Titre : Revue mensuelle / Touring-club de France
Auteur : Touring-Club de France. Auteur du texte
Éditeur : Touring-club de France (Neuilly-sur-Seine)
Éditeur : Touring-club de FranceTouring-club de France (Paris)
Date d'édition : 1907-09-01
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34350057f
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 14670 Nombre total de vues : 14670
Description : 01 septembre 1907 01 septembre 1907
Description : 1907/09/01 (A17)-1907/09/30. 1907/09/01 (A17)-1907/09/30.
Description : Collection numérique : Musée national du sport. Collection numérique : Musée national du sport.
Description : Appartient à l’ensemble documentaire : BvdPrs001 Appartient à l’ensemble documentaire : BvdPrs001
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k65058155
Source : Ville de Paris / Bibliothèque du Tourisme et des Voyages, 2012-362146
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 31/07/2013
410 REVUE MENSUELLE
MONOS, CONTRE POLYS
Entre le progrès et la routine, la lutte continue et
s'accentue 'même d'année en année. La bicyclette mono-
serve (deux roues, un cadre, une chaîne, une selle, un
guidon, deux pédales), simple à construire, facile à
vendre, ne veut pas encore s'avouer vaincue sur le terrain
du cyclotourisme où elle paraît pourtant de plus en plus
ridicule quand on l'y rencontre poussée à la côte par son
propriétaire éreinté ou accrochée au toit d'une diligence.
Mais elle se rattrape une fois par an avec les profes-
sionn'els du Tour de France, qui la promènent triompha-
lement à travers quarante départements., à grande allure
s'il vous plaît, malgré les quelques rampes pas trop mé-
chantes qu'on leur oppose et qui sont d'ailleurs suffisantes
pour forcer ces héros à entrer dans la peau du propriétaire
éreinté dont je parlais tout à l'heure.
Il faut lire dans les journaux comment ils firent le col
de Porte pour comprendre l'intensité de leur éreintement;
aussi, pour rehausser à leurs propres yeux leur mérite, et
épater à fond la jeunesse qui suit la course avec ferveur,
n'hésite-t-on pas à doubler l'altitude du col de Porte en
lui attribuant 21 kilomètres à 10 %, soit 2.100 mètres
d'élévation, alors qu'en réalité, Saint-Laurent-du-Pont
étant à 405 mètres et le col à 1.350 mètres, l'élévation
n'est pas même de mille mètres.
Ce coup de grosse caisse annuel suffit néanmoins pour
entretenir dans les esprits simplets l'idée qu'avec un seul
développement bien choisi, on passe partout et qu'il est
par conséquent inutile, même pour aller tourister dans
les régions les plus accidentées, de s'embarrasser d'une
de ces bicyclettes de voyage lourdes et compliquées que
les concours du T. C. F. ont mises en vedette.
Ne vous semble-t-il pas que l'épreuve annuelle du
Tour de France n'a été imaginée en 1903 que pour faire
en quelque sorte échec au concours du T. C. F. de 1902 ?
Le monde cycliste avait été frappé d'étonnement par
les résultats du concours de Tarbes, où des inconnus, une
jeune fille même, avaient battu les professionnels les plus
en renom, en gravissant, sans pousser un seul instant
leur machine, le col du Tourmalet auquel les Muller,
Fischer, Aucouturier et tutti quanti firent les honneurs
du pied-à-terre avec un ensemble touchant.
Eh quoi ! la simple et vulgaire bicyclette qu'on fabrique
à la grosse, à très bas prix et qu'on vend relativement
fort cher allait être détrônée par la nouvelle venue à
prix de revient élevé ! La mono succomberait devant
la poly !
Sursum cordai s'écrièrent en choeur les industriels de
tout ordre que cette perspective attristait, organisons
une contre-épreuve, et faisons triompher envers et contre
tous la bicyclette monoserve, source de profits sûrs et
facile-!.
Et le Tour de France fut créé, mais uu Tour de France
timide qui n'avoisine la frontière que juste pour en
effleurer les difficultés 'que recherchent au contraire les
concours du T. C, F. Ainsi les « tours de France » ne
vont pas de Chambéry à Grenoble par la fameuse route
des Trois Cols, théâtre du concours de 1905, ni de Grenoble
à Nice par les cols du Galibier, d'Izoard, de Vars et d'Allos;
ils évitent avec soin les Pyrénées et la route-frontière
qui passe par les cols de Peyresourde, d'Aspin, du Tour-
màlet, etc.
Leur itinéraire, revu et corrigé ad usum juçentutis,
leur permet de jeter aux yeux des jeunes pédards qui les
attendent au passage, en même temps que beaucoup de
poussière, un peu de cette poudre de Perlinpinpin, qui
leur fait prendre des vessies pour des lanternes et Pottier
pour un cyclotouriste.
Et voilà pourquoi nous rencontrons sur les routes
véritables du cyclotourisme tant de malheureux cyclistes
et de plus infortunées cyclettistes pestant contre la
montée ou contre le vent qui les empêche de pédaler,
et n'ayant pas même l'idée de pester contre leur machine
monomultipliée, cause unique de leur éreintement ;
tant ils sont persuadés que, possédant la machine avec-
laquelle les « tours de France » ont passé partout, ils
possèdent ce qu'il y a de mieux en fait de bicyclettes de
voyage.
On le leur a dit, et ils le croient.
(Que n'ont-ils pu acheter au moins, en même temps
que leur mono, le cœur, les muscles et l'entraînement des
Petit Breton, Georget et consorts !)
Ils le croient jusqu'au jour où, nous voyant passer à
côté d'eux tranquillement et fort à l'aise, quelle que soit
la roideur de la pente ou la force du vent, sur nos poly-
multipliées, ils ont la curiosité- de s'enquérir du pourquoi
de leur impuissance et de notre supériorité.
Malheureusement on ne peut pas toujours dire d'un
faible développement que l'essayer c'est l'adopter. Il
y a un. certain apprentissage à faire et la première impres-
sion est plutôt désagréable, quand, à une montée qu'on
a l'habitude de faire péniblement en appuyant de toutes
ses forces sur la pédale avec un développement de 5 m. 50
par exemple, on sent fuir la pédale au début de l'effort
avec un développement de 3 mètres. Le pied préparé à
un effort puissant et long, tombe dans le vide et l'on
s'essouffle rapidement comme si pour franchir des marches
de vingt centimètres on élevait le pied de quarante centi-
mètres.
Mais qu'on ne se rebute pas dès le premier essai mala-
droit, qu'on persiste pendant quelque temps, et l'on
acquiert insensiblement cette façon de pédaler toute
particulière qui nous permet aujourd'hui de tourner à
90 tours dans le 8 avec 2 m. 50, alors que j'ai cru
longtemps, et que j'ai même écrit dans « Le Cycliste »
qu'il serait toujours matériellement impossible de tourner
à plus de 60 tours à la montée avec de faibles dévelop-
pements.
Erreur complète.
La polymultiplication ayant été imaginée pour ne pas
se fatiguer, les plus faibles développements, jusques et y
compris 1 m. 50, ont leur raison d'être, et il est essentiel,
MONOS, CONTRE POLYS
Entre le progrès et la routine, la lutte continue et
s'accentue 'même d'année en année. La bicyclette mono-
serve (deux roues, un cadre, une chaîne, une selle, un
guidon, deux pédales), simple à construire, facile à
vendre, ne veut pas encore s'avouer vaincue sur le terrain
du cyclotourisme où elle paraît pourtant de plus en plus
ridicule quand on l'y rencontre poussée à la côte par son
propriétaire éreinté ou accrochée au toit d'une diligence.
Mais elle se rattrape une fois par an avec les profes-
sionn'els du Tour de France, qui la promènent triompha-
lement à travers quarante départements., à grande allure
s'il vous plaît, malgré les quelques rampes pas trop mé-
chantes qu'on leur oppose et qui sont d'ailleurs suffisantes
pour forcer ces héros à entrer dans la peau du propriétaire
éreinté dont je parlais tout à l'heure.
Il faut lire dans les journaux comment ils firent le col
de Porte pour comprendre l'intensité de leur éreintement;
aussi, pour rehausser à leurs propres yeux leur mérite, et
épater à fond la jeunesse qui suit la course avec ferveur,
n'hésite-t-on pas à doubler l'altitude du col de Porte en
lui attribuant 21 kilomètres à 10 %, soit 2.100 mètres
d'élévation, alors qu'en réalité, Saint-Laurent-du-Pont
étant à 405 mètres et le col à 1.350 mètres, l'élévation
n'est pas même de mille mètres.
Ce coup de grosse caisse annuel suffit néanmoins pour
entretenir dans les esprits simplets l'idée qu'avec un seul
développement bien choisi, on passe partout et qu'il est
par conséquent inutile, même pour aller tourister dans
les régions les plus accidentées, de s'embarrasser d'une
de ces bicyclettes de voyage lourdes et compliquées que
les concours du T. C. F. ont mises en vedette.
Ne vous semble-t-il pas que l'épreuve annuelle du
Tour de France n'a été imaginée en 1903 que pour faire
en quelque sorte échec au concours du T. C. F. de 1902 ?
Le monde cycliste avait été frappé d'étonnement par
les résultats du concours de Tarbes, où des inconnus, une
jeune fille même, avaient battu les professionnels les plus
en renom, en gravissant, sans pousser un seul instant
leur machine, le col du Tourmalet auquel les Muller,
Fischer, Aucouturier et tutti quanti firent les honneurs
du pied-à-terre avec un ensemble touchant.
Eh quoi ! la simple et vulgaire bicyclette qu'on fabrique
à la grosse, à très bas prix et qu'on vend relativement
fort cher allait être détrônée par la nouvelle venue à
prix de revient élevé ! La mono succomberait devant
la poly !
Sursum cordai s'écrièrent en choeur les industriels de
tout ordre que cette perspective attristait, organisons
une contre-épreuve, et faisons triompher envers et contre
tous la bicyclette monoserve, source de profits sûrs et
facile-!.
Et le Tour de France fut créé, mais uu Tour de France
timide qui n'avoisine la frontière que juste pour en
effleurer les difficultés 'que recherchent au contraire les
concours du T. C, F. Ainsi les « tours de France » ne
vont pas de Chambéry à Grenoble par la fameuse route
des Trois Cols, théâtre du concours de 1905, ni de Grenoble
à Nice par les cols du Galibier, d'Izoard, de Vars et d'Allos;
ils évitent avec soin les Pyrénées et la route-frontière
qui passe par les cols de Peyresourde, d'Aspin, du Tour-
màlet, etc.
Leur itinéraire, revu et corrigé ad usum juçentutis,
leur permet de jeter aux yeux des jeunes pédards qui les
attendent au passage, en même temps que beaucoup de
poussière, un peu de cette poudre de Perlinpinpin, qui
leur fait prendre des vessies pour des lanternes et Pottier
pour un cyclotouriste.
Et voilà pourquoi nous rencontrons sur les routes
véritables du cyclotourisme tant de malheureux cyclistes
et de plus infortunées cyclettistes pestant contre la
montée ou contre le vent qui les empêche de pédaler,
et n'ayant pas même l'idée de pester contre leur machine
monomultipliée, cause unique de leur éreintement ;
tant ils sont persuadés que, possédant la machine avec-
laquelle les « tours de France » ont passé partout, ils
possèdent ce qu'il y a de mieux en fait de bicyclettes de
voyage.
On le leur a dit, et ils le croient.
(Que n'ont-ils pu acheter au moins, en même temps
que leur mono, le cœur, les muscles et l'entraînement des
Petit Breton, Georget et consorts !)
Ils le croient jusqu'au jour où, nous voyant passer à
côté d'eux tranquillement et fort à l'aise, quelle que soit
la roideur de la pente ou la force du vent, sur nos poly-
multipliées, ils ont la curiosité- de s'enquérir du pourquoi
de leur impuissance et de notre supériorité.
Malheureusement on ne peut pas toujours dire d'un
faible développement que l'essayer c'est l'adopter. Il
y a un. certain apprentissage à faire et la première impres-
sion est plutôt désagréable, quand, à une montée qu'on
a l'habitude de faire péniblement en appuyant de toutes
ses forces sur la pédale avec un développement de 5 m. 50
par exemple, on sent fuir la pédale au début de l'effort
avec un développement de 3 mètres. Le pied préparé à
un effort puissant et long, tombe dans le vide et l'on
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mètres.
Mais qu'on ne se rebute pas dès le premier essai mala-
droit, qu'on persiste pendant quelque temps, et l'on
acquiert insensiblement cette façon de pédaler toute
particulière qui nous permet aujourd'hui de tourner à
90 tours dans le 8 avec 2 m. 50, alors que j'ai cru
longtemps, et que j'ai même écrit dans « Le Cycliste »
qu'il serait toujours matériellement impossible de tourner
à plus de 60 tours à la montée avec de faibles dévelop-
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