PORTEFEUILLE DES CONDUCTEURS DES PONTS ET CHAUSSÉES ET DES GARDES-MINES.
DIX-HUITIÈME SÉRIE. — NUMÉROS 6 ET 7.
NOTES ET DOCUMENTS
PROJET DE PORT A MOSTAGANEM (ALGÉRIE).
(Planches 10 et 11.)
Historique. — Mostaganem est situé dans la partie Est de la baie com-
prise entre le cap Carbon et le cap Ivi, au fond d'une anse secondaire
limitée par les pointes de la Salamandre et de Karouba.
La ville est assise sur un plateau à 104 mètres au-dessus du niveau de
la mer et à 1 000 mètres du rivage; un ruisseau, l'Aïn-Seffra, dont le débit
de plus bas étiage est de 80 litres par seconde, lIa traverse du sud au
nord et fait marcher dix usines.
Favorisée par un climat exceptionnel, par l'abondance de ses eaux
d'alimentation et la fertilité des terrains qui l'environnent, la ville de
Mostaganem, recherchée par la population européenne, devint peu de
temps après la conquête un centre important d'opérations commerciales.
Un débarcadère y fut construit en 18h6. C'est par son port que Mascara
était ravitaillée pendant la guerre. C'est par lui que s'écoulaient les pro-
duits des riches vallées de la Mina, du bas Chéliff, de l'Hillil et d'une
partie de l'Habra.
Mais cette situation prospère reçut en 1868 une profonde atteinte par
la création du chemin de fer d'Alger à Oran qui laissait Mostaganem à
40 kilomètres au nord du tracé, et devait lui enlever Ja plus grande par-
tie de son trafic au profit de la ville d'Oran, tète de ligne de la voie ferrée.
Ce qui aggravait encore le mal, c'est que Mostaganem était placée dans
des conditions d'infériorité marquée vis-à-vis de villes voisines au point
de vue des opérations commerciales maritimes.
Aussi, depuis cette époque, les habitants n'ont-ils cessé de demander
un port abrité. M. Robin, alors ingénieur ordinaire à Oran, avait, dès 1858,
fait ressortir l'utilité d'un bassin fermé à Mostaganem. Il avait indiqué
dans un projet complet les dispositions que, selon lui, il convenait
d'adopter. Mais le chiffre élevé de la dépense (2 800 000 francs) fut con-
sidéré comme un obstacle à l'exécution du projet.
Plus tard, en 1873, les études furent reprises, et un nouveau projet,
conçu dans le même ordre d'idées que celui de M. l'ingénieur Robin, fut
soumis en 1875 à la commission mixte des travaux publics.
Ce projet, qui s'élevait à 2200 000 francs, pour une superficie couverte
de 8 hectares et demi, donna lieu à diverses observations de la part des
membres de la commission mixte. On proposa de porter à 14 hectares et
demi et même à 25 hectares la superficie du bassin. Une solution inter-
médiaire permettant d'obtenir une superficie abritée de 17 hectares et
demi fut indiquée par M. l'inspecteur général de travaux maritimes.
Ces trois contre-projets ne différaient entre eux, au fond, que par
l'étendue de la nappe d'eau circonscrite par les jetées. Ils comportaient
tous le prolongement du débarcadère existant d'une longueur plus ou
moins grande, la construction d'une jetée du large s'enracinant sur ce
prolongement et une jetée sud s'enracinant sur la falaise à l'ouest du
parc à fourrages.
Quant à la dépense, elle était évaluée :
Pour le projet avec bassin de 14h 1/2. 2085000 fr.
— — de 25b. 4800000
— — de 17b 1/2 3200 000
L'administration supérieure avait sans doute alors d'autres besoins du
même ordre et plus urgents à satisfaire, car elle se borna à allouer un
crédit de 210 000 francs sur l'exercice 1876 pour être affecté au prolon-
gement du débarcadère.
Depuis divers crédits s'élevant ensemble à 181 000 francs ont été ac-
cordés pour le même objet, et c'est ainsi que, par des prolongements suc-
cessifs le débarcadère de Mostaganem a atteint une longueur totale de
320 mètres.
Mais les opérations de chargement et de déchargement continuent à se
faire comme par le passé dans les conditions les plus défavorables, et le
frêt se maintient toujours à un taux très élevé au préjudice des transac-
tions commerciales.
Telle est la situation qu'il importe d'améliorer sans retard, Mostaganem
allant devenir la tête de ligne du chemin de fer de pénétration récem-
ment voté parles chambres.
M. le gouverneur général a constitué à cet effet, par décision du 6 juil-
let 1880, une commission nautique chargée d'étudier la question et de
faire connaître les travaux qu'il conviendrait d'entreprendre pour atteindre
le but proposé.
La commission a émis l'avis qu'il y avait lieu de construire un port
fermé suivant les dispositions indiquées en 1875 par M. l'inspecteur gé-
néral des travaux maritimes sous la seule réserve du prolongement de la
jetée du large de 80 mètres environ.
Cet avis ayant reçu la sanction de M. le gouverneur général, nous
avons été invité à préparer un projet définitif.
C'est ce projet que nous avons soumis à l'approbation de l'administra-
tion supérieure.
Utilité d'un bassin de débarquement. — Avant d'entrer dans les détails
techniques, nous croyons devoir indiquer brièvement les avantages que
la ville de Mostaganem, en particulier, pourra tirer de la construction
d'un bassin abrité.
Actuellement, les opérations de chargement et de déchargement s'ef-
fectuent au moyen de chalands, qui prennent les marchandises à terre
et les transportent à bord des navires ou, inversement, vont chercher
les marchandises à bord, pour les débarquer à terre.
Il y a là une escale de mer, qui nécessite une dépense supplémentaire.
De plus, lorsque le vent souffle du large et que la mer grossit un peu, les
navires, n'étant plus en sûreté, se voient obligés de suspendre leurs opéra-
tions et de gagner le mouillage d'Arzeu, qui se trouve à 18 milles à l'ouest.
Cette dernière éventualité, jointe aux frais debatelage dont nous avons
parlé plus haut, se traduit par une augmentation notable du prix du fret.
Ainsi, d'après les renseignements que nous avons recueillis, ce prix
est plus élevé de 5 francs à Mostaganem qu'à Oran.
C'est donc une économie de 5 francs par tonne que le commerce réali-
serait si les opérations de chargement et de déchargement pouvaient se
faire de tout temps bord à quai.
Le mouvement du port de Mostaganem a été de 37 590 tonnes en 1880
(chiffre officiel).
Nous évaluons à 300 000 tonnes l'importance qu'il prendra lorsque le
chemin de fer de Tiaret sera livré à l'exploitation, c'est-à-dire lorsque les
produits de la vallée de la Mina, de la région de Tiaret, de la plaine du
Chéliff et de Relizane, n'ayant plus aucun intérêt à suivre la voie d'Oran,
viendront affluer à Mostaganem où se trouve leur débouché naturel.
Ce chiffre de 300 000 tonnes n'est pas donné par nous au hasard ; il
résulte d'un travail statistique que nous avons fait et qui peut inspirer
une certaine confiance, attendu qu'il s'appuie sur des documents ayant,
pour la plupart, un caractère officiel.
Nous ferons remarquer que nous n'avons pas fait entrer en ligne de
compte le contingent qu'apporteront au trafic les nouveaux centres dont
la création sera le corollaire de l'établissement du chemin de fer.
Par contre, nous avons admis pour l'alfa un mouvement annuel de
50 000 tonnes, ce qui n'a assurément rien d'exagéré.
On voit d'après cela que les avantages au profit du commerce se me-
sureront par une économie annuelle de : 300 000 X 5 = 1500 000 francs.
Cette économie aura pour conséquence d'améliorer notablement les
PORTEFEUILLE DES CONDUCTEURS DES PONTS ET CHAUSSÉES ET DES GARDES-MINES. 4
DIX-HUITIÈME SÉRIE. — NUMÉROS 6 ET 7.
NOTES ET DOCUMENTS
PROJET DE PORT A MOSTAGANEM (ALGÉRIE).
(Planches 10 et 11.)
Historique. — Mostaganem est situé dans la partie Est de la baie com-
prise entre le cap Carbon et le cap Ivi, au fond d'une anse secondaire
limitée par les pointes de la Salamandre et de Karouba.
La ville est assise sur un plateau à 104 mètres au-dessus du niveau de
la mer et à 1 000 mètres du rivage; un ruisseau, l'Aïn-Seffra, dont le débit
de plus bas étiage est de 80 litres par seconde, lIa traverse du sud au
nord et fait marcher dix usines.
Favorisée par un climat exceptionnel, par l'abondance de ses eaux
d'alimentation et la fertilité des terrains qui l'environnent, la ville de
Mostaganem, recherchée par la population européenne, devint peu de
temps après la conquête un centre important d'opérations commerciales.
Un débarcadère y fut construit en 18h6. C'est par son port que Mascara
était ravitaillée pendant la guerre. C'est par lui que s'écoulaient les pro-
duits des riches vallées de la Mina, du bas Chéliff, de l'Hillil et d'une
partie de l'Habra.
Mais cette situation prospère reçut en 1868 une profonde atteinte par
la création du chemin de fer d'Alger à Oran qui laissait Mostaganem à
40 kilomètres au nord du tracé, et devait lui enlever Ja plus grande par-
tie de son trafic au profit de la ville d'Oran, tète de ligne de la voie ferrée.
Ce qui aggravait encore le mal, c'est que Mostaganem était placée dans
des conditions d'infériorité marquée vis-à-vis de villes voisines au point
de vue des opérations commerciales maritimes.
Aussi, depuis cette époque, les habitants n'ont-ils cessé de demander
un port abrité. M. Robin, alors ingénieur ordinaire à Oran, avait, dès 1858,
fait ressortir l'utilité d'un bassin fermé à Mostaganem. Il avait indiqué
dans un projet complet les dispositions que, selon lui, il convenait
d'adopter. Mais le chiffre élevé de la dépense (2 800 000 francs) fut con-
sidéré comme un obstacle à l'exécution du projet.
Plus tard, en 1873, les études furent reprises, et un nouveau projet,
conçu dans le même ordre d'idées que celui de M. l'ingénieur Robin, fut
soumis en 1875 à la commission mixte des travaux publics.
Ce projet, qui s'élevait à 2200 000 francs, pour une superficie couverte
de 8 hectares et demi, donna lieu à diverses observations de la part des
membres de la commission mixte. On proposa de porter à 14 hectares et
demi et même à 25 hectares la superficie du bassin. Une solution inter-
médiaire permettant d'obtenir une superficie abritée de 17 hectares et
demi fut indiquée par M. l'inspecteur général de travaux maritimes.
Ces trois contre-projets ne différaient entre eux, au fond, que par
l'étendue de la nappe d'eau circonscrite par les jetées. Ils comportaient
tous le prolongement du débarcadère existant d'une longueur plus ou
moins grande, la construction d'une jetée du large s'enracinant sur ce
prolongement et une jetée sud s'enracinant sur la falaise à l'ouest du
parc à fourrages.
Quant à la dépense, elle était évaluée :
Pour le projet avec bassin de 14h 1/2. 2085000 fr.
— — de 25b. 4800000
— — de 17b 1/2 3200 000
L'administration supérieure avait sans doute alors d'autres besoins du
même ordre et plus urgents à satisfaire, car elle se borna à allouer un
crédit de 210 000 francs sur l'exercice 1876 pour être affecté au prolon-
gement du débarcadère.
Depuis divers crédits s'élevant ensemble à 181 000 francs ont été ac-
cordés pour le même objet, et c'est ainsi que, par des prolongements suc-
cessifs le débarcadère de Mostaganem a atteint une longueur totale de
320 mètres.
Mais les opérations de chargement et de déchargement continuent à se
faire comme par le passé dans les conditions les plus défavorables, et le
frêt se maintient toujours à un taux très élevé au préjudice des transac-
tions commerciales.
Telle est la situation qu'il importe d'améliorer sans retard, Mostaganem
allant devenir la tête de ligne du chemin de fer de pénétration récem-
ment voté parles chambres.
M. le gouverneur général a constitué à cet effet, par décision du 6 juil-
let 1880, une commission nautique chargée d'étudier la question et de
faire connaître les travaux qu'il conviendrait d'entreprendre pour atteindre
le but proposé.
La commission a émis l'avis qu'il y avait lieu de construire un port
fermé suivant les dispositions indiquées en 1875 par M. l'inspecteur gé-
néral des travaux maritimes sous la seule réserve du prolongement de la
jetée du large de 80 mètres environ.
Cet avis ayant reçu la sanction de M. le gouverneur général, nous
avons été invité à préparer un projet définitif.
C'est ce projet que nous avons soumis à l'approbation de l'administra-
tion supérieure.
Utilité d'un bassin de débarquement. — Avant d'entrer dans les détails
techniques, nous croyons devoir indiquer brièvement les avantages que
la ville de Mostaganem, en particulier, pourra tirer de la construction
d'un bassin abrité.
Actuellement, les opérations de chargement et de déchargement s'ef-
fectuent au moyen de chalands, qui prennent les marchandises à terre
et les transportent à bord des navires ou, inversement, vont chercher
les marchandises à bord, pour les débarquer à terre.
Il y a là une escale de mer, qui nécessite une dépense supplémentaire.
De plus, lorsque le vent souffle du large et que la mer grossit un peu, les
navires, n'étant plus en sûreté, se voient obligés de suspendre leurs opéra-
tions et de gagner le mouillage d'Arzeu, qui se trouve à 18 milles à l'ouest.
Cette dernière éventualité, jointe aux frais debatelage dont nous avons
parlé plus haut, se traduit par une augmentation notable du prix du fret.
Ainsi, d'après les renseignements que nous avons recueillis, ce prix
est plus élevé de 5 francs à Mostaganem qu'à Oran.
C'est donc une économie de 5 francs par tonne que le commerce réali-
serait si les opérations de chargement et de déchargement pouvaient se
faire de tout temps bord à quai.
Le mouvement du port de Mostaganem a été de 37 590 tonnes en 1880
(chiffre officiel).
Nous évaluons à 300 000 tonnes l'importance qu'il prendra lorsque le
chemin de fer de Tiaret sera livré à l'exploitation, c'est-à-dire lorsque les
produits de la vallée de la Mina, de la région de Tiaret, de la plaine du
Chéliff et de Relizane, n'ayant plus aucun intérêt à suivre la voie d'Oran,
viendront affluer à Mostaganem où se trouve leur débouché naturel.
Ce chiffre de 300 000 tonnes n'est pas donné par nous au hasard ; il
résulte d'un travail statistique que nous avons fait et qui peut inspirer
une certaine confiance, attendu qu'il s'appuie sur des documents ayant,
pour la plupart, un caractère officiel.
Nous ferons remarquer que nous n'avons pas fait entrer en ligne de
compte le contingent qu'apporteront au trafic les nouveaux centres dont
la création sera le corollaire de l'établissement du chemin de fer.
Par contre, nous avons admis pour l'alfa un mouvement annuel de
50 000 tonnes, ce qui n'a assurément rien d'exagéré.
On voit d'après cela que les avantages au profit du commerce se me-
sureront par une économie annuelle de : 300 000 X 5 = 1500 000 francs.
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