246 • L'Aéuophile, iel*-i5 AOUT 1928
Raids, records et performances
'De nombreuses traversées de l'Atlantique
avaient encore, cette année, été préparées ou, du
moins, annoncées.
Les concurrents, en général, par suite d'une
iongue mise au point, n'ont pas profité des condi-
tions propices du printemps et c'est assez tard,
dans la saison, qu'ils commencèrent leurs tenta-
tives.
Voici la situation actuelle :
Pendant ces dernières semaines, quatre concur-
rents prirent le départ : le lieutenant de vaisseau
Paris, sur hydravion Cams, muni de deux moteurs
Gnome-Rhône « Jupiter » ; le capitaine anglais
Courtney, sur hydravion Dornier-Wal bimoteur ;
le major Franco, sur hydravion Dornier-Superwal
quadrimoteur ; les officiers polonais Idzikowski et
Kubala, sur avion Amiot, moteur Lorraine.
Ces appareils sont puissants ; les trois premiers
sont des hydravions multimoteurs, qui doivent
faire escale aux Açores. Il n'y a pas de pilotes
seuls, mais des équipages.
Ce n'est plus seulement la performance que l'on
vise, mais l'étude de la ligne commerciale.
Aucune de ces tentatives ne devait réussir, mais
aucune perte de vie humaine n'est à déplorer et
cela justifie la préparation très poussée de ces
raids. Paris, arrivant à Horta, avec un seul mo-
teur, reçut l'ordre de revenir en France. Courtney
tomba en mer, après avoir quitté les Açores, et
fut recueilli par un vapeur. De même, pour Idzi-
kowski, qui fut sauvé au large des côtes d'Es-
pagne. Quant à Franco, il revint en navigant, à
la côte, peu après son départ de Cadix.
Voici le détail de ces tentatives :
Le lieutenant de vaisseau Paris, en compagnie du
maître mécanicien Marot, second pilote, et du radio-
télégraphiste Cadou, s'envola de Brest le dimanche
22 juillet, à 17 h. 5, pour Horta (île Fayal) qu'il attei-
gnit le lendemain à 7 h. 30 (heure de Greenwich). Les
2.080 km. du voyage étaient parcourus en quatorze
heures vingt-cinq, soit à une moyenne de près de
145 km. à l'heure.
La dernière partie de la traversée fut, paraît-il, effec-
tuée avec un seul moteur. Le rappel de la mission
est dû, dit-on, aux réparations importantes nécessitées
par le groupe avarié.
L'appareil, baptisé La Frégate, était un hydravion
CAMS 54 GR, dont nous avons donné la description
dans notre numéro Salon 1928, page 63. Il avait d'abord
été muni de deux moteurs Hispano-Suiza 500 CV démul-
tipliés, puis de deux Gnome-Rhône « Jupiter » 480 CV.
également démultipliés.
La mise au point du groupe avait été assez longue,
le moteur AR chauffant d'une manière anormale. Ce
fut peut-être une cause initiale de l'arrêt.
Courtney avait amené son hydravion Dornier-Wal à
Lisbonne, le 14 juin, pour tenter la traversée avec escale
aux Açores. Il arrivait à Horta le lendemain. Ce n'est
que le 1er août qu'il put décoller, après plusieurs
tentatives infructueuses, pour sa seconde étape. Les
conditions atmosphériques étaient bonnes. Le 2 août,
un message du vapeur Franconia, enregistré à 9 h. 52,
signalait Courtney en détresse à 500 milles des Açores.
Celui-ci fut recueilli par 42° de latitude nord et 39°5
de longitude ouest par le vapeur Minnewaska.
D'après certaines dépêches, l'appareil aurait pris feu
à 500 mètres et aurait pu amerrir pour attendre les
secours. L'appareil a été abandonné.
C'est de Cadix que Franco partit, le 1er août à 7 h. 35,
pour les Açores, première étape de son projet de tour
l'hydravion C.A.M.S. 54 G R muni de deux moteurs Gnome et Rhône Jupiter" 480 cv, démultipliés
Cet appareil, qu'utilisa le lieutenant de vaisseau Paris, pour sa tentative de traversée de l'Atlantique, a
les caractéristiques suivantes : envergure, 20 m. 400 ; longueur, 14 m. 840; surface, 113 m2; poids if vide,
3.940 kg. ; charge, 2.800 kg.; poids total, 6.740 kg. ; rayon d'action, 2.500 km.; vitesse au sol, 210 km./h. ;
montée à 2.000 m. en 14 min. ; plafond, 4.400 m.
Le vol horizontal avec un seul moteur, à 500 m. d'altitude, peut être réalisé avec un poids total
de 5.800 kg.
