Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1916-08-19
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32693410p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 11726 Nombre total de vues : 11726
Description : 19 août 1916 19 août 1916
Description : 1916/08/19 (A17,N35). 1916/08/19 (A17,N35).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
Description : Collection numérique : Thème : L'histoire partagée Collection numérique : Thème : L'histoire partagée
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6450145g
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 31/01/2013
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LES ANNALES COLONIALES sont le seul Journal Colonial
ne publiant que des articles inédits.
Les Manuscrits non insérés ne sont pas rendus.
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La Conquête du Cameroun
(1914.191S)
0-0-0-0-0-0
Au furet à mesure de leur airrivée
en France, les communiqués officiels
des opérations des colonnes du Ca-
meroun ont été publiés par les Anna-
les Coloniales. Le Bulletin du Comité
de l'Afrique française du mois de juin
1916, étudie d'une façon très détaillée
le rôle des colonnes françaises dans la
campagne dui Cameroun.
On y trouve quelques intéressants
compléments -aux informations parti-
culières que les Annales Coloniales ont
été les premières à publier et aux ar-
ticles que j'ai moi-même donnés dans
ce journal. Le moment semble de plus
venu de jeter un coup d'œil d ensem-
ble sur les remarquables opérations
des colonnes françaises auxquelles leb
troupes belges et anglaises ont appor-
té un utile concours.
Dès la nouvelle de la déclaration de
guerre, le gouvernement de l'Afrique
équatoriale songea à prévenir la Colo-
nie d'une attaque 'imprévue, à assurer
la liaison permanente des diverses
subdivisions administratives du grou-
pe et à faire respecter la liberté inter-
nationale du fleuve.
Le 22 juin 1914, les Allemands
avaient violé la neutralité du fleuve
Congo en visitant le vapeur fiançais
Bretonnet malgré les justes protesta-
tions de T administrateur en chef Le-
prince. L'article 11 de l'Acte de Ber-
lin du 26 février 1885 déclarant la neu-
tralité du Bassin conventionnel du
Congo ne serait donc « qu'un chiffon
de papier ».
Le 6 août, le poste allemand de
Bonga, à la pointe méridionale de
l'antenne de la Sangha était occupé
par le sous-l.ieutenant Deback (tué glo-
rieusement en 'Champagne le 25 sep-
tembre 1915 au moment où il allait
être promu capitaine en récompense
de sa brillante .conduite aux combats
de Beauséjour et de Ville-suT-Tourbe)
L'antenne septentrionale allemande
est reprise en partie dès le 12 août par
l'occupation de Zinga et M'Baiki par
des troupes de l'Oubangui-Chari.
Pendant que la Belgique essayait de
* faire respecter la neutralité du bassin
conventionnel du Congo, les Alle-
mands attaquaient le 22 août le peste
belge de LUikuga, sur le Tanganika ;
le 23 du même mois, les Européens Ju
poste d'Ouesso sur la N'Ggoko
échouaient dans leur attaque sur M'Bi
rou et étaient massacrés. La réoccu-
pation d'Ouesso par le commandant
Joly, venu de Bonga, permit decon:
tituer dans ce poste la base solide des
opérations futures dans la Haute San
gha et la Lobaye qui, avec celles que
l'on dirigeait vers Cocobeach, retien-
draient sur la périphérie du Came-
roun les troupes allemandes et empê-
cheraient leur jonction avec les trou-
pes de l'ancien Cameroun opposées
au général Dobell.
La colonne de la Sangha, comman-
dée par le lieutenant-colonel Hutin ne
pouvant remonter la N'Goko plus haut
que Tiboundi, plaça une troupe d'ob-
servation dans cette direction, puis se
posta vers Nola, sur la Haute Sangha
qu'elle occupa le 19 août après avoir
livré de violents" combats à Djembé et
à Nola. L'ennemi entreprenant et dé-
terminé était armé de nombreuses mi-
trailleuses fort bien approvisionnées
et semblait appliquer d'une façon re-
marquable les principes de la guerre
d'embusquade à laquelle se prête si
bien cette région boisée et mrurocageu-
se. Au moment où nous nous empa-
rions de Nola, et où nous faisions no-
tre jonction avec la colonne Morisson
à «Banda, la reprise de Djembé coupait
la colonne Hutin de sa base d'opéra-
tions. C'est en allant rétablir les com-
munications avec la colonne de la
Sangha que le gouverneur Lucien
Fourneau fut grièvement blessé.
Pour enlever Dzimou où les Alle-
mands s'étaient solidement organisés,
il fallut que le général Aymerich s'y
reprît à deux fois, mais l'ennemi ne
put résister aux valeureuses troupes
franco-belges appuyées par le tiT des
vapeurs Commandant Lamy, Mossa-
ka et de la çannonière belge Luxem-
bourg. Le 27 août Les couleurs fra.nco-
belges étaient hissées sur le poste de
Dzimou où arrivait la flotille du lieu-
tenant-colonel Hutin.
Cet infatigable officier remarqua-
blement secondé par ses .soldats et par
le détachement belge du lieutenant
Bal ne se laissa pas décourager par
une première tentative infructueuse
et le 21 décembre, Moloundou était
évacué par l'ennemi qui nous avait
énergiquement résisté pendant deux
jours et qui nous abandonnait un im-
portant matériel et des munitions.
Ouesso était enfin dégagé.
La colonne de la Lobaye, composée
de 700 hommes de l'Oubangui-Chari
est commandée par le lieutenant-co-
lonel Morisson qui s'illustra jadis par
sa décision rapide dans les opérations
contre Bademba et Samory.
Par un véritable raid de plus de
800 kilomètres sous des pluies abon-
dantes et parmi les plaines maréca-
geuses de la Lobaye et de la Kadéï, la
colonne Morisson s'empara de Makan-
dja, Carnot, G.aza, et rejeta l'ennemi
sur la rive droite de la Boumbé II qui
formait l'ancienne frontière franco-al-
lemande avant 1911.
Par la prise du poste de Batouri, le
plus fortifié de la. région, nous avons
pu pousser nos avant-gardes sur la
Pounué et assurer, par l'occupation de
Bertoua et de Ngiulabo, la protection
des frontières dé l'ancien Cameroun
tout en maintenant en face de nous
des forces importantes qui ne pou-
vaient pas plus que celles de la N'Go-
ko se porter contre nos alliés et nos
camarades français commandes par le
général Dobell. L'héroïsme et la bra-
voure des troupes franco-belges
avaient effacé l'affront de marchan-
dage de 1911.
La colonne du Tchad dont les bril-
lantes opérations ont été résumées
dans les Annales Coloniales du 1er
avril 1916 par M. Marcel Ruedel et du
1er jUiÏllet par Monof, livra de vio-
l'entsoombats à Kousséri, à Mora
qu'elle investit étroitement, mais les
Allemands ne purent résister ni à la
stratégie -du général Largeau ni à la
tactique du colonel Brisset et le 14 dé-
cembre 1914, tout le Cameroun septen-
trional était débarrassé desf Allemanas
dont quelques-uns seulement allaient
sous peu capituler sous Mora.
La colonne du Gabon fut d'abord
péniblement éprouvée par la perte de
son chef, le commandant Dubois de
iSaligny dans sa première rencontre
avec l'ennemi ; le culbuta ensuite à
Mimbang et s'installa à N'Kouguégué
d'où elle se relia ultérieurement aux
troupes du lieutenant-colonel Mique-
lard qui avaient enlevé Cocobeach.
Après des ,al te r.n.atiy.es de succès et
d'insuccès et surtout après des luttes
d'une extrême violence, les lieute-
nants-colonels Miquelard et Le Meil-
lour s'établirent solidement en territoi-
re allemand.
Le corps expéditionnaire franco-bri-
tannique du général anglais DQbell,
après avoir débarqué à Douala, s'éten-
dit en éventail autour de la capitale
du Cameroun et" malgré les vigoureu-
ses contre-attaques de l'ennemi, prin-
cipalement sur l'Edéa, le général Do-
bell que secondait utilement le colonel
français Mayer, occupait en janvier
1915 le pays situé à l'ouest de la ligne
Moundek-Yabassi-Edéa, à l'embouchu-
re de la Sanaga et Kribi. Les troupes
alliées étaient prêtes à attaquer l'enne-
mi partout où il montrerait de l'acti-
vité.
Telle était la situation au moment
de la première conférence de Douala
au cours de laquelle une coopération
plus intime fut décidée.
Henri COSNIER,-
Député de - Vlndre,
Les Annales Coloniales publieront,
samedi prochain, les articles de MM. :
HENRI COSNIER, député de Vlndre ;
HENRI LABROUE, député de la Gi-
ronde ;
HENRI MICHEL, sénateur des Basses-
Alpes.
Une Colonie de Famille
o-o-o-o
J'ai déjà eu l'occasion de parler sou-
vent ici-même et au Parlement de la
situation de la famille Goupil à Tahiti.
J'ai dit comment, par la complicité
d'un membre de sa famille, receveur
d'enregistrement dans la colonie, les
opérations d'immatriculations s'étaient
passées de façon particulièrement re-
grettable. Maintes enquêtes furent fai-
tes qui établirent que M. Vermeesch
devait au plus tôt cesser des fonctions
qui n'avaient que trop duré. Une per-
ception de droits particulièrement dé-
savantageuse pour la colonie avait, à
la veille de la mobilisation, fait déci-
der son rappel.
s II est vrai, d'ailleurs, qu'à ce mo-
ment la famille, avec la complaisance
des pouvoirs publics, donnait l'assaut
de toutes ses forces contre l'avocat qui
depuis 10 ans s'était institué lé défen-
seur des indigènes. On avait organisé
contre lui une procédure de suspen-
sion inique. En parcourant ce dossier
alors, je me rappelle avoir éprouvé
une véritable ,impre,ssion de terreur
analogue à celle que je ressentis lors-
qu'au temps de ma jeunesse je lisais
les aventures tragiques de la bande
d'Orgères : mêmes audaces stupéfian-
tes, mêmes parodies de justice, même
avidité ingénieuse à imaginer les raf-
finements de cruauté les plus étranges.
J'avais, grâce à cette guerre terri-
ble, tout à fait oublié Tahiti, quand
un incident m'a remis tout le détail
dans l'esprit.
M. Ve-rmeesch quî-devari partir, est
plus que jamais réinstallé dans la co-
lonie. Il est en outre membre du Con-
seil d'administration. Il continue donc,
en qualité de beau-frère de M. Gou-
pil, à présider et avec quelle science,
aux immatriculations de propriété in-
téressant M. 'Goupil.
Mais comme cela ne suffisait pas aux
:intérêts de la famille, il paraît que
dans toute la magistrature coloniale,
.il n'y avait pas d'autre président inté-
rimaire pour le tribunal de Tahiti que
le neveu de M. Goupil ! Et c'est lui qui
fonctionne et de quelle façon !
Bien mieux, aujourd'hui la persécu-
tion est reprise systématiquement con-
tre l'avocat défenseur, successeur de
M. Delpit. Il ne faut pas, en effet, que
les indigènes en contradiction d'inté-
rêt avec M. Goupil et sa société puis-
sent trouver quelqu'un pour les assis-
ter. C'est donc le président" intérimai-
re lui-même qui vient de prononcer
une peine de suspension d'un mois
contre l'avocat indépendant. Je recon-
nais que son crime était considérable :
dans des conclusions au sujet de l'ap-
pel d'une affaire jugée à Tahiti lors-
qu'il s'agit d'un pauvre diable d'indi-
gène qu'on veut déposséder, l'avocat
défenseur n'avait pas craint d'émettre
certaines critiques, bien anodines d'ail-
leurs. Elles suffirent cependant de
prétexte à ce singulier jugement qui
ose noter comme particulièrement in-
jurieux les passages suivants :
« Ce jugement dans ses motifs com-
me dans son dispositif est confus, contra-
dictoire. » « il profite à l'une des par-
ties sur des motifs aussi erronés en fait
qu'en droit. » La déclaration du juge « a
de quoi étonner et surprendre., elle n'a
aucun caractère juridique ni logique. »
Si l'enquête est valable, il n'est « pas pos-
sible d'admettre une préférence du ma.
gistrat pour l'une au détriment de l'au-
tre et les deux enquêtes doivent être exa-
minées avec le môme sens critique et
impartial ». « Il y a lieu d'en appré-
cier le mérite (de l'enquête) sans interpré-
tations péjoratives ou défavorables. »
« Le magistrat du premier siège malgré
sa prévention ». « Que l'enquête était
superfétatoire et inutile. Qu'il ne semble
pas que le Tribunal de première instance
se soit livré à l'examen et à la confronta-
tion des actes de l'état-civil versés au
dossier. »
Les passages en italiques sont souli-
gnés dans le jugement de suspension.
Pourtant il est vraiment trop clair que
dans les conclusions incriminées, il
n'y avait pas de quoi fouetter un chat.
Il n'y a pas un avocat en France qui,
à l'occasion, n'en ait dit autant de ceT-
taines décisions trop excentriques. Le
parti pris dans la circonstance est évi-
dent et si ce magistrat avait le moin-
dre scrupule, il se refuserait à siéger
davantage dans un tribunal qui à cha-
que instant a à connaître des intérêts
directs ou indirects de sa famille.
Est-ce trop demander au Ministère
des Colonies que Tahiti redevienne co-
lonie française et cesse de constituer
pour une famille un fief au sens mé-
diéval du mot.
Maurice VIOLCETTE,
Député d'Eure-et-Loir.
La Cartographie en A. O. F.
o-o-o-o-o
Par une circulaire du 19 juillet 1916, M.
le gouverneur général p. i. Angoulvant
adresse aux lieutenants gouverneurs de
l'A. 0. F. des indications précises sur l'éta-
blissementy ou la mise à jour de la carte
à l'échelle de 1/2.000.000 du gouvernement
général de l'A. 0. F.
Depuis l'établissement des dernières
cartes de l'Afrique occidentale française
par le Service géographique les Colonies et
Territoires du groupe ont subi d'importan-
tes modifications : plusieurs frontières ont
été remaniées ou précisées, des change.
ments nombreux ont été apportés tant
dans les limites des circonscriptions teiTi-
toriales que dans leurs subdivisions, des
postes ont été créés ou supprimés, des
voies ferrées et des routes ont été cons-
truites, des lignes télégraphiques établies.
Il est peu probable que ces territoires su-
bissent de longtemps d'autres modifica-
lions et les cartes ainsi établies d'après
des règles précises tant an point de vue du
tracé que des inscriptions permettront Vé*
tabïisement d'une carte d'ensemble par le
Service géographique de VA. 0. F. qui a
fourni de très remarquables travaux.
Ainsi que le prescrit cette circulaire, ces
carltes sont-surtout destinées à suivre la vie
politique et administrative de chaque Colo-
nie. Nous n'aurons plus ces croquis fantai-
sistes dressés par des topographes ama-
leurs qui rendaient l'assemblagetrès diffi-
cile et étaient souvent remplis d'erreurs
grossières.
Les divisions administratives sont défini-
tivement dénommées : cercle, et subdvi-
s ions.
En définitue, ces cartes devront, avant
tout, être claires et précises, ne contenir
que les indications nécessaires et iHre dé-
gagées de toutes inscriptions et de tous
tracés sans utilité.
Le Gouverneur général recommande en
outre :
Lorsque dans un télégramme, une lettre
ou un rapport, il sera fait allusion à une
localité non portée sur la carte établie en
exécution de la présente circulaire, la posi-
tion géographique de ce point devra ôtre
indiquée aussi exactement que possible par
rapport à la localité ou aux localités les
plus voisines mentionnées sur cette carte.
Ces mesures sont excellentes mais il fau-
dra bien veiller à ce que les travdux topo-
graphiques ne soient confiés qu'à des topo-
graphes consciencieux. La topographie doit
donc faire partie du bagage scientifique de
tout agent de notre admnistralion colo-
niale comme elle est exigée des sous-offi-
ciers et des officiers.
Tout rapport de la moindre tournée ad-
ministrative devra être accompagné d'un
croquis exécuté selon les prescriptions de
la circulaire du 19 juillet 1916. C'est lenneil-
leur moyen de tenir nos topographes en ha.
leine. Nous souhaitons que les exemplaires
de cette nouvelle carte de l'A. 0. F. soient
répandus à profusion dans la métropole et
surtout tirés à plus grande échelle pour des
cartes murâtes scolaires qui constituent le
Ji meilleur moyen de propagande coloniale.
.,:" _.;.,.', MONOF.
Nos Soldats d'Afrique
O-O-O-O-Û-O
J'ai dit, dans mon dernier article,
que nous avions été invités, mon ami,
M. Colin, et moi, à assister à l'inaugu-
ration du Kaoua algérien, dû à l'ini-
tiative et à la générosité d'une femme
aussi remarquable par les qualités. du
cœur que par celles de l'esprit, Mada-
me la comtesse de Cardol J'ai dit aussi
avec quelle bonne grâce exquise, sous
l'œil bienveillant de Madame la du-
chesse d'Uzès, toujours prête à donner
son concours aux Œuvres d'assistance
nées de la guerre, les dames patron-
nesses avaient servi thé, café, limona-
- - - -
de, boissons hygiéniques, cigares et ci-
garettes, à nos braves troupiers d'Afri-
que, retrouvant au Kaoua une sorte de
« chez soi » auquel ils ne sont pas plus
insensibles que les soldats de France.
Les limites forcément restreintes d'un
article ne m'ont pas permis de faire al-
lusion aux paroles éloquentes, parce
que simples mais émouvantes, que
prononça, à l'occasion de cette cérémo-
nie familiale, mon collègue d'Alger. Il
me plaît d'y revenir aujourd'hui.
Colin connaît les Arabes aussi bien
que l'homme du monde qui les connaît
le mieux. Il sait les progrès réalisés en
Algérie et dans tout notre domaine
africain par les idées françaises. Mieux
que quiconque il peut traduire tout ce
qu'il y a, dans l'âme musulmane, d'at-
tachement à notre beau pays de Fran-
ce, dont nous n'exaltons pas toujours
les mérites comme nous devrions le
faire. Combien de fois, si'emparant des
critiques aussi injustes qu'exagérées de
certains détracteurs français, nos enne-
mis n'ont-ils pas représenté la France
comme incapable de coloniser ! Colin
a vu la mère-patrie à l'œuvre et peut
en parler en connaissance de cause.
Dans une improvisation, toute de
cœur, il loua donc, en termes dignes
du sujet, la vaillance arabe mise au
service, de notre pays, la loyauté et la
fidélité arabes, l'ardeur et la passion
de l'Arabe,- de l'Algérien, du Tunisien,
du Marocain, du Sénégalais à se récla-
mer de la France et à revendiquer leur
titre de Français. L'auditoire tout en-
tier lui fit une ovation méritée.
Que dire après lui ? Invité, à mon
tour, à prendre la parole, j'étais, je l'a-
voue, 'quelque peu embarrassé. Une
lecture que j'avais faite quelques jours
auparavant me tira cfaffaire. Connais-
sez-vous le livre de M. Maurice Gan-
dolphe : « La Marche à la Victoire « ?
Il est écrit avec esprit et verve. Ai-je
besoin d'ajouter qu'il respire d'un bout
à l'autre la confiance inébranlable en
la victoire. Son titre seul l'indique : il
sonne comme profession de foi clai-
ronnante et prophétique. Mais l'auteur
ne déduit pas dans un ordre savant et
méthodique ses raisons, nos raisons
d'espérer. Il expose, il conte, et l'âme
guerrière de la France avec ses qua-
lités natives ou acquises par quinze siè-
cles de lutte sur tant de champs de ba-
taille mise à nu par. les mille et un
incidents des combats quotidiens, y
apparaît dans sa beauté rayonnante.
M. Maurice Gandolphe consacre un
des chapitres de son livre à « Ceux
d'Afrique ». Je me rappelai en quels
termes, laissant parler les faits, il exal-
te la vaillance, la loyauté, l'attache-
ment à la France de nos spahis, tur-
cos, tirailleurs, etc., etc. C'était, on le
voit, le sujet même qu'avait traité mon
ami Colin. Je ne pouvais que le suivre
sur ce terrain. Les exploits cités, par M.
Maurice Gandolphe devaient me servir-
à illustrer cette thèse. On me permet-
tra de lui emprunter quelques exem-
ples, que je reproduirai sans y chan-
ger un mot. Ces traits merveilleux sont
à l'honneur et à la gloire de nos sol-
dats d'Afrique.
Ecoutez le récit suivant, et dites-moi
si nos braves Africains connaissent la
peur :
« A l'une des batailles de l'Aisne, le
« colonel de B., inspectant nos li-
« gnes, aperçoit deux cavaliers maro-
« cains démontés qui, à vive allure,
« marchent vers la mousquetade :
« Où est ton régiment ? demande-
« t-il à celui qui fait brigadier.
« Ma colonel, chevaux tués, régi-
« ment perdu quatorze jours.
« Qu'est-ce que tu as fait pendant
« ces quatorze jours ?
- « Ma colonel, fait la guerre.
- « Comment, fait la guerre ?
- « Ma colonel, marché toujours
« côté canon, demandé cartouches ca-
« marades, tiré les Allemands.
« Le colonel, qui est d'Afrique, n'in-
« siste pas, ajoute M. Maurice Gan-
« dolphe, mais explique aux deux
« amateurs qu'un régiment de , spahis
« est justement là, en réserve, tout
« près : il va les conduire, on leur don-
« nera des chevaux.
« Ça bon. Et enroule !
Mais voici qu'après cent mètres
« vers la seconde ligne, les Marocains
« s'arrêtent et clament :
« Ma colonel, ma colonel, toi
« trompe ton chemin.
« Comment ? demande le colonel
cc un peu interloqué.
« Alors, l'orateur des deux, retourné
« vers la ligne fumante des schrap-
« nells :
« LA GUERRE PAR LA, MA COLO-
« NEL. ET SPAHIS TOUJOURS A LA
« GUERRE. »
Sans commentaires, n'est-ce pas ? Ce
mot n'est-il pas tout bonnement subli-
me dans sa naïve simplicité ?
Henri MICHEL
Sénateur des Basses-Alpes.
La Médaille des
épidémies en A.O.F.
----cM).C)--
Nous retrouvons dans le journal de l'A.
0. F. la liste des récompenses accordées au
personnel si dévoué des formations sani-
taires à l'occasion de l'épidémie de peste
qui sévit à Dakar en 1914, récompenses qui
ont paru à i'Officiel il y a quelque temps.
Il y a une omission, certainement invo-
lontaire, que je tiens à signaler, car je
fus témoin du dévouement dont fit preuve
le docteur Duhourcan, médecin-major de
2e classe des troupes coloniales.
Parti de Dakar le 5 octobre 1914, avec
un bataillon de tirailleurs sénégalais, le
docteur vint m'avertir un matin qu'un
tirailleur tombé dans le coma semblait
présenter bes symptômes de la peste. Dès
cet instant, le docteur Duhourcan lit
prendre toutes les précautions d'usage et
ne quitta pas le malade auquel il donna
personnellement bes soins les plus dé-
voués. Le tirailleur, réellement atteint de
la peste, mourut cependant le lendemain
matin à huit heures et nous Vimmerged-
mes en lui rendant de notre mieux les
honneurs. Grâce au sang-froid et à l'habi-
leté du médecin du détachement, l'épidémie
ne se propagea pas pendant les sept jours
de notre quarantaine au lazaret du Frioul.
CHERIF.
Un Monument
à Justin Devès
o-o-o
M. Pierre Chimère, premier adjoint a
commune de Saint-Louis du Sénégal, a
adressé au conseil municipal le vœu sui-
vant de la population indigène :
La mort vient de nous ravir notre excel-
lent maire, M. Justin Devès.
Nous, délégués de la population des quar-
tiers Nord, Sud, Guet-n'Dar, n'Dar-Toute et
Sor, venons vous demander de saisir vo-'
tre conseil municipal de notre désir d'éle-
ver un monument sur une place pub tique
de la ville qui portera le nom de Justin
Devès dont tous les efforts ont tendu au
relèvement de l'indigène.
Ce monument est un acte de reconnais.
sa/fice que nous devons à sa mémoire, et
portera la devise suivante : te L'indigène
reconnaissant )).,
(Suivent les signatures.)
Je ne puis que m'associer à cette belle
manifestation de gratitude des humbles
qui, ainsi que je l'écrivais dans les Annales
Coloniales du 25 juillet 1916, ont été tou-
jours protégés par leur maire.
THIAT.
Lire en deuxième page :
L'Office de l'Algérie.
Un Voyage de M. Angoulvant.
Mouvement Consulaire.
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Au furet à mesure de leur airrivée
en France, les communiqués officiels
des opérations des colonnes du Ca-
meroun ont été publiés par les Anna-
les Coloniales. Le Bulletin du Comité
de l'Afrique française du mois de juin
1916, étudie d'une façon très détaillée
le rôle des colonnes françaises dans la
campagne dui Cameroun.
On y trouve quelques intéressants
compléments -aux informations parti-
culières que les Annales Coloniales ont
été les premières à publier et aux ar-
ticles que j'ai moi-même donnés dans
ce journal. Le moment semble de plus
venu de jeter un coup d'œil d ensem-
ble sur les remarquables opérations
des colonnes françaises auxquelles leb
troupes belges et anglaises ont appor-
té un utile concours.
Dès la nouvelle de la déclaration de
guerre, le gouvernement de l'Afrique
équatoriale songea à prévenir la Colo-
nie d'une attaque 'imprévue, à assurer
la liaison permanente des diverses
subdivisions administratives du grou-
pe et à faire respecter la liberté inter-
nationale du fleuve.
Le 22 juin 1914, les Allemands
avaient violé la neutralité du fleuve
Congo en visitant le vapeur fiançais
Bretonnet malgré les justes protesta-
tions de T administrateur en chef Le-
prince. L'article 11 de l'Acte de Ber-
lin du 26 février 1885 déclarant la neu-
tralité du Bassin conventionnel du
Congo ne serait donc « qu'un chiffon
de papier ».
Le 6 août, le poste allemand de
Bonga, à la pointe méridionale de
l'antenne de la Sangha était occupé
par le sous-l.ieutenant Deback (tué glo-
rieusement en 'Champagne le 25 sep-
tembre 1915 au moment où il allait
être promu capitaine en récompense
de sa brillante .conduite aux combats
de Beauséjour et de Ville-suT-Tourbe)
L'antenne septentrionale allemande
est reprise en partie dès le 12 août par
l'occupation de Zinga et M'Baiki par
des troupes de l'Oubangui-Chari.
Pendant que la Belgique essayait de
* faire respecter la neutralité du bassin
conventionnel du Congo, les Alle-
mands attaquaient le 22 août le peste
belge de LUikuga, sur le Tanganika ;
le 23 du même mois, les Européens Ju
poste d'Ouesso sur la N'Ggoko
échouaient dans leur attaque sur M'Bi
rou et étaient massacrés. La réoccu-
pation d'Ouesso par le commandant
Joly, venu de Bonga, permit decon:
tituer dans ce poste la base solide des
opérations futures dans la Haute San
gha et la Lobaye qui, avec celles que
l'on dirigeait vers Cocobeach, retien-
draient sur la périphérie du Came-
roun les troupes allemandes et empê-
cheraient leur jonction avec les trou-
pes de l'ancien Cameroun opposées
au général Dobell.
La colonne de la Sangha, comman-
dée par le lieutenant-colonel Hutin ne
pouvant remonter la N'Goko plus haut
que Tiboundi, plaça une troupe d'ob-
servation dans cette direction, puis se
posta vers Nola, sur la Haute Sangha
qu'elle occupa le 19 août après avoir
livré de violents" combats à Djembé et
à Nola. L'ennemi entreprenant et dé-
terminé était armé de nombreuses mi-
trailleuses fort bien approvisionnées
et semblait appliquer d'une façon re-
marquable les principes de la guerre
d'embusquade à laquelle se prête si
bien cette région boisée et mrurocageu-
se. Au moment où nous nous empa-
rions de Nola, et où nous faisions no-
tre jonction avec la colonne Morisson
à «Banda, la reprise de Djembé coupait
la colonne Hutin de sa base d'opéra-
tions. C'est en allant rétablir les com-
munications avec la colonne de la
Sangha que le gouverneur Lucien
Fourneau fut grièvement blessé.
Pour enlever Dzimou où les Alle-
mands s'étaient solidement organisés,
il fallut que le général Aymerich s'y
reprît à deux fois, mais l'ennemi ne
put résister aux valeureuses troupes
franco-belges appuyées par le tiT des
vapeurs Commandant Lamy, Mossa-
ka et de la çannonière belge Luxem-
bourg. Le 27 août Les couleurs fra.nco-
belges étaient hissées sur le poste de
Dzimou où arrivait la flotille du lieu-
tenant-colonel Hutin.
Cet infatigable officier remarqua-
blement secondé par ses .soldats et par
le détachement belge du lieutenant
Bal ne se laissa pas décourager par
une première tentative infructueuse
et le 21 décembre, Moloundou était
évacué par l'ennemi qui nous avait
énergiquement résisté pendant deux
jours et qui nous abandonnait un im-
portant matériel et des munitions.
Ouesso était enfin dégagé.
La colonne de la Lobaye, composée
de 700 hommes de l'Oubangui-Chari
est commandée par le lieutenant-co-
lonel Morisson qui s'illustra jadis par
sa décision rapide dans les opérations
contre Bademba et Samory.
Par un véritable raid de plus de
800 kilomètres sous des pluies abon-
dantes et parmi les plaines maréca-
geuses de la Lobaye et de la Kadéï, la
colonne Morisson s'empara de Makan-
dja, Carnot, G.aza, et rejeta l'ennemi
sur la rive droite de la Boumbé II qui
formait l'ancienne frontière franco-al-
lemande avant 1911.
Par la prise du poste de Batouri, le
plus fortifié de la. région, nous avons
pu pousser nos avant-gardes sur la
Pounué et assurer, par l'occupation de
Bertoua et de Ngiulabo, la protection
des frontières dé l'ancien Cameroun
tout en maintenant en face de nous
des forces importantes qui ne pou-
vaient pas plus que celles de la N'Go-
ko se porter contre nos alliés et nos
camarades français commandes par le
général Dobell. L'héroïsme et la bra-
voure des troupes franco-belges
avaient effacé l'affront de marchan-
dage de 1911.
La colonne du Tchad dont les bril-
lantes opérations ont été résumées
dans les Annales Coloniales du 1er
avril 1916 par M. Marcel Ruedel et du
1er jUiÏllet par Monof, livra de vio-
l'entsoombats à Kousséri, à Mora
qu'elle investit étroitement, mais les
Allemands ne purent résister ni à la
stratégie -du général Largeau ni à la
tactique du colonel Brisset et le 14 dé-
cembre 1914, tout le Cameroun septen-
trional était débarrassé desf Allemanas
dont quelques-uns seulement allaient
sous peu capituler sous Mora.
La colonne du Gabon fut d'abord
péniblement éprouvée par la perte de
son chef, le commandant Dubois de
iSaligny dans sa première rencontre
avec l'ennemi ; le culbuta ensuite à
Mimbang et s'installa à N'Kouguégué
d'où elle se relia ultérieurement aux
troupes du lieutenant-colonel Mique-
lard qui avaient enlevé Cocobeach.
Après des ,al te r.n.atiy.es de succès et
d'insuccès et surtout après des luttes
d'une extrême violence, les lieute-
nants-colonels Miquelard et Le Meil-
lour s'établirent solidement en territoi-
re allemand.
Le corps expéditionnaire franco-bri-
tannique du général anglais DQbell,
après avoir débarqué à Douala, s'éten-
dit en éventail autour de la capitale
du Cameroun et" malgré les vigoureu-
ses contre-attaques de l'ennemi, prin-
cipalement sur l'Edéa, le général Do-
bell que secondait utilement le colonel
français Mayer, occupait en janvier
1915 le pays situé à l'ouest de la ligne
Moundek-Yabassi-Edéa, à l'embouchu-
re de la Sanaga et Kribi. Les troupes
alliées étaient prêtes à attaquer l'enne-
mi partout où il montrerait de l'acti-
vité.
Telle était la situation au moment
de la première conférence de Douala
au cours de laquelle une coopération
plus intime fut décidée.
Henri COSNIER,-
Député de - Vlndre,
Les Annales Coloniales publieront,
samedi prochain, les articles de MM. :
HENRI COSNIER, député de Vlndre ;
HENRI LABROUE, député de la Gi-
ronde ;
HENRI MICHEL, sénateur des Basses-
Alpes.
Une Colonie de Famille
o-o-o-o
J'ai déjà eu l'occasion de parler sou-
vent ici-même et au Parlement de la
situation de la famille Goupil à Tahiti.
J'ai dit comment, par la complicité
d'un membre de sa famille, receveur
d'enregistrement dans la colonie, les
opérations d'immatriculations s'étaient
passées de façon particulièrement re-
grettable. Maintes enquêtes furent fai-
tes qui établirent que M. Vermeesch
devait au plus tôt cesser des fonctions
qui n'avaient que trop duré. Une per-
ception de droits particulièrement dé-
savantageuse pour la colonie avait, à
la veille de la mobilisation, fait déci-
der son rappel.
s II est vrai, d'ailleurs, qu'à ce mo-
ment la famille, avec la complaisance
des pouvoirs publics, donnait l'assaut
de toutes ses forces contre l'avocat qui
depuis 10 ans s'était institué lé défen-
seur des indigènes. On avait organisé
contre lui une procédure de suspen-
sion inique. En parcourant ce dossier
alors, je me rappelle avoir éprouvé
une véritable ,impre,ssion de terreur
analogue à celle que je ressentis lors-
qu'au temps de ma jeunesse je lisais
les aventures tragiques de la bande
d'Orgères : mêmes audaces stupéfian-
tes, mêmes parodies de justice, même
avidité ingénieuse à imaginer les raf-
finements de cruauté les plus étranges.
J'avais, grâce à cette guerre terri-
ble, tout à fait oublié Tahiti, quand
un incident m'a remis tout le détail
dans l'esprit.
M. Ve-rmeesch quî-devari partir, est
plus que jamais réinstallé dans la co-
lonie. Il est en outre membre du Con-
seil d'administration. Il continue donc,
en qualité de beau-frère de M. Gou-
pil, à présider et avec quelle science,
aux immatriculations de propriété in-
téressant M. 'Goupil.
Mais comme cela ne suffisait pas aux
:intérêts de la famille, il paraît que
dans toute la magistrature coloniale,
.il n'y avait pas d'autre président inté-
rimaire pour le tribunal de Tahiti que
le neveu de M. Goupil ! Et c'est lui qui
fonctionne et de quelle façon !
Bien mieux, aujourd'hui la persécu-
tion est reprise systématiquement con-
tre l'avocat défenseur, successeur de
M. Delpit. Il ne faut pas, en effet, que
les indigènes en contradiction d'inté-
rêt avec M. Goupil et sa société puis-
sent trouver quelqu'un pour les assis-
ter. C'est donc le président" intérimai-
re lui-même qui vient de prononcer
une peine de suspension d'un mois
contre l'avocat indépendant. Je recon-
nais que son crime était considérable :
dans des conclusions au sujet de l'ap-
pel d'une affaire jugée à Tahiti lors-
qu'il s'agit d'un pauvre diable d'indi-
gène qu'on veut déposséder, l'avocat
défenseur n'avait pas craint d'émettre
certaines critiques, bien anodines d'ail-
leurs. Elles suffirent cependant de
prétexte à ce singulier jugement qui
ose noter comme particulièrement in-
jurieux les passages suivants :
« Ce jugement dans ses motifs com-
me dans son dispositif est confus, contra-
dictoire. » « il profite à l'une des par-
ties sur des motifs aussi erronés en fait
qu'en droit. » La déclaration du juge « a
de quoi étonner et surprendre., elle n'a
aucun caractère juridique ni logique. »
Si l'enquête est valable, il n'est « pas pos-
sible d'admettre une préférence du ma.
gistrat pour l'une au détriment de l'au-
tre et les deux enquêtes doivent être exa-
minées avec le môme sens critique et
impartial ». « Il y a lieu d'en appré-
cier le mérite (de l'enquête) sans interpré-
tations péjoratives ou défavorables. »
« Le magistrat du premier siège malgré
sa prévention ». « Que l'enquête était
superfétatoire et inutile. Qu'il ne semble
pas que le Tribunal de première instance
se soit livré à l'examen et à la confronta-
tion des actes de l'état-civil versés au
dossier. »
Les passages en italiques sont souli-
gnés dans le jugement de suspension.
Pourtant il est vraiment trop clair que
dans les conclusions incriminées, il
n'y avait pas de quoi fouetter un chat.
Il n'y a pas un avocat en France qui,
à l'occasion, n'en ait dit autant de ceT-
taines décisions trop excentriques. Le
parti pris dans la circonstance est évi-
dent et si ce magistrat avait le moin-
dre scrupule, il se refuserait à siéger
davantage dans un tribunal qui à cha-
que instant a à connaître des intérêts
directs ou indirects de sa famille.
Est-ce trop demander au Ministère
des Colonies que Tahiti redevienne co-
lonie française et cesse de constituer
pour une famille un fief au sens mé-
diéval du mot.
Maurice VIOLCETTE,
Député d'Eure-et-Loir.
La Cartographie en A. O. F.
o-o-o-o-o
Par une circulaire du 19 juillet 1916, M.
le gouverneur général p. i. Angoulvant
adresse aux lieutenants gouverneurs de
l'A. 0. F. des indications précises sur l'éta-
blissementy ou la mise à jour de la carte
à l'échelle de 1/2.000.000 du gouvernement
général de l'A. 0. F.
Depuis l'établissement des dernières
cartes de l'Afrique occidentale française
par le Service géographique les Colonies et
Territoires du groupe ont subi d'importan-
tes modifications : plusieurs frontières ont
été remaniées ou précisées, des change.
ments nombreux ont été apportés tant
dans les limites des circonscriptions teiTi-
toriales que dans leurs subdivisions, des
postes ont été créés ou supprimés, des
voies ferrées et des routes ont été cons-
truites, des lignes télégraphiques établies.
Il est peu probable que ces territoires su-
bissent de longtemps d'autres modifica-
lions et les cartes ainsi établies d'après
des règles précises tant an point de vue du
tracé que des inscriptions permettront Vé*
tabïisement d'une carte d'ensemble par le
Service géographique de VA. 0. F. qui a
fourni de très remarquables travaux.
Ainsi que le prescrit cette circulaire, ces
carltes sont-surtout destinées à suivre la vie
politique et administrative de chaque Colo-
nie. Nous n'aurons plus ces croquis fantai-
sistes dressés par des topographes ama-
leurs qui rendaient l'assemblagetrès diffi-
cile et étaient souvent remplis d'erreurs
grossières.
Les divisions administratives sont défini-
tivement dénommées : cercle, et subdvi-
s ions.
En définitue, ces cartes devront, avant
tout, être claires et précises, ne contenir
que les indications nécessaires et iHre dé-
gagées de toutes inscriptions et de tous
tracés sans utilité.
Le Gouverneur général recommande en
outre :
Lorsque dans un télégramme, une lettre
ou un rapport, il sera fait allusion à une
localité non portée sur la carte établie en
exécution de la présente circulaire, la posi-
tion géographique de ce point devra ôtre
indiquée aussi exactement que possible par
rapport à la localité ou aux localités les
plus voisines mentionnées sur cette carte.
Ces mesures sont excellentes mais il fau-
dra bien veiller à ce que les travdux topo-
graphiques ne soient confiés qu'à des topo-
graphes consciencieux. La topographie doit
donc faire partie du bagage scientifique de
tout agent de notre admnistralion colo-
niale comme elle est exigée des sous-offi-
ciers et des officiers.
Tout rapport de la moindre tournée ad-
ministrative devra être accompagné d'un
croquis exécuté selon les prescriptions de
la circulaire du 19 juillet 1916. C'est lenneil-
leur moyen de tenir nos topographes en ha.
leine. Nous souhaitons que les exemplaires
de cette nouvelle carte de l'A. 0. F. soient
répandus à profusion dans la métropole et
surtout tirés à plus grande échelle pour des
cartes murâtes scolaires qui constituent le
Ji meilleur moyen de propagande coloniale.
.,:" _.;.,.', MONOF.
Nos Soldats d'Afrique
O-O-O-O-Û-O
J'ai dit, dans mon dernier article,
que nous avions été invités, mon ami,
M. Colin, et moi, à assister à l'inaugu-
ration du Kaoua algérien, dû à l'ini-
tiative et à la générosité d'une femme
aussi remarquable par les qualités. du
cœur que par celles de l'esprit, Mada-
me la comtesse de Cardol J'ai dit aussi
avec quelle bonne grâce exquise, sous
l'œil bienveillant de Madame la du-
chesse d'Uzès, toujours prête à donner
son concours aux Œuvres d'assistance
nées de la guerre, les dames patron-
nesses avaient servi thé, café, limona-
- - - -
de, boissons hygiéniques, cigares et ci-
garettes, à nos braves troupiers d'Afri-
que, retrouvant au Kaoua une sorte de
« chez soi » auquel ils ne sont pas plus
insensibles que les soldats de France.
Les limites forcément restreintes d'un
article ne m'ont pas permis de faire al-
lusion aux paroles éloquentes, parce
que simples mais émouvantes, que
prononça, à l'occasion de cette cérémo-
nie familiale, mon collègue d'Alger. Il
me plaît d'y revenir aujourd'hui.
Colin connaît les Arabes aussi bien
que l'homme du monde qui les connaît
le mieux. Il sait les progrès réalisés en
Algérie et dans tout notre domaine
africain par les idées françaises. Mieux
que quiconque il peut traduire tout ce
qu'il y a, dans l'âme musulmane, d'at-
tachement à notre beau pays de Fran-
ce, dont nous n'exaltons pas toujours
les mérites comme nous devrions le
faire. Combien de fois, si'emparant des
critiques aussi injustes qu'exagérées de
certains détracteurs français, nos enne-
mis n'ont-ils pas représenté la France
comme incapable de coloniser ! Colin
a vu la mère-patrie à l'œuvre et peut
en parler en connaissance de cause.
Dans une improvisation, toute de
cœur, il loua donc, en termes dignes
du sujet, la vaillance arabe mise au
service, de notre pays, la loyauté et la
fidélité arabes, l'ardeur et la passion
de l'Arabe,- de l'Algérien, du Tunisien,
du Marocain, du Sénégalais à se récla-
mer de la France et à revendiquer leur
titre de Français. L'auditoire tout en-
tier lui fit une ovation méritée.
Que dire après lui ? Invité, à mon
tour, à prendre la parole, j'étais, je l'a-
voue, 'quelque peu embarrassé. Une
lecture que j'avais faite quelques jours
auparavant me tira cfaffaire. Connais-
sez-vous le livre de M. Maurice Gan-
dolphe : « La Marche à la Victoire « ?
Il est écrit avec esprit et verve. Ai-je
besoin d'ajouter qu'il respire d'un bout
à l'autre la confiance inébranlable en
la victoire. Son titre seul l'indique : il
sonne comme profession de foi clai-
ronnante et prophétique. Mais l'auteur
ne déduit pas dans un ordre savant et
méthodique ses raisons, nos raisons
d'espérer. Il expose, il conte, et l'âme
guerrière de la France avec ses qua-
lités natives ou acquises par quinze siè-
cles de lutte sur tant de champs de ba-
taille mise à nu par. les mille et un
incidents des combats quotidiens, y
apparaît dans sa beauté rayonnante.
M. Maurice Gandolphe consacre un
des chapitres de son livre à « Ceux
d'Afrique ». Je me rappelai en quels
termes, laissant parler les faits, il exal-
te la vaillance, la loyauté, l'attache-
ment à la France de nos spahis, tur-
cos, tirailleurs, etc., etc. C'était, on le
voit, le sujet même qu'avait traité mon
ami Colin. Je ne pouvais que le suivre
sur ce terrain. Les exploits cités, par M.
Maurice Gandolphe devaient me servir-
à illustrer cette thèse. On me permet-
tra de lui emprunter quelques exem-
ples, que je reproduirai sans y chan-
ger un mot. Ces traits merveilleux sont
à l'honneur et à la gloire de nos sol-
dats d'Afrique.
Ecoutez le récit suivant, et dites-moi
si nos braves Africains connaissent la
peur :
« A l'une des batailles de l'Aisne, le
« colonel de B., inspectant nos li-
« gnes, aperçoit deux cavaliers maro-
« cains démontés qui, à vive allure,
« marchent vers la mousquetade :
« Où est ton régiment ? demande-
« t-il à celui qui fait brigadier.
« Ma colonel, chevaux tués, régi-
« ment perdu quatorze jours.
« Qu'est-ce que tu as fait pendant
« ces quatorze jours ?
- « Ma colonel, fait la guerre.
- « Comment, fait la guerre ?
- « Ma colonel, marché toujours
« côté canon, demandé cartouches ca-
« marades, tiré les Allemands.
« Le colonel, qui est d'Afrique, n'in-
« siste pas, ajoute M. Maurice Gan-
« dolphe, mais explique aux deux
« amateurs qu'un régiment de , spahis
« est justement là, en réserve, tout
« près : il va les conduire, on leur don-
« nera des chevaux.
« Ça bon. Et enroule !
Mais voici qu'après cent mètres
« vers la seconde ligne, les Marocains
« s'arrêtent et clament :
« Ma colonel, ma colonel, toi
« trompe ton chemin.
« Comment ? demande le colonel
cc un peu interloqué.
« Alors, l'orateur des deux, retourné
« vers la ligne fumante des schrap-
« nells :
« LA GUERRE PAR LA, MA COLO-
« NEL. ET SPAHIS TOUJOURS A LA
« GUERRE. »
Sans commentaires, n'est-ce pas ? Ce
mot n'est-il pas tout bonnement subli-
me dans sa naïve simplicité ?
Henri MICHEL
Sénateur des Basses-Alpes.
La Médaille des
épidémies en A.O.F.
----cM).C)--
Nous retrouvons dans le journal de l'A.
0. F. la liste des récompenses accordées au
personnel si dévoué des formations sani-
taires à l'occasion de l'épidémie de peste
qui sévit à Dakar en 1914, récompenses qui
ont paru à i'Officiel il y a quelque temps.
Il y a une omission, certainement invo-
lontaire, que je tiens à signaler, car je
fus témoin du dévouement dont fit preuve
le docteur Duhourcan, médecin-major de
2e classe des troupes coloniales.
Parti de Dakar le 5 octobre 1914, avec
un bataillon de tirailleurs sénégalais, le
docteur vint m'avertir un matin qu'un
tirailleur tombé dans le coma semblait
présenter bes symptômes de la peste. Dès
cet instant, le docteur Duhourcan lit
prendre toutes les précautions d'usage et
ne quitta pas le malade auquel il donna
personnellement bes soins les plus dé-
voués. Le tirailleur, réellement atteint de
la peste, mourut cependant le lendemain
matin à huit heures et nous Vimmerged-
mes en lui rendant de notre mieux les
honneurs. Grâce au sang-froid et à l'habi-
leté du médecin du détachement, l'épidémie
ne se propagea pas pendant les sept jours
de notre quarantaine au lazaret du Frioul.
CHERIF.
Un Monument
à Justin Devès
o-o-o
M. Pierre Chimère, premier adjoint a
commune de Saint-Louis du Sénégal, a
adressé au conseil municipal le vœu sui-
vant de la population indigène :
La mort vient de nous ravir notre excel-
lent maire, M. Justin Devès.
Nous, délégués de la population des quar-
tiers Nord, Sud, Guet-n'Dar, n'Dar-Toute et
Sor, venons vous demander de saisir vo-'
tre conseil municipal de notre désir d'éle-
ver un monument sur une place pub tique
de la ville qui portera le nom de Justin
Devès dont tous les efforts ont tendu au
relèvement de l'indigène.
Ce monument est un acte de reconnais.
sa/fice que nous devons à sa mémoire, et
portera la devise suivante : te L'indigène
reconnaissant )).,
(Suivent les signatures.)
Je ne puis que m'associer à cette belle
manifestation de gratitude des humbles
qui, ainsi que je l'écrivais dans les Annales
Coloniales du 25 juillet 1916, ont été tou-
jours protégés par leur maire.
THIAT.
Lire en deuxième page :
L'Office de l'Algérie.
Un Voyage de M. Angoulvant.
Mouvement Consulaire.
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