Titre : Les Ailes : journal hebdomadaire de la locomotion aérienne / directeur, rédacteur en chef, Georges Houard
Éditeur : [s.n. ?] (Paris)
Date d'édition : 1935-07-18
Contributeur : Houard, Georges (1893-1964). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb326846379
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 12981 Nombre total de vues : 12981
Description : 18 juillet 1935 18 juillet 1935
Description : 1935/07/18 (A15,N735). 1935/07/18 (A15,N735).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6553890w
Source : Musée Air France, 2013-273367
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 22/10/2013
LES AILES
L'AVIATION PRIVEE
N° 735 — 18-7-35 — PAGE II
TOURISME AERIEN
Une formule à retenir
L'Aéro-Club de l'Hérault a montré à
des milieux étrangers à l'Aviation qu'il
n'était pas nécessaire d'être aviateur
pour utiliser l'avion.
L
ES AILES ont rapporté, il y a quel-
ques semaines, en quelques lignes,
la sortie touristique organisée par
l'Aéro-Club de l'Hérault, à l'occasion
du passage à Montpellier d'un groupe
d'excursionnistes du Touring-Club de
France.
Cette sortie inaugurait une nouvelle
formule de propagande et de tourisme
aérien sur laquelle il convient d'in-
sister.
Il s'agissait d'associer, en somme, à
cette manifestation aéronautique des
éléments étrangers à l'Aviation et de
les amener à utiliser l'avion pour une
promenade touristique, aussi normale-
ment, aussi simplement qu'ils utilisent
l'automobile. Cette sortie, provoquée
par l'Aéro-Club de l'Hérault et son pré-
sident, Philippe d'Albenas, a donc été
réalisée en étroite collaboration avec le
Touring-Club de France, le Syndicat
d'Initiative, le Club Cévenol, la Société
des Sites Languedociens, l'Automobile-
Club de l'Hérault et de l'Aveyron. Cela
pour extraire l'Aviation de son cadre
strictement « aéro-club ».
Le résultat fut un succès. Nous avons
dit (Les Ailes, N" 732, du 27 juin), l'in-
térêt de l'itinéraire suivi par les vingt-
cinq avions qui formaient la caravane.
C'est l'un des plus pittoresques des Cé-
vennes. Mais ce qu'il convient d'ajou-
ter, c'est qu'il fut parcouru, en avion,
par soixante-dix personnes, parmi les-
quelles beaucoup de femmes et bon
nombre d'enfants. Des notabilités firent
partie de l'excursion aérienne, notam-
ment le Maire de Montpellier, le Pro-
fesseur Boudet, accompagné de M. Pour-
quier qui représentait la Chambre de
Commerce, MM. Chauliac et Poncet,
conseillers municipaux, etc. L'Aéro-
Club de l'Hérault avait, de plus, tenu
à faire participer à l'excursion M. Eu-
zéby, Délégué des Ailes.
L'impression des excursionnistes a
été excellente. La formule est heureuse;
elle est, en effet, à développer. La pro-
pagande est surtout intéressante quand
elle s'exerce hors des milieux déjà
conquis à l'Aviation. L'Aéro-Club de
l'Hérault vient de nous démontrer que,
par la concentration des moyens et des
bonnes volontés, on peut arriver à faire
œuvre utile, en révélant à des néo-
i phytes qu'il n'est pas besoin d'être
aviateur pour faire de l'Aviation, pour
utiliser l'avion et pouvoir apprécier,
grâce à lui, la beauté des sites français
en général et languedociens en parti-
culier.
Encore une fois, il y a là une formule
extrêmement séduisante, que les asso-
ciations aéronautiques se doivent d'étu-
dier et d'appliquer.
G. H,
—X —
La Coupe Zénith
La Coupe Zénith est mise en compéti-
tion, en 1935, pour la septième fois. Il
s'agit de réaliser la vitesse commerciale
— du départ à l'arrivée, escales compri-
ses — la plus élevée sur le parcours Paris-
Orly, Poitiers, Bordeaux, Carcassonne,
Nîmes, Lyon, Paris-Orly, soit 1.577 km.,
en utilisant un avion léger biplace (équi-
page : 150 kg.) pesant à vide moins de
560 kg.
Deux prix sont affectés à la Coupe Zé-
nith : 7.000 fr. au premier; 3.000 fr. au
second.
LA CHRONIQUE D'HENRI MIGNET
Piloter on Pou-du-Ciel" est facile.
Néanmoins, il faut apprendre.
Henri Mignet nous révèle ici les raisons pour lesquelles il y a trop
de casse ohez les amateurs. Ceux-ci, trop souvent, manquent ae
méthode et de prudence; ils veulent aller trop vite avant de s'être
adaptés à la - formule. --
c
ONTRE quoi il faut lutter : le désir
spectaculaire. Quand un « Pou-du-
Ciel » est achevé, on le photogra-
phie, et, du même coup, on le croit centre,
et on se croit pilote. On se lance sur le
terrain. De deux choses l'une : ça vole ou
ça ne vole pas.
Si cela vole, comme on est parti par vent
assez fort, on amorce une danse chaloupée
et on se bigorne au bout de la piste.
Si cela ne vole pas, on dit : Mignet nous
a bourré le crâne ».
Je viens de recevoir un amateur de cette
seconde catégorie. Sur un ton de léger re-
proche, ce petit jeune me dit :
— Si, au prochain essai, je ne vole pas,
je bazarde mon zinc !
— Quelle vitesse aviez-vous atteint, en
roulant ?
— Je ne sais pas, je n'ai pas d'anémo-
mètre.
- Votre carburation est-elle bien réglée?
Quel régime en pointe avez-vous au mo-
teur ?
--'-"- Je ne sais pas, je n'ai pas de compte-
tours.
Cet amateur est de la même catégorie
que cet autre, connu plus au Nord, qui,
pour avoir grippé une roue par manque de
graissage, et entamé un petit cheval de
bois, aurait vendu son appareil cinq cents
francs au premier offrant, sur place ! Ces
amateurs-là ont une cervelle en papier
mâché.
Que veulent-ils, en réalité ? Sentiment
bien commun, bien humain, .surtout quand
il y a des jeunes filles dans la foule des
spectateurs : ils veulent qu'on les regarde;
pour cela, ils sC coiffent de l'auréole en
corde à piano. prestige aéronautique.
Non ! mes bons amis ! Vous avez tous
entre les mains un petit zinc parfait —
Messieurs les journalistes de l'opposition,
excusez ma modestie; vous n'empêcherez
d'ailleurs pas que ce soit vrai et je le sais
mieux que vous. Les moteurs ne vont
pas toujours très bien, mais cela n'est pas
notre rayon. Persévérez, insistez. Vous ver-
rez bientôt que, sans rien changer, du même
geste, vous arriverez à tenir l'air. Pour-
quoi ? Parce que vous aurez acquis de
l'habileté, du réflexe. Vous vous serez
adapté à la formule.
Quant à ceux qui partent brusquement,
pleins gaz, quel que soit le vent, sous le
fallacieux prétexte qu'ils ont 1.000 heures
de vol, leur conduite voisine l'incons-
cience. Piloter un « Pou-du-Ciel » est plus
facile que monter à bicyclette. Néanmoins,
il faut apprendre. Un pilote, par vent nul,
peut mettre pleins gaz et partir à sa
deuxième ligne droite. Un coup à droite,
il vire à droite. Un coup à gauche, il vire
à gauche. Cela y est. Il a pigé. Il sait pilo-
ter le « Pou-du-Ciel ». Mais partir bruta-
lement quand le vent souffle, c'est de la
sottise.
Vous citerai-je le cas de ce mécanicien
qui enfourche un « Pou-du-Ciel » que
j'avais décollé moi-même, bien centré, vo-
lable, mais manquant des cent derniers
tours d'hélice indispensables pour se ha-
sarder sur la campagne. Il part, et il n'ar-
rête pas avant la fin du terrain. L'appareil
s'enfonce. Il tire dessus; le voilà en perte
de vitesse. Ce n'est plus un avion, c'est un
cerf-volant. Face à lui : un cerisier qui
persiste à rester en relief au-dessus d'une
vigne. Manche à gauche, puis à droite pour
essayer de courber la trajectoire. Mais à
l'extrême perte de vitesse, le « Pou-du-
Ciel » est lent à virer. Les spectateùrs
voient le zinc balancer avant d'aller cha-
huter les cerises. Crac ! Le « Pou » est
en miettes. Quelques muscles froissés, le
visage égratigné. Notre amateur n'est pas
dégonflé. Il inspecte les dégâts. L'équipe
Le monoplan Gaucher « Week-End » a été essayé, nous l'avons dit, à Villacoublay, piloté
par Edouard Albert. Cet appareil, construit dans les ateliers Berthier, a exécuté des vols
satisfaisants au poids total de 338 kg., avec un moteur « Ava » de 25/27 CV. monté provi-
soirement en attendant la sortie du groupe de 40/50 CV. prévu pour ce biplace.
décide de « remettre cela ». On va trier la
ferraille des cassons et, dans un mois, le
petit zinc sera en état.
A quelques anecdotes près, l'histoire de
chaque « Pou-du-Ciel » est la même. Est-
elle comparable à celle des avions clas-
siques ? La formule, la mécanique, le mode
opératoire, l'esprit de l'amateur, rien de
tout cela ne ressemble à l'Aviation des
aviateurs. Nous sommes réellement « une
Autre Aviation » !
Mais je supplie l'homme qui, sur la piste,
a quelque autorité, d'imposer à l'amateur
un programme d'essai : défense absolue
d'exécuter les premières sorties par le
moindre vent, aussi bien aux ~biaKts qu'aux
pilotes. Empêchez-les de voler. Ils n'en
voleront que plus vite et sans rien casser.
Comme moi. Ceci, non pas dans le but de
leur éviter l'accident et les écorchures -
jusqu'ici aucun accident « Pou-du-Ciel »
n'a été très grav - mais pour éviter de
bouziller ces admirables petites machines
que je vois partout, plus belles les unes que
les autres, sortir des mains de l'amateur.
Henri MIGNET.
CHRONIQUE DES AMATEURS
Un "Pou" chasse l'autre
Essais d'un biplace
M. Rigault, membre de « L'Alcya », a
transporté son « Pou » biplace sur un ter-
rain parisien pour procéder aux premiers
essais. Un réglage soigné du centrage a été
fait sous le contrôle du Bureau Veritas.
Le mercredi 10 juillet, dans la matinée, un
essai de roulage a donné satisfaction. Pre-
nant, de nouveau, le départ, l'appareil, pi-
loté par M. Rigault, a exécuté deux vols en
ligne droite à faible hauteur. Le « Pou »
répond bien en profondeur, mais l'équili-
bre latéral laisse à désirer et la commande
de direction paraît trop sensible.
Samedi 13 juillet, un nouveau vol fut
exécuté et à l'atterrissage, l'essieu fut
faussé.
Les essais se poursuivront après répara-
tion et apport de quelques modifications.
Naturellement, ces premiers vols ont eu lieu
en. monoplace, condition qui sera observée
jusqu'à la mise au point définitive. Le ré-
gime du moteur, au cours de ses essais, n'a
pas dépassé 1.400 tours. Il sera poussé au
régime normal de 1.600 tours sans utiliser
le régime en pointe de 1.750 tours.
L'esprit « amateur »
Le « Pou » de MM. Chatelain et Lefèvre
a été retourné au sol, à Amiens, par un coup
de vent. C'est un incident qui arrive à de
gros avions : le Dyle et Bacalah, l'autre jour,
à Villacoublay, en a fait la triste expé-
rience. Mais le gros avion est détruit irrémé-
diablement, tandis que le « Pou » d'Amiens
sera réparé en quelques jours. Depuis son vol
d'homologation, Maurice Lenoir le faisait
voler chaque jour.
Entre temps, un second « Pou » était arrivé
à l'aérodrome. Construit par MM. de Thézy,
il n'attendait que son moteur pour prendre
ses ébats. Dans un joli geste, MM. Chatelain
et Lefèvre offrirent à MM. de Thézy d'uti-
liser le moteur de leur appareil pendant la
réparation de celui-ci. L'offre fut acceptée
d'enthousiasme. En une journée, le moteur
passa d'un « Pou » sur l'autre et, dès le len-
demain, Maurice Lenoir prenait l'appareil en
mains et, sans qu'aucune retouche fut néces-
saire, allait le réceptionner à 200 mètres de
haut. Au total, dans la journée, le « Pou »
de MM. de Thézy, baptisé Icare, a effectué
quatre vols d'une durée de quarante minutes,
suscitant l'intérêt général.
Méthode à suivre
Le « Pou-du-Ciel » construit à Bayonne
et' miau point sur le terrain de Parme; par
M. H. Galtié, est homologué. M. Galtié a
commencé ses essais le 12 juin; il les a menés
méthodiquement, sans hâte, sagement. Et le
7 juillet, il a atteint le but. Il n'a pas craint
de multiplier les lignes droites, de 400 à 500
mètres, et les atterrrissages, jusqu'au moment
où il a eu l'appareil bien en mains.
Le 6 juillet, à 19 h. 30, il a encore succes-
De haut en bas, l'arrivée de Mignet à Gaillac ;
le « Pou » à moteur 40 CV. Salmson, de
Kohler, et deux aspects de l'appareil construit
par M. H. Galtié, à Bayonne et que nous avons
homologué sous le N° 44.
sivement fait trois vols, à 15 et 20 mètres de
haut, qui l'ont conduit jusqu'à la limite du
terrain. Il en a fait deux autres le lendemain,
puis, au troisième, s'est décidé à sauter l'ul-
time obstacle. Il a décollé pleins gaz, a pris
20 à 25 mètres d'altitude, accompli un beau
circuit pour repasser au-dessus de son point
de départ entre 30 et 40 mètres. Une baisse
de régime lui causa quelque émotion, mais
le moteur reprit et le « Pou », finalement,
vint achever son vol, par un atterrissage en
beauté, à dix mètres des hangars.
Notons que M. H. Galtié est breveté pilote
de tourisme depuis 1931, qu'il totalise environ
150 heures de vol sur Moth, Luciole, Potez 36
et 43 et qu'il a le brevet A de vol sans mo-
teur. Il a construit lui-même son « Pou ».
Les « experts »
Henri Mignet est d'accord sur la question
des experts.
« Dans le dernier numéro. des Ailes, nous
écrit-il de Gaillac, vous parlez d'experts qui
s'offriraient à mettre au point les « Pou »
d'amateurs. L'idée est excellente. Nous nous
rencontrerons à mon retour pour en discuter.
Je suis tout à fait d'accord. Les amateurs
sont prêts à se grouper pour payer les frais
de déplacement. Mais, gare! cela est délicat.
Peu de moteurs sont bien réglés. Toute une
série de moteurs à quatre temps, notamment,
ont été vendus qui ne sont pas au point.
Accidents en perspective, assurances, etc.
Prudence, prudence! »
Les « experts » posent des problèmes évi-
demment. Mais ces problèmes ne sont pas
sans solution. Nous attendons impatiemment
le retour de Mignet.
L'exempte porte ses fruits
A Janville (Eure-et-Loir), le « Pou », cons-
truit par le Maire, M. André Bonneau,
Conseiller Général, est terminé. Les essais
sont prochains. Ils seront faits par M. Marcel
Villette, pilote et mécanicien de transport
public, qui procède également au montage
d'un autre « Pou ». Celui-ci sera prêt dans
une quinzaine de jours.
Si les essais sont concluants, dans cette
seule région, un médecin, un marchand de
moutons, un ingénieur des Ponts-et-Chalé-
sées, un charpentier en fer et un boulanger
suivront l'exemple du Maire de Janville, et
construiront chacun leur « Pou ». Ce mouve-
ment, dans l'Aviation, est décidément sans
précédent,
L'AVIATION PRIVEE
N° 735 — 18-7-35 — PAGE II
TOURISME AERIEN
Une formule à retenir
L'Aéro-Club de l'Hérault a montré à
des milieux étrangers à l'Aviation qu'il
n'était pas nécessaire d'être aviateur
pour utiliser l'avion.
L
ES AILES ont rapporté, il y a quel-
ques semaines, en quelques lignes,
la sortie touristique organisée par
l'Aéro-Club de l'Hérault, à l'occasion
du passage à Montpellier d'un groupe
d'excursionnistes du Touring-Club de
France.
Cette sortie inaugurait une nouvelle
formule de propagande et de tourisme
aérien sur laquelle il convient d'in-
sister.
Il s'agissait d'associer, en somme, à
cette manifestation aéronautique des
éléments étrangers à l'Aviation et de
les amener à utiliser l'avion pour une
promenade touristique, aussi normale-
ment, aussi simplement qu'ils utilisent
l'automobile. Cette sortie, provoquée
par l'Aéro-Club de l'Hérault et son pré-
sident, Philippe d'Albenas, a donc été
réalisée en étroite collaboration avec le
Touring-Club de France, le Syndicat
d'Initiative, le Club Cévenol, la Société
des Sites Languedociens, l'Automobile-
Club de l'Hérault et de l'Aveyron. Cela
pour extraire l'Aviation de son cadre
strictement « aéro-club ».
Le résultat fut un succès. Nous avons
dit (Les Ailes, N" 732, du 27 juin), l'in-
térêt de l'itinéraire suivi par les vingt-
cinq avions qui formaient la caravane.
C'est l'un des plus pittoresques des Cé-
vennes. Mais ce qu'il convient d'ajou-
ter, c'est qu'il fut parcouru, en avion,
par soixante-dix personnes, parmi les-
quelles beaucoup de femmes et bon
nombre d'enfants. Des notabilités firent
partie de l'excursion aérienne, notam-
ment le Maire de Montpellier, le Pro-
fesseur Boudet, accompagné de M. Pour-
quier qui représentait la Chambre de
Commerce, MM. Chauliac et Poncet,
conseillers municipaux, etc. L'Aéro-
Club de l'Hérault avait, de plus, tenu
à faire participer à l'excursion M. Eu-
zéby, Délégué des Ailes.
L'impression des excursionnistes a
été excellente. La formule est heureuse;
elle est, en effet, à développer. La pro-
pagande est surtout intéressante quand
elle s'exerce hors des milieux déjà
conquis à l'Aviation. L'Aéro-Club de
l'Hérault vient de nous démontrer que,
par la concentration des moyens et des
bonnes volontés, on peut arriver à faire
œuvre utile, en révélant à des néo-
i phytes qu'il n'est pas besoin d'être
aviateur pour faire de l'Aviation, pour
utiliser l'avion et pouvoir apprécier,
grâce à lui, la beauté des sites français
en général et languedociens en parti-
culier.
Encore une fois, il y a là une formule
extrêmement séduisante, que les asso-
ciations aéronautiques se doivent d'étu-
dier et d'appliquer.
G. H,
—X —
La Coupe Zénith
La Coupe Zénith est mise en compéti-
tion, en 1935, pour la septième fois. Il
s'agit de réaliser la vitesse commerciale
— du départ à l'arrivée, escales compri-
ses — la plus élevée sur le parcours Paris-
Orly, Poitiers, Bordeaux, Carcassonne,
Nîmes, Lyon, Paris-Orly, soit 1.577 km.,
en utilisant un avion léger biplace (équi-
page : 150 kg.) pesant à vide moins de
560 kg.
Deux prix sont affectés à la Coupe Zé-
nith : 7.000 fr. au premier; 3.000 fr. au
second.
LA CHRONIQUE D'HENRI MIGNET
Piloter on Pou-du-Ciel" est facile.
Néanmoins, il faut apprendre.
Henri Mignet nous révèle ici les raisons pour lesquelles il y a trop
de casse ohez les amateurs. Ceux-ci, trop souvent, manquent ae
méthode et de prudence; ils veulent aller trop vite avant de s'être
adaptés à la - formule. --
c
ONTRE quoi il faut lutter : le désir
spectaculaire. Quand un « Pou-du-
Ciel » est achevé, on le photogra-
phie, et, du même coup, on le croit centre,
et on se croit pilote. On se lance sur le
terrain. De deux choses l'une : ça vole ou
ça ne vole pas.
Si cela vole, comme on est parti par vent
assez fort, on amorce une danse chaloupée
et on se bigorne au bout de la piste.
Si cela ne vole pas, on dit : Mignet nous
a bourré le crâne ».
Je viens de recevoir un amateur de cette
seconde catégorie. Sur un ton de léger re-
proche, ce petit jeune me dit :
— Si, au prochain essai, je ne vole pas,
je bazarde mon zinc !
— Quelle vitesse aviez-vous atteint, en
roulant ?
— Je ne sais pas, je n'ai pas d'anémo-
mètre.
- Votre carburation est-elle bien réglée?
Quel régime en pointe avez-vous au mo-
teur ?
--'-"- Je ne sais pas, je n'ai pas de compte-
tours.
Cet amateur est de la même catégorie
que cet autre, connu plus au Nord, qui,
pour avoir grippé une roue par manque de
graissage, et entamé un petit cheval de
bois, aurait vendu son appareil cinq cents
francs au premier offrant, sur place ! Ces
amateurs-là ont une cervelle en papier
mâché.
Que veulent-ils, en réalité ? Sentiment
bien commun, bien humain, .surtout quand
il y a des jeunes filles dans la foule des
spectateurs : ils veulent qu'on les regarde;
pour cela, ils sC coiffent de l'auréole en
corde à piano. prestige aéronautique.
Non ! mes bons amis ! Vous avez tous
entre les mains un petit zinc parfait —
Messieurs les journalistes de l'opposition,
excusez ma modestie; vous n'empêcherez
d'ailleurs pas que ce soit vrai et je le sais
mieux que vous. Les moteurs ne vont
pas toujours très bien, mais cela n'est pas
notre rayon. Persévérez, insistez. Vous ver-
rez bientôt que, sans rien changer, du même
geste, vous arriverez à tenir l'air. Pour-
quoi ? Parce que vous aurez acquis de
l'habileté, du réflexe. Vous vous serez
adapté à la formule.
Quant à ceux qui partent brusquement,
pleins gaz, quel que soit le vent, sous le
fallacieux prétexte qu'ils ont 1.000 heures
de vol, leur conduite voisine l'incons-
cience. Piloter un « Pou-du-Ciel » est plus
facile que monter à bicyclette. Néanmoins,
il faut apprendre. Un pilote, par vent nul,
peut mettre pleins gaz et partir à sa
deuxième ligne droite. Un coup à droite,
il vire à droite. Un coup à gauche, il vire
à gauche. Cela y est. Il a pigé. Il sait pilo-
ter le « Pou-du-Ciel ». Mais partir bruta-
lement quand le vent souffle, c'est de la
sottise.
Vous citerai-je le cas de ce mécanicien
qui enfourche un « Pou-du-Ciel » que
j'avais décollé moi-même, bien centré, vo-
lable, mais manquant des cent derniers
tours d'hélice indispensables pour se ha-
sarder sur la campagne. Il part, et il n'ar-
rête pas avant la fin du terrain. L'appareil
s'enfonce. Il tire dessus; le voilà en perte
de vitesse. Ce n'est plus un avion, c'est un
cerf-volant. Face à lui : un cerisier qui
persiste à rester en relief au-dessus d'une
vigne. Manche à gauche, puis à droite pour
essayer de courber la trajectoire. Mais à
l'extrême perte de vitesse, le « Pou-du-
Ciel » est lent à virer. Les spectateùrs
voient le zinc balancer avant d'aller cha-
huter les cerises. Crac ! Le « Pou » est
en miettes. Quelques muscles froissés, le
visage égratigné. Notre amateur n'est pas
dégonflé. Il inspecte les dégâts. L'équipe
Le monoplan Gaucher « Week-End » a été essayé, nous l'avons dit, à Villacoublay, piloté
par Edouard Albert. Cet appareil, construit dans les ateliers Berthier, a exécuté des vols
satisfaisants au poids total de 338 kg., avec un moteur « Ava » de 25/27 CV. monté provi-
soirement en attendant la sortie du groupe de 40/50 CV. prévu pour ce biplace.
décide de « remettre cela ». On va trier la
ferraille des cassons et, dans un mois, le
petit zinc sera en état.
A quelques anecdotes près, l'histoire de
chaque « Pou-du-Ciel » est la même. Est-
elle comparable à celle des avions clas-
siques ? La formule, la mécanique, le mode
opératoire, l'esprit de l'amateur, rien de
tout cela ne ressemble à l'Aviation des
aviateurs. Nous sommes réellement « une
Autre Aviation » !
Mais je supplie l'homme qui, sur la piste,
a quelque autorité, d'imposer à l'amateur
un programme d'essai : défense absolue
d'exécuter les premières sorties par le
moindre vent, aussi bien aux ~biaKts qu'aux
pilotes. Empêchez-les de voler. Ils n'en
voleront que plus vite et sans rien casser.
Comme moi. Ceci, non pas dans le but de
leur éviter l'accident et les écorchures -
jusqu'ici aucun accident « Pou-du-Ciel »
n'a été très grav - mais pour éviter de
bouziller ces admirables petites machines
que je vois partout, plus belles les unes que
les autres, sortir des mains de l'amateur.
Henri MIGNET.
CHRONIQUE DES AMATEURS
Un "Pou" chasse l'autre
Essais d'un biplace
M. Rigault, membre de « L'Alcya », a
transporté son « Pou » biplace sur un ter-
rain parisien pour procéder aux premiers
essais. Un réglage soigné du centrage a été
fait sous le contrôle du Bureau Veritas.
Le mercredi 10 juillet, dans la matinée, un
essai de roulage a donné satisfaction. Pre-
nant, de nouveau, le départ, l'appareil, pi-
loté par M. Rigault, a exécuté deux vols en
ligne droite à faible hauteur. Le « Pou »
répond bien en profondeur, mais l'équili-
bre latéral laisse à désirer et la commande
de direction paraît trop sensible.
Samedi 13 juillet, un nouveau vol fut
exécuté et à l'atterrissage, l'essieu fut
faussé.
Les essais se poursuivront après répara-
tion et apport de quelques modifications.
Naturellement, ces premiers vols ont eu lieu
en. monoplace, condition qui sera observée
jusqu'à la mise au point définitive. Le ré-
gime du moteur, au cours de ses essais, n'a
pas dépassé 1.400 tours. Il sera poussé au
régime normal de 1.600 tours sans utiliser
le régime en pointe de 1.750 tours.
L'esprit « amateur »
Le « Pou » de MM. Chatelain et Lefèvre
a été retourné au sol, à Amiens, par un coup
de vent. C'est un incident qui arrive à de
gros avions : le Dyle et Bacalah, l'autre jour,
à Villacoublay, en a fait la triste expé-
rience. Mais le gros avion est détruit irrémé-
diablement, tandis que le « Pou » d'Amiens
sera réparé en quelques jours. Depuis son vol
d'homologation, Maurice Lenoir le faisait
voler chaque jour.
Entre temps, un second « Pou » était arrivé
à l'aérodrome. Construit par MM. de Thézy,
il n'attendait que son moteur pour prendre
ses ébats. Dans un joli geste, MM. Chatelain
et Lefèvre offrirent à MM. de Thézy d'uti-
liser le moteur de leur appareil pendant la
réparation de celui-ci. L'offre fut acceptée
d'enthousiasme. En une journée, le moteur
passa d'un « Pou » sur l'autre et, dès le len-
demain, Maurice Lenoir prenait l'appareil en
mains et, sans qu'aucune retouche fut néces-
saire, allait le réceptionner à 200 mètres de
haut. Au total, dans la journée, le « Pou »
de MM. de Thézy, baptisé Icare, a effectué
quatre vols d'une durée de quarante minutes,
suscitant l'intérêt général.
Méthode à suivre
Le « Pou-du-Ciel » construit à Bayonne
et' miau point sur le terrain de Parme; par
M. H. Galtié, est homologué. M. Galtié a
commencé ses essais le 12 juin; il les a menés
méthodiquement, sans hâte, sagement. Et le
7 juillet, il a atteint le but. Il n'a pas craint
de multiplier les lignes droites, de 400 à 500
mètres, et les atterrrissages, jusqu'au moment
où il a eu l'appareil bien en mains.
Le 6 juillet, à 19 h. 30, il a encore succes-
De haut en bas, l'arrivée de Mignet à Gaillac ;
le « Pou » à moteur 40 CV. Salmson, de
Kohler, et deux aspects de l'appareil construit
par M. H. Galtié, à Bayonne et que nous avons
homologué sous le N° 44.
sivement fait trois vols, à 15 et 20 mètres de
haut, qui l'ont conduit jusqu'à la limite du
terrain. Il en a fait deux autres le lendemain,
puis, au troisième, s'est décidé à sauter l'ul-
time obstacle. Il a décollé pleins gaz, a pris
20 à 25 mètres d'altitude, accompli un beau
circuit pour repasser au-dessus de son point
de départ entre 30 et 40 mètres. Une baisse
de régime lui causa quelque émotion, mais
le moteur reprit et le « Pou », finalement,
vint achever son vol, par un atterrissage en
beauté, à dix mètres des hangars.
Notons que M. H. Galtié est breveté pilote
de tourisme depuis 1931, qu'il totalise environ
150 heures de vol sur Moth, Luciole, Potez 36
et 43 et qu'il a le brevet A de vol sans mo-
teur. Il a construit lui-même son « Pou ».
Les « experts »
Henri Mignet est d'accord sur la question
des experts.
« Dans le dernier numéro. des Ailes, nous
écrit-il de Gaillac, vous parlez d'experts qui
s'offriraient à mettre au point les « Pou »
d'amateurs. L'idée est excellente. Nous nous
rencontrerons à mon retour pour en discuter.
Je suis tout à fait d'accord. Les amateurs
sont prêts à se grouper pour payer les frais
de déplacement. Mais, gare! cela est délicat.
Peu de moteurs sont bien réglés. Toute une
série de moteurs à quatre temps, notamment,
ont été vendus qui ne sont pas au point.
Accidents en perspective, assurances, etc.
Prudence, prudence! »
Les « experts » posent des problèmes évi-
demment. Mais ces problèmes ne sont pas
sans solution. Nous attendons impatiemment
le retour de Mignet.
L'exempte porte ses fruits
A Janville (Eure-et-Loir), le « Pou », cons-
truit par le Maire, M. André Bonneau,
Conseiller Général, est terminé. Les essais
sont prochains. Ils seront faits par M. Marcel
Villette, pilote et mécanicien de transport
public, qui procède également au montage
d'un autre « Pou ». Celui-ci sera prêt dans
une quinzaine de jours.
Si les essais sont concluants, dans cette
seule région, un médecin, un marchand de
moutons, un ingénieur des Ponts-et-Chalé-
sées, un charpentier en fer et un boulanger
suivront l'exemple du Maire de Janville, et
construiront chacun leur « Pou ». Ce mouve-
ment, dans l'Aviation, est décidément sans
précédent,
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.93%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.93%.
- Auteurs similaires Bibliographie de la presse française politique et d'information générale Bibliographie de la presse française politique et d'information générale /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "BIPFPIG00"Arts de la marionnette Arts de la marionnette /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "Pam1" Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "BnPlCo00" France-Brésil France-Brésil /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "FranceBr"
-
-
Page
chiffre de pagination vue 11/16
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k6553890w/f11.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k6553890w/f11.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k6553890w/f11.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k6553890w/f11.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k6553890w
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k6553890w
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k6553890w/f11.image × Aide
Facebook
Twitter
Pinterest