Titre : Le Parnasse : organe des concours littéraires de Paris
Éditeur : F. Javaux (Paris)
Éditeur : A. ChériéA. Chérié (Paris)
Date d'édition : 1885-02-16
Contributeur : Gantés, Fernand de. Directeur de publication
Contributeur : Berry, Georges (1851-1915). Directeur de publication
Contributeur : Picard, Germain (1836-1900). Directeur de publication
Contributeur : Chérié, Alfred. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34429285z
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 1608 Nombre total de vues : 1608
Description : 16 février 1885 16 février 1885
Description : 1885/02/16 (A9,N95). 1885/02/16 (A9,N95).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6485410p
Source : Bibliothèque nationale de France, département Littérature et art, FOL-YE-3
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/03/2013
(( Année. - Nu 95*
16 Février 1885.
LE PARNASSE
ORGANE DES CONCOURS LITTERAIRES
PARAISSANT LE I" ET LE 16 DE CHAQUE MOIS
Avec BULLETIN MUSICAL supplémentaire
Rédaction et Administration, PARIS, 40, RUE HALLÉ
Directeur : A. CHÉRIÉ.
40, rue Halle, PARIS
Rédacteur en chef: F.-E. ADAM.
147, rue Saint-Martin, PARIS
Abonnement partant du ieTde chaqu
mois : 1 2 francs par an.
Membres du Comité des Concours : FRANÇOIS COPPÉE — HENRI DE BORNIER — ARSÈNE HOUSSAYE — AURÉLIEN SCHOLL
Er:GÈNE MANUEL — ALFRED DES ESSARTS - GERMAIN PICARD - ALBERT MERAT — BERTOL-GRAIVIL
P. R. DU COSTAL - AUGUSTE GENERES - LOUIS TIERCELIN - F.-E. ADAM — THÉODORE MAURER — BERNARD GAUSSERON
CHRONIQUE THÉATRALE
Théâtre Beaumarchais : Jean Cévenol. — Odéon : La Mai-
son des Deux-Barbeaux ; L'Ile aux Corneilleti. - Château-
d'Eau : Les Français au Tonkin. — Renaissance : La
Parisienne. — Vaudeville : Clara Soleil.
Décidément, l'année est bonne pour le théâtre Beaumarchais. Deux
drames nouveaux, deux succès. Après Boislaurier, Jean Cévenol. —
Ce qui n'étonne personne, c'est que l'un et l'autre ont eu le même
sort devant Messieurs les directeurs des grands théâtres ; ils ont été
refusés d'emblée. Boislaurier ci Jçan Cévenol ont réussi à Beaumar-
chais; aussitôt les directeurs en question ont l'air de se réjouir.
cc Tant mieux pour les pet,ts théâtres ! disent-ils » Quels bons
cœur, vraiment! Mais je conseillerai à ces Mess'eurs d'avoir à
l'avenir moins de générosité et de mériter un peu plus cette épi-
thète d'intelligent dont on les gratifie journellement. avec trop de
complaisance.
MM. Auguste Fraisse et Henri Séna, les auteurs de Jean Cévenol,
sont des jeunes qui (nt déjà fait leurs preuves. M. Froisse est l'au-
teur applaudi des Champairol, un drame en vers joué l'an dernier
aux Menus-plaisirs et repris cette année avec succès au Château-
d'Eau. M. Séna a publié dans plusieurs revues de nombreux
articles qui ont été remarqués de tous ceux qui aiment les lettres.
Leur drame, Jean Cévenol, est une etude physiologique très inté-
ressante faite avec le pius grand soin. Ce n'est pas la première fois
que le cas pathologique sur lequel repose le drame de MM. Fraisse
et Séna est mis a la scène, mais il ne le fut jamais avec autant d'ia-
bileté et de vérité. Aussi, le troisième acte où, dans un accès de
somnambulisme, J'an Cévenol frappe d'un coup de haihe celui qu'il
croit son rival, a-t-il produit une sensation profonde et décidé du
succès de a souée.
Si ce t oisième acte de Jean -Cévenol est remarquable, j'avoue que
ceux qui le précèdent ne le sont pas moins. Nons sommes en pleine
campagne, et nous assistons à une idylle toute de douceur et de
mélancolie qui rappelle plus d'une fois les délicieuses paysanneries
de Georges Sand.
C'est M. Taillade qui joue Jean Cévenol. Impossible de montrer à
la fois plus de tristesse poignante, plus de gaité naïve, p:us de dou-
leur tragique. On peut dire cette fois encore que. M. Tail ade n'a pas
joué, mais qu'il a vécu lo rôle dont il était chargé. C'est un nouveau
triomphe pour ce remarquable artiste Mme- Mozart a donné tout le
prestige de son é!égante beauté au rôle touchant de Madeleine.
Et vous verrez que malgré le succès de Jean Cévenol, certains di-
recteurs ne se gèneront pas pour dire que les jeunes gens n'ont pas
de talent, qu'ils ne savent pas le théâtre. et même qu'il n'y a pas de
jeunes. Il est vrai que nous avons le droit de leur rire au nez et nous
ne manquerons pas d'en user largement.
* »
*
Avec la Maison des deux Barbeaux, la nouvelle pièce de l'Odéon,
nous quittons la campagne pour la petite ville. Ce n'est plus la vie
libre et robuste en plein air, sous le ciel bleu et sous le soleil joyeux
dont les rayons ardents font jaunir les moissons, c'est l'existence
étriquée, monotone et sombre dans un trou de province. Pour accen-
tuer encore l'obscurité du tableau, les auteurs, MM. André Theuriet
et Henri Lyon, ont fait des deux heros de leur pièce, deux droguistes,
et ils les ont affublés des noms peut-être harmonieux de Hyacinthe
et de Germain Lafrogne. Et on se demande vraiment s'il est pos-
sible que Mlle Laurence de Cou'aines, nature parisienre et fine qui
sent gronder en elle les désirs de la vie mondaine en arrive à
s'éprendre de l'un des deux Corbeaux. Mme G rmain Lafrogne
n'est-elle pas condamnée à être une Bovary? La pièce n'est certes pas
sans valeur ; le premier acte renferme même de biens jolis détails,
où l'on reconnait l'écrivain qui a donné à la Iîevue des Deux-Mondls
des pages remplies d'un charme à la fois si délicat et si pénétrant.
Mais la naïveté des moyens a presque déconcerté le public de la
première, et les auteurs n'ont obtenu que des brayos d'encoura-
gement.
La Maison des deux Corbeaux est interprêtée de façon supérieure
MM. Chelles et Aarnaglia ont composé avec un soin particulier les
types des deux frères Lafrogne. Mme Crosnier joue avec son auto-
rité habituelle un rôle de servante, et Mlle Baréty, dans Laurence, a
montré une émotion vraie que nous n'attendions pas d'elle : c'est une
surprise agréable. -
La Maison des deux Corbeaux est accompagnée sur l'affiche d'un
acte en vers de M. Ernest d'Herviliy, intitule l'Ile aux Corneilles. A
parler franc, il n'y a pas de pièce dans ce petit acte. C'est une de ces
aimables fantaisies pleines d'esprit tt de jolies rimes dont M. d'Her-
villy possède le secret.
M. Amaury et M.le Réal ont enlevé avec verve cette poétique
bleuette.
*
* *
Le Chateau-d'Eau vient de nous donner un drame militaire, Les
Français au Tonkin. Le spectacle vaut plutôt par la mise en scène
que par le fond même de la pièce. Plusieurs tableaux, la Prisl de
lIanoï, la Bataille dans les rivières, la glace de Son-Tay ont produit
un grand effet
L'interprétation d'ailleurs est bonne. A côté de Mme Fromentin
engagée spécialement, il convient de citer Mlle A'ine Guyon,
MM. Gravier, Décori et Dalmy. Voilà un heureux début pour la
nouvelle direction à laquelle nous souhaitons la bienvenue.
A. CÉNÉRÈS.
(A suivre).
POÉSIES DES JAEMBRES DU FOMITÉ
:t'incendie des montagnes
SONNET
* m*m —
Interlaken, gardé par des montagnes blanches,
Voit à ses'pieds mignons descendre maint glacier
Sans que le vent seioue et ses fLurs et ses branches,
Sans que la Yung-frau fronce ses yeux d'acier.
16 Février 1885.
LE PARNASSE
ORGANE DES CONCOURS LITTERAIRES
PARAISSANT LE I" ET LE 16 DE CHAQUE MOIS
Avec BULLETIN MUSICAL supplémentaire
Rédaction et Administration, PARIS, 40, RUE HALLÉ
Directeur : A. CHÉRIÉ.
40, rue Halle, PARIS
Rédacteur en chef: F.-E. ADAM.
147, rue Saint-Martin, PARIS
Abonnement partant du ieTde chaqu
mois : 1 2 francs par an.
Membres du Comité des Concours : FRANÇOIS COPPÉE — HENRI DE BORNIER — ARSÈNE HOUSSAYE — AURÉLIEN SCHOLL
Er:GÈNE MANUEL — ALFRED DES ESSARTS - GERMAIN PICARD - ALBERT MERAT — BERTOL-GRAIVIL
P. R. DU COSTAL - AUGUSTE GENERES - LOUIS TIERCELIN - F.-E. ADAM — THÉODORE MAURER — BERNARD GAUSSERON
CHRONIQUE THÉATRALE
Théâtre Beaumarchais : Jean Cévenol. — Odéon : La Mai-
son des Deux-Barbeaux ; L'Ile aux Corneilleti. - Château-
d'Eau : Les Français au Tonkin. — Renaissance : La
Parisienne. — Vaudeville : Clara Soleil.
Décidément, l'année est bonne pour le théâtre Beaumarchais. Deux
drames nouveaux, deux succès. Après Boislaurier, Jean Cévenol. —
Ce qui n'étonne personne, c'est que l'un et l'autre ont eu le même
sort devant Messieurs les directeurs des grands théâtres ; ils ont été
refusés d'emblée. Boislaurier ci Jçan Cévenol ont réussi à Beaumar-
chais; aussitôt les directeurs en question ont l'air de se réjouir.
cc Tant mieux pour les pet,ts théâtres ! disent-ils » Quels bons
cœur, vraiment! Mais je conseillerai à ces Mess'eurs d'avoir à
l'avenir moins de générosité et de mériter un peu plus cette épi-
thète d'intelligent dont on les gratifie journellement. avec trop de
complaisance.
MM. Auguste Fraisse et Henri Séna, les auteurs de Jean Cévenol,
sont des jeunes qui (nt déjà fait leurs preuves. M. Froisse est l'au-
teur applaudi des Champairol, un drame en vers joué l'an dernier
aux Menus-plaisirs et repris cette année avec succès au Château-
d'Eau. M. Séna a publié dans plusieurs revues de nombreux
articles qui ont été remarqués de tous ceux qui aiment les lettres.
Leur drame, Jean Cévenol, est une etude physiologique très inté-
ressante faite avec le pius grand soin. Ce n'est pas la première fois
que le cas pathologique sur lequel repose le drame de MM. Fraisse
et Séna est mis a la scène, mais il ne le fut jamais avec autant d'ia-
bileté et de vérité. Aussi, le troisième acte où, dans un accès de
somnambulisme, J'an Cévenol frappe d'un coup de haihe celui qu'il
croit son rival, a-t-il produit une sensation profonde et décidé du
succès de a souée.
Si ce t oisième acte de Jean -Cévenol est remarquable, j'avoue que
ceux qui le précèdent ne le sont pas moins. Nons sommes en pleine
campagne, et nous assistons à une idylle toute de douceur et de
mélancolie qui rappelle plus d'une fois les délicieuses paysanneries
de Georges Sand.
C'est M. Taillade qui joue Jean Cévenol. Impossible de montrer à
la fois plus de tristesse poignante, plus de gaité naïve, p:us de dou-
leur tragique. On peut dire cette fois encore que. M. Tail ade n'a pas
joué, mais qu'il a vécu lo rôle dont il était chargé. C'est un nouveau
triomphe pour ce remarquable artiste Mme- Mozart a donné tout le
prestige de son é!égante beauté au rôle touchant de Madeleine.
Et vous verrez que malgré le succès de Jean Cévenol, certains di-
recteurs ne se gèneront pas pour dire que les jeunes gens n'ont pas
de talent, qu'ils ne savent pas le théâtre. et même qu'il n'y a pas de
jeunes. Il est vrai que nous avons le droit de leur rire au nez et nous
ne manquerons pas d'en user largement.
* »
*
Avec la Maison des deux Barbeaux, la nouvelle pièce de l'Odéon,
nous quittons la campagne pour la petite ville. Ce n'est plus la vie
libre et robuste en plein air, sous le ciel bleu et sous le soleil joyeux
dont les rayons ardents font jaunir les moissons, c'est l'existence
étriquée, monotone et sombre dans un trou de province. Pour accen-
tuer encore l'obscurité du tableau, les auteurs, MM. André Theuriet
et Henri Lyon, ont fait des deux heros de leur pièce, deux droguistes,
et ils les ont affublés des noms peut-être harmonieux de Hyacinthe
et de Germain Lafrogne. Et on se demande vraiment s'il est pos-
sible que Mlle Laurence de Cou'aines, nature parisienre et fine qui
sent gronder en elle les désirs de la vie mondaine en arrive à
s'éprendre de l'un des deux Corbeaux. Mme G rmain Lafrogne
n'est-elle pas condamnée à être une Bovary? La pièce n'est certes pas
sans valeur ; le premier acte renferme même de biens jolis détails,
où l'on reconnait l'écrivain qui a donné à la Iîevue des Deux-Mondls
des pages remplies d'un charme à la fois si délicat et si pénétrant.
Mais la naïveté des moyens a presque déconcerté le public de la
première, et les auteurs n'ont obtenu que des brayos d'encoura-
gement.
La Maison des deux Corbeaux est interprêtée de façon supérieure
MM. Chelles et Aarnaglia ont composé avec un soin particulier les
types des deux frères Lafrogne. Mme Crosnier joue avec son auto-
rité habituelle un rôle de servante, et Mlle Baréty, dans Laurence, a
montré une émotion vraie que nous n'attendions pas d'elle : c'est une
surprise agréable. -
La Maison des deux Corbeaux est accompagnée sur l'affiche d'un
acte en vers de M. Ernest d'Herviliy, intitule l'Ile aux Corneilles. A
parler franc, il n'y a pas de pièce dans ce petit acte. C'est une de ces
aimables fantaisies pleines d'esprit tt de jolies rimes dont M. d'Her-
villy possède le secret.
M. Amaury et M.le Réal ont enlevé avec verve cette poétique
bleuette.
*
* *
Le Chateau-d'Eau vient de nous donner un drame militaire, Les
Français au Tonkin. Le spectacle vaut plutôt par la mise en scène
que par le fond même de la pièce. Plusieurs tableaux, la Prisl de
lIanoï, la Bataille dans les rivières, la glace de Son-Tay ont produit
un grand effet
L'interprétation d'ailleurs est bonne. A côté de Mme Fromentin
engagée spécialement, il convient de citer Mlle A'ine Guyon,
MM. Gravier, Décori et Dalmy. Voilà un heureux début pour la
nouvelle direction à laquelle nous souhaitons la bienvenue.
A. CÉNÉRÈS.
(A suivre).
POÉSIES DES JAEMBRES DU FOMITÉ
:t'incendie des montagnes
SONNET
* m*m —
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