Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1907-08-15
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32693410p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 15 août 1907 15 août 1907
Description : 1907/08/15 (A8,N31)- (A8,N32). 1907/08/15 (A8,N31)- (A8,N32).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
Description : Collection numérique : Thème : L'histoire partagée Collection numérique : Thème : L'histoire partagée
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6540934d
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 23/09/2013
8e ANiNEE IN0 31-32
PRIXii: France :|1 5J cent.
1
JEUDI 15 AOUT 190V.
-
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Les Annales Coloniales
EX VEXTE DANS TOUTES LES GAKES
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en première page
La nouvelle situation au laroc
par Camille FIDEL
Les Dépêches de la dernière heure.
La Revue de la Presse.
en seconde page
La protoclion des cmigrants
italiens en Suisse.
par Jacques RAMHAUU
LETTRE DE SYRIE
par René DELAPORTE.
La Semaine Coloniale.
en troisième page
La Semaine Economique.
PRINCIPAUX COLLABORATEURS
Rédacteur en Chef :
HENRI COSNIER
Dépuié de l'Indre
Coiutc d'A lluny, sénateur de la Niè-
vre, vice-préside rit du groupe colonial du
Sénat.
Maurice Cabart-Danne ville, sénateur
de la Manche.
Charles Dupuy, sénateur, ancien pré-
sident du Conseil.
Flenry-Ravarin, sénateur du Rhône.
Jnles Godin, sénateur, ancien minis-
tre, président du groupe colonial du Sé-
nat.
François Arago, ministre plénipo-
tentiaire, député.
Armez, député des Côtes-du-Nord.
Maurice Colin, député d'Alger.
Henry Dautlly, député de l'Indre.
li. Delaunay, député du Loiret.
François Deloncle, ministre plénipo-
tentiaire, député.
Etienne Flantlin, député de V Yonne,
président de la réunion d'études algé-
riennes.
Lucien Gasparin, députédela Réunion.
Geo Gérald, député de la Charente.
Hippolytc Laroche, ancien résident
général, dépuié.
Jules Legrand, ancien sous-secrétaire
d'Etat, député.
Lemaire, ancien gouverneur des
colonies, député de VInde.
Pasclial Grousset, député de Paris,
délégué de la Nouvelle-Calédonie au
Conseil supérieur des Colonies.
Georges Pousot., député du Jura.
Marcel Ribière, député de l' Yonne.
Victor Sévère, député de la Martini-
que.
Maurice Ordinaire, ancien député,
directeur de l Office de la Tunisie.
Henri Tonrnade, député de Paris.
Villanlt-Ducliesnois, député de la
Manche.
Henri Turot, conseiller municipal de
Paris.
François Bernard, professeur à l'Ecole
nationale d'agriculture de Montpellier.
Georges Blondel, docteur ès lettres
endroit, chargè de missions.
Pierre Callitte, chargé de missions.
Henri-E. Cliatenet, licencié ès lettres,
ancien avocat à la cour d'appel de Paris.
Edouard Clavery, consul de France.
Maurice Courant, secrétaire inter-
prèle, professeur près la chambre de
commerce de Lyon.
René Deianorte, chargé de mis-
sions.
Léon Deschamps, docteur ès lettres,
professeur au lycée dit Mans.
P. Deschamps, ancien directeur de
VEnseignement à Madagascar, secrétaire
général de la Mission laïque française,
G. Desdevises du Dézert, pi'ofes-
seur à la Faculté des lettres de V Uni-
versité de Clermoni Fcrrand,
Robert Doucet, docteur en droit.
Camille Fidel, chargé de missions.
Eugène Gallois, exjdnraicw.
Arthur HirauJt, professeur à la Fa-
culté de droit de Poitiers.
Guillaume Grandidier, docteur ès
sciences, charge de missions.
Henri H miser,pi'ofessewĩa la Facul-
té des lettres de t Université de Dijon.
H. Jacob de Cordcmoy, chargé de
cours ci la Faculté des sciences de
V Universilé de Marseille.
Henri Jumelle, professeur et l'Uni-
versité de Marseille.
Charles Leniire, ancien résident
supérieur de France.
Joseph Macliat, docteur ès lettres,
professeur agrégé d'histoire et de
géographie au lycée de Bourges.
t'nui lUcnrjot, docteur es lettres, pro-
fesseur agrégé d histoire et de géographie
au lycée Laltanal.
Jacques Ranibaud,cf^r^d d'histoire
et de géographie, professeur au Col-
lège Sainte-Barbe.
Pierre Rambautl, préparateur de géo-
graphie physique à la Sorbonne.
A. Tournier, ancien résident supé-
rieur de France au Laos.
Gaston Valran, docteur ès lettres,
professeur au lycée iïAix.
Le baron Carra de Vaux, explora-
leur.
E. de Wildeman, conservateur dit
musée botanique de Bruxelles.
La nouvelle situation au laroc
Après une série extraordinaire d'attentats
commis contre nos nationaux dont le plus
retentissant et le plus odieux a été l'assas-
sinat du docteur Mauchamp à Marrakech,
ce qui a motivé l'occupation d'Oudjda par
les troupes françaises comme gage de ré-
parations toujours promises et jamais ac-
cordées, l'agitation anti-européenne et sur-
tout anti-française, ttimitée jusqu'alors à
l'intérieur du Maroc, gagne les ports de
FAltantique où les Européens avaient joui
de tout temps d'une complète sécurité, eL
à Casablanca huit ouvriers (quatre fran-
çais, trois italiens et un espagnol) employés
aux travaux du port concédés à MM.
Schneider et Cie, et J. Viguer, sont lâche-
ment assassinés par des fanatiques, tandis
qu'une partie de la'colonie européenne est
contrainte, à se réfugier sur des bateaux
en rade. Des marins du Galilée,cléharquès
pour assurer la sécurité dans l'intérieur de
la ville, sont attaqués et parviennent à
grand-peine, par une charge héroïque, à
se. frayer un chemin jusqu'au consulat de
France dont ils organisent la défense ainsi
que des autres consulats, avec l'aide de
quelques marins espagnols, contre les Maro-
cains, tandis que les croiseurs français bom-
bardent la ville arabe et les environs. Mais
cette première leçon ne suffit pas, car des
bandes de Kabyles ayant pénétré dans la
ville ont mis à feu et à sang les quartiers
marocains et juifs,et le gouvernement fran-
çais envoie à Casablanca une escadre com-
mandée par l'amiral Philibert, et environ
2.000 hommes de troupes algériennes com-
mandées par le général Drude, lesquels,
après avoir occupé la ville,ont à subir d'in-
cessantes et furieuses attaques de la part de
milliers de Marocains des tribus Chaouîa
qui,malgré des perles énormes, reviennent
sans cesse à la charge avec un courage in-
croyable ; du côté français il y a malheu-
reusement à déplorer une dizaine de morts
et une vingtaine de blessés. L'agilation
parait s'étendre aux autres ports, notam-
ment à Mazagan où des croiseurs ont été
envoyés, ainsi qu'à Mogador, Saiïi, Rabat
Larache et Tanger.
L'action du Gouvernement français,
basée sur le droit de police conféré à la
France et à laEspagnc par l'acte d'Ajgésiras,
a reçu le meilleur accueil de la pa.rt des
puissances auxquelles elle a été notifiée,
y compris l'Allemagne. Elle a lieu en com-
plet accord avec le gouvernement espagnol
qui paraît cependant ne s'y associer que
dans une mesure très restreinte; retenu sans
doute par la faiblesse des moyens dont il
dispose et par l'opposition qui se manifeste
dans les différentes fractions de l'opinion
publique espagnole contre une « politique
d'aventures ». Les deux gouvernements
affirment leur intention de limiter leur in-
tervention à l'œu\Te de police prévue par
l'acte d'Algérisas ; une telle déclaration est
très aisée de la part de l'Espagne qui jus-
qu'à présent a laissé à la France presque
toutes les charges eL difficultés de la ré-
gression ; de la part de la France elle ne
peut avoir qu'un caractère purement pla-
tonique. En effet, l'acte d'Algésiras avait
prévu pour la police de chaque port quel- 1
ques centaines d'hommes de troupes ma-
rocaines instruites et commandées par
des officiers français et espagnols ; ac-
tuellement 2.000 hommes de troupes fran-
co-algériennes suffisent à peine pour main-
tenir l'ordre à Casablanca, en se tenant
constamment sur la défensive ; or; il est
clair que si l'on veut mettre fin à ces
attaques incessantes et purger la région
des hordes fanatiques qui l'infestent, il
faudra passer de la défensive à l'offensive
et entreprendre une expédition pour la-
quelle 3000 hommes au moins seront néces-
saires ; s'il y a lieu de se résoudre à une
action analogue dans d'autres ports, et
surtout s'il faut aller à Marrakech, ou à Fez,
on aura besoin de moyens d'action bien
plus importants ; quel que puisse être
le désir du gouvernement français de don-
ner à son intervention un caractère limité,
les événements pourront être plus forts
que sa volonté. Voilà une situation nou-
velle dont il convient d'envisager dès
maintenant toutes les conséquences.
La France agit actuellement au Maroc
non seulement en son nom personnel pour
la réparation du meurtre de ses nationaux,
mais aussi en qualité de mandataire de
l'Europe pour la protection des nationaux
et des intérêts des différentes puissantes
en relations d'affaires avec ce pays ; elle
s'impose de ce chef des sacrifices d'hommes
et d'argent pour lesquels elle est en droit
de prétendre à une équitable rémunération,
d'autant plus quedélcnant près de la moi-
tié du commerce (1) dans les ports maro-
cains, ses intérêts, plus considérables que
ceux de n'importe quelle autre nation,
souffrent bien davantage. Il nous revient
tout naturellement à l'esprit, à ce propos,
les déclarations que nous faisait en 1905
M. le professeur Th. Fischer, l'éminent
marocanisle allemand : « L'Allemagne,nous
« disait-il, est opposée à ce que la France,
« dans le but de faire régner l'ordre au Ma-
« roc, s'impose des sacrifices, ce qui, très
« naturellement, lui donnerait le droit
« d'exiger des compensations. » Ce que
l'Allemagne ne voulait pas permettre à la
France, en 1005, la France le fait en 1907,
les circonstances l'y obligeant. Or cette
situation nouvelle que nous avons essayé
de préciser n'a pas été prévue par les diplo-
mates réunis à Algérisas. L'acte sorti
de leurs délibérations,tout au moins en ce
qui concerne l'organisation de la police,
paraît clonc destiné à rester lettre morte.
SongeraiL-on en effet a confier la tache de 1
maintenir l'ordre, même sous un comman- J
dement français ou espagnol, à ces mêmes
soldats marocains qui accueillent les ma-
rins français à coups de fusil ? Il faut s'ha-
bituer à l'idée d'une occupation européenne
permanente voire même d'expéditions
dans l'intérieur, pour prévenir le retour de
semblables attentats et pacifier les régions
du Maroc fréquentées par les Européens.
Il n'est pas question pour le moment de
conquête du Maroc : ce serait aller un peu
vite en besogne. Il s'agit uniquement de sa-
voir si l'acte d'Algérisas devra être modi-
fié avec le consentement de toutes les puis-
sances signataires, et notamment si l'Al-
lemagne, sous réserve de la sauvegarde du
principe de la porte ouverte et moyennant
d'équitables compensations, est disposée à
permettre la transformation en mandat de
droit du mandat de l'ait qui revient à la
puissance la plus intéressée au Maroc, et
que la France accomplira jusqu'au bout,..
avec ou sans l'Espagne, peu importe. La
très sensible amélioration survenue récem-
ment dans les relations franco-allemandes
nous permet d'être optimiste à cet égard.
Camille FIDEL.
–-
les par
ie service de l'Emprunt maroe.tin. en l'UOle
commerce tnlîil il es poils niarwiiins alleinl
"i4.8c!S.i6i francs dont 2.la France, 24.francs, avec l'Aturli'lon e rl
7.114.40:3 francs avcc l'Allemagne. Le commerce
du port de Casablanca a alleinl celle même an-
née 14.07Ô.4T2 francs, dont 7.6-H.251.' lï. avec la
France. 8.041.522 l'r.avec l'Angleterre el I 004 930
fr. avec l'Allemagne.
Protection des Emigrants
italiens en Suisse
Parmi les institutions publiques ou pri-
vées créées par les Etats à population émi-
grante pour la protection de leurs natio-
naux, celles qu'ont organisées les Italiens
intéressent particulièrement,par le nombre
énorme d'émigrants, la variété des pays,
la diversité des conditions auxquelles elles
ont à s'adapter. Un rapport récent (1)
nous lait connaître en détail Y Office d émi-
gration en Suisse, où les Italiens ont, com-
me on sait, un de leurs plus forts contin-
gents, 150.000 personnes, dont deux tiers
environ établis à demeure.
En novembre 1904 fut désigné, à titre
d'essai, un prépesé (addello) à l'émigration
italienne en Suisse, attaché au consulat
général de Genève et sans caractère offi-
ciel dans le pays, chargé de renseigner les
émigrants sur les chances ou l'impossi-
bilité de trouver du travail dans les diver-
ses parties de la Confédération, de les as-
sister, du moins ceux de Genève, dans les
cas d'accidents du travail ou les contesta-
tions sur les salaires, de faire des enquêtes
sur les conditions économiques, hygiéni-
ques, sanitaires des ouvriers italiens. La
tâche était si ample qu'elle risquait d'être
assez inefficace ; le titulaire M. de Michelis,
dont la compétence s'est fait connaître du
public par un grand rapport sur l'émi-
gration italienne en Suisse, publié par le
Bulletin italien de l'émigration, donna à ces
fonctions une a&k^t|é qui fit décider la
création d'un ofTfee/él'action plus étendue
et mieux ordonnée (avril 1906).
Son siège reste à Genève, les distances
n'étant pas assez grandes en Suisse pour
être un obstacle à son activité ; mais, pour
faire face à la multiplicité des affaires, il
est divisé en 5 sections ; informations sur
j les travaux; placement des ouvriers ; ac-
cicleiils du travail ; conflits avec les pa-
trons ; enquêtes et assistance.
Pour divulguer les renseignements utiles
aux ouvriers italiens, outre les notes re-
produites par les journaux italiens en Suis-
se, l'Office a un Bulletin hebdomadaire, in-
diquant notamment les travaux en cours,
le besoin ou l'excès de main-d'œuvre, le
taux des salaires, les grèves, les garanties
que présentent les entrepreneurs désignés.;
et ajoutant des conseils d'intérêt général.
Il avait même nettement « mis à l'index »
certaines entreprises ou même certaines lo-
calités ; il y eut des plaintes et une inter-
vention courtoise du gouvernement. Un
guide de l'émigrant en Suisse est même dis-
tribué gratuitement. Les renseignements
fournis par l'Office doivent s'étendre aux
autres pays d'Europe et même d'Amérique,
car la Suisse compte un grand nombre
d'agences d'émigration, dont l'action y est
moins gênée que dans les pays à législation
spéciale pour elles.
(1) Bollelino dell' Emigrazione, n" 10.
Le service de placement est particuliè-
rement délicat.On doit éviter la publicité
pour ne point provoquer l'encombrement
et pouvoir maintenir des conditions avan-
tageuses de la part des entrepreneurs ; et
les plus difficiles à traiter sont encore les
ouvriers : « Quand on en demande dix, il
en vient vingt et ils s'étonnent à grand
bruit, quand ils ne crient, ne pleurent ou
n'insultent pas, parce que le travail ne se
trouve pas aussitôt. Si l'on trouve place
pour des mécaniciens, on voit arriver tran-
quillement de simples forgerons ; si l'on
désire des mineurs, il vient des manœu-
vres ; au lieu d'ouvriers robustes, des en-
fants, des vieillards ou même des infirmes. »
Depuis sa fondation, l'office a fait ac-
corder, pour indemnités d'accidents,
652.470 francs,sans parler des indemnités
liquidées directement par les CompagniQs
et qu'il a surveillées.
Ce qui n'est pas le côté le moins remar-
quable de son œuvre, elle s'accomplit en
gardant d'excellents rapports avec les au-
torités consulaires et, bien qu'elle ne soit
pas officiellement reconnue, avec les auto-
rités suisses. L'intéressante expérience
tentée en Suisse peut être d'un exemple
fécond pour d'autres régions d'immigration
et d'autres Etats à émigrants.
Jacques RAMBAUD.
.J" "'- -
UNE CROIX
Nous relevons avec plaisir, parmi les
nouvelles croix de chevalier de la Légion
d'honneur accordées au titre du ministère
des colonies,la nomination de M. Georges
Boideaux, le distingué chef de cabinet de
M. Milliès-Lacroix, auquel nous adressons
nos bien sincères félicitations.
-–
LETTRE DE SYRIE
Ce que doit être l'Ecole laïque
Beyrouth le 14 juillet 1097.
Beyrouth !. Le phare intellectuel de
l'Orient ! Les écoles l'ont rendu célèbre
de nos jours comme jadis Alexandrie. Il
ne faut pas se dissimuler,elle est un cen-
tre important d'éducation; les œuvres
catholiques et protestantes y ont fleuri
dans une louable émulation. Les mis-
sions catholiques et les missions amé-
ricaines ont fait là une œuvre grandiose.
On la connaît trop pour que j'y revien-
ne, mais il est une mission qui se lève
comme un astre nouveau à l'horizon de
l'Humanité, c'est la mission laïque
Voyons ce qu'elle peut faire en Orient,
et comment elle peut le faire 1
Il y a Orient et Orient. Les pays turcs
et arabes,les Echelles du Levant laissent
croître les écoles qui trouvent un recru-
tement facile parmi les diverses races qui
les habitent. Le gouvernement turc n'a
pas de programme d'éducation, ni de
DERNIERE HEURE 1
Au Japon
De M. Charles PEITIT d-uisie Petit Jour-
nal :
- -
Dien souvent, ion iu a deman ie en France
si le Japon présentait encore quelque ca-
ractère original, s'il Il'était pas complète-
ment modernisé, si l'on voyait encore, par
exemple, quelques costumes d'autrefois.Or,
je ne saurais trop le l'épéler, le Japon a
beaucoup moins changé qu'on ne se le ligu-
re. Ce n'est pas du tout une raison parce
qu'il a adopte presque toutes nos théories
scientifiques, construit des cuirassés et or-
ganisé une armée modems, pour qu'il ait
changé sa montalité, ses sentiments, ses
croyances, ses mœurs et ses habitudes.
S'il a copié l'Europe sur beaucoup de
points, ce n'est nullement par goût persun-
nel : c'est parce qu'il y était forcé. Nous
avons oblige jadis à coups de canon le Ja-
pon tt' .tbo ,jadis -i coul)s de canon le Ja-
pon d'abord à s'ouvrir, puis à se transfor-
mer. Il s'est rendu compte qu'il était obli-
ge, sous pdne de disparaître, a adopter nos
progrès matériels. Il s'est mis à s'instruire,
a travailler avec ardeur, d'abord pour sau-
ver son indépendance, et ensuite pour de-
venir une grande puissance.
Mais il serait, parfaitement faux de croire
que le Japon nous soit très reconnaissant
de ravoir obligé à faire cet immense el péni-
ble effort. Il n'a aucune admiration ni pour
la civilisation, ni pour les usages et coutu-
mes de l'Europe.
Depuis ses dernicres victoires, le Japon
sent qu'il a atteint son but, qu'il est, non
seulement respecté, mais même redouté. Et
une immense tendance se dessine dans l'o-
pinion publiquepour conserver du vieux Ja-
pon tout ce qu'on a pu ne pas sacrifier jus-
qu'ici.
Lo Japon désire rester le Japon. Il reste
plein d'admiration pour les hauts faits des
hautains daïmios et des ,bl'n\'es samouraï,
pour leur morale, leur code d'immeur et
leurs vertus civiques. Le fait de porter un
sabre reste un honneur indigne.
Un exemple caractéristique : la position
de sergent de ville est considérée co utne
tout à t'ait élevée parce qu'elle comprend le
port d'un sabre. Jamais je n'ai vu un peu-
ple avoir autanl. non seulement le respect,
mais la vénération de la polie.?. A Tokio, on
salue chapeau bas un simple sergent de vil-
le si on lui demande un renseignement : il
n'y a pas d'erreur, c'eat son sabre qu'on sa-
ii'y a pis C* O -;
lue.
Autrefois c'était un privilège d'avoir le
droit de porter un sabre; seuls, étaient no-
bles et respectés ceux qui s'en servaient et
un peu aussi ceux qui les fabriquaient. Le
culte du sabre était presque religieux. ltien
que pour le tirer du fourreau,l'on élailohli-
gé de s'astreindre à mille formalités. La la-
me était sacrée et sa vue interdite aux pro-
l'anes.
¥ 4
Ce cuite du sabre a laissé des traces pro-
fondes parmi la population. De même, le
vieux code d'honneur des anciens guer-
riers, le BOtlchitlo, est toujours respecté. Il
est difiicile d'en rendre comple en quelques
lignes, mais en voici tes idées principales :
T out homme doit être prêt en toute circons-
tance à sacrifier sa vio pour l'empereur qui
incarne l'àme du Daï Nippon (le grand Ja-
pon). Pour cela, il doit dè, son enfance
s'habituer à regarder froidement la mort et
à supporter la vue du sang sans faiblir. En
outre, il doit toujours venger par le sang
une insulte si faible s ut-elle. Dans cer-
tains cas, il doit lui-même s'ouvrir le ven-
tre pour maintenir sa renommée.
^Cette action de s'ouvrir le ventre s'appelle
le Harakiri. Théoriquement, le Harakiri est
interdit maintenant par les lois : mais pra-
tiquement ceux qui le commettent sont
aussi certains qu'autrefois de l'admiration
publique, - -
Pendant la dernière guerre il s'est pro-
duit encore de nombreux cas de Iiarakiri :
et les olîiciers et soldaU japonais conti-
nuent à proclamer que l'on doit toujours
se subider plutôt que de se rendre. Bien
que se soit assez contraire à nos idées mo-
dernes, l'on ne peut s'empêcher d'admirer
la farouche grandeur d'une pareille cOllcep"
tion.
Autrefois le Iiarakiri était devenu une sor-
tede privilège revendiqué par les classes no-
bles,C'éLait un moyen cel'(ain,pour nnarisLo-
crate, ;Lout en sauvegardant son honneur de
prouver sa bonne race, et son excellente
éducation. Le grand seigneur entourait la
cérémonie du décor appreprié aux règles
d'étiquette créées par des traditions sécu-
laires. Il mourait avec autant d'élégance
que de courage. Tandis que,sans trembler
il s'ouvrait le ventre à l'aide d'un poignard,
il savait conserver assez de sang-froid pour
adresser à l'assistance des paroles aussi mâ-
les que distinguées.
Aujourd'hui, un simple conscrit, refusé
par le coiseil de revision, revendique par-
fois ce privilège des anciens nobles. Pen-
dant la guerre, plusieurs s'ouvrirent ainsi
le ventre pour montrer que si physiquement
ils n'étaient pas capables d'être soldats,
ils en avaient au moins l'àme et le cœur.
Je n'insiste pas: le culte du sabre, le
Bouchido,le Harakiri, tous ces anciens ves-
tiges d'un passé guerrier et chevaleresque
suffisent à démontrer que la mentalité du
peuple japonais a beaucoup moins changé
qu'on ne se l'imagine.
- Je prends d'aalra part leur manière de
considérer l'empereur. Pour les Japonais,
l'empereur est le Ten-nô, l'être sacré par
excellence, inviolable, et divin. La religion
officielle du Japon, le shintoïsme, a pour
dogme principal la croyance dans la divini-
té impériale. L'empereur actuel Mustsu-
Hito deviendra un dieu après sa mort com-
me le sont déjà ses ancêtres. La dynastie
descend du soleil ; c'estun autre - dogme.
Il se peut que certains Japonais en Eu-
rope trouvent boa d'afficher un certain
scepticisme à ce sujet ; mais dans le fdlHl
de leur cœur, ils croient encore malgré
eux, par atavisme pouffai-je dire, il ces
dogmes du .sUuloi-nio.E". tout cas, ils con-
servent pour la maison impériale MU respect
e t une vénération qui, s'il-ne sont plus re-
ligieux. n'en sont pas moins profonds.
Autrefois, avant la révolution de I-Sb8, le 1
divin empereur restait caché aux yeux de
tous dans son palais de Kyoto. Aujourd'hui
encore, il vit dans une soric ds mystère, le:;
abords de son palais de Tokio étant absolu-
ment inaccessibles au vulgaire des hommes.
Mais il a pris l'habitude de se montrer à la
foule cinq ou six foL; par an à l'occasion de
différentes cérémonies : L'i jour de l'an, il
reçoit officiellement dans son palais les
grands dignitaires et ministres japonais et
les diplomates européens.Il préside aussi
aux deux célèbres fêles des cerisiers et des
chrysanthèmes,à l'oll.vol'Lure de la Dicte,à la
fêie des esprits du temple de Shokonsha.
Enfin,le3 novembre, jour anniversaire de
sa naissance, il passe les troupes en revue.
if
* f
Les Kouttabs Tunisiens
De M. Charles GÉNIAUX dans le Siècle.
On appelle de ce nom les écoles corani-
ques et nous n'en parlerions pas en cette
place, si l'un d'entre ces kouttabs n'avait
droit à une première place dans l'ac, Lillité-,
car il vient d'inaugurer une révolution dans
l'enseignement musulman de la régence.
Nous tenons cette réforme pour très im-
portante. Elle contribuera, dans une large
mesure, nu rapprochement des indigènes
et des Européens et cela, de la façon la plus
logique, en donnant aux Tunisiens une cul-
ture primaire d'après les principes de la pé-
dagogie française.
Il existe 'bien quelques écoles franco-
arabes, mais quand on saura qu'à peine
trois mille enfants sur soixante-dix mille,
peuvent suivre les conr.ï des maîtres fran-
çais, on tiendra ce total pour insignifiant.
Voici quelques niniq. un ancien profes-
seur musulman, Si Iv^airallah, alla trouver
M. d'Anihouard, dclcgué général à la rési-
dence et lui exposj son projitdu kouttab
modernisé. A lVuseiguonieui <-lnurde des
anciennes école- coraniques où L»3S enfants
apprennent par cœur cl sans aucune ex-
plication une partie du Coran, il proposa la
substitution d'une ecole respectant les tra-
ditions religieuses mais apprenant aux élè-
ves et avant, tou', 1M lecture, l'écriture, Je
ealcul, la orographie, i et le français, une heur.1 par jour.
Si Khairnllah avait trouvé la transition
permettant aux pères de famille les plus ri-
goristes d'envoyer leurs fils à une mederça
satisfaisant tout à la fois anx prescriptions
de l'enseignement moderne et au dogme.
Il faut connaitre les écoles coraniques
du système ancien pour appréciera sa va-
leur la réforme entreprise.
Les kouttabs se signalent toujours à l'at-
tention du promeneur par une ou deux fe-
nêtres géminées, parfois gracieusement dé-
fendues de la curio-ité de la rue par une me-
nuiserie à savants entrelacs ajourés. Pres-
que toujours ces écoles sont logées dans la
ZaouÍet ou chapelle d'une confrérie. La clas-
se proprement dite manque de richesse et
même de confortable. Quelques marches
ébréchées et d'une hauteur disproportionnée
avec les petites jambes des ecoliers, con-
duisent à une pièce ouve. tc sur l'escalier et
que garnissent des nattes. Comme les en-
fants encaqués au nombie d'une cinquan-
taine, quelquefois davantage, pourraient
choir dans la rue par trop de zèle scolaire,
car il est de coutume de s'agiter beaucoup
et de se balancer en répétant les versets,
une petite balustrade peinte en vert garan-
Il tit les élèves des culbutes. Tous les enfants,
en djebbas roses, bouton d'or, lilas ; ou en
cachabiahs rayées, s'ils sont plus pauvres ;
ou en burnous ou en petites vestes citron
amadou ou jasmin, sont accronpis, Ils ont
retiré leurs babonches et les ont rangées
sur l'escalier.
Chaque enfant tient à la main une petite
planchette barbouillée d'argi:.e sur laquelle,
après dcssicalion, le mOlleddeb, (professeur)
ou les plus grands des élèves, ont inscrit
avec un calam, nlnme de roseau, un verset
dit Coran. Les jeunes musulmans, suivant
leur âge, épellent tous ensemble des écri-
tures plus ou moins faciles, plus ou moins
variées. Il s'ensuit une horrible cacophonie,
les sourates s'entrelaçant, se nouant, se
diffusant parmi les voix perçantes des éco-
liers plongés dans la pénombre d'une salle
toujours obscure.
A croupetons sur 'une soupente élevée au-
dessus des élèves, le moueddeb tient à la
main nne longue baguette, et lorsque le zèle
de sos disciples se ralentit, il leur fouaille
le crâne, les oreilles ou plus volontiers le
bout des doigts. Aussitôt, les apprentis co-
raniques semblent couchés par le veut., se
balancent comme des grenadiers dans la
tempête et leurs rouges chéchias accentuent
cette impression d'un champ de gros fruits
agités par la brise. Le sok, lorsque les éco-
liers ont bien hurlé tes pieuses maximes, ils
procèdent, avant leur retour à la maisou,
au livaffe de leurs nlanchettes.
Cette opération atteint presqu'à la hau.
leur d'une cérémonie ritlletle. Il s'agit de
respecter le nom d'Allah inscrit à l encro
de noix de pin sur la mince couche d'argile.
Les écoliers plongent donc leurs planchet-
tes dans une terrine d'eau et lavent respec-
tueusement le verset qui coule avec la ter-
re. Cette eau sacrée sera enterrée soigneu-
sement dans un trou creusé dans une cour
ou un jardin,
Il y aura mauvaise grâse à blâmer ce
culte touchant dans lequel nous voulons
voir une marque du respect pour la science
naissante.
"J'- 1
PRIXii: France :|1 5J cent.
1
JEUDI 15 AOUT 190V.
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Les Annales Coloniales
EX VEXTE DANS TOUTES LES GAKES
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tions concernant la rédaction att nom de M. le
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en première page
La nouvelle situation au laroc
par Camille FIDEL
Les Dépêches de la dernière heure.
La Revue de la Presse.
en seconde page
La protoclion des cmigrants
italiens en Suisse.
par Jacques RAMHAUU
LETTRE DE SYRIE
par René DELAPORTE.
La Semaine Coloniale.
en troisième page
La Semaine Economique.
PRINCIPAUX COLLABORATEURS
Rédacteur en Chef :
HENRI COSNIER
Dépuié de l'Indre
Coiutc d'A lluny, sénateur de la Niè-
vre, vice-préside rit du groupe colonial du
Sénat.
Maurice Cabart-Danne ville, sénateur
de la Manche.
Charles Dupuy, sénateur, ancien pré-
sident du Conseil.
Flenry-Ravarin, sénateur du Rhône.
Jnles Godin, sénateur, ancien minis-
tre, président du groupe colonial du Sé-
nat.
François Arago, ministre plénipo-
tentiaire, député.
Armez, député des Côtes-du-Nord.
Maurice Colin, député d'Alger.
Henry Dautlly, député de l'Indre.
li. Delaunay, député du Loiret.
François Deloncle, ministre plénipo-
tentiaire, député.
Etienne Flantlin, député de V Yonne,
président de la réunion d'études algé-
riennes.
Lucien Gasparin, députédela Réunion.
Geo Gérald, député de la Charente.
Hippolytc Laroche, ancien résident
général, dépuié.
Jules Legrand, ancien sous-secrétaire
d'Etat, député.
Lemaire, ancien gouverneur des
colonies, député de VInde.
Pasclial Grousset, député de Paris,
délégué de la Nouvelle-Calédonie au
Conseil supérieur des Colonies.
Georges Pousot., député du Jura.
Marcel Ribière, député de l' Yonne.
Victor Sévère, député de la Martini-
que.
Maurice Ordinaire, ancien député,
directeur de l Office de la Tunisie.
Henri Tonrnade, député de Paris.
Villanlt-Ducliesnois, député de la
Manche.
Henri Turot, conseiller municipal de
Paris.
François Bernard, professeur à l'Ecole
nationale d'agriculture de Montpellier.
Georges Blondel, docteur ès lettres
endroit, chargè de missions.
Pierre Callitte, chargé de missions.
Henri-E. Cliatenet, licencié ès lettres,
ancien avocat à la cour d'appel de Paris.
Edouard Clavery, consul de France.
Maurice Courant, secrétaire inter-
prèle, professeur près la chambre de
commerce de Lyon.
René Deianorte, chargé de mis-
sions.
Léon Deschamps, docteur ès lettres,
professeur au lycée dit Mans.
P. Deschamps, ancien directeur de
VEnseignement à Madagascar, secrétaire
général de la Mission laïque française,
G. Desdevises du Dézert, pi'ofes-
seur à la Faculté des lettres de V Uni-
versité de Clermoni Fcrrand,
Robert Doucet, docteur en droit.
Camille Fidel, chargé de missions.
Eugène Gallois, exjdnraicw.
Arthur HirauJt, professeur à la Fa-
culté de droit de Poitiers.
Guillaume Grandidier, docteur ès
sciences, charge de missions.
Henri H miser,pi'ofessewĩa la Facul-
té des lettres de t Université de Dijon.
H. Jacob de Cordcmoy, chargé de
cours ci la Faculté des sciences de
V Universilé de Marseille.
Henri Jumelle, professeur et l'Uni-
versité de Marseille.
Charles Leniire, ancien résident
supérieur de France.
Joseph Macliat, docteur ès lettres,
professeur agrégé d'histoire et de
géographie au lycée de Bourges.
t'nui lUcnrjot, docteur es lettres, pro-
fesseur agrégé d histoire et de géographie
au lycée Laltanal.
Jacques Ranibaud,cf^r^d d'histoire
et de géographie, professeur au Col-
lège Sainte-Barbe.
Pierre Rambautl, préparateur de géo-
graphie physique à la Sorbonne.
A. Tournier, ancien résident supé-
rieur de France au Laos.
Gaston Valran, docteur ès lettres,
professeur au lycée iïAix.
Le baron Carra de Vaux, explora-
leur.
E. de Wildeman, conservateur dit
musée botanique de Bruxelles.
La nouvelle situation au laroc
Après une série extraordinaire d'attentats
commis contre nos nationaux dont le plus
retentissant et le plus odieux a été l'assas-
sinat du docteur Mauchamp à Marrakech,
ce qui a motivé l'occupation d'Oudjda par
les troupes françaises comme gage de ré-
parations toujours promises et jamais ac-
cordées, l'agitation anti-européenne et sur-
tout anti-française, ttimitée jusqu'alors à
l'intérieur du Maroc, gagne les ports de
FAltantique où les Européens avaient joui
de tout temps d'une complète sécurité, eL
à Casablanca huit ouvriers (quatre fran-
çais, trois italiens et un espagnol) employés
aux travaux du port concédés à MM.
Schneider et Cie, et J. Viguer, sont lâche-
ment assassinés par des fanatiques, tandis
qu'une partie de la'colonie européenne est
contrainte, à se réfugier sur des bateaux
en rade. Des marins du Galilée,cléharquès
pour assurer la sécurité dans l'intérieur de
la ville, sont attaqués et parviennent à
grand-peine, par une charge héroïque, à
se. frayer un chemin jusqu'au consulat de
France dont ils organisent la défense ainsi
que des autres consulats, avec l'aide de
quelques marins espagnols, contre les Maro-
cains, tandis que les croiseurs français bom-
bardent la ville arabe et les environs. Mais
cette première leçon ne suffit pas, car des
bandes de Kabyles ayant pénétré dans la
ville ont mis à feu et à sang les quartiers
marocains et juifs,et le gouvernement fran-
çais envoie à Casablanca une escadre com-
mandée par l'amiral Philibert, et environ
2.000 hommes de troupes algériennes com-
mandées par le général Drude, lesquels,
après avoir occupé la ville,ont à subir d'in-
cessantes et furieuses attaques de la part de
milliers de Marocains des tribus Chaouîa
qui,malgré des perles énormes, reviennent
sans cesse à la charge avec un courage in-
croyable ; du côté français il y a malheu-
reusement à déplorer une dizaine de morts
et une vingtaine de blessés. L'agilation
parait s'étendre aux autres ports, notam-
ment à Mazagan où des croiseurs ont été
envoyés, ainsi qu'à Mogador, Saiïi, Rabat
Larache et Tanger.
L'action du Gouvernement français,
basée sur le droit de police conféré à la
France et à laEspagnc par l'acte d'Ajgésiras,
a reçu le meilleur accueil de la pa.rt des
puissances auxquelles elle a été notifiée,
y compris l'Allemagne. Elle a lieu en com-
plet accord avec le gouvernement espagnol
qui paraît cependant ne s'y associer que
dans une mesure très restreinte; retenu sans
doute par la faiblesse des moyens dont il
dispose et par l'opposition qui se manifeste
dans les différentes fractions de l'opinion
publique espagnole contre une « politique
d'aventures ». Les deux gouvernements
affirment leur intention de limiter leur in-
tervention à l'œu\Te de police prévue par
l'acte d'Algérisas ; une telle déclaration est
très aisée de la part de l'Espagne qui jus-
qu'à présent a laissé à la France presque
toutes les charges eL difficultés de la ré-
gression ; de la part de la France elle ne
peut avoir qu'un caractère purement pla-
tonique. En effet, l'acte d'Algésiras avait
prévu pour la police de chaque port quel- 1
ques centaines d'hommes de troupes ma-
rocaines instruites et commandées par
des officiers français et espagnols ; ac-
tuellement 2.000 hommes de troupes fran-
co-algériennes suffisent à peine pour main-
tenir l'ordre à Casablanca, en se tenant
constamment sur la défensive ; or; il est
clair que si l'on veut mettre fin à ces
attaques incessantes et purger la région
des hordes fanatiques qui l'infestent, il
faudra passer de la défensive à l'offensive
et entreprendre une expédition pour la-
quelle 3000 hommes au moins seront néces-
saires ; s'il y a lieu de se résoudre à une
action analogue dans d'autres ports, et
surtout s'il faut aller à Marrakech, ou à Fez,
on aura besoin de moyens d'action bien
plus importants ; quel que puisse être
le désir du gouvernement français de don-
ner à son intervention un caractère limité,
les événements pourront être plus forts
que sa volonté. Voilà une situation nou-
velle dont il convient d'envisager dès
maintenant toutes les conséquences.
La France agit actuellement au Maroc
non seulement en son nom personnel pour
la réparation du meurtre de ses nationaux,
mais aussi en qualité de mandataire de
l'Europe pour la protection des nationaux
et des intérêts des différentes puissantes
en relations d'affaires avec ce pays ; elle
s'impose de ce chef des sacrifices d'hommes
et d'argent pour lesquels elle est en droit
de prétendre à une équitable rémunération,
d'autant plus quedélcnant près de la moi-
tié du commerce (1) dans les ports maro-
cains, ses intérêts, plus considérables que
ceux de n'importe quelle autre nation,
souffrent bien davantage. Il nous revient
tout naturellement à l'esprit, à ce propos,
les déclarations que nous faisait en 1905
M. le professeur Th. Fischer, l'éminent
marocanisle allemand : « L'Allemagne,nous
« disait-il, est opposée à ce que la France,
« dans le but de faire régner l'ordre au Ma-
« roc, s'impose des sacrifices, ce qui, très
« naturellement, lui donnerait le droit
« d'exiger des compensations. » Ce que
l'Allemagne ne voulait pas permettre à la
France, en 1005, la France le fait en 1907,
les circonstances l'y obligeant. Or cette
situation nouvelle que nous avons essayé
de préciser n'a pas été prévue par les diplo-
mates réunis à Algérisas. L'acte sorti
de leurs délibérations,tout au moins en ce
qui concerne l'organisation de la police,
paraît clonc destiné à rester lettre morte.
SongeraiL-on en effet a confier la tache de 1
maintenir l'ordre, même sous un comman- J
dement français ou espagnol, à ces mêmes
soldats marocains qui accueillent les ma-
rins français à coups de fusil ? Il faut s'ha-
bituer à l'idée d'une occupation européenne
permanente voire même d'expéditions
dans l'intérieur, pour prévenir le retour de
semblables attentats et pacifier les régions
du Maroc fréquentées par les Européens.
Il n'est pas question pour le moment de
conquête du Maroc : ce serait aller un peu
vite en besogne. Il s'agit uniquement de sa-
voir si l'acte d'Algérisas devra être modi-
fié avec le consentement de toutes les puis-
sances signataires, et notamment si l'Al-
lemagne, sous réserve de la sauvegarde du
principe de la porte ouverte et moyennant
d'équitables compensations, est disposée à
permettre la transformation en mandat de
droit du mandat de l'ait qui revient à la
puissance la plus intéressée au Maroc, et
que la France accomplira jusqu'au bout,..
avec ou sans l'Espagne, peu importe. La
très sensible amélioration survenue récem-
ment dans les relations franco-allemandes
nous permet d'être optimiste à cet égard.
Camille FIDEL.
–-
les par
ie service de l'Emprunt maroe.tin. en l'UOle
commerce tnlîil il es poils niarwiiins alleinl
"i4.8c!S.i6i francs dont 2.
7.114.40:3 francs avcc l'Allemagne. Le commerce
du port de Casablanca a alleinl celle même an-
née 14.07Ô.4T2 francs, dont 7.6-H.251.' lï. avec la
France. 8.041.522 l'r.avec l'Angleterre el I 004 930
fr. avec l'Allemagne.
Protection des Emigrants
italiens en Suisse
Parmi les institutions publiques ou pri-
vées créées par les Etats à population émi-
grante pour la protection de leurs natio-
naux, celles qu'ont organisées les Italiens
intéressent particulièrement,par le nombre
énorme d'émigrants, la variété des pays,
la diversité des conditions auxquelles elles
ont à s'adapter. Un rapport récent (1)
nous lait connaître en détail Y Office d émi-
gration en Suisse, où les Italiens ont, com-
me on sait, un de leurs plus forts contin-
gents, 150.000 personnes, dont deux tiers
environ établis à demeure.
En novembre 1904 fut désigné, à titre
d'essai, un prépesé (addello) à l'émigration
italienne en Suisse, attaché au consulat
général de Genève et sans caractère offi-
ciel dans le pays, chargé de renseigner les
émigrants sur les chances ou l'impossi-
bilité de trouver du travail dans les diver-
ses parties de la Confédération, de les as-
sister, du moins ceux de Genève, dans les
cas d'accidents du travail ou les contesta-
tions sur les salaires, de faire des enquêtes
sur les conditions économiques, hygiéni-
ques, sanitaires des ouvriers italiens. La
tâche était si ample qu'elle risquait d'être
assez inefficace ; le titulaire M. de Michelis,
dont la compétence s'est fait connaître du
public par un grand rapport sur l'émi-
gration italienne en Suisse, publié par le
Bulletin italien de l'émigration, donna à ces
fonctions une a&k^t|é qui fit décider la
création d'un ofTfee/él'action plus étendue
et mieux ordonnée (avril 1906).
Son siège reste à Genève, les distances
n'étant pas assez grandes en Suisse pour
être un obstacle à son activité ; mais, pour
faire face à la multiplicité des affaires, il
est divisé en 5 sections ; informations sur
j les travaux; placement des ouvriers ; ac-
cicleiils du travail ; conflits avec les pa-
trons ; enquêtes et assistance.
Pour divulguer les renseignements utiles
aux ouvriers italiens, outre les notes re-
produites par les journaux italiens en Suis-
se, l'Office a un Bulletin hebdomadaire, in-
diquant notamment les travaux en cours,
le besoin ou l'excès de main-d'œuvre, le
taux des salaires, les grèves, les garanties
que présentent les entrepreneurs désignés.;
et ajoutant des conseils d'intérêt général.
Il avait même nettement « mis à l'index »
certaines entreprises ou même certaines lo-
calités ; il y eut des plaintes et une inter-
vention courtoise du gouvernement. Un
guide de l'émigrant en Suisse est même dis-
tribué gratuitement. Les renseignements
fournis par l'Office doivent s'étendre aux
autres pays d'Europe et même d'Amérique,
car la Suisse compte un grand nombre
d'agences d'émigration, dont l'action y est
moins gênée que dans les pays à législation
spéciale pour elles.
(1) Bollelino dell' Emigrazione, n" 10.
Le service de placement est particuliè-
rement délicat.On doit éviter la publicité
pour ne point provoquer l'encombrement
et pouvoir maintenir des conditions avan-
tageuses de la part des entrepreneurs ; et
les plus difficiles à traiter sont encore les
ouvriers : « Quand on en demande dix, il
en vient vingt et ils s'étonnent à grand
bruit, quand ils ne crient, ne pleurent ou
n'insultent pas, parce que le travail ne se
trouve pas aussitôt. Si l'on trouve place
pour des mécaniciens, on voit arriver tran-
quillement de simples forgerons ; si l'on
désire des mineurs, il vient des manœu-
vres ; au lieu d'ouvriers robustes, des en-
fants, des vieillards ou même des infirmes. »
Depuis sa fondation, l'office a fait ac-
corder, pour indemnités d'accidents,
652.470 francs,sans parler des indemnités
liquidées directement par les CompagniQs
et qu'il a surveillées.
Ce qui n'est pas le côté le moins remar-
quable de son œuvre, elle s'accomplit en
gardant d'excellents rapports avec les au-
torités consulaires et, bien qu'elle ne soit
pas officiellement reconnue, avec les auto-
rités suisses. L'intéressante expérience
tentée en Suisse peut être d'un exemple
fécond pour d'autres régions d'immigration
et d'autres Etats à émigrants.
Jacques RAMBAUD.
.J" "'- -
UNE CROIX
Nous relevons avec plaisir, parmi les
nouvelles croix de chevalier de la Légion
d'honneur accordées au titre du ministère
des colonies,la nomination de M. Georges
Boideaux, le distingué chef de cabinet de
M. Milliès-Lacroix, auquel nous adressons
nos bien sincères félicitations.
-–
LETTRE DE SYRIE
Ce que doit être l'Ecole laïque
Beyrouth le 14 juillet 1097.
Beyrouth !. Le phare intellectuel de
l'Orient ! Les écoles l'ont rendu célèbre
de nos jours comme jadis Alexandrie. Il
ne faut pas se dissimuler,elle est un cen-
tre important d'éducation; les œuvres
catholiques et protestantes y ont fleuri
dans une louable émulation. Les mis-
sions catholiques et les missions amé-
ricaines ont fait là une œuvre grandiose.
On la connaît trop pour que j'y revien-
ne, mais il est une mission qui se lève
comme un astre nouveau à l'horizon de
l'Humanité, c'est la mission laïque
Voyons ce qu'elle peut faire en Orient,
et comment elle peut le faire 1
Il y a Orient et Orient. Les pays turcs
et arabes,les Echelles du Levant laissent
croître les écoles qui trouvent un recru-
tement facile parmi les diverses races qui
les habitent. Le gouvernement turc n'a
pas de programme d'éducation, ni de
DERNIERE HEURE 1
Au Japon
De M. Charles PEITIT d-uisie Petit Jour-
nal :
- -
Dien souvent, ion iu a deman ie en France
si le Japon présentait encore quelque ca-
ractère original, s'il Il'était pas complète-
ment modernisé, si l'on voyait encore, par
exemple, quelques costumes d'autrefois.Or,
je ne saurais trop le l'épéler, le Japon a
beaucoup moins changé qu'on ne se le ligu-
re. Ce n'est pas du tout une raison parce
qu'il a adopte presque toutes nos théories
scientifiques, construit des cuirassés et or-
ganisé une armée modems, pour qu'il ait
changé sa montalité, ses sentiments, ses
croyances, ses mœurs et ses habitudes.
S'il a copié l'Europe sur beaucoup de
points, ce n'est nullement par goût persun-
nel : c'est parce qu'il y était forcé. Nous
avons oblige jadis à coups de canon le Ja-
pon tt' .tbo ,jadis -i coul)s de canon le Ja-
pon d'abord à s'ouvrir, puis à se transfor-
mer. Il s'est rendu compte qu'il était obli-
ge, sous pdne de disparaître, a adopter nos
progrès matériels. Il s'est mis à s'instruire,
a travailler avec ardeur, d'abord pour sau-
ver son indépendance, et ensuite pour de-
venir une grande puissance.
Mais il serait, parfaitement faux de croire
que le Japon nous soit très reconnaissant
de ravoir obligé à faire cet immense el péni-
ble effort. Il n'a aucune admiration ni pour
la civilisation, ni pour les usages et coutu-
mes de l'Europe.
Depuis ses dernicres victoires, le Japon
sent qu'il a atteint son but, qu'il est, non
seulement respecté, mais même redouté. Et
une immense tendance se dessine dans l'o-
pinion publiquepour conserver du vieux Ja-
pon tout ce qu'on a pu ne pas sacrifier jus-
qu'ici.
Lo Japon désire rester le Japon. Il reste
plein d'admiration pour les hauts faits des
hautains daïmios et des ,bl'n\'es samouraï,
pour leur morale, leur code d'immeur et
leurs vertus civiques. Le fait de porter un
sabre reste un honneur indigne.
Un exemple caractéristique : la position
de sergent de ville est considérée co utne
tout à t'ait élevée parce qu'elle comprend le
port d'un sabre. Jamais je n'ai vu un peu-
ple avoir autanl. non seulement le respect,
mais la vénération de la polie.?. A Tokio, on
salue chapeau bas un simple sergent de vil-
le si on lui demande un renseignement : il
n'y a pas d'erreur, c'eat son sabre qu'on sa-
ii'y a pis C* O -;
lue.
Autrefois c'était un privilège d'avoir le
droit de porter un sabre; seuls, étaient no-
bles et respectés ceux qui s'en servaient et
un peu aussi ceux qui les fabriquaient. Le
culte du sabre était presque religieux. ltien
que pour le tirer du fourreau,l'on élailohli-
gé de s'astreindre à mille formalités. La la-
me était sacrée et sa vue interdite aux pro-
l'anes.
¥ 4
Ce cuite du sabre a laissé des traces pro-
fondes parmi la population. De même, le
vieux code d'honneur des anciens guer-
riers, le BOtlchitlo, est toujours respecté. Il
est difiicile d'en rendre comple en quelques
lignes, mais en voici tes idées principales :
T out homme doit être prêt en toute circons-
tance à sacrifier sa vio pour l'empereur qui
incarne l'àme du Daï Nippon (le grand Ja-
pon). Pour cela, il doit dè, son enfance
s'habituer à regarder froidement la mort et
à supporter la vue du sang sans faiblir. En
outre, il doit toujours venger par le sang
une insulte si faible s ut-elle. Dans cer-
tains cas, il doit lui-même s'ouvrir le ven-
tre pour maintenir sa renommée.
^Cette action de s'ouvrir le ventre s'appelle
le Harakiri. Théoriquement, le Harakiri est
interdit maintenant par les lois : mais pra-
tiquement ceux qui le commettent sont
aussi certains qu'autrefois de l'admiration
publique, - -
Pendant la dernière guerre il s'est pro-
duit encore de nombreux cas de Iiarakiri :
et les olîiciers et soldaU japonais conti-
nuent à proclamer que l'on doit toujours
se subider plutôt que de se rendre. Bien
que se soit assez contraire à nos idées mo-
dernes, l'on ne peut s'empêcher d'admirer
la farouche grandeur d'une pareille cOllcep"
tion.
Autrefois le Iiarakiri était devenu une sor-
tede privilège revendiqué par les classes no-
bles,C'éLait un moyen cel'(ain,pour nnarisLo-
crate, ;Lout en sauvegardant son honneur de
prouver sa bonne race, et son excellente
éducation. Le grand seigneur entourait la
cérémonie du décor appreprié aux règles
d'étiquette créées par des traditions sécu-
laires. Il mourait avec autant d'élégance
que de courage. Tandis que,sans trembler
il s'ouvrait le ventre à l'aide d'un poignard,
il savait conserver assez de sang-froid pour
adresser à l'assistance des paroles aussi mâ-
les que distinguées.
Aujourd'hui, un simple conscrit, refusé
par le coiseil de revision, revendique par-
fois ce privilège des anciens nobles. Pen-
dant la guerre, plusieurs s'ouvrirent ainsi
le ventre pour montrer que si physiquement
ils n'étaient pas capables d'être soldats,
ils en avaient au moins l'àme et le cœur.
Je n'insiste pas: le culte du sabre, le
Bouchido,le Harakiri, tous ces anciens ves-
tiges d'un passé guerrier et chevaleresque
suffisent à démontrer que la mentalité du
peuple japonais a beaucoup moins changé
qu'on ne se l'imagine.
- Je prends d'aalra part leur manière de
considérer l'empereur. Pour les Japonais,
l'empereur est le Ten-nô, l'être sacré par
excellence, inviolable, et divin. La religion
officielle du Japon, le shintoïsme, a pour
dogme principal la croyance dans la divini-
té impériale. L'empereur actuel Mustsu-
Hito deviendra un dieu après sa mort com-
me le sont déjà ses ancêtres. La dynastie
descend du soleil ; c'estun autre - dogme.
Il se peut que certains Japonais en Eu-
rope trouvent boa d'afficher un certain
scepticisme à ce sujet ; mais dans le fdlHl
de leur cœur, ils croient encore malgré
eux, par atavisme pouffai-je dire, il ces
dogmes du .sUuloi-nio.E". tout cas, ils con-
servent pour la maison impériale MU respect
e t une vénération qui, s'il-ne sont plus re-
ligieux. n'en sont pas moins profonds.
Autrefois, avant la révolution de I-Sb8, le 1
divin empereur restait caché aux yeux de
tous dans son palais de Kyoto. Aujourd'hui
encore, il vit dans une soric ds mystère, le:;
abords de son palais de Tokio étant absolu-
ment inaccessibles au vulgaire des hommes.
Mais il a pris l'habitude de se montrer à la
foule cinq ou six foL; par an à l'occasion de
différentes cérémonies : L'i jour de l'an, il
reçoit officiellement dans son palais les
grands dignitaires et ministres japonais et
les diplomates européens.Il préside aussi
aux deux célèbres fêles des cerisiers et des
chrysanthèmes,à l'oll.vol'Lure de la Dicte,à la
fêie des esprits du temple de Shokonsha.
Enfin,le3 novembre, jour anniversaire de
sa naissance, il passe les troupes en revue.
if
* f
Les Kouttabs Tunisiens
De M. Charles GÉNIAUX dans le Siècle.
On appelle de ce nom les écoles corani-
ques et nous n'en parlerions pas en cette
place, si l'un d'entre ces kouttabs n'avait
droit à une première place dans l'ac, Lillité-,
car il vient d'inaugurer une révolution dans
l'enseignement musulman de la régence.
Nous tenons cette réforme pour très im-
portante. Elle contribuera, dans une large
mesure, nu rapprochement des indigènes
et des Européens et cela, de la façon la plus
logique, en donnant aux Tunisiens une cul-
ture primaire d'après les principes de la pé-
dagogie française.
Il existe 'bien quelques écoles franco-
arabes, mais quand on saura qu'à peine
trois mille enfants sur soixante-dix mille,
peuvent suivre les conr.ï des maîtres fran-
çais, on tiendra ce total pour insignifiant.
Voici quelques niniq. un ancien profes-
seur musulman, Si Iv^airallah, alla trouver
M. d'Anihouard, dclcgué général à la rési-
dence et lui exposj son projitdu kouttab
modernisé. A lVuseiguonieui <-lnurde des
anciennes école- coraniques où L»3S enfants
apprennent par cœur cl sans aucune ex-
plication une partie du Coran, il proposa la
substitution d'une ecole respectant les tra-
ditions religieuses mais apprenant aux élè-
ves et avant, tou', 1M lecture, l'écriture, Je
ealcul, la orographie, i
Si Khairnllah avait trouvé la transition
permettant aux pères de famille les plus ri-
goristes d'envoyer leurs fils à une mederça
satisfaisant tout à la fois anx prescriptions
de l'enseignement moderne et au dogme.
Il faut connaitre les écoles coraniques
du système ancien pour appréciera sa va-
leur la réforme entreprise.
Les kouttabs se signalent toujours à l'at-
tention du promeneur par une ou deux fe-
nêtres géminées, parfois gracieusement dé-
fendues de la curio-ité de la rue par une me-
nuiserie à savants entrelacs ajourés. Pres-
que toujours ces écoles sont logées dans la
ZaouÍet ou chapelle d'une confrérie. La clas-
se proprement dite manque de richesse et
même de confortable. Quelques marches
ébréchées et d'une hauteur disproportionnée
avec les petites jambes des ecoliers, con-
duisent à une pièce ouve. tc sur l'escalier et
que garnissent des nattes. Comme les en-
fants encaqués au nombie d'une cinquan-
taine, quelquefois davantage, pourraient
choir dans la rue par trop de zèle scolaire,
car il est de coutume de s'agiter beaucoup
et de se balancer en répétant les versets,
une petite balustrade peinte en vert garan-
Il tit les élèves des culbutes. Tous les enfants,
en djebbas roses, bouton d'or, lilas ; ou en
cachabiahs rayées, s'ils sont plus pauvres ;
ou en burnous ou en petites vestes citron
amadou ou jasmin, sont accronpis, Ils ont
retiré leurs babonches et les ont rangées
sur l'escalier.
Chaque enfant tient à la main une petite
planchette barbouillée d'argi:.e sur laquelle,
après dcssicalion, le mOlleddeb, (professeur)
ou les plus grands des élèves, ont inscrit
avec un calam, nlnme de roseau, un verset
dit Coran. Les jeunes musulmans, suivant
leur âge, épellent tous ensemble des écri-
tures plus ou moins faciles, plus ou moins
variées. Il s'ensuit une horrible cacophonie,
les sourates s'entrelaçant, se nouant, se
diffusant parmi les voix perçantes des éco-
liers plongés dans la pénombre d'une salle
toujours obscure.
A croupetons sur 'une soupente élevée au-
dessus des élèves, le moueddeb tient à la
main nne longue baguette, et lorsque le zèle
de sos disciples se ralentit, il leur fouaille
le crâne, les oreilles ou plus volontiers le
bout des doigts. Aussitôt, les apprentis co-
raniques semblent couchés par le veut., se
balancent comme des grenadiers dans la
tempête et leurs rouges chéchias accentuent
cette impression d'un champ de gros fruits
agités par la brise. Le sok, lorsque les éco-
liers ont bien hurlé tes pieuses maximes, ils
procèdent, avant leur retour à la maisou,
au livaffe de leurs nlanchettes.
Cette opération atteint presqu'à la hau.
leur d'une cérémonie ritlletle. Il s'agit de
respecter le nom d'Allah inscrit à l encro
de noix de pin sur la mince couche d'argile.
Les écoliers plongent donc leurs planchet-
tes dans une terrine d'eau et lavent respec-
tueusement le verset qui coule avec la ter-
re. Cette eau sacrée sera enterrée soigneu-
sement dans un trou creusé dans une cour
ou un jardin,
Il y aura mauvaise grâse à blâmer ce
culte touchant dans lequel nous voulons
voir une marque du respect pour la science
naissante.
"J'- 1
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