Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1910-07-07
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32693410p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 07 juillet 1910 07 juillet 1910
Description : 1910/07/07 (A11,N27). 1910/07/07 (A11,N27).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
Description : Collection numérique : Thème : L'histoire partagée Collection numérique : Thème : L'histoire partagée
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6541052j
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 23/09/2013
ONZIEME ANNÊE N° 27.
LE NUMÉRO : 25 centimes
7 JUILLET 1010
Les Annales Coloniales
*
JOURNAL HEBDOMADAIRE DES OUESTIONS EXTÉRIEURES
ENTENTE DANS TOUTES LES GARES
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Le Gouvernement Général de Madagascar
par Henri Cosnier, Dépulé de l'Indre.
Informations Coloniales
Choléra Electoral, par J. L^maire.
Que fera-t-on des Nouvelles Hébrides
par Edouard Néron, Député de la Haute-Loire,
L'Algérie à l'Exposition de Bruxelles
par P. P.\ms.
Le Colonel Roulet en Conseil de Guerre
par J. Aytet.
Les troubles de la Guadeloupe au Sénat
Au sujet de la condition des étrangers au Japon
Par J. Noiival
Informations économiques
L'Avenir de l'Afrique Occidentale
Ce qui se passe aux Colonies et ailleurs
INFORMATIONS FINANCIÈRES
LE MER«iT GÉNÉRAL
DE MADAGASCAR
Le gouvernement général de Mada-
gascar est vacant depuis plus d'un
mois ; depuis de nombreux mois la
colonie a un chef intérimaire. Une so-
lution s'impose. C'est un l'ait connu,
que tout intérim a pour conséquence
de ralentir le mouvement administra-
tif, de faire régner une indtcision, un
flottement nuisibles aux affaires, d'ame-
ner un relâchement du personnel. Heu-
reux encore quand il n'en résulte pas
un changement passager de la ligne
politique suivie j usq ue-là !
Plusieurs noms ont été mis en avant
pour la succession de M. Augagneur et
nous avons assisté à l'ordinaire petit
jeu de bascule. Chacun des candidats
a eu le meilleur à son tour. Un mo-
ment il a paru que M. Merlin, gouver-
neur général de l'Afrique éqnatùriule,
prendrait l'avadtace,niais il semble qu'il
se soit brusquement dérobé. M. Gré-
goire, préfet des Bouches-du-Rhône, a
failli l'emporter à son tour et il a été
question de M. Rault, préfet de la
Loire-Inférieure, mais ce ne fut qu'un
outsider possible.
Restent en ligne M. Dubief, ancien
député, ancien président du groupe ra-
dical et radical-socialiste de la Chambre,
ancien ministre du commerce et de
l'intérieur, l'un de ces parlementaires
que le scrutin d'arrondissement a fâ-
cheusement sacrifiés, et M. Clozel,
gouverneur du Haut-Sénégal et Niger.
Le Conseil des ministres se pronon-
cera sans doute bientôt et nous ne
voulons pas jouer au prophète ni sou-
peser les chances de chacun, ces chances
étant, hélas ! toutes relatives puisqu'el-
les dépendent uniquement de l'appré-
ciation des hommes.
Toutefois, nous pouvons, au nom
des colonies dont nous sommes les dé-
fenseurs, émettre une opinion.
Qu'on nous permette donc de dire
que, quand il s'agit du choix d'un fonc-
tionnaire entre plusieurs, surtout pour
occuper la haute fonction en jeu, les
titres de tous les candidats possibles
devraient être soigneusement étudiés et
comparés. Il ne s'agit plus, ici, d'appré-
cier les services rendus à l'Etat, mais
la valeur d'hommes de carrière qui ont
un passé, des notes, qui ont fait l'objet
de rapports d'inspection, qui ont, en un
mot, une valeur susceptible d'être chif-
frée.
Dans ces conditions, il ne doit plus
suffire qu'un candidat soit présent à
Paris pour l'emporter sur tous ses col-
lègues, Une telle présence ne saurait
conférer un avantage sérieux ; sinon
ceux qui choisissent manquent leur but
qui est, en l'espèce, de donner aux gou-
verneurs un débouché auquel ils puis-
sent vraiment prétendro, Et ils négli-
gent systématiquement ceux de ces
hauts fonctionnaires que leur service;
leur devoir retiennent loin de France.
Par exeiiiple - ceci dit sans parti-
pris désagréable à qui que ce soit
pourquoi n'a-t-on pas aussi bien mis
en ligne rhonorable gouverneur de la
Guinée, M. Liotard, qui a illustré son
nom et son corps ? Nous pourrions
aussi bien citer d'autres gouverneurs
dislingués ou émments.
En vérité, dans le cas qui nous oc-
cupe, le choix d'un gouverneur ne sau-
rait donner satisfaction à personne, car
il sacrifierait trop de droits, à moins
qu'on ne veuille bien, comme nous Je
conseillons plus haut, bulancer les mé-
rites réels de tous les gouverneurs sus-
ceptibles d'être promus. Car il s'agira
bien, alors, d'une promotion, d'un
avancement éclatant, qui se doit au seul
mérite, sans conteste possible, sur le vu
des Dotes et appréciations, sur l'examen
de la valeur professionnelle.
Il n'y a, du reste, aucun doute à
avoir. Le vrai choix doit porter sur
un parlementaire. Madagascar, comme
l'indo-Chinc, exige un homme politique
et, à moins qu'on ne trouve cet homme
parmi les fonctionnaires –cas rare
qu'on le prenne parmi nos parlemen-
taires ou anciens parlementaires.
L'administration, dans la grande île,
ostau jourd'hui minutieusement établie ;
elle fonctionne normalement. La si tua-
tion économiqueest bonne, la situation-
financière excellente. Le Gouverneur
général doit donc s'appliquer à ces vues
ou travaux d'ensemble qui complètent
l'outillage du pays et contribuent à sa
mise en valeur tant par les indigènes
que par les Européens : hydraulique
agricole, routes, voies ferrées, ports, etc.
C'est la continuation de l'œuvre écono-
mique antérieure. A ce point de vue,
Madagascar a cessé d'avoir une histoire.
Un Gouverneur général ayant de gran-
des et larges idées accentuera le déve-
loppement de l'île et, pour peu qu'il
soit prudent, il trouvera dans le budget
même toutes les ressources voulues.
Si, au contraire, il ne voit pas grand,
il ne fera que rendre moins rapide la
marche vers le progrès.
Son rôle consistera aussi à se préoc-
cuper de l'enseignement et de l'assis-
tance, pour lesquels il a déjàété fait des
efforts tels que Madagascar est, à ce
point de vue, depuis longtemps un mo-
dèle. La question sanitaire, liée non seu-
lement à la question de la repopulation
indigène mais à celle du peuplement
européen, exige la présence d'un hom-
me d'expérience spéciale.
Et puis –et ce n'est pas négligeable
le gouverneur général devra, en politi-
cien habile, savoir évoluer au milieu
des partis en formation dans la grande
île. Car il y existe une tendance à la
politique très marquée. Sans porter
atteinte aux légitimes aspirations de
chacun, il faut éviter les conflits et ces
exagérations, ces excès qui, si Lôt, aux
colonies font de la politique une plaie
et nn instrument de ruine. Il n'est pas
douteux. qu'il faut à Madagascar,
une grande souplesse, que pratique-
ra seul parfaitement un homme rompu
au maniement des affaires publiques.
Cet homme sera bien à même, aussi,
de :"égler les questions sociales, si déli-
cates, si palpitantes, si grosses d'espoirs
ou de dangers pour l'avenir, qui se po-
senl dans un pays où, comme à Mada-
gascar, on trouve, chez les [lovas, un
peuple extrêmement intelligent, d'un
esprit aussial'liné que le noire et auquel
il ne manque qu'une culture étendue
pour faire de ce peuple notre égal, avec
le temps. Suivant la tournure qui sC'ra
donnée à cet esprit, les llovas seront un
jour de vrais Français ou ils se créeront
une nationnlité. C'est dire, combien les
mesures sociales ont d'im portance dans
cette colonie.
C'est dire, aussi, que tout plaide en
faveur du choix d'un homme politique
et, certes, le Gouvernement ne saurait
être embarrasse dans sa décision dans
les circonstances présentes.
Henri COSNIEn.
Député de l'Indre.
Informations Coloniales
Le Conseil de gouvcrnemcnt rie l'Afrique
OccidenlcdcAont la session avait été ouverte
à Dakar le 20 juin, a clôturé ses travaux et
adopté définitivement les divers budgets des
Colonies de l'A. O. F..
':!S=*.¡,:c
Le ministre de la Guerre fait adresser
aux divers corps d'armée les médailles com-
mémoratives de l'expédition dit Maroc, qui
seront distribuées dans toutes les garnisons,
à l'occasion des revues dit 14 juillet.
Après un long séjour ait Japon, M. Fer-
rwncl Pila, consul de France, attaché com-
mercial en Extrême-Orient, vient de partir
pour la Chine. M. Pila a mis à profit sa
tournée au Japon pour étudier les grands
centres de production, d~ importation et de
consommation du pays. Il se propose de
faire connaître prochainement le résultat
de ses études en ce qui touche les débouchés
qui peuvent être ouverts au commerce
français.
***
M. l'inspecteur général des colonies Pic-
quié, qui vient de faire l'intérim de Gouver-
neur Général de l'Indochine, est arrive Ú Pa-
ris le 5 juillet et a été reçu par le Ministre
des Colonies, auquel il a rendu compte de sa
mission.
Dans sa dernière séance, le Comité du
Commerce et de l'industrie de l'Indochine
a procédé au remplacement de M. A. Chau-
mier qui, depuis un an, remplissait les
fondions de président. Le Comité a appelé
et la présidence M. François Deloncle, an-
cien député de la Cochinchine,
* ne.
* * i tes ait nzb* i2 i s-
A lu suite de démarches faites au minis-
tère de la Guerre par notre excellent con-
frère L. Fleury Guaglino, directeur de l'Ar-
mée Coloniale, le général Brun a déc idé de
faire venir à Paris le drapeau du 1er régi-
ment d'Infanterie Coloniale de Cherbourg
et l'étendard du 1er régiment d'Artillerie
Coloniale de Lorient accompagnés d'une
délégation, pour y être décorés Ú la revue dit
14 juillet.
Des places spéciales seront réservées aux
Sociétés d'anciens Militaires de la Marine
et des Colonies pour qu'ils assistent en
corps à la glorification des drapeaux sous
lesquels ils ont eu l' honneur de combattre
pour la plus grande France.
̃f
* *
Le Journal Officiel vient de publier un
décret accordant la médaille coloniale aux
membres civils de la mission d'études ayant
opéré au Soudan en 4898-1899.
*
* *
M. Liotard, lieutenant-gouverneur de la
Guinée française, après avoir assisté au
Conseil du gouvernement de Dakrlr, s'est
embarqué le 4 c-jurant pour rentrer en
France en o>ngé régrdicr.
* *
La Commission de classement chargée
d'établir le tableau d'avancement du per-
sonnel des administrateurs coloniaux s'est
réunie au ministère des colonies.
**#
M. Levecque, gouverneur des Etablisse-
ments français tiiii l'Inde, et M. Deville,
secrétaire général de la même colonie, sont
attendus Ú Marseille le 19 courant.
*
* *
Le déjeuner mensuel de l'Association
professionnelle des administrateurs colo-
niaux a eu lieu lundi 4 juillet ait Café
Cardinal. Un grand nombre d'administra-
tellrs présents à Paris avaient tenu à assis-
Ici- à cette réunion, qui a été suivie, ait
siège du groupe, Galerie d'Orléans, Palais-
Royal, d'une rtsscmbléc du comité de l'As-
sociation.
Choléra électoral
Notre établissement de Karikal .est,
depuis quelque temps, très éprouvé par
le choléra. L'administration de M. le
gouverneur Levecque continue de por-
ter ses fruits.
En effet, pendant la période électo-
rale, alin d'opérer dans la ville de Ka-
rikal ces coups de force projetés pour
« corriger » le suffrage universel, les
chefs du parti qui s'intitule brahmani-
que et n'est que chanemougamique,
puisqu'il y a aussi beaucoup de brahma-
niques, et non des moindres, dans l'au-
trc camp, avaient fait venir, du terri-
toire anglais, plusieurs milliers de ma-
landrins.
Les « bàtonnistes » s'installèrent dans
certaines pagodes et maisons transfor-
mées en « fort électoral » et avec eux
s'entassèrent des provisions de briques
et. de bâtons pour assurer leur servi-
ce.
Tous adversaires, surtout les plus pa-
ci liqucs, comme M. Lahache, secrétaire
de mairie, homme de 64 ans, bien- con-
nu pour la douceur de son caractère,
tous musulmans qui s'aventuraient de-
vant le «fort » étaient roués de coups.
La police fermait les yeux : le com-
missaire étant complice des malf.ti leurs,
et, le coup fait, ceux-ci réintégraient la
maison électorale. A la moindre alerte,
ils se sauvaient par les cours et jar-
dins ouverts sur la campagne.'
Non contents d'arrêter et frapper les
électeurs du parti rival, ils s'en prirent
aux porteurs d'eau. Karikal, en effet,
s'alimente d'eau potable, à des puits si-
tués dans le quartier Nord,où était la
maison électorale. Des charrettes font,
chaque matin, le service d'approvision-
ne ment.
Pendant les jours de distribution des
cartes électorales et le jour du vole,
aucun porteur d'eau ne put faire
son service. Les malfai leurs aux ga-
ges de MM. Sadassivam et Pierre trou-
vaient plaisant de priver d'eau la ville
entière.
Les habitants furent donc obligés de
recourir à l'eau polluée des puits si-
tuésen bordure de quelques rues ou dans
les cours des maisons. Ainsi, alors qu'une
invasion de plusieurs milliers d'indivi-
dus accroissait les chances de malpro-
preté et d'épidémie, le service d'eau po-
table était remplacé par un service d'eau
contaminée.
De là l'épidémie actuelle de choléra
dans la colonie de Karikal.
Mais M. Lévecque, ancien résident su-
périeur en Annam, n'en est plus à comp-
ter ses cadavres.
J. LEMAIRE.
Que feraat-Ot') des
Nouvellesafiébrièes ?
L'Archipel des Nouvelles-Hébrides,
dont nous dirons en détail la richesse,
est le pays de l'univers dont il semble
que les destinées se règlent le plus aisé-
ment. En effet, avant même que la Con-
vention de Londres aitfait ses preuves,
l'on songe déjà à trancher définitive-
ment la question des Nouvelles-Hébri-
des.
Le département des affaires étrangè-
res a-t-il été saisi ? Le ministère des
Colonies a-t-il donné des instructions à
ses agents ? Aux affaires étrangères, il
semble que les affaires des Nouvelles-
Hébrides soient suivies avec une dédai-
gneuse indifférence, et aux Colonies il
apparaît qu'elles demeurent envelop-
pées de mystère. Les responsabilités ne
sont pas immédiates: c'est tout ce qu'ils
voient. Elles n'en seront pas moins
réelles dans un avenir plus ou moins
rapproché.
Quoi qu'il en soit, M. Richard, qui
vient de retourner en Nouvelle-Calédo-
nie, préconisait une solution du problè-
me néo-hébridais durant son séjour à
Paris. Il a même exposé ses idées à la
Commission des affaires extérieures.
Auparavant, il avait entretenu de cette
question le haut-commissaire anglais
dans le Pacifique, 'puis Lord Dudley,
gouverneur général de l' Australie. Avait-
il un mandat spécial à cet égard ?Nous
l'ignorons I Toujours est-il que sa solu-
tion est le partage des Nouvelles-Hébri-
des. Solution trop simple, en vérité !
Le partage immédiat ? Mais c'est l'a-
bandon de toute lapolitique suivie aux
Hébrides jusqu'àce jour. Qu'est-ce que
les prédécesseurs de M. Trouiliot ont
voulu faire ? Assurer, aux NouvoUes-
Hébrides, la prépondérance des intérêts
français pour que nous ayons, lorsque
le problème devra être résolu, une si- -
tuationprivilégiée. Cette supériorité des
intérêts français est-elle une réalité ?
Qui songe à le contester ? Alors, pour-
quoi parlez-vous de partage ?
Et comment procéderiez-vous à ce
partage 1 Les îles du centre sont les plus
riches. Dans les principales se trouvent
des exploitations agricoles florissantes,
créées par nos compatriotes. Dans tou-
tes, nous avons, et de beaucoup, la pré-
dominance territoriale. Or, les Anglais
veulent avoir l'une au moins des deux
plus grandes îles, soit Santo,soit Malli-
colo.lls seront intraitables sur ce point.
Que ferez-vous après avoir imprudem-
ment. posé la question de partage ? Que
ferez-vous des Français, qui au prix des
difficultés les plus rudes, ont eu con-
fiance en la promesse du Gouvernement ?
Continuerez-vous, par exemple, de leur
accorder le bénéfice de la détaxe ?
Il y a autre chose ! Le recrutement de
la main d'œuvre nécessaire aux exploi-
tations agricoles se fait principalement
dans deaxîles (Aoba et Pentecôte) qui
deviendraient anglaises. Les autorités
britanniques interdiront ce recrutement.
Ayant abandonné les réservoirs demain
d'oeuvre, vous aurez du même coup tué
la colonisation agricole. Il y a la main
d'œuvre javanaise. C'est vrai ! Mais la
question de l'introduclion de la main
d'œuvre javanaise aux Hébrides appelle
tant de points d'interrogation qu'il serait
à propos de la ranger parmi les incerti-
tudes de l'avenir.
Il y a bien un autre fonctionnaire qui,
lui aussi, a sa solution. Elle consiste à
créer, avec le concours occulte de l'Etat,
une Société Franco-Australienne, en
sorte que l'initiative privée ouvrirait la
voie à la diplomatie. Plusieurs de nos
collègues ont entendu l'exposé des mo-
tifs de cette heureuse combinaison.
Croyez-vous que le fonctionnaire qui a
fait cette admirable trouvaille ait seule-
ment songé qu'elle serait la ruine de la
politique pratiquée en Océanie par tous
les Ministres qui se sont suecédé depuis
vingt-cinq ans ? Vous connaîtriez bien
mai ces frelons coloniaux qui nous fati-
guent de leur bourdonnement.
Ce qu'il a de mieux à faire pour déve-
lopper notre inilnence aux Nouvelles-
Hébrides et pour donner de l'essor à la
colonisation française,c'est de continuer
d'appliquer le programme qui a été sui-
vi jusqu'ici dans l'archipel.Oui, le con-
tinuer, mais avec énergie,avcc méthode,
en tenant compte des leçons de l'expé-
rience ; le continuer avec des fonction-
naires sérieux, laborieux,disciplinés,des
fonctionnaires qui soient des hommes
dévoués et courageux. - Ce programme
est d'une application facile. Il suffirait
que M. Trouillot voulût bien y songer
une heure pour en déterminer les mo-
dalités.
Edouard NÉRON,
Député de la Hnulc-Loirc,
Secrétaire de la Chambre des
députés.
L'ALGÉRIE
A L'EXPOSITION DE BRUXELLES
II
LES HUILES D'OLIVE
L'olivier est un arbre essentiellement
méditerranéen qui a besoin, pour pros-
pérer, d'un climat sec et chaud ; aussi
ne le rencontre-t-on pasdans les terrains
équatoriaux aux étés humides.
Sa zone de culture, en Algérie, dont il
est la plante indigène par excellence,
s'étend du littoral jusqu'aux hauts pla-
teaux et dans les vallées dont l'altjtude
ne dépasse pas 8 à 900 mètres. Mais c'est
surtout dans les régions chaudes d'une
élévation moyenne de 300 à 600 mètres
que l'arbre de Miuerve est le plus fécoud
et donne le meilleur rendement. Il aime
les terrains calcaires, caillouteux, relati-
vement arides,mais où ses puissantes ra-
cines pivotantes peu vent s'infiltrer faci-
lement jusqu'à de grandes profondeurs
dans le sol pour y puiser la nourriture
dont il a besoin. L'olivier d'Algérie est
loin de ressembler à celui des terres de
la Provence, dont l'aspect est rabougri,
le feuillage maigre, toujours poussiéreux
et triste. C'est un arbre majestueux, aux
Doussées vigoureuses, principalement
dans les terrains frais où il prend un dé-
veloppement considérable et proctuit de
puissants rameaux, aux feuilles d'un vert
lustré, formant ulle ombre épaisse, pro-
pice, pendant les heures chaudes de l'é-
té, au repos des bergers et de leurs trou-
peaux.
Dans notre colonie, l'olivier vient à l'é-
tat sauvage. Sa culture fut pratiquée par
toutes les peuplades qui se sont succédé
dans le nord de l'Afrique et en particulier
parles Romains qui ont créé, un peu par-
tout, des huileries très perfectionnées et
dont les ruines nombreuses attestent toute
l'importance qu'ils donnèrent à-ce pro-
duit. Aussi- n'est-il pas surprenant de
lire chez les historiens, qu'au moment
de l'invasion arabe, l'olivier couvrait
de forêts immenses toute la terre d'A-
frique, s'étendant du golfe de Gabès en
Tunisie jusqu'aux;rivages marocains sur
les bords de l'Atlantique. Il en fut, de
l'olivier au passage des hordes arabes,
comme des chênes-liège, comme de nom-
breuses essences forestières qui peu-
plaient en massifs vigoureux toute la
région, maintenant déboisée, des hauts
plateaux algériens. Tout fut détruit. Mais
la Nature prévoyante a voulu que cet ar-
bre précieux croisse spontanément, et ce
qui subsiste encore, malgré les effroya-
bles destructions passées, constitue
pour l'Algérie un domaine enviable,source
importante de revenus de jour en jour
plus considérables.
- Dans les départements d'Alger et de
Constantine, ou la culture àrbustive est
très en honneur, la multiplication de
l'olivier se fait sur une vaste échelle, soit
en greffant les sauvageons qui abondent
un peu partout, soit par plantations di-
rectes. Les dernières statistiques nous
apprennent que la Colonie possède
6.783.700 oliviers en plein rapport et à
peu près 5.000.000 de sauvageons sus-
ceptibles d'être gi-effés, c'est, à notre avis,
bien au-dessous de la vérité.
Les principaux centres de culture de
l'olivier se trouvent dans la Kabylie et
la grande Kabylie, principalement dans
les régions de Tizi-Ouzou, Bougie, Mira-
beau, Camp du Maréchal, Horace-Vernet,
Boghni, Dra el-Mizan, Azazza, Maillot,
Akbou ; à Tlemcen, Mostaganem, Reli-
zane, Saint-Denis-du-Sig, Perrégaux (dé-
part. d'Oran). Enfin il se trouve de très
importants peuplements,d'un rendement
excellent à l'est du département de Cons-
l
tantine, dans toute la vallée de la Seybou-
se, notamment à Guelma et Bône, puis
dans les légion-de Gaslu, Jemmapes,
Philippeville, Batna et Tébessa.
Il existe une grande quantité de va-
riétés d'oliviers, mais elles ne convien-
nent pas toutes à n'importe quelle ré-
gion. L'olivier ne fournit d'nilleurs pas
chaque année une récolte régulière, car
c'est un arbre qui saisonne, c'est-à-dire
qu'une année de bonne récolte est très
souvent suivie d'une année médiocre et
mauvaise. Ou ne saurait donc tabler sur
un rendement annuel fixe, car la moindre
différence de production amène dès va-
riations considérables,tant dans le mou-
vement commercial que dans les prix.
Ceux-ci, par suite, peuvent osciller pour
les bonnes qualités, entre Ou et 180 les
cent kilos.
La récolte des olives commence vers
fin octobre, mais ce n'est qu'a partir de 1
la 2e quinzaine de novembre qu'il faut
compter pouvoir traiter quelques achats.
La fabrication des huiles est en pleine
activité en décembre. Cependant toutes
les olives récoltées ne servent pas exclu-
sivement à la fabrication de l'huile. Il
existe des variétés d'oliviers, dits a gros
fruits, dont les produits, après avoir su-
bi une certaine opération, sont consom-
més comme olives vertes, brunes ou noi-
res : ces dernières sont plus appréciées
parce que plus tendres et plus digestives.
Les procédés primitifs, employés par
les Kabyles, qui fournissaient une huile
utilisée par les indigènes pour leur con-
sommation, mais impropre à tout usage
comestible pour les Européens, bien que
nombreux encore, tendent à disparaî-
tre de plus en plus. Déjà d'ailleurs de
riches indigènes ont installé des mou-
lins perfectionnés, de provenance euro-
péenne, vers lesquels commencent à af-
fluer les produits des propriétaires envi-
ronnants. Si pendant un certain temps
les huiles d'olive kD ne surent con-
quérir la clientèle particulière, la faute
eu était aux moyens ue fabrication et au
peu d'expérience des cultivateurs. Mais
à la suite des encouragements de toutes
sortes donnés par le gouvernement gé-
néral de l'Algérie, cette industrie, né-
gligée surt..ut pendant la période lié-
vreuse de l'organisation du vignoble al-
gérien, semble être entrée dans une ère
de prospérité, résultant d'une exploita-
tion regulière, intelligente et minutieuse.
Les progrès de l'huilerie algérienne se
sont affirmés d'année en année et cette
transformation heureuse, due aux pro-
cédés nouveaux, ne saurait que s'accen-
tut;r.
Il existe actuellement en Algérie près
de trois mille moulins à huile produisant
annuellement de 250 à300 quintaux d'ex-
cellente huile.
Les huiles d Algérie peuvent se diviser
en deux grandes catégories comprenant,
naturellement, chacune plusieurs quali-
tés.
Les premières, ou huiles comestibles,
se divisent en « huiles de première pres-
sion » (huiles vierges fines et surfines)
dont le prix moyen, en temps normal,
varie de 110 à 150 fr. les cent kilos, et
a huiles de deuxième pression» (mi-fines et
ordinaires) vendues de 80 à 110 francs.
Toutes ces huiles proviennent des
usines européennes créées avec les der-
niers perfectionnements. Elles sont par-
faites au point de vue de la couleur, de
l'odeur, d.) goût et de la finesse et elles
peuvent soutenir la comparaison avec les pro-
duits les plus soignés et les plus renommés de
la Provence, de l'Italie et de VEspagne.
Les huiles de la seconde catégorie ou
huiles industrielles, lampantes, provien-
nent, en général, de la fabrication rudi-
mentaire des indigènes, on les désigne
vulgairement sous le nom d'huiles de
Kabylie. Elles sont assez recherchées
pour la savonnerie parce qu'elles renfer-
ment souvent une forte dose d'acide,
Elles se vendent couramment de 50 à
65 fr. le quintal.
Enfin il existe des huiles nommées
« huile de ressence » ou d* « enfer » ; elles
proviennent des bas produits de la fa-
brication et sont employées dans di-
verses industries qui les paient entre
40 et 50 fr. les cent kilos.
On s'occupe assez généralement, de-
puis quelques années, des grignons, que
l'on traite par le sulfure de carbone afin
d'obtenir une huile sans acidité qui sert
tout particulièrement au graissage des
machines.
La production de l'Algérie ne suffit
pas, pour le moment du moins, à sa con-
sommation, mais elle exporte cependant
la majeure partie de cette production en
France, dont elle reste tributaire et qui
lui envoie en échange de fortes quantités
d'huiles de graines (de coton, de sé-
same). Les cultivateurs ont donc dans la
propagation do l'olivier l'assurance de
gains respectables d'autant plus que,
depuis quelques années, un fort mouve-
ment s'est dessiné à l'étranger en faveur
des huiles algériennes et que les de-
mandes arrivent nombreuses de la Bel-
gique (qui est la principale cliente de
l'Algérie), des Pays-Bas, de l'Angle-
terre et de l'Allemagne.
De 1800 à 1899, la moyenne annuelle
des expéditions à l'étranger s'est chif-
frée par 416 quintaux.
De 1900 à 1909 cette moyenne annuelle
s'est élevée à 5.922 quintaux.
Les huiles d'olive s'expédient en bon-
bonnes, estagnons de différentes capa-
cités et en 1ûts de 180 et 550 litres pe-
sant brut respectivement 220 à 230 et
600 à 675 kilos. Les principaux ports
d'exportation sont, de l'est à l'ouest,
Bône, Phiiippcville, Bougie, Alger, Mos-
taganem, Oran. Les prix que nous avons
indiqués s'entendent mis, à quai de l'un
des ports algéricns. Le prix moyen du
fret d'un de ces ports à bord'Anvers est
de 25 à 28 fr. les mille kilos en fût.
Voici les quantités qui ont été expor-
tées durant ces vingt dernières années
avec leur valeur en douane sans distinc-
tion des qualités :
ANNEES Quantités exportées Valeur en douane
(QUINTAUX) (FRANCS)
1890 18.156 1.510.000
1891 24.746 2.254.000
1892 28.285 2.654.000
- 1893 8.391 710.000
1894 11.919 931.000
1895 14.891 1.068.000
1896 18.708 1.050.000
1897 12.179 645.000
1898 14.886 740.000
1899 24.461 1.713.000
1900 68.770 3.417.000
1901 45.398 3.132.000
1902 66.034 5.769.000
1903 18.601 1.897.000
1904 43.017 4.086.000
1905 62.812 5.716.000
1906 78.773 7.484.000
1907 26.091 2.609.000
1908 109.403 5.317.000
(1)1909 22.111 3.096.000
A l'exposition de Bruxelles, les parti-
cipants algériens sont au nombre de 226,
c'est dire toute l'importance que la cul-
ture de l'olivier prend d'année en année
en Algérie.
P. PARIS.
- - - -----
(1) Dans le tableau ci-iessus, il faut tenir
compte des années déficitaires ducs au saison-
ncnient de l'olivier dont nous avons parlé.
..J'J"J'J' --
LE NUMÉRO : 25 centimes
7 JUILLET 1010
Les Annales Coloniales
*
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Lire aujourd'hui
Le Gouvernement Général de Madagascar
par Henri Cosnier, Dépulé de l'Indre.
Informations Coloniales
Choléra Electoral, par J. L^maire.
Que fera-t-on des Nouvelles Hébrides
par Edouard Néron, Député de la Haute-Loire,
L'Algérie à l'Exposition de Bruxelles
par P. P.\ms.
Le Colonel Roulet en Conseil de Guerre
par J. Aytet.
Les troubles de la Guadeloupe au Sénat
Au sujet de la condition des étrangers au Japon
Par J. Noiival
Informations économiques
L'Avenir de l'Afrique Occidentale
Ce qui se passe aux Colonies et ailleurs
INFORMATIONS FINANCIÈRES
LE MER«iT GÉNÉRAL
DE MADAGASCAR
Le gouvernement général de Mada-
gascar est vacant depuis plus d'un
mois ; depuis de nombreux mois la
colonie a un chef intérimaire. Une so-
lution s'impose. C'est un l'ait connu,
que tout intérim a pour conséquence
de ralentir le mouvement administra-
tif, de faire régner une indtcision, un
flottement nuisibles aux affaires, d'ame-
ner un relâchement du personnel. Heu-
reux encore quand il n'en résulte pas
un changement passager de la ligne
politique suivie j usq ue-là !
Plusieurs noms ont été mis en avant
pour la succession de M. Augagneur et
nous avons assisté à l'ordinaire petit
jeu de bascule. Chacun des candidats
a eu le meilleur à son tour. Un mo-
ment il a paru que M. Merlin, gouver-
neur général de l'Afrique éqnatùriule,
prendrait l'avadtace,niais il semble qu'il
se soit brusquement dérobé. M. Gré-
goire, préfet des Bouches-du-Rhône, a
failli l'emporter à son tour et il a été
question de M. Rault, préfet de la
Loire-Inférieure, mais ce ne fut qu'un
outsider possible.
Restent en ligne M. Dubief, ancien
député, ancien président du groupe ra-
dical et radical-socialiste de la Chambre,
ancien ministre du commerce et de
l'intérieur, l'un de ces parlementaires
que le scrutin d'arrondissement a fâ-
cheusement sacrifiés, et M. Clozel,
gouverneur du Haut-Sénégal et Niger.
Le Conseil des ministres se pronon-
cera sans doute bientôt et nous ne
voulons pas jouer au prophète ni sou-
peser les chances de chacun, ces chances
étant, hélas ! toutes relatives puisqu'el-
les dépendent uniquement de l'appré-
ciation des hommes.
Toutefois, nous pouvons, au nom
des colonies dont nous sommes les dé-
fenseurs, émettre une opinion.
Qu'on nous permette donc de dire
que, quand il s'agit du choix d'un fonc-
tionnaire entre plusieurs, surtout pour
occuper la haute fonction en jeu, les
titres de tous les candidats possibles
devraient être soigneusement étudiés et
comparés. Il ne s'agit plus, ici, d'appré-
cier les services rendus à l'Etat, mais
la valeur d'hommes de carrière qui ont
un passé, des notes, qui ont fait l'objet
de rapports d'inspection, qui ont, en un
mot, une valeur susceptible d'être chif-
frée.
Dans ces conditions, il ne doit plus
suffire qu'un candidat soit présent à
Paris pour l'emporter sur tous ses col-
lègues, Une telle présence ne saurait
conférer un avantage sérieux ; sinon
ceux qui choisissent manquent leur but
qui est, en l'espèce, de donner aux gou-
verneurs un débouché auquel ils puis-
sent vraiment prétendro, Et ils négli-
gent systématiquement ceux de ces
hauts fonctionnaires que leur service;
leur devoir retiennent loin de France.
Par exeiiiple - ceci dit sans parti-
pris désagréable à qui que ce soit
pourquoi n'a-t-on pas aussi bien mis
en ligne rhonorable gouverneur de la
Guinée, M. Liotard, qui a illustré son
nom et son corps ? Nous pourrions
aussi bien citer d'autres gouverneurs
dislingués ou émments.
En vérité, dans le cas qui nous oc-
cupe, le choix d'un gouverneur ne sau-
rait donner satisfaction à personne, car
il sacrifierait trop de droits, à moins
qu'on ne veuille bien, comme nous Je
conseillons plus haut, bulancer les mé-
rites réels de tous les gouverneurs sus-
ceptibles d'être promus. Car il s'agira
bien, alors, d'une promotion, d'un
avancement éclatant, qui se doit au seul
mérite, sans conteste possible, sur le vu
des Dotes et appréciations, sur l'examen
de la valeur professionnelle.
Il n'y a, du reste, aucun doute à
avoir. Le vrai choix doit porter sur
un parlementaire. Madagascar, comme
l'indo-Chinc, exige un homme politique
et, à moins qu'on ne trouve cet homme
parmi les fonctionnaires –cas rare
qu'on le prenne parmi nos parlemen-
taires ou anciens parlementaires.
L'administration, dans la grande île,
ostau jourd'hui minutieusement établie ;
elle fonctionne normalement. La si tua-
tion économiqueest bonne, la situation-
financière excellente. Le Gouverneur
général doit donc s'appliquer à ces vues
ou travaux d'ensemble qui complètent
l'outillage du pays et contribuent à sa
mise en valeur tant par les indigènes
que par les Européens : hydraulique
agricole, routes, voies ferrées, ports, etc.
C'est la continuation de l'œuvre écono-
mique antérieure. A ce point de vue,
Madagascar a cessé d'avoir une histoire.
Un Gouverneur général ayant de gran-
des et larges idées accentuera le déve-
loppement de l'île et, pour peu qu'il
soit prudent, il trouvera dans le budget
même toutes les ressources voulues.
Si, au contraire, il ne voit pas grand,
il ne fera que rendre moins rapide la
marche vers le progrès.
Son rôle consistera aussi à se préoc-
cuper de l'enseignement et de l'assis-
tance, pour lesquels il a déjàété fait des
efforts tels que Madagascar est, à ce
point de vue, depuis longtemps un mo-
dèle. La question sanitaire, liée non seu-
lement à la question de la repopulation
indigène mais à celle du peuplement
européen, exige la présence d'un hom-
me d'expérience spéciale.
Et puis –et ce n'est pas négligeable
le gouverneur général devra, en politi-
cien habile, savoir évoluer au milieu
des partis en formation dans la grande
île. Car il y existe une tendance à la
politique très marquée. Sans porter
atteinte aux légitimes aspirations de
chacun, il faut éviter les conflits et ces
exagérations, ces excès qui, si Lôt, aux
colonies font de la politique une plaie
et nn instrument de ruine. Il n'est pas
douteux. qu'il faut à Madagascar,
une grande souplesse, que pratique-
ra seul parfaitement un homme rompu
au maniement des affaires publiques.
Cet homme sera bien à même, aussi,
de :"égler les questions sociales, si déli-
cates, si palpitantes, si grosses d'espoirs
ou de dangers pour l'avenir, qui se po-
senl dans un pays où, comme à Mada-
gascar, on trouve, chez les [lovas, un
peuple extrêmement intelligent, d'un
esprit aussial'liné que le noire et auquel
il ne manque qu'une culture étendue
pour faire de ce peuple notre égal, avec
le temps. Suivant la tournure qui sC'ra
donnée à cet esprit, les llovas seront un
jour de vrais Français ou ils se créeront
une nationnlité. C'est dire, combien les
mesures sociales ont d'im portance dans
cette colonie.
C'est dire, aussi, que tout plaide en
faveur du choix d'un homme politique
et, certes, le Gouvernement ne saurait
être embarrasse dans sa décision dans
les circonstances présentes.
Henri COSNIEn.
Député de l'Indre.
Informations Coloniales
Le Conseil de gouvcrnemcnt rie l'Afrique
OccidenlcdcAont la session avait été ouverte
à Dakar le 20 juin, a clôturé ses travaux et
adopté définitivement les divers budgets des
Colonies de l'A. O. F..
':!S=*.¡,:c
Le ministre de la Guerre fait adresser
aux divers corps d'armée les médailles com-
mémoratives de l'expédition dit Maroc, qui
seront distribuées dans toutes les garnisons,
à l'occasion des revues dit 14 juillet.
Après un long séjour ait Japon, M. Fer-
rwncl Pila, consul de France, attaché com-
mercial en Extrême-Orient, vient de partir
pour la Chine. M. Pila a mis à profit sa
tournée au Japon pour étudier les grands
centres de production, d~ importation et de
consommation du pays. Il se propose de
faire connaître prochainement le résultat
de ses études en ce qui touche les débouchés
qui peuvent être ouverts au commerce
français.
***
M. l'inspecteur général des colonies Pic-
quié, qui vient de faire l'intérim de Gouver-
neur Général de l'Indochine, est arrive Ú Pa-
ris le 5 juillet et a été reçu par le Ministre
des Colonies, auquel il a rendu compte de sa
mission.
Dans sa dernière séance, le Comité du
Commerce et de l'industrie de l'Indochine
a procédé au remplacement de M. A. Chau-
mier qui, depuis un an, remplissait les
fondions de président. Le Comité a appelé
et la présidence M. François Deloncle, an-
cien député de la Cochinchine,
* ne.
* * i tes ait nzb* i2 i s-
A lu suite de démarches faites au minis-
tère de la Guerre par notre excellent con-
frère L. Fleury Guaglino, directeur de l'Ar-
mée Coloniale, le général Brun a déc idé de
faire venir à Paris le drapeau du 1er régi-
ment d'Infanterie Coloniale de Cherbourg
et l'étendard du 1er régiment d'Artillerie
Coloniale de Lorient accompagnés d'une
délégation, pour y être décorés Ú la revue dit
14 juillet.
Des places spéciales seront réservées aux
Sociétés d'anciens Militaires de la Marine
et des Colonies pour qu'ils assistent en
corps à la glorification des drapeaux sous
lesquels ils ont eu l' honneur de combattre
pour la plus grande France.
̃f
* *
Le Journal Officiel vient de publier un
décret accordant la médaille coloniale aux
membres civils de la mission d'études ayant
opéré au Soudan en 4898-1899.
*
* *
M. Liotard, lieutenant-gouverneur de la
Guinée française, après avoir assisté au
Conseil du gouvernement de Dakrlr, s'est
embarqué le 4 c-jurant pour rentrer en
France en o>ngé régrdicr.
* *
La Commission de classement chargée
d'établir le tableau d'avancement du per-
sonnel des administrateurs coloniaux s'est
réunie au ministère des colonies.
**#
M. Levecque, gouverneur des Etablisse-
ments français tiiii l'Inde, et M. Deville,
secrétaire général de la même colonie, sont
attendus Ú Marseille le 19 courant.
*
* *
Le déjeuner mensuel de l'Association
professionnelle des administrateurs colo-
niaux a eu lieu lundi 4 juillet ait Café
Cardinal. Un grand nombre d'administra-
tellrs présents à Paris avaient tenu à assis-
Ici- à cette réunion, qui a été suivie, ait
siège du groupe, Galerie d'Orléans, Palais-
Royal, d'une rtsscmbléc du comité de l'As-
sociation.
Choléra électoral
Notre établissement de Karikal .est,
depuis quelque temps, très éprouvé par
le choléra. L'administration de M. le
gouverneur Levecque continue de por-
ter ses fruits.
En effet, pendant la période électo-
rale, alin d'opérer dans la ville de Ka-
rikal ces coups de force projetés pour
« corriger » le suffrage universel, les
chefs du parti qui s'intitule brahmani-
que et n'est que chanemougamique,
puisqu'il y a aussi beaucoup de brahma-
niques, et non des moindres, dans l'au-
trc camp, avaient fait venir, du terri-
toire anglais, plusieurs milliers de ma-
landrins.
Les « bàtonnistes » s'installèrent dans
certaines pagodes et maisons transfor-
mées en « fort électoral » et avec eux
s'entassèrent des provisions de briques
et. de bâtons pour assurer leur servi-
ce.
Tous adversaires, surtout les plus pa-
ci liqucs, comme M. Lahache, secrétaire
de mairie, homme de 64 ans, bien- con-
nu pour la douceur de son caractère,
tous musulmans qui s'aventuraient de-
vant le «fort » étaient roués de coups.
La police fermait les yeux : le com-
missaire étant complice des malf.ti leurs,
et, le coup fait, ceux-ci réintégraient la
maison électorale. A la moindre alerte,
ils se sauvaient par les cours et jar-
dins ouverts sur la campagne.'
Non contents d'arrêter et frapper les
électeurs du parti rival, ils s'en prirent
aux porteurs d'eau. Karikal, en effet,
s'alimente d'eau potable, à des puits si-
tués dans le quartier Nord,où était la
maison électorale. Des charrettes font,
chaque matin, le service d'approvision-
ne ment.
Pendant les jours de distribution des
cartes électorales et le jour du vole,
aucun porteur d'eau ne put faire
son service. Les malfai leurs aux ga-
ges de MM. Sadassivam et Pierre trou-
vaient plaisant de priver d'eau la ville
entière.
Les habitants furent donc obligés de
recourir à l'eau polluée des puits si-
tuésen bordure de quelques rues ou dans
les cours des maisons. Ainsi, alors qu'une
invasion de plusieurs milliers d'indivi-
dus accroissait les chances de malpro-
preté et d'épidémie, le service d'eau po-
table était remplacé par un service d'eau
contaminée.
De là l'épidémie actuelle de choléra
dans la colonie de Karikal.
Mais M. Lévecque, ancien résident su-
périeur en Annam, n'en est plus à comp-
ter ses cadavres.
J. LEMAIRE.
Que feraat-Ot') des
Nouvellesafiébrièes ?
L'Archipel des Nouvelles-Hébrides,
dont nous dirons en détail la richesse,
est le pays de l'univers dont il semble
que les destinées se règlent le plus aisé-
ment. En effet, avant même que la Con-
vention de Londres aitfait ses preuves,
l'on songe déjà à trancher définitive-
ment la question des Nouvelles-Hébri-
des.
Le département des affaires étrangè-
res a-t-il été saisi ? Le ministère des
Colonies a-t-il donné des instructions à
ses agents ? Aux affaires étrangères, il
semble que les affaires des Nouvelles-
Hébrides soient suivies avec une dédai-
gneuse indifférence, et aux Colonies il
apparaît qu'elles demeurent envelop-
pées de mystère. Les responsabilités ne
sont pas immédiates: c'est tout ce qu'ils
voient. Elles n'en seront pas moins
réelles dans un avenir plus ou moins
rapproché.
Quoi qu'il en soit, M. Richard, qui
vient de retourner en Nouvelle-Calédo-
nie, préconisait une solution du problè-
me néo-hébridais durant son séjour à
Paris. Il a même exposé ses idées à la
Commission des affaires extérieures.
Auparavant, il avait entretenu de cette
question le haut-commissaire anglais
dans le Pacifique, 'puis Lord Dudley,
gouverneur général de l' Australie. Avait-
il un mandat spécial à cet égard ?Nous
l'ignorons I Toujours est-il que sa solu-
tion est le partage des Nouvelles-Hébri-
des. Solution trop simple, en vérité !
Le partage immédiat ? Mais c'est l'a-
bandon de toute lapolitique suivie aux
Hébrides jusqu'àce jour. Qu'est-ce que
les prédécesseurs de M. Trouiliot ont
voulu faire ? Assurer, aux NouvoUes-
Hébrides, la prépondérance des intérêts
français pour que nous ayons, lorsque
le problème devra être résolu, une si- -
tuationprivilégiée. Cette supériorité des
intérêts français est-elle une réalité ?
Qui songe à le contester ? Alors, pour-
quoi parlez-vous de partage ?
Et comment procéderiez-vous à ce
partage 1 Les îles du centre sont les plus
riches. Dans les principales se trouvent
des exploitations agricoles florissantes,
créées par nos compatriotes. Dans tou-
tes, nous avons, et de beaucoup, la pré-
dominance territoriale. Or, les Anglais
veulent avoir l'une au moins des deux
plus grandes îles, soit Santo,soit Malli-
colo.lls seront intraitables sur ce point.
Que ferez-vous après avoir imprudem-
ment. posé la question de partage ? Que
ferez-vous des Français, qui au prix des
difficultés les plus rudes, ont eu con-
fiance en la promesse du Gouvernement ?
Continuerez-vous, par exemple, de leur
accorder le bénéfice de la détaxe ?
Il y a autre chose ! Le recrutement de
la main d'œuvre nécessaire aux exploi-
tations agricoles se fait principalement
dans deaxîles (Aoba et Pentecôte) qui
deviendraient anglaises. Les autorités
britanniques interdiront ce recrutement.
Ayant abandonné les réservoirs demain
d'oeuvre, vous aurez du même coup tué
la colonisation agricole. Il y a la main
d'œuvre javanaise. C'est vrai ! Mais la
question de l'introduclion de la main
d'œuvre javanaise aux Hébrides appelle
tant de points d'interrogation qu'il serait
à propos de la ranger parmi les incerti-
tudes de l'avenir.
Il y a bien un autre fonctionnaire qui,
lui aussi, a sa solution. Elle consiste à
créer, avec le concours occulte de l'Etat,
une Société Franco-Australienne, en
sorte que l'initiative privée ouvrirait la
voie à la diplomatie. Plusieurs de nos
collègues ont entendu l'exposé des mo-
tifs de cette heureuse combinaison.
Croyez-vous que le fonctionnaire qui a
fait cette admirable trouvaille ait seule-
ment songé qu'elle serait la ruine de la
politique pratiquée en Océanie par tous
les Ministres qui se sont suecédé depuis
vingt-cinq ans ? Vous connaîtriez bien
mai ces frelons coloniaux qui nous fati-
guent de leur bourdonnement.
Ce qu'il a de mieux à faire pour déve-
lopper notre inilnence aux Nouvelles-
Hébrides et pour donner de l'essor à la
colonisation française,c'est de continuer
d'appliquer le programme qui a été sui-
vi jusqu'ici dans l'archipel.Oui, le con-
tinuer, mais avec énergie,avcc méthode,
en tenant compte des leçons de l'expé-
rience ; le continuer avec des fonction-
naires sérieux, laborieux,disciplinés,des
fonctionnaires qui soient des hommes
dévoués et courageux. - Ce programme
est d'une application facile. Il suffirait
que M. Trouillot voulût bien y songer
une heure pour en déterminer les mo-
dalités.
Edouard NÉRON,
Député de la Hnulc-Loirc,
Secrétaire de la Chambre des
députés.
L'ALGÉRIE
A L'EXPOSITION DE BRUXELLES
II
LES HUILES D'OLIVE
L'olivier est un arbre essentiellement
méditerranéen qui a besoin, pour pros-
pérer, d'un climat sec et chaud ; aussi
ne le rencontre-t-on pasdans les terrains
équatoriaux aux étés humides.
Sa zone de culture, en Algérie, dont il
est la plante indigène par excellence,
s'étend du littoral jusqu'aux hauts pla-
teaux et dans les vallées dont l'altjtude
ne dépasse pas 8 à 900 mètres. Mais c'est
surtout dans les régions chaudes d'une
élévation moyenne de 300 à 600 mètres
que l'arbre de Miuerve est le plus fécoud
et donne le meilleur rendement. Il aime
les terrains calcaires, caillouteux, relati-
vement arides,mais où ses puissantes ra-
cines pivotantes peu vent s'infiltrer faci-
lement jusqu'à de grandes profondeurs
dans le sol pour y puiser la nourriture
dont il a besoin. L'olivier d'Algérie est
loin de ressembler à celui des terres de
la Provence, dont l'aspect est rabougri,
le feuillage maigre, toujours poussiéreux
et triste. C'est un arbre majestueux, aux
Doussées vigoureuses, principalement
dans les terrains frais où il prend un dé-
veloppement considérable et proctuit de
puissants rameaux, aux feuilles d'un vert
lustré, formant ulle ombre épaisse, pro-
pice, pendant les heures chaudes de l'é-
té, au repos des bergers et de leurs trou-
peaux.
Dans notre colonie, l'olivier vient à l'é-
tat sauvage. Sa culture fut pratiquée par
toutes les peuplades qui se sont succédé
dans le nord de l'Afrique et en particulier
parles Romains qui ont créé, un peu par-
tout, des huileries très perfectionnées et
dont les ruines nombreuses attestent toute
l'importance qu'ils donnèrent à-ce pro-
duit. Aussi- n'est-il pas surprenant de
lire chez les historiens, qu'au moment
de l'invasion arabe, l'olivier couvrait
de forêts immenses toute la terre d'A-
frique, s'étendant du golfe de Gabès en
Tunisie jusqu'aux;rivages marocains sur
les bords de l'Atlantique. Il en fut, de
l'olivier au passage des hordes arabes,
comme des chênes-liège, comme de nom-
breuses essences forestières qui peu-
plaient en massifs vigoureux toute la
région, maintenant déboisée, des hauts
plateaux algériens. Tout fut détruit. Mais
la Nature prévoyante a voulu que cet ar-
bre précieux croisse spontanément, et ce
qui subsiste encore, malgré les effroya-
bles destructions passées, constitue
pour l'Algérie un domaine enviable,source
importante de revenus de jour en jour
plus considérables.
- Dans les départements d'Alger et de
Constantine, ou la culture àrbustive est
très en honneur, la multiplication de
l'olivier se fait sur une vaste échelle, soit
en greffant les sauvageons qui abondent
un peu partout, soit par plantations di-
rectes. Les dernières statistiques nous
apprennent que la Colonie possède
6.783.700 oliviers en plein rapport et à
peu près 5.000.000 de sauvageons sus-
ceptibles d'être gi-effés, c'est, à notre avis,
bien au-dessous de la vérité.
Les principaux centres de culture de
l'olivier se trouvent dans la Kabylie et
la grande Kabylie, principalement dans
les régions de Tizi-Ouzou, Bougie, Mira-
beau, Camp du Maréchal, Horace-Vernet,
Boghni, Dra el-Mizan, Azazza, Maillot,
Akbou ; à Tlemcen, Mostaganem, Reli-
zane, Saint-Denis-du-Sig, Perrégaux (dé-
part. d'Oran). Enfin il se trouve de très
importants peuplements,d'un rendement
excellent à l'est du département de Cons-
l
tantine, dans toute la vallée de la Seybou-
se, notamment à Guelma et Bône, puis
dans les légion-de Gaslu, Jemmapes,
Philippeville, Batna et Tébessa.
Il existe une grande quantité de va-
riétés d'oliviers, mais elles ne convien-
nent pas toutes à n'importe quelle ré-
gion. L'olivier ne fournit d'nilleurs pas
chaque année une récolte régulière, car
c'est un arbre qui saisonne, c'est-à-dire
qu'une année de bonne récolte est très
souvent suivie d'une année médiocre et
mauvaise. Ou ne saurait donc tabler sur
un rendement annuel fixe, car la moindre
différence de production amène dès va-
riations considérables,tant dans le mou-
vement commercial que dans les prix.
Ceux-ci, par suite, peuvent osciller pour
les bonnes qualités, entre Ou et 180 les
cent kilos.
La récolte des olives commence vers
fin octobre, mais ce n'est qu'a partir de 1
la 2e quinzaine de novembre qu'il faut
compter pouvoir traiter quelques achats.
La fabrication des huiles est en pleine
activité en décembre. Cependant toutes
les olives récoltées ne servent pas exclu-
sivement à la fabrication de l'huile. Il
existe des variétés d'oliviers, dits a gros
fruits, dont les produits, après avoir su-
bi une certaine opération, sont consom-
més comme olives vertes, brunes ou noi-
res : ces dernières sont plus appréciées
parce que plus tendres et plus digestives.
Les procédés primitifs, employés par
les Kabyles, qui fournissaient une huile
utilisée par les indigènes pour leur con-
sommation, mais impropre à tout usage
comestible pour les Européens, bien que
nombreux encore, tendent à disparaî-
tre de plus en plus. Déjà d'ailleurs de
riches indigènes ont installé des mou-
lins perfectionnés, de provenance euro-
péenne, vers lesquels commencent à af-
fluer les produits des propriétaires envi-
ronnants. Si pendant un certain temps
les huiles d'olive kD ne surent con-
quérir la clientèle particulière, la faute
eu était aux moyens ue fabrication et au
peu d'expérience des cultivateurs. Mais
à la suite des encouragements de toutes
sortes donnés par le gouvernement gé-
néral de l'Algérie, cette industrie, né-
gligée surt..ut pendant la période lié-
vreuse de l'organisation du vignoble al-
gérien, semble être entrée dans une ère
de prospérité, résultant d'une exploita-
tion regulière, intelligente et minutieuse.
Les progrès de l'huilerie algérienne se
sont affirmés d'année en année et cette
transformation heureuse, due aux pro-
cédés nouveaux, ne saurait que s'accen-
tut;r.
Il existe actuellement en Algérie près
de trois mille moulins à huile produisant
annuellement de 250 à300 quintaux d'ex-
cellente huile.
Les huiles d Algérie peuvent se diviser
en deux grandes catégories comprenant,
naturellement, chacune plusieurs quali-
tés.
Les premières, ou huiles comestibles,
se divisent en « huiles de première pres-
sion » (huiles vierges fines et surfines)
dont le prix moyen, en temps normal,
varie de 110 à 150 fr. les cent kilos, et
a huiles de deuxième pression» (mi-fines et
ordinaires) vendues de 80 à 110 francs.
Toutes ces huiles proviennent des
usines européennes créées avec les der-
niers perfectionnements. Elles sont par-
faites au point de vue de la couleur, de
l'odeur, d.) goût et de la finesse et elles
peuvent soutenir la comparaison avec les pro-
duits les plus soignés et les plus renommés de
la Provence, de l'Italie et de VEspagne.
Les huiles de la seconde catégorie ou
huiles industrielles, lampantes, provien-
nent, en général, de la fabrication rudi-
mentaire des indigènes, on les désigne
vulgairement sous le nom d'huiles de
Kabylie. Elles sont assez recherchées
pour la savonnerie parce qu'elles renfer-
ment souvent une forte dose d'acide,
Elles se vendent couramment de 50 à
65 fr. le quintal.
Enfin il existe des huiles nommées
« huile de ressence » ou d* « enfer » ; elles
proviennent des bas produits de la fa-
brication et sont employées dans di-
verses industries qui les paient entre
40 et 50 fr. les cent kilos.
On s'occupe assez généralement, de-
puis quelques années, des grignons, que
l'on traite par le sulfure de carbone afin
d'obtenir une huile sans acidité qui sert
tout particulièrement au graissage des
machines.
La production de l'Algérie ne suffit
pas, pour le moment du moins, à sa con-
sommation, mais elle exporte cependant
la majeure partie de cette production en
France, dont elle reste tributaire et qui
lui envoie en échange de fortes quantités
d'huiles de graines (de coton, de sé-
same). Les cultivateurs ont donc dans la
propagation do l'olivier l'assurance de
gains respectables d'autant plus que,
depuis quelques années, un fort mouve-
ment s'est dessiné à l'étranger en faveur
des huiles algériennes et que les de-
mandes arrivent nombreuses de la Bel-
gique (qui est la principale cliente de
l'Algérie), des Pays-Bas, de l'Angle-
terre et de l'Allemagne.
De 1800 à 1899, la moyenne annuelle
des expéditions à l'étranger s'est chif-
frée par 416 quintaux.
De 1900 à 1909 cette moyenne annuelle
s'est élevée à 5.922 quintaux.
Les huiles d'olive s'expédient en bon-
bonnes, estagnons de différentes capa-
cités et en 1ûts de 180 et 550 litres pe-
sant brut respectivement 220 à 230 et
600 à 675 kilos. Les principaux ports
d'exportation sont, de l'est à l'ouest,
Bône, Phiiippcville, Bougie, Alger, Mos-
taganem, Oran. Les prix que nous avons
indiqués s'entendent mis, à quai de l'un
des ports algéricns. Le prix moyen du
fret d'un de ces ports à bord'Anvers est
de 25 à 28 fr. les mille kilos en fût.
Voici les quantités qui ont été expor-
tées durant ces vingt dernières années
avec leur valeur en douane sans distinc-
tion des qualités :
ANNEES Quantités exportées Valeur en douane
(QUINTAUX) (FRANCS)
1890 18.156 1.510.000
1891 24.746 2.254.000
1892 28.285 2.654.000
- 1893 8.391 710.000
1894 11.919 931.000
1895 14.891 1.068.000
1896 18.708 1.050.000
1897 12.179 645.000
1898 14.886 740.000
1899 24.461 1.713.000
1900 68.770 3.417.000
1901 45.398 3.132.000
1902 66.034 5.769.000
1903 18.601 1.897.000
1904 43.017 4.086.000
1905 62.812 5.716.000
1906 78.773 7.484.000
1907 26.091 2.609.000
1908 109.403 5.317.000
(1)1909 22.111 3.096.000
A l'exposition de Bruxelles, les parti-
cipants algériens sont au nombre de 226,
c'est dire toute l'importance que la cul-
ture de l'olivier prend d'année en année
en Algérie.
P. PARIS.
- - - -----
(1) Dans le tableau ci-iessus, il faut tenir
compte des années déficitaires ducs au saison-
ncnient de l'olivier dont nous avons parlé.
..J'J"J'J' --
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