Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1916-10-14
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32693410p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 11726 Nombre total de vues : 11726
Description : 14 octobre 1916 14 octobre 1916
Description : 1916/10/14 (A17,N43). 1916/10/14 (A17,N43).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
Description : Collection numérique : Thème : L'histoire partagée Collection numérique : Thème : L'histoire partagée
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k64501531
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 31/01/2013
DIX-SEPTIEME ANNEE. - N° 42j) FRANK IT COLONIES I LE NUMERO, 11 CENTIMES SAMEDI 14 OCTOBRE 1916.
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JOURNAL SEMI-OUOTÏDIEN
LES ANNALES COLONIALES sont le seul Journal Colonial'
ne publiant que des articles inédits.
Les MUQlcrita non insérés ne sont pu rendus.
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L'Après-Guerre pourries Colonies:
tJ 1 o
Je relève dans le décret du 30 dé-
cembre 1912 une réforme que j'estime
vraiment intéressante et appelée à
transformer la vie économique et In-
dustrielle des colonies. Elle procède,
et ceci est une révélation, d'un esprit
nouveau, pratique, d'un esprit de réa-
lisation qui m'a surpris agréablement
Il s'agit du nouveau fonds de réserve
des budgets locaux.
Une caisse de réserve ou :un fonds de
réserve peut être comparé à une sorte
de réservoir régulateur où viennent
s'accumuler les économies réalisées
ou plus exactement les excédents des
recettes sur les dépenses, et où par
contre l'Administration doit pouvoir
puiser pour assurer le paiement des dé-
penses, exactement comme à proximi-
té d'un canal est construit un lac-ré-
servoir où viendra s'écouler le trop
plein du canal lui-même et où sera pui-
sée l'eau quand le débit du canal sera
insuffisant. Quels sont les besoins aux-
quels doit faire face une caisse ou un
fonds de réserve ? Si l'on tient compte
de ce rôle de régulateur, on constatera
que la mission du fonds de réserve est
triple :
1° Constituer un gage, une garantie
solides représentant la situation géné-
rale de la Colonie, son état de prospé-
rité et par suite son crédit.
20 Constituer un fonds de roulement
permettant, en cas d'insuffisance mo-
mentanée des recettes, de faire face au
pa-. ment des dépenses ou à des frais
lll'n'ssilé-s par un désastre uu calami-
té publique
30 De permettre, grâce à l'accumula-
tion d'un fonds assez considérable,
l'entreprise de travaux d'intérêt pu-
blic assez .importante
Le décret du 20 novembre 1882 n'a-
vait envisagé que les deux premiers
points. Le décret du 31 décembre 1912
laisse entrevoir ces trois destinations
du fonds de réserve, mais ne semble
pas avoir été jusqu'au bout du problè-
me. Puisque nous connaissons mainte-
nant la destination exacte de ce fonds
de réserve, il ne reste plus qu'à l'or-
ganiser de manière à lui faire jouer
les divers -rôles qui lui sont assignés.
Il conviendra de diviser ce fonds en
trois parties. La première partie im-
muable permettant d'affirmer la si-
tuation normale de la Colonie, on ne
touchera a ce fonds qu'à la dernière ex-
trémité,
La deuxième partie, qui devra être
maintenue à son maximum mais dont
on peut entrevoir la diminution le jour
où les recettes rentreront plus norma-
lement dans le courant de Vannée ; et
ceci dépend de multiples causes tenant
à la vie de l'indigène, au développe-
ment de l'esprit d'épargne, à l'urigine
des ressouroesi, etc.
La troisième partie sera représentée
par tout ce qui restera dans le fonds de
réserve et cette partie est sans limites.
Elle va permettre par l1 accumulai on
des capitaux la mise en chantier de
travaux, ou la création d'institutions,
d'organismes appelés à transformer la
ViA économiaue ou agricole des colo-
nies. Mais pour que ces grandess entre-
prises soient réalisables, il est deux
conditions essentielles :
11 faut (Ta bu ni que rAdmimstration
sache ce qu'elle veut faire, où elle veut
aller. Il ne suffit pas de jeter sur le pa-
pier une grande diversité de projets,
entreprendre de tous côtés. Il est indis-
pensable que l'effort soit coordonné,
méthodique, que l'on ait, par avance,
déterminé l'ordre d'urgence des tra-
vaux après qu'aura été établi un plan
de campagne pour plusieurs années.
Il faut aussi que la .colonie jouisse
de son indépendance et qu'elle tra-
vaille OOUlr elle-même.
--. -
Je demeure convaincu que fa réfor-
me apportée par le décret de 1912 sera
œuvre vaine si l'Administra-lion ne se
met pas au travail dans le sens indi-
qué en tenant compte de tous les ensei-
gnements de la guelTe,
Ainsi le décret financier de 1912 pré-
voit dans son article 261 que la partie
des fonds de réserve dépassant le chif-
fre minimum peut être employée, dans
la proportion du quart seulement du
fonds placés en titres des emprunts de
la colonie non garantis par l'Etat. J'es-
time que, sans tomber dans la spécu-
lation, on pourrait aller plus loin diaim
cette voie. Dans son rapport sur le bud-
get de l'Afrique Equatoriale, M. Cec-
calldi suggère l'idée d'utiliser les fonds
de réserve à organiser un service de
transports entre la Métropole et le
Congo. Je trouve cette idée des plus
.intéressantes et facilement réalisable.
Intéressante parce qu'elle est la clef
du développement de nos colonies d'A-
frique. Sans faire le procès des com-
pagnies de navigation, il faut bien re-
connaître que notre marine marchan-
de laissait, avant la guerre, à ce point
à désirer que le fret se dirigeait tout
naturellement vers les bateaux étran-
gers et en particulier vers les bateaux
allemands. Réalisable. En effet, imagi-
nez un consortium des colonies d'Afri-
que, A. Ü. F et A. E. F. créant et or-
ganisant un service de navigation mix-
te (passagers et marchandises). Com-
me première mise de fonds le place-
ment d'une bonne partie des fonds de
réserve et une contribution annuelle
de chaque colonie, représentant le
transport de ses fonctionnaires et le
fret de ses marchandises. Comme ma-
tériel, un nombre de bateaux pris a
l'Allemagne, en compensation des na-
vires coulés. Je ne serais pas surpris
si, dans quatre ou cinq ans, cette
nouvelle Compagnie n'avait pas réa-
lisé de fort beaux bénéfices. El je
connais beaucoup de commerçants dis-
posés à acheter des actions 'et à entrer
dans ce nouveau Conseil d'administra-
tion. Quelle heureuse coopération de
l'administration et du commerce ! Je
sais bien que l'Administration est liée
par un contrat. Mais tout contrat com-
porte une clause de résiliation. En tous
cas nos chantiers nationaux et privés
devraient être saisis de la question.
Un concours pour des tppes de bateaux
devrait être institué. Voilà de l'après-
guerre passionnante.
Mais pour que, ainsi que je l'indi-
quais plus liant, l'effort colonial soit
productif, il faut qu'il soit coordullné,
Chaque colonie adressant au Ministère
son plan de campagllc, avec devis dé-
taillé et rapport indiquant ses besoins,
ses ressources, son avenir, celui-ci se-
rait appelé, après avis du Conseil supé-
rieur des Colonies élargi, à détermi-
ner les travaux à entreprendre dans
l'ordre d'urgence et au besoin mettrait
en relations les colonies entre elles
pour les entreprises d'intérêt commun.
Telle est, à mon humble avis, la plus
belle tâche qui puisse tenter un hom-
me d'Etat. -
Je reconnais d'ailleurs que ces ques-
tions financières sont des plus délica-
tes pour nos colonies, mais elles tou-
chent de trop près à la vie et au déve-
loppement de nos colonies pour ne pas
être sérieusement examinées et bientôt
résolues. Parmi celles-ci, je citerai
la question des établissements ban-
caires. Ce n'est un secret pour person-
ne, les banques coloniales ne parais-
sent pas organisées pour faciliter les
opérations commerciales, industrielles
ou agricoles. Que de progrès à réaliser
en matière d'escompte, d'avances sur
titres, sur récoltes, sur marchandises 1
Le papier-monnaie émis par les ban-
que à privilèges - est-il bien celui qui
convient à l'indigène ? Ne pourrait-on
pas confier, comme cela se pratique
dans certaines colonies étrangères, le
soin de percevoir certaines recettes et
d'effectuer certains paiements de la
colonie aux banques elles-mêmes ? J'en
dirais autant de caisses d'épargne
créées ou à créer.
D'autre part, l'Administration la-tl-
le pris position sur la question de sa-
voir s'il était préférable de s'en tenir à
l'exercice financier, ou d'adopter l'an-
née financière ; sur celle des 'agences
spéciales, ce mal nécessaire que l'on
n'est pas arrivé à transformer en bien
nécessaire.
Je cite ces points de détail au cou-
rant de la plume. Il en est bien d'au-
tres qui mériteraient d'être cités, mais
je ne prétends ni être complet, ni trai-
1 ter chaque sujet à fond.
Raoul BRIQUET,
Député du Pas-de-Calais..
La Coopération Portugaise en Afrique
0-0-0-0,0-0
Dans le tome XII de'l'Histoire géné-
rale de Lavisse et Rambaud, M. Robert
de Caix, traitant des colonies portu-
gaises africaines en 1900, s'alarmait à
bon droit d'un traité secret signé en
1898 entre -l'Angleterre et l'Allemagne
qui n'aurait eu d'autre résultat qu'une
véritable mainmise sur ces possessions.
« Avec un peu de prudence, disait M.
« de Caix, le Portugal peut conserver
« tout au moins son domaine de la cô-
« te occidentale. Dans ce cas, il aurait
« encore devant lui un bel avenir. »
Le Portugal non seulement fut pru-
dent, (mais héroïque, quand la guerre
fut décLarée, il se rangea franchement
du côté de son alliée l'Angleterre, à qui
il offrit spontanément son matériel de
guerre et ses munitions.
Le 5 septembre 1914, une reconnais-
sance allemande se présenta devant le
fort portugais de Naulila pour exiger
des vivres. L'attitude arrogante des Al-
lemands les leur 'fit refuser et les fit
repousser à coups de fusils qui leur
tuèrent un officier et 3 soldats. Dans
une rencontre entre Allemands et Por-
tugais, les deux adversaires cnruuve-
rent des pertes réciproques. Mais le 18
décembre, 20CO Allemands exécutèrent
une véritable opération contre Naulila.
La belle résistance de la faible garni-
son portugaise lui permit de se retirer
des postes frontières sans que l'ennemi
osât traverser le Cunene.
Les Allemands du Sud-Ouest Afri-
cain continuèrent leurs agressions jus-
qu'à ce que le général boer Botha ait
occupé leur territoire à la tête. des trou-
pes de l'Union Sud-Afrkaine, mais ce
l'ut surtout par le soulèvement provo-
qué chez les Cuanhamas que l'Allema-
gne chercha à créer de grandes diffi-
cultés au Portugal.
Le 18 août-, les troupes portugaises
remportèrent une brillante victoire sur
les révoltés et le 7 septembre le calme
était définitivement rétabli grâce aux
mesures que les Anglais et Portugais
prirent d'un commun accord des deux
côtés des frontières.
La région revendiquée par les gou-
vernements allemand et portugais fut
considérée comme zone neutre et admi-
nistrée par une commission mixte
sous le contrôle du Gouvernement de
l'union Sud-Africaine.
Des événements très importants de
la guerre européenne ne tardèrent pas
à modifier cette situation par leur re-
percussion dans tous les territoires des
belligérants.
Le Portugal était certainement déci-
dé à une neutralité bienveillante envers
l'Entente.
Ces brillants et rapides succès con-
traignilrent les Allemands à l'évacua-
tion de Naulila et dégagèrent le Sud
de l'Angola portugais où des missions,
dites d'études ethnographiques, avaient
jeté prématurément les bases d'une
occupation .analogue à celle que prépa-
ra la mi'ssion du Grand-duc de Mec-
klenibourg au Cameroun , en 1911.
La disparition des Allemands de
l'Angola fut suivie immédiatement de
l'extension des relations commerciales
avec l'Angleterre.
Usant du droit d'angarie, comme je
l'écrivais dans les Annales Coloniales
du 20 mai 1916, le Portugal réquisition-
na les navires allemands réfugiés dans
ses ports. Le gouvernement de Berlin.
se basa sur le refus du versement d'une
indemnité préalable pour déclarer la
guerre .au Portugal, le 10 mars 1916,
geste qui répondait d'ailleurs au senti-
ment de la nation portugaise toute en-
tière.
Les Alliés eurent alors à leur dispo-
sition les excellents ports portugais de
la Côte occidentale d'Afrique et dès îles
qui en dépendent et qui auraient conti-
nué à servir de refuge aux écumeurs
allemands.
Dès le 8 mai 1916, les Allemands
avaient attaqué le peste portugais de
Nhica sur la Rovuma,formant frontière
entre l'Est-Afr.icain allemand et le Mo-
zambique. Un violent combat les rejeta
sur leurs positions de départ. La décla-
ration de guerre de l'Allemagne, que
le Portugal aurait été en droit de faire
le premier, amena les Portugais à pas-
ser à l'offensive et une lutte. très vive
s'engagea sur la Rovuma, lutte dans la-
quelle les troupes portugaises firent
preuve de bravoure et d'endurance au
point de mériter les plus grands éloges
de la part des officiers anglais qui les
accompagnaient.
Le commandant du navire portugais
appuyant les opérations côtières a été
tué.
Le 17 mai, les Allemands attaquent
-en vain le poste de Namoka, 3 euro-
péens et 2 indigènes portugais sont
tués par les balles dum-dum.
A Und'i, où ils furent également re-
poussés, les Allemands eurent 8 tués
et un grand nombre des leurs furent
tués uu disparurent. Le chavirage des
pirogues allemandes leur firent perdre
un matériel important. 'Malgré une vi-
goureuse attaque appuyée par des mi-
trailleuses, les Allemands ont échoué
dans la région de Kionga.
Fortement ébranlées par les offensi-
ves combinées des Anglais et des Bel-
ges, les troupes allemandes ne sau-
raient offrir une grande résistance aux
héroïques Portugais'qui, les premiers
parmi les neutres bienveillants, ont
franchement pris parti pour les Alliés
de l'Entente.
L'Allemagne elle-même viola le droit
en envahissant l'Angola en septembre
1914, elle injuria cet adversaire qu'elle 1
méprisait et ne pouvait atteindre di-
rectement..
Le Portugal riposta en collaborant
étroitement avec les Alliés anglo-bel-
ges qui, par une action commune, ana-
logue 'à celle qui réduisit le Cameroun,
fera tomber en notre pouvoir l'Afrique
orientale allemande où Guillaume II,
dans son rêve d'hégémonie allemande,
voulait faire aboutir son immense do-
maine colonial.
Gabriel COMBROUZE,
Député de la Gironde.
M. CLOZEL REJOINT SON POSTE
o-o-o
M. Clozcl, gouverneur général de
l'A. 0. F., venu se reposer trois mois
en France, arrivera à Dakar au com-
mencement de novembre, car il vient
de quitter la France pour, en passant
par l'Algérie et le Maroc, s'entretenir
avec M. Lutaud et le général Lyautcy
de différentes questions importantes
intéressant nos trois grandes posses-
sions africaines.
–;
A DJIBOUTI
-0-0-0---
Par décret en date du 5 octobre 1916,
rendu sur la proposition du ministre
des colonies, M. Fillon Victor, inspec-
teur général de 2° classe des colonies,
en mission à la côte française des So-
malis, a été délégué, momentanément
dans les fonctions de gouverneur de
cette colonie, en l'absence de M. Simo-
ni, rentré en convalescence.
LE COMITE D'ETUDE DE L'A. 0. F.
o-o-o
« Les recherches d'ordre scientifique
sont essentiellement utiles à la bonne
organisation et la bonne administra-
tion de l'A. 0. F. », ainsi s'exprimait
M. le Gouverneur général Clozel, dans
sa circulaire du 11 décembre 1915,
créant un comité d'études historiques
et scientifiques de l'A. 0. F.
Le premier annuaire de ce comité,
qui vient de paraître, contient les étu-
des les plus remarquables sur l'histoi-
re, l'ethnographie, le folklore et la
parasitologie. Ces questions, traitées
par les membres correspondants de ce
comité, font honneur à leurs auteurs
dont l'exemple est à suivre par les
grandes colonies de notre empire d'ou-
tre-mer. Les Annales Coloniales en
reparleront.
♦
Les Annales Coloniales publieront,
samedi prochain, les articles de MM.
RAOUL BRIQUET, HENRI LABROUE et
HENRI CasNiER, députés.
Une grande ville africaine au XX8 siècle
0-00-0-0-0
Bai lIi. Xachligal, Mungo Park, nous
ont fait des descriptions enthousias-
tes des grandes agglomérations arabes
telles que Tombouctou la Mystérieuse
Djenné, dans le bassin moyen du Ni-
gcr, villes dont nous ne vîmes plus
guère que les ruines et les vestiges de
leur ancienne prospérité.
Après quatre jours de voyage en
sleeping-car, je me trouvai transporté
de Lagos sur le golfe de Guinée à Ka-
no, à quelque mille kilomètres dans
l'intérieur, aux confins du désert. A
proximité de la station du railway on
se trouve dans la ville commerciale et
européenne, qui ne diffère pas de tous
les groupements européens de l'Afri-
que Occidentale. Toutes les firmes an-
glaises, françaises et allemandes instal-
lées à Lagos, ont leur comptoir à Ka-
no : John Walk, Russel, Miller, Oli-
vant, Zachomis, C. F. A. 0., Geiser,
etc., etc. La C. F. A. 0., dirigée à
Kano par M. Allègre, est fort bien
installée et l'accueil qu'on y reçoit fait
rapidement oublier la longueur du tra-
jet de Lagos à Kano. L'administration
de la. Nigéria a fait construire à l'extré-
mité nord de l'escale commerciale un
camp de passagers ou nous allons nous
installer assez confortablement dans
des cases spacieuses à couverture de
chaume.
La Résidence, autour de laquelle
sont groupés les locaux administratifs,
se trouve à deux bons kilomètres vers
le nord-est, dans une petite oasis. C'est
à peu près tout ce que voit le fonction-
naire ou colon se rendant à Zinder.
Mais, ayant oui dire que l'intérêt de
notre chemin de fer du Dahomey était
de drainer vers Cotonou le trafic des
caravanes de Sokoto et de Kano, j'a-
vais conclu à l'existence de marchés
importants dans ces régions et après
m'ètre renseigné, je profitai du retard
des chameaux de bât qu'on m'envoyait
de Zinder pour aller, dès le lendemain
de notre arrivée à Kano, visiter la ville
indigène située à trois kilomètres en-
viron à l'ouest de la station et du camp
de passagers.
A l'extrémité du plateau dénudé, une
haute muraille crénelée se profile,
c'est l'enceinte fortifiée de neuf kilo-
mètres de circonférence, percée de
quelques pdrtes étroites auxquelles on
accède par un petit pont franchissant
le fossé extérieur.
La porte principale ressemble à celle
d'un de nos vieux châteaux-forts et
quelques bas-reliefs la surmontent et
l'encadrent. Cavaliers, méharistes, pié-
tons, bourricots pliant sous le faix,
tous se pressent de chaque côté et on
passe difficilement. Par des rues tor-
tueuses comme un vrai labyrinthe au
milieu de maisons à terrasses et en ter-
re battue, on débouche sur une vaste
place à l'extrémité de laquelle une
mare étale une eau croupissante où les
vautours viennent se désaltérer. En
bordure de cette place, il y a le mar-
ché. Sous des arcades, les marchands
sont installés.
Certains coins ressemblent à no-
tre marché de la ferraille; on y trouve
les objets les plus disparates. Les gens
de Tripoli vendent les belles étoffes
arabes, il y a des boutiques de sel gem-
me de Goumel, d'arachides, de verrote-
rie, et de toute la bimbeloterie africai-
ne. Les acheteurs et les marchands
trouvent sur place de quoi se susten-
ter, les marchandes de beignets, de ba-
nanes frites et de miel analogue à nos
bâtons de guimauve sont nombreuses.
Tous les fards indigènes, le kiwI, la
pille dentifrice, et autres produits de
beauté, sont à profusion.
A côté de ce marché couvert, qui
s'étend au loin dans la ville même, il
y a le marché aux bestiaux, aux che-
vaux et animaux de toute espèce. La
foule était si compacte lorsque j'y pas-
sai, que la circulation était très diffi-
cile, et que, pour me rendra _c.héz
le chérif Ahmed ben Guenalba, que
l'on m'avait recommandé de visiter,
je dus cheminer lentement dans les
rues parfois très étroites, bordées
de hautes murailles presque sans ou-
vertures extérieures. Presque toutes les"
portes sont ouvragées et-leur encadre-
ment est orné de figurines et de signes
arabes. Sur une toute petite place, qui
est plutôt un évidement entre ces ruel-
les, s'élève une haute construction de
pisé.
De nombreux indigènes au visage
presque caché sous le cheich de tulle,
sont accroupis et égrènent leur cha-
pelet. Sous une voûte basse et épaisse,
on trouve une sorte d'antichambre
d'où, par un couloir obscur et à nom-
breux méandres on parvient, au bout
de cinq minutes qui semblent bien lon-
gues, à une vaste salle haute d'une di-
zaine de mètres, où le jour ne pénè-
tre que par une petite ouverture supé-
rieure. C'est la salle d'audience du Ché-
rif, que je distingue à peine au milieu
des coussins et des peaux. Après les
salutations d'usage et l'exposé de mes
états de service tant à Biskra, où j'é-
tais voisin du tombeau du grand
marabou Sidi Okba, qu'en Mauritanie,
où j'étais l'ami de Cheikh Sidia et de
Sidi Mohammed, le Chérif fit venir du
lait, des dattes et du rakahoum (prove-
nance directe de Constantinople viâ
Tripoli). Il me dit que ses caravanes,
grâce à notre police efficace du Saha-
ra, circulaient facilement de Kano à
Tripoli viâ Agadès. Il me cita même
une de ses clientes de Constantinople.
Son frère, que je vis plus tard à
Zinder, était son transitaire : c'est
chez lui que je fus reçu par le sultan.
d'Agadès. Le Chérif Guénalba me fit
visiter ses nombreux magasins rem-
plis de pointes d'ivoire, de peaux de
bœufs, de balles de plumes d'autru-
ches et de nombreuses étoffes. Chef
incontesté de Kano, le Chérif est un
puissant auxiliaire de l'administration
locale.
Plus tard, à Zinder, je me rendis
compte de l'étendue de son prestige.
Ainsi que me l'avait dit le Résident
anglais de Kano, qui me reçut si aima-
blement, les jours de marché, Kanp
compte 100.000 individus. Sa popula-
tion normale est de près de 80.000 ha-
bitants. Il est bon d'ajouter que c'est
grâce à la sécurité que nos troupes as-
surent à la frontière septentrionale de
la Nigéria que cette ville et toute la ré-
gion avoisinante ont pu conserver leur
prospérité commerciale.
Les Anglais rendent du reste à no-
tre service de protection l'hommage
qui lui est dû. De notre côté, l'utilisa-
tion de la voie Lagos-Kano a facilité
grandement la relève de nos troupes
du Zinder et du Tchad, et le ravitaille-
ment de nos postes qui, par la voie Co-
tonou-Niamey-Zinder, était. long et
coûteux.
MONOF.
AU CAP JUBY
o-o-o
Voccupation officielle du cap Juby (an-
cienne capitale du royaume éphémère de
Vempereur du Sahara) par le gouverne-
ment espagnol mettra lin aux fréquentes
méprises dont ce fortin maure fut l'objet.
Unc des plus amusantes fut celle d'un
commandant d'un croiseur cuirassé qui
ne trouva rien de mieux que d'amener un
jour le pavillon marocain et de lui subs-
tituer le pavillon français, protprio motu.
Quelques semaines plus tard, le pauvre
commandant jetant l'ancre devant le for-
tin, envoyait quelques matelots recher-
cher notre pavillon et-le pavillon maro-
cain était de nouveau hissé en tête de
mât.
Il serait bon que nos commandants de
navire aient des notions plus précises sur
l'étendue de nos zones d'influence le long.
des côtes d'Afrique.
D'après notre confrère Le. Bulletin du
Comité de l'Afrique française des mots
d'août et septembre 1916, c'est le lieute-
nant-colonel D. Francisco Bens qui dé-
barqua le 30 septembre dernier au cap
Juby et assuma provisoirement la repré-
sentation de S. A. chérifienne le khalifat
Mouley-el-Mehdi. THIAT.
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Je relève dans le décret du 30 dé-
cembre 1912 une réforme que j'estime
vraiment intéressante et appelée à
transformer la vie économique et In-
dustrielle des colonies. Elle procède,
et ceci est une révélation, d'un esprit
nouveau, pratique, d'un esprit de réa-
lisation qui m'a surpris agréablement
Il s'agit du nouveau fonds de réserve
des budgets locaux.
Une caisse de réserve ou :un fonds de
réserve peut être comparé à une sorte
de réservoir régulateur où viennent
s'accumuler les économies réalisées
ou plus exactement les excédents des
recettes sur les dépenses, et où par
contre l'Administration doit pouvoir
puiser pour assurer le paiement des dé-
penses, exactement comme à proximi-
té d'un canal est construit un lac-ré-
servoir où viendra s'écouler le trop
plein du canal lui-même et où sera pui-
sée l'eau quand le débit du canal sera
insuffisant. Quels sont les besoins aux-
quels doit faire face une caisse ou un
fonds de réserve ? Si l'on tient compte
de ce rôle de régulateur, on constatera
que la mission du fonds de réserve est
triple :
1° Constituer un gage, une garantie
solides représentant la situation géné-
rale de la Colonie, son état de prospé-
rité et par suite son crédit.
20 Constituer un fonds de roulement
permettant, en cas d'insuffisance mo-
mentanée des recettes, de faire face au
pa-. ment des dépenses ou à des frais
lll'n'ssilé-s par un désastre uu calami-
té publique
30 De permettre, grâce à l'accumula-
tion d'un fonds assez considérable,
l'entreprise de travaux d'intérêt pu-
blic assez .importante
Le décret du 20 novembre 1882 n'a-
vait envisagé que les deux premiers
points. Le décret du 31 décembre 1912
laisse entrevoir ces trois destinations
du fonds de réserve, mais ne semble
pas avoir été jusqu'au bout du problè-
me. Puisque nous connaissons mainte-
nant la destination exacte de ce fonds
de réserve, il ne reste plus qu'à l'or-
ganiser de manière à lui faire jouer
les divers -rôles qui lui sont assignés.
Il conviendra de diviser ce fonds en
trois parties. La première partie im-
muable permettant d'affirmer la si-
tuation normale de la Colonie, on ne
touchera a ce fonds qu'à la dernière ex-
trémité,
La deuxième partie, qui devra être
maintenue à son maximum mais dont
on peut entrevoir la diminution le jour
où les recettes rentreront plus norma-
lement dans le courant de Vannée ; et
ceci dépend de multiples causes tenant
à la vie de l'indigène, au développe-
ment de l'esprit d'épargne, à l'urigine
des ressouroesi, etc.
La troisième partie sera représentée
par tout ce qui restera dans le fonds de
réserve et cette partie est sans limites.
Elle va permettre par l1 accumulai on
des capitaux la mise en chantier de
travaux, ou la création d'institutions,
d'organismes appelés à transformer la
ViA économiaue ou agricole des colo-
nies. Mais pour que ces grandess entre-
prises soient réalisables, il est deux
conditions essentielles :
11 faut (Ta bu ni que rAdmimstration
sache ce qu'elle veut faire, où elle veut
aller. Il ne suffit pas de jeter sur le pa-
pier une grande diversité de projets,
entreprendre de tous côtés. Il est indis-
pensable que l'effort soit coordonné,
méthodique, que l'on ait, par avance,
déterminé l'ordre d'urgence des tra-
vaux après qu'aura été établi un plan
de campagne pour plusieurs années.
Il faut aussi que la .colonie jouisse
de son indépendance et qu'elle tra-
vaille OOUlr elle-même.
--. -
Je demeure convaincu que fa réfor-
me apportée par le décret de 1912 sera
œuvre vaine si l'Administra-lion ne se
met pas au travail dans le sens indi-
qué en tenant compte de tous les ensei-
gnements de la guelTe,
Ainsi le décret financier de 1912 pré-
voit dans son article 261 que la partie
des fonds de réserve dépassant le chif-
fre minimum peut être employée, dans
la proportion du quart seulement du
fonds placés en titres des emprunts de
la colonie non garantis par l'Etat. J'es-
time que, sans tomber dans la spécu-
lation, on pourrait aller plus loin diaim
cette voie. Dans son rapport sur le bud-
get de l'Afrique Equatoriale, M. Cec-
calldi suggère l'idée d'utiliser les fonds
de réserve à organiser un service de
transports entre la Métropole et le
Congo. Je trouve cette idée des plus
.intéressantes et facilement réalisable.
Intéressante parce qu'elle est la clef
du développement de nos colonies d'A-
frique. Sans faire le procès des com-
pagnies de navigation, il faut bien re-
connaître que notre marine marchan-
de laissait, avant la guerre, à ce point
à désirer que le fret se dirigeait tout
naturellement vers les bateaux étran-
gers et en particulier vers les bateaux
allemands. Réalisable. En effet, imagi-
nez un consortium des colonies d'Afri-
que, A. Ü. F et A. E. F. créant et or-
ganisant un service de navigation mix-
te (passagers et marchandises). Com-
me première mise de fonds le place-
ment d'une bonne partie des fonds de
réserve et une contribution annuelle
de chaque colonie, représentant le
transport de ses fonctionnaires et le
fret de ses marchandises. Comme ma-
tériel, un nombre de bateaux pris a
l'Allemagne, en compensation des na-
vires coulés. Je ne serais pas surpris
si, dans quatre ou cinq ans, cette
nouvelle Compagnie n'avait pas réa-
lisé de fort beaux bénéfices. El je
connais beaucoup de commerçants dis-
posés à acheter des actions 'et à entrer
dans ce nouveau Conseil d'administra-
tion. Quelle heureuse coopération de
l'administration et du commerce ! Je
sais bien que l'Administration est liée
par un contrat. Mais tout contrat com-
porte une clause de résiliation. En tous
cas nos chantiers nationaux et privés
devraient être saisis de la question.
Un concours pour des tppes de bateaux
devrait être institué. Voilà de l'après-
guerre passionnante.
Mais pour que, ainsi que je l'indi-
quais plus liant, l'effort colonial soit
productif, il faut qu'il soit coordullné,
Chaque colonie adressant au Ministère
son plan de campagllc, avec devis dé-
taillé et rapport indiquant ses besoins,
ses ressources, son avenir, celui-ci se-
rait appelé, après avis du Conseil supé-
rieur des Colonies élargi, à détermi-
ner les travaux à entreprendre dans
l'ordre d'urgence et au besoin mettrait
en relations les colonies entre elles
pour les entreprises d'intérêt commun.
Telle est, à mon humble avis, la plus
belle tâche qui puisse tenter un hom-
me d'Etat. -
Je reconnais d'ailleurs que ces ques-
tions financières sont des plus délica-
tes pour nos colonies, mais elles tou-
chent de trop près à la vie et au déve-
loppement de nos colonies pour ne pas
être sérieusement examinées et bientôt
résolues. Parmi celles-ci, je citerai
la question des établissements ban-
caires. Ce n'est un secret pour person-
ne, les banques coloniales ne parais-
sent pas organisées pour faciliter les
opérations commerciales, industrielles
ou agricoles. Que de progrès à réaliser
en matière d'escompte, d'avances sur
titres, sur récoltes, sur marchandises 1
Le papier-monnaie émis par les ban-
que à privilèges - est-il bien celui qui
convient à l'indigène ? Ne pourrait-on
pas confier, comme cela se pratique
dans certaines colonies étrangères, le
soin de percevoir certaines recettes et
d'effectuer certains paiements de la
colonie aux banques elles-mêmes ? J'en
dirais autant de caisses d'épargne
créées ou à créer.
D'autre part, l'Administration la-tl-
le pris position sur la question de sa-
voir s'il était préférable de s'en tenir à
l'exercice financier, ou d'adopter l'an-
née financière ; sur celle des 'agences
spéciales, ce mal nécessaire que l'on
n'est pas arrivé à transformer en bien
nécessaire.
Je cite ces points de détail au cou-
rant de la plume. Il en est bien d'au-
tres qui mériteraient d'être cités, mais
je ne prétends ni être complet, ni trai-
1 ter chaque sujet à fond.
Raoul BRIQUET,
Député du Pas-de-Calais..
La Coopération Portugaise en Afrique
0-0-0-0,0-0
Dans le tome XII de'l'Histoire géné-
rale de Lavisse et Rambaud, M. Robert
de Caix, traitant des colonies portu-
gaises africaines en 1900, s'alarmait à
bon droit d'un traité secret signé en
1898 entre -l'Angleterre et l'Allemagne
qui n'aurait eu d'autre résultat qu'une
véritable mainmise sur ces possessions.
« Avec un peu de prudence, disait M.
« de Caix, le Portugal peut conserver
« tout au moins son domaine de la cô-
« te occidentale. Dans ce cas, il aurait
« encore devant lui un bel avenir. »
Le Portugal non seulement fut pru-
dent, (mais héroïque, quand la guerre
fut décLarée, il se rangea franchement
du côté de son alliée l'Angleterre, à qui
il offrit spontanément son matériel de
guerre et ses munitions.
Le 5 septembre 1914, une reconnais-
sance allemande se présenta devant le
fort portugais de Naulila pour exiger
des vivres. L'attitude arrogante des Al-
lemands les leur 'fit refuser et les fit
repousser à coups de fusils qui leur
tuèrent un officier et 3 soldats. Dans
une rencontre entre Allemands et Por-
tugais, les deux adversaires cnruuve-
rent des pertes réciproques. Mais le 18
décembre, 20CO Allemands exécutèrent
une véritable opération contre Naulila.
La belle résistance de la faible garni-
son portugaise lui permit de se retirer
des postes frontières sans que l'ennemi
osât traverser le Cunene.
Les Allemands du Sud-Ouest Afri-
cain continuèrent leurs agressions jus-
qu'à ce que le général boer Botha ait
occupé leur territoire à la tête. des trou-
pes de l'Union Sud-Afrkaine, mais ce
l'ut surtout par le soulèvement provo-
qué chez les Cuanhamas que l'Allema-
gne chercha à créer de grandes diffi-
cultés au Portugal.
Le 18 août-, les troupes portugaises
remportèrent une brillante victoire sur
les révoltés et le 7 septembre le calme
était définitivement rétabli grâce aux
mesures que les Anglais et Portugais
prirent d'un commun accord des deux
côtés des frontières.
La région revendiquée par les gou-
vernements allemand et portugais fut
considérée comme zone neutre et admi-
nistrée par une commission mixte
sous le contrôle du Gouvernement de
l'union Sud-Africaine.
Des événements très importants de
la guerre européenne ne tardèrent pas
à modifier cette situation par leur re-
percussion dans tous les territoires des
belligérants.
Le Portugal était certainement déci-
dé à une neutralité bienveillante envers
l'Entente.
Ces brillants et rapides succès con-
traignilrent les Allemands à l'évacua-
tion de Naulila et dégagèrent le Sud
de l'Angola portugais où des missions,
dites d'études ethnographiques, avaient
jeté prématurément les bases d'une
occupation .analogue à celle que prépa-
ra la mi'ssion du Grand-duc de Mec-
klenibourg au Cameroun , en 1911.
La disparition des Allemands de
l'Angola fut suivie immédiatement de
l'extension des relations commerciales
avec l'Angleterre.
Usant du droit d'angarie, comme je
l'écrivais dans les Annales Coloniales
du 20 mai 1916, le Portugal réquisition-
na les navires allemands réfugiés dans
ses ports. Le gouvernement de Berlin.
se basa sur le refus du versement d'une
indemnité préalable pour déclarer la
guerre .au Portugal, le 10 mars 1916,
geste qui répondait d'ailleurs au senti-
ment de la nation portugaise toute en-
tière.
Les Alliés eurent alors à leur dispo-
sition les excellents ports portugais de
la Côte occidentale d'Afrique et dès îles
qui en dépendent et qui auraient conti-
nué à servir de refuge aux écumeurs
allemands.
Dès le 8 mai 1916, les Allemands
avaient attaqué le peste portugais de
Nhica sur la Rovuma,formant frontière
entre l'Est-Afr.icain allemand et le Mo-
zambique. Un violent combat les rejeta
sur leurs positions de départ. La décla-
ration de guerre de l'Allemagne, que
le Portugal aurait été en droit de faire
le premier, amena les Portugais à pas-
ser à l'offensive et une lutte. très vive
s'engagea sur la Rovuma, lutte dans la-
quelle les troupes portugaises firent
preuve de bravoure et d'endurance au
point de mériter les plus grands éloges
de la part des officiers anglais qui les
accompagnaient.
Le commandant du navire portugais
appuyant les opérations côtières a été
tué.
Le 17 mai, les Allemands attaquent
-en vain le poste de Namoka, 3 euro-
péens et 2 indigènes portugais sont
tués par les balles dum-dum.
A Und'i, où ils furent également re-
poussés, les Allemands eurent 8 tués
et un grand nombre des leurs furent
tués uu disparurent. Le chavirage des
pirogues allemandes leur firent perdre
un matériel important. 'Malgré une vi-
goureuse attaque appuyée par des mi-
trailleuses, les Allemands ont échoué
dans la région de Kionga.
Fortement ébranlées par les offensi-
ves combinées des Anglais et des Bel-
ges, les troupes allemandes ne sau-
raient offrir une grande résistance aux
héroïques Portugais'qui, les premiers
parmi les neutres bienveillants, ont
franchement pris parti pour les Alliés
de l'Entente.
L'Allemagne elle-même viola le droit
en envahissant l'Angola en septembre
1914, elle injuria cet adversaire qu'elle 1
méprisait et ne pouvait atteindre di-
rectement..
Le Portugal riposta en collaborant
étroitement avec les Alliés anglo-bel-
ges qui, par une action commune, ana-
logue 'à celle qui réduisit le Cameroun,
fera tomber en notre pouvoir l'Afrique
orientale allemande où Guillaume II,
dans son rêve d'hégémonie allemande,
voulait faire aboutir son immense do-
maine colonial.
Gabriel COMBROUZE,
Député de la Gironde.
M. CLOZEL REJOINT SON POSTE
o-o-o
M. Clozcl, gouverneur général de
l'A. 0. F., venu se reposer trois mois
en France, arrivera à Dakar au com-
mencement de novembre, car il vient
de quitter la France pour, en passant
par l'Algérie et le Maroc, s'entretenir
avec M. Lutaud et le général Lyautcy
de différentes questions importantes
intéressant nos trois grandes posses-
sions africaines.
–;
A DJIBOUTI
-0-0-0---
Par décret en date du 5 octobre 1916,
rendu sur la proposition du ministre
des colonies, M. Fillon Victor, inspec-
teur général de 2° classe des colonies,
en mission à la côte française des So-
malis, a été délégué, momentanément
dans les fonctions de gouverneur de
cette colonie, en l'absence de M. Simo-
ni, rentré en convalescence.
LE COMITE D'ETUDE DE L'A. 0. F.
o-o-o
« Les recherches d'ordre scientifique
sont essentiellement utiles à la bonne
organisation et la bonne administra-
tion de l'A. 0. F. », ainsi s'exprimait
M. le Gouverneur général Clozel, dans
sa circulaire du 11 décembre 1915,
créant un comité d'études historiques
et scientifiques de l'A. 0. F.
Le premier annuaire de ce comité,
qui vient de paraître, contient les étu-
des les plus remarquables sur l'histoi-
re, l'ethnographie, le folklore et la
parasitologie. Ces questions, traitées
par les membres correspondants de ce
comité, font honneur à leurs auteurs
dont l'exemple est à suivre par les
grandes colonies de notre empire d'ou-
tre-mer. Les Annales Coloniales en
reparleront.
♦
Les Annales Coloniales publieront,
samedi prochain, les articles de MM.
RAOUL BRIQUET, HENRI LABROUE et
HENRI CasNiER, députés.
Une grande ville africaine au XX8 siècle
0-00-0-0-0
Bai lIi. Xachligal, Mungo Park, nous
ont fait des descriptions enthousias-
tes des grandes agglomérations arabes
telles que Tombouctou la Mystérieuse
Djenné, dans le bassin moyen du Ni-
gcr, villes dont nous ne vîmes plus
guère que les ruines et les vestiges de
leur ancienne prospérité.
Après quatre jours de voyage en
sleeping-car, je me trouvai transporté
de Lagos sur le golfe de Guinée à Ka-
no, à quelque mille kilomètres dans
l'intérieur, aux confins du désert. A
proximité de la station du railway on
se trouve dans la ville commerciale et
européenne, qui ne diffère pas de tous
les groupements européens de l'Afri-
que Occidentale. Toutes les firmes an-
glaises, françaises et allemandes instal-
lées à Lagos, ont leur comptoir à Ka-
no : John Walk, Russel, Miller, Oli-
vant, Zachomis, C. F. A. 0., Geiser,
etc., etc. La C. F. A. 0., dirigée à
Kano par M. Allègre, est fort bien
installée et l'accueil qu'on y reçoit fait
rapidement oublier la longueur du tra-
jet de Lagos à Kano. L'administration
de la. Nigéria a fait construire à l'extré-
mité nord de l'escale commerciale un
camp de passagers ou nous allons nous
installer assez confortablement dans
des cases spacieuses à couverture de
chaume.
La Résidence, autour de laquelle
sont groupés les locaux administratifs,
se trouve à deux bons kilomètres vers
le nord-est, dans une petite oasis. C'est
à peu près tout ce que voit le fonction-
naire ou colon se rendant à Zinder.
Mais, ayant oui dire que l'intérêt de
notre chemin de fer du Dahomey était
de drainer vers Cotonou le trafic des
caravanes de Sokoto et de Kano, j'a-
vais conclu à l'existence de marchés
importants dans ces régions et après
m'ètre renseigné, je profitai du retard
des chameaux de bât qu'on m'envoyait
de Zinder pour aller, dès le lendemain
de notre arrivée à Kano, visiter la ville
indigène située à trois kilomètres en-
viron à l'ouest de la station et du camp
de passagers.
A l'extrémité du plateau dénudé, une
haute muraille crénelée se profile,
c'est l'enceinte fortifiée de neuf kilo-
mètres de circonférence, percée de
quelques pdrtes étroites auxquelles on
accède par un petit pont franchissant
le fossé extérieur.
La porte principale ressemble à celle
d'un de nos vieux châteaux-forts et
quelques bas-reliefs la surmontent et
l'encadrent. Cavaliers, méharistes, pié-
tons, bourricots pliant sous le faix,
tous se pressent de chaque côté et on
passe difficilement. Par des rues tor-
tueuses comme un vrai labyrinthe au
milieu de maisons à terrasses et en ter-
re battue, on débouche sur une vaste
place à l'extrémité de laquelle une
mare étale une eau croupissante où les
vautours viennent se désaltérer. En
bordure de cette place, il y a le mar-
ché. Sous des arcades, les marchands
sont installés.
Certains coins ressemblent à no-
tre marché de la ferraille; on y trouve
les objets les plus disparates. Les gens
de Tripoli vendent les belles étoffes
arabes, il y a des boutiques de sel gem-
me de Goumel, d'arachides, de verrote-
rie, et de toute la bimbeloterie africai-
ne. Les acheteurs et les marchands
trouvent sur place de quoi se susten-
ter, les marchandes de beignets, de ba-
nanes frites et de miel analogue à nos
bâtons de guimauve sont nombreuses.
Tous les fards indigènes, le kiwI, la
pille dentifrice, et autres produits de
beauté, sont à profusion.
A côté de ce marché couvert, qui
s'étend au loin dans la ville même, il
y a le marché aux bestiaux, aux che-
vaux et animaux de toute espèce. La
foule était si compacte lorsque j'y pas-
sai, que la circulation était très diffi-
cile, et que, pour me rendra _c.héz
le chérif Ahmed ben Guenalba, que
l'on m'avait recommandé de visiter,
je dus cheminer lentement dans les
rues parfois très étroites, bordées
de hautes murailles presque sans ou-
vertures extérieures. Presque toutes les"
portes sont ouvragées et-leur encadre-
ment est orné de figurines et de signes
arabes. Sur une toute petite place, qui
est plutôt un évidement entre ces ruel-
les, s'élève une haute construction de
pisé.
De nombreux indigènes au visage
presque caché sous le cheich de tulle,
sont accroupis et égrènent leur cha-
pelet. Sous une voûte basse et épaisse,
on trouve une sorte d'antichambre
d'où, par un couloir obscur et à nom-
breux méandres on parvient, au bout
de cinq minutes qui semblent bien lon-
gues, à une vaste salle haute d'une di-
zaine de mètres, où le jour ne pénè-
tre que par une petite ouverture supé-
rieure. C'est la salle d'audience du Ché-
rif, que je distingue à peine au milieu
des coussins et des peaux. Après les
salutations d'usage et l'exposé de mes
états de service tant à Biskra, où j'é-
tais voisin du tombeau du grand
marabou Sidi Okba, qu'en Mauritanie,
où j'étais l'ami de Cheikh Sidia et de
Sidi Mohammed, le Chérif fit venir du
lait, des dattes et du rakahoum (prove-
nance directe de Constantinople viâ
Tripoli). Il me dit que ses caravanes,
grâce à notre police efficace du Saha-
ra, circulaient facilement de Kano à
Tripoli viâ Agadès. Il me cita même
une de ses clientes de Constantinople.
Son frère, que je vis plus tard à
Zinder, était son transitaire : c'est
chez lui que je fus reçu par le sultan.
d'Agadès. Le Chérif Guénalba me fit
visiter ses nombreux magasins rem-
plis de pointes d'ivoire, de peaux de
bœufs, de balles de plumes d'autru-
ches et de nombreuses étoffes. Chef
incontesté de Kano, le Chérif est un
puissant auxiliaire de l'administration
locale.
Plus tard, à Zinder, je me rendis
compte de l'étendue de son prestige.
Ainsi que me l'avait dit le Résident
anglais de Kano, qui me reçut si aima-
blement, les jours de marché, Kanp
compte 100.000 individus. Sa popula-
tion normale est de près de 80.000 ha-
bitants. Il est bon d'ajouter que c'est
grâce à la sécurité que nos troupes as-
surent à la frontière septentrionale de
la Nigéria que cette ville et toute la ré-
gion avoisinante ont pu conserver leur
prospérité commerciale.
Les Anglais rendent du reste à no-
tre service de protection l'hommage
qui lui est dû. De notre côté, l'utilisa-
tion de la voie Lagos-Kano a facilité
grandement la relève de nos troupes
du Zinder et du Tchad, et le ravitaille-
ment de nos postes qui, par la voie Co-
tonou-Niamey-Zinder, était. long et
coûteux.
MONOF.
AU CAP JUBY
o-o-o
Voccupation officielle du cap Juby (an-
cienne capitale du royaume éphémère de
Vempereur du Sahara) par le gouverne-
ment espagnol mettra lin aux fréquentes
méprises dont ce fortin maure fut l'objet.
Unc des plus amusantes fut celle d'un
commandant d'un croiseur cuirassé qui
ne trouva rien de mieux que d'amener un
jour le pavillon marocain et de lui subs-
tituer le pavillon français, protprio motu.
Quelques semaines plus tard, le pauvre
commandant jetant l'ancre devant le for-
tin, envoyait quelques matelots recher-
cher notre pavillon et-le pavillon maro-
cain était de nouveau hissé en tête de
mât.
Il serait bon que nos commandants de
navire aient des notions plus précises sur
l'étendue de nos zones d'influence le long.
des côtes d'Afrique.
D'après notre confrère Le. Bulletin du
Comité de l'Afrique française des mots
d'août et septembre 1916, c'est le lieute-
nant-colonel D. Francisco Bens qui dé-
barqua le 30 septembre dernier au cap
Juby et assuma provisoirement la repré-
sentation de S. A. chérifienne le khalifat
Mouley-el-Mehdi. THIAT.
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