Titre : Les Nouvelles littéraires, artistiques et scientifiques : hebdomadaire d'information, de critique et de bibliographie / direction : Jacques Guenne et Maurice Martin du Gard
Éditeur : Larousse (Paris)
Date d'édition : 1930-02-08
Contributeur : Guenne, Jacques (1896-1945). Directeur de publication
Contributeur : Martin Du Gard, Maurice (1896-1970). Directeur de publication
Contributeur : Gillon, André (1880-1969). Directeur de publication
Contributeur : Charles, Gilbert (18..-19.. ; poète). Directeur de publication
Contributeur : Lefèvre, Frédéric (1889-1949). Directeur de publication
Contributeur : Charensol, Georges (1899-1995). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328268096
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 6724 Nombre total de vues : 6724
Description : 08 février 1930 08 février 1930
Description : 1930/02/08 (A9,N382). 1930/02/08 (A9,N382).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6451956b
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, GR FOL-Z-133
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/10/2013
LES NOUVELLES LITTERAIRES
7 m
LES NOUVELLES POÉTIQUES
POÉSIE
HOLDE RLI N
loi i mie tous 1('3 jaunes neros issus (h"
decoiiîbros du X\ïl( siècle, comme Lco-
pardi, comme lvleist, comme leur frère
iiit'al Werther, Krirdricl) HoMcrlin avait
placé sa confiance exclusive et suprûme
dans la Nature. Elle seule, par le chant
(jo se? sources et de tout ce qui en elle
^Vcoulê et vil perpétuellement, par les
linriiif>:iic- do si s feuillages plus douces
ot plus iuiitH-onlt'S que les insupporta-
ble voix humaines, par l'enivrante
immensité d.' son tHlior, elle seule ins-
à la me du porte cet enthousiasme
qin c^t le seul état dans lequel il lui
Sc-iiin re-
présente roristamment 4e souvenir de
lYi-re d'or, et les paysages de cette Grèce
transparente qui fut sa première patrie,
et. cotte magie do l'enfance dont la nos-
takie gémit sans < esse en nous.
Dar.s cet cuit de communion COSmi-
de délire, le poëte prend cons-
cii'aci; d'un bien hors duquel nulle réa-
litc a'eNi-îo. L'idée d'une âme, a dit
Maieliraiii'ho f'aris une page boulever-
sante de :::"';; Médita/ions, est un objet
si ra::d 11 s: capable de ravir les es-
prits de .-a beauté que si 11 avais l'idée
de (en f ne pourrais plus penser
à ai;Ire rh.~ <• Mais alors que le dis-
ciple i-hivt.tii de Malcbrar.ehe rapporte
à un ordre créé l'existence de cette âme.
Je poëte mwantique s'y absorbe au point
de ne plus rien concevoir qui ne soi.
ci'îîe divinisation de soi. Il est un de
« ces /"ils corrompus du ciel qui rie
0 corrompus c)u cic'! qui ne
éditent rieu d'autre que leur à m" ». La
fafaJifé de son hyhris l'emporte alors
a:J.\ plus décevantes et plus terribles
catastrophes. C'est tn vain q !z'[m rédo-
cle. !e héros do Holderlin, précurseur
f¡¡;::nrmt. do Zarathoustra, tonlo de
fondre nu foyer impérieux do son
amour tout ce qui sépare et divise, tout
ri' rp;j 5.-' trouve lié à la loi de succes-
i, t: n, Hélas Même ie plus haut eri-
fli 'iisiasmo. éc; ;l Stefan Zweig (1), n'est
pas capable iir.it*1 de f^u I'é'at frac mental ire des.
hommes et la forme -lacunaire du des-
tin. » Il ne reste au héros qu'à accepter
la chiite la plus ora^usomont funèbre.
Ainsi, après ".::: présages exaltés et
mélancoliques de ïllf/pcrion, qu'une
induction va prochainement nous rap-
porter. t.{¡¡dc I" lyrisme cI'Empédocle
(C une d'r.' plus sombres et des plus
sublimes h amodies de l'âme humaine.
11 faut rciu- icior M. André liabelon de
s'être afiplÎM'ic avec une si modeste fjd-
lité ;l r-Tidr-' cel'e poésie pleine et. ar-
dente • ú", vibre avec une puissance
inouïe ce chant de déclin et de crépus-
cule, ce fatidique « Meurs et deviens ! »
qui résonne à travers tout le cours de 'a
pensée nllemande, à travers Faust et à
travers Zarathoustra. Le dernier mot
que pre nonce Empédocle. c'est le mot
nietzschéen de joie. Et c'est avec une
effroyable joie que Hülderlin, incapable
do soutenir, parmi les conditions de la
vie humaine, l'état de pureté et d'extase
auquel il se sentait destiné, se précipita
kliinz rabunc de son destin, comme Em-
pédocle se jette dans le feu.
Q:lé s'ost-il passe ? Stefan Zwei;, dans
Son étude sur Holderlin, a bien mon-
tré qu'il n'y avait aucun crime à impu-
ter aux hommes et que ceux-ci ont par-
faitement accueilli Holderlin. La où il
a séjourné. Holderlin n'a trouvé que des
cœurs crénéreux et cornpréhensifs. Et
Cependant le destin est le plus fort. et
c"(';;t un adiou mtlé de sentiments cruels,
ii'humiliations et de remords qu'il faut
,£¡u'HoJderlin adresse à Diotima et à
tout ce dont il se sépare. Les années er-
rantes commencent et voici que la folie
effleure de «a touche uivine cette âme
harmonieuse, une des plus sonores et
des plus parfaites que les dieux aient
jamais formées. Alors., explique Ber-
nard Grœthuysen, ceU, âme voyagea.
« Et de sos voyages elle remporta de
grandes clartés et des angoisses profon-
des. JI Ou ¡tien, il faut, avec Bettina
Brcnîano, se représenter Holderlin
« comme submergé par les flots d'une
puissance céleste : la parole, qui. en-
traînant tout dans une chute rapide.
aurait inondé ses sens. Et lorsque les
flots se furent écoulés, les sens étaient
afféllbJis et les facultés de son esprit
terrassées et anéanties. »
En tout cas nous avons dès lors quel-
que chose d'unique : une œuvre poéti-
que écrite au cours de quarante-trois ans
d'ahsence et d'obscurité et qui est un
(les plus émouvants trésors de l'huma-
nité. Un poëte français qui a le goût des
choses spirituelles, Pierre-Jean Jouve,
& été tenté de rendre dans sa langue et
avec tout le soin de son art quelques-
uns des poëmes de cette période (31.
Grâce à quoi avec la collaboration de
Pierre Klossovski, nous possédons un
Petit manuel hôlderlinien où tout, de-
pws ravant.wopos. mesuré et profond,
de Grœthuysen jusqu'aux documents de l,
la fin, intelligemment choisis et dispo-
sés, est signe '- de ferveur.
Cette anthologie comporte d'abord de
poëmes de la première période de trou-
bles. période riche et abondante où seuls
quelques brusques détours de la pensée
signalent la fissure. C'est la période de
ces grands poëmas singuliers où une
géographie de rêve dessine des fleuves,
souvenirs de ce Rhui et de ce Neckar
qui ont halluciné tanj de jeunesses alle-
mandes, et découpe des rivages et des
lIes, figures de la Grèce originelle. A
cette période appartiennent aussi les ad-
mirables Moitié de la Vie e; Ages de la
Pie où murmure une si étrange et si
IdOuce mélancolie, images inachevées, 1
taais que l'on devine pleines de ten-
dresse et de contemplation. Il est égale-
ment bien significatif, le pueine intitulé
la liécolte et où la pensée hésito entre
son désir de dissolution et de bercement
et l'on ne sait quelle inexorable défense
conservatrice. Tous ces retours, ces
trcnlulemènts, ces coupes brusques, ces
rejets, ccs indécisions, Pierre-Jcon
Jouve est parvenu fi les rendre avec une
délicatesse infinie. Plus émouvante en-
wrc, peut-être, est la faiblesse des
Frai/wriits qui suivent, traversés d' é-
•lairs, douloureux comme des torses an-
tiques.
Cependant, après la période de confu-j
sion et de crise, Holderlin est placé chez
le menuisier Zimmer, à Tubingue. L'en-
fant apollinien, beau comme un dieu,
est devenu un vieillard hoffmannesque
et mécanique, auquel les rares étrangers
qui viennent le visiter n'arrachent que
clos formules de politesse exagérée et
des révérences de théâtre. L'obsession
des humiliations passées, les persécu-
tions fictives, les haines puériles, les
rancoeurs impuissantes prennent, sans
doute, dans cette mimique pompeuse.
une caricaturale revanche. Parfois.
comme l'a rapporté Hettina, l'amou-
reuse dos grandes ànie.-i de sou siècle, il
improvise sur un piano dont il a coupé
quelques cordes. Holderlin est mort, :
il n'y a plus que Scardanelli.
C'est dans cet état de cc vieillard en-
fant » qu'il écrit ce que Jouve appelle
« los poésies dos derniers temps, d'un
génie sans âsc n et qui constituent la
partie finale de son recueil. Le monde
extérieur qui, dans les tout premier:-
poëmes de I-fijlrlcdin, dans ses odes
jchilléricnnes, avait, tenu sippu de
place, tout illuminées qu'elles étaient
d'une substance purement abstraite, fait
ici son apparition. Le feu, l'éthcr, les
sources du ciel et du cœur font place
à de minces paysages linéaires qui dé-
crivent le cours humble et minutieux
dos saisons, la paix de la nature, la dou-
ceur du temps. Une déchirante jovialité
emplit ces strophes ingénues, atroce-
ment calmes et qui posent les choses h
coté los unes des autres, telles que les
veux du bizarre malade les a vues, pen-
dant tant d'années monotones, do la fe-
Inétre de !a chambre où il était t-ecliis.
De temps à autre, un vers d'un accent
différent troue la toile et emporte l'es-
prit vers de profondes interrogations.
Et toute J'oeuvre de I-IÕlderlin, on ne se
lassera jamais de l'interroger anxieuse-
ment. Après avoir apporté aux hommes
on ne sait quelle immense promesse de
réconciliation et d'accomplissement,
elle leur a, sur l'ordre des dieux jaloux,
dérobé le meilleur d'elle-même. Mais
sans doute certaines paroles ne devront-
elles jamais être prononcées et sans
doute est-il nécessaire que le message
de Hulderlin, comme celui de Nietzsche,
comme celui de Rimbaud, ne nous ap-
paraisse qu'à travers des brumes de si-
lence, d'impossibilité désespérée et de
rupture. Jean CASSOU.
, 'l) ,.3terlil Zwei,,, : trad. p«,ir
etO. fft:;lIl crlin, trad. par A.
Ilc.'la et 0. Hournac. (tocJ,¡,L -
(2) Ilôluorlm : In Mort a-kmpcaoclc, tra-
duction et introduction d'André Dabelon.
(N. H. F.) -- - - - - -.
(3) Pierre-Jean Jouve : l'uemes de la jolie
dn Holderlin, avec la collaboration de Pierre
Klos.^owski.ivant-propos par Bernard Grœ-
tliuysen. (J.-O. Fourcadc.)
1 ACTUALITÉS POÉTIQUES
Je ne voudrais pour rien au monde laisser
croire, sur la foi de critiques évidemment
partiaux ou peu renseignés, que j'ai redé-
couvert à moi seul la poésie didactique.
D'abord, elle n'a jamais cessé d'avoir ses
bardes. J'ai égaré une grosse anthologie de
Saint-Pierre et Miquelon ou des Marquises,
je ne sais, de la* 'lie s'échappait ce vers
patheticodidactique inoubliable :
Le poignard de l'angine a déchiré ton cœllr !
Mise en vers immortel de l'angine de poi-
trine ! J1 faudrait remuer le ministère des
Colonies pour découvrir l'auteur de ce beau
cri de poignard.
Ouvrez une revue imprévue, par exemple
la revue de médecine : Aristote ; que pensez-
vous qui vous sautera aux yeux ? Des vers
didactiques ! Le docteur Claudinet y batifole
avec le didactisme des voies respiratoires.
C'est A propos d'une lettre de Mme de Sé-
vi g né :
C'eût étc pain bbÛt, ô Sévignc frivole
Que Dieu vous envoyât fin rhume de saison.
Le catarrhe des foins vous efit fait voir moins
idrôle
Le moment de la fenaison.
Car c'est l'époque oit. le pollen des graminées
Véhicule dans l'air un microbe dément,
Origine d'clernucments et de dyspnées,
De toux et d'cnchifrcncment.
Le microbe déjnent, juste interprétation
.ncdicn-lcgatc de la page de Platon sur le
uélire inspiré, qui doit être la page de chevet
de Valéry ! Le génie poétique esL du certai-
nement à quelque microbe dé/llcnt, origine de
ratures et de nausées, d'angoisses, de jaunis-
ses ec d'invitations. Et sa forme la plus
haute, la catharsis, purgation et diaphanéité,
est proprement l'œuvre d'un microbe mys-i
tique.
Mais ne nous laissons pas denver vers la
critique tramcendentalc, qui n'est pas notre
affaire. Revenons aux phénomènes ! Les ver;.
suaves du docteur Claudinet sont tout bonne-
ment une réclame pour la Kincctine. On voit
quel rôle de Cendrillon on lait tenir à la
poésie didactique ? Mais nous allons changer
tout cela.
- - ,
V oici par exemple le jeune André Martel,
« qui T ient de créer ie didactisme moderne.
Certains critiques ont vu en lui le Lucrèce du
siècle. D'autres l'ont comparé à Malherbe.
André Martel est animé d'une si belle foi,
sinon en son œuvre naissantedu moins en
ses principes, qu'il nous permet de faire con-
naître son adresse particulière (i, avenue
Maissin, Toulon) à tout critique littéraire,
poëte on directeur de revue qui désirerait cn-
Irer en correspondance avec lui pour des
éclaircissements en vue d'une étude. Nouveau
messie poNiqllc, André Martel veut faire des
adeplcs ! » - - u. »
N est-ce pas que les « Prière d'insérer »
sont précieuses ? Je m'élotme qu'on ne verse
pas plus souvent aux débats ces vierges char-
mantes et naïves, qui ne demandent qu'à se
livrer.
Sous le titre de la Chanson de la Cllair,
André Martel chante les doigts, les muscles,
les viscères, le squelette. 11 écrit par exemple
des Eloges dIt poumon, des Variations sur une
dent, des pamphlets de la rate, des descentes
au labyrinthe, que sais-je ?
Ecoulez cette apologie dentaire :
0 dent, cher petit os al/.r blancheurs de lessives,
Tour d'ivoire enchâssée au corail des gencives;
Ht ceci, qui est plus tin :
Toi qui, dans mon sourirc) avec de fins égards
Ajoute ton celair à ceux de mes regards.
Puis ce vers qui rappelle Delille :
Tu crains l'ardent moka pris à l'olllare du
[Mail.
Quel grand poëte didactique que Delille,
précurseur d'André Martel ! Je ne me las-
serai pas de le répéter ; je suis même sur que
si je le lisais, j'en serais aussi persuadé. Mais
pourquoi en parler si je ne l'ai point lu ? C'est
que le mot de Heine est si vrai : « Parfait,
tel livre ». « Je ne l'ai pas lu ; mais il
doit ressembler à tel autre, que je n'ai pas
lu davantage, et pourtant je vois très bien
comment il est. 1) (Je cite sans doute si mal que
vous allez croire que je n'ai pas lu non plus
le mot de Heine).
Je connais à vrai dire de Delille quatre ou
cinq vers, dont celui-ci si charmant :
Ou i anguille argentée errant en longs anneaux
Mais revenons à André Martel. 11 a narfois
- -- -- ---
de la truculence :
Quand le poltlllon est vaste et le boyau nom-
breux.
De l'humour :
Fiiii-r ! il s'amuse à gargouiller;
Salis cornouiller Elo ! cornemuse.
Il s'agit de l'estomac, qu'il appelle encore : j
0 sinistre antre.
Le beau non pour une aventure de bri-
gands : Sinistrantre ! Quelle caverne de bri-
gands, en etTet, cette poche ubuesque !
André Martel définit chaque partie du
squelette en distiques devinettes dont quel-
ques-uns sont jolis :
Orbite
Cllalolt d'où l'orient en double feu défcrlc,
Demain écrin brisé qui a perdu sa perle.
J'aime particulièrement cette Epitaplie :
Corail, nacre, emeraude ; ô chair de jeune
[fille,
La mort est une pie et saisit ce qui brille.
Mais ses vers sont, en général, un peu me-
nus, mièvres, fabriqués. Ils traînent parfois
aussi des Cércs et des Pomone désuètes sur
le billard. J'espère que ce n'est pas ce que
le poëte appelle renouer avec la tradition
tout en créant du nouveau, idée à lanuelle il
parait beaucoup tenir, 1 comme s'il l'avait
inventée.
Son Hymne au corps, d'une inspiration
renouée, a de nobles accents : <
Au temple de l'amour qu: la matière élève,
1l faut de puissants contreforts,
Et ces deux vers, qui je sors aussi de leur
strophe, pour les débarrasser du ronronne-
ment fatigant, leur rendre leur bruissant
silence :
Chantier mystérieux qui bruit et s'anime
Dans l'immensité des tissus.
Maintenant qu'André "Martel a invente
une poésie nouvelle, il ne lui reste plus qu'à
perfectionner son inventé .1.
Pierre Parccval, antre poëte didactique, est
sans doute professeur de Mathématiques au
lycée de la Poésie :
Prends le compas, la règle et l'équerre,
la feuille blanche, le rapportcur,
et décris un cercle dont raire
égale le carré donne.
Pourquoi dis-tu : c'est impossible
quand malaisément fit cherchas
la quadrature de mon ca:ur.
Seulement, le professeur tombe amoureux
d'une de ses élèves, aux dépens de la poésie
mathcmatirjue. Je sais bien qu'emmenant la
belle vers la mer, il trouve moyen de lui en-
seigner la manière de calculer :
la vitesse moyenne à l'heure
à toi de résoudre la règle
trente par soixante sur vingt,
Mais très vite il lui parle d'autre chose :
Couvre de tes mains trs seins on te
regarde de là-bas,
et pour la faire riro il lui- montre des Nôtres
« avec des queues ». Est-ce sérieux, cette
poésie didactique qui finit en queue de co-
mète ? Nous attendions de Pierre Parceval
qu'il prit la suite non de Lucrèce, affecté à
André Martel, mais du poëte anglais Darwin,
parent du célèbre généalogiste (je veux dire
du grand Darwin. l'auteur de ce Gotha du
Singe : l'Evolution des espèces). Darwin le
poëte chanta, lui. les amours des triangles.
thème excitant et très moderne. Nous récla-
mons de Pierre Parceval des révélations du
même ordre.
Pierre GUECUEN.
Revues
j Echanges nous offre, en anglais et en français,
un trophée de poëmes, tous de grands noms,
traduits par des vedettes:
André Gide : i*1" acte d'I-Iolllld. « Il s'est
dissous au chant du coq. Mais déjà le Matin,
vêtu de brouillards roux, foule d'un pied
mouillé la colline orientale. »
Pierre-Jean Jouve : Sonnets de Shakespeare.
- « Un visage de femme par la main de la
Nature peinte, tu l'as, maitre-maitresse de ma
passion.» Phrase sans fin, long déroulement
d'un corps d'androgyne, peut-être le Serpent,
mais qu'une candeur infiniment subtile et mus-
quée prend pour un ange.
Tristan Tzara : Maturité. « On entendait
à travers le vent les cœurs sauvagins des ci-
gales D.
Eric de Hauleville : l'Exaltation d'un Monde.
0: Une voile gonflée des miracles du ciel
crève la fenêtre. Les lèvres murmurent les mots
de la création. La chambre s'abîme dans une
folie de linge blanc Où courent les crisse-
ments des navires. J) -
Il y a bien de la grandeur dans tout ce
poème d'un inconnu, que nous saluons, à la
manière élisabethaine, comme un gentilhomme
de la beauté.
Emily Brontë : Poëmes (traduits par Mau-
rice Venoise). Avec quelle passion ne lit-on
pas les poèmes de cette étrange jeune fille, cette
Eve de Hurle-Vent, qui sortit de son flanc la
côte la plus dure et créa, au rebours de Dieu,
un Adam terrible, Heathcliff, l'homme en proie
à une ombre, à une idée fixe, autour de laquelle
tout gèle en haine.
Cîertrude Stein : Un portrait de Picasso (tra-
duit par G. Hugnet et V. Thomson). Un
poème extravagant, admirable, pour entrer en
transe et leindrc des Picasso, ou composer
toute autre œuvre de génie : « Les volets fer-
ment et ouvrent ainsi que les veines. Les volets
ferment et les volets et ainsi les volets ferment
et les volets et ainsi et ainsi. » Malheureuse-
ment la vertu hypnotique des poèmes de cet
auteur n'opère que par la quantité.
R. M. Rilke, enfin, termi. e ce panaché de
haut goût, une des pluj brillantes chambrées
de poëtes que jamais revue ait eu le bonheur
de réunir dans ses pages.
A A A
Cour ier de Bruxelles. Pierre Bourgeois
et Paui Vanderborght dirigent à Bruxelles le
Cercle de la Lanterne Sourde, qui donne régu-
lièrement des Cabarets Poétiqtles. Des auteurs
y disent, ou y font dire leur.; productions. Les
directeurs seraient enchantés de présenter des
« éléments français D, et ils me demandent de
les aider à établir un contact entre la jeune
poésie française et la jeune poésie belge. Bien
volontiers. Que les poëtes se le disent : l'adresse
de Pierre Bourgeois est : boulevard Léopold II,
271, à Bruxelles. On désire surtout des œuvres
inédites..
HCSTt Hf
STÈLE
Je ne suis rien, ce soir, qu'un homme entre les hommes,
Un solitaire cœur qui palpite et qui bat ;
Je suis ce que l'on est et ce que tous nous sommes.
Ainsi qu'une fumée au vent qui la rabat,
Ma vie autour de moi répand une odeur âcre
Et je sens se sécher la sueur du combat.
C'est le moment venu où plus d'un se consacre,
Selon qu'il a vécu, pour mémoire de soi,
La statue orgueilleuse ou le vil simulacre ;
C'est l'heure solennelle où chacun se revoit
Debout en son destin, au terme de la route
Où va son pied d'esclave ou son talon de roi,
Où chacun dans l'écho se prolonge et s'écoute
Et compte avec regret le nombre de ses jours
Quand son pas s'alourdit et quand son dos se voûte.
Tel, de ses durs exploits, dans l'ombre, entend toujours
Retentir fièrement les fanfares lointaines
Et songe, le front haut, à ses belles amours ;
Tel autre n'a rien pu saisir en ses mains vaines ;
Sa bouche, de tout fruit, conserve un goût amer
Et son sang épaissi s'épuise dans ses veines.
C'est près de lui qui, las dn son passé désert,
S'est assis lourdement parmi le sable aride
Et qui pleure dans l'ombre en regardant la mer,
Que je viendrai, ce soir, sur la grève perfide
Où déferle le flot qui n'a pas de saison,
Reposer dans ma main mon front que le temps ride.
Nulle voile d'espoir ne luit à l'horizon,
Nulle proue écumante, et toutes rames hautes,
Ne m'appellera plus vers l'or de la Toison.
Je ne partirai plus vers les caps et les côtes.
Que m'importe la cendre où son tison s'éteint !
Mon foyer n'attend plus de dieux qui soient ses hôtes.
J'augure d'aujourd'hui ce que sera demain
Et je suis fatigué d'être ce que nous sommes,
Sachant ce que fut vivre et combien vivre est vain,
Quand on n'est rien de plus que l'un d'entre les hommes.
Henri de RÉGNIER.
(copyright Mercure de France.)
i.
L'ART VIVANT
L'ART VIVANT
L'ART VIVANT
-- --- --..-. ------.---- ---"-- --1
LLS EDITIONS KRA 1
viennent de publier
LES CHANSONS DE BWnS
de
PIIMIS LOUYS
1 - l. p|, Uosophes.SatnQ. J ,
yoète3'
.S. d.
1 &. /A 3
1 f
.:1' ¡ ,
'- ',I. f,
, -ç, , -
lÎlIL:/! ,'. Cf U IR '1/>
pap
.A'
\F'
'glgiamiMlJl ̃ 'Bi» m Bii!ii_,_g. ,m m ̃ ̃ f1!t-,I.,- .;,.o
F Collection « CHAMPS -
sous la direction de H. POURRAT ~~N
FRANCIS JAMMES
CHAMPÊTRERIES
ET
MEDITATIONS
La Mer. Promenade en Montagne.
Histoire BaAises-Pyftnées. 'Voyage A ..Ie des
Faisans. le I.oêe et l'Inspiration.
Un volume in-16. 12 fr.
Dans cette collec ion :
C.-F. RAMUZ : F ÉTÉ DE VIGNERONS. Para
Lucien CACHGN : MONSIEUH DE
LENRAMA> »
ALMANACH DES CHA « PS »
Jean VARIOT : JEAN SANS LE TROU *
A MOU&TIQUES. A ra-aitra
HORIZONS DE FRANCE - PARIS
- - - - - - - - - - - - - -
! r -n 1 rTfinr r n n ̃" -nr ~ii-orrTf^T''»tnn'wy«wy ̃ ̃ ̃ ̃ ̃ ̃_
Depuis le 1" janvier, les Nouvelles Littéraires publient une
édition sur papier de luxe que nous recommandons aux Biblio.
thèques publiques et aux Collectionneurs. Le prix de l'abonnement
annuel est de 150 francs.
t J * L --
.; ,.. r -----.
vu succès m
tnoui I-™- 1
res 1 I
tte
SI IRÈNE NEMIRO VSKY I
:. il ¡
in,
ire David
le aVI
du
is, Golder
st 1
n,
d j ROHAN I
e.
a l Extraits de Presse (III) 1 I
1
it II Le bruit qu'il a paru un a bon livre :1 re I
t, il tarde guère à se répandre; il ne doit qu'à |
l| lui-même son heureuse fortune,
j| C'est ce qui vient de se produire pour le |
t II | récent roman de Mme Irène NémlTovslii, I
œuvre d'une valeur éminente et indiscuta- I
-1 bie.
Il Henri de Régnier, I
(Le Figaro).
s, David Golder est un portrait en action, |
: 1 d'un saisissant relief, et l'on ne peut |
j| qu'admirer la maîtrise de l'auteur. C'est |
1 un livre très remarquable ; je ne crois pas |
• j| qu'on puisse en douter. -
j I Gabriel Marcel I
H (L'Europe Nouvelle). I
|| Il y a l-à une sobriété, une densité, qui
| sont rarement d'une main féminine. La I|
| sensation de la solitude qu*éprouve David t
| Golder est traduite avec maftrise. I|
I Pierre Audiat I
| (L'Européen). I
| A mon sens, c'est jusqu'à ce jour le I
| maître livre de la collection Pour mon I
Plaisir, et un des meilleurs romans pa- I
I | rus cette année. I
1 Pierre Dominique. I
11 (Paris-Soir). g
1 Je ne connais en France aucune femme
| | qui ait tenté avec cette audace et ce bon- I|
heur l'étude du monde des affaires. Celle R
| acuité, celle puissance, sont rares. H
I Jean Vignaud I
| (Le Petit Parisien). I
I Anatole France aimait à répéter que c'est I
| le temps qui fait les cl&efi-d.'œuvre. Il faut I
cependant que tout d'abord l'oeuvre y I
I | montre quelques disposition. Disons que I-
I c'est le cas de David Golder. En attendant I
I que le temps en fasse un chef-d'muvre,
I c'est un roman fort intéressant. I
Georges Le Gard. I
(Le Journal). I
V°' "1 GRASSET | I
7 m
LES NOUVELLES POÉTIQUES
POÉSIE
HOLDE RLI N
loi i mie tous 1('3 jaunes neros issus (h"
decoiiîbros du X\ïl( siècle, comme Lco-
pardi, comme lvleist, comme leur frère
iiit'al Werther, Krirdricl) HoMcrlin avait
placé sa confiance exclusive et suprûme
dans la Nature. Elle seule, par le chant
(jo se? sources et de tout ce qui en elle
^Vcoulê et vil perpétuellement, par les
linriiif>:iic- do si s feuillages plus douces
ot plus iuiitH-onlt'S que les insupporta-
ble voix humaines, par l'enivrante
immensité d.' son tHlior, elle seule ins-
à la me du porte cet enthousiasme
qin c^t le seul état dans lequel il lui
Sc-iiin re-
présente roristamment 4e souvenir de
lYi-re d'or, et les paysages de cette Grèce
transparente qui fut sa première patrie,
et. cotte magie do l'enfance dont la nos-
takie gémit sans < esse en nous.
Dar.s cet cuit de communion COSmi-
de délire, le poëte prend cons-
cii'aci; d'un bien hors duquel nulle réa-
litc a'eNi-îo. L'idée d'une âme, a dit
Maieliraiii'ho f'aris une page boulever-
sante de :::"';; Médita/ions, est un objet
si ra::d 11 s: capable de ravir les es-
prits de .-a beauté que si 11 avais l'idée
de (en f ne pourrais plus penser
à ai;Ire rh.~ <• Mais alors que le dis-
ciple i-hivt.tii de Malcbrar.ehe rapporte
à un ordre créé l'existence de cette âme.
Je poëte mwantique s'y absorbe au point
de ne plus rien concevoir qui ne soi.
ci'îîe divinisation de soi. Il est un de
« ces /"ils corrompus du ciel qui rie
0 corrompus c)u cic'! qui ne
éditent rieu d'autre que leur à m" ». La
fafaJifé de son hyhris l'emporte alors
a:J.\ plus décevantes et plus terribles
catastrophes. C'est tn vain q !z'[m rédo-
cle. !e héros do Holderlin, précurseur
f¡¡;::nrmt. do Zarathoustra, tonlo de
fondre nu foyer impérieux do son
amour tout ce qui sépare et divise, tout
ri' rp;j 5.-' trouve lié à la loi de succes-
i, t: n, Hélas Même ie plus haut eri-
fli 'iisiasmo. éc; ;l Stefan Zweig (1), n'est
pas capable iir.it*1 de f^u I'é'at frac mental ire des.
hommes et la forme -lacunaire du des-
tin. » Il ne reste au héros qu'à accepter
la chiite la plus ora^usomont funèbre.
Ainsi, après ".::: présages exaltés et
mélancoliques de ïllf/pcrion, qu'une
induction va prochainement nous rap-
porter. t.{¡¡dc I" lyrisme cI'Empédocle
(C une d'r.' plus sombres et des plus
sublimes h amodies de l'âme humaine.
11 faut rciu- icior M. André liabelon de
s'être afiplÎM'ic avec une si modeste fjd-
lité ;l r-Tidr-' cel'e poésie pleine et. ar-
dente • ú", vibre avec une puissance
inouïe ce chant de déclin et de crépus-
cule, ce fatidique « Meurs et deviens ! »
qui résonne à travers tout le cours de 'a
pensée nllemande, à travers Faust et à
travers Zarathoustra. Le dernier mot
que pre nonce Empédocle. c'est le mot
nietzschéen de joie. Et c'est avec une
effroyable joie que Hülderlin, incapable
do soutenir, parmi les conditions de la
vie humaine, l'état de pureté et d'extase
auquel il se sentait destiné, se précipita
kliinz rabunc de son destin, comme Em-
pédocle se jette dans le feu.
Q:lé s'ost-il passe ? Stefan Zwei;, dans
Son étude sur Holderlin, a bien mon-
tré qu'il n'y avait aucun crime à impu-
ter aux hommes et que ceux-ci ont par-
faitement accueilli Holderlin. La où il
a séjourné. Holderlin n'a trouvé que des
cœurs crénéreux et cornpréhensifs. Et
Cependant le destin est le plus fort. et
c"(';;t un adiou mtlé de sentiments cruels,
ii'humiliations et de remords qu'il faut
,£¡u'HoJderlin adresse à Diotima et à
tout ce dont il se sépare. Les années er-
rantes commencent et voici que la folie
effleure de «a touche uivine cette âme
harmonieuse, une des plus sonores et
des plus parfaites que les dieux aient
jamais formées. Alors., explique Ber-
nard Grœthuysen, ceU, âme voyagea.
« Et de sos voyages elle remporta de
grandes clartés et des angoisses profon-
des. JI Ou ¡tien, il faut, avec Bettina
Brcnîano, se représenter Holderlin
« comme submergé par les flots d'une
puissance céleste : la parole, qui. en-
traînant tout dans une chute rapide.
aurait inondé ses sens. Et lorsque les
flots se furent écoulés, les sens étaient
afféllbJis et les facultés de son esprit
terrassées et anéanties. »
En tout cas nous avons dès lors quel-
que chose d'unique : une œuvre poéti-
que écrite au cours de quarante-trois ans
d'ahsence et d'obscurité et qui est un
(les plus émouvants trésors de l'huma-
nité. Un poëte français qui a le goût des
choses spirituelles, Pierre-Jean Jouve,
& été tenté de rendre dans sa langue et
avec tout le soin de son art quelques-
uns des poëmes de cette période (31.
Grâce à quoi avec la collaboration de
Pierre Klossovski, nous possédons un
Petit manuel hôlderlinien où tout, de-
pws ravant.wopos. mesuré et profond,
de Grœthuysen jusqu'aux documents de l,
la fin, intelligemment choisis et dispo-
sés, est signe '- de ferveur.
Cette anthologie comporte d'abord de
poëmes de la première période de trou-
bles. période riche et abondante où seuls
quelques brusques détours de la pensée
signalent la fissure. C'est la période de
ces grands poëmas singuliers où une
géographie de rêve dessine des fleuves,
souvenirs de ce Rhui et de ce Neckar
qui ont halluciné tanj de jeunesses alle-
mandes, et découpe des rivages et des
lIes, figures de la Grèce originelle. A
cette période appartiennent aussi les ad-
mirables Moitié de la Vie e; Ages de la
Pie où murmure une si étrange et si
IdOuce mélancolie, images inachevées, 1
taais que l'on devine pleines de ten-
dresse et de contemplation. Il est égale-
ment bien significatif, le pueine intitulé
la liécolte et où la pensée hésito entre
son désir de dissolution et de bercement
et l'on ne sait quelle inexorable défense
conservatrice. Tous ces retours, ces
trcnlulemènts, ces coupes brusques, ces
rejets, ccs indécisions, Pierre-Jcon
Jouve est parvenu fi les rendre avec une
délicatesse infinie. Plus émouvante en-
wrc, peut-être, est la faiblesse des
Frai/wriits qui suivent, traversés d' é-
•lairs, douloureux comme des torses an-
tiques.
Cependant, après la période de confu-j
sion et de crise, Holderlin est placé chez
le menuisier Zimmer, à Tubingue. L'en-
fant apollinien, beau comme un dieu,
est devenu un vieillard hoffmannesque
et mécanique, auquel les rares étrangers
qui viennent le visiter n'arrachent que
clos formules de politesse exagérée et
des révérences de théâtre. L'obsession
des humiliations passées, les persécu-
tions fictives, les haines puériles, les
rancoeurs impuissantes prennent, sans
doute, dans cette mimique pompeuse.
une caricaturale revanche. Parfois.
comme l'a rapporté Hettina, l'amou-
reuse dos grandes ànie.-i de sou siècle, il
improvise sur un piano dont il a coupé
quelques cordes. Holderlin est mort, :
il n'y a plus que Scardanelli.
C'est dans cet état de cc vieillard en-
fant » qu'il écrit ce que Jouve appelle
« los poésies dos derniers temps, d'un
génie sans âsc n et qui constituent la
partie finale de son recueil. Le monde
extérieur qui, dans les tout premier:-
poëmes de I-fijlrlcdin, dans ses odes
jchilléricnnes, avait, tenu sippu de
place, tout illuminées qu'elles étaient
d'une substance purement abstraite, fait
ici son apparition. Le feu, l'éthcr, les
sources du ciel et du cœur font place
à de minces paysages linéaires qui dé-
crivent le cours humble et minutieux
dos saisons, la paix de la nature, la dou-
ceur du temps. Une déchirante jovialité
emplit ces strophes ingénues, atroce-
ment calmes et qui posent les choses h
coté los unes des autres, telles que les
veux du bizarre malade les a vues, pen-
dant tant d'années monotones, do la fe-
Inétre de !a chambre où il était t-ecliis.
De temps à autre, un vers d'un accent
différent troue la toile et emporte l'es-
prit vers de profondes interrogations.
Et toute J'oeuvre de I-IÕlderlin, on ne se
lassera jamais de l'interroger anxieuse-
ment. Après avoir apporté aux hommes
on ne sait quelle immense promesse de
réconciliation et d'accomplissement,
elle leur a, sur l'ordre des dieux jaloux,
dérobé le meilleur d'elle-même. Mais
sans doute certaines paroles ne devront-
elles jamais être prononcées et sans
doute est-il nécessaire que le message
de Hulderlin, comme celui de Nietzsche,
comme celui de Rimbaud, ne nous ap-
paraisse qu'à travers des brumes de si-
lence, d'impossibilité désespérée et de
rupture. Jean CASSOU.
, 'l) ,.3terlil Zwei,,, : trad. p«,ir
etO. fft:;lIl crlin, trad. par A.
Ilc.'la et 0. Hournac. (tocJ,¡,L -
(2) Ilôluorlm : In Mort a-kmpcaoclc, tra-
duction et introduction d'André Dabelon.
(N. H. F.) -- - - - - -.
(3) Pierre-Jean Jouve : l'uemes de la jolie
dn Holderlin, avec la collaboration de Pierre
Klos.^owski.ivant-propos par Bernard Grœ-
tliuysen. (J.-O. Fourcadc.)
1 ACTUALITÉS POÉTIQUES
Je ne voudrais pour rien au monde laisser
croire, sur la foi de critiques évidemment
partiaux ou peu renseignés, que j'ai redé-
couvert à moi seul la poésie didactique.
D'abord, elle n'a jamais cessé d'avoir ses
bardes. J'ai égaré une grosse anthologie de
Saint-Pierre et Miquelon ou des Marquises,
je ne sais, de la* 'lie s'échappait ce vers
patheticodidactique inoubliable :
Le poignard de l'angine a déchiré ton cœllr !
Mise en vers immortel de l'angine de poi-
trine ! J1 faudrait remuer le ministère des
Colonies pour découvrir l'auteur de ce beau
cri de poignard.
Ouvrez une revue imprévue, par exemple
la revue de médecine : Aristote ; que pensez-
vous qui vous sautera aux yeux ? Des vers
didactiques ! Le docteur Claudinet y batifole
avec le didactisme des voies respiratoires.
C'est A propos d'une lettre de Mme de Sé-
vi g né :
C'eût étc pain bbÛt, ô Sévignc frivole
Que Dieu vous envoyât fin rhume de saison.
Le catarrhe des foins vous efit fait voir moins
idrôle
Le moment de la fenaison.
Car c'est l'époque oit. le pollen des graminées
Véhicule dans l'air un microbe dément,
Origine d'clernucments et de dyspnées,
De toux et d'cnchifrcncment.
Le microbe déjnent, juste interprétation
.ncdicn-lcgatc de la page de Platon sur le
uélire inspiré, qui doit être la page de chevet
de Valéry ! Le génie poétique esL du certai-
nement à quelque microbe dé/llcnt, origine de
ratures et de nausées, d'angoisses, de jaunis-
ses ec d'invitations. Et sa forme la plus
haute, la catharsis, purgation et diaphanéité,
est proprement l'œuvre d'un microbe mys-i
tique.
Mais ne nous laissons pas denver vers la
critique tramcendentalc, qui n'est pas notre
affaire. Revenons aux phénomènes ! Les ver;.
suaves du docteur Claudinet sont tout bonne-
ment une réclame pour la Kincctine. On voit
quel rôle de Cendrillon on lait tenir à la
poésie didactique ? Mais nous allons changer
tout cela.
- - ,
V oici par exemple le jeune André Martel,
« qui T ient de créer ie didactisme moderne.
Certains critiques ont vu en lui le Lucrèce du
siècle. D'autres l'ont comparé à Malherbe.
André Martel est animé d'une si belle foi,
sinon en son œuvre naissantedu moins en
ses principes, qu'il nous permet de faire con-
naître son adresse particulière (i, avenue
Maissin, Toulon) à tout critique littéraire,
poëte on directeur de revue qui désirerait cn-
Irer en correspondance avec lui pour des
éclaircissements en vue d'une étude. Nouveau
messie poNiqllc, André Martel veut faire des
adeplcs ! » - - u. »
N est-ce pas que les « Prière d'insérer »
sont précieuses ? Je m'élotme qu'on ne verse
pas plus souvent aux débats ces vierges char-
mantes et naïves, qui ne demandent qu'à se
livrer.
Sous le titre de la Chanson de la Cllair,
André Martel chante les doigts, les muscles,
les viscères, le squelette. 11 écrit par exemple
des Eloges dIt poumon, des Variations sur une
dent, des pamphlets de la rate, des descentes
au labyrinthe, que sais-je ?
Ecoulez cette apologie dentaire :
0 dent, cher petit os al/.r blancheurs de lessives,
Tour d'ivoire enchâssée au corail des gencives;
Ht ceci, qui est plus tin :
Toi qui, dans mon sourirc) avec de fins égards
Ajoute ton celair à ceux de mes regards.
Puis ce vers qui rappelle Delille :
Tu crains l'ardent moka pris à l'olllare du
[Mail.
Quel grand poëte didactique que Delille,
précurseur d'André Martel ! Je ne me las-
serai pas de le répéter ; je suis même sur que
si je le lisais, j'en serais aussi persuadé. Mais
pourquoi en parler si je ne l'ai point lu ? C'est
que le mot de Heine est si vrai : « Parfait,
tel livre ». « Je ne l'ai pas lu ; mais il
doit ressembler à tel autre, que je n'ai pas
lu davantage, et pourtant je vois très bien
comment il est. 1) (Je cite sans doute si mal que
vous allez croire que je n'ai pas lu non plus
le mot de Heine).
Je connais à vrai dire de Delille quatre ou
cinq vers, dont celui-ci si charmant :
Ou i anguille argentée errant en longs anneaux
Mais revenons à André Martel. 11 a narfois
- -- -- ---
de la truculence :
Quand le poltlllon est vaste et le boyau nom-
breux.
De l'humour :
Fiiii-r ! il s'amuse à gargouiller;
Salis cornouiller Elo ! cornemuse.
Il s'agit de l'estomac, qu'il appelle encore : j
0 sinistre antre.
Le beau non pour une aventure de bri-
gands : Sinistrantre ! Quelle caverne de bri-
gands, en etTet, cette poche ubuesque !
André Martel définit chaque partie du
squelette en distiques devinettes dont quel-
ques-uns sont jolis :
Orbite
Cllalolt d'où l'orient en double feu défcrlc,
Demain écrin brisé qui a perdu sa perle.
J'aime particulièrement cette Epitaplie :
Corail, nacre, emeraude ; ô chair de jeune
[fille,
La mort est une pie et saisit ce qui brille.
Mais ses vers sont, en général, un peu me-
nus, mièvres, fabriqués. Ils traînent parfois
aussi des Cércs et des Pomone désuètes sur
le billard. J'espère que ce n'est pas ce que
le poëte appelle renouer avec la tradition
tout en créant du nouveau, idée à lanuelle il
parait beaucoup tenir, 1 comme s'il l'avait
inventée.
Son Hymne au corps, d'une inspiration
renouée, a de nobles accents : <
Au temple de l'amour qu: la matière élève,
1l faut de puissants contreforts,
Et ces deux vers, qui je sors aussi de leur
strophe, pour les débarrasser du ronronne-
ment fatigant, leur rendre leur bruissant
silence :
Chantier mystérieux qui bruit et s'anime
Dans l'immensité des tissus.
Maintenant qu'André "Martel a invente
une poésie nouvelle, il ne lui reste plus qu'à
perfectionner son inventé .1.
Pierre Parccval, antre poëte didactique, est
sans doute professeur de Mathématiques au
lycée de la Poésie :
Prends le compas, la règle et l'équerre,
la feuille blanche, le rapportcur,
et décris un cercle dont raire
égale le carré donne.
Pourquoi dis-tu : c'est impossible
quand malaisément fit cherchas
la quadrature de mon ca:ur.
Seulement, le professeur tombe amoureux
d'une de ses élèves, aux dépens de la poésie
mathcmatirjue. Je sais bien qu'emmenant la
belle vers la mer, il trouve moyen de lui en-
seigner la manière de calculer :
la vitesse moyenne à l'heure
à toi de résoudre la règle
trente par soixante sur vingt,
Mais très vite il lui parle d'autre chose :
Couvre de tes mains trs seins on te
regarde de là-bas,
et pour la faire riro il lui- montre des Nôtres
« avec des queues ». Est-ce sérieux, cette
poésie didactique qui finit en queue de co-
mète ? Nous attendions de Pierre Parceval
qu'il prit la suite non de Lucrèce, affecté à
André Martel, mais du poëte anglais Darwin,
parent du célèbre généalogiste (je veux dire
du grand Darwin. l'auteur de ce Gotha du
Singe : l'Evolution des espèces). Darwin le
poëte chanta, lui. les amours des triangles.
thème excitant et très moderne. Nous récla-
mons de Pierre Parceval des révélations du
même ordre.
Pierre GUECUEN.
Revues
j Echanges nous offre, en anglais et en français,
un trophée de poëmes, tous de grands noms,
traduits par des vedettes:
André Gide : i*1" acte d'I-Iolllld. « Il s'est
dissous au chant du coq. Mais déjà le Matin,
vêtu de brouillards roux, foule d'un pied
mouillé la colline orientale. »
Pierre-Jean Jouve : Sonnets de Shakespeare.
- « Un visage de femme par la main de la
Nature peinte, tu l'as, maitre-maitresse de ma
passion.» Phrase sans fin, long déroulement
d'un corps d'androgyne, peut-être le Serpent,
mais qu'une candeur infiniment subtile et mus-
quée prend pour un ange.
Tristan Tzara : Maturité. « On entendait
à travers le vent les cœurs sauvagins des ci-
gales D.
Eric de Hauleville : l'Exaltation d'un Monde.
0: Une voile gonflée des miracles du ciel
crève la fenêtre. Les lèvres murmurent les mots
de la création. La chambre s'abîme dans une
folie de linge blanc Où courent les crisse-
ments des navires. J) -
Il y a bien de la grandeur dans tout ce
poème d'un inconnu, que nous saluons, à la
manière élisabethaine, comme un gentilhomme
de la beauté.
Emily Brontë : Poëmes (traduits par Mau-
rice Venoise). Avec quelle passion ne lit-on
pas les poèmes de cette étrange jeune fille, cette
Eve de Hurle-Vent, qui sortit de son flanc la
côte la plus dure et créa, au rebours de Dieu,
un Adam terrible, Heathcliff, l'homme en proie
à une ombre, à une idée fixe, autour de laquelle
tout gèle en haine.
Cîertrude Stein : Un portrait de Picasso (tra-
duit par G. Hugnet et V. Thomson). Un
poème extravagant, admirable, pour entrer en
transe et leindrc des Picasso, ou composer
toute autre œuvre de génie : « Les volets fer-
ment et ouvrent ainsi que les veines. Les volets
ferment et les volets et ainsi les volets ferment
et les volets et ainsi et ainsi. » Malheureuse-
ment la vertu hypnotique des poèmes de cet
auteur n'opère que par la quantité.
R. M. Rilke, enfin, termi. e ce panaché de
haut goût, une des pluj brillantes chambrées
de poëtes que jamais revue ait eu le bonheur
de réunir dans ses pages.
A A A
Cour ier de Bruxelles. Pierre Bourgeois
et Paui Vanderborght dirigent à Bruxelles le
Cercle de la Lanterne Sourde, qui donne régu-
lièrement des Cabarets Poétiqtles. Des auteurs
y disent, ou y font dire leur.; productions. Les
directeurs seraient enchantés de présenter des
« éléments français D, et ils me demandent de
les aider à établir un contact entre la jeune
poésie française et la jeune poésie belge. Bien
volontiers. Que les poëtes se le disent : l'adresse
de Pierre Bourgeois est : boulevard Léopold II,
271, à Bruxelles. On désire surtout des œuvres
inédites..
HCSTt Hf
STÈLE
Je ne suis rien, ce soir, qu'un homme entre les hommes,
Un solitaire cœur qui palpite et qui bat ;
Je suis ce que l'on est et ce que tous nous sommes.
Ainsi qu'une fumée au vent qui la rabat,
Ma vie autour de moi répand une odeur âcre
Et je sens se sécher la sueur du combat.
C'est le moment venu où plus d'un se consacre,
Selon qu'il a vécu, pour mémoire de soi,
La statue orgueilleuse ou le vil simulacre ;
C'est l'heure solennelle où chacun se revoit
Debout en son destin, au terme de la route
Où va son pied d'esclave ou son talon de roi,
Où chacun dans l'écho se prolonge et s'écoute
Et compte avec regret le nombre de ses jours
Quand son pas s'alourdit et quand son dos se voûte.
Tel, de ses durs exploits, dans l'ombre, entend toujours
Retentir fièrement les fanfares lointaines
Et songe, le front haut, à ses belles amours ;
Tel autre n'a rien pu saisir en ses mains vaines ;
Sa bouche, de tout fruit, conserve un goût amer
Et son sang épaissi s'épuise dans ses veines.
C'est près de lui qui, las dn son passé désert,
S'est assis lourdement parmi le sable aride
Et qui pleure dans l'ombre en regardant la mer,
Que je viendrai, ce soir, sur la grève perfide
Où déferle le flot qui n'a pas de saison,
Reposer dans ma main mon front que le temps ride.
Nulle voile d'espoir ne luit à l'horizon,
Nulle proue écumante, et toutes rames hautes,
Ne m'appellera plus vers l'or de la Toison.
Je ne partirai plus vers les caps et les côtes.
Que m'importe la cendre où son tison s'éteint !
Mon foyer n'attend plus de dieux qui soient ses hôtes.
J'augure d'aujourd'hui ce que sera demain
Et je suis fatigué d'être ce que nous sommes,
Sachant ce que fut vivre et combien vivre est vain,
Quand on n'est rien de plus que l'un d'entre les hommes.
Henri de RÉGNIER.
(copyright Mercure de France.)
i.
L'ART VIVANT
L'ART VIVANT
L'ART VIVANT
-- --- --..-. ------.---- ---"-- --1
LLS EDITIONS KRA 1
viennent de publier
LES CHANSONS DE BWnS
de
PIIMIS LOUYS
1 - l. p|, Uosophes.SatnQ. J ,
yoète3'
.S. d.
1 &. /A 3
1 f
.:1' ¡ ,
'- ',I. f,
, -ç, , -
lÎlIL:/! ,'. Cf U IR '1/>
pap
.A'
\F'
'glgiamiMlJl ̃ 'Bi» m Bii!ii_,_g. ,m m ̃ ̃ f1!t-,I.,- .;,.o
F Collection « CHAMPS -
sous la direction de H. POURRAT ~~N
FRANCIS JAMMES
CHAMPÊTRERIES
ET
MEDITATIONS
La Mer. Promenade en Montagne.
Histoire
Faisans. le I.oêe et l'Inspiration.
Un volume in-16. 12 fr.
Dans cette collec ion :
C.-F. RAMUZ : F ÉTÉ DE VIGNERONS. Para
Lucien CACHGN : MONSIEUH DE
LENRAMA> »
ALMANACH DES CHA « PS »
Jean VARIOT : JEAN SANS LE TROU *
A MOU&TIQUES. A ra-aitra
HORIZONS DE FRANCE - PARIS
- - - - - - - - - - - - - -
! r -n 1 rTfinr r n n ̃" -nr ~ii-orrTf^T''»tnn'wy«wy ̃ ̃ ̃ ̃ ̃ ̃_
Depuis le 1" janvier, les Nouvelles Littéraires publient une
édition sur papier de luxe que nous recommandons aux Biblio.
thèques publiques et aux Collectionneurs. Le prix de l'abonnement
annuel est de 150 francs.
t J * L --
.; ,.. r -----.
vu succès m
tnoui I-™- 1
res 1 I
tte
SI IRÈNE NEMIRO VSKY I
:. il ¡
in,
ire David
le aVI
du
is, Golder
st 1
n,
d j ROHAN I
e.
a l Extraits de Presse (III) 1 I
1
it II Le bruit qu'il a paru un a bon livre :1 re I
t, il tarde guère à se répandre; il ne doit qu'à |
l| lui-même son heureuse fortune,
j| C'est ce qui vient de se produire pour le |
t II | récent roman de Mme Irène NémlTovslii, I
œuvre d'une valeur éminente et indiscuta- I
-1 bie.
Il Henri de Régnier, I
(Le Figaro).
s, David Golder est un portrait en action, |
: 1 d'un saisissant relief, et l'on ne peut |
j| qu'admirer la maîtrise de l'auteur. C'est |
1 un livre très remarquable ; je ne crois pas |
• j| qu'on puisse en douter. -
j I Gabriel Marcel I
H (L'Europe Nouvelle). I
|| Il y a l-à une sobriété, une densité, qui
| sont rarement d'une main féminine. La I|
| sensation de la solitude qu*éprouve David t
| Golder est traduite avec maftrise. I|
I Pierre Audiat I
| (L'Européen). I
| A mon sens, c'est jusqu'à ce jour le I
| maître livre de la collection Pour mon I
Plaisir, et un des meilleurs romans pa- I
I | rus cette année. I
1 Pierre Dominique. I
11 (Paris-Soir). g
1 Je ne connais en France aucune femme
| | qui ait tenté avec cette audace et ce bon- I|
heur l'étude du monde des affaires. Celle R
| acuité, celle puissance, sont rares. H
I Jean Vignaud I
| (Le Petit Parisien). I
I Anatole France aimait à répéter que c'est I
| le temps qui fait les cl&efi-d.'œuvre. Il faut I
cependant que tout d'abord l'oeuvre y I
I | montre quelques disposition. Disons que I-
I c'est le cas de David Golder. En attendant I
I que le temps en fasse un chef-d'muvre,
I c'est un roman fort intéressant. I
Georges Le Gard. I
(Le Journal). I
V°' "1 GRASSET | I
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 71.28%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 71.28%.
- Auteurs similaires Marat Jean Paul Marat Jean Paul /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Marat Jean Paul" or dc.contributor adj "Marat Jean Paul")
-
-
Page
chiffre de pagination vue 7/12
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k6451956b/f7.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k6451956b/f7.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k6451956b/f7.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k6451956b/f7.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k6451956b
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k6451956b
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k6451956b/f7.image × Aide
Facebook
Twitter
Pinterest