Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1910-08-04
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32693410p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 04 août 1910 04 août 1910
Description : 1910/08/04 (A11,N31). 1910/08/04 (A11,N31).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
Description : Collection numérique : Thème : L'histoire partagée Collection numérique : Thème : L'histoire partagée
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6541055s
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 23/09/2013
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-LE NUMÉRO ; 28 cenijipaç
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Les Annales Coloniales
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JOURNAL HEBDOMADAIRE DES QUESTIONS EXTERIEURES
ENTENTE DANS TOUTES LES GARES
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Lire aujourd'hui
La Question Libérienne
par Edouard Nkron, Député de la Haute-Loire,
Secrétaire de la Chambre des Députés.
Informations Coloniales
La Pacification de la Côte d'Ivoire
par Henri COSNIER, Député de l'Indre.
La Sédition dans l'Inde
par J. LEMAIRE.
tes Colonies françaises à l'Exposition de Bruxelles
par Eugène GALLOIS, explorateur.
A. MADAGASCAR
L'Algérie à l'Exposition de Bruxelles
par P. Pahis.
; Lettre de Syrie, par René DELAPORTE.
Informations économiques
Compagnie des Messageries fluviales de CocMnchine
INFORMATIONS FINANCIÈRES
Mouvement Administratif
"-
LA QUESTION LIBÉRIENNE
Nous avons eu la satisfaction de voir,
au cours de ces dernières semaines, la
question libérienne prendre, dans la
presse et dans l'opinion, la place que
nous avons revendiquée pour elle à
deux reprises dans ce journal. Il faut es-
pérer que les pouvoirs publics finiront
par s'émouvoir et apporteront, tant
dans le règlement de cette question au
point de vue international, que dans les
écisions à prendre pour sauvegarder
les intérêts de nos colonies de la Guinée
et de la Côte d'Ivoire, un esprit essen-
tiellement pratique. -
Nous ne voulons pas, ici, revenir sur le
fond du débat. Nos grands confrères po-
litiques ou spéciaux se sont excellem-
ment chargés de mettre le public au
courant de nos droits et des prétentions
étrangères. Ces droits sont réels, incon-
testables, ces prétentions certaines. Nul
ne le nie, même dans les ministères in-
téressés, ce qui est bien un résultat.
Mais, pour que la France fasse ce qui
convient,il faut que l'administration s a-
gite et là réside la difficulté. Le minis-
tère des affaires étrangères et celui des
colonies sont en cause. Le premier qui
devrait réunir une sorte de conférence
et provoquer, après débat contradictoi-
re avec les délégués libériens, la signa-
ture d'un protocole établissant notre
frontière, n'est pas, à ce qu'on dit, satis-
fait des éléments d'appréciation fournis
par la mission Richaud. Nous n'affirme-
rons pas que ce motif est exact, mais
ce qui est vrai, c'est que le ministère en
question ne fait rien. Le protocole n'est
pas signé et nous ne sommes pas certains
que le dernier traité passé entre la Fran-
ce et le Libéria soit, sur ce point, ob-
servé.
« Les Colonies agissent moins encore.
Au cabinet du Ministre, la question libé-
rienne est considérée comme purement
administrative et relevant ainsi exclusi-
vement de la direction de l'Afrique. Il
y a là une première erreur, car la déli-
mitation et l'abornement ont, en l'es-
pèce, une incontestable répercussion po-
itique.
La direction de l'Afrique se rend bien
compte de l'ampleur du sujet, mais il
faut qu'elle soit mise en mouvement,
soit par un ordre du Ministre, soit par
une demande d'intervention du Gouver-
neur Général de l'Afrique Occidentale
Française. Or nous venons de dire, d'u-
ne part, que le Ministre regardait la
question comme étant d'ordre purement
administratif ; d'autre part, le Gouver-
neur Général ne peut pas être pressé de
soulever un débat. Il ne se rend pas un
compte exact ce qui est tout naturel
du mouvement d'opinion qui se pro-
duiten ce moment. Pour lui, la ques-
tion libérienne n'évolue guère, puis-
qu'elle se discute dans les chancelle-
ries et dans la grande presse. Son ini-
tiative n'est pas sollicitée par des événe-
ments locaux ou des incidents regretta-
bles.ll attend donc d'être saisi par son dé-
partement.
Ajoutons que, sans nul doute, les cré-
dits n'ont pas été prévus tant au budget
du ministère des colonies qn'au budget
du Gouvernement Général, en vue de
courir les frais d'une mission d'aborne-
ment.
Ainsi, faute d'entente entre les divers
organes de notre machine administrative
nous tergiversons. Pendant ce temps, les
Américains s'affirment et les Allemands
se disposent à tirer bon parti du litige.
Nous sommes tranquilles sur le compte
des Anglais, gens pratiques.
C'est un peu navrant de constater, en
une matière si simple, notre inaction.
Nous demandons au ministère des colo-
nies d'agir. Qu'il complète les résultats
de la mission Richaud en faisant procé-
der au plus tôt à un abornement cons-
ciencieux, opéré sans grands frais par
quelques hommes énergiques. Ce n'est
pas une œuvre magistrale, mais un tra-
vail modeste et pénible. Les frontières
bien établies,les affaires étrangères pour-
ront intervenir sur des bases sûres et sau-
vegarder nos droits. Il semble qu'il n'y
ait dans cette manière de procéder que de
la logique et aucune difficulté. Il n'est
cependant pas bien sûr qu'elle soit adop-
tée et c'est même, si l'on en croit certains
bruits évidemment excessifs, sur notre
indécision que comptent les Américains
pour atteindre leur but. Certes, ils au-
raienttort de ne pas la ranger parmi leurs
chances de succès.
Edouard NÉRON,
Député de la Haute-Loire.
---------- -.r" -
Informations Coloniales
M. Fourneau, l'éminent administrateur
en chef des colonies, qui a exercé depuis le
départ du Gouverneur Merwart les fonctions
de lieutenant gouverneur par interim de
VOubangui-Chari-Tchad, doit rentrer pro-
chainement en congé en France.
* *
M. Cureau, lieutenant-gouverneur des
colonies, qui durant l'absence de M. Merli n
a exercé l'intérim du gouvernement géné-
ral de l'Afrique Equatoriale rentre en congé
en France par le paquebot du 9 août pro-
chain.
♦ *
M. Levecque prépare un mémoire justi-
ficatif de son administration dans l'Inde
qui sera remis à M. Trouillot dès soit retour
du Jura. j
«
LA
PACIFICATION M COTE DME
La pacification de la Côte d'Ivoire se
poursuit heureusement. Les troupes que
dirige le lieutenant-colonel Lagarrue
s'acquittent à merveille de leur rude
tâche et le magnifique programme de
pénétration élaboré par le gouverneur
Angoulvant se réalise, conformément
aux prescriptions de M. Ponty, gouver-
neur général de l'Afrique Occidentale,
plus rapidement que ne l'espéraient les
plus optimistes.
Les Abbeys, depuis longtemps vain-
cus, rendent leurs armes lentement mais
sûrement. Un millier de fusils ont été
réunis, déjà, au poste d'Agboville. Il en
reste environ 1.500 à retirer, ils rentre-
ront peu à peu, suivant l'usage pratiqué
par les indigènes, qui, bien que décidés
à remplir cette condition de paix, ai-
ment à tergiverser et à traîner les choses
en longueur.
Les N'Gbans ont aujourd'hui le regret
de n'avoir pas écouté les conseils de pru-
dence qu'on ne leur a pas ménagés. Le
commandant Morel les a, de main de
maître, réduits à l'impuissance. Cet offi-
cier supérieur a enlevé avec décision le
difficile massif de l'Orumbo Bocca, fai-
sant prisonniers tous les chefs rebelles.
Depuis un mois, le commandant Mo-
ritz est entré en pays Agba. Il pacifiera
ensuite la tribu des Ouellés, et le
cercle du N'Zi-Comoé connaîtra alors la
même tranquillité que le cercle des La-
gunes.
Il est probable qu en septembre, nos
troupes reprendront les opérations qu'a-
près les plus brillants succès remportés
sur les Akoués, le commandant Noguès
avait dû interrompre dans la région du
Bandama, pour faire face à la rebellion
des Abbeys. Les Kodés de Salékro, les
Ayaous et les Yaourès, dont l'attitude
hostile ne s'est pas démentie depuis dix-
huit mois, après dix années de lutte meur-
trière pour nous, devront à leur tour se
soumettre et rendre leurs armes. Puis,
selon les vues de M. le Gouverneur géné-
ral Ponty, le cercle de Lahou sera pacifié.
Enfin, toutes les troupes régulières passe-
ront dans les cercles militaires du Haut-
Sassandra et du Haut Cavally, où elles
entreprendront une besogne de longue
haleine. Les quatre brigades indigènes
viendront tenir garnison dans les Lagu-
nes (Abidjan), le N'Zi-Comoé (Dimbokro
et le Baoulé, où elles rempliront leur rôle
normal de forces de police.
A ce propos, nous devons relever l'in-
formation erronée contenue dans la cor-
respondance d'un officier de la région de
Bouzi (pays Akoué, cercle de Baoulé-
Sud) publiée par l'excellente revue L'Ar-
mée coloniale »• D'après cet officier, il
serait nécessaire de laisser dans les cercles
pacifiés de nombreuses compagnies pour
parachever la tâche accomplie et, par sui-
te, le gouvernement de la Côte d'Ivoire
demanderait à nouveau du renfort pour
permettre la constitution d'une forte co-
lonne destinée à opérer dans le Haut-
Sassandra..
Il y a là une affirmation inexacte, sus-
ceptible d'induire le public en erreur et
qui montre combien il est dangereux de
porter des jugements d'ensemble lors-
qu'on est isolé dans l'intérieur d'une co-
lonie, c'est-à-dire hors d'état de juger les
évènements au-delà d'une sphère d'ac-
tion très limitée.
Tout d'abord, nous savons de source
sûre que ni le gouvernement général de
l'Afrique Occidentale ni le gouvernement
de la Côte d'Ivoire n'ont demandé de
nouvelles troupes, absolument inutiles.
D'autre part, il n'est pas question d'or-
ganiser une importante colonne. Quand
les troupes en auront terminé à l'est du
Bandama, elles iront occuper par moitié
le Haut Sassandra et le Haut Cavally,
ainsi qu'il est dit plus haut. Mais, jusque
là, le plan d'action fixé si judicieusement
par M. Ponty sera exécuté sans modifi-
cation. Chacun sait, du reste, avec quelle
autorité et quelle clairvoyance M. An-
goulvant en suit et en surveille la réali-
sation méthodique, conformément aux
ordres donnés par son chef, avec lequel il
est en parfait accord.
Enfin, de deux choses l'une : ou bien
le désarmement est opéré, et, dans ce
cas, il est difficile de s'expliquer quelle
serait l'utilité du maintien de nombreu-
ses compagnies après les opérations ; ou
bien ce désarmement n'est pas effectué
et les sacrifices actuels sont parfaitement
inutiles, puisqu'on retombe ainsi dans
l'erreur du passé.
Mais, nous pouvons assurer que la
reddition des armes est, comme l'a pres-
crit le gouverneur général, la condition
première de la soumission des tribus.
Nous savons aussi que les officiers ne
songent pas à se dérober à leur devoir
en laissant des armes aux indigènes. M.
Angoulvant, enfin, continue, avec la
même ténacité, à considérer le désarme-
ment comme une mesure d'intérêt pu-
blic et, pour compléter les dispositions
prises par M. Ponty à l'égard des colonies
de la Guinée et du Haut-Sénégal et Ni-
ger, pour combattre plus efficacement
la contrebande toujours possible, il vient
d'instituer un système de prime dont bé-
néficieront tous les indigènes qui auront
saisi ou fait saisir des fusils et de la pou-
dre introduits en fraude.
Il serait à souhaiter que l'on s'abstînt,
à l'heure présente, de toute information
inexacte sur la situation politique de la
Côte d'Ivoire, qui n'a jamais été aussi
bonne depuis la création de cette colo-
nie. Laissons aux esprits prévenus et à
ceux qui nient les faits les plus réels le
privilège peu enviable de continuer à
semer l'alarme. Bornons-nous à consta-
ter que la pacification fait d'énormes
progrès et qu'à la fin de l'année le com-
merce pourra opérer tout à son aise dans
toute la colonie, hormis le Haut-Sassan-
dra, le Haut-Cavally, et le pays Dida. En-
core cette dernière région sera-t-elle à la
veille d'être soumise à son tour. Ce sont
là des résultats qui feront bien vite ou-
blier les mauvaises heures dont nous
avons été redevables à la haine de
quelques Européens bien plus qu'à
l'hostilité des indigènes.
Henri COSNIER,
Député de l'Indre.
Légion d'honneur
Ministère des colonies
Officiers.
MM. Pascal, gouverneur de lre classe
des colonies.
Dllprat, directeur de l'Office colo-
nial.
Chevaliers.
MM. Le Barrier,sous-chef de bureau de
1re classe à l'administratiôn centrale du
ministère des colonies, chef du service
colonial à Nantes.
De Boyer do Sainte-Suzanne, cons eil-
ler à la cour d'appel de l'Indo-Chine.
Charlier, procureur de la République,
chef du service judiciaire dans les éta-
blissements français de l'Océanie.
Destenay, inspecteur des services pu-
blics de l'Indochine.
Homasset, administrateur de lre classe
des colonies.
Latapie, administrateur de 2e classe
des colonies.
Mathiot, avocat du ministère des co-
lonies, membre du comité consultatif
du contentieux au ministère des colo-
nies.
Bourdarie, publiciste, directeur de la
Revue indigène.
Sont nommés chevaliers au titre mili-
taire :
MM. Kair, inspecteur adjoint des colo-
nies.
Guillemet, médeein-major de 2ecl. des
troupes coloniales.
Salouet, surveillant principal des éta-
blissements pénitentiaires des colo-
nies.
Li SÉDITION DANS L'INDE
Le devoir des fonctionnaires.
Le 14 mars dernier, l'honorable Sir Ha-
rold Stuart, secrétaire au gouvernement
de l'Inde, département de l'intérieur,
exposait au Secrétaire général du gou-
vernement du Bengale tout un pro-
gramme d'action en vue d'apporter aux
causes des troubles et de la sédition qui
sévissent actuellement dans l'Inde an-
glaise les remèdes propres à les faire dis-
paraître.
A nous, dont les colonies sont, elles aus-
si, en proie à un réel malaise, sinon aux
mêmes agitations et aux mêmes dangers,
il doit n'être pas indifférent de connaître
comment les Anglais, qui sont à peu près
partout nos voisins, se rendent compte
des nécessités politiques et des devoirs
d'ad ministratioa et de justice qui s'impo-
sent à toute puissance coloniale soucieuse
d'acquérir ou de garder la confiance et
l'affoction des peuples qu'elle gouverne.
J. LEMAIRE.
« C'est un fait, reconnaît l'hoaiorable
secrétaire au gouvernement de Calcutta,
qu'il existe en beaucoup de régions de
l'Inde, à l'égard du gouvernement bri-
tannique, une véritable désaffection,
dont il importe de déterminer la nature
et l'étendue. Nulle part il n'y a de grou-
pement considérable imbu d'un tel es-
prit, qui reste, à de rares et négligeables
exceptions, limité aux classes intellec-
tuelles moyennes. Ce n'est pas non plus
une expression de révolte contre des ex-
cès de fiscalité ou des lois oppressives,
il affecte une certaine base économique
mais procède surtout d'un sentiment in-
tellectuel, sans grief matériel, bien que
les propagateurs de l'idée nationaliste
soient prompts à se saisir des moindres
circonstantes de cette nature pour l'a-
vancement de leur cause.
Il existe donc un parti, faible numéri-
quement, mais d'une influence considé-
rable et inspiré par de puissantes con-
victions et même un réel fanatisme. Ce
parti veut la fin de la domination britan-
nique. On peut le diviser en deux gran-
des classes : la première comprend les
partisans d'une autonomie acquise par
une politique de résistance passive et
d'ébranlement continu des bases du loya-
lisme, au moyen des attaques de presse,
de conférences, etc. Dans ce parti on
n'incline généralement pas à la violence,
bien qu'on sympathie, en secret, avec les
outrages, les assassinats, et qu'on ne soit
disposé à aider en rien à la suppression des
crimes politiques
Dans une seconde catégorie se rangent
ceux qui professent ou pratiquent les
méthodes de terrorisme dirigées non
seulement contre les fonctionnaires eu-
ropéens ou indous, mais encore contre
toutes personnes qui se mettent en avant
et prêtent assistance à la cause de la jus-
tice par des indications ou des témoi-
gnages. Les adeptes de cette classe sont,
pour la plupart, des adolescents encore
assis sur les bancs de l'école ou du collè-
ge, et des jeunes gens qui en sont à peine
sortis. Ces actifs révolutionnaires appa-
raissent surtbut dans le Bengale et à
Bombay. Leur impulsion a gagné les
provinces centrales, Bérar et le¡Pund-
jab ; on la sent même dans quelques Etats
natifs, mais elle n'a guère atteint les
Provinces-Unies, ni Madras, encore que
dans ces provinces plusieurs points dan-
gereux doivent être surveillés avec soin.
La Birmanie et la frontière Nord-Ouest
paraissent encore indemnes.
Les jeunes terroristes sont organisés
en sociétés, mais jusqu'à quel point
ces sociétés sont-elles rangées sous un
contrôle central, il n'est pas encore
possible de le préciser. Il semble bien que
ce contrôle existe, mais ce n'est encore
qu'une conjecture, en tout cas, cette au-
torité centrale ne parait pas exercer une
action directe sur les organisations loca-
les.
Le Gouvernement général estime que le
mouvement séditieux a surtout pour cau-
ses l'ignorance et les malentendus à propos
de la nature et des conséquences de
l'administration britannique dans l'Inde.
Il reconnaît que dans les rangs des ad-
versaires du gouvernement, il y a un fond
de haine implacable contre toute intrusion
étrangère, mais il apparaît aussi que la
plupart des avocats - du Nationalisme
ont été trompes par des arguments sans
raison et des récits imbus de préjugés.
Si ce diagnostic du mal est exact, il
s'ensuit que le remède doive se trouver
dans une étude plus approfondie et plus
attentive du problème, considéré dans tou-
tes les branches de l'administration. Cer-
tains officiers s'imaginent que leur tâche
est remplie quand ils ont lu leur corres-
pondance, jugé leurs procès, ou terminé
leur inspection. C'est là, certes, une par-
tie importante, mais non la seule, et
; souvent pas la plus importante de leur
[ tâche. Les circonstances actuelles exi-
Les Colonies françaises
à l'Exposition de Bruxelles
Une nouvelle occasion s'offrait à la
France de faire voir au monde qu'elle
était une grande puissance coloniale;
elle en a profité et l'a fièrement montré
àla foire mondiale qui se tient en ce mo-
ment à Bruxelles.
Notre pays figure, en effet, au premier
rang parmi les nations conviées à cette
sorte de tournoi, puisqu'il occupe la plus
vaste surface avec ses quatre-vingt et
quelques milliers de mètres carrés, alors
que r Angleterre et l'Allemagne n'en cou-
vrent pas autant à elles deux ; mais la
France, qui plus est, se place bonne pre-
mière au point de vue colonial.
Un spacieux emplacement lui a été ré.
servé presque au centre de l'Exposition et
là s'est constitué un ensemble imposant
de constructions. En un groupement pit-
toresque se dressent des palais d'impor-
tance et d'aspect divers où chaque grand
gouvernement colonial s'est installé sé-
parément, alors qu'un édifice commun,
aorte d7 « omnibus » colonial, abrite les
Petites Colonies auxquelles des ressour-
ces plus modestes ne pouvaient leur per-
mettre le luxe "de s'offrir une résidence
personnelle.
Ainsi sont donc représentées : 1 Indo-
Chine, cette « France d'Asie » comme
nous l'avons surnommée nous-même (1),
fAfrique Occidentale, la grande île de
Madagascar, qui avec les annexes de-
viendra bientôt l'Afrique Orientale, l'Al-
gérie et la Tunisie. Pais, se sont grou-
pées les autres parcelles de notre Empire
Colonial, la Nouvelle-Calédonie, les Iles
du Pacifique (Etablissements français de
rOeéanie), la Réunion, la Guyane, la Mar-
tinique, la Guadeloupe, l'Inde française.
Il est cependant regrettable que certainès
n'aient pas cru devoir se manifester da-
vantage; elles ont, sans doute, considéré
la ohose comme sans intérêt, ou comme
trop onéreuse pour leur modeste bud-
get, à moins que oe ne soit par négli-
lence. 8. Enfin, il en est qui auraient pu
et auraient dû figurer, ne fût-ce que pour
mémoire, et pur patriotisme, on pourrait
ajouter. C'était aussi une excellente oc-
casion d'affirmer certains droits acquis;
aussi nous aurions voulu voir mention-
ner Cheik-Saïd et l'îlot de Clipperton.
Pourquoi aussi des initiatives privées
n'ont-elles pas cru devoir seconder l'Ad-
ministration. Les grandes Sociétés con-
doute considéré la
golaises ont sans doute considéré la
chose comme sans intérêt, et il en va de
même pour les concessionnaires de no-
tre archipel des Kerguelen. Ce sont là
de simples réflexions que nous suggère
notre foi coloniale et notre légitime am-
bition de travailler pour la plus grande
France.
Et maintenant jetons un rapide coup
d'oeil à chacun de ces palais qui, au de-
meurant, font, comme on dit, bonne
ficrure.
--0 -- -
Représentant la première de nos Colo-
nies : l'Indo-Chine, le palais original qui
la figure se remarque par son architec-
ture. Avec ses toits aux angles relevés,
ses vibrantes colorations, où le rouge
domine, ses ornements dorés, il évoque
le souvenir de ces riches temples ou pago-
des d'Extrême-Orient. Au surplus il rap
pelle ses frères ainés déjà vus aux Ex-
positions antérieures. Nous n'énumére-
Tons pas, naturellement, les documents
de toutes sortes que l'on a réunis là, pas
Dius que nous ne citerons les échantillons
des produits divers étalés là pour prou-
ver la richesse de notre domaine asiati-
que, car ce n'est pas dans un modeste
article que nous pouvons songer à es-
quisser seulement pareil inventaire, pas
plus que nous ne penserons à formuler
quelque critique, notre but étant sim-
plement de donner une idée fort som-
maire de cette manifestation coloniale
française.
Cependant nous nous permettrons
d'exprimer le regret qu'on n'ait pas mieux
su mettre à proiit cette occasion
pour faire une magistrale réclame aux
merveilleuses ruines d'Angkor, deve-
nues françaises depuis le dernier traité
avec le Siam, notre voisin. Ces vestiges
d'un brillant passé, de la grande époque
Khralre, sont, en effet, les plus belles et
imposantes ruines du monde ; et si nous
insistons, c'est que nous nous croyons
autorisés à le faire, étant un des rares
voyageurs, archéologue et artiste, qui
non seulement les ait contemplées et
étudiées, mais qui aient pu les comparer
avec d'autres monuments réputés les plus
beaux, les plus grands et les plus cu-
rieux, parmi ceux existant à la surface
de notre globe. Non seulement, en effet,
on les a rendus accessibles, ces temples
d'Angkor Wat et d'Angkor Tom, mais on
les a dégagés et un peu aménagés. Qui
plus est, on a même installé à proximité
un modeste hôtel pour inciter les touris-
tes, et parmi ceux qui ont le plus contri-
bué à mettre les merveilles d'Angkor en
évidence, il convient de citer un vaillant
soldat, doublé d'un archéologue juste-
ment apprécié, l'infortuné général de
Beylié qui vient de trouver une fin si pré-
maturée et si tragique dans les rapides
de ce Mékong le grand lfeuve indochi-
nois. Tout récemment encore il venait de
faire exécuter une importante série de
photographies des innombrables bas-re-
liefs qui revêtent les murs des immenses
galeries du grand temple, procédé de dé-
coration évoquant le souvenir de l'E-
gypte et des Egyptiens. --
Un bâtiment d aspect bizarre, parais-
sant édifié en pisé, ou imitant du moins
ce mode rudimentaire de construction,
rappelle quelque fruste palais soudanais
avec ses murs crénelés et sa massive
tour carrée ; c'est l'œuvre du Gouverne-
ment de l'Afrique Occidentale.
A l'intérieur, les murs sont garnis de
cartes instructives, de vues photographia
ques, de vitrines renfermant des produits
locaux ou des marchandises susceptibles
de satisfaire les besoins indigènes qui
augmentent au fur et à mesure que se
développe la civilisation. Dans la partie
haute, court une frise due aux pinceaux
d'artistes coloniaux, et où sont figurées
des scènes de la vie indigène. Des plans
en relief intéressent également et retien-
nent grands et petits, car c'est, on pour-
rait dire, le « joujou » instructif, plus
suggestif que l'image elle-même. C'est
une véritable leçon de choses, placée à la
portée du public. Les aspects variés du
pays le frappent, comme les manifesta-
tions de la vie indigène l'étonnent.
En ce qui concerne la grande !le de
Madagascar il semble qu'on lui ait mar-
chandé l'espace, ou plutôt @ il paraît que
son ancien Gouverneur général,le dépu-
té M. Augagneur, s'en est fort désinté-
ressé. Cela, du reste, ne doit pas être
fait pour surprendre, personne n'igno-
rant que le satrape malgache avait d autres
« chiens à fouetter» que de s'occuper de
la colonie dont les intérêts lui avaient
été si imprudemment cenfiés. Il ne se
considérait là-bas que comme de pas-
sage ; il trouvait la place bien modeste
pour sa haute personnalité ; puis il son-
geait à soigner sa candidature législa-
tive, car il a des ambitions, le docteur
député socialiste ; il se croit appelé aux
plus hautes destinées. ; n'avait-il pas
demandé, faute de mieux, l'annexion à
son Gouvernement général des Comores,
ce qu'il a obtenu, et de ila Réunion, ce
qui a, on s'en souvient, provoqué un toile
général dans la vieille colonie de l'Océ-
an Indien ; pourquoi n'y aurait-il pas fait
adjoindre les Kerguelen,voire même Dji-
bouti, pour permettre la constitution
du Gouvernement général de l'Afrique
Orientale française 1
, Oui, à notre avis, l'exposition de Ma-
dagascar, confinée en un modeste pavil-
lon, aurait pu avoir plus d'importance ;
c'était pour cette colonie, dénigrée à tort,
une belle occasion de se réhabiliter aux
yeux de ceux qui l'ignorent. Elle peut
faire parade de ses richesses minières ;
ses mines d'or existent, bien, ainsi que
ses carrières de pierres précieuses, il
n'est pas jusqu'à ses gisements houil-
liers et pétrolifères qui ne demandent
qu'à être mis en valeur. L'exploitation
du caoutchouc n'est pas non plus quan-
tité négligeable ; les forêts recèlent des
bois qu'on n'a pour ainsi dire pas encore
exploités. L'élevage a pris une forme
nouvelle par l'expédition sur nos mar-
chés du bétail sur pied. La charcuterie
malgache peut prendre de l'extension, et
on pourrait en dire autant pour plus
d'une branche de l'agriculture à Mada-
gascar. Il n'est pas jusqu'à des industries
locales, plutôt négligées jusqu'à ce jour,
qui seraient susceptibles d'être encoura-
gées ; telle est l'industrie dentellière et
celle surtout de la fabrication des cha-
peaux de paille, qui semble progresser,
rapidement. Ce sont là toutes choses
qu'on aurait pu mettre en éHidence., soit
dit sans offenser l'amour-propre de ceux
à qui est incombée la tâche d.e présenter
la colonie. On aurait dû multiplier les
vues, demander le concours de bonnes
-volontés, et il n'en manque pas, qu'ea
permette de l'affirmer à un apôtre de la.
vulgarisation coloniale (1).
Nos vieilles colonies de l'Afrique du
Nord ont chacune leur pavillon distinct.
C'est l'Algérie, c'est la Tunisie.
La première,comme la seco nd:e,au. res-
te, se signale par son archite eture mau-
resque, ses coupoles, son minaret. C'est
la répétition évidemment de ce qu'on a
vu dans les expositions an térieures ;
mais pourrait-il en être autrei ment r Un
tout cas ces ex.hibit.ions ont toujours du
succès auprès du grand public.
Ce serait .évidemment une réédition
que de remémorer ce que renferment ces
pavillons : produits locaux, v ues photo-
graphiques, tableaux d'aride mais ins-
tructive statistique, et cependant l'exhi-
bition de petites industrie:) indigènes
fait toujours bca effet et captive fatten-
tion des visiteurs, intéressant les. igno-
rants par la nouveauté du sp,ectacle,evo-
quant le souvenir du voyag e chez cer-
tains touristes. Certains se- plaindront
des « camelots » que l'on ren.contre fata-
lement dans les expositions. * mais c'est
la chose inévitable et, qui plus est, c'est
même un mal pour un bieo,, car ces sor-
tes de commerçants aident à meuMer et
à animer une Exposition. -. -..
Nous aurions vu,avec plaàsir, faireplus
usage des dioramas et des panoramas;
mais, à leur défaut, nous applaudissons
aux séances gratuites de projections, sa-
chant, par notre propre expérience, en
de multiples conférences., tout le parti
qu'on peut tirer de ces images commen-
tées, qui frappent l'imagi nation du spec-
tateur doublé d'un audit eur. Point n'est
(1) France d" Asie (Un Français en Indo-Chi-
ne) ; par M. Eugène Gallois chargé dejnission.
I
besoin d'ajouter que le cinématographe
est un précieux collaborateur en l'es-
pèce.
Peut-être encore eût-il été intéressant
de faire entrevoir, discrètement, l'exten-
sion vers l'Ouest de nos possessions du
Nord-Africain. L'évocation des régions
des Beni-Snassen, du Guir et du Haut-
Guir, eût réchauffé l'opinion publique et
aidé au maintien, moral tout au moins,
de nos droits.
En tout cas il faut reconnaître que nos
Gouvernements coloniaux sont bien re*
présentés par des hommes de carrière,
comme M. l'administrateur Lemaire, et
M. François, l'éminent Délégué du Gou-
verneur de l'Afrique Occidentale, pour
ne citer que les principaux de ces fonc-
tionnaires dévoués à la cause coloniale.
La garde des Pavillons est confiée à
des représentants de nos braves troupes
indigènes, tirailleurs et spahis sénéga-
lais, en particuliers, beaux types d'hom-
mes de la race noire portant fièrement
leur uniforme plus ou moins constellé
de décorations et qui font l'admiration
de plus d'un visiteur et surtout de plus
d'une visiteuse!.
Comme on le voit par ce simple coup
-d'oeil, c'est encore là une belle manifes-
tation de l'activité française, quoi qu'on
-en dise, et nous sommes heureux, pour
notre, part de la signaler. Au surplus
nous n'avons pas été seul à pouvoir nous
en tendre ccmpte,car une délégation offi-
cielle de la Sociélé de Géographie com-
merciale, ayant à sa tête sou dévoué et
sympathique secrétaire général, M. Paul
Labbé, a été reçue parMM. les Délégués
et sous leur aimablé conduite a procédé
à la visite des divers pavillons, en em-
portant un agréable et instructif souve-
nir.
Eugène GALLOIS,
Explorateur. «S -
*
-.
*
-LE NUMÉRO ; 28 cenijipaç
4 A0UT|1910
imr a
Les Annales Coloniales
e Wi 1 W
JOURNAL HEBDOMADAIRE DES QUESTIONS EXTERIEURES
ENTENTE DANS TOUTES LES GARES
PARAISSANT LE JEUD.
Adresser les communications au Secrétaire de la Rédaction.
Les Annonces et Réclames sont reçues aux Bureaux du Journal,
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LES MANUSCRITS 3STOIT. IITS-FS^ÉS 3STE SONT PAS RENDUS
La Tribune libre des Annales Coloniales est ouverte à toutes. les opinions
Un an ; 6 mois
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onnemen 4 s j ETRANGER. ET COLONIES. 25 » 12 fr, S0
: On s'abonne sans frais dans tons les Bureaux de Poste
Lire aujourd'hui
La Question Libérienne
par Edouard Nkron, Député de la Haute-Loire,
Secrétaire de la Chambre des Députés.
Informations Coloniales
La Pacification de la Côte d'Ivoire
par Henri COSNIER, Député de l'Indre.
La Sédition dans l'Inde
par J. LEMAIRE.
tes Colonies françaises à l'Exposition de Bruxelles
par Eugène GALLOIS, explorateur.
A. MADAGASCAR
L'Algérie à l'Exposition de Bruxelles
par P. Pahis.
; Lettre de Syrie, par René DELAPORTE.
Informations économiques
Compagnie des Messageries fluviales de CocMnchine
INFORMATIONS FINANCIÈRES
Mouvement Administratif
"-
LA QUESTION LIBÉRIENNE
Nous avons eu la satisfaction de voir,
au cours de ces dernières semaines, la
question libérienne prendre, dans la
presse et dans l'opinion, la place que
nous avons revendiquée pour elle à
deux reprises dans ce journal. Il faut es-
pérer que les pouvoirs publics finiront
par s'émouvoir et apporteront, tant
dans le règlement de cette question au
point de vue international, que dans les
écisions à prendre pour sauvegarder
les intérêts de nos colonies de la Guinée
et de la Côte d'Ivoire, un esprit essen-
tiellement pratique. -
Nous ne voulons pas, ici, revenir sur le
fond du débat. Nos grands confrères po-
litiques ou spéciaux se sont excellem-
ment chargés de mettre le public au
courant de nos droits et des prétentions
étrangères. Ces droits sont réels, incon-
testables, ces prétentions certaines. Nul
ne le nie, même dans les ministères in-
téressés, ce qui est bien un résultat.
Mais, pour que la France fasse ce qui
convient,il faut que l'administration s a-
gite et là réside la difficulté. Le minis-
tère des affaires étrangères et celui des
colonies sont en cause. Le premier qui
devrait réunir une sorte de conférence
et provoquer, après débat contradictoi-
re avec les délégués libériens, la signa-
ture d'un protocole établissant notre
frontière, n'est pas, à ce qu'on dit, satis-
fait des éléments d'appréciation fournis
par la mission Richaud. Nous n'affirme-
rons pas que ce motif est exact, mais
ce qui est vrai, c'est que le ministère en
question ne fait rien. Le protocole n'est
pas signé et nous ne sommes pas certains
que le dernier traité passé entre la Fran-
ce et le Libéria soit, sur ce point, ob-
servé.
« Les Colonies agissent moins encore.
Au cabinet du Ministre, la question libé-
rienne est considérée comme purement
administrative et relevant ainsi exclusi-
vement de la direction de l'Afrique. Il
y a là une première erreur, car la déli-
mitation et l'abornement ont, en l'es-
pèce, une incontestable répercussion po-
itique.
La direction de l'Afrique se rend bien
compte de l'ampleur du sujet, mais il
faut qu'elle soit mise en mouvement,
soit par un ordre du Ministre, soit par
une demande d'intervention du Gouver-
neur Général de l'Afrique Occidentale
Française. Or nous venons de dire, d'u-
ne part, que le Ministre regardait la
question comme étant d'ordre purement
administratif ; d'autre part, le Gouver-
neur Général ne peut pas être pressé de
soulever un débat. Il ne se rend pas un
compte exact ce qui est tout naturel
du mouvement d'opinion qui se pro-
duiten ce moment. Pour lui, la ques-
tion libérienne n'évolue guère, puis-
qu'elle se discute dans les chancelle-
ries et dans la grande presse. Son ini-
tiative n'est pas sollicitée par des événe-
ments locaux ou des incidents regretta-
bles.ll attend donc d'être saisi par son dé-
partement.
Ajoutons que, sans nul doute, les cré-
dits n'ont pas été prévus tant au budget
du ministère des colonies qn'au budget
du Gouvernement Général, en vue de
courir les frais d'une mission d'aborne-
ment.
Ainsi, faute d'entente entre les divers
organes de notre machine administrative
nous tergiversons. Pendant ce temps, les
Américains s'affirment et les Allemands
se disposent à tirer bon parti du litige.
Nous sommes tranquilles sur le compte
des Anglais, gens pratiques.
C'est un peu navrant de constater, en
une matière si simple, notre inaction.
Nous demandons au ministère des colo-
nies d'agir. Qu'il complète les résultats
de la mission Richaud en faisant procé-
der au plus tôt à un abornement cons-
ciencieux, opéré sans grands frais par
quelques hommes énergiques. Ce n'est
pas une œuvre magistrale, mais un tra-
vail modeste et pénible. Les frontières
bien établies,les affaires étrangères pour-
ront intervenir sur des bases sûres et sau-
vegarder nos droits. Il semble qu'il n'y
ait dans cette manière de procéder que de
la logique et aucune difficulté. Il n'est
cependant pas bien sûr qu'elle soit adop-
tée et c'est même, si l'on en croit certains
bruits évidemment excessifs, sur notre
indécision que comptent les Américains
pour atteindre leur but. Certes, ils au-
raienttort de ne pas la ranger parmi leurs
chances de succès.
Edouard NÉRON,
Député de la Haute-Loire.
---------- -.r" -
Informations Coloniales
M. Fourneau, l'éminent administrateur
en chef des colonies, qui a exercé depuis le
départ du Gouverneur Merwart les fonctions
de lieutenant gouverneur par interim de
VOubangui-Chari-Tchad, doit rentrer pro-
chainement en congé en France.
* *
M. Cureau, lieutenant-gouverneur des
colonies, qui durant l'absence de M. Merli n
a exercé l'intérim du gouvernement géné-
ral de l'Afrique Equatoriale rentre en congé
en France par le paquebot du 9 août pro-
chain.
♦ *
M. Levecque prépare un mémoire justi-
ficatif de son administration dans l'Inde
qui sera remis à M. Trouillot dès soit retour
du Jura. j
«
LA
PACIFICATION M COTE DME
La pacification de la Côte d'Ivoire se
poursuit heureusement. Les troupes que
dirige le lieutenant-colonel Lagarrue
s'acquittent à merveille de leur rude
tâche et le magnifique programme de
pénétration élaboré par le gouverneur
Angoulvant se réalise, conformément
aux prescriptions de M. Ponty, gouver-
neur général de l'Afrique Occidentale,
plus rapidement que ne l'espéraient les
plus optimistes.
Les Abbeys, depuis longtemps vain-
cus, rendent leurs armes lentement mais
sûrement. Un millier de fusils ont été
réunis, déjà, au poste d'Agboville. Il en
reste environ 1.500 à retirer, ils rentre-
ront peu à peu, suivant l'usage pratiqué
par les indigènes, qui, bien que décidés
à remplir cette condition de paix, ai-
ment à tergiverser et à traîner les choses
en longueur.
Les N'Gbans ont aujourd'hui le regret
de n'avoir pas écouté les conseils de pru-
dence qu'on ne leur a pas ménagés. Le
commandant Morel les a, de main de
maître, réduits à l'impuissance. Cet offi-
cier supérieur a enlevé avec décision le
difficile massif de l'Orumbo Bocca, fai-
sant prisonniers tous les chefs rebelles.
Depuis un mois, le commandant Mo-
ritz est entré en pays Agba. Il pacifiera
ensuite la tribu des Ouellés, et le
cercle du N'Zi-Comoé connaîtra alors la
même tranquillité que le cercle des La-
gunes.
Il est probable qu en septembre, nos
troupes reprendront les opérations qu'a-
près les plus brillants succès remportés
sur les Akoués, le commandant Noguès
avait dû interrompre dans la région du
Bandama, pour faire face à la rebellion
des Abbeys. Les Kodés de Salékro, les
Ayaous et les Yaourès, dont l'attitude
hostile ne s'est pas démentie depuis dix-
huit mois, après dix années de lutte meur-
trière pour nous, devront à leur tour se
soumettre et rendre leurs armes. Puis,
selon les vues de M. le Gouverneur géné-
ral Ponty, le cercle de Lahou sera pacifié.
Enfin, toutes les troupes régulières passe-
ront dans les cercles militaires du Haut-
Sassandra et du Haut Cavally, où elles
entreprendront une besogne de longue
haleine. Les quatre brigades indigènes
viendront tenir garnison dans les Lagu-
nes (Abidjan), le N'Zi-Comoé (Dimbokro
et le Baoulé, où elles rempliront leur rôle
normal de forces de police.
A ce propos, nous devons relever l'in-
formation erronée contenue dans la cor-
respondance d'un officier de la région de
Bouzi (pays Akoué, cercle de Baoulé-
Sud) publiée par l'excellente revue L'Ar-
mée coloniale »• D'après cet officier, il
serait nécessaire de laisser dans les cercles
pacifiés de nombreuses compagnies pour
parachever la tâche accomplie et, par sui-
te, le gouvernement de la Côte d'Ivoire
demanderait à nouveau du renfort pour
permettre la constitution d'une forte co-
lonne destinée à opérer dans le Haut-
Sassandra..
Il y a là une affirmation inexacte, sus-
ceptible d'induire le public en erreur et
qui montre combien il est dangereux de
porter des jugements d'ensemble lors-
qu'on est isolé dans l'intérieur d'une co-
lonie, c'est-à-dire hors d'état de juger les
évènements au-delà d'une sphère d'ac-
tion très limitée.
Tout d'abord, nous savons de source
sûre que ni le gouvernement général de
l'Afrique Occidentale ni le gouvernement
de la Côte d'Ivoire n'ont demandé de
nouvelles troupes, absolument inutiles.
D'autre part, il n'est pas question d'or-
ganiser une importante colonne. Quand
les troupes en auront terminé à l'est du
Bandama, elles iront occuper par moitié
le Haut Sassandra et le Haut Cavally,
ainsi qu'il est dit plus haut. Mais, jusque
là, le plan d'action fixé si judicieusement
par M. Ponty sera exécuté sans modifi-
cation. Chacun sait, du reste, avec quelle
autorité et quelle clairvoyance M. An-
goulvant en suit et en surveille la réali-
sation méthodique, conformément aux
ordres donnés par son chef, avec lequel il
est en parfait accord.
Enfin, de deux choses l'une : ou bien
le désarmement est opéré, et, dans ce
cas, il est difficile de s'expliquer quelle
serait l'utilité du maintien de nombreu-
ses compagnies après les opérations ; ou
bien ce désarmement n'est pas effectué
et les sacrifices actuels sont parfaitement
inutiles, puisqu'on retombe ainsi dans
l'erreur du passé.
Mais, nous pouvons assurer que la
reddition des armes est, comme l'a pres-
crit le gouverneur général, la condition
première de la soumission des tribus.
Nous savons aussi que les officiers ne
songent pas à se dérober à leur devoir
en laissant des armes aux indigènes. M.
Angoulvant, enfin, continue, avec la
même ténacité, à considérer le désarme-
ment comme une mesure d'intérêt pu-
blic et, pour compléter les dispositions
prises par M. Ponty à l'égard des colonies
de la Guinée et du Haut-Sénégal et Ni-
ger, pour combattre plus efficacement
la contrebande toujours possible, il vient
d'instituer un système de prime dont bé-
néficieront tous les indigènes qui auront
saisi ou fait saisir des fusils et de la pou-
dre introduits en fraude.
Il serait à souhaiter que l'on s'abstînt,
à l'heure présente, de toute information
inexacte sur la situation politique de la
Côte d'Ivoire, qui n'a jamais été aussi
bonne depuis la création de cette colo-
nie. Laissons aux esprits prévenus et à
ceux qui nient les faits les plus réels le
privilège peu enviable de continuer à
semer l'alarme. Bornons-nous à consta-
ter que la pacification fait d'énormes
progrès et qu'à la fin de l'année le com-
merce pourra opérer tout à son aise dans
toute la colonie, hormis le Haut-Sassan-
dra, le Haut-Cavally, et le pays Dida. En-
core cette dernière région sera-t-elle à la
veille d'être soumise à son tour. Ce sont
là des résultats qui feront bien vite ou-
blier les mauvaises heures dont nous
avons été redevables à la haine de
quelques Européens bien plus qu'à
l'hostilité des indigènes.
Henri COSNIER,
Député de l'Indre.
Légion d'honneur
Ministère des colonies
Officiers.
MM. Pascal, gouverneur de lre classe
des colonies.
Dllprat, directeur de l'Office colo-
nial.
Chevaliers.
MM. Le Barrier,sous-chef de bureau de
1re classe à l'administratiôn centrale du
ministère des colonies, chef du service
colonial à Nantes.
De Boyer do Sainte-Suzanne, cons eil-
ler à la cour d'appel de l'Indo-Chine.
Charlier, procureur de la République,
chef du service judiciaire dans les éta-
blissements français de l'Océanie.
Destenay, inspecteur des services pu-
blics de l'Indochine.
Homasset, administrateur de lre classe
des colonies.
Latapie, administrateur de 2e classe
des colonies.
Mathiot, avocat du ministère des co-
lonies, membre du comité consultatif
du contentieux au ministère des colo-
nies.
Bourdarie, publiciste, directeur de la
Revue indigène.
Sont nommés chevaliers au titre mili-
taire :
MM. Kair, inspecteur adjoint des colo-
nies.
Guillemet, médeein-major de 2ecl. des
troupes coloniales.
Salouet, surveillant principal des éta-
blissements pénitentiaires des colo-
nies.
Li SÉDITION DANS L'INDE
Le devoir des fonctionnaires.
Le 14 mars dernier, l'honorable Sir Ha-
rold Stuart, secrétaire au gouvernement
de l'Inde, département de l'intérieur,
exposait au Secrétaire général du gou-
vernement du Bengale tout un pro-
gramme d'action en vue d'apporter aux
causes des troubles et de la sédition qui
sévissent actuellement dans l'Inde an-
glaise les remèdes propres à les faire dis-
paraître.
A nous, dont les colonies sont, elles aus-
si, en proie à un réel malaise, sinon aux
mêmes agitations et aux mêmes dangers,
il doit n'être pas indifférent de connaître
comment les Anglais, qui sont à peu près
partout nos voisins, se rendent compte
des nécessités politiques et des devoirs
d'ad ministratioa et de justice qui s'impo-
sent à toute puissance coloniale soucieuse
d'acquérir ou de garder la confiance et
l'affoction des peuples qu'elle gouverne.
J. LEMAIRE.
« C'est un fait, reconnaît l'hoaiorable
secrétaire au gouvernement de Calcutta,
qu'il existe en beaucoup de régions de
l'Inde, à l'égard du gouvernement bri-
tannique, une véritable désaffection,
dont il importe de déterminer la nature
et l'étendue. Nulle part il n'y a de grou-
pement considérable imbu d'un tel es-
prit, qui reste, à de rares et négligeables
exceptions, limité aux classes intellec-
tuelles moyennes. Ce n'est pas non plus
une expression de révolte contre des ex-
cès de fiscalité ou des lois oppressives,
il affecte une certaine base économique
mais procède surtout d'un sentiment in-
tellectuel, sans grief matériel, bien que
les propagateurs de l'idée nationaliste
soient prompts à se saisir des moindres
circonstantes de cette nature pour l'a-
vancement de leur cause.
Il existe donc un parti, faible numéri-
quement, mais d'une influence considé-
rable et inspiré par de puissantes con-
victions et même un réel fanatisme. Ce
parti veut la fin de la domination britan-
nique. On peut le diviser en deux gran-
des classes : la première comprend les
partisans d'une autonomie acquise par
une politique de résistance passive et
d'ébranlement continu des bases du loya-
lisme, au moyen des attaques de presse,
de conférences, etc. Dans ce parti on
n'incline généralement pas à la violence,
bien qu'on sympathie, en secret, avec les
outrages, les assassinats, et qu'on ne soit
disposé à aider en rien à la suppression des
crimes politiques
Dans une seconde catégorie se rangent
ceux qui professent ou pratiquent les
méthodes de terrorisme dirigées non
seulement contre les fonctionnaires eu-
ropéens ou indous, mais encore contre
toutes personnes qui se mettent en avant
et prêtent assistance à la cause de la jus-
tice par des indications ou des témoi-
gnages. Les adeptes de cette classe sont,
pour la plupart, des adolescents encore
assis sur les bancs de l'école ou du collè-
ge, et des jeunes gens qui en sont à peine
sortis. Ces actifs révolutionnaires appa-
raissent surtbut dans le Bengale et à
Bombay. Leur impulsion a gagné les
provinces centrales, Bérar et le¡Pund-
jab ; on la sent même dans quelques Etats
natifs, mais elle n'a guère atteint les
Provinces-Unies, ni Madras, encore que
dans ces provinces plusieurs points dan-
gereux doivent être surveillés avec soin.
La Birmanie et la frontière Nord-Ouest
paraissent encore indemnes.
Les jeunes terroristes sont organisés
en sociétés, mais jusqu'à quel point
ces sociétés sont-elles rangées sous un
contrôle central, il n'est pas encore
possible de le préciser. Il semble bien que
ce contrôle existe, mais ce n'est encore
qu'une conjecture, en tout cas, cette au-
torité centrale ne parait pas exercer une
action directe sur les organisations loca-
les.
Le Gouvernement général estime que le
mouvement séditieux a surtout pour cau-
ses l'ignorance et les malentendus à propos
de la nature et des conséquences de
l'administration britannique dans l'Inde.
Il reconnaît que dans les rangs des ad-
versaires du gouvernement, il y a un fond
de haine implacable contre toute intrusion
étrangère, mais il apparaît aussi que la
plupart des avocats - du Nationalisme
ont été trompes par des arguments sans
raison et des récits imbus de préjugés.
Si ce diagnostic du mal est exact, il
s'ensuit que le remède doive se trouver
dans une étude plus approfondie et plus
attentive du problème, considéré dans tou-
tes les branches de l'administration. Cer-
tains officiers s'imaginent que leur tâche
est remplie quand ils ont lu leur corres-
pondance, jugé leurs procès, ou terminé
leur inspection. C'est là, certes, une par-
tie importante, mais non la seule, et
; souvent pas la plus importante de leur
[ tâche. Les circonstances actuelles exi-
Les Colonies françaises
à l'Exposition de Bruxelles
Une nouvelle occasion s'offrait à la
France de faire voir au monde qu'elle
était une grande puissance coloniale;
elle en a profité et l'a fièrement montré
àla foire mondiale qui se tient en ce mo-
ment à Bruxelles.
Notre pays figure, en effet, au premier
rang parmi les nations conviées à cette
sorte de tournoi, puisqu'il occupe la plus
vaste surface avec ses quatre-vingt et
quelques milliers de mètres carrés, alors
que r Angleterre et l'Allemagne n'en cou-
vrent pas autant à elles deux ; mais la
France, qui plus est, se place bonne pre-
mière au point de vue colonial.
Un spacieux emplacement lui a été ré.
servé presque au centre de l'Exposition et
là s'est constitué un ensemble imposant
de constructions. En un groupement pit-
toresque se dressent des palais d'impor-
tance et d'aspect divers où chaque grand
gouvernement colonial s'est installé sé-
parément, alors qu'un édifice commun,
aorte d7 « omnibus » colonial, abrite les
Petites Colonies auxquelles des ressour-
ces plus modestes ne pouvaient leur per-
mettre le luxe "de s'offrir une résidence
personnelle.
Ainsi sont donc représentées : 1 Indo-
Chine, cette « France d'Asie » comme
nous l'avons surnommée nous-même (1),
fAfrique Occidentale, la grande île de
Madagascar, qui avec les annexes de-
viendra bientôt l'Afrique Orientale, l'Al-
gérie et la Tunisie. Pais, se sont grou-
pées les autres parcelles de notre Empire
Colonial, la Nouvelle-Calédonie, les Iles
du Pacifique (Etablissements français de
rOeéanie), la Réunion, la Guyane, la Mar-
tinique, la Guadeloupe, l'Inde française.
Il est cependant regrettable que certainès
n'aient pas cru devoir se manifester da-
vantage; elles ont, sans doute, considéré
la ohose comme sans intérêt, ou comme
trop onéreuse pour leur modeste bud-
get, à moins que oe ne soit par négli-
lence. 8. Enfin, il en est qui auraient pu
et auraient dû figurer, ne fût-ce que pour
mémoire, et pur patriotisme, on pourrait
ajouter. C'était aussi une excellente oc-
casion d'affirmer certains droits acquis;
aussi nous aurions voulu voir mention-
ner Cheik-Saïd et l'îlot de Clipperton.
Pourquoi aussi des initiatives privées
n'ont-elles pas cru devoir seconder l'Ad-
ministration. Les grandes Sociétés con-
doute considéré la
golaises ont sans doute considéré la
chose comme sans intérêt, et il en va de
même pour les concessionnaires de no-
tre archipel des Kerguelen. Ce sont là
de simples réflexions que nous suggère
notre foi coloniale et notre légitime am-
bition de travailler pour la plus grande
France.
Et maintenant jetons un rapide coup
d'oeil à chacun de ces palais qui, au de-
meurant, font, comme on dit, bonne
ficrure.
--0 -- -
Représentant la première de nos Colo-
nies : l'Indo-Chine, le palais original qui
la figure se remarque par son architec-
ture. Avec ses toits aux angles relevés,
ses vibrantes colorations, où le rouge
domine, ses ornements dorés, il évoque
le souvenir de ces riches temples ou pago-
des d'Extrême-Orient. Au surplus il rap
pelle ses frères ainés déjà vus aux Ex-
positions antérieures. Nous n'énumére-
Tons pas, naturellement, les documents
de toutes sortes que l'on a réunis là, pas
Dius que nous ne citerons les échantillons
des produits divers étalés là pour prou-
ver la richesse de notre domaine asiati-
que, car ce n'est pas dans un modeste
article que nous pouvons songer à es-
quisser seulement pareil inventaire, pas
plus que nous ne penserons à formuler
quelque critique, notre but étant sim-
plement de donner une idée fort som-
maire de cette manifestation coloniale
française.
Cependant nous nous permettrons
d'exprimer le regret qu'on n'ait pas mieux
su mettre à proiit cette occasion
pour faire une magistrale réclame aux
merveilleuses ruines d'Angkor, deve-
nues françaises depuis le dernier traité
avec le Siam, notre voisin. Ces vestiges
d'un brillant passé, de la grande époque
Khralre, sont, en effet, les plus belles et
imposantes ruines du monde ; et si nous
insistons, c'est que nous nous croyons
autorisés à le faire, étant un des rares
voyageurs, archéologue et artiste, qui
non seulement les ait contemplées et
étudiées, mais qui aient pu les comparer
avec d'autres monuments réputés les plus
beaux, les plus grands et les plus cu-
rieux, parmi ceux existant à la surface
de notre globe. Non seulement, en effet,
on les a rendus accessibles, ces temples
d'Angkor Wat et d'Angkor Tom, mais on
les a dégagés et un peu aménagés. Qui
plus est, on a même installé à proximité
un modeste hôtel pour inciter les touris-
tes, et parmi ceux qui ont le plus contri-
bué à mettre les merveilles d'Angkor en
évidence, il convient de citer un vaillant
soldat, doublé d'un archéologue juste-
ment apprécié, l'infortuné général de
Beylié qui vient de trouver une fin si pré-
maturée et si tragique dans les rapides
de ce Mékong le grand lfeuve indochi-
nois. Tout récemment encore il venait de
faire exécuter une importante série de
photographies des innombrables bas-re-
liefs qui revêtent les murs des immenses
galeries du grand temple, procédé de dé-
coration évoquant le souvenir de l'E-
gypte et des Egyptiens. --
Un bâtiment d aspect bizarre, parais-
sant édifié en pisé, ou imitant du moins
ce mode rudimentaire de construction,
rappelle quelque fruste palais soudanais
avec ses murs crénelés et sa massive
tour carrée ; c'est l'œuvre du Gouverne-
ment de l'Afrique Occidentale.
A l'intérieur, les murs sont garnis de
cartes instructives, de vues photographia
ques, de vitrines renfermant des produits
locaux ou des marchandises susceptibles
de satisfaire les besoins indigènes qui
augmentent au fur et à mesure que se
développe la civilisation. Dans la partie
haute, court une frise due aux pinceaux
d'artistes coloniaux, et où sont figurées
des scènes de la vie indigène. Des plans
en relief intéressent également et retien-
nent grands et petits, car c'est, on pour-
rait dire, le « joujou » instructif, plus
suggestif que l'image elle-même. C'est
une véritable leçon de choses, placée à la
portée du public. Les aspects variés du
pays le frappent, comme les manifesta-
tions de la vie indigène l'étonnent.
En ce qui concerne la grande !le de
Madagascar il semble qu'on lui ait mar-
chandé l'espace, ou plutôt @ il paraît que
son ancien Gouverneur général,le dépu-
té M. Augagneur, s'en est fort désinté-
ressé. Cela, du reste, ne doit pas être
fait pour surprendre, personne n'igno-
rant que le satrape malgache avait d autres
« chiens à fouetter» que de s'occuper de
la colonie dont les intérêts lui avaient
été si imprudemment cenfiés. Il ne se
considérait là-bas que comme de pas-
sage ; il trouvait la place bien modeste
pour sa haute personnalité ; puis il son-
geait à soigner sa candidature législa-
tive, car il a des ambitions, le docteur
député socialiste ; il se croit appelé aux
plus hautes destinées. ; n'avait-il pas
demandé, faute de mieux, l'annexion à
son Gouvernement général des Comores,
ce qu'il a obtenu, et de ila Réunion, ce
qui a, on s'en souvient, provoqué un toile
général dans la vieille colonie de l'Océ-
an Indien ; pourquoi n'y aurait-il pas fait
adjoindre les Kerguelen,voire même Dji-
bouti, pour permettre la constitution
du Gouvernement général de l'Afrique
Orientale française 1
, Oui, à notre avis, l'exposition de Ma-
dagascar, confinée en un modeste pavil-
lon, aurait pu avoir plus d'importance ;
c'était pour cette colonie, dénigrée à tort,
une belle occasion de se réhabiliter aux
yeux de ceux qui l'ignorent. Elle peut
faire parade de ses richesses minières ;
ses mines d'or existent, bien, ainsi que
ses carrières de pierres précieuses, il
n'est pas jusqu'à ses gisements houil-
liers et pétrolifères qui ne demandent
qu'à être mis en valeur. L'exploitation
du caoutchouc n'est pas non plus quan-
tité négligeable ; les forêts recèlent des
bois qu'on n'a pour ainsi dire pas encore
exploités. L'élevage a pris une forme
nouvelle par l'expédition sur nos mar-
chés du bétail sur pied. La charcuterie
malgache peut prendre de l'extension, et
on pourrait en dire autant pour plus
d'une branche de l'agriculture à Mada-
gascar. Il n'est pas jusqu'à des industries
locales, plutôt négligées jusqu'à ce jour,
qui seraient susceptibles d'être encoura-
gées ; telle est l'industrie dentellière et
celle surtout de la fabrication des cha-
peaux de paille, qui semble progresser,
rapidement. Ce sont là toutes choses
qu'on aurait pu mettre en éHidence., soit
dit sans offenser l'amour-propre de ceux
à qui est incombée la tâche d.e présenter
la colonie. On aurait dû multiplier les
vues, demander le concours de bonnes
-volontés, et il n'en manque pas, qu'ea
permette de l'affirmer à un apôtre de la.
vulgarisation coloniale (1).
Nos vieilles colonies de l'Afrique du
Nord ont chacune leur pavillon distinct.
C'est l'Algérie, c'est la Tunisie.
La première,comme la seco nd:e,au. res-
te, se signale par son archite eture mau-
resque, ses coupoles, son minaret. C'est
la répétition évidemment de ce qu'on a
vu dans les expositions an térieures ;
mais pourrait-il en être autrei ment r Un
tout cas ces ex.hibit.ions ont toujours du
succès auprès du grand public.
Ce serait .évidemment une réédition
que de remémorer ce que renferment ces
pavillons : produits locaux, v ues photo-
graphiques, tableaux d'aride mais ins-
tructive statistique, et cependant l'exhi-
bition de petites industrie:) indigènes
fait toujours bca effet et captive fatten-
tion des visiteurs, intéressant les. igno-
rants par la nouveauté du sp,ectacle,evo-
quant le souvenir du voyag e chez cer-
tains touristes. Certains se- plaindront
des « camelots » que l'on ren.contre fata-
lement dans les expositions. * mais c'est
la chose inévitable et, qui plus est, c'est
même un mal pour un bieo,, car ces sor-
tes de commerçants aident à meuMer et
à animer une Exposition. -. -..
Nous aurions vu,avec plaàsir, faireplus
usage des dioramas et des panoramas;
mais, à leur défaut, nous applaudissons
aux séances gratuites de projections, sa-
chant, par notre propre expérience, en
de multiples conférences., tout le parti
qu'on peut tirer de ces images commen-
tées, qui frappent l'imagi nation du spec-
tateur doublé d'un audit eur. Point n'est
(1) France d" Asie (Un Français en Indo-Chi-
ne) ; par M. Eugène Gallois chargé dejnission.
I
besoin d'ajouter que le cinématographe
est un précieux collaborateur en l'es-
pèce.
Peut-être encore eût-il été intéressant
de faire entrevoir, discrètement, l'exten-
sion vers l'Ouest de nos possessions du
Nord-Africain. L'évocation des régions
des Beni-Snassen, du Guir et du Haut-
Guir, eût réchauffé l'opinion publique et
aidé au maintien, moral tout au moins,
de nos droits.
En tout cas il faut reconnaître que nos
Gouvernements coloniaux sont bien re*
présentés par des hommes de carrière,
comme M. l'administrateur Lemaire, et
M. François, l'éminent Délégué du Gou-
verneur de l'Afrique Occidentale, pour
ne citer que les principaux de ces fonc-
tionnaires dévoués à la cause coloniale.
La garde des Pavillons est confiée à
des représentants de nos braves troupes
indigènes, tirailleurs et spahis sénéga-
lais, en particuliers, beaux types d'hom-
mes de la race noire portant fièrement
leur uniforme plus ou moins constellé
de décorations et qui font l'admiration
de plus d'un visiteur et surtout de plus
d'une visiteuse!.
Comme on le voit par ce simple coup
-d'oeil, c'est encore là une belle manifes-
tation de l'activité française, quoi qu'on
-en dise, et nous sommes heureux, pour
notre, part de la signaler. Au surplus
nous n'avons pas été seul à pouvoir nous
en tendre ccmpte,car une délégation offi-
cielle de la Sociélé de Géographie com-
merciale, ayant à sa tête sou dévoué et
sympathique secrétaire général, M. Paul
Labbé, a été reçue parMM. les Délégués
et sous leur aimablé conduite a procédé
à la visite des divers pavillons, en em-
portant un agréable et instructif souve-
nir.
Eugène GALLOIS,
Explorateur. «S -
*
-.
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