Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1916-07-15
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32693410p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 11726 Nombre total de vues : 11726
Description : 15 juillet 1916 15 juillet 1916
Description : 1916/07/15 (A17,N30). 1916/07/15 (A17,N30).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
Description : Collection numérique : Thème : L'histoire partagée Collection numérique : Thème : L'histoire partagée
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6450140d
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 31/01/2013
CL
DIX-SEPTIEME ANNEE. N° d
FRANII ET OOLONIES : LE NUMEIJO. 11 CENTIMES
1 SAMEDI 15 JUILLET i9i6
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Les Annales :.' Coloniales
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JOURNAL SEMI-QUOTIDIEN
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LES ANNALES COLONIALES sont le seul Journal Colonial
ne publiant que des articles inédits.
Les Manuscrits non insérés ne sont pas rendus.
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Le Cameroun Septentrional
Q-0-0-"°"°"0 :–
Les ressources agricoles
Les pays Kotoko et Balgue produi-
sent le gros mil ; dans les régions faci-
lement irriguées entre Logone et Man-
tara, on trouve un riz sauvage. Sur les
rives du Logone, les jardins, arrosés
au moyen de puits à balancier, produi-
sent un genre d'aubergine et les niébés
(haricots indigènes) bien connus des
Soudanais. L'arachide et le coton don-
nent de bons résultats. Les Allemands
avaient beaucoup encouragé cette der-
nière culture.
Les païens du Mandara, comme les
gens du Haut-Oubangui, cultivent le
mil pour le consommer en boisson fer-
mentée, le « pipi » ou le «merisse » des
Arabes.
Dans leurs rochers, les Mandara
cultivent le tabac. Le coton est rare
dans cette région.
Les Mousgous cultivent l'arachide, le
coton et surtout le tabac dont tous,
hommes et femmes, sont grands con-
sommateurs. Vivant presque nus, ils
ne voient pas l'utilité de la culture du
coton.
Le capitaine Lemoigne se rappelle
à leur sujet le rêve de bien des méha-
ristes parcourant le Sahara : une
bonne pipe, un bori bock et de l'ombre,
quand il les voit deviser sous un gros
arbre en buvant de la bière de mil.
Sans les razzias des Peulhs, le Dia-
mare serait un pays fertile, mais les
Kirdis païens chassés dans les monta-
gnes n'en ont cultivé que les terrasses.
A Bogo, Maroua, Garoua; on cultive
le petit mil ; le riz, le blé dur du
Kanem se retrouvent ainsi que les lé-
gumes de la zone soudanaise. Dattes
de qualité inférieure, papayes et ci-
trons se trouvent dans tous les teTrains
cultivés. Il y avait une superbe bana-
neraie à Garoua. Les Allemands l'ont
détruite. La ferme cotonnière alle-
mande de Pittoa traitait le coton de la
- région de Garoua, et avait essayé tous
les cotons de l'Afrique Occidentale.
A Garoua, il y avait une plantation
de caoutchouc, ainsi que d'immenses
champs de cannes à sucre. La gomme
de Maroua est renommée. Nous retrou-
vons donc toute la culture de nos ré-
gions sénégalaise et soudanaise.
L'élevage
La taille moyenne des chevaux du
Diamare étant de 1 m. 45, un élevage
mieux compris donnerait de beaux
produits.
Les Allemands possédaient un haras
à Colombe.
Les bœufs des Choat sont des zébus,
moins beaux que ceux des Foulbés,
mais ces indigènes pasteurs et noma-
des, à l'origine, étant devenus séden-
taires, leurs troupeaux ont diminué.
L'apport des Bororos du Sokoto et l'é-
levage intensif des Mousgous des
bords du Logone ont maintenu, dans
le Cameroun Septentrional, un bétail
important. Il faut noter que les indi-
gènes n'emploient pas le bœuf comme
porteur.
L'industrie indigène
Les petites industries de la race noi-
re et de la race arabe existent au Ca-
meroun septentrional. La vannerie et
la sparterie sont particulièrement en
honneur à Karnak-Logone dont le cadi
est .un des plus habiles artisans.
Les maisons des grands centres sont
« à un étage et présentent un certain
confortable.
Pour ce qui est de la pêche, je ne
saurais faire mieux que de -r'eprodm "J
la description du capitaine Lemoigne :
« Les grandes pirogues de pêche ani-
ment délicieusement le paysage et des-
sinent un pittoresque tableau.
« A l'aube, sur le fleuve ouaté de
brume légère, les grandes barques glis-
sent à reculons, la proue élégamment
relevée tournée vers l'arrière, la poupe
carrée munie d'un immense filât
haut relevé.
« Bientôt, les deux bras du -filet dis-
paraissent dans l'eau, le rabatteur ? a-
gite et s'empresse. « Kotoko, kotoko,
kotoko », tambourinent les deux bâ-
tonnets sur le bord de la pirogue ;
« kotoko, kotoko », et les capitaines
(le plus succulent des' poissons afri-
cains) au plus profond du fleuve et. les
petits poissons qui folâtrent au bord de-
la rive, et ceux qui, près de la surface,
venaient saluer l'aurore, s'effraient.
Kotoko, kotoko, un cercle infernal
semble vouloir se refermer sur eux.
« Tous se réfugient à l'abri ae la
grosse barque, vers le seul coin calme
de l'ombre. Le mât s'abat, le filet se
relève verticalement. En vain, petit
poisson, tu te débats maintenant en
soubresauts qui font briller l'argent
de tes écailles au soleil qui vient de
poindre à l'horizon, il te faut aller
dans la pirogue. »
De ce récit, il -est aisé de deviner
l'origine du nom de Kotoko donné aux
pêcheurs provenant du croisement des
races Massa et Sao.
Les Allemands exploitaient un pla-
cer d'or à Goumi (12 kilom. est de Ba-
cheo).
Le commerce
La suppression de la traite des escla-
ves a réduit le florissant commerce des
Kotokos aux très modestes proportions
d'un mouvement commercial avec Ka-
no, le principal marché de la Nigéria
septentrionale. Le Diamare est mieux
partagé. Il expédie ses beaux chevaux
au B'ornou et à Yola (Nigéria). L'ivoire
et les plumes d'autruche ne font que
transiter. :
Le commerce intérieur est considé-
rable. Tous les grands centres ont
d'importants marchés hebdomadaires.
Les bovides n'ont pas été imposés à
l'importation par le gouvernement al-
lemand.
Les routes de. Garoua il Dikoa et de
Garoua à Maroua sont les seules voies
de communication en bon état. La rou-
te de Bipare-Binder-Bongor, créée par
les Français, laisse à désirer.
Les vapeurs qui atteignent Yola, de
juillet à octobre, montent jusqu'à Ga-
roua en septembre et octobre.
Les chalands atteignent Leré, sur le
Mayo-Kebbi, en septembre et octobre.
Le Logone et le Chari sont les autres
rivières navigables.
L'administration allemande
Les chefs indigènes sont revêtus de
l'autorité qui découle du système du
protectorat et les chefs des tribus
païennes les dirigent tout en' leur
maintenant leur indépendance vis-à-
vis des musulmans, à moins que ces
tribus demandent à être placées sous
l'autorité de chefs musulmans. Leç di-
rectives du gouvernement allemand
dénotent, avec raison, la préoccupation
constante du maintien du prestige de
l'autorité et de la dignité des chefs tant
européens qu'indigènes.
Les indigènes apprennent très diffi-
cilement la langue allemande ; par
contre, la. plupart parlent anglais. A
Garoua, il y avait, une école d'inter-
prètes et les Allemands se proposaient
'de substituer le Foulbé, écrit en carac-
tères latins, à l'arabe, dans les Mé-
dersa.
A l'arbitraire des sultans pour la
perception des impôts, les Allemands
ont substitué un régime semblable au
nôtre. D'après les recensements fort in-
complets, voici les résultats probables
des impôts :
Mfurks
Logone-Kousseri-Goulfée 70.000
Maroua 40.000
Mindif 32.500
Binder 20.000
Bogo 6.000
Kalfou - 5.000
Tout en reconnaissant les résultats
relativement satisfaisants obtenus par
les Allemands après douze années
d'occupation, le capitaine Lemoigne
constate que si les chefs indigènes pré-
fèrent la manière allemande à la ré-
pression dure et rapide, les sujets pré-
fèrent la manière française, cherchant
surtout à nous rendre accessibles aux
petits par ce constant souci de bienveil-
lance et de justice qui est le propre de
l'âme latine et qu'on chercherait en
vain dans la. « kulture germanique. »
< Henri COSNIER,
Député de VIndre.
La Question Syrienne
en Guinée
o-o-o en OtienL
Ce n'est pas seulement en Orient
que se pose la question syrienne. Elle
se pose aussi en Guinée, avec une
acuité de jour en jour croissante, et
les doléances unanimes des Français
établis dans notre colonie témoignent
du véritable malaise engendré là-bas
par l'afflux incessant de Syriens plus
ou moins mâtinés d'éléments kurdes
et ottomans.
Si le temps n'est plus où le jeune
et beau Dunois partait pour la Syrie,
par contre les Syriens ont émigré,
nombreux en A. u. F., surtout en
Guinée. Les Français sont les conqué-
rants et les administrateurs de la
Guinée : les Syriens en ;.sont, à bien
des égards, les bénéficiaires.
La mobilisation tempérée par un
nombre, hélas ! insuffisant de sursis
d'appel a obligé presque toutes les
maisons de commerce, grandes ou pe-
tites, à réduire leurs affaires et sur-
tout à renoncer aux opérations de la
brousse, celles où l'on se trouve le
plus en contact avec l'indigène. Tou-
tes les places vacantes ont. été immé-
diatement accaparées par les Syriens.
Bien plus, la levée de tirailleurs in-
digènes leur est infiniment profitable.
Un à deux millions de francs ont été
versés, en effet, sous forme de primes
aux engagés soi-disant volontaires. A
qui vont ces millions ? Aux Syriens.
Nos mercantis s'empressent de dres-
ser leurs boutiques à proximité des
dépôts et camps de tirailleurs, et ils
les laissent ouvertes à l'heure où les
Européens ferment es leurs. Ils sa-
vent combien l'indigène est gaspilleur
et imprévoyant : ils spéculent sur ses
défauts, l'aguichent par leur présence
tentatrice et. empochent. Quand nos
tirailleurs auront quitté la Guinée, nos'
Syriens s'en iront, eux aussi, leur bas
de laine rempli ; on ne pourra même
pas leur appliquer la loi sur les béné-
fices de guerre. Notre or sera sorti de
la colonie pour n'y plus rentrer. En
revanche, 'de nouveaux Syriens vien-
dront relayer leur aînés et mettre le
pays en coupe réglée, par de nou-
veaux expédients.
Pour l'instant, les affaires des Sy-
riens prospèrent là-bas. Ceux-là mê-
me qui, il y a quelques années, débar-
quaient à Conakry, l'air minable, en
espadrilles, et comme s'ils s'étaient
évadés d'un lointain ghetto, paradent
aux terrasses des cafés, exhibent des
vêlements impeccables, arborent des
bijoux avec ostentation, parlent haut
chez les hôtes aux dépens desquels
ils se sont enrichis. Ces bohémiens
du négoce sont le prototype des par-
venus.
Ne m'a-t-on pas' raconté, preuves en
mains, que certains Syriens avaient
montré peu d'empressement à laisser
réquisitionner, sur le Niger, leurs
.chalands de commerce, dans l'espoir
de continuer leurs lucratifs transports
par eau, tandis que les Français cé-
daient avec empressement leurs ba-
teaux, pour faciliter l'envoi d'obus et
de cartouches dans la région du
Mossi, qui se trouvait en efferves-
cence ?
N'a-t-on pas arrêté, il y a deux ou
trois ans, un Syrien qui cherchait à
expédier, dissimulées dans des barri-
ques de vin, des capsules de fulminate
pour armes de guerre, à destination
du Foutah ? Deux millions de capsu-
les : excusez du peu ; elles n'étaient
évidemment pas réservées à la chasse.
Comme par hasard, un certain N.,
sujet prussien, arrêté dès la mobilisa-
tion, opérait dans le centre où étaient
expédiées ces capsules.
Il y en aurait long à dire sur ces
métèques de nos colonies africaines.
Nous aurons l'occasion d'en reparler,
notamment lorsque les Alliés régle-
ront le statut territorial, politique et
administratif de l'empire turc. Une
barrière analogue à celle que les Amé-
ricains oposent1 aux immigrants de-
vrait, en tout cas, constituer, depuis
bien des années, le minimum des ga-
ranties exigibles.
Henri LABROUE,
Député de la Gironde.
L'accaparement du sucre
à la Martinique
Notre ami, 0. Dùqueslay, ancien rJê
puté de ia Martinique, signale que l'acca-
parement de toutes les denrées alimentai-
res sont à Fort-de-France, comane en un
simple Paris. Après avoir véhémente-
ment protesté dans un articLe de :'Union
Navale, il ajoute en Posl-Scripium :
1-1. S. Cet article éiait déjà écrit
q LLHud nous avons appris qu'on ne trou-
ve même plus de sucre à aduler dans les
communes, quel que soit le prix que l'on
o[lre aux fabricants. C'est une situation
intolérable. Où donc veut-on en arriver ?
Le public ne peut se dispenser de cette
denrée ; ceux qui labriquenl 1'elusenl de
la vendre. Faut-il que, le besoin le pous-
sant, le public prenne par la violence ce
qu'on reluse de lui vendre ? s accapa.
reurs ne voient peut-èlre pas ;la respon-
sabilité qu'ils assument ; elle est bien
ijninilc.
J'attire encore une lois sur cd point l'at-
tention Lies autorités adminisirallves de
ce pays, et l'attention de tout le monde.
Après cet appel, le monde entier aura
sans doute l'attention attirée sur le
sucre de cannes des Antilles. (
Et cependant nos ménagères métropo-
litaines Vont s'affolerf pour l'hiver pro-
chain, tout comme les ménagères nar-
liniquaises. tandis que les diabétiques
feront prime de plus en plus.
♦ -
C'EST POUR RIEN
o-o-o
Un de nos plus sympathiques confrè-
res algériens publie, pour démontrer la
disette en Allemagne, la note suivante :
Le beurre, qui valait 126 pfenriing
les 10 kilos en 1914, pour l'Allemagne,
a monté à 188 en 1915 et à 280 en 1916.
Ce qui veut dire, en monnaie de France,
que les 10 llilos de beurre valaient, en Al-
lemagne, 1 l'r. 50 en 19il-, étaieiit payés
2 Ir. 15 en 1915 jet 3 fr. 50 en 1916. Les
10 kilos, c'est pour a-ion. On- .le paierait
bien ce prix-là à Paris ! Mais rassurons-
nous, ces chiffres sont aussi fantaisistes
que les exagérations, dans un kutre sens,
de maints de nos grands confrères quoti-
diens dis la capitale. i
-O>
LE CHANGE ET LES TIMBRES
o-o-o
La piastre vaut aujourd'hui 3 fr. 20.
L'administration, a décidé qu'en ce qui
concerne les recettes postales, la piastre
serait cotée 2 l'r. 50. Un timbre de 10 cen-
times est donc toujours payé 4 cents,
lorsque normalement 3 cents suffiraient
au cours du jour. U y a là une anomalie
qui est absolument inadmissible.
Mais à quand la stabilisation de la
piastre ?
LA MORT DE JUSTIN DEVES
Maire de St-Louis du Sénégal
o-o-o
Les journaux de l'A. O. F. nous appor-
tant la nouvelle de la mort de M. Justin
Devès, maire de St-Lonis du. Sénégal.
Le secrétaire général du Gouvernement,
l'adjoint au maire, M. Pierre Chimère et
M. G. Dupit ont rendu hommage à la vie
politique si active de Justin Devès.
L'énergie de son caractère, son extrê-
me bonté pour les humbles, lui' faisaient
remplir avec un zèle inassable le man-
dat dont l'avaient investi ses électeurs qui
le trouvèrent toujours à la tète de l'oppo-
sition en faveur du .redressement des er-
reurs et des réparations des injustices. In-
vesti des importantes fonctions de prési-
dent .du Conseil général, Justin Devès sut
toujours être à hauteur de sa tâche. Aussi
érudit que son frère Hyancionthe, tant re-
gretté des anciens Sénégalais, Justin De-
vès étaient des premiers Sénégalais qui
ont été conquérir leurs grades universi-
taires en France et ont mis au service de
la Colonie l'instruction et l'éducation que
leur donna la Métropole.
Nous adressons nos sincères condoléan-'
ces à la famille Devès dont le nom est in-
séparable de la politique du Sénégal.
THIAT.
Les Annales Coloniales publieront,
samedi prochain, les articles de MM. :
LUCIEN CORNET, sénateur de V Yonne ;
GABRIEL COMBROUZE, dëpUlé de la
Gironde,
̃»
La Relève Coloniale
4 o-o-o- 0-0-0
f
J'ai reçu récemment diverses leures
a la suite de 111U11 article du 11 juin
uuruier ur lu reievu cuioniulé. Je crois
uiiiO ue' revenir sur la question ei
u appui i/cr quciqueb picoibiuiiù.
1.1;.; ministre ues uulumes a tente
u uDtenir de son cullegue ae la Guerre
quelques donioDilisaiions. 11 en a ob-
tenu li UCll-l c-unes parmi celles qu'il
a demandées. La iruerre a répondu
avec juste raison que si les colonies
ont besoin d'administrateurs, la Fran-
ce a besoin de défenseurs. La ques-
Lion ainsi posée par les Colonies ne
puuvait recevoir qu'une telle réponse.'
D'autre part, certains gouverneurs
généraux se sont opposés au retour en
France de leurs fonctionnaires. En A.
U. F., en A. E. F., en Indochine, il y
a nombre d'officiers de réserve dont
certains sont d'anciens officiers ou
sous-officiers de l'active. Quelques-uns
ont demandé instammenb a rentrer,
les gouverneurs généraux s'y sont
opposés sous le prétexte discutable
que les fonctionnaires rendent plus de
services dans la colonie qu'ils n'en
rendraient sur le front.
Gomment doit agir le ministère,
comment aurait-il dû agir, depuis quin-
ze mois 'l Par la relève normale, telle
que la, comportent les règlements en
temps de paix.
Et pour que la Guerre accepte de
démobiliser, comment pratiquement
s'y prendre ?
1° Câbler aux différentes, colonies
de faire connaître d'urgence les mobi-
lisables (officiers, sous-officiers, sol-
dats) maintenus, soit en fonctions; soit
sous les drapeaux, (dans les bureaux)
et parmi ceux-ci les volontaires, autre-
ment dit ceux qui .désirent rentrer et
faire leur devoir ;
..: 20 Offrir à la Guerre ces volontaires
pour remplacer numériquement les
mobilisés dans la métropole en com-
mençant par ceux qui ont été mobili-
sés au début de la campagne, par ordre
d'antériorité de mobilisation, et parmi
ceux-ci ceux qui ont fait ou font cam-
pagne dans l'infanterie, le génie,
l'aviation, l'artillerie.
La Guerre est toute prête à accepter. 1
Les mutations pourront être ainsi
faites:
Exemple : Administrateurs colo-
niaux, cadre général, sans compter
l'Indochine.
Prenons comme bases deux chiffres
que je crois très, près de la vérité.
Le cadre général comprend 900 ad-
ministrateurs (sous évaluation). Il n'y
a pas, à l'heure actuelle, et il n'y a
pas eu, au cours de la campagne, 50
administrateurs survivants dans les
corps combattants.
Dans les corps non combattants
(zone des armées ou zone de l'arrière),
mettons qu'il y en ait 50, et- c'est un
chiffre fort.
Voilà donc à réaliser une relève de
100 individus appartenant à un corps
de 000 fonctionnaires. Cette relève est,
il faut -le reconnaître, largement réa-
lisable. :
Prenons le 1er août 1916 comme point
de départ de l'opération et supposons
tout, d'abord que les départements des
Colonies, de la Guerre et les Gouver-
neurs' aient, avant cette date, échangé
leurs vues.
Première relève. Mobilisés combat-
tants ayant fait ou faisant encore la
campagne et qui ont été mobilisés en-
Lre le 2 août 1914 et le 31 décembre
1914, environ 15 fonctionnaires qui se-
ront retirés du front, ou des dépôts,
ou des hôpitaux, du 1er au 15 août 19^6
,et remplacés par 15 foncbiopna-ires ac-
tuellement aux colonies désireux de
prendre du service en France.
Deuxième relève. Mobilisés combat-
tants ayant fait ou faisant encore cam-
pagne et qui ont été mobilisés entre
le 1er janvier 1915 et le 1er juillet 1915 :
environ 20 fonctionnaires à retirer du
front, des dépôts ou des hôpitaux, en-
tre le 1er et le 15 septembre 1916 ; rem-
placement par 20 fonctionnaires volon-
taires , actuellement aux colonies ou
par les fonctionnaires ayant plus de
deux ans et demi de séjour colonial et
mobilisables.
Troisième relève. Les 15 derniers
combattants démobilisés du 1er au 15
octobre 1916 et qui ont été mobilisés
du lor juillet 1915 au 1er janvier 1916.
Après les combattants, on pourra re-
lever les non-combattants en novem-
bre, décembre et janvier, de telle sorte
qu'au 1er février 1917, la relève nor-
male slopérera automatiquement com-
me en temps de paix.
Il faut: remarquer que si cette, me-
sure ou toute autre analogue n'est pas
immédiatement prise, ia situation, à la
fin de la guerre, sera inextricable.
Les mobilisés auront" à ce moment
Iç droit d'exiger leur congé intégral,
droit qu'on ne saurait leur refuser,
tandis que ceux qui sont restés aux
colonies et dont le séjour augmente
chaque jour demanderont à rentrer en
France. Alors, pendant six mois, nos
colonies seront encore moins adminis-
trées que pendant la guerre. Ce sera
l'anarchie organisée.
A ces propositions, quelles objec-
tions peuvent être faites :
1° La Guerre acceptera-t-elle ? Cer-
tainement, puisque, dèrnièrement, un
administrateur, âgé de 33 ans, capitai-
ne de réserve, a été pris en première
ligne et démobilisé. Pourquoi ? parce
que le ministère -des Colonies a fait
rentrer un autre administrateur, lieu-
tenant de réserve, et l'a offert à la
Guerre. La rue St-Dominique acquies-
cera dès l'instant qu'on ne diminue pas
ses effectifs ;
2° Les Colonies accepteront-elles ?
Cette question ne se pose pas. Elles
doivent obéir. Personne n'est indispen-
sable dans l'administration -et, à faia
connaissance, les administrateurs poi-
lus qui ont fait le coup de feu ne sont
pas inférieurs à leurs cawarades restés
aux colonies ;
3° Trouvera-t-on des volontaires ?
Au nom du corps des administrateurs,
je réponds hautement, j'affirme qu'on
en trouvera deux fois plus qu'oie n'en
voudra. Tentez l'essai et vous verrez ;
4° Ces volontaires qui rentreront,
seront-ils physiquement aptés à faire
campagne ? Quelle bonne plaisanteriè!
Et ceux qui ont été mobilisés et qui
viennent de faire campagne étaient-ils
plus aptes ? Je connais des administra-
teurs très fatigués par leur séjour co-
lonial, en congé de convalescence, et
qui ont renoncé à leur congé, se sont
courageusement engagés et sont, ou
tués, ou blessés, ou continuent à ser-
vir. Ne nous imaginons pas que pour
faire la guerre, il faut être un hercule.
Il faut' avoir du cœur et les administra-
teurs 'en ont.
Si d'autres objections venaient à se
présenter, je suis prêt à les réfuter. Il
faut agir pour ménager l'honneur des
administrateurs non mobilisés en
France, pour donner au pays de nou-
veaux défenseurs résolus, pour sauver
nos colonies de. l'anarchie et aussi
pour que ce-ne soit « pas toujours aux
mêmes à se faire tuer ».
Raoul BRIQUET,
Député du Pas-de-Calais.
UNE MISSION
Par arrêté du 22 avril 1916, le Résident
général de la République française au
Maroc a chargé notre collaborateur, M.
François Bernard, d'une mission « en
vue d'étudier les ressources du pays et
l'avenir au point de vue de l'expansion
économique française: Il.
Parti de Bordeaux le 18 mai, M. Fr.
Bernard a parcouru de longs itinéraires
en automobile, a visité l'intérieur et le
littoral.
Il a, à Rabat, réuni, les documents ad-
ministratifs et statistiques qui lui étaient
nécessaires pour coordonner son enquête.
Dans le cours de son voyage, il a pu s'en-
tretenir' avec de nombreux fonctionnai-
res, ingénieurs, commerçants et colons.
De toute cette moisson de renseignements,
résultera certainement une étude critique
des plus intéressantes, dont les lecteurs
des Annales Coloniales auront la pri-
meur. ,
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Le Cameroun Septentrional
Q-0-0-"°"°"0 :–
Les ressources agricoles
Les pays Kotoko et Balgue produi-
sent le gros mil ; dans les régions faci-
lement irriguées entre Logone et Man-
tara, on trouve un riz sauvage. Sur les
rives du Logone, les jardins, arrosés
au moyen de puits à balancier, produi-
sent un genre d'aubergine et les niébés
(haricots indigènes) bien connus des
Soudanais. L'arachide et le coton don-
nent de bons résultats. Les Allemands
avaient beaucoup encouragé cette der-
nière culture.
Les païens du Mandara, comme les
gens du Haut-Oubangui, cultivent le
mil pour le consommer en boisson fer-
mentée, le « pipi » ou le «merisse » des
Arabes.
Dans leurs rochers, les Mandara
cultivent le tabac. Le coton est rare
dans cette région.
Les Mousgous cultivent l'arachide, le
coton et surtout le tabac dont tous,
hommes et femmes, sont grands con-
sommateurs. Vivant presque nus, ils
ne voient pas l'utilité de la culture du
coton.
Le capitaine Lemoigne se rappelle
à leur sujet le rêve de bien des méha-
ristes parcourant le Sahara : une
bonne pipe, un bori bock et de l'ombre,
quand il les voit deviser sous un gros
arbre en buvant de la bière de mil.
Sans les razzias des Peulhs, le Dia-
mare serait un pays fertile, mais les
Kirdis païens chassés dans les monta-
gnes n'en ont cultivé que les terrasses.
A Bogo, Maroua, Garoua; on cultive
le petit mil ; le riz, le blé dur du
Kanem se retrouvent ainsi que les lé-
gumes de la zone soudanaise. Dattes
de qualité inférieure, papayes et ci-
trons se trouvent dans tous les teTrains
cultivés. Il y avait une superbe bana-
neraie à Garoua. Les Allemands l'ont
détruite. La ferme cotonnière alle-
mande de Pittoa traitait le coton de la
- région de Garoua, et avait essayé tous
les cotons de l'Afrique Occidentale.
A Garoua, il y avait une plantation
de caoutchouc, ainsi que d'immenses
champs de cannes à sucre. La gomme
de Maroua est renommée. Nous retrou-
vons donc toute la culture de nos ré-
gions sénégalaise et soudanaise.
L'élevage
La taille moyenne des chevaux du
Diamare étant de 1 m. 45, un élevage
mieux compris donnerait de beaux
produits.
Les Allemands possédaient un haras
à Colombe.
Les bœufs des Choat sont des zébus,
moins beaux que ceux des Foulbés,
mais ces indigènes pasteurs et noma-
des, à l'origine, étant devenus séden-
taires, leurs troupeaux ont diminué.
L'apport des Bororos du Sokoto et l'é-
levage intensif des Mousgous des
bords du Logone ont maintenu, dans
le Cameroun Septentrional, un bétail
important. Il faut noter que les indi-
gènes n'emploient pas le bœuf comme
porteur.
L'industrie indigène
Les petites industries de la race noi-
re et de la race arabe existent au Ca-
meroun septentrional. La vannerie et
la sparterie sont particulièrement en
honneur à Karnak-Logone dont le cadi
est .un des plus habiles artisans.
Les maisons des grands centres sont
« à un étage et présentent un certain
confortable.
Pour ce qui est de la pêche, je ne
saurais faire mieux que de -r'eprodm "J
la description du capitaine Lemoigne :
« Les grandes pirogues de pêche ani-
ment délicieusement le paysage et des-
sinent un pittoresque tableau.
« A l'aube, sur le fleuve ouaté de
brume légère, les grandes barques glis-
sent à reculons, la proue élégamment
relevée tournée vers l'arrière, la poupe
carrée munie d'un immense filât
haut relevé.
« Bientôt, les deux bras du -filet dis-
paraissent dans l'eau, le rabatteur ? a-
gite et s'empresse. « Kotoko, kotoko,
kotoko », tambourinent les deux bâ-
tonnets sur le bord de la pirogue ;
« kotoko, kotoko », et les capitaines
(le plus succulent des' poissons afri-
cains) au plus profond du fleuve et. les
petits poissons qui folâtrent au bord de-
la rive, et ceux qui, près de la surface,
venaient saluer l'aurore, s'effraient.
Kotoko, kotoko, un cercle infernal
semble vouloir se refermer sur eux.
« Tous se réfugient à l'abri ae la
grosse barque, vers le seul coin calme
de l'ombre. Le mât s'abat, le filet se
relève verticalement. En vain, petit
poisson, tu te débats maintenant en
soubresauts qui font briller l'argent
de tes écailles au soleil qui vient de
poindre à l'horizon, il te faut aller
dans la pirogue. »
De ce récit, il -est aisé de deviner
l'origine du nom de Kotoko donné aux
pêcheurs provenant du croisement des
races Massa et Sao.
Les Allemands exploitaient un pla-
cer d'or à Goumi (12 kilom. est de Ba-
cheo).
Le commerce
La suppression de la traite des escla-
ves a réduit le florissant commerce des
Kotokos aux très modestes proportions
d'un mouvement commercial avec Ka-
no, le principal marché de la Nigéria
septentrionale. Le Diamare est mieux
partagé. Il expédie ses beaux chevaux
au B'ornou et à Yola (Nigéria). L'ivoire
et les plumes d'autruche ne font que
transiter. :
Le commerce intérieur est considé-
rable. Tous les grands centres ont
d'importants marchés hebdomadaires.
Les bovides n'ont pas été imposés à
l'importation par le gouvernement al-
lemand.
Les routes de. Garoua il Dikoa et de
Garoua à Maroua sont les seules voies
de communication en bon état. La rou-
te de Bipare-Binder-Bongor, créée par
les Français, laisse à désirer.
Les vapeurs qui atteignent Yola, de
juillet à octobre, montent jusqu'à Ga-
roua en septembre et octobre.
Les chalands atteignent Leré, sur le
Mayo-Kebbi, en septembre et octobre.
Le Logone et le Chari sont les autres
rivières navigables.
L'administration allemande
Les chefs indigènes sont revêtus de
l'autorité qui découle du système du
protectorat et les chefs des tribus
païennes les dirigent tout en' leur
maintenant leur indépendance vis-à-
vis des musulmans, à moins que ces
tribus demandent à être placées sous
l'autorité de chefs musulmans. Leç di-
rectives du gouvernement allemand
dénotent, avec raison, la préoccupation
constante du maintien du prestige de
l'autorité et de la dignité des chefs tant
européens qu'indigènes.
Les indigènes apprennent très diffi-
cilement la langue allemande ; par
contre, la. plupart parlent anglais. A
Garoua, il y avait, une école d'inter-
prètes et les Allemands se proposaient
'de substituer le Foulbé, écrit en carac-
tères latins, à l'arabe, dans les Mé-
dersa.
A l'arbitraire des sultans pour la
perception des impôts, les Allemands
ont substitué un régime semblable au
nôtre. D'après les recensements fort in-
complets, voici les résultats probables
des impôts :
Mfurks
Logone-Kousseri-Goulfée 70.000
Maroua 40.000
Mindif 32.500
Binder 20.000
Bogo 6.000
Kalfou - 5.000
Tout en reconnaissant les résultats
relativement satisfaisants obtenus par
les Allemands après douze années
d'occupation, le capitaine Lemoigne
constate que si les chefs indigènes pré-
fèrent la manière allemande à la ré-
pression dure et rapide, les sujets pré-
fèrent la manière française, cherchant
surtout à nous rendre accessibles aux
petits par ce constant souci de bienveil-
lance et de justice qui est le propre de
l'âme latine et qu'on chercherait en
vain dans la. « kulture germanique. »
< Henri COSNIER,
Député de VIndre.
La Question Syrienne
en Guinée
o-o-o en OtienL
Ce n'est pas seulement en Orient
que se pose la question syrienne. Elle
se pose aussi en Guinée, avec une
acuité de jour en jour croissante, et
les doléances unanimes des Français
établis dans notre colonie témoignent
du véritable malaise engendré là-bas
par l'afflux incessant de Syriens plus
ou moins mâtinés d'éléments kurdes
et ottomans.
Si le temps n'est plus où le jeune
et beau Dunois partait pour la Syrie,
par contre les Syriens ont émigré,
nombreux en A. u. F., surtout en
Guinée. Les Français sont les conqué-
rants et les administrateurs de la
Guinée : les Syriens en ;.sont, à bien
des égards, les bénéficiaires.
La mobilisation tempérée par un
nombre, hélas ! insuffisant de sursis
d'appel a obligé presque toutes les
maisons de commerce, grandes ou pe-
tites, à réduire leurs affaires et sur-
tout à renoncer aux opérations de la
brousse, celles où l'on se trouve le
plus en contact avec l'indigène. Tou-
tes les places vacantes ont. été immé-
diatement accaparées par les Syriens.
Bien plus, la levée de tirailleurs in-
digènes leur est infiniment profitable.
Un à deux millions de francs ont été
versés, en effet, sous forme de primes
aux engagés soi-disant volontaires. A
qui vont ces millions ? Aux Syriens.
Nos mercantis s'empressent de dres-
ser leurs boutiques à proximité des
dépôts et camps de tirailleurs, et ils
les laissent ouvertes à l'heure où les
Européens ferment es leurs. Ils sa-
vent combien l'indigène est gaspilleur
et imprévoyant : ils spéculent sur ses
défauts, l'aguichent par leur présence
tentatrice et. empochent. Quand nos
tirailleurs auront quitté la Guinée, nos'
Syriens s'en iront, eux aussi, leur bas
de laine rempli ; on ne pourra même
pas leur appliquer la loi sur les béné-
fices de guerre. Notre or sera sorti de
la colonie pour n'y plus rentrer. En
revanche, 'de nouveaux Syriens vien-
dront relayer leur aînés et mettre le
pays en coupe réglée, par de nou-
veaux expédients.
Pour l'instant, les affaires des Sy-
riens prospèrent là-bas. Ceux-là mê-
me qui, il y a quelques années, débar-
quaient à Conakry, l'air minable, en
espadrilles, et comme s'ils s'étaient
évadés d'un lointain ghetto, paradent
aux terrasses des cafés, exhibent des
vêlements impeccables, arborent des
bijoux avec ostentation, parlent haut
chez les hôtes aux dépens desquels
ils se sont enrichis. Ces bohémiens
du négoce sont le prototype des par-
venus.
Ne m'a-t-on pas' raconté, preuves en
mains, que certains Syriens avaient
montré peu d'empressement à laisser
réquisitionner, sur le Niger, leurs
.chalands de commerce, dans l'espoir
de continuer leurs lucratifs transports
par eau, tandis que les Français cé-
daient avec empressement leurs ba-
teaux, pour faciliter l'envoi d'obus et
de cartouches dans la région du
Mossi, qui se trouvait en efferves-
cence ?
N'a-t-on pas arrêté, il y a deux ou
trois ans, un Syrien qui cherchait à
expédier, dissimulées dans des barri-
ques de vin, des capsules de fulminate
pour armes de guerre, à destination
du Foutah ? Deux millions de capsu-
les : excusez du peu ; elles n'étaient
évidemment pas réservées à la chasse.
Comme par hasard, un certain N.,
sujet prussien, arrêté dès la mobilisa-
tion, opérait dans le centre où étaient
expédiées ces capsules.
Il y en aurait long à dire sur ces
métèques de nos colonies africaines.
Nous aurons l'occasion d'en reparler,
notamment lorsque les Alliés régle-
ront le statut territorial, politique et
administratif de l'empire turc. Une
barrière analogue à celle que les Amé-
ricains oposent1 aux immigrants de-
vrait, en tout cas, constituer, depuis
bien des années, le minimum des ga-
ranties exigibles.
Henri LABROUE,
Député de la Gironde.
L'accaparement du sucre
à la Martinique
Notre ami, 0. Dùqueslay, ancien rJê
puté de ia Martinique, signale que l'acca-
parement de toutes les denrées alimentai-
res sont à Fort-de-France, comane en un
simple Paris. Après avoir véhémente-
ment protesté dans un articLe de :'Union
Navale, il ajoute en Posl-Scripium :
1-1. S. Cet article éiait déjà écrit
q LLHud nous avons appris qu'on ne trou-
ve même plus de sucre à aduler dans les
communes, quel que soit le prix que l'on
o[lre aux fabricants. C'est une situation
intolérable. Où donc veut-on en arriver ?
Le public ne peut se dispenser de cette
denrée ; ceux qui labriquenl 1'elusenl de
la vendre. Faut-il que, le besoin le pous-
sant, le public prenne par la violence ce
qu'on reluse de lui vendre ? s accapa.
reurs ne voient peut-èlre pas ;la respon-
sabilité qu'ils assument ; elle est bien
ijninilc.
J'attire encore une lois sur cd point l'at-
tention Lies autorités adminisirallves de
ce pays, et l'attention de tout le monde.
Après cet appel, le monde entier aura
sans doute l'attention attirée sur le
sucre de cannes des Antilles. (
Et cependant nos ménagères métropo-
litaines Vont s'affolerf pour l'hiver pro-
chain, tout comme les ménagères nar-
liniquaises. tandis que les diabétiques
feront prime de plus en plus.
♦ -
C'EST POUR RIEN
o-o-o
Un de nos plus sympathiques confrè-
res algériens publie, pour démontrer la
disette en Allemagne, la note suivante :
Le beurre, qui valait 126 pfenriing
les 10 kilos en 1914, pour l'Allemagne,
a monté à 188 en 1915 et à 280 en 1916.
Ce qui veut dire, en monnaie de France,
que les 10 llilos de beurre valaient, en Al-
lemagne, 1 l'r. 50 en 19il-, étaieiit payés
2 Ir. 15 en 1915 jet 3 fr. 50 en 1916. Les
10 kilos, c'est pour a-ion. On- .le paierait
bien ce prix-là à Paris ! Mais rassurons-
nous, ces chiffres sont aussi fantaisistes
que les exagérations, dans un kutre sens,
de maints de nos grands confrères quoti-
diens dis la capitale. i
-O>
LE CHANGE ET LES TIMBRES
o-o-o
La piastre vaut aujourd'hui 3 fr. 20.
L'administration, a décidé qu'en ce qui
concerne les recettes postales, la piastre
serait cotée 2 l'r. 50. Un timbre de 10 cen-
times est donc toujours payé 4 cents,
lorsque normalement 3 cents suffiraient
au cours du jour. U y a là une anomalie
qui est absolument inadmissible.
Mais à quand la stabilisation de la
piastre ?
LA MORT DE JUSTIN DEVES
Maire de St-Louis du Sénégal
o-o-o
Les journaux de l'A. O. F. nous appor-
tant la nouvelle de la mort de M. Justin
Devès, maire de St-Lonis du. Sénégal.
Le secrétaire général du Gouvernement,
l'adjoint au maire, M. Pierre Chimère et
M. G. Dupit ont rendu hommage à la vie
politique si active de Justin Devès.
L'énergie de son caractère, son extrê-
me bonté pour les humbles, lui' faisaient
remplir avec un zèle inassable le man-
dat dont l'avaient investi ses électeurs qui
le trouvèrent toujours à la tète de l'oppo-
sition en faveur du .redressement des er-
reurs et des réparations des injustices. In-
vesti des importantes fonctions de prési-
dent .du Conseil général, Justin Devès sut
toujours être à hauteur de sa tâche. Aussi
érudit que son frère Hyancionthe, tant re-
gretté des anciens Sénégalais, Justin De-
vès étaient des premiers Sénégalais qui
ont été conquérir leurs grades universi-
taires en France et ont mis au service de
la Colonie l'instruction et l'éducation que
leur donna la Métropole.
Nous adressons nos sincères condoléan-'
ces à la famille Devès dont le nom est in-
séparable de la politique du Sénégal.
THIAT.
Les Annales Coloniales publieront,
samedi prochain, les articles de MM. :
LUCIEN CORNET, sénateur de V Yonne ;
GABRIEL COMBROUZE, dëpUlé de la
Gironde,
̃»
La Relève Coloniale
4 o-o-o- 0-0-0
f
J'ai reçu récemment diverses leures
a la suite de 111U11 article du 11 juin
uuruier ur lu reievu cuioniulé. Je crois
uiiiO ue' revenir sur la question ei
u appui i/cr quciqueb picoibiuiiù.
1.1;.; ministre ues uulumes a tente
u uDtenir de son cullegue ae la Guerre
quelques donioDilisaiions. 11 en a ob-
tenu li UCll-l c-unes parmi celles qu'il
a demandées. La iruerre a répondu
avec juste raison que si les colonies
ont besoin d'administrateurs, la Fran-
ce a besoin de défenseurs. La ques-
Lion ainsi posée par les Colonies ne
puuvait recevoir qu'une telle réponse.'
D'autre part, certains gouverneurs
généraux se sont opposés au retour en
France de leurs fonctionnaires. En A.
U. F., en A. E. F., en Indochine, il y
a nombre d'officiers de réserve dont
certains sont d'anciens officiers ou
sous-officiers de l'active. Quelques-uns
ont demandé instammenb a rentrer,
les gouverneurs généraux s'y sont
opposés sous le prétexte discutable
que les fonctionnaires rendent plus de
services dans la colonie qu'ils n'en
rendraient sur le front.
Gomment doit agir le ministère,
comment aurait-il dû agir, depuis quin-
ze mois 'l Par la relève normale, telle
que la, comportent les règlements en
temps de paix.
Et pour que la Guerre accepte de
démobiliser, comment pratiquement
s'y prendre ?
1° Câbler aux différentes, colonies
de faire connaître d'urgence les mobi-
lisables (officiers, sous-officiers, sol-
dats) maintenus, soit en fonctions; soit
sous les drapeaux, (dans les bureaux)
et parmi ceux-ci les volontaires, autre-
ment dit ceux qui .désirent rentrer et
faire leur devoir ;
..: 20 Offrir à la Guerre ces volontaires
pour remplacer numériquement les
mobilisés dans la métropole en com-
mençant par ceux qui ont été mobili-
sés au début de la campagne, par ordre
d'antériorité de mobilisation, et parmi
ceux-ci ceux qui ont fait ou font cam-
pagne dans l'infanterie, le génie,
l'aviation, l'artillerie.
La Guerre est toute prête à accepter. 1
Les mutations pourront être ainsi
faites:
Exemple : Administrateurs colo-
niaux, cadre général, sans compter
l'Indochine.
Prenons comme bases deux chiffres
que je crois très, près de la vérité.
Le cadre général comprend 900 ad-
ministrateurs (sous évaluation). Il n'y
a pas, à l'heure actuelle, et il n'y a
pas eu, au cours de la campagne, 50
administrateurs survivants dans les
corps combattants.
Dans les corps non combattants
(zone des armées ou zone de l'arrière),
mettons qu'il y en ait 50, et- c'est un
chiffre fort.
Voilà donc à réaliser une relève de
100 individus appartenant à un corps
de 000 fonctionnaires. Cette relève est,
il faut -le reconnaître, largement réa-
lisable. :
Prenons le 1er août 1916 comme point
de départ de l'opération et supposons
tout, d'abord que les départements des
Colonies, de la Guerre et les Gouver-
neurs' aient, avant cette date, échangé
leurs vues.
Première relève. Mobilisés combat-
tants ayant fait ou faisant encore la
campagne et qui ont été mobilisés en-
Lre le 2 août 1914 et le 31 décembre
1914, environ 15 fonctionnaires qui se-
ront retirés du front, ou des dépôts,
ou des hôpitaux, du 1er au 15 août 19^6
,et remplacés par 15 foncbiopna-ires ac-
tuellement aux colonies désireux de
prendre du service en France.
Deuxième relève. Mobilisés combat-
tants ayant fait ou faisant encore cam-
pagne et qui ont été mobilisés entre
le 1er janvier 1915 et le 1er juillet 1915 :
environ 20 fonctionnaires à retirer du
front, des dépôts ou des hôpitaux, en-
tre le 1er et le 15 septembre 1916 ; rem-
placement par 20 fonctionnaires volon-
taires , actuellement aux colonies ou
par les fonctionnaires ayant plus de
deux ans et demi de séjour colonial et
mobilisables.
Troisième relève. Les 15 derniers
combattants démobilisés du 1er au 15
octobre 1916 et qui ont été mobilisés
du lor juillet 1915 au 1er janvier 1916.
Après les combattants, on pourra re-
lever les non-combattants en novem-
bre, décembre et janvier, de telle sorte
qu'au 1er février 1917, la relève nor-
male slopérera automatiquement com-
me en temps de paix.
Il faut: remarquer que si cette, me-
sure ou toute autre analogue n'est pas
immédiatement prise, ia situation, à la
fin de la guerre, sera inextricable.
Les mobilisés auront" à ce moment
Iç droit d'exiger leur congé intégral,
droit qu'on ne saurait leur refuser,
tandis que ceux qui sont restés aux
colonies et dont le séjour augmente
chaque jour demanderont à rentrer en
France. Alors, pendant six mois, nos
colonies seront encore moins adminis-
trées que pendant la guerre. Ce sera
l'anarchie organisée.
A ces propositions, quelles objec-
tions peuvent être faites :
1° La Guerre acceptera-t-elle ? Cer-
tainement, puisque, dèrnièrement, un
administrateur, âgé de 33 ans, capitai-
ne de réserve, a été pris en première
ligne et démobilisé. Pourquoi ? parce
que le ministère -des Colonies a fait
rentrer un autre administrateur, lieu-
tenant de réserve, et l'a offert à la
Guerre. La rue St-Dominique acquies-
cera dès l'instant qu'on ne diminue pas
ses effectifs ;
2° Les Colonies accepteront-elles ?
Cette question ne se pose pas. Elles
doivent obéir. Personne n'est indispen-
sable dans l'administration -et, à faia
connaissance, les administrateurs poi-
lus qui ont fait le coup de feu ne sont
pas inférieurs à leurs cawarades restés
aux colonies ;
3° Trouvera-t-on des volontaires ?
Au nom du corps des administrateurs,
je réponds hautement, j'affirme qu'on
en trouvera deux fois plus qu'oie n'en
voudra. Tentez l'essai et vous verrez ;
4° Ces volontaires qui rentreront,
seront-ils physiquement aptés à faire
campagne ? Quelle bonne plaisanteriè!
Et ceux qui ont été mobilisés et qui
viennent de faire campagne étaient-ils
plus aptes ? Je connais des administra-
teurs très fatigués par leur séjour co-
lonial, en congé de convalescence, et
qui ont renoncé à leur congé, se sont
courageusement engagés et sont, ou
tués, ou blessés, ou continuent à ser-
vir. Ne nous imaginons pas que pour
faire la guerre, il faut être un hercule.
Il faut' avoir du cœur et les administra-
teurs 'en ont.
Si d'autres objections venaient à se
présenter, je suis prêt à les réfuter. Il
faut agir pour ménager l'honneur des
administrateurs non mobilisés en
France, pour donner au pays de nou-
veaux défenseurs résolus, pour sauver
nos colonies de. l'anarchie et aussi
pour que ce-ne soit « pas toujours aux
mêmes à se faire tuer ».
Raoul BRIQUET,
Député du Pas-de-Calais.
UNE MISSION
Par arrêté du 22 avril 1916, le Résident
général de la République française au
Maroc a chargé notre collaborateur, M.
François Bernard, d'une mission « en
vue d'étudier les ressources du pays et
l'avenir au point de vue de l'expansion
économique française: Il.
Parti de Bordeaux le 18 mai, M. Fr.
Bernard a parcouru de longs itinéraires
en automobile, a visité l'intérieur et le
littoral.
Il a, à Rabat, réuni, les documents ad-
ministratifs et statistiques qui lui étaient
nécessaires pour coordonner son enquête.
Dans le cours de son voyage, il a pu s'en-
tretenir' avec de nombreux fonctionnai-
res, ingénieurs, commerçants et colons.
De toute cette moisson de renseignements,
résultera certainement une étude critique
des plus intéressantes, dont les lecteurs
des Annales Coloniales auront la pri-
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