Titre : Le Parnasse : organe des concours littéraires de Paris
Éditeur : F. Javaux (Paris)
Éditeur : A. ChériéA. Chérié (Paris)
Date d'édition : 1884-09-01
Contributeur : Gantés, Fernand de. Directeur de publication
Contributeur : Berry, Georges (1851-1915). Directeur de publication
Contributeur : Picard, Germain (1836-1900). Directeur de publication
Contributeur : Chérié, Alfred. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34429285z
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 1608 Nombre total de vues : 1608
Description : 01 septembre 1884 01 septembre 1884
Description : 1884/09/01 (A8,N85). 1884/09/01 (A8,N85).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k64854009
Source : Bibliothèque nationale de France, département Littérature et art, FOL-YE-3
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 12/03/2013
8e Année. — N° 85. LE NUMÉRO : 50 CENTIMES Ier Septembre 1884.
LE PARNASSE
ORGANE DES CONCOURS LITTÉRAIRES
1 PARAISSANT LE lerETLE 16 DE CHAQUE MOIS
Rédaction et Administration, 40, RUE HALLE. — Abonnements (Paris et Départements), 12 francs
Directeur : A. CHÉRIE.
Rédacteur en chef : F.-E. ADAM.
Secrétaire de la Rédaction : L. JOUVE.
Membres du Comité des Concours : FRANÇOIS COPPÉE — HENRI DE BORNIER — ARSÈNE HOUSSAYE — AURÉLIEN SCHOLL
EUGÈNE MANUEL -ALFRED DES ESSARTS — GERMAIN PICARD — ALBERT MÉRAT — BERTOL-GRAIVIL
AUGUSTE GÉNÉRÉS — LOUIS TIERCELIN — F.-E. ADAM — THÉODORE MAURER — BERNARD H. GAUSSERON
POÉSIES
PAR LUCIEN PATÉ
OUVRAGE COURONNÉ PAR L'ACADÉMIE FRANÇAISE
(20 mille, G. Charpentier et C°, 18, rue de Grenelle)
Une seconde édition d'un volume de poésies, quand il n'est
pas signé d'un nom qui s'impose : Victor Hugo, Leconte de
Lisle, Sully-Prudhomme, François Coppée, c'est un phénomène
assez rare pour qu'on le signale aux lecteurs d'un journal qui a
pour titre Le Parnasse. Parfois, il est vrai, — de nos jours
surtout, — il peut arriver qu'un ouvrage, en prose ou en vers,
grâce à certaines complicités littéraires, à de scandaleuses récla-
mes, à de malsaines curiosités, au désir de gagner beaucoup
de gros sous, se débite en quelques semaines, à plusieurs
milliers d'exemplaires. Gardez-vous bien de croire au succès, ce
n'est là qu'une affaire de boutique, et l'avenir ne sacrera jamais
ces spéculateurs du nom d'écrivain ou de poète. Pour moi, je
suis fermement convaincu que tous les faux chefs-d'œuvre des
Zolas et sous-Zolas, des Bonnetains et bonneteurs de la littéra-
ture n'ont rien de commun avec cette grande chose qu'on
appelle l'Art et à laquelle nous avons encore la faiblesse de
croire, et que tous ces noms, aujourd'hui, je ne dirai pas popu-
laires, mais populaciers, seront absolument inconnus de nos
arrière-neveux.
Le beau livre que je présente aux lecteurs du Parnasse n'a
pas eu un de ces succès retentissants qui étourdissent le public
comme un coup de canon et se dissipent comme les fumées de
la poudre. L'auteur, du reste, n'a rien fait pour cela. Il est de
ceux qui croient à la poésie, qui sont convaincus que la forme
poétique est la plus belle, la plus noble, la plus complète ex-
pression que l'on puisse donner à la pensée humaine ; c'est un
fidèle servant de la Muse qui ne puise ses délicates inspirations
qu'à trois sources sacrées : le cœur, le foyer, la patrie. Il a
composé son œuvre dans le silence, au milieu des champs, ou
bien au coin du feu ; il l'a livrée au grand jour, et timidement,
dans l'ombre, mais confiant, il a attendu le succès qui est venu
peu à peu, sans réclame, mais sûrement ; car tout ce qui est
beau et bon reste et brille à son heure. André Chénier n'a-t-il
pas fait vingt-cinq ans de crédit à la gloire qui lui était due ?
Les poésies de M. Lucien Paté, tantôt gracieuses, tantôt éle-
vées, parfois vigoureuses, toujours d'une émotion contenue et
pénétrante, nous paraissent encore plus belles quand nous les
relisons à six ans de distance. Comme toutes les œuvres qui ne
doivent rien au caprice de la mode, elles sont fraîches et jeunes,
d'une allure franche et sincère, et quelques-unes sont des mor-
ceaux achevés que l'avenir gardera.
L'Académie française, dans sa séance du 7 avril 1879, a
décerné l'un de ses prix au recueil de M. L. Paté. Qu'on dise ce
que l'on voudra : les récompenses accordées chaque année par
l'Académie française, ne sont dédaignées que par ceux qui les
ont briguées sans les obtenir, et il n'y a guère aujourd'hui de
poète qui n'ait été fier de voir son nom acclamé sous les voûtes
de l'Institut. Ce n'a pas été un mince encouragement pour
V. de Laprade, Leconte de Lisle, Prudhomme, Coppée, etc.,
de voir leurs premiers essais couronnés par nos Immortels.
Qu'on ne s'y trompe pas, d'ailleurs, quand un livre de vers a
mérité une de ces hautes faveurs, ce n'est pas le livre du pre-
mier venu.
J'aurais voulu faire une étude un peu approfondie, une analyse
détaillée des poésies du jeune maître ; mais quelques mots et
surtout quelques citations, suffiront à le faire connaître et ap-
précier des lecteurs du Parnasse. Ils verront que l'auteur est
de la bonne école, de celle qui ne cherche pas à cacher le vide
de la pensée sous l'accouplement bizarre des mots ou l'abjection
du langage ; il parle la plus pure langue du xix" siècle, celle
qui a pour ancêtres Corneille, Racine, Voltaire, André Chénier,
Lamartine, Hugo, Brizeux et autres grands poètes. Il a médité
leurs ouvrages ; mais en écrivant il a su rester lui-même et
garder sa part d'originalité.
Le volume de M. L. Paté contient quatre livres, plus un
poème dialogué, d'une grâce touchante, intitulé Laure et Pé-
trarque. Le premier livre, le troisième et le quatrième, renfer-
ment les morceaux d'une nature plus intime : c'est la vie du
poète, ses heures d'amour, ses rêves de jeunesse, ses souvenirs
d'enfance, ses courses dan% les champs — choses si vieilles et
toujours si nouvelles. — Tout cela est dit d'une façon exquise
et charmante ; jamais le poète ne force la note et le sentiment ;
la jeune fille pourrait lire le volume d'un bout à l'autre sans
1 jamais rencontrer une ligne qui la fît rougir. C'est que l'auteur
a compris que le talent d'écrire est quelque chose de sacré et
qu'il ne faut s'en servir que pour élever les âmes en charmant
l'esprit.
Maintenant, lecteurs, pour vous faire oublier ma prose, quel-
ques citations.
Qui de nous, à certains moments, n'a rêvé à la tombe où il
voudrait reposer. Ecoutez le Dernier vœu de notre poète :
Amis, lorsqu'à vos noms prononcés doucement,
Mon cœur aura battu son dernier battement,
Que je repose en paix, au milieu des pervenches,
Sous le gazon touffu, brouté des chèvres blanches,.
Venez, l'endroit est proche et la place choisie
A souhait pour l'amour et pour la poésie.
Desfleurs ! donnez des fleurs ; mais des larmes, oh 1 non !
Pas de marbre funèbre et même pas de nom !
Qu'un cytise, inclinant ses rameaux vers la terre,
Sur un banc de gazon verse une ombre légère,
Abri du voyageur dans le jour, où, le soir,
Vienne avec le berger la bergère s'asseoir !
Rien de plus
Et puis j'aimai les champs, les bois, calmes séjours,
Les rayons tamisés sous la blonde ramure,
Et l'alouette aux cieux fêtant la moisson mûre,
Et les buissons fleuris, ceintures des vergers,
Et les prés résonnant des chansons des bergers.
LE PARNASSE
ORGANE DES CONCOURS LITTÉRAIRES
1 PARAISSANT LE lerETLE 16 DE CHAQUE MOIS
Rédaction et Administration, 40, RUE HALLE. — Abonnements (Paris et Départements), 12 francs
Directeur : A. CHÉRIE.
Rédacteur en chef : F.-E. ADAM.
Secrétaire de la Rédaction : L. JOUVE.
Membres du Comité des Concours : FRANÇOIS COPPÉE — HENRI DE BORNIER — ARSÈNE HOUSSAYE — AURÉLIEN SCHOLL
EUGÈNE MANUEL -ALFRED DES ESSARTS — GERMAIN PICARD — ALBERT MÉRAT — BERTOL-GRAIVIL
AUGUSTE GÉNÉRÉS — LOUIS TIERCELIN — F.-E. ADAM — THÉODORE MAURER — BERNARD H. GAUSSERON
POÉSIES
PAR LUCIEN PATÉ
OUVRAGE COURONNÉ PAR L'ACADÉMIE FRANÇAISE
(20 mille, G. Charpentier et C°, 18, rue de Grenelle)
Une seconde édition d'un volume de poésies, quand il n'est
pas signé d'un nom qui s'impose : Victor Hugo, Leconte de
Lisle, Sully-Prudhomme, François Coppée, c'est un phénomène
assez rare pour qu'on le signale aux lecteurs d'un journal qui a
pour titre Le Parnasse. Parfois, il est vrai, — de nos jours
surtout, — il peut arriver qu'un ouvrage, en prose ou en vers,
grâce à certaines complicités littéraires, à de scandaleuses récla-
mes, à de malsaines curiosités, au désir de gagner beaucoup
de gros sous, se débite en quelques semaines, à plusieurs
milliers d'exemplaires. Gardez-vous bien de croire au succès, ce
n'est là qu'une affaire de boutique, et l'avenir ne sacrera jamais
ces spéculateurs du nom d'écrivain ou de poète. Pour moi, je
suis fermement convaincu que tous les faux chefs-d'œuvre des
Zolas et sous-Zolas, des Bonnetains et bonneteurs de la littéra-
ture n'ont rien de commun avec cette grande chose qu'on
appelle l'Art et à laquelle nous avons encore la faiblesse de
croire, et que tous ces noms, aujourd'hui, je ne dirai pas popu-
laires, mais populaciers, seront absolument inconnus de nos
arrière-neveux.
Le beau livre que je présente aux lecteurs du Parnasse n'a
pas eu un de ces succès retentissants qui étourdissent le public
comme un coup de canon et se dissipent comme les fumées de
la poudre. L'auteur, du reste, n'a rien fait pour cela. Il est de
ceux qui croient à la poésie, qui sont convaincus que la forme
poétique est la plus belle, la plus noble, la plus complète ex-
pression que l'on puisse donner à la pensée humaine ; c'est un
fidèle servant de la Muse qui ne puise ses délicates inspirations
qu'à trois sources sacrées : le cœur, le foyer, la patrie. Il a
composé son œuvre dans le silence, au milieu des champs, ou
bien au coin du feu ; il l'a livrée au grand jour, et timidement,
dans l'ombre, mais confiant, il a attendu le succès qui est venu
peu à peu, sans réclame, mais sûrement ; car tout ce qui est
beau et bon reste et brille à son heure. André Chénier n'a-t-il
pas fait vingt-cinq ans de crédit à la gloire qui lui était due ?
Les poésies de M. Lucien Paté, tantôt gracieuses, tantôt éle-
vées, parfois vigoureuses, toujours d'une émotion contenue et
pénétrante, nous paraissent encore plus belles quand nous les
relisons à six ans de distance. Comme toutes les œuvres qui ne
doivent rien au caprice de la mode, elles sont fraîches et jeunes,
d'une allure franche et sincère, et quelques-unes sont des mor-
ceaux achevés que l'avenir gardera.
L'Académie française, dans sa séance du 7 avril 1879, a
décerné l'un de ses prix au recueil de M. L. Paté. Qu'on dise ce
que l'on voudra : les récompenses accordées chaque année par
l'Académie française, ne sont dédaignées que par ceux qui les
ont briguées sans les obtenir, et il n'y a guère aujourd'hui de
poète qui n'ait été fier de voir son nom acclamé sous les voûtes
de l'Institut. Ce n'a pas été un mince encouragement pour
V. de Laprade, Leconte de Lisle, Prudhomme, Coppée, etc.,
de voir leurs premiers essais couronnés par nos Immortels.
Qu'on ne s'y trompe pas, d'ailleurs, quand un livre de vers a
mérité une de ces hautes faveurs, ce n'est pas le livre du pre-
mier venu.
J'aurais voulu faire une étude un peu approfondie, une analyse
détaillée des poésies du jeune maître ; mais quelques mots et
surtout quelques citations, suffiront à le faire connaître et ap-
précier des lecteurs du Parnasse. Ils verront que l'auteur est
de la bonne école, de celle qui ne cherche pas à cacher le vide
de la pensée sous l'accouplement bizarre des mots ou l'abjection
du langage ; il parle la plus pure langue du xix" siècle, celle
qui a pour ancêtres Corneille, Racine, Voltaire, André Chénier,
Lamartine, Hugo, Brizeux et autres grands poètes. Il a médité
leurs ouvrages ; mais en écrivant il a su rester lui-même et
garder sa part d'originalité.
Le volume de M. L. Paté contient quatre livres, plus un
poème dialogué, d'une grâce touchante, intitulé Laure et Pé-
trarque. Le premier livre, le troisième et le quatrième, renfer-
ment les morceaux d'une nature plus intime : c'est la vie du
poète, ses heures d'amour, ses rêves de jeunesse, ses souvenirs
d'enfance, ses courses dan% les champs — choses si vieilles et
toujours si nouvelles. — Tout cela est dit d'une façon exquise
et charmante ; jamais le poète ne force la note et le sentiment ;
la jeune fille pourrait lire le volume d'un bout à l'autre sans
1 jamais rencontrer une ligne qui la fît rougir. C'est que l'auteur
a compris que le talent d'écrire est quelque chose de sacré et
qu'il ne faut s'en servir que pour élever les âmes en charmant
l'esprit.
Maintenant, lecteurs, pour vous faire oublier ma prose, quel-
ques citations.
Qui de nous, à certains moments, n'a rêvé à la tombe où il
voudrait reposer. Ecoutez le Dernier vœu de notre poète :
Amis, lorsqu'à vos noms prononcés doucement,
Mon cœur aura battu son dernier battement,
Que je repose en paix, au milieu des pervenches,
Sous le gazon touffu, brouté des chèvres blanches,.
Venez, l'endroit est proche et la place choisie
A souhait pour l'amour et pour la poésie.
Desfleurs ! donnez des fleurs ; mais des larmes, oh 1 non !
Pas de marbre funèbre et même pas de nom !
Qu'un cytise, inclinant ses rameaux vers la terre,
Sur un banc de gazon verse une ombre légère,
Abri du voyageur dans le jour, où, le soir,
Vienne avec le berger la bergère s'asseoir !
Rien de plus
Et puis j'aimai les champs, les bois, calmes séjours,
Les rayons tamisés sous la blonde ramure,
Et l'alouette aux cieux fêtant la moisson mûre,
Et les buissons fleuris, ceintures des vergers,
Et les prés résonnant des chansons des bergers.
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.96%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.96%.
- Auteurs similaires Fonds régional : Centre-Val de Loire Fonds régional : Centre-Val de Loire /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "Centre1"Édit... qui réunit au Domaine des droits de grurie et grairie de la forest d'Orléans... [Enregistré au Parlement le 1er avril 1716.] /ark:/12148/bd6t542040861.highres Édit... pour l'establissement d'un Hostel de Monnoye dans la ville d'Orléans... Registré en la Cour des Monnoyes [le 26 octobre 1716] /ark:/12148/bd6t542041671.highres
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/8
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k64854009/f1.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k64854009/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k64854009/f1.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k64854009/f1.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k64854009
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k64854009
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k64854009/f1.image × Aide