapidement en dépit de la pluie per-
sistante. Depuis la veille, l'eau tombe si
abondamment que le terrain d'Avignon, où
une escale, était prévue, est complètement
détrempé : il est décidé que les avions gagne-
ront directement Marignane sans s'arrêter à
Avignon.
Autre changement : jusqu'à Montpellier
les départs étaient donnés dans l'ordre adopté
à Orly; les plus rapides en tête. Mais avec
ce système, ce sont toujours les mêmes qui
arrivent les premiers à l'étape.. et les mêmes
qui arrivent les derniers. Les défavorisés ont
obtenu qu'on modifiât l'ordre établi et que,
pour deux étapes au moins, ce soient les plus
lents qui partent en tête. Cet accord n'a été
que partiellement observé.
Quoi qu'il en soit, c'est par une pluie bat-
tante que la petite étape Nîmes-Marignane a
été couverte. Le premier départ eut lieu à
8 h. 10; le dernier è 9 h. 39. Les concurrents
se heurtèrent à des grains violents auxquels
ils résistèrent parfaitement puisque les qua-
rante-deux, sans exception, atterrirent sans
incident à Marignane où ils étaient attendus,
notamment par le Club Provençal de Tou-
risme Aérien.
p
ENDANT toute la journée, pluie dilu-
vienne à Nîmes. Le dimanche matin,
plusieurs touristes trouvèrent au ter-
rain de Courbessac leur coffre à bagages
plein d'eau. Et dans quel état, leur effets
de vol! Le crochet par Avignon fut aban-
donné en raison du temps et la caravane
aérienne piqua droit sur Arles et Mari-
gnane, au ras des nuages bas, à cent ou
deux cents mètres d'altitude et au travers
de quelques grains. Elle arriva à Mari-
gnane sous une pluie diluvienne
Il fallut — après ce vol d'une demi-
heure — près d'une heure d'auto-car pour
atteindre Marseille à 40 km. Vraiment ce
Tour de France fit apprécier la proximité
des terrains et des villes. Le départ, fixé
le lendemain matin à l'aube, pour une
étape sérieuse Marseille-Lyon avec la pers-
pective du mistral hostile, faisait encore
davantage souhaiter pour Marseille un
aérodrome plus rapproché.
LE RETOUR A ORLY
LA FETE AERIENNE DE DIMANCHE
L'étape de lundi a permis aux touristes de
gagner Lyon. Nous reprendrons d'ailleurs
cette étape en détail dans notre prochain
numéro. Accomplie par un temps favorable,
elle n'entraîne aucune défection et les qua-
rante-deux appareils qui avaient quitté
l'aérodrome de Marignane le matin arrivèrent
sans incident à Lyon. A Bron, ils étaient
attendus par la Chambre de Commerce et
l'Aéro-Club du Sud-Est.
Mercredi a dû voir l'étape la plus longue
du Tour. : Lyon-Strasbourg. Demain vendredi,
les concurrents iront de Strasbourg à Douai
en passant par Nancy et Reims et dimanche,
te sera la dernière étape Douai-Paris, avec
:omme il a été prévu, sur ce parcours,
l'épreuve de vitesse. A Douai, les touristes
seront reçus par le Club Aéronautique du
Nord qui organise, à cette occasion, un ban-
quet que présidera M. Etienne Riche, sous-
secrétaire d'Etat de l'Air.
A Douai, se rendront onze équipages belges
qui, vraisemblablement, se joindront à leurs
camarades français pour les accompagner
jusqu'à Orly. Les pilotes belges seront les
suivants : le comte Arnold de Looz Corswa-
rem, Jacques Maus, le comte Jacques d'Ursel,
Albert Maréchal, Robert Van de Velde, Lam-
bert-Ruyemberg, Caritat de Keyn, Georges
Morel, Georges Hanet, le baron Arnaud de
Cottaret et Maurice de Limelette. Ces pilotes
monteront des avions Saint-Hubert, Renard,
Bulte, Moth D.H. et Puss-Moth.
Si le départ de Douai est donné à 7 heures,
les premiers concurrents pourront arriver à
Orly a partir de 8 h. 30. A midi, un déjeuner
les réunira à l'aérodrome où, dans l'après-
midi, sera donnée la fête annuelle de l'Union
des Pilotes Civils. Celle-ci est assurée du
concours des pilotes les plus connus et des
avions les plus récents. Ce sont, par ordre
alphabétique : Albert, Audin Bossoutrot, Bel-
lonte, Burtin, Barbot, Costes, Chailloux, Cou-
pet, Bailly, Doret, Delmotte, Doumerc, Desjo-
berts, Fickinger, Jomain, Haegelen, Lallouette,
Lasnes, Labouchère, Lemoigne, Lemoine, Legal,
Makee, Mermoz, Le Brix, Robert Morane,
Paulhan, Paillard, Quatremarre, Robin, Régi-
nensi, Moench, Rossi, Seitz, Salel, Vantor-
houdt, Villechanoux, etc.
La fête est donnée au bénéfice de la Caisse
de Secours de l'Union des Pilotes Civils et
le prix des entrées a été fixé à 40, 30 et 10 fr.
Les membres de l'Association Française
Aérienne trouveront des cartes d'entrée à
demi-tarif (5 fr.) au secrétariat : 65, Fau-
bourg Poissonnière, Paris (9e).
ELLY BEINHORN RENTRE A BERLIN
UNE MAISON D'EDITION LUI A FOURNI UN
AUTRE AVION POUR REMPLACER SON KLEMM
L'aviatrice allemande Elly Beinhorn, qui
avait quitté Berlin sur un avion léger Klemm,
au début de janvier, pour un voyage en Afri-
que, vient de rentrer.
On se souvient que, voulant revenir par le
Sahara, elle eut, au début de son voyage de
retour, une panne et dut se poser dans un
marais où son avion fut détruit.
Mais l'Allemagne n'abandonna pas son avia-
trice. Une maison d'édition fit don d'un nouvel
avion que le pilote Théo Osterkampf conduisit
à Casablanca où Elly Beinhorn l'attendait.
Sur son nouveau Klemm, elle gagna très ra-
pidement Berlin, où elle arriva le 30 avril.
LES AILES
15
tribuent, dans de cordiales poignées de
mains à d'anciens camarades retrouvés,
leur chaude sympathie. Sur le terrain de
Toulouse, rencontre d'André Dubourdieu
et de Couret, deux brillants et chies gar-
çons de l'Aéropostale.
à
L
'ÉQUIPE Moth-Morane — six avions
avec Maryse Hilsz, Lefolcalvez, Ma-
linvaud, etc.), qui se sent observée
par les « représentants de maisons con-
nues », achète de petits bérets blancs,
avec insignes ailés. C'est pittoresque et
comme moyen de ralliement, au travers
des villes, c'est de premier ordre.
« N'avez-vous pas vu passer un béret
blanc ? », telle est la formule pour la re-
cherche des camarades ou les palabres
dans les hôtels.
L
E 30 avril, réception à l'Auto-Club.
M. Caille, qui représente Le Journal,
lève son verre en disant aux Toulou-
sains : « Nous sommes heureux d'être a
Toulouse. Nous y avons trouvé le beau
temps. Nous tâcherons de le garder. sans
vous l'enlever ».
Jolie formule. Bref discours. qui repose
de certains autres.
L'après-midi, visite des admirables
« Salies des Illustres » du Capitole. Le
conservateur expose, avec science et hu-
mour, les vertus de ces salles. Il est amu-
sant d'établir le parallèle entre la magni-
fique peinture murale de Jean-Paul Lau-
rens — « Toulouse fortifiant ses rem-
parts pour résister à Simon de Montfort.
1226 » — et le groupe des hommes volants
de 1931 venus à Toulouse par les airs.
Dans ce tableau, le Génie de la guerre pa-
raît tout cuirassé dans les nuages, ainsi
qu'un énorme lion (Montfort) qui semble
bien lourd pour ces vapeurs.
L
'HUMOUR, fils de la bonne humeur,
se mêla toute la journée aux propos
de nos touristes. Dans l'autocar aui
les ramenait de Francazal à Toulouse, sur
les banquettes dotées d'excellents ressorts,
un groupe se divertissait en exagérant les
oscillations verticales que le pavé donnait
à leur séant. Ils sautaient sur leur siège
en criant : « Paris-Nantes ! Paris-Nan-
tes ! » Ce nouveau jeu leur rappelait de
récentes émotions. On en parlait encore.
Des pilotes contaient que leur appareil
qui « bouchonnait » terriblement, avait
fait un demi-tour, parfois même un tour de
vrille. Or, à cent mètres du sol, cette per-
fidie des rafales paraissaient assez mena-
çante. Beaucoup avouèrent leur fatigue,
comme Maryse Bastié, qui, trahie par ses
forces, dut se poser à Angers. Les esto-
macs, secoués à la manière d'un cocktail,
en virent de dures. Enfin, n'oublions pas
que deux femmes pilotaient dans cette
épreuve.
L
E soir, banquet présidé par M. du Ma-
roussem, de la très sympathique
Amicale des Aviateurs.
Toulouse a su recevoir les touristes de
l'air. Nous l'en félicitons.
QUATRIÈME ÉTAPE
TOULOUSE NIMES
(1" MAI)
B
EAU temps, apparemment, pour l'étape
Toulouse-Nîmes ! Mais à mesure qu'ap-
proche l'heure du départ, le ciel se couvre
et de gros nuages noirs apparaissent.. Et les
prévisions météorologiques sont si peu favo-
rables que Haegelen décide de renoncer à
l'escale de Perpignan où l'on annonce, surtout
sur la Montagne Noire, une brume assez
intense. En revanche, on reporte cette escale
à Carcassonne.
Les départs ont eu lieu à partir de 8 heures.
Quarante et un avions se sont envolés. Le
quarante deuxième a dû différer son départ
en raison d'un aile légèrement avariée : il
est monté par Camion et Abrial.
Les concurrents passèrent à Carcassonne
sans incident et reprirent leur vol pour le
terrain de Montpellier-L'Or où les attendait
une réception charmante de l'Aéro-Club de
l'Hérault. Le premier atterrissage, à 10 h., est
celui de Lallouette qui est réellement le plus
rapide des concurrents. Les autres atterris-
sent successivement jusqu'à 13 h. 41. Louis
Duc profita de son passage à Montpellier pour
aller se poser, avec son amphibie Schreck-
Hispano sur un étang voisin. La démonstra-
tion fut extrêmement goûtée. La réception de
Montpellier, organisée par le président de
l'Aé.C.H., M. d'Albenas, avec le concours
empressé des commissaires Claparède, Moli-
nier, Robert, Castelneau, comptera parmi les
meilleures.
Les quarante et un appareils quittèrent
Montpellier entre 15 h. et 16 h. Les premiers
atterrissages à Nîmes - ceux de Lallouette
et de Reginensi — eurent lieu à partir de
15 h. 46. Le soir même, tous avaient rallié
l'aérodrome de Nîmes-Courbessac, à l'excep-
tion de l'équipage Camion-Abrial. Celui-ci
réussit à gagner Carcassonne samedi, mais le
mauvais temps l'immobilisa à cette escale jus-
qu'au lendemain matin. Il put cependant
rejoindre Nîmes à temps pour prendre le
départ à l'heure fixée, avec les autres concur-
rents.
T
OUT d'abord, on devait donc faire es-
cale à Perpignan. Mais on a pensé
aux montagnes et au temps - souvent
bouché sur la région — les pilotes de l'Aé-
ropostale en savent quelque chose — et,
pour éviter tout ennui, on a, au dernier
moment, indiqué comme escale Carcas-
sonne et Montpellier.
Bref, on part de Toulouse avec le vent
d'autan, à la fais bine faiteur et malfaiteur
dans la région qu'il assainit mais dont il
secoue trop rudement les fleurs et les
fruits. Ce vent debout réduit formidable-
ment l'allure.
A bord d'un Moth, Malinvaud qui suivait
une voie ferrée, disait à Edmond Bianc :
« Regardez ! la fumée va plus vite que le
train ». En effet, les locomotives marchant
vers l'ouest, avaient leurs fumées qui re-
tombaient devant elles: comme le panache
d'un chapeau mis à l'envers par un grand
seigneur ! Phénomène caractéristique du
vent d'autan qui soufflait à 60 km.-h. au
moins, en sens opposé au vol des avions.
Le vent allait pit's vite que le train !
A Carcassonne, le beau temps nous aban-
donne. Un peu de pluie. On vole Las, en
suivant le canal du Midi, vers Narbonn.
Les nuages sont accrochés aux montagnes
d'Alarie, pourtant pas bien hautes. On
longe la côte de la Méditerranée où repa-
rait le beau temps.
Paysage magnifique.
Sète offre son panorama. La région de
Béziers. Que de vignes ! Mais où diable
pourrait-on atterrir avec tous ces piquets?
M
ONTPELLIER : accueil charmant.. L'Aé-
ro-Club de l'Hérault est digne de
- ses camarades du Tour de France.
Son président, M. d'Albenas, a fait dres-
ser dans un hangar 80 couverts et un re-
pas froid — mais excellent — qu'on mange
debout, en riant — car les dents sont bel-
les pour l'appétit, — cependant que le
jazz Alexander, habile à souhait, joue.
Ce jazz — quatre musiciens à béret bleu
ciel et costume bleu ciel — est venu dans
l'avion Columbia. C'est une des curiosités
du voyage. Il joue admirablement. Et sou-
vent l'on danse. Maryse Hilz n'est pas la
dernière.
Les touristes n'oublieront jamais l'ac-
cueil de Montpellier.
Voici Nîmes. Les Moth qu'on a obligés
à partir les derniers de Montpellier, clô-
turent les arrivées par un vol de groupe
où, paraît-il, l'avion de Nicolesco et Che-
midlin « serrait de trop près » celui de
Maryse Hilz — à une demi envergure —.
Du danger de la galanterie, en l'air !
N
IMES, samedi soir. Accueil enthou-
siaste de l'Aéro-Club du Gard. Déjeu-
ner somptueux offert à l'Impérator,
au cours duqûel le Président de lAéro-
Club, M. Bouzanquet, explique comment
la ville de Nîmes créa son beau terrain
de Courbessac, à cinq minutes de la cité,
qu'on nomme volontiers la « Rome fran-
çaise » et où passèrent Paillard, Costes et
Codos, Le Brix et Doret au cours de leurs
records. M. Bouzanquet annonce que,
lors du prochain Tour de France, les con-
currents trouveront le champ d'aviation
doublé. Pour cela la grande route d'Avi-
gnon à Nîmes sera déplacée. Les terrains
supplémentaires sont déjà acquis. et
Le Caudron 232, moteur Renault de 95 CV,
de lAéro-Club de la Tour du Pin, piloté par
Perrier et Durand. (Photo André
payés..L'Aéro-Club du Gard n'ayant pu
distribuer des. prix nombreux aux concur-
rents, a réservé une Coupe offerte à l'un
des touristes, habitant de Nîmes, le mar-
quis de Bimard, qui, au cours du voyage,
a su conquérir toutes les sympathies et
accomplir dans les délais toutes les étapes.
M. d'Albenas parla ensuite pour rappeler
que le terrain de Montpellier où les con-
currents furent si bien fêtés, est l'œuvre
d'un groupement de pilotes. Bel exemple
qu'il convient de citer. Après M. Naquet,
président de l'Aéro-Club de Vaucluse qui
parle du terrain d'Avignon, M. Caille im-
provisa un discours fort éloquent, achevé
par un jugement sévère pour le ciel de
Nîmes. En effet, ce 2 mai, l'eau tombait
à seaux d'un ciel si aimable la veille. Les
avions, restés dehors, comme il convient
en voyage de tourisme, sur le terrain de
Courbessac, subirent toute la journée les
averses. Mais les concurrents ne parurent
point s'en soucier, tant ils se sentaient ré-
jouis par la magnifique réception offerte
à eux par Nîmes qui a vraiment bien mé-
rité de l'Aviation.
ENCORE UN RECORD DU MONDE A L'ACTIF DE
Paillard etMermozsuravion Bernard grand raid,moteur
Hispano-Suiza 650 chevaux, battent le record du monde
de distance en circuit fermé avec 9.100 kilomètres.
Ils avaient alimenté leur moteur en Essence Stanavo
comme l'avaient déjà fait Bossoutrot et Rossi, détenteurs
- du précédent record.
>-': ': :"
S'I. MW 0
, , t. ,'i}' , ;')i' ',!
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Distribuées en France par l'Économique, S. A.,
82, Avenue des Champs-Élysées, Paris, distributrice d'
CINQUIÈME ÉTAPE
NIMES-MARSEILLE
(3 MAI)
D
E Nîmes à Marseille-Marignane, il n'y a,
à vol d'oiseau, que 90 km. Petite étape, -
donc, que les concurrents, toujours au - com-
plet depuis Nantes, allaient couvrir allègre-
ment et rapidement en dépit de la pluie per-
sistante. Depuis la veille, l'eau tombe si
abondamment que le terrain d'Avignon, où
une escale, était prévue, est complètement
détrempé : il est décidé que les avions gagne-
ront directement Marignane sans s'arrêter à
Avignon.
Autre changement : jusqu'à Montpellier
les départs étaient donnés dans l'ordre adopté
à Orly; les plus rapides en tête. Mais avec
ce système, ce sont toujours les mêmes qui
arrivent les premiers à l'étape.. et les mêmes
qui arrivent les derniers. Les défavorisés ont
obtenu qu'on modifiât l'ordre établi et que,
pour deux étapes au moins, ce soient les plus
lents qui partent en tête. Cet accord n'a été
que partiellement observé.
Quoi qu'il en soit, c'est par une pluie bat-
tante que la petite étape Nîmes-Marignane a
été couverte. Le premier départ eut lieu à
8 h. 10; le dernier è 9 h. 39. Les concurrents
se heurtèrent à des grains violents auxquels
ils résistèrent parfaitement puisque les qua-
rante-deux, sans exception, atterrirent sans
incident à Marignane où ils étaient attendus,
notamment par le Club Provençal de Tou-
risme Aérien.
p
ENDANT toute la journée, pluie dilu-
vienne à Nîmes. Le dimanche matin,
plusieurs touristes trouvèrent au ter-
rain de Courbessac leur coffre à bagages
plein d'eau. Et dans quel état, leur effets
de vol! Le crochet par Avignon fut aban-
donné en raison du temps et la caravane
aérienne piqua droit sur Arles et Mari-
gnane, au ras des nuages bas, à cent ou
deux cents mètres d'altitude et au travers
de quelques grains. Elle arriva à Mari-
gnane sous une pluie diluvienne
Il fallut — après ce vol d'une demi-
heure — près d'une heure d'auto-car pour
atteindre Marseille à 40 km. Vraiment ce
Tour de France fit apprécier la proximité
des terrains et des villes. Le départ, fixé
le lendemain matin à l'aube, pour une
étape sérieuse Marseille-Lyon avec la pers-
pective du mistral hostile, faisait encore
davantage souhaiter pour Marseille un
aérodrome plus rapproché.
LE RETOUR A ORLY
LA FETE AERIENNE DE DIMANCHE
L'étape de lundi a permis aux touristes de
gagner Lyon. Nous reprendrons d'ailleurs
cette étape en détail dans notre prochain
numéro. Accomplie par un temps favorable,
elle n'entraîne aucune défection et les qua-
rante-deux appareils qui avaient quitté
l'aérodrome de Marignane le matin arrivèrent
sans incident à Lyon. A Bron, ils étaient
attendus par la Chambre de Commerce et
l'Aéro-Club du Sud-Est.
Mercredi a dû voir l'étape la plus longue
du Tour. : Lyon-Strasbourg. Demain vendredi,
les concurrents iront de Strasbourg à Douai
en passant par Nancy et Reims et dimanche,
te sera la dernière étape Douai-Paris, avec
:omme il a été prévu, sur ce parcours,
l'épreuve de vitesse. A Douai, les touristes
seront reçus par le Club Aéronautique du
Nord qui organise, à cette occasion, un ban-
quet que présidera M. Etienne Riche, sous-
secrétaire d'Etat de l'Air.
A Douai, se rendront onze équipages belges
qui, vraisemblablement, se joindront à leurs
camarades français pour les accompagner
jusqu'à Orly. Les pilotes belges seront les
suivants : le comte Arnold de Looz Corswa-
rem, Jacques Maus, le comte Jacques d'Ursel,
Albert Maréchal, Robert Van de Velde, Lam-
bert-Ruyemberg, Caritat de Keyn, Georges
Morel, Georges Hanet, le baron Arnaud de
Cottaret et Maurice de Limelette. Ces pilotes
monteront des avions Saint-Hubert, Renard,
Bulte, Moth D.H. et Puss-Moth.
Si le départ de Douai est donné à 7 heures,
les premiers concurrents pourront arriver à
Orly a partir de 8 h. 30. A midi, un déjeuner
les réunira à l'aérodrome où, dans l'après-
midi, sera donnée la fête annuelle de l'Union
des Pilotes Civils. Celle-ci est assurée du
concours des pilotes les plus connus et des
avions les plus récents. Ce sont, par ordre
alphabétique : Albert, Audin Bossoutrot, Bel-
lonte, Burtin, Barbot, Costes, Chailloux, Cou-
pet, Bailly, Doret, Delmotte, Doumerc, Desjo-
berts, Fickinger, Jomain, Haegelen, Lallouette,
Lasnes, Labouchère, Lemoigne, Lemoine, Legal,
Makee, Mermoz, Le Brix, Robert Morane,
Paulhan, Paillard, Quatremarre, Robin, Régi-
nensi, Moench, Rossi, Seitz, Salel, Vantor-
houdt, Villechanoux, etc.
La fête est donnée au bénéfice de la Caisse
de Secours de l'Union des Pilotes Civils et
le prix des entrées a été fixé à 40, 30 et 10 fr.
Les membres de l'Association Française
Aérienne trouveront des cartes d'entrée à
demi-tarif (5 fr.) au secrétariat : 65, Fau-
bourg Poissonnière, Paris (9e).
ELLY BEINHORN RENTRE A BERLIN
UNE MAISON D'EDITION LUI A FOURNI UN
AUTRE AVION POUR REMPLACER SON KLEMM
L'aviatrice allemande Elly Beinhorn, qui
avait quitté Berlin sur un avion léger Klemm,
au début de janvier, pour un voyage en Afri-
que, vient de rentrer.
On se souvient que, voulant revenir par le
Sahara, elle eut, au début de son voyage de
retour, une panne et dut se poser dans un
marais où son avion fut détruit.
Mais l'Allemagne n'abandonna pas son avia-
trice. Une maison d'édition fit don d'un nouvel
avion que le pilote Théo Osterkampf conduisit
à Casablanca où Elly Beinhorn l'attendait.
Sur son nouveau Klemm, elle gagna très ra-
pidement Berlin, où elle arriva le 30 avril.
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