Titre : Le Supplément : revue trimestrielle
Éditeur : Le Cerf (Paris)
Date d'édition : 1980-09-01
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb343832262
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 01 septembre 1980 01 septembre 1980
Description : 1980/09/01 (N134)-1980/09/30. 1980/09/01 (N134)-1980/09/30.
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6554406w
Source : Les éditions du Cerf, 2013-279504
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 18/11/2013
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- SOMMAIRE
- L'ÉGLISE GÉRANTE DE LA MISÉRICORDE
- RECENSION
- .......... Page(s) .......... 453
L'ÉGLISE GÉRANTE DE LA MISÉRICORDE 377
pape dans lequel, au moins aux premiers ans de son pontificat,
il serait difficile de voir un exemple de miséricorde évangélique.
Dans sa simplicité séraphique, un prédicateur capucin. le Père
Pistoia, adressant une exhortation au pape Pie V, affirmait que
dans l'Écriture Sainte pour un passage qui parle de la justice
divine on en peut lire dix qui prônent la miséricorde. Et il en tirait
une conclusion pratique : « Que le Vicaire du Christ, plutôt que
de frapper par la justice les hérétiques, se soucie de pratiquer les
œuvres de miséricorde, pour le soulagement des âmes malheureu-
ses qui se perdent à cause du pouvoir des Turcs. » L'historien des
papes qui nous donne cette information ajoute que, dans la
deuxième moitié de son gouvernement. Pie V ne donna plus à la
répression des hérétiques la place prééminente qu'il lui avait attri
buée dans les premiers quatre ans de son pontificat. Conversion
à la miséricorde? Presque à la même époque, un écrivain qui
s'engagea, à un niveau différent de Pie V. a la promotion de la
réforme tridentine, Louis de Grenade, disait de quelques prêtres
et évêques : « Nos princes, si des pauvres commettent des fautes,
les reprennent en les couvrant de vergogne, tandis qu'ils ne souf-
flent mot sur les riches qui sont coupables de péchés bien plus
graves » (J.I. TELLECHEA, El Mispo ideal en el siglo de la
Reforma, Rome, Iglesia Nacional Espanola 1963. p. 229).
Cette distinction n'a pas été le fait de Louis des marquis Fran-
soni, un de mes prédécesseurs. En 1839 il informait le Saint Siège
de son programme d'action envers les prêtres indociles : « Nec
ferro nec igni parco », « Je n'épargne ni le fer ni le feu ». Il fut
peut-être plus dur contre les puissants de la politique du Piémont.
auxquels il reprochait la violation des droits de l'Église. Il paya
sa résistance, que le Pape lui-même estimait imprudente, par un
long exil, terminé seulement avec sa mort, à Lyon, en 1862.
Il est peut-être intéressant d'écouter le témoignage d'un autre
exilé, pour des motifs bien différents, le père Giovanni Semeria,
barnabite. De la Belgique, où il dut se réfugier dans les années
de la répression antimoderniste, il écrivait, le 6 mars 1915, à l'his-
torien de l'antiquité Gaetano de Sanctis : « Mon cas me paraît
triste comme symptôme du manque d'esprit évangélique de
l'Église. Nous sommes dans la politique, dans la diplomatie, dans
l'art de gouverner, mais cette charitas Christi, qui fut la gloire
du christianisme et qui seule en peut constituer la force, refriges-
cit (se refroidit) » (S. Accame, Riv. di storia delle chiese in Italia,
pape dans lequel, au moins aux premiers ans de son pontificat,
il serait difficile de voir un exemple de miséricorde évangélique.
Dans sa simplicité séraphique, un prédicateur capucin. le Père
Pistoia, adressant une exhortation au pape Pie V, affirmait que
dans l'Écriture Sainte pour un passage qui parle de la justice
divine on en peut lire dix qui prônent la miséricorde. Et il en tirait
une conclusion pratique : « Que le Vicaire du Christ, plutôt que
de frapper par la justice les hérétiques, se soucie de pratiquer les
œuvres de miséricorde, pour le soulagement des âmes malheureu-
ses qui se perdent à cause du pouvoir des Turcs. » L'historien des
papes qui nous donne cette information ajoute que, dans la
deuxième moitié de son gouvernement. Pie V ne donna plus à la
répression des hérétiques la place prééminente qu'il lui avait attri
buée dans les premiers quatre ans de son pontificat. Conversion
à la miséricorde? Presque à la même époque, un écrivain qui
s'engagea, à un niveau différent de Pie V. a la promotion de la
réforme tridentine, Louis de Grenade, disait de quelques prêtres
et évêques : « Nos princes, si des pauvres commettent des fautes,
les reprennent en les couvrant de vergogne, tandis qu'ils ne souf-
flent mot sur les riches qui sont coupables de péchés bien plus
graves » (J.I. TELLECHEA, El Mispo ideal en el siglo de la
Reforma, Rome, Iglesia Nacional Espanola 1963. p. 229).
Cette distinction n'a pas été le fait de Louis des marquis Fran-
soni, un de mes prédécesseurs. En 1839 il informait le Saint Siège
de son programme d'action envers les prêtres indociles : « Nec
ferro nec igni parco », « Je n'épargne ni le fer ni le feu ». Il fut
peut-être plus dur contre les puissants de la politique du Piémont.
auxquels il reprochait la violation des droits de l'Église. Il paya
sa résistance, que le Pape lui-même estimait imprudente, par un
long exil, terminé seulement avec sa mort, à Lyon, en 1862.
Il est peut-être intéressant d'écouter le témoignage d'un autre
exilé, pour des motifs bien différents, le père Giovanni Semeria,
barnabite. De la Belgique, où il dut se réfugier dans les années
de la répression antimoderniste, il écrivait, le 6 mars 1915, à l'his-
torien de l'antiquité Gaetano de Sanctis : « Mon cas me paraît
triste comme symptôme du manque d'esprit évangélique de
l'Église. Nous sommes dans la politique, dans la diplomatie, dans
l'art de gouverner, mais cette charitas Christi, qui fut la gloire
du christianisme et qui seule en peut constituer la force, refriges-
cit (se refroidit) » (S. Accame, Riv. di storia delle chiese in Italia,
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