Titre : Les Nouvelles littéraires, artistiques et scientifiques : hebdomadaire d'information, de critique et de bibliographie / direction : Jacques Guenne et Maurice Martin du Gard
Éditeur : Larousse (Paris)
Date d'édition : 1936-06-13
Contributeur : Guenne, Jacques (1896-1945). Directeur de publication
Contributeur : Martin Du Gard, Maurice (1896-1970). Directeur de publication
Contributeur : Gillon, André (1880-1969). Directeur de publication
Contributeur : Charles, Gilbert (18..-19.. ; poète). Directeur de publication
Contributeur : Lefèvre, Frédéric (1889-1949). Directeur de publication
Contributeur : Charensol, Georges (1899-1995). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 13 juin 1936 13 juin 1936
Description : 1936/06/13 (A13,N713). 1936/06/13 (A13,N713).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6452287s
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, GR FOL-Z-133
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/10/2013
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LES NOUVELLES LITTERAIRES
13-6-1936
LE IVe CENTENAIRE DE LA RÉFORME
UNE HEURE A VEe JEAiV CALVIN
Introducteur : ALBERT-MARIE SCHMIDT
M. Albert-Marie Schmidt qud a entrepris
aux éditions Je Sers la publication des
Œuvres Françaises de Jean Calvin et qui
avait donné il y a quelques années une
biographie spirituelle de Saint Evremond
l'Humaniste impur, était tout désigné pour
être notre intioducteur auprès du grand
Réformateur. Â Â"
Vous faites paraître un volume de
Sermons de Calvin, vous avez l'an dernier
réédité Trois Traités du même auteur ;
Calvin trouve-t-il donc toujours un public ?
Certes. Depuis la guerre la plupart
des églises protestantes du monde ont
accueilli avec un nouveau sérieux la
pensée des Réformateurs. Souvent le
calvinisme, avec sa doctrine très stricte
des rapports de l'Eglise et de l'Etat, a
permis aux protestants de lutter contre
l'immixtion de l'autorité civile. Le profes-
seur Karl Barth, Suisse d'origine, qui a
poursuivi avec les pouvoirs du Troisième
Reich la controverse que l'on sait, ne fait
qu'employer de façon géniale les métho-
des propres au calvinisme.
Ce sont là surtout querelles ecclésias-
tiques, et, malgré leur intérêt humain,
elles ne peuvent être comprises de tous.
Les œuvres de Calvin n'ont-elles pas d'au-
tres admirateurs que les gens d'Eglise ?
.,.. Le public de Calvin
- Si fait. L'intérêt pour Calvin ne cesse
de grandir dans les milieux universi-
taires. On lui reconnaît du point de vue
linguistique une grosse importance. On
s'aperçoit qu il fut, avant Malherbe, le
plus grand législateur de la langue
française. Il en a précise et épuré le voca-
bulaire, fixé les rythmes, découvert toutes
les ressources. Ouvrez le Dictionnaire de la
langue française du seizième siècle, de
M. Edmond Huguct. ce monument de tact,
d'érudition et de délicatesse, vous remar-
querez comment l'éminent professeur, dé-
pouillant les œuvres françaises de Calvin,
<'n a tiré des locutions qui ne sauraient :
laisser indifférents ceux qui ont le sens de j
lu vie de% mots. Les fêtes qui ont eu lieu en
mars-avril dernier à l'occasion du qua-
trième centenaire de (1 l'Institution chré-
tienne », la principale œuvre de Calvin et
le texte le plus important, du point
de vue théologique, de la Réforme, com-
prenaient une exposition à la Bibliothèque
atlOnaJe. des manifestations en Sofbonne
et à la Facuité libre de Théologie Protes-
tante sous la présidence du professeur
Lccerf. Elles furent, pour les plus émi-
nents calvinologues : M. Aboi Lefranr,
illi Collège de France; M. Henri Hauser, de
la Sorbonne; M. Plrtttard, de l'Université
tir Poitiers. l'occasion de définir l'apport
de Calvin dans ia spiritualité et l'art - fran-
çais. D'ailleurs, en ce mois de juin 19J6,
C.onève et Lausanne, à leur tour, organi-
sant des solennités jubilaires qui permet-
tent à tout ce que le monde compte de
fervents calvinistes de prendre contact et
de préciser leurs idées.
Nul n'a plus contribué que Calvin au
rayonnement de l'influence française. La
Hollande reconnaît en lui l'une des plus
puissantes incarnations de notre génie
national, une partie de la Hongrie intellec-
tuelle. groupée autour de l'Université de
Debreczen, contribue par sa science et par
son esprit de finesse à mettre les valeurs
calviniennes sur leur plan actuel.
Actualité de Vœuvre
La lecture et la méditation de Vœu-
vre de Calvin peuvent-elles apporter aux
hommes d aujourd'hui, aux profanes, à
ceux qui ne sont pas calvinistes, une nour-
riture spirituelle efficace ?
- -.,.. - - - - - -- - - - - ..-.. -- - ,-.:;"ooa.: -
Vos CHANCES dans L'OCEAN CELESTE
IfltlVDlTE fera horosc. d'après Ptolémée. Env.
PliNEllVE heure, lieu, date de naissance. ZO tr.
MINERVE. Servoz (Haute-Savoie >
Oui. Nul ne fut plus « réaliste » que
Calvin. Nul ne lutta avec plus de ténacité
contre les abstractions et les fausses
évidences. On a dit que les humanistes
trouvèrent en lui un ennemi acharné.
Il est vrai. Aux yeux de Calvin, les
humanistes élaboraient une anthropo-
logie incomplète. -- Proclamant les droits de
l'individu ils tendaient à conférer à
l'homme une périlleuse autonomie, à le
détacher de l'Univers où il a pourtant une
tâche précise à remplir.
A quels humanistes s'attaquait-il sur-
tout ?
A Rabelais, à Bonaventure Despé-
riers qui avait été son collaborateur, à
Dolet qui introduisit en France le cicé-
ronianisnie athée et aux averroïst-es ita-
liens tels que Cardan et Pornponazzi dont
M. Busson a réédité les Enchantements.
Selon Calvin, ils jouissaient de la nature
et ne s'y intégraient pas. Indéterminés,
soumis a leurs propres lois, s'attachant a
développer toutes leurs qualités et toutes
leurs passions, ils ne vivaient pas en har-
monie avec l'Univers, mais tendaient à
former dans ce Grand Rovaume autant
de petits Etats - anarchiques. Calvin,
au contraire, fondant la morale indi-
viduelle sur la notion de vocation, en-
seigne que chaque homme doit accomplir
dans" ie monde un labeur particulier, su-
bordonner ses appétits égoïstes aux né-
cessités de ce travail qui lui est imposé
par Dieu et qui est seul capaible de don-
ner à son être un développement digne de
lui, c'est-à-dire accordé aux desseins de
Dieu et aux fins du monde.
Et vous discernez l'influence de la
doctrine calviniste sur nos contempo-
rains ?
Sans nul doute. Un nombre important
d'écrivains et de penseurs français pré-
tend avoir trouvé dans ce qu'ils appellent
Je « personnalisme » une philosophie de la
vie capable de les satisfaire. Or Calvin,
soumettant l'individu aux règles de la vo-
cation, sauvegardant l'originalité de
l'homme et sa participation nécessaire à
la vie du monde, est le premier théori-
cien de la personne, de même que Pétrar-
que est le premier moraliste de l'indi-
vidu.
Il nous manque sur Calvin une bio-
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graphie à l'usage du grand public lettré.
Le Doyen DOllmergue, dans : Jean
Calvin, les hommes et les choses de son
temps, l'a minutieusement étudiée. Mal-
heureusement ces sept volumes in-folio ne
sont guère accessibles aux chercheurs que
dans les bibliothèques. Le public français
n'a pas à sa disposition de biographie
de Calvin, qui soit à la fois érudite,
littéraire, spirituelle, étudiant l'homme
dans l'œuvre, et l'œuvre dans l'homme.
Certains points ont fait l'objet de
travaux importants : Le livre de M. A.
Lefranc, sur la Jeunesse de Calvin,
est un chef-d'œuvre. Les études de M.
Pannier, le bibliothécaire de la Société
d'histoire du Protestantisme, aJbondent en
indications précieuses, mais une synthèse
de tant de travaux que l'on puisse com-
parer au Luther de M. Lucien Febvre
manque encore.
Sa vie
- Comment prit forme llL vocation de
Calvin ?
Cette vocation lui fut imposée. Cal-
vin naquit à Noyon le 10 juillet 1500. Son
père était notaire d'église et défendait les
intérêts du chapitre de la cathédrale.
Pourvu d'un bénéfice dès l'âge de douze
ans, Caivin commença ses humanités à
Noyon, puis, gagnant Paris en 1523, il y
fréquenta le collège de la Marche et le
collège Montaigu. Il subit l'influence de
Mathurin Cordier, qui renouvela la péda-
gogie, et de son cousin Pierre Olivétan,
protestants secrets. Durant deux séjours
qu'il fit, l'un à Orléans, l'autre à
Bourges, pour y poursuivre des études
de Droir, son penchant pour la Réforme
s'affirma ; d'autant qu'à Bourges, il con-
versa avec l'Allemand WoLrnar, helléniste
et luthérien.
Sa conversion se prépara par l'étude,
le dialogue et la méditation. Elle se mani-
festa le 1er novembre 15H3. En ce jour,
Nicolas Cop, médecin et recteur de l'Uni-
versité de Paris, ami de Calvin, pro-
nonça devant les professeurs des di-
verses 'Facultés, à la chapelle des Mathu-
rins, une harangue écrite par Calvin
qui exposait les principes de la foi nou-
velle. LuC' active persécution s'ensuivit.
Cop prit le large, Calvin aussi.
Proscrit, Calvin gagne la Saintonge,
puis l'iérac ; à la cotir de Navarre, proté-
gé par Marguerite, il connut le patriar-
che des réformistes français, Lefèvre
d'Etaplcs. Le 4 mai 15.'U, il résigne à
Noyon ses bénéfices, Après l'affaire des
placards (13 octobre 1531) la persécution
redouble en 'France. Brefs séjours à An-
goulême, Poitiers, Orléans. Calvin, qui a
déjà écrit deux livres : un commentaire au
Traité de Sénèque sur la clémence.
- Voulait-il par là donner à François 1"
une lerov. détournée ?
On l'a prétendu, mais je ne le pense
pas : il ne faut voir, dans cette disser-
tation, qu'un exercice d'humaniste
sûr de son style et de sa pensée. Calvin,
qui a donc écrit un commentaire du De
Clrmrntia et un-traité de polémique reli-
gieusc contre certains anabaptistes qui
estimaient que les âmee dorment jusqu'au
dernier jugement.
Oui, ce fut un redoutable polémiste si
l'on en juge par les Trois Traités que
vous avez réédités en 1035. Je vous avoue-
rai que c'est surtout de ce point de vue
que je l'ai jusqu'à ce jour envisagé.
Il n'attaqua jamais le premier, mais,
une fois engagé dans la lutte, nulle con-
sidération ne put l'empêcher d'aller jus-
qu'à la limite extrême de sa pensée.
D'ailleurs, l'esscntiel de son œuvre de-
meure l'Institution Chrétienne, les Ser-
mons, les Commentaires.
- Quand composa-t-il l'Institution chré-
tienne ?
L'Institution Chrétienne
En 1535. Quittant Orléans, il s'était
réfugié d'abord à Strasbourg puis à Bàle.
Il retrouva en cette capitale de l'huma-
nisme européen, Nicolas Cop. C'est de
Bàle qu'il datait sa lettre préface de l' 111S-
titution chrétienne et l'envoyait à Fran-
çois Ier.
Pour bien comprendre le succès prodi-
gieux obtenu par ce livre dès sa publica-
tion, il importe d'envisager la situation
des protestants de France à cette époque.
François Ier essayait de leur aliéner la
sympathie des luthériens d'Allemagne en
les peignant sous l'aspect de dangereux
révolutionnaires. L'Institution Chrétienne,
dans sa première édition latine, de 1536,
est tout ensemble : un plaidoyer, une con-
fession de foi et un catéchisme. L'Epîtrc
au Roi, cette supplication stricte et pas-
sionnée, est un modèle d'éloquence.
Quant au livre lui-même, il se re-
commande par la simplicité de son plan.
Dans une première partie, Calvin com-
mente le Décalogue. Dans, une se-
'conde, le Symbole des Apôtres. Dans une
troisième, il montre comment on ne peut
fonder sur les Ecritures que deux Sacre-
ments : le baptême et la communion, en
fin, après quelques critiques - adressées au
catholicisme, Calvin précise les rapports
normaux du pouvoir ecclésiastique et du
gouvernement civil.
Ce livre, écrit en latin, ne pouvait
atteindre qu'un public restreint ?
C'est pourquoi Calvin, remaniant les
textes latins des éditions de 1536 et de 1539,
en donna en 1541 une édition française.
L'Institution Chrétienne est le premier li-
vre du seizième siècle qui soit composé
d'une façon logique et progressive. Par
l'adoption systématique des rythmes de la
prose latine, Calvin donne à la prose
française cette cadence nombreuse, ample,
limpide qui la distingue.
Calvin est plus facile à lire que Mon-
taigne. Lorsqu'il ne se contente pas des
mots les plus drus et les plus concrets,
lorsqu'il risque un latinisme, cet homme
du peuple travaille avec sûreté à l'élabo-
ration du français vivant. La plupart - de
ses audaces furent sanctionnées par l'u-
sage : une telle louange ne s'applique
qu'à peu d'écrivains. De plus, Calvin, le
premier en 'France, possède un mérite que
beaucoup de manuels de littérature ne
reconnaissent qu'à Pascal : il versa dans
le trésor du français traditionnel une mul-
titude de richesses Publiques et theoiogi-
ques ; il exposa les matières de contro-
verse d'une façon si simple et si nue que
les plus humbles purent y prendre part.
Revenons à la biographie de Calvin.
Sommation de Farel
Après un séjour à Ferrare auprès de
Renée de France, Calvin passe successive-
ment à Belle, Paris, Noyon, Lyon. En
juillet 1536, il arrive à" Genève. Là, il
rencontre sa vocation sous la.' figure de
Guillaume Farel, le rude réformateur
dauphinois, qui le somme de demeurer à
Genève et de l'aider dans sa tâche apos-
tolique. Scène grandiose et pathétique :
Calvin, homme d'étude, frêle, timide, déjà
malade, aperçoit avec épouvante cet hom-
me roux qui voudrait l'arracher à ses li-
vres et à sa méditation, Il résiste. « Et
moi, crie alors Farel, au nom du Dieu
tout-puissant, je te déclare : tu prétextes
tes études. Si tu refuses de t'adonner ici
avec nous à cette œuvre du Seigneur,
Dieu te maudira, car tu te cherches toi-
même, bien plutôt que le Christ. >»
Apres des luttes sans nombre, après
avoir connu l'exil, Calvin, en moins de
quinze ans, fait de Genève la Rome pro-
testante, la Cité refuge, la Ville sainte d'où
partent, vers les réformés de France,
d'Ecosse, des Pays-Bas, de Pologne, de
Hongrie, les encouragements les plus sûrs,
les conseils les plus précieux. Malgré la
débilité d'un corps en proie à d'incroyables
souffrances, malgré les charges d'un minis-
tère pastoral qui Je contraint à prêcher et
à enseigner chaque jour, Calvin est tou-
jours prêt, à soutenir l'Eglise qu'il ensei-
gne, de quelque partie de l'Europe que
parte l'appel. Il correspond avec tous les
monarques, engage des disputes courtoises
ou violentes avec tous les théologiens, pré-
cise, dans une foule de traités, les points de
la religion qui donnent à tel ou tel groupe
de fidèles une possibilité de scandale, com-
mente la plupart des livres de la Bible.
Et malgré cette activité prodigieuse,
il exerce sur Genève une sorte de dicta-
ture ?
Jamais Calvin n'a été revêtu à Ge-
nève d'un pouvoir quelconque, il a mê-
me dû continuellement défendre les droits
de son Eglise contre les empiétements
des magistrats, Jusqu'en 1559, quatre ans
et demi avant ea mort, Calvin ne jouit
même point du droit de bourgeoisie ge-
nevoise. Mais de lui émane cette chose
mystérieuse : l'autorité. Genève, en butte
à la haine de toute l'Europe, sait bien
que si Calvin la quitte, quelle que soit
l épaisseur de sas murailles et la bravoure
de sa milice, elle succombera. Cal-
vin, c'est l'âme de Genève, le centre vital
qui fait que sa population de réfugiés et
d'autochtones forme un tout cohérent. C'est
lui qui galvanise et unit les bonnes vo-
lontés.
Il mourut triomphant le 27 mai lo64.
Et il triomphe toujours ?
Je puis vous affirmer qu'en France
des milliers de personnes vivent du calvi-
nisme qui, pour moi, est peut-être la véri-
table tradition de l'Occident.
Pourquoi ?
Par son goût du risque, par sa vo-
lonté d'ordonner à l'homme d'agir tou-
jours en pleine conscience sans se préoc-
cuper du succès. Désespérant d'eux-mêmes,
les. calvinistes espèrent en Dieu. Rien de
plus spécifiquement calviniste que la
devise - de - Guillaume le Taciturne :
« Point n'est besoin d'espérer pour en-
treprendre ni de réussir pour persévérer. »
Le calviniste offre continuellement à Dieu
son acte comme un témoignage, sans sa-
voir si Dieu l'acceptera.
Outre les textes que vous avez réédi-
tés, peut-on se procurer facilement les œu-
vres de Calvin ?
Les éditions « Je Sers lit ont ééjà fait
paraître trois volumes comprenant son
Catécllisme, Trois Traités (l'Epitre au
cardinal Sadolet, le Traité de la Cène, le
Traité des Scandales), enfin ses plus beaux
Sermons sur le Christ. Les éditions des
« Belles-Lettres » publient avec la colla-
boration des plus érudits calvinologues :
l'Institution chrétienne, version de 15-41, et
les pasteurs de Genève, un recueil de tex-
tes qui précisent l'activité de Calvin dans
le domaine ecclésiastique. La Société Cal-
viniste de France a réédité : l'Epitre au
Iloi et Y Epitre Ú tous Amateurs de Jésus-
Christ. Bientôt, l'un des monuments de la
langue et de l'esprit français, l'un de ceux
qui nous font le plus d'honneur à l'étran-
ger, sera accessible à tous.
Influence sur la science, les arts
et la littérature
Quels ont étl les rapports du calvi-
nisme à ses débuts avec la science ?
Le calvinisme a eu sur la science une
double influencr, En premier lieu, il a
libéré la recherche scientifique des con-
traintes dogmatiques. Genève et Lausanne
ont exercé sur les opinions de leurs théolo-
giens un contrôle inquisitorial, mais elles
ont laissé pleine liberté aux savants qui
prenaient refuge dans leurs murs. Alors
que la médecine paracelsiquc, avec sa
pharmacopée chimique et sa théorie pré-
pasteurienne des germes, était persécutée
à Paris, elle était accueillie avec ferveur
par les cités calvinistes. Henri IV, lors-
qu'il monta sur le trône, prit comme pre-
mier médecin un calviniste paracelsiste :
Joseph Du Chesne. En second lieu, le cal-
vinisme discerna que le sort du christia-
nisme n'est pas lié à celui d'une cosmologie
déterminée : il accueillit les conséquences
de la révolution copernicienne, et le recul
de l'anthropocentrisme qu'elle provoqua.
Dans son Commentaire des Psaumes,
Calvin s'élève déjà contre le système de
Ptoléméc,
- Et eut-il une influence sur les - arts
plastiques ?
En défendant la doctrine de l'égale
valeur de toutes les vocations humaines.
le calvinisme contribua à l'instauration
dans la peinture d'un réalisme discret :
lorsque les petits maîtres flamands repré-
sentent un changeur contrôlant des mon-
naies, un médecin auscultant un malade,
un philosophe méditant, ils subissent l'in-
fluence du calvinisme et recherchent moins
le pittoresque que l'illustration de cette vé-
rité qu'il n'y a pas devant Dieu d'hum-
ble métier. De même, en rappelant à
l'homme la différence infinie qui existe en-
tre Dieu et lui, le calvinisme a permis à
Rembrandt de spiritualiser mystérieuse-
ment ses apparitions du Christ: dans les
Pèlerins d'Emmaiis, par exemple, on sent
que Rembrandt a essayé de peindre le
contraste d'un corps glorieux avec des
corps de chair. Enfin le calvinisme, héri-
tier authentique de l'ancien franciscanis-
me, en insistant sur la notion de la gloire
de Dieu, en répétant que les plus modestes
créatures rendent hommage au Seigneur,
a incité le pasteur Bernard Palissv à se
pencher sur le monde des lézards, des
grenouilles, des poissons, des fines plantes
aquatiques, et à en fixer dans l'émail la
beauté.
Et sur la littérature ?
Le calvinisme, qui a fait participer le
peuple à la nomination de ses prêtres, a
toujours été partisan du régime représen-
tatif: il s'est beaucoup occupé des fêtes
du peuple : aussi voit-on dès le seizième
siècle uii Viéàtre calviniste florissant;
Bèze, successeur de Calvin, donne en 1550,
dans Abraham Sacrifiant, le dernier des
mystères. Louis des Masures, en 1566,
adapte à la scène avec génie l'histoire de
David, prototype du calviniste persécuté,
dans ses trois Tragédies sainles. Une mul-
titude de comédies polémiques rivalisent
avec les œuvres satiriques de Calvin on de
Viret. Jacques Grévin assure sa réputation
GRANDES VENTES
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[̃J.^îoo francs,1.
M. Albert Besombes est mort. C'était Tin
authentique libraire, dont, on signale la per">;
avec, un vrai regret, il me reste a clore cet e
chronique sur des e.\<-uses a l'adlec de M"
René Boisgirard ; c'est lui et non Mf l-:t.;eniie
Ader, comme je l'ai écrit par erreur dans
mon article du 2:i mai, qui a vendu avec
M® Henri Baudoin les livres de Lucien < jn:;_\-.
•le suis confus de ce lapsus dont Me liois_T -
rard a trop d'esprit pour prendre onilc i^c.,
Francis AMBRIERE,
.ET L'AMOUR DES ARTS
.lle Hcnri Baudoin cl Jle J[i('I/IIf! .tllrr ont
rendu conjointement, vendredi :> juin, h;,
belle collection de peinture réunie jadis }>':r
le musicien Ernest chausson. l'A'c était par-
ticulièrement riche en truires de J»ei/u<.
des ewkcrcs somptueuse<; o^t ar''uei!he<. n.
Portrait d'homme a lait foi:<̃̃>. nu.
pastel, Femme se coiffant. ';(>.L4HI, (II, 1] 7,'J,"
.jO,:?OO francs les Blanchisseuses, ci le n.-en •
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LlTHli FI au mercredi 17 Juin, à I'H^tei Drouot,
aile 10. par les soins de Maîtres Albinet et
tienne Ader. assistés de MM. Auguste Dia.:-
ot et. fils, libraires-experts.
do discret élegiaque et attaque nOIlard,
poëte catholique ; du Bartas donne à la
poésie scientifique. après Scève et Jacques
Peletier, un tel éclat que sa Semaine et-:
traduite dans la plupart des langues d'Ku-
rope : Agrippa d'Aubigné, génie complet,
écrit le chef-d'œuvre de la Satire Lynquo
en France avant tes Châtiments : les rrll-
(Jiqllcs, et le clief-d'cruvi-c du pamphlet mIt-
ral ; les Aventures du baron de i'œncslc.
- Et aujourd'hui :>
Je mc sens maladroit pour îuger la
littérature de mon temps. Il m'apparaît
j pourtant que Ramuz, dans certaines pages
d'Adam et Eve surtout, et André Cham-
son, à son insu peut-être, dans toute son
attitude littérairr, dans toute son activité
politique, ne font guère que « varier '>
certains thèmes de la spiritualité calvi-
niste. »
FREDERIC LEFEVRE.
La Semaine Bibliographique
ANALYTIQUE ET CRITIQUE
LITTÉRATURE
1. - Essais, Correspondance, Mémoires,
Critique et Histoire littéraires
BAC (Ferdinand). Le Voyage romentique.
(Hachette), in-4 tiré à 500 ex., avec 100 com-
positions hors texte (100 fr.).
BELLESSORT (André). Discours de ré-
ception de M. André Bellessort. Réponse de
M. André Chaumeix. Séance de l'Académie
Française du 26 mars 1936. (Perrin), plaq.
in-16 tirée à 500 ex. (10 fr.).
BENRATH (Henry). Stefan George. Evo-
cation d'un poëte par un poëte avec la
transcription de 29 poëmes en français. (Dela-
main et Boutelleau), in-18 (12 fr.) ; 25 pur fil
(40 fr.).
CABANES (Dr). Mœurs intimes du passé.
120 série. Villes d'eaux à la mode au Grand
Siècle. 72 illustrations (Albin Michel), in-16
jésus de 368 pp. (20 fr.).
CHALLAYE (Félicien). Les philosophes.
Jaurès. (Mellotée), in-18 de 320 pp. (15 fr.).
Edit originale. (C'est la première fois, à notre
connaissance que l'œuvre, l'action, l'influence
de Jaurès sont expliqués dans leur ensemble
avec ce cUi les caractérise tout particulière-
ment).
CLAUDEL (Paul). Figures et Paraboles.
(Edit Nouvelle Revue Française) in-18 (15 fr.);
30 ex. pur fil (45 fr.) ; 50 alfa (30 fr.) Edition
originale. (Le monde, selon l'expression d'un
psaume passe en images. La nature, l'homme,
ne sont que les aspects changeants d'un im-
mense tableau, les événements que des para-
boles et des figures, mais qui deviennent des
types exemplaires de vie dès que nous leur
accordons une attention suffisante. Paul
Claudel, à la lumière des Livres sacrés étudie
quelques-unes de ces situations conductrices
et de ces personnages modèles dans ce volume
qui est le premier d'une série).
CREISSELS (Léon). Louis XVII et les
faux Dauphins. (Albin Michel), in-16 (15 fr.) :
20 ex. sur vergé pur fil (45 fr.). Edit. origi-
nale. (Serait-ce enfin la vérité sur le fils de
Marie-Antoinette ? C'est, à tout le moins, un
exposé complet du sujet à l'heure actuelle).
DARD (Emile). Le General Choderlos
d3 Laclos, auteur de : « Liaisons dangereuses ».
1741-1803. Ouvrage couronné par l'Académie
Française. (Perrin), in-8 écu (20 fr.). Nouvelle
édition. (Ce sera une révélation pour quel-
ques-uns que la vie de cet officier d'artillerie
d'ancien régime, auteur de l'un des romans
les plus profonds d'analyse que possède notre
littérature. Existence aventureuse s'il en fut,
au cours de laquelle Laclos apparait comme
un véritable personnage de roman. Pour de
mystérieuses raisons, qui seront peut-être
éclaircies un jour, il échappa à la guillotine,
devenu général il mourut à Tarente en 1803.
La présente étude qui remonte dejà à quel-
ques années n'a p.-; vieilli. Elle permet de se
faire sur l'homme et l'écrivain une idée qui
explique dans une certaine mesure la forme
et le fond des « Liaisons », dont on peut dire
que là encore la stratégie n'est pas absente.
N'est-ce pas même tout au fond un simple
ouvrage de « stratégie passionnelle »?)
DUJARDIN (Edouard). Mallarmé, par
un des siens. Portraits d'aurès le tableau de
Jacques-Emile Blanche, 1887.. (A. Messin,
in-12 (12 fr.) ; 10 vergé d'Arches (60 fr.). Edit.
originale. (Pendant treize années l'auteur a
vécu dans l'intimité de Mallarmé, « à son
ombre » pourrait-on dire. Il apporte donc une
contribution de première importance non seu-
lement à l'étude de l'homme et de l'écrivain,
mais à celle du milieu où se forma et grandit
le symbolisme dont le cinquantenaire va être
bientôt célébré).
GARROS (Louis). Rouget de Lisle, il y
a cent ans. (Pion), in-8 de 96 pp., avec texte
et partition de la Marseillaise (2 fr. 50). (C'est
cette année en effet que tombe le centenaire
de la mort -e celui qui fut l'auteur du seul
chant national qui rallie aujourd'hui tous les
Français).
GILLET (Louis). La Cathédrale vivante.
Coll. « L'Histoire et les hommes » (Flam-
marion), in-18 sur alfa (20 fr.) ; sur Rives
(60 fr.) ; :ur Japoi (120 fr.). Edit. originale.
L'ouvrage paraîtra incessamment.
L'Imitation de Jésus-Christ. Traduction
nouvelle avec introduction et notes par l'abbé
Fernand Martin. Coll. des Classiques Gar-
nier » (Garnier frères), in-16 de 600 pp. (18 fr.).
JUSTIN. Abrégé des Histoires philippi-
ques de Trogue-Pompéc et Prologues de Tro-
gue-Pompée. Texte latin et traduction nou-
velle par E. Chambry et Mme Lucienne Thély-
Chambry. Coll. des « Classiques Garnier ».
(Garnier frèrcs), in-16. 2 volumes de 440 et
380 pp. (30 fr. les 2 vaU,
LAVELLE (Louis). Le Moi et son Destin.
(Editions Montaigne), in-18 de 230 pp. (15 fr.).
Edit. originale. (« On s'étonne parfois qu'il y
ait dans la philosophie d'aujourd'hui un pri-
mat du sentiment sur la raison : mais le rôle
du sentiment ne doit être que de nous enra-
ciner profondément dans l'existence et, au
lieu, comme il arrive, de nous dispenser de
l'usage de la raison, d'obliger celle-ci à mai-
triser la vie elle-même et à ne point s'évader
dans l'abstraction. Il faut avoir conscience
de la gravité de cette vie qui est remise entre
nos mains : il faut l'avoir traversée pour
qu'elle nous permette d'assumer la responsa-
bilité de notre être métaphysique »).
MERIMEE (Prosper). Lettres de Prosper
Mérimée à Madame de Beaulaincourt (1866-
1870). Publiées avec une introduction et des
notes par Maurice Parturier. (Calmann-Lévy),
in-16 avec un portrait (15 fr.) ; 26 hollande
(80 fr.). Edit. originale.
MORNET (D.). La Littérature française
enseignée par la dissertation, (Larousse), in-8
de 384 pp., cartonné (18 fr.). (A l'usage des
Candidats aux examens des enseignements
secondaire et supérieur).
NANTEUIL (Baron de). –• Les Portraits
d'Etre. Le Masque arraché, La vraie ligure
de l'Amie Ce Lamartine. Avec une lettre-pré-
face de M. René Doumic. (Presses Universi-
taires), in-16 de vni-226 pp., avec 3 planches
et un tableau généalogique (25 fr.) ; 200 alfa
(40 fr.). Edit. originale.
PASCAL. L'œuvre de Pascal. Biogra-
phies, Œuvres mathématiques, Œuvres phy-
siques : Lettres, Opuscules, Abrégé de la Vie
de Jésus-Christ, Les Provinciales, Suite des
Provinciales, Ecrits sur la Grâce, Fragments,
Pensées. « Bibliothèque dé la Pléïade » (Edit.
de la Nouvelle Revue Française), in-16 de
1.100 pp. sur papier bible, relié peau souple
(75 fr.). (Le texte a été établi, les notes et
l'introduction ont été rédigées par Jacques
Chevalier).
POIZAT (Alfred). La civilisation et ses
tournants. (Albin Michel), in-16 (15 fr.). Edit.
originale. (Comment nous sonunes devenus
chrétiens).
REWALD (John). Cézanne et Zola. (Edit.
A. Sedrowsfci), in-8 de 200 pp., avec 82 repro-
ductions hors texte (25 fr.). Edit. originale.
(Cette étude sur l'Impressionnisme est fondée
sur des documents nouveaux et des lettres
inédites d'Emile Zola, Paul Cézanne. Manet,
Monet, Pissarro, Th. Durct, J. K. Huysmans,
etc., etc.).
RILKE (Rainer Maria). Les Elégies de
Duino, traduites et commentées par J. F. An-
gelloz (P. Hartmann), pet. in-4 de 104 pp.
(15 fr.) ; 30 vélin pur fil (30 fr.). Première
traduction française.
SABATIER (Dr Georges). Vie de Charles
de Bordcu. Sa correspondance. (Henri Didier),
in-12 de 176 pp. (15 fr.). Edit. originale. (L'œu-
vre de Charles de Bordeu mérite l'attention.
Outre les qualités littéraires et morales qui la
marquent, elle est encore un chant d'amour
pour ces montagnes et ces vallées pyrénéennes
dont la beauté ne cesse de l'inspirer. L'ou-
vrage est publié sous les auspices de l'Acadé-
mie de Béarn).
II. Romans, Contes, Nouvelles
DABIT (Eugène). Train de vies. Coll
« Renaissance de la Nouvelle ». (Edit. Nouv.
Revue Française), in-16 (15 fr.) : 25 alfa
(28 fr.) ; 20 vélin pur fil (40 fr.). Edit. origi-
nale. (L'auteur ne se propose point de faire
avec la littérature une sorte de jeu qui con-
duit à l'évasion et à l'oubli. Intégrant l'art à
la morale et à la sociologie pratiques il vou-
drait par lui mieux faire apparaître les vices
d'un monde faux et cruel, travailler à le
transformer pour l'améliorer).
ERCKMANN-CHATRIAN. - Maître Gas-
pard Fix. « Bibliothèque verte » (Hacnctte),
in-16 avec des illustrations, relié (7 fr.). Réim-
pression. (Les livres de cette collection, au
texte expurgé quand il est nécessaire con-
viennent à toutes les catégories de lecteurs).
FELICI (Noël). Une pension de famille,
roman. (Albin Michel), in-16 de 320 pp.
(15 fr.): 15 vergé pur fil (45 fr.). Eait. origi-
nale. (L'auteur s'est appliqué à peindre des
types politiques d'extrême-gauche).
- LUBIN (Georges). Changer de peau. ro-
man. (Edit. Montaigne), in-18 de 320 pp.
(15 fr.). Edit. originale. (Rappelons que l'au-
teur a eu des débuts très remarqués avec « La
Terre a soif ». son. premier livre).
Terre a soif w. (William). Le Moine blanc
SEABROOK (William). - Le Moine bla'Jlc
de Tombouctou. Préface de l'auteur. Traduit
de l'anglais par Gabriel des Hons. (Edit. Nout.
Revue Française), in-18 (15 fr.). Première tra,
duction française.
VALENTINO (Henri). Les Américains à
Paris au temps joyeux de la prospérité (Per-
rin), in-18 (12 fr.). Edit. originale. (Le héros
du livre, Jean Durand, français moyen, est
entré au service de l'avocat américain Fuller-
ton exerçant à Paris au moment ou une foule
de Yankees récemment enrichis par la guerre
fond sur la capitale. D'étranges types de la
faune nord-américaines défilent sous nos yeux
et le candide Durand se demande si le Monde
va devenir une machine à faire des pantins).
III. Histoire
AMBRIERE (Francis). Le Favori de
François I" : Gouffier de Bonnivet, Amiral
de France. (Racllette), in-16 (12 fr.). (Ce livre
fait revivre avec une grande intensité un de
ces personnages de second plan sans lesquels
l'histoire n'aurait pas été ce qu'elle est. Un
nombre important de faits célèbres nous sont
ainsi appris ou rappelés, par exemple qu'il
s'en est fallu de bien peu que François I"
ne soit pas roi, que la victoire de Marignan ne
fût une défaite et la défaite de Pavie une
victoire, Chroniqueur autant qu'historien,
l'auteur a su donner à son récit l'allure d'une
promenade à travers un passé tout particuliè-
rement riche en fastueuses, en cruelles, en
voluptueuses évocations).
AUBRY (Octave). Napoléon. Fasc. VII :
Les fautes de Napoléon ; fasc. VIII : L'Empe-
reur européen. (E. Flammarion), 2 fasc. de
chacun 32 pp. (8 fr.). (L'ouvrage sera complet
en 12 fascicules).
HERISSAY (Jaques).– Scènes et tableaux:
Au règne de Louis XV. (Edit. Gautier-Lange-
reau), 1 vol. 14x19, 8 hors texte, broché :
12 fr. ; élégante reliure : 19 fr.
SIEBURG (Friedrich). Robespierre. Tra-
duit de l'allemand par Pierre Klossowski
(Flammarion), in-18 de 326 pp. (15 fr.).
(LIVRES POUR LA JEUNESSE
HUART DE ROQUES (Jeanne d'). La
Villa des Mimosas. « Les Livres Roses ».
no 640. (Librairie Larousse). 0 fr. 50).
Hector TALVART.
N. B. Les communications concernant
cette rubrique doivent être directement adres-
sées à M. Hector Talvart, rédacteur aux Nou-
velles Littéraires, à La Rochelle.
Lb GFHAST : H. VASSKUR
I. P.–16, me du Croissant, Paris (21)
M. DODEMÀN, imprimeur
Une exposition
de livres scolaires français
au Portugal
l>c tous temps, les liens intcllctucts ";
plus étroits n'ont, cessé d'umr la [̃'ronce <
le Portugal et jioar maintenir cette tradition-
nelle sgmpathic. l'édition française s est tou-
jours jait un devoir de tenir fnh tentent ac-
CUllrtllll ce ]>a;/s des dernières naureaates
de notre production littéraire, artishaue ci
scientifique.
C'est ainsi que l'an dernier ,v. André
Ion. en qualité de président du Comité per-
manent. des Expositions du livre et des arts
graphiques français, organisait Ii Cotmbre
une très remarquable exposition de revues
et périodiques français.
Cette année, de nouveau, il a mis s'ir fâed,
avec le. très vigilant concours de M. War-
nier. directeur de l'Institut trlllll'fllS ,/Il Por-
tugal, une exposition de livres scolaires fran-
çais qui recueille, en ce moment, d l.isbon-
ne, tous les suffrages de iclite unircrsitairc
portugaise.
Cetie brillante manifestation a été inaugu-
rée le HO mai dernier par notre ministre 'a-/
Portugal, en ftresence du ministre de l'i.'du-
cation nationale. M. l'arncim Pocfieco.
Sous devons nous réjouir d'un tel succès et
savoir gre aux milieux f/ouvernenientaur
portugais en. général, et à M. (arnaro l'a-
checo en particulier, de },i réelle sg m pat hic
qu'ils éproueent pour la culture franco,se,
quels que soient les aspects de son expres-
sion.
Ta Commission de la Uour Voyage littéraire. réunie le 27 mai dernier,
a procédé à l'élection du lauréat.
/.c prix, cette année, était réserve à la i>oc-
sie.
Etaient présents : MM. Léon Itiotor prési-
dent ; Alcanter de Iiralim. tioniain c'uulxs,
André Dumas, Gabriel Fauré, Aruiie Fuulon
de Vautx, Georges Lecomte. Victor-Emile M -
chelet, Pierre Mortier, Pol .creux, Gaston
liageot.
Apres huit tours de scrutin, et devant l'im-
possibilité d'obtenir une majorité absolue /'1/-
tre deux candidats. la Commission, avec
l'autorisation spéciale du ministre de l'Edu-
cation nationale, a décidé à titre tout à fait
exceptionnel, de jmrlaqer Itl bourse ent>e
Mme Haphaëlle Martinon pour ton manus-
crit Le l'assit de Minuit, et M. i.">ns
pour son manuscrit Le l'ocinc de i AutL'.hx'
LES NOUVELLES LITTERAIRES
13-6-1936
LE IVe CENTENAIRE DE LA RÉFORME
UNE HEURE A VEe JEAiV CALVIN
Introducteur : ALBERT-MARIE SCHMIDT
M. Albert-Marie Schmidt qud a entrepris
aux éditions Je Sers la publication des
Œuvres Françaises de Jean Calvin et qui
avait donné il y a quelques années une
biographie spirituelle de Saint Evremond
l'Humaniste impur, était tout désigné pour
être notre intioducteur auprès du grand
Réformateur. Â Â"
Vous faites paraître un volume de
Sermons de Calvin, vous avez l'an dernier
réédité Trois Traités du même auteur ;
Calvin trouve-t-il donc toujours un public ?
Certes. Depuis la guerre la plupart
des églises protestantes du monde ont
accueilli avec un nouveau sérieux la
pensée des Réformateurs. Souvent le
calvinisme, avec sa doctrine très stricte
des rapports de l'Eglise et de l'Etat, a
permis aux protestants de lutter contre
l'immixtion de l'autorité civile. Le profes-
seur Karl Barth, Suisse d'origine, qui a
poursuivi avec les pouvoirs du Troisième
Reich la controverse que l'on sait, ne fait
qu'employer de façon géniale les métho-
des propres au calvinisme.
Ce sont là surtout querelles ecclésias-
tiques, et, malgré leur intérêt humain,
elles ne peuvent être comprises de tous.
Les œuvres de Calvin n'ont-elles pas d'au-
tres admirateurs que les gens d'Eglise ?
.,.. Le public de Calvin
- Si fait. L'intérêt pour Calvin ne cesse
de grandir dans les milieux universi-
taires. On lui reconnaît du point de vue
linguistique une grosse importance. On
s'aperçoit qu il fut, avant Malherbe, le
plus grand législateur de la langue
française. Il en a précise et épuré le voca-
bulaire, fixé les rythmes, découvert toutes
les ressources. Ouvrez le Dictionnaire de la
langue française du seizième siècle, de
M. Edmond Huguct. ce monument de tact,
d'érudition et de délicatesse, vous remar-
querez comment l'éminent professeur, dé-
pouillant les œuvres françaises de Calvin,
<'n a tiré des locutions qui ne sauraient :
laisser indifférents ceux qui ont le sens de j
lu vie de% mots. Les fêtes qui ont eu lieu en
mars-avril dernier à l'occasion du qua-
trième centenaire de (1 l'Institution chré-
tienne », la principale œuvre de Calvin et
le texte le plus important, du point
de vue théologique, de la Réforme, com-
prenaient une exposition à la Bibliothèque
atlOnaJe. des manifestations en Sofbonne
et à la Facuité libre de Théologie Protes-
tante sous la présidence du professeur
Lccerf. Elles furent, pour les plus émi-
nents calvinologues : M. Aboi Lefranr,
illi Collège de France; M. Henri Hauser, de
la Sorbonne; M. Plrtttard, de l'Université
tir Poitiers. l'occasion de définir l'apport
de Calvin dans ia spiritualité et l'art - fran-
çais. D'ailleurs, en ce mois de juin 19J6,
C.onève et Lausanne, à leur tour, organi-
sant des solennités jubilaires qui permet-
tent à tout ce que le monde compte de
fervents calvinistes de prendre contact et
de préciser leurs idées.
Nul n'a plus contribué que Calvin au
rayonnement de l'influence française. La
Hollande reconnaît en lui l'une des plus
puissantes incarnations de notre génie
national, une partie de la Hongrie intellec-
tuelle. groupée autour de l'Université de
Debreczen, contribue par sa science et par
son esprit de finesse à mettre les valeurs
calviniennes sur leur plan actuel.
Actualité de Vœuvre
La lecture et la méditation de Vœu-
vre de Calvin peuvent-elles apporter aux
hommes d aujourd'hui, aux profanes, à
ceux qui ne sont pas calvinistes, une nour-
riture spirituelle efficace ?
- -.,.. - - - - - -- - - - - ..-.. -- - ,-.:;"ooa.: -
Vos CHANCES dans L'OCEAN CELESTE
IfltlVDlTE fera horosc. d'après Ptolémée. Env.
PliNEllVE heure, lieu, date de naissance. ZO tr.
MINERVE. Servoz (Haute-Savoie >
Oui. Nul ne fut plus « réaliste » que
Calvin. Nul ne lutta avec plus de ténacité
contre les abstractions et les fausses
évidences. On a dit que les humanistes
trouvèrent en lui un ennemi acharné.
Il est vrai. Aux yeux de Calvin, les
humanistes élaboraient une anthropo-
logie incomplète. -- Proclamant les droits de
l'individu ils tendaient à conférer à
l'homme une périlleuse autonomie, à le
détacher de l'Univers où il a pourtant une
tâche précise à remplir.
A quels humanistes s'attaquait-il sur-
tout ?
A Rabelais, à Bonaventure Despé-
riers qui avait été son collaborateur, à
Dolet qui introduisit en France le cicé-
ronianisnie athée et aux averroïst-es ita-
liens tels que Cardan et Pornponazzi dont
M. Busson a réédité les Enchantements.
Selon Calvin, ils jouissaient de la nature
et ne s'y intégraient pas. Indéterminés,
soumis a leurs propres lois, s'attachant a
développer toutes leurs qualités et toutes
leurs passions, ils ne vivaient pas en har-
monie avec l'Univers, mais tendaient à
former dans ce Grand Rovaume autant
de petits Etats - anarchiques. Calvin,
au contraire, fondant la morale indi-
viduelle sur la notion de vocation, en-
seigne que chaque homme doit accomplir
dans" ie monde un labeur particulier, su-
bordonner ses appétits égoïstes aux né-
cessités de ce travail qui lui est imposé
par Dieu et qui est seul capaible de don-
ner à son être un développement digne de
lui, c'est-à-dire accordé aux desseins de
Dieu et aux fins du monde.
Et vous discernez l'influence de la
doctrine calviniste sur nos contempo-
rains ?
Sans nul doute. Un nombre important
d'écrivains et de penseurs français pré-
tend avoir trouvé dans ce qu'ils appellent
Je « personnalisme » une philosophie de la
vie capable de les satisfaire. Or Calvin,
soumettant l'individu aux règles de la vo-
cation, sauvegardant l'originalité de
l'homme et sa participation nécessaire à
la vie du monde, est le premier théori-
cien de la personne, de même que Pétrar-
que est le premier moraliste de l'indi-
vidu.
Il nous manque sur Calvin une bio-
EDITIONS "JE SERS" 1 EDITIONS LABOR i
PARIS j GENÈVE -
Œ:UV<-
Textes présentés et annotés par M. le professeur A. Lecerf.
II Trois traités comprenant en un volume: L'Epilre à Sadolet, le Traité des Scin-
dales, le Traité de la Sainte Cène.
Textes présentés et annotés par M. A. M. Schmidt préface de M. J. Pannier,
III Sermons sur la Nativité, la Passion, la Résurrection et le Dernier Avènement
de Notre Seigneur Jésus-Christ.
Textes présentés et annotés par M. A. M. Schmidt, préface de M. J. de Saussure.
Chaque volume, broché sur alfa ou relié toile sur bouffant (.au choix).,..,. 18 fr.
VIENT DE PARAITRE :
CALVIN, HOMME D'EGLISE
Textes du Réformateur et documents du XVIe siècle. 1 vol. hroclic 20 f. relié toile 30 f.
graphie à l'usage du grand public lettré.
Le Doyen DOllmergue, dans : Jean
Calvin, les hommes et les choses de son
temps, l'a minutieusement étudiée. Mal-
heureusement ces sept volumes in-folio ne
sont guère accessibles aux chercheurs que
dans les bibliothèques. Le public français
n'a pas à sa disposition de biographie
de Calvin, qui soit à la fois érudite,
littéraire, spirituelle, étudiant l'homme
dans l'œuvre, et l'œuvre dans l'homme.
Certains points ont fait l'objet de
travaux importants : Le livre de M. A.
Lefranc, sur la Jeunesse de Calvin,
est un chef-d'œuvre. Les études de M.
Pannier, le bibliothécaire de la Société
d'histoire du Protestantisme, aJbondent en
indications précieuses, mais une synthèse
de tant de travaux que l'on puisse com-
parer au Luther de M. Lucien Febvre
manque encore.
Sa vie
- Comment prit forme llL vocation de
Calvin ?
Cette vocation lui fut imposée. Cal-
vin naquit à Noyon le 10 juillet 1500. Son
père était notaire d'église et défendait les
intérêts du chapitre de la cathédrale.
Pourvu d'un bénéfice dès l'âge de douze
ans, Caivin commença ses humanités à
Noyon, puis, gagnant Paris en 1523, il y
fréquenta le collège de la Marche et le
collège Montaigu. Il subit l'influence de
Mathurin Cordier, qui renouvela la péda-
gogie, et de son cousin Pierre Olivétan,
protestants secrets. Durant deux séjours
qu'il fit, l'un à Orléans, l'autre à
Bourges, pour y poursuivre des études
de Droir, son penchant pour la Réforme
s'affirma ; d'autant qu'à Bourges, il con-
versa avec l'Allemand WoLrnar, helléniste
et luthérien.
Sa conversion se prépara par l'étude,
le dialogue et la méditation. Elle se mani-
festa le 1er novembre 15H3. En ce jour,
Nicolas Cop, médecin et recteur de l'Uni-
versité de Paris, ami de Calvin, pro-
nonça devant les professeurs des di-
verses 'Facultés, à la chapelle des Mathu-
rins, une harangue écrite par Calvin
qui exposait les principes de la foi nou-
velle. LuC' active persécution s'ensuivit.
Cop prit le large, Calvin aussi.
Proscrit, Calvin gagne la Saintonge,
puis l'iérac ; à la cotir de Navarre, proté-
gé par Marguerite, il connut le patriar-
che des réformistes français, Lefèvre
d'Etaplcs. Le 4 mai 15.'U, il résigne à
Noyon ses bénéfices, Après l'affaire des
placards (13 octobre 1531) la persécution
redouble en 'France. Brefs séjours à An-
goulême, Poitiers, Orléans. Calvin, qui a
déjà écrit deux livres : un commentaire au
Traité de Sénèque sur la clémence.
- Voulait-il par là donner à François 1"
une lerov. détournée ?
On l'a prétendu, mais je ne le pense
pas : il ne faut voir, dans cette disser-
tation, qu'un exercice d'humaniste
sûr de son style et de sa pensée. Calvin,
qui a donc écrit un commentaire du De
Clrmrntia et un-traité de polémique reli-
gieusc contre certains anabaptistes qui
estimaient que les âmee dorment jusqu'au
dernier jugement.
Oui, ce fut un redoutable polémiste si
l'on en juge par les Trois Traités que
vous avez réédités en 1035. Je vous avoue-
rai que c'est surtout de ce point de vue
que je l'ai jusqu'à ce jour envisagé.
Il n'attaqua jamais le premier, mais,
une fois engagé dans la lutte, nulle con-
sidération ne put l'empêcher d'aller jus-
qu'à la limite extrême de sa pensée.
D'ailleurs, l'esscntiel de son œuvre de-
meure l'Institution Chrétienne, les Ser-
mons, les Commentaires.
- Quand composa-t-il l'Institution chré-
tienne ?
L'Institution Chrétienne
En 1535. Quittant Orléans, il s'était
réfugié d'abord à Strasbourg puis à Bàle.
Il retrouva en cette capitale de l'huma-
nisme européen, Nicolas Cop. C'est de
Bàle qu'il datait sa lettre préface de l' 111S-
titution chrétienne et l'envoyait à Fran-
çois Ier.
Pour bien comprendre le succès prodi-
gieux obtenu par ce livre dès sa publica-
tion, il importe d'envisager la situation
des protestants de France à cette époque.
François Ier essayait de leur aliéner la
sympathie des luthériens d'Allemagne en
les peignant sous l'aspect de dangereux
révolutionnaires. L'Institution Chrétienne,
dans sa première édition latine, de 1536,
est tout ensemble : un plaidoyer, une con-
fession de foi et un catéchisme. L'Epîtrc
au Roi, cette supplication stricte et pas-
sionnée, est un modèle d'éloquence.
Quant au livre lui-même, il se re-
commande par la simplicité de son plan.
Dans une première partie, Calvin com-
mente le Décalogue. Dans, une se-
'conde, le Symbole des Apôtres. Dans une
troisième, il montre comment on ne peut
fonder sur les Ecritures que deux Sacre-
ments : le baptême et la communion, en
fin, après quelques critiques - adressées au
catholicisme, Calvin précise les rapports
normaux du pouvoir ecclésiastique et du
gouvernement civil.
Ce livre, écrit en latin, ne pouvait
atteindre qu'un public restreint ?
C'est pourquoi Calvin, remaniant les
textes latins des éditions de 1536 et de 1539,
en donna en 1541 une édition française.
L'Institution Chrétienne est le premier li-
vre du seizième siècle qui soit composé
d'une façon logique et progressive. Par
l'adoption systématique des rythmes de la
prose latine, Calvin donne à la prose
française cette cadence nombreuse, ample,
limpide qui la distingue.
Calvin est plus facile à lire que Mon-
taigne. Lorsqu'il ne se contente pas des
mots les plus drus et les plus concrets,
lorsqu'il risque un latinisme, cet homme
du peuple travaille avec sûreté à l'élabo-
ration du français vivant. La plupart - de
ses audaces furent sanctionnées par l'u-
sage : une telle louange ne s'applique
qu'à peu d'écrivains. De plus, Calvin, le
premier en 'France, possède un mérite que
beaucoup de manuels de littérature ne
reconnaissent qu'à Pascal : il versa dans
le trésor du français traditionnel une mul-
titude de richesses Publiques et theoiogi-
ques ; il exposa les matières de contro-
verse d'une façon si simple et si nue que
les plus humbles purent y prendre part.
Revenons à la biographie de Calvin.
Sommation de Farel
Après un séjour à Ferrare auprès de
Renée de France, Calvin passe successive-
ment à Belle, Paris, Noyon, Lyon. En
juillet 1536, il arrive à" Genève. Là, il
rencontre sa vocation sous la.' figure de
Guillaume Farel, le rude réformateur
dauphinois, qui le somme de demeurer à
Genève et de l'aider dans sa tâche apos-
tolique. Scène grandiose et pathétique :
Calvin, homme d'étude, frêle, timide, déjà
malade, aperçoit avec épouvante cet hom-
me roux qui voudrait l'arracher à ses li-
vres et à sa méditation, Il résiste. « Et
moi, crie alors Farel, au nom du Dieu
tout-puissant, je te déclare : tu prétextes
tes études. Si tu refuses de t'adonner ici
avec nous à cette œuvre du Seigneur,
Dieu te maudira, car tu te cherches toi-
même, bien plutôt que le Christ. >»
Apres des luttes sans nombre, après
avoir connu l'exil, Calvin, en moins de
quinze ans, fait de Genève la Rome pro-
testante, la Cité refuge, la Ville sainte d'où
partent, vers les réformés de France,
d'Ecosse, des Pays-Bas, de Pologne, de
Hongrie, les encouragements les plus sûrs,
les conseils les plus précieux. Malgré la
débilité d'un corps en proie à d'incroyables
souffrances, malgré les charges d'un minis-
tère pastoral qui Je contraint à prêcher et
à enseigner chaque jour, Calvin est tou-
jours prêt, à soutenir l'Eglise qu'il ensei-
gne, de quelque partie de l'Europe que
parte l'appel. Il correspond avec tous les
monarques, engage des disputes courtoises
ou violentes avec tous les théologiens, pré-
cise, dans une foule de traités, les points de
la religion qui donnent à tel ou tel groupe
de fidèles une possibilité de scandale, com-
mente la plupart des livres de la Bible.
Et malgré cette activité prodigieuse,
il exerce sur Genève une sorte de dicta-
ture ?
Jamais Calvin n'a été revêtu à Ge-
nève d'un pouvoir quelconque, il a mê-
me dû continuellement défendre les droits
de son Eglise contre les empiétements
des magistrats, Jusqu'en 1559, quatre ans
et demi avant ea mort, Calvin ne jouit
même point du droit de bourgeoisie ge-
nevoise. Mais de lui émane cette chose
mystérieuse : l'autorité. Genève, en butte
à la haine de toute l'Europe, sait bien
que si Calvin la quitte, quelle que soit
l épaisseur de sas murailles et la bravoure
de sa milice, elle succombera. Cal-
vin, c'est l'âme de Genève, le centre vital
qui fait que sa population de réfugiés et
d'autochtones forme un tout cohérent. C'est
lui qui galvanise et unit les bonnes vo-
lontés.
Il mourut triomphant le 27 mai lo64.
Et il triomphe toujours ?
Je puis vous affirmer qu'en France
des milliers de personnes vivent du calvi-
nisme qui, pour moi, est peut-être la véri-
table tradition de l'Occident.
Pourquoi ?
Par son goût du risque, par sa vo-
lonté d'ordonner à l'homme d'agir tou-
jours en pleine conscience sans se préoc-
cuper du succès. Désespérant d'eux-mêmes,
les. calvinistes espèrent en Dieu. Rien de
plus spécifiquement calviniste que la
devise - de - Guillaume le Taciturne :
« Point n'est besoin d'espérer pour en-
treprendre ni de réussir pour persévérer. »
Le calviniste offre continuellement à Dieu
son acte comme un témoignage, sans sa-
voir si Dieu l'acceptera.
Outre les textes que vous avez réédi-
tés, peut-on se procurer facilement les œu-
vres de Calvin ?
Les éditions « Je Sers lit ont ééjà fait
paraître trois volumes comprenant son
Catécllisme, Trois Traités (l'Epitre au
cardinal Sadolet, le Traité de la Cène, le
Traité des Scandales), enfin ses plus beaux
Sermons sur le Christ. Les éditions des
« Belles-Lettres » publient avec la colla-
boration des plus érudits calvinologues :
l'Institution chrétienne, version de 15-41, et
les pasteurs de Genève, un recueil de tex-
tes qui précisent l'activité de Calvin dans
le domaine ecclésiastique. La Société Cal-
viniste de France a réédité : l'Epitre au
Iloi et Y Epitre Ú tous Amateurs de Jésus-
Christ. Bientôt, l'un des monuments de la
langue et de l'esprit français, l'un de ceux
qui nous font le plus d'honneur à l'étran-
ger, sera accessible à tous.
Influence sur la science, les arts
et la littérature
Quels ont étl les rapports du calvi-
nisme à ses débuts avec la science ?
Le calvinisme a eu sur la science une
double influencr, En premier lieu, il a
libéré la recherche scientifique des con-
traintes dogmatiques. Genève et Lausanne
ont exercé sur les opinions de leurs théolo-
giens un contrôle inquisitorial, mais elles
ont laissé pleine liberté aux savants qui
prenaient refuge dans leurs murs. Alors
que la médecine paracelsiquc, avec sa
pharmacopée chimique et sa théorie pré-
pasteurienne des germes, était persécutée
à Paris, elle était accueillie avec ferveur
par les cités calvinistes. Henri IV, lors-
qu'il monta sur le trône, prit comme pre-
mier médecin un calviniste paracelsiste :
Joseph Du Chesne. En second lieu, le cal-
vinisme discerna que le sort du christia-
nisme n'est pas lié à celui d'une cosmologie
déterminée : il accueillit les conséquences
de la révolution copernicienne, et le recul
de l'anthropocentrisme qu'elle provoqua.
Dans son Commentaire des Psaumes,
Calvin s'élève déjà contre le système de
Ptoléméc,
- Et eut-il une influence sur les - arts
plastiques ?
En défendant la doctrine de l'égale
valeur de toutes les vocations humaines.
le calvinisme contribua à l'instauration
dans la peinture d'un réalisme discret :
lorsque les petits maîtres flamands repré-
sentent un changeur contrôlant des mon-
naies, un médecin auscultant un malade,
un philosophe méditant, ils subissent l'in-
fluence du calvinisme et recherchent moins
le pittoresque que l'illustration de cette vé-
rité qu'il n'y a pas devant Dieu d'hum-
ble métier. De même, en rappelant à
l'homme la différence infinie qui existe en-
tre Dieu et lui, le calvinisme a permis à
Rembrandt de spiritualiser mystérieuse-
ment ses apparitions du Christ: dans les
Pèlerins d'Emmaiis, par exemple, on sent
que Rembrandt a essayé de peindre le
contraste d'un corps glorieux avec des
corps de chair. Enfin le calvinisme, héri-
tier authentique de l'ancien franciscanis-
me, en insistant sur la notion de la gloire
de Dieu, en répétant que les plus modestes
créatures rendent hommage au Seigneur,
a incité le pasteur Bernard Palissv à se
pencher sur le monde des lézards, des
grenouilles, des poissons, des fines plantes
aquatiques, et à en fixer dans l'émail la
beauté.
Et sur la littérature ?
Le calvinisme, qui a fait participer le
peuple à la nomination de ses prêtres, a
toujours été partisan du régime représen-
tatif: il s'est beaucoup occupé des fêtes
du peuple : aussi voit-on dès le seizième
siècle uii Viéàtre calviniste florissant;
Bèze, successeur de Calvin, donne en 1550,
dans Abraham Sacrifiant, le dernier des
mystères. Louis des Masures, en 1566,
adapte à la scène avec génie l'histoire de
David, prototype du calviniste persécuté,
dans ses trois Tragédies sainles. Une mul-
titude de comédies polémiques rivalisent
avec les œuvres satiriques de Calvin on de
Viret. Jacques Grévin assure sa réputation
GRANDES VENTES
L'AMOUR DES LIVRES.
M9 Giurd et M. Georges Andrieux (.J'iln
part. M® Ktienne Ader et M. Dlaizot d'au-
tre part, viennent de nous offrir deux venies
d'excellente tenue.
Mc Giurd et M, Andrieux nous ont. quatre
jours durant, prodigué Jes pièces les plus
diverses et les plus curieuses. On a d'inné
francs d'un très beau livre d'heures a
l'usage de Paris, du début du xvi»
orné de vinpt miniatures a pleine page et de
quinze autres plus petites.
Mc Gin ni et M. Andrieux ont vendu ,]:)
francs Hue Pigalle, de Francis Car<'o, ;I\'('.
le-s lithus de Vertes et les soixante premières
papes du manu-crit autographe; i.-in» fnjii's
l Affaire Cruiiiquebille, illustrée par Steinlen,
en maroquin de Charles Meunier; l.CÔO fr. le
Journal d une femme de chambre, imprim-j
spécialement pour Anatole- France avec un
envoi ; 1.5:20 lra/lcs Les Plaisirs et les Jours
de Proust, sur japon, en maroquin de Meu-
nier ; 3.500 francs, enfin, les Vitrines de Char-
les Vildrac ornées des litiios de Cliapclum-
Midi, dans l'édition à petit nombre tll"
pour les amis du docteur Lucien (jraUX. LilI)
exception - une seule ! - a la rejrle des
originales : mais il faut bien signaler u'b
madagascar de la Maison Philibert, enrichi,
de 88 aquarelles de Dismimunt, dans un ma-
roquin de Pierre Le^rain et avec deux aqua-
relles originales, dont un amateur a offert
8.150 francs.
M® Etiennc Ader et MM. Auguste et Geor-
ges Blaizot, mardi dernier, nous ont JlrOIIl),,,;
égalai ii en i un Mirbeau assez rare, a >av
maroquin de Canapé et Cornez : on J'jj. pn \',.
1.100 francs. Les Fleurs au mal cuit cote
lrancs. en demi-maroquin tête de nepre. Aj'i.^
quoi c'est Anatole Franco, toujours lui, qi.f
sesr trouve Je plus à l'honneur, avec le ( ri-
me de sylvestre Donnard a couverture hlcle,
si recherché (1.120 francs en maroquin douh.-
de BlaneJ¡etirrt>', un hollande du I.!lS TUI/J'-,
habillé par Canapé (1.V50 francs enfin, nu.-,
japon de Thaïs en maroquin de Poiilcux
[̃J.^îoo francs,1.
M. Albert Besombes est mort. C'était Tin
authentique libraire, dont, on signale la per">;
avec, un vrai regret, il me reste a clore cet e
chronique sur des e.\<-uses a l'adlec de M"
René Boisgirard ; c'est lui et non Mf l-:t.;eniie
Ader, comme je l'ai écrit par erreur dans
mon article du 2:i mai, qui a vendu avec
M® Henri Baudoin les livres de Lucien < jn:;_\-.
•le suis confus de ce lapsus dont Me liois_T -
rard a trop d'esprit pour prendre onilc i^c.,
Francis AMBRIERE,
.ET L'AMOUR DES ARTS
.lle Hcnri Baudoin cl Jle J[i('I/IIf! .tllrr ont
rendu conjointement, vendredi :> juin, h;,
belle collection de peinture réunie jadis }>':r
le musicien Ernest chausson. l'A'c était par-
ticulièrement riche en truires de J»ei/u<.
des ewkcrcs somptueuse<; o^t ar''uei!he<. n.
Portrait d'homme a lait foi:<̃̃>. nu.
pastel, Femme se coiffant. ';(>.L4HI, (II, 1] 7,'J,"
.jO,:?OO francs les Blanchisseuses, ci le n.-en •
prix une Danseuse au repos. La Danseu-o
étoile s'est rendue 2t».000 francs et oO.'AH» : -
Danseuse aux bas rouges.
A signaler encore une Tèîe de f;!'ie v
Renoir, qui a. coté 27.000 francs, enfin /,""
toile de Herthe Mnrisut. Sous ia verandah,
dont on a donné GJ.Ô0U francs.
Guisolphe.
Beaux livres illustrés modernes. Aqua-
relles et dessins. Editions originales en
grand papier. Autographes. Vente Hôtel
Drouot, Salle 9, les 22 et 23 juin. C
prs : Me Giard, Me Bellier. Exposition jus-
qu'au 19 juin chez M. Carteret, expert. 5,
rue Drouot.
Bibliothèque Louis Barthou
!-i* partie'
La quatrième p:1!'IIE't de la vent-e Lovs
Barthou comporte encore. parmi Jes autogra-
phes, des pièces sensationnelles : l.'csqui
musicale inédite de Richard Wagner pou-
« La Mort de Siegfried l'extraordina;1 ̃̃
dossier des lettres de Rimbaud à ta s'vur
Isabelle, une réunion de lettres de Bossui :
et des lettres de Fenelon. Nous trouvons •T.-
core des lettres et des autog:aphes de \"-
taire, J.-J. Rousseau. Mirabe.au. et, parmi >-
romantiques, ceux de Yinny, llugo. Lamar-
tine, Musset, Le-conte de l'isi'e. Verlaine, cons-
tituent de passionnants dossiers. C¡:.n):-:
ncorc des lettres de M-rinue, des autogi ̃-
Illes de Loti, France, Balzac, Barres, l ia ,-
)crt.
Eufin, la première partie du catalogue Orff/'
ux amateurs nombre de bons livres, b
eliés, portant l'ex-libris du Président,
arthou
Cet intéressant ensemble sera dispersé du
LlTHli FI au mercredi 17 Juin, à I'H^tei Drouot,
aile 10. par les soins de Maîtres Albinet et
tienne Ader. assistés de MM. Auguste Dia.:-
ot et. fils, libraires-experts.
do discret élegiaque et attaque nOIlard,
poëte catholique ; du Bartas donne à la
poésie scientifique. après Scève et Jacques
Peletier, un tel éclat que sa Semaine et-:
traduite dans la plupart des langues d'Ku-
rope : Agrippa d'Aubigné, génie complet,
écrit le chef-d'œuvre de la Satire Lynquo
en France avant tes Châtiments : les rrll-
(Jiqllcs, et le clief-d'cruvi-c du pamphlet mIt-
ral ; les Aventures du baron de i'œncslc.
- Et aujourd'hui :>
Je mc sens maladroit pour îuger la
littérature de mon temps. Il m'apparaît
j pourtant que Ramuz, dans certaines pages
d'Adam et Eve surtout, et André Cham-
son, à son insu peut-être, dans toute son
attitude littérairr, dans toute son activité
politique, ne font guère que « varier '>
certains thèmes de la spiritualité calvi-
niste. »
FREDERIC LEFEVRE.
La Semaine Bibliographique
ANALYTIQUE ET CRITIQUE
LITTÉRATURE
1. - Essais, Correspondance, Mémoires,
Critique et Histoire littéraires
BAC (Ferdinand). Le Voyage romentique.
(Hachette), in-4 tiré à 500 ex., avec 100 com-
positions hors texte (100 fr.).
BELLESSORT (André). Discours de ré-
ception de M. André Bellessort. Réponse de
M. André Chaumeix. Séance de l'Académie
Française du 26 mars 1936. (Perrin), plaq.
in-16 tirée à 500 ex. (10 fr.).
BENRATH (Henry). Stefan George. Evo-
cation d'un poëte par un poëte avec la
transcription de 29 poëmes en français. (Dela-
main et Boutelleau), in-18 (12 fr.) ; 25 pur fil
(40 fr.).
CABANES (Dr). Mœurs intimes du passé.
120 série. Villes d'eaux à la mode au Grand
Siècle. 72 illustrations (Albin Michel), in-16
jésus de 368 pp. (20 fr.).
CHALLAYE (Félicien). Les philosophes.
Jaurès. (Mellotée), in-18 de 320 pp. (15 fr.).
Edit originale. (C'est la première fois, à notre
connaissance que l'œuvre, l'action, l'influence
de Jaurès sont expliqués dans leur ensemble
avec ce cUi les caractérise tout particulière-
ment).
CLAUDEL (Paul). Figures et Paraboles.
(Edit Nouvelle Revue Française) in-18 (15 fr.);
30 ex. pur fil (45 fr.) ; 50 alfa (30 fr.) Edition
originale. (Le monde, selon l'expression d'un
psaume passe en images. La nature, l'homme,
ne sont que les aspects changeants d'un im-
mense tableau, les événements que des para-
boles et des figures, mais qui deviennent des
types exemplaires de vie dès que nous leur
accordons une attention suffisante. Paul
Claudel, à la lumière des Livres sacrés étudie
quelques-unes de ces situations conductrices
et de ces personnages modèles dans ce volume
qui est le premier d'une série).
CREISSELS (Léon). Louis XVII et les
faux Dauphins. (Albin Michel), in-16 (15 fr.) :
20 ex. sur vergé pur fil (45 fr.). Edit. origi-
nale. (Serait-ce enfin la vérité sur le fils de
Marie-Antoinette ? C'est, à tout le moins, un
exposé complet du sujet à l'heure actuelle).
DARD (Emile). Le General Choderlos
d3 Laclos, auteur de : « Liaisons dangereuses ».
1741-1803. Ouvrage couronné par l'Académie
Française. (Perrin), in-8 écu (20 fr.). Nouvelle
édition. (Ce sera une révélation pour quel-
ques-uns que la vie de cet officier d'artillerie
d'ancien régime, auteur de l'un des romans
les plus profonds d'analyse que possède notre
littérature. Existence aventureuse s'il en fut,
au cours de laquelle Laclos apparait comme
un véritable personnage de roman. Pour de
mystérieuses raisons, qui seront peut-être
éclaircies un jour, il échappa à la guillotine,
devenu général il mourut à Tarente en 1803.
La présente étude qui remonte dejà à quel-
ques années n'a p.-; vieilli. Elle permet de se
faire sur l'homme et l'écrivain une idée qui
explique dans une certaine mesure la forme
et le fond des « Liaisons », dont on peut dire
que là encore la stratégie n'est pas absente.
N'est-ce pas même tout au fond un simple
ouvrage de « stratégie passionnelle »?)
DUJARDIN (Edouard). Mallarmé, par
un des siens. Portraits d'aurès le tableau de
Jacques-Emile Blanche, 1887.. (A. Messin,
in-12 (12 fr.) ; 10 vergé d'Arches (60 fr.). Edit.
originale. (Pendant treize années l'auteur a
vécu dans l'intimité de Mallarmé, « à son
ombre » pourrait-on dire. Il apporte donc une
contribution de première importance non seu-
lement à l'étude de l'homme et de l'écrivain,
mais à celle du milieu où se forma et grandit
le symbolisme dont le cinquantenaire va être
bientôt célébré).
GARROS (Louis). Rouget de Lisle, il y
a cent ans. (Pion), in-8 de 96 pp., avec texte
et partition de la Marseillaise (2 fr. 50). (C'est
cette année en effet que tombe le centenaire
de la mort -e celui qui fut l'auteur du seul
chant national qui rallie aujourd'hui tous les
Français).
GILLET (Louis). La Cathédrale vivante.
Coll. « L'Histoire et les hommes » (Flam-
marion), in-18 sur alfa (20 fr.) ; sur Rives
(60 fr.) ; :ur Japoi (120 fr.). Edit. originale.
L'ouvrage paraîtra incessamment.
L'Imitation de Jésus-Christ. Traduction
nouvelle avec introduction et notes par l'abbé
Fernand Martin. Coll. des Classiques Gar-
nier » (Garnier frères), in-16 de 600 pp. (18 fr.).
JUSTIN. Abrégé des Histoires philippi-
ques de Trogue-Pompéc et Prologues de Tro-
gue-Pompée. Texte latin et traduction nou-
velle par E. Chambry et Mme Lucienne Thély-
Chambry. Coll. des « Classiques Garnier ».
(Garnier frèrcs), in-16. 2 volumes de 440 et
380 pp. (30 fr. les 2 vaU,
LAVELLE (Louis). Le Moi et son Destin.
(Editions Montaigne), in-18 de 230 pp. (15 fr.).
Edit. originale. (« On s'étonne parfois qu'il y
ait dans la philosophie d'aujourd'hui un pri-
mat du sentiment sur la raison : mais le rôle
du sentiment ne doit être que de nous enra-
ciner profondément dans l'existence et, au
lieu, comme il arrive, de nous dispenser de
l'usage de la raison, d'obliger celle-ci à mai-
triser la vie elle-même et à ne point s'évader
dans l'abstraction. Il faut avoir conscience
de la gravité de cette vie qui est remise entre
nos mains : il faut l'avoir traversée pour
qu'elle nous permette d'assumer la responsa-
bilité de notre être métaphysique »).
MERIMEE (Prosper). Lettres de Prosper
Mérimée à Madame de Beaulaincourt (1866-
1870). Publiées avec une introduction et des
notes par Maurice Parturier. (Calmann-Lévy),
in-16 avec un portrait (15 fr.) ; 26 hollande
(80 fr.). Edit. originale.
MORNET (D.). La Littérature française
enseignée par la dissertation, (Larousse), in-8
de 384 pp., cartonné (18 fr.). (A l'usage des
Candidats aux examens des enseignements
secondaire et supérieur).
NANTEUIL (Baron de). –• Les Portraits
d'Etre. Le Masque arraché, La vraie ligure
de l'Amie Ce Lamartine. Avec une lettre-pré-
face de M. René Doumic. (Presses Universi-
taires), in-16 de vni-226 pp., avec 3 planches
et un tableau généalogique (25 fr.) ; 200 alfa
(40 fr.). Edit. originale.
PASCAL. L'œuvre de Pascal. Biogra-
phies, Œuvres mathématiques, Œuvres phy-
siques : Lettres, Opuscules, Abrégé de la Vie
de Jésus-Christ, Les Provinciales, Suite des
Provinciales, Ecrits sur la Grâce, Fragments,
Pensées. « Bibliothèque dé la Pléïade » (Edit.
de la Nouvelle Revue Française), in-16 de
1.100 pp. sur papier bible, relié peau souple
(75 fr.). (Le texte a été établi, les notes et
l'introduction ont été rédigées par Jacques
Chevalier).
POIZAT (Alfred). La civilisation et ses
tournants. (Albin Michel), in-16 (15 fr.). Edit.
originale. (Comment nous sonunes devenus
chrétiens).
REWALD (John). Cézanne et Zola. (Edit.
A. Sedrowsfci), in-8 de 200 pp., avec 82 repro-
ductions hors texte (25 fr.). Edit. originale.
(Cette étude sur l'Impressionnisme est fondée
sur des documents nouveaux et des lettres
inédites d'Emile Zola, Paul Cézanne. Manet,
Monet, Pissarro, Th. Durct, J. K. Huysmans,
etc., etc.).
RILKE (Rainer Maria). Les Elégies de
Duino, traduites et commentées par J. F. An-
gelloz (P. Hartmann), pet. in-4 de 104 pp.
(15 fr.) ; 30 vélin pur fil (30 fr.). Première
traduction française.
SABATIER (Dr Georges). Vie de Charles
de Bordcu. Sa correspondance. (Henri Didier),
in-12 de 176 pp. (15 fr.). Edit. originale. (L'œu-
vre de Charles de Bordeu mérite l'attention.
Outre les qualités littéraires et morales qui la
marquent, elle est encore un chant d'amour
pour ces montagnes et ces vallées pyrénéennes
dont la beauté ne cesse de l'inspirer. L'ou-
vrage est publié sous les auspices de l'Acadé-
mie de Béarn).
II. Romans, Contes, Nouvelles
DABIT (Eugène). Train de vies. Coll
« Renaissance de la Nouvelle ». (Edit. Nouv.
Revue Française), in-16 (15 fr.) : 25 alfa
(28 fr.) ; 20 vélin pur fil (40 fr.). Edit. origi-
nale. (L'auteur ne se propose point de faire
avec la littérature une sorte de jeu qui con-
duit à l'évasion et à l'oubli. Intégrant l'art à
la morale et à la sociologie pratiques il vou-
drait par lui mieux faire apparaître les vices
d'un monde faux et cruel, travailler à le
transformer pour l'améliorer).
ERCKMANN-CHATRIAN. - Maître Gas-
pard Fix. « Bibliothèque verte » (Hacnctte),
in-16 avec des illustrations, relié (7 fr.). Réim-
pression. (Les livres de cette collection, au
texte expurgé quand il est nécessaire con-
viennent à toutes les catégories de lecteurs).
FELICI (Noël). Une pension de famille,
roman. (Albin Michel), in-16 de 320 pp.
(15 fr.): 15 vergé pur fil (45 fr.). Eait. origi-
nale. (L'auteur s'est appliqué à peindre des
types politiques d'extrême-gauche).
- LUBIN (Georges). Changer de peau. ro-
man. (Edit. Montaigne), in-18 de 320 pp.
(15 fr.). Edit. originale. (Rappelons que l'au-
teur a eu des débuts très remarqués avec « La
Terre a soif ». son. premier livre).
Terre a soif w. (William). Le Moine blanc
SEABROOK (William). - Le Moine bla'Jlc
de Tombouctou. Préface de l'auteur. Traduit
de l'anglais par Gabriel des Hons. (Edit. Nout.
Revue Française), in-18 (15 fr.). Première tra,
duction française.
VALENTINO (Henri). Les Américains à
Paris au temps joyeux de la prospérité (Per-
rin), in-18 (12 fr.). Edit. originale. (Le héros
du livre, Jean Durand, français moyen, est
entré au service de l'avocat américain Fuller-
ton exerçant à Paris au moment ou une foule
de Yankees récemment enrichis par la guerre
fond sur la capitale. D'étranges types de la
faune nord-américaines défilent sous nos yeux
et le candide Durand se demande si le Monde
va devenir une machine à faire des pantins).
III. Histoire
AMBRIERE (Francis). Le Favori de
François I" : Gouffier de Bonnivet, Amiral
de France. (Racllette), in-16 (12 fr.). (Ce livre
fait revivre avec une grande intensité un de
ces personnages de second plan sans lesquels
l'histoire n'aurait pas été ce qu'elle est. Un
nombre important de faits célèbres nous sont
ainsi appris ou rappelés, par exemple qu'il
s'en est fallu de bien peu que François I"
ne soit pas roi, que la victoire de Marignan ne
fût une défaite et la défaite de Pavie une
victoire, Chroniqueur autant qu'historien,
l'auteur a su donner à son récit l'allure d'une
promenade à travers un passé tout particuliè-
rement riche en fastueuses, en cruelles, en
voluptueuses évocations).
AUBRY (Octave). Napoléon. Fasc. VII :
Les fautes de Napoléon ; fasc. VIII : L'Empe-
reur européen. (E. Flammarion), 2 fasc. de
chacun 32 pp. (8 fr.). (L'ouvrage sera complet
en 12 fascicules).
HERISSAY (Jaques).– Scènes et tableaux:
Au règne de Louis XV. (Edit. Gautier-Lange-
reau), 1 vol. 14x19, 8 hors texte, broché :
12 fr. ; élégante reliure : 19 fr.
SIEBURG (Friedrich). Robespierre. Tra-
duit de l'allemand par Pierre Klossowski
(Flammarion), in-18 de 326 pp. (15 fr.).
(LIVRES POUR LA JEUNESSE
HUART DE ROQUES (Jeanne d'). La
Villa des Mimosas. « Les Livres Roses ».
no 640. (Librairie Larousse). 0 fr. 50).
Hector TALVART.
N. B. Les communications concernant
cette rubrique doivent être directement adres-
sées à M. Hector Talvart, rédacteur aux Nou-
velles Littéraires, à La Rochelle.
Lb GFHAST : H. VASSKUR
I. P.–16, me du Croissant, Paris (21)
M. DODEMÀN, imprimeur
Une exposition
de livres scolaires français
au Portugal
l>c tous temps, les liens intcllctucts ";
plus étroits n'ont, cessé d'umr la [̃'ronce <
le Portugal et jioar maintenir cette tradition-
nelle sgmpathic. l'édition française s est tou-
jours jait un devoir de tenir fnh tentent ac-
CUllrtllll ce ]>a;/s des dernières naureaates
de notre production littéraire, artishaue ci
scientifique.
C'est ainsi que l'an dernier ,v. André
Ion. en qualité de président du Comité per-
manent. des Expositions du livre et des arts
graphiques français, organisait Ii Cotmbre
une très remarquable exposition de revues
et périodiques français.
Cette année, de nouveau, il a mis s'ir fâed,
avec le. très vigilant concours de M. War-
nier. directeur de l'Institut trlllll'fllS ,/Il Por-
tugal, une exposition de livres scolaires fran-
çais qui recueille, en ce moment, d l.isbon-
ne, tous les suffrages de iclite unircrsitairc
portugaise.
Cetie brillante manifestation a été inaugu-
rée le HO mai dernier par notre ministre 'a-/
Portugal, en ftresence du ministre de l'i.'du-
cation nationale. M. l'arncim Pocfieco.
Sous devons nous réjouir d'un tel succès et
savoir gre aux milieux f/ouvernenientaur
portugais en. général, et à M. (arnaro l'a-
checo en particulier, de },i réelle sg m pat hic
qu'ils éproueent pour la culture franco,se,
quels que soient les aspects de son expres-
sion.
Ta Commission de la Uour
a procédé à l'élection du lauréat.
/.c prix, cette année, était réserve à la i>oc-
sie.
Etaient présents : MM. Léon Itiotor prési-
dent ; Alcanter de Iiralim. tioniain c'uulxs,
André Dumas, Gabriel Fauré, Aruiie Fuulon
de Vautx, Georges Lecomte. Victor-Emile M -
chelet, Pierre Mortier, Pol .creux, Gaston
liageot.
Apres huit tours de scrutin, et devant l'im-
possibilité d'obtenir une majorité absolue /'1/-
tre deux candidats. la Commission, avec
l'autorisation spéciale du ministre de l'Edu-
cation nationale, a décidé à titre tout à fait
exceptionnel, de jmrlaqer Itl bourse ent>e
Mme Haphaëlle Martinon pour ton manus-
crit Le l'assit de Minuit, et M. i.">ns
pour son manuscrit Le l'ocinc de i AutL'.hx'
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