Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1916-02-19
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32693410p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 11726 Nombre total de vues : 11726
Description : 19 février 1916 19 février 1916
Description : 1916/02/19 (A17,N8). 1916/02/19 (A17,N8).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
Description : Collection numérique : Thème : L'histoire partagée Collection numérique : Thème : L'histoire partagée
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k64501190
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 31/01/2013
DIX-SEPTIEME ANNEE. N* à. FRANCE ET COLONIES: LE NUMERO, 16 CENTIMES SAMEDI 19 FEVRIER 1916.
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Les Annales Coloniales
JOURNAL SEMI-QUOTIDIEN ;'
LES ANNALES. COLONIALES sont le seul Journal Colonial
ne publiant que des articles inédits.
Les Manuscrits non insérés ne sont pas rendus.
Téléph. Louvre 19-37 - Adr. lél. Ancolo-Paris - Coae français A Z
k A
DIRECTEURS: MARCEL RUEDEL & L.-G. THEBAULT
ÉnACTIOfi ET RD)VIIfllSTRRTlOîl
"PARIS•!" .:. 34, Rue du Mont-Thabor PARIS-V
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Une initiait vejintéressante
de M. Angoulvant
tro-OoG-O'O
M. Angoulvant vient de prendre- une
initiative très heureuse. Il a pensé
qu'il "convenait de fournir à ses admi-
nâstrateurs la matière des raisonne-
ments simples et précis, les plus pro-
pres àconvai-nirre, l'indigène de la né-
cessité 'des prescriptions administrati-
ves. 11 a dressé, à cet effet, un manuel
des palabres qui se présente à la façon
d'un commentaire de tous les ordres
intéressant le détail de la vie indigène.
A l'injonction brutale, M. Angoul-
vant substitue- le raisonnement suscep-
tible de faire pénétrer dans l'esprit des
indigènes le pourquoi des suggestions
administratives.
Mais ce petit volume n'est pas seule-
ment que cela. En le Lisant, j'ai été
très frappé de ce qu'il constitue comme
une sorte de véritable code de toutes
les prescriptions imposées à l'indigène
dans son- intérêt personnel et dans l'in-
térêt de sa framille, comme laussi dans
l'intérêt du village et de la colonie.
L'essentiel de toutes les règles de droit
administratif, de droit public et de
droit privé s'y trouve donc reproduit
die la façon la plus claire et la pllus sai-
sissante sous forme die conseils donnés
sur un ton suffisamment impératif
pour y incliner l'esprit.
Voiici, par exemple, le chapitre sur
la famille. En quatre ou cinq pages, il
précise die la façon la plus exacte Les
droiits et les devoirs respectifs dies
époux, la question de l'adultère, celle
du divorcé, celle du mariage avec Les
,étI'la-ngers, celle du départ des ,enfant.c¡)l
emmenés pair les Sioolas; Tout cela est
écrit simplement, de façon lapidaire
pour ainsi dire. Voici, par exemple, le
chapitre sur le mariage avec les étran-
gers, il est saisissant :
Quand vous autoriserez le mariage
d'une fille de votre village avec un noir
étranger, ne voyez pas seulement dans
ce mariage la dot qui vous est versée.
Songez au moment où cet étranger quitte-
ra le pays, car c'est alors que des palabres
auront iieu.
Le mari voudra emmener sa femme et
ses enfants.
Il arrivera que la femme refuse de sui-
vre son mari.
Il faudra alors savoir si les enfants, nés
du mariage, iront avec le père ou avec la
mère.
Pour éviter ces palabres, exîgez * tou-
jours que le mariage soit fait devant le
-chef de poste.
Le chef de poste vous demandera :
1° Si le mariage est fait avec le consen-
tement de .la femme et de ses parents ou
de leurs remplaçants ;
20 Si le mari et la femme s engagent à
remplir les conditions posées par le chef
de village, suivant la coutume ;
30 Si la femme suivra ou ne suivra pas
le mari, quand celui-ci s'en ira du pays ;
4Q Si les enfants, nés du mariage, sui-
vront le père ou la mère.
Le chef de poste écrira sur un livre les
conditions du mariage.
Il les écrira aussi sur deux papiers,
qu'il donnera l'un à la femme, l'autre 8IU
mari.
De cette façon, le jour où le mari quitte-
ra le pays, il n'y aura pas (le palabre pos-
sible pour savoir les conditions dans les-
quelles le mariage a été fait.
Nous vous recommandons de bien réflé-
chir aux conséquences d'un mariage entre
une jeune fille de votre village et un noir
étranger au pays.
Que cette femme, une fois mariée, sui-
ve son mari, eUe oubliera vite ses parents
étant loin d'eux.
Elle ne les connaîtra bientôt plus eit,
quand ils seront vieux, elle ne lies aidera
plus.
J'ai tenu à reproduire intégralement
cette palabre pour en bien montrer le
ton et comment elle sait mettre en jeu
les reissorts secrets susceptibles de dé-
cider l'indigène à venir se confier au
blanc.
Sa. j'en avais la possibilité, je citerais
aussd tout au long la palabre relative
aux conventions entre les indigènes.
En voici un simple extrait :
Le papier qui a été 'écrit au poste a de
grands avantages :
1° Le tribunal ne peut pas faire erreur
dans des décisions qu'il rend ;
2° La mort ou l'absence des témoins n'a
pas d'importance ;
3° Le papier fait au poste ne coûte rien ;
4° Le tribunal n'a plus qu'une chose à
faire : ou chercher pourquoi celui qui a
été appelé devant le tribunal n'a pas exé-
cuté le contrat, ou chercher pourquoi ce-
lui qui a été appelé n'a pas exécuté le
contrat, comme l'indique le papier.
Je n'exagère en rien m,a pensée en
disant qu'il y a dans ce petit volume
tous les 'éléments d'un véritable sys-
tème juridique. Les divers biens so-
ciaux commencent ainsi à y apparaître
sous une forme tangible et sortant de
l'inorganique ou du régime des circu-
laires pesantes et poussiéreuses.
Au surplus, ce ne sont pas seule-
ment les règles administratives qui se
trouvent ladnsi condensées et commen-
tées à l'usage des indigènes. Il y a, sur
la culture du cacaoyer, du palmier à
huile, iet sur la préparation du caout-
chouc, des chapitres tout à fait intôres-
sants.Pour l'affermage des palmeraies,
je note- particulièrement 'qu'il est fait
état des suggestions que j'ai apportées
au Comité idie protection des indigènes:
- M. Angoulvant a admis que le contrat
signé par le cihef seul n'est plus possi-
ble parce que donnant lieu à trop d'a-
bus, et il impose pour la validité du
contrat la présence d'un certain nom-
bre de chefs de case désignés à cet. ef-
fet par le village en présence de l'ad-
ministrateur. Et tout cela est exposé
sans aucune préoccupation didactique.
C'est le style même des images d'Epi-
nal.
Je crois même qu'on pourrait vrai-
ment, avec toes patlabres, fiali-re tourbe
une série d'images de ce genre extrê-
mement frappante et pittoresque.
Maie je ne veux pas insister davan-
tage. Je tiens seulement à répéter que
la conception d'un tel ouvrage est un
acte de très grande portée politique. ,
Maurice VIOLLETTE.
Déjyuté d'Eure-et-Loir,
Vice-Président de la Chambre.
*1
LA GUERRE ECONOMIQUE
o-o-o
L'honorable sénateur du Rhône, M.
Edouard Herriot, annonce, dans le Jour-
nal, l'ouverture de la foire d'échantil-
lons française, qui s'ouvrira à Lyon, le 1er
mars prochain. C'est, en effet, la guerre
économique que nous devons pour ainsi
dire mener de front avec la guerre pro-
prement dite et c'est cette guerre écono-
mique qui assurera, garantira les résul-
tats acquis par nos armes et notre diplo-
matie, revenue de ses graves erreurs du
début.
Mais, nous désirons que pour la pré-
sentation de ces échantillons il soit tenu
compte des desiderata maintes fois for-
mulés par nos commerçants établis dans
nos Colonies.
Malgré de nombreuses conférences, des
rapports fréquents à l'Administration co-
loniale, nos colons n'ont pas encore pu
obtenir de nos producteurs français les
sacrifices nécessaires pour assurer la ven-
te île leurs produits et leur donner la prio-
rité sur les produits similaires étrangers.
Emballage, métrage, tissage, sont autant
de points sur lesquels nos colons ont atti-
ré souvent l'attention des exportateurs
français, sans qu'ils obtiennent la moin.
dre satisfaction.
De cette manière, bien que certains pro-
duits soient taxés de 11 0/0 ad valorem
contre 6 0/0 pour nos produits, les com-
merçants de nos Colonies ont dû recou-
rir aux produits étrangers.
Il faut donc, avant tout, que ces pro-
ducteurs exportateurs français se rensei-
gnent auprès des Chambres de Commer-
ce de nos grands ports (Le Havre, .Mar-
seille, Bordeaux) et ils y trouveront tous
les renseignements utiles à la bonne fabri-
cation, qui assureront à nos produits les
débouchés qu'ils doivent trouver les pre-
miers dans les Colonies françaises.
l MONOF.
M. LE COLONEL BERNARD
ET M. LE GOUVERNEUR GENERAL
ROUME
--0-0-0-
M. le colonel Bernard qui, depuis le dé-
but des hostilités, dirige avec l'autorité et
l'énergie que l'on lui connaît l'artillerie
du camp retranché de Paris, est venu,
avant-hie-r, déposer devant la Commission
de la Marine marchande.
Il a prolesté avec une véhémente indi-
gnation contre la suppression des services
de la navigation en Indochine et, notam-
ment, contre la suppression du service
Saigon-Bangkok opéré par M. le Gouver-
neur général Roume.
M. le colonel Bernard, dont la haute va-
leur est unanimement appréciée à la
Chambre, a fait une profonde impression
dans les milieux politiques.
Ajoutons que ce n'est pas comme colo-
nel., mais comme administrateur délégué
de la Compagnie des Messageries fluviales
de Cochinchine que M. Bernard a com-
paru au Palais-Bourbon.
̃
C'EST LA GUERRE
-0-0-0---
Le joyeux M. de Keralry, dont les lacé-
ties financières ont égayé l'Indochine et
qui, à la tôle du service du contrôle finan-
cier à Hanoi, s'est livré aux plus extrava-
gantes combinaisons, n'avait pas trouvé
celle-là : M
Depuis le 15 ïanvier dernier, c'st le ser-
vices des Douanes qui s'est substitué aux
Messageries fluviales de Cochinchine pour
assurer le coumer par mer Saigon-Bang-
koli, via Poulo-Condore, Ilongchong et
Chantaboun.
C'est la chaloupe Espadon des Douanes
et Régies qui assure (? ? ?) -tant bien que
mal évidemment le service, prenaût des
passagers-, leur garantissant tout est
retatil - bonne chère, bon gîte et. le mal
de mer évidemment.
Voilà rEtat armateur et marchand de
soupe et c'est l'Indochine qui- donne
l'exemple. bon ou mauvais d'ailleurs.
–̃–
LA CENSURE EN INDOCHINE
ET L' « OFFICIEL »
o-o-o
Anastasie contiue à opérer comme une
petite folle, à Hanoi et à Saigon. Elle cou-
pe, elle tranche, elle passe et repasse
avec une vigueur digne d'un autre âge.
Le Journal Officiel de' la République
française ne trouve pas grâce devant elle,
et c'est ainsi que les questions ecriies de
M. Ernest Outrey, publiées à l'Officiel,
depuis quelques mois, ne peuvent pas
être reproduites à Saigon. Les débats par-
lementaires, notamment ceux sur les gas-
pillages en Indochine, en 1912, 1913 et
1914, où notre ami Ceccaldi a levé quel-
ques coins du voile, n'ont pas été insérés
dans les journaux locaux.
Doux pays ! comme aurait dit, en d'au-
tres temps, le héros Forain.
LA GUERRE EN AFRIQUE
o-o-o
Ainsi que 'permettaient de le prévoir les
derniers communiqués, le Cameroun est
désormais entièrement perdu pour l'Alle-
magne.
D'après un télégramme du 16 février 1916
du général Dobell, commandant les forces
anglaises, les troupes françaises sous les
ordres idiu général Aymerich ont fermé la
frontière jusqu'à Ngoa et entièrement à
l'est de ce point.
La colonne de Campo, à quelques rniMies
de là, est accourue pour fermier la ligne
à partir de la mer.
Les opérations actives de cette campa-
gne, - Isi bien préparée par le'général Lar-
ge an, si brillamment menée par nos trou-
pes, sous les ordres des" colonels Brisaet,
Le Meillour et Meyer, sont maintenant
virtuellement terminées et la conquête du
Cameroun est complète, sauf pour la posi-
tion isolée de la colline de Mora, tout ce
qui reste aujourd'hui à nos ennemis de la
fameuse « antenne ».
Le commandant allemand Zimmermann
a réussi à se réfugier en territoire espa-
gnol.
D'après un télégramme de Cadix, un
camp de concentration pour recevoir les
Allemands échappés du Cameroun et dé-
sarmés. en Guinée espagnole est préparé
près de San Fernande, dans l'ne Léon.
Le vapieur Villaverde, escorté d'un vais-
seau de guerre, arrivera incessamment
portant le premier convoi.
ORGANISONS
RÉORGANISONS
DÉSORGANISONS
o-o-o
Depuis que M. Messimy (Adolphe) a ré-
organisé, sur des bases mathématiques,
les services de la rue Oudinot, jamais les
deux Chalnbres n'ont été saisiels d'autant
de propositions rationnelles de transfor-
mation dans les directions du ministère
des Colonies.
M. Gratien Candace vient, à son tour,
d'accoucher d'un projet. Il témoigne des
qualités d'intelligence du jeune et sympa-
thique député de la Guadeloupe. Il veut
plus de .méthode et préconise la réparti-
tion du travail en sept services.
Nolls voulons bien, mais croit-il sincè-
rement que là est le remède d'une situa-
tion dont les directeurs clairvoyants du
Département sont les premiers à souffrir.
Nous ne le pensons pas.
En réalité, malgré ses imperfections,
avec quelques modifications, le ministère
des Colonies pourrait très bien fonctionner
et faire preuve d'heureuses inititativea.
Il suffit qu'il y ait vraiment un chef rue
Oudinot, connaissant son métier, n'igno-
rant rien des Colonies et soucieux de ses
responsabilités, comme en.
Mais, taisons-nous, méfions-nous, des
oreilles jalouses écoutent.
0*
POURQUOI PAS DES HOTTENTOTS ?
oo
M. Du chemin, le distingué économiste,
a soumis à l'Académie d'agriculture, dans
sa dernière séance, une élude sur les res-
sources en main-d'œuvre que la Chine
pourrait offrir à VAgriculture française.
Personne n'en doute, en vérité. Mais, se-
rait-ce bien la peine de faire la guerre,
pour ouvrir notre mère-patrie à toutes les
colonisations exotiques.
Ni jaunes, ni noirs, ni rouges.
La France aux blancs ci aux Français,
que diable !
,
DINAH SALIFOU SUR L'ECRAN
Les Annales Coloniales ont dit, il y a
trois senwines, que le prince Dinah Sali-
fou avait reçu solennellement la Légion
d'Honneur des mainp du général Galopin,
à une des dernières prises d'armes aux
Invalides. La cérémonie fut simple et
émouvante, comme loujoivrs.
Mais Ptitbé veillait. Le défilé, la remise
de la Croix d'Honneur, l'accolade du géné-
ral au brave noir, tout fut tourné. Après
avoir été copieusement applaudi dans la.
capitale et en province, le sous-lieutenant
Dinah Salifou fait, avec les Actualités Pa-
th6, le tour du monde. Heureux prince !
Avoir connu la vie de misères et de pri-
vations qu'il a endurée et puis, tout d'un
coup, trouver du fait de son courage plus
de gloire av. monde que n'en eurent ja*
mais, au temps de leurs primitives splen-
deurs, tous ses ancêtres. Sic » transit »
gloria mundi.
Le plus émouvant de l'aventure, c'est
que les bravos des spectateurs neutres
blasés stir les actualités vieillies d'une
guerre dure, ne commencent à crépiter
qu'au sourire largement satisfait de Di-
nah Salifou. Qui lui clÎ t dit aux heures
deux fois noires des dernières années, que
l'héritier déchn des rois des Malous soulè-
verait l'enthousiasme des foides à New-
York comme à Genève, à Madrid comme
à Amsterdam.
LA MORT DE SAID-ALI
-0-0-0--
Le .Sultan iSaïd-Ali est mort à Tama-
tave le 10 tévrier.
Nos lecteurs n'ont (pas oublié la cam-
pagne que menèrent les Annales Colo-
niales en faveur idlu iSuîtan de La Gran-
ée-Gomore injustement dépouillé par
des fonctionnaires avides et des com-
merçants sans scrupules, campagne
qui se termina par le rétablissement
de Saïd-Ali dans la plénitude de ses
droits.
Ce ne furent point là des efforts per-
due, car le Sultan de la Grande- Como-
re fut pour la France uni allié utilei et
fidèle. Les efficaces services qu'il nous
avait rendus auprès des musulmans de
Madagascar au moment où le Sultan
die Gonstantinople proclama la guerre
sainte, lui valurent d'être nommé, il y
a peu de mois, commandeur de la Lé-
gion d'honneur.
L'autorité de Saïd-Ali, 'authentique
descendant du Prophète, était consi-
dérable dans tout l'Océan Indien, tant
aiu point de vue religieux qu'au poinit
de vue politique. -
Les Travaux publics" aux Colonies
0-0-0-0-0-0
Fonctionnaires sans retraite
Quand certains fonctionnaires font
remarquer que l'accès de leur carrière
est difficile, qu'ils sont peu rétribués,
que l'avancement est lent, que le tra-
vail à fournir est considérable, que
leur indépendance est limitée, on ob-
jecte volontiers : Oui, mais ils ont la
certitude du lendemain, car une re-
traite 'assurée compensera, en leur
vieillesse, les tribulations de la jeu-
nesse et de l'âge mûr.
Eh ! bien, il y a, en Afrique occiden-
tale, en Afrique cquatoriale, â Mada-
gascar, toute une catégorie de fonc-
tionnaires qui ne jouit pas du droit à
la retraite. Ce sont les fonctionnaires
du cadre général des travaux publics.
Ce cadre a été organisé en 1901. Il
comprend des commis, conducteurs et
ingénieurs des travaux publics qui,
dans les colonies autres que l'Indochi-
ne, 'les Antilles et la Réunion, sont
chargés des travaux dont l'exécution
doit contribuer à l'essor économique
des colonies.
Avant 1901, les agents des travaux-
publics attendaient cette organisation,
et le droit à la retraite leur avait été si
formellement promis que leur décep-
tion l'ut grande et légitime quand ils
constatèrent que le décret d'organisa-
tion comportait seulement l'établisse-
ment d'une caisse de prévoyance ali-
mentée par un versement de cinq pour
cent prélevé sur la solde et un verse-
ment égal fourni par la oolonie, le tout
déposé à la Caisse des consignations,
qui servirait un intérêt de i fr. 50 pour
cent, ramené, depuis pusieurs années,
au taux dérisoire de 1 pour cent.
Vous serez certainement, ami lec-
teur, surpris de ce taux, comme d'ail-
leurs des précisions qui suivent.
Le cadre général des travaux publics
constituerait la base de cette adminis-
tration, qui se développa très rapide-
ment ; on dut créer des cadres d'a-
gents subalternes dans les diverses co-
lonies, surveillants, mécaniciens, fon-
tainiers, etc., qui furent soumis au
même régime cle la caisse de pré-
voyance. Ces cadres subalternes furent
organisés, comme toutes les autres ad-
ministrations, en cadres locaux dépen-
dant du gouverneur général du groupe
I des colonies où ces agents devaient
être en service.
) Ce système de caisse de prévoyance
ne pouvait que donner des résultats dé-
plorables. Ainsi un agent du cadre gé-
néral des travaux publics ayant débuté
, comme commis, ne devait recevoir,
après 25 ans de colonies, qu'un capital
t de douze à treize mille francs ; s'il
, avait débuté comme conducteur, il de-
, vait toucher quinze à seize mille francs.
"r Voilà dans quelles conditions rentrait
- en France un agent fatigué, usé par
s ses séjours coloniaux. Cofnbien, d'ail-
e leurs, n'arrivent pas au bout des vingt-
- cinq années de colonies, et que peu-
;- vent devenir la femme et les enfants
e qui n'ont pas d'autre ressource !
Les réclamations provoquées par un
- pareil état de choses aboutirent à la
création de caisses locales de retraites,
l'une en A. 0. F., l'autre en A. E. F.,
1- établies sur les mêmes bases que cel-
les qui existaient déjà en Indochine et
1. à Madagascar. Toutes les administrar
0- tions qui étaient dotées (?) de caisses
n, de prévoyance purent alors verser à
3,r ces caisses des retraites. sauf préci-
n. sément les agents du cadre général des
le itravaux publics qui restèrent et res-
nt tent encore les seuls fonctionnaires co-
els loniaux exclus de cette mesure huma-
nitaire.
HT- Précisons. L'administration des tra-
LO- vaux publics comprend : 1° 'les agents
et du cadre général (commis, conduo
us teurs, ingénieurs); 2° les agents des ca-
de dres locaux (mécaniciens, surveillants,
an etc., etc.); 3° les agents des ponts el
Te chaussées détachés aux colonies; 4° les
y officiers hors cadre détachés dans les
j é- travaux publics. La première catégo-
rie seule n'a pas droit, à la retraite. Pa
ue reille « exclusive » est injustifiable e
si- décourageante. Tous les fonctionnai
mt res et agents des autres administra
int tions, qu'Hs soient indigènes ou euro
péens, y compris les simples plantons
ont droit à la retraite. Les ingénieurs,
conducteurs, commis du cadre géné-
ral, eux sont ignoblement traités en
parias.
Bien des efforts ont été tentés pour
abolir cette flagrante iniquité. C'est à
peine si, au début de 1914, Je pouvoir
exécutif s'est ému de cette situation ;
le ministre des Colonies a demandé
alors alJli gouverneurs généraux de
l'A. 0. F., de l'A. E. F. eit de Madagas-
car s'ils voulaient bien autoriser ces
agents à verser dans les caisses locales
de r.e,braites. Les réponses parvenues
au ministère ont été, paraît-il, favora-
bles; la guerre est survenue; la ques-
tion demeure toujours en suspens.
Les nombreux agents de ce cadre,
quj. sont mobilisés ou qui sont restés
dans 'leurs colonies respectives, se de-
mandent s'ils verront aboutir cette
question si angoissante pour eux; il
leur tarde d'autant plus de rentrer
dans le droit commun que le ministère
des Colonies a tranché, pendant la
guerre, maintes autres questions qui
n'étaient pas plus pressantes.
La situation est très simple et à la
portée du premier venu. L'article 6 de
la loi du 9 juin 1853 est ainsi conçu :
« La pension est basée sur 'la moyen-
ne des traitements et émoluments de
toute nature soumis à des retenues
dont l'ayant droit a joui pendant les
six dernières années d'exercice. La
pension est réglée, pour chaque an-
née de services civils, à un soixantiè-
me du traitement moyen. »
Allons, Messieurs des Colonies, un
peu de bonne volonté, et même, pour
une fois, un peu de volonté- !
Frère Jacques de la rue Oudinot,
dormez-vous ? Dormez-vous ? Si oui,
'elh bien, nous sonnerons les mâ-
tines !
Henri LBROUE.
Député de la Gironde.
LES DEUX ANASTASIE
Un journal du matin a publié, avec
l'autorisation d'une censure qui n'en est
plus à compter ses méfaits, le récit fan-
tastique d'un soulèvement indigène, pré-
paré à Madagascar avec le concours d'élé-
ments allemands. Parmi les coupables, on
compterait des médecins, des pharma-
ciens, des photographes, des petits fonc-
tionnaires, un prêtre indigène catholique,
des pasteurs protestants, deux frères des
Ecoles chrétiennes, que sais-je encore.
Dès la fin de décembre, les journaux de
Madagascar nous avaient apporté le récit
de tous ces faits ramenés à leurs justes
proportions.
Les correspondances que nous avons
reçues de Tananarive, de Diégo-Suarez,
de Tamatave, nous avaient signalé les
incidents et précisé les mesures de pro-
tection prises par M. Hubert Garbit, Gou-
verneur général de Madagascar.
Mais tout cela n'a jamais eu l'impor-
tance d'autres événements survenus ail-
leurs, dont la censure nous a interdit la
publication.
Les vieillards cacochymes de la rue de
Grenelle ne permettent pas à Henri La-
broue de dire. ce que pensent nos amis
d'Algérie, elle interdit à Marcel Ruedel de
raconter ce qui se passe en Ethiopie,
d'après des documents authentiques, par-
venus en janvier.
Mais, les jeunes hurluberlus de Ta rue
François-1er, qui surveillent les quotidiens,
essayent d'émouvoir l'opinion en laissant
publier, par Alype (Pierre), dans -Exœl-
sior, un conte des mille et une nuits sur.
les forces- abyssines, et, par le Journal,
d'hier, le récit fantastique, arrivé par dé-
pêche (???), d'un sombre complot organi-
sé à Madagascar, par des gens dont les
principaux meneurs seraient d'anciens
protégés de M. Victor Augagneur.
t Et il y a vingt mois que nous sommes en
i guerre.
3 Tout cela est bête à pleurer..
Samedi prochain, les Annales Colô-
t niales publieront les articles de MM. :
- HENRI MICHEL, sénateur des Basses-
r Alpes ;
- HENRI eSSNIER, député de Vlndre ;
'S MONOF,.
,T""
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nâstrateurs la matière des raisonne-
ments simples et précis, les plus pro-
pres àconvai-nirre, l'indigène de la né-
cessité 'des prescriptions administrati-
ves. 11 a dressé, à cet effet, un manuel
des palabres qui se présente à la façon
d'un commentaire de tous les ordres
intéressant le détail de la vie indigène.
A l'injonction brutale, M. Angoul-
vant substitue- le raisonnement suscep-
tible de faire pénétrer dans l'esprit des
indigènes le pourquoi des suggestions
administratives.
Mais ce petit volume n'est pas seule-
ment que cela. En le Lisant, j'ai été
très frappé de ce qu'il constitue comme
une sorte de véritable code de toutes
les prescriptions imposées à l'indigène
dans son- intérêt personnel et dans l'in-
térêt de sa framille, comme laussi dans
l'intérêt du village et de la colonie.
L'essentiel de toutes les règles de droit
administratif, de droit public et de
droit privé s'y trouve donc reproduit
die la façon la plus claire et la pllus sai-
sissante sous forme die conseils donnés
sur un ton suffisamment impératif
pour y incliner l'esprit.
Voiici, par exemple, le chapitre sur
la famille. En quatre ou cinq pages, il
précise die la façon la plus exacte Les
droiits et les devoirs respectifs dies
époux, la question de l'adultère, celle
du divorcé, celle du mariage avec Les
,étI'la-ngers, celle du départ des ,enfant.c¡)l
emmenés pair les Sioolas; Tout cela est
écrit simplement, de façon lapidaire
pour ainsi dire. Voici, par exemple, le
chapitre sur le mariage avec les étran-
gers, il est saisissant :
Quand vous autoriserez le mariage
d'une fille de votre village avec un noir
étranger, ne voyez pas seulement dans
ce mariage la dot qui vous est versée.
Songez au moment où cet étranger quitte-
ra le pays, car c'est alors que des palabres
auront iieu.
Le mari voudra emmener sa femme et
ses enfants.
Il arrivera que la femme refuse de sui-
vre son mari.
Il faudra alors savoir si les enfants, nés
du mariage, iront avec le père ou avec la
mère.
Pour éviter ces palabres, exîgez * tou-
jours que le mariage soit fait devant le
-chef de poste.
Le chef de poste vous demandera :
1° Si le mariage est fait avec le consen-
tement de .la femme et de ses parents ou
de leurs remplaçants ;
20 Si le mari et la femme s engagent à
remplir les conditions posées par le chef
de village, suivant la coutume ;
30 Si la femme suivra ou ne suivra pas
le mari, quand celui-ci s'en ira du pays ;
4Q Si les enfants, nés du mariage, sui-
vront le père ou la mère.
Le chef de poste écrira sur un livre les
conditions du mariage.
Il les écrira aussi sur deux papiers,
qu'il donnera l'un à la femme, l'autre 8IU
mari.
De cette façon, le jour où le mari quitte-
ra le pays, il n'y aura pas (le palabre pos-
sible pour savoir les conditions dans les-
quelles le mariage a été fait.
Nous vous recommandons de bien réflé-
chir aux conséquences d'un mariage entre
une jeune fille de votre village et un noir
étranger au pays.
Que cette femme, une fois mariée, sui-
ve son mari, eUe oubliera vite ses parents
étant loin d'eux.
Elle ne les connaîtra bientôt plus eit,
quand ils seront vieux, elle ne lies aidera
plus.
J'ai tenu à reproduire intégralement
cette palabre pour en bien montrer le
ton et comment elle sait mettre en jeu
les reissorts secrets susceptibles de dé-
cider l'indigène à venir se confier au
blanc.
Sa. j'en avais la possibilité, je citerais
aussd tout au long la palabre relative
aux conventions entre les indigènes.
En voici un simple extrait :
Le papier qui a été 'écrit au poste a de
grands avantages :
1° Le tribunal ne peut pas faire erreur
dans des décisions qu'il rend ;
2° La mort ou l'absence des témoins n'a
pas d'importance ;
3° Le papier fait au poste ne coûte rien ;
4° Le tribunal n'a plus qu'une chose à
faire : ou chercher pourquoi celui qui a
été appelé devant le tribunal n'a pas exé-
cuté le contrat, ou chercher pourquoi ce-
lui qui a été appelé n'a pas exécuté le
contrat, comme l'indique le papier.
Je n'exagère en rien m,a pensée en
disant qu'il y a dans ce petit volume
tous les 'éléments d'un véritable sys-
tème juridique. Les divers biens so-
ciaux commencent ainsi à y apparaître
sous une forme tangible et sortant de
l'inorganique ou du régime des circu-
laires pesantes et poussiéreuses.
Au surplus, ce ne sont pas seule-
ment les règles administratives qui se
trouvent ladnsi condensées et commen-
tées à l'usage des indigènes. Il y a, sur
la culture du cacaoyer, du palmier à
huile, iet sur la préparation du caout-
chouc, des chapitres tout à fait intôres-
sants.Pour l'affermage des palmeraies,
je note- particulièrement 'qu'il est fait
état des suggestions que j'ai apportées
au Comité idie protection des indigènes:
- M. Angoulvant a admis que le contrat
signé par le cihef seul n'est plus possi-
ble parce que donnant lieu à trop d'a-
bus, et il impose pour la validité du
contrat la présence d'un certain nom-
bre de chefs de case désignés à cet. ef-
fet par le village en présence de l'ad-
ministrateur. Et tout cela est exposé
sans aucune préoccupation didactique.
C'est le style même des images d'Epi-
nal.
Je crois même qu'on pourrait vrai-
ment, avec toes patlabres, fiali-re tourbe
une série d'images de ce genre extrê-
mement frappante et pittoresque.
Maie je ne veux pas insister davan-
tage. Je tiens seulement à répéter que
la conception d'un tel ouvrage est un
acte de très grande portée politique. ,
Maurice VIOLLETTE.
Déjyuté d'Eure-et-Loir,
Vice-Président de la Chambre.
*1
LA GUERRE ECONOMIQUE
o-o-o
L'honorable sénateur du Rhône, M.
Edouard Herriot, annonce, dans le Jour-
nal, l'ouverture de la foire d'échantil-
lons française, qui s'ouvrira à Lyon, le 1er
mars prochain. C'est, en effet, la guerre
économique que nous devons pour ainsi
dire mener de front avec la guerre pro-
prement dite et c'est cette guerre écono-
mique qui assurera, garantira les résul-
tats acquis par nos armes et notre diplo-
matie, revenue de ses graves erreurs du
début.
Mais, nous désirons que pour la pré-
sentation de ces échantillons il soit tenu
compte des desiderata maintes fois for-
mulés par nos commerçants établis dans
nos Colonies.
Malgré de nombreuses conférences, des
rapports fréquents à l'Administration co-
loniale, nos colons n'ont pas encore pu
obtenir de nos producteurs français les
sacrifices nécessaires pour assurer la ven-
te île leurs produits et leur donner la prio-
rité sur les produits similaires étrangers.
Emballage, métrage, tissage, sont autant
de points sur lesquels nos colons ont atti-
ré souvent l'attention des exportateurs
français, sans qu'ils obtiennent la moin.
dre satisfaction.
De cette manière, bien que certains pro-
duits soient taxés de 11 0/0 ad valorem
contre 6 0/0 pour nos produits, les com-
merçants de nos Colonies ont dû recou-
rir aux produits étrangers.
Il faut donc, avant tout, que ces pro-
ducteurs exportateurs français se rensei-
gnent auprès des Chambres de Commer-
ce de nos grands ports (Le Havre, .Mar-
seille, Bordeaux) et ils y trouveront tous
les renseignements utiles à la bonne fabri-
cation, qui assureront à nos produits les
débouchés qu'ils doivent trouver les pre-
miers dans les Colonies françaises.
l MONOF.
M. LE COLONEL BERNARD
ET M. LE GOUVERNEUR GENERAL
ROUME
--0-0-0-
M. le colonel Bernard qui, depuis le dé-
but des hostilités, dirige avec l'autorité et
l'énergie que l'on lui connaît l'artillerie
du camp retranché de Paris, est venu,
avant-hie-r, déposer devant la Commission
de la Marine marchande.
Il a prolesté avec une véhémente indi-
gnation contre la suppression des services
de la navigation en Indochine et, notam-
ment, contre la suppression du service
Saigon-Bangkok opéré par M. le Gouver-
neur général Roume.
M. le colonel Bernard, dont la haute va-
leur est unanimement appréciée à la
Chambre, a fait une profonde impression
dans les milieux politiques.
Ajoutons que ce n'est pas comme colo-
nel., mais comme administrateur délégué
de la Compagnie des Messageries fluviales
de Cochinchine que M. Bernard a com-
paru au Palais-Bourbon.
̃
C'EST LA GUERRE
-0-0-0---
Le joyeux M. de Keralry, dont les lacé-
ties financières ont égayé l'Indochine et
qui, à la tôle du service du contrôle finan-
cier à Hanoi, s'est livré aux plus extrava-
gantes combinaisons, n'avait pas trouvé
celle-là : M
Depuis le 15 ïanvier dernier, c'st le ser-
vices des Douanes qui s'est substitué aux
Messageries fluviales de Cochinchine pour
assurer le coumer par mer Saigon-Bang-
koli, via Poulo-Condore, Ilongchong et
Chantaboun.
C'est la chaloupe Espadon des Douanes
et Régies qui assure (? ? ?) -tant bien que
mal évidemment le service, prenaût des
passagers-, leur garantissant tout est
retatil - bonne chère, bon gîte et. le mal
de mer évidemment.
Voilà rEtat armateur et marchand de
soupe et c'est l'Indochine qui- donne
l'exemple. bon ou mauvais d'ailleurs.
–̃–
LA CENSURE EN INDOCHINE
ET L' « OFFICIEL »
o-o-o
Anastasie contiue à opérer comme une
petite folle, à Hanoi et à Saigon. Elle cou-
pe, elle tranche, elle passe et repasse
avec une vigueur digne d'un autre âge.
Le Journal Officiel de' la République
française ne trouve pas grâce devant elle,
et c'est ainsi que les questions ecriies de
M. Ernest Outrey, publiées à l'Officiel,
depuis quelques mois, ne peuvent pas
être reproduites à Saigon. Les débats par-
lementaires, notamment ceux sur les gas-
pillages en Indochine, en 1912, 1913 et
1914, où notre ami Ceccaldi a levé quel-
ques coins du voile, n'ont pas été insérés
dans les journaux locaux.
Doux pays ! comme aurait dit, en d'au-
tres temps, le héros Forain.
LA GUERRE EN AFRIQUE
o-o-o
Ainsi que 'permettaient de le prévoir les
derniers communiqués, le Cameroun est
désormais entièrement perdu pour l'Alle-
magne.
D'après un télégramme du 16 février 1916
du général Dobell, commandant les forces
anglaises, les troupes françaises sous les
ordres idiu général Aymerich ont fermé la
frontière jusqu'à Ngoa et entièrement à
l'est de ce point.
La colonne de Campo, à quelques rniMies
de là, est accourue pour fermier la ligne
à partir de la mer.
Les opérations actives de cette campa-
gne, - Isi bien préparée par le'général Lar-
ge an, si brillamment menée par nos trou-
pes, sous les ordres des" colonels Brisaet,
Le Meillour et Meyer, sont maintenant
virtuellement terminées et la conquête du
Cameroun est complète, sauf pour la posi-
tion isolée de la colline de Mora, tout ce
qui reste aujourd'hui à nos ennemis de la
fameuse « antenne ».
Le commandant allemand Zimmermann
a réussi à se réfugier en territoire espa-
gnol.
D'après un télégramme de Cadix, un
camp de concentration pour recevoir les
Allemands échappés du Cameroun et dé-
sarmés. en Guinée espagnole est préparé
près de San Fernande, dans l'ne Léon.
Le vapieur Villaverde, escorté d'un vais-
seau de guerre, arrivera incessamment
portant le premier convoi.
ORGANISONS
RÉORGANISONS
DÉSORGANISONS
o-o-o
Depuis que M. Messimy (Adolphe) a ré-
organisé, sur des bases mathématiques,
les services de la rue Oudinot, jamais les
deux Chalnbres n'ont été saisiels d'autant
de propositions rationnelles de transfor-
mation dans les directions du ministère
des Colonies.
M. Gratien Candace vient, à son tour,
d'accoucher d'un projet. Il témoigne des
qualités d'intelligence du jeune et sympa-
thique député de la Guadeloupe. Il veut
plus de .méthode et préconise la réparti-
tion du travail en sept services.
Nolls voulons bien, mais croit-il sincè-
rement que là est le remède d'une situa-
tion dont les directeurs clairvoyants du
Département sont les premiers à souffrir.
Nous ne le pensons pas.
En réalité, malgré ses imperfections,
avec quelques modifications, le ministère
des Colonies pourrait très bien fonctionner
et faire preuve d'heureuses inititativea.
Il suffit qu'il y ait vraiment un chef rue
Oudinot, connaissant son métier, n'igno-
rant rien des Colonies et soucieux de ses
responsabilités, comme en.
Mais, taisons-nous, méfions-nous, des
oreilles jalouses écoutent.
0*
POURQUOI PAS DES HOTTENTOTS ?
oo
M. Du chemin, le distingué économiste,
a soumis à l'Académie d'agriculture, dans
sa dernière séance, une élude sur les res-
sources en main-d'œuvre que la Chine
pourrait offrir à VAgriculture française.
Personne n'en doute, en vérité. Mais, se-
rait-ce bien la peine de faire la guerre,
pour ouvrir notre mère-patrie à toutes les
colonisations exotiques.
Ni jaunes, ni noirs, ni rouges.
La France aux blancs ci aux Français,
que diable !
,
DINAH SALIFOU SUR L'ECRAN
Les Annales Coloniales ont dit, il y a
trois senwines, que le prince Dinah Sali-
fou avait reçu solennellement la Légion
d'Honneur des mainp du général Galopin,
à une des dernières prises d'armes aux
Invalides. La cérémonie fut simple et
émouvante, comme loujoivrs.
Mais Ptitbé veillait. Le défilé, la remise
de la Croix d'Honneur, l'accolade du géné-
ral au brave noir, tout fut tourné. Après
avoir été copieusement applaudi dans la.
capitale et en province, le sous-lieutenant
Dinah Salifou fait, avec les Actualités Pa-
th6, le tour du monde. Heureux prince !
Avoir connu la vie de misères et de pri-
vations qu'il a endurée et puis, tout d'un
coup, trouver du fait de son courage plus
de gloire av. monde que n'en eurent ja*
mais, au temps de leurs primitives splen-
deurs, tous ses ancêtres. Sic » transit »
gloria mundi.
Le plus émouvant de l'aventure, c'est
que les bravos des spectateurs neutres
blasés stir les actualités vieillies d'une
guerre dure, ne commencent à crépiter
qu'au sourire largement satisfait de Di-
nah Salifou. Qui lui clÎ t dit aux heures
deux fois noires des dernières années, que
l'héritier déchn des rois des Malous soulè-
verait l'enthousiasme des foides à New-
York comme à Genève, à Madrid comme
à Amsterdam.
LA MORT DE SAID-ALI
-0-0-0--
Le .Sultan iSaïd-Ali est mort à Tama-
tave le 10 tévrier.
Nos lecteurs n'ont (pas oublié la cam-
pagne que menèrent les Annales Colo-
niales en faveur idlu iSuîtan de La Gran-
ée-Gomore injustement dépouillé par
des fonctionnaires avides et des com-
merçants sans scrupules, campagne
qui se termina par le rétablissement
de Saïd-Ali dans la plénitude de ses
droits.
Ce ne furent point là des efforts per-
due, car le Sultan de la Grande- Como-
re fut pour la France uni allié utilei et
fidèle. Les efficaces services qu'il nous
avait rendus auprès des musulmans de
Madagascar au moment où le Sultan
die Gonstantinople proclama la guerre
sainte, lui valurent d'être nommé, il y
a peu de mois, commandeur de la Lé-
gion d'honneur.
L'autorité de Saïd-Ali, 'authentique
descendant du Prophète, était consi-
dérable dans tout l'Océan Indien, tant
aiu point de vue religieux qu'au poinit
de vue politique. -
Les Travaux publics" aux Colonies
0-0-0-0-0-0
Fonctionnaires sans retraite
Quand certains fonctionnaires font
remarquer que l'accès de leur carrière
est difficile, qu'ils sont peu rétribués,
que l'avancement est lent, que le tra-
vail à fournir est considérable, que
leur indépendance est limitée, on ob-
jecte volontiers : Oui, mais ils ont la
certitude du lendemain, car une re-
traite 'assurée compensera, en leur
vieillesse, les tribulations de la jeu-
nesse et de l'âge mûr.
Eh ! bien, il y a, en Afrique occiden-
tale, en Afrique cquatoriale, â Mada-
gascar, toute une catégorie de fonc-
tionnaires qui ne jouit pas du droit à
la retraite. Ce sont les fonctionnaires
du cadre général des travaux publics.
Ce cadre a été organisé en 1901. Il
comprend des commis, conducteurs et
ingénieurs des travaux publics qui,
dans les colonies autres que l'Indochi-
ne, 'les Antilles et la Réunion, sont
chargés des travaux dont l'exécution
doit contribuer à l'essor économique
des colonies.
Avant 1901, les agents des travaux-
publics attendaient cette organisation,
et le droit à la retraite leur avait été si
formellement promis que leur décep-
tion l'ut grande et légitime quand ils
constatèrent que le décret d'organisa-
tion comportait seulement l'établisse-
ment d'une caisse de prévoyance ali-
mentée par un versement de cinq pour
cent prélevé sur la solde et un verse-
ment égal fourni par la oolonie, le tout
déposé à la Caisse des consignations,
qui servirait un intérêt de i fr. 50 pour
cent, ramené, depuis pusieurs années,
au taux dérisoire de 1 pour cent.
Vous serez certainement, ami lec-
teur, surpris de ce taux, comme d'ail-
leurs des précisions qui suivent.
Le cadre général des travaux publics
constituerait la base de cette adminis-
tration, qui se développa très rapide-
ment ; on dut créer des cadres d'a-
gents subalternes dans les diverses co-
lonies, surveillants, mécaniciens, fon-
tainiers, etc., qui furent soumis au
même régime cle la caisse de pré-
voyance. Ces cadres subalternes furent
organisés, comme toutes les autres ad-
ministrations, en cadres locaux dépen-
dant du gouverneur général du groupe
I des colonies où ces agents devaient
être en service.
) Ce système de caisse de prévoyance
ne pouvait que donner des résultats dé-
plorables. Ainsi un agent du cadre gé-
néral des travaux publics ayant débuté
, comme commis, ne devait recevoir,
après 25 ans de colonies, qu'un capital
t de douze à treize mille francs ; s'il
, avait débuté comme conducteur, il de-
, vait toucher quinze à seize mille francs.
"r Voilà dans quelles conditions rentrait
- en France un agent fatigué, usé par
s ses séjours coloniaux. Cofnbien, d'ail-
e leurs, n'arrivent pas au bout des vingt-
- cinq années de colonies, et que peu-
;- vent devenir la femme et les enfants
e qui n'ont pas d'autre ressource !
Les réclamations provoquées par un
- pareil état de choses aboutirent à la
création de caisses locales de retraites,
l'une en A. 0. F., l'autre en A. E. F.,
1- établies sur les mêmes bases que cel-
les qui existaient déjà en Indochine et
1. à Madagascar. Toutes les administrar
0- tions qui étaient dotées (?) de caisses
n, de prévoyance purent alors verser à
3,r ces caisses des retraites. sauf préci-
n. sément les agents du cadre général des
le itravaux publics qui restèrent et res-
nt tent encore les seuls fonctionnaires co-
els loniaux exclus de cette mesure huma-
nitaire.
HT- Précisons. L'administration des tra-
LO- vaux publics comprend : 1° 'les agents
et du cadre général (commis, conduo
us teurs, ingénieurs); 2° les agents des ca-
de dres locaux (mécaniciens, surveillants,
an etc., etc.); 3° les agents des ponts el
Te chaussées détachés aux colonies; 4° les
y officiers hors cadre détachés dans les
j é- travaux publics. La première catégo-
rie seule n'a pas droit, à la retraite. Pa
ue reille « exclusive » est injustifiable e
si- décourageante. Tous les fonctionnai
mt res et agents des autres administra
int tions, qu'Hs soient indigènes ou euro
péens, y compris les simples plantons
ont droit à la retraite. Les ingénieurs,
conducteurs, commis du cadre géné-
ral, eux sont ignoblement traités en
parias.
Bien des efforts ont été tentés pour
abolir cette flagrante iniquité. C'est à
peine si, au début de 1914, Je pouvoir
exécutif s'est ému de cette situation ;
le ministre des Colonies a demandé
alors alJli gouverneurs généraux de
l'A. 0. F., de l'A. E. F. eit de Madagas-
car s'ils voulaient bien autoriser ces
agents à verser dans les caisses locales
de r.e,braites. Les réponses parvenues
au ministère ont été, paraît-il, favora-
bles; la guerre est survenue; la ques-
tion demeure toujours en suspens.
Les nombreux agents de ce cadre,
quj. sont mobilisés ou qui sont restés
dans 'leurs colonies respectives, se de-
mandent s'ils verront aboutir cette
question si angoissante pour eux; il
leur tarde d'autant plus de rentrer
dans le droit commun que le ministère
des Colonies a tranché, pendant la
guerre, maintes autres questions qui
n'étaient pas plus pressantes.
La situation est très simple et à la
portée du premier venu. L'article 6 de
la loi du 9 juin 1853 est ainsi conçu :
« La pension est basée sur 'la moyen-
ne des traitements et émoluments de
toute nature soumis à des retenues
dont l'ayant droit a joui pendant les
six dernières années d'exercice. La
pension est réglée, pour chaque an-
née de services civils, à un soixantiè-
me du traitement moyen. »
Allons, Messieurs des Colonies, un
peu de bonne volonté, et même, pour
une fois, un peu de volonté- !
Frère Jacques de la rue Oudinot,
dormez-vous ? Dormez-vous ? Si oui,
'elh bien, nous sonnerons les mâ-
tines !
Henri LBROUE.
Député de la Gironde.
LES DEUX ANASTASIE
Un journal du matin a publié, avec
l'autorisation d'une censure qui n'en est
plus à compter ses méfaits, le récit fan-
tastique d'un soulèvement indigène, pré-
paré à Madagascar avec le concours d'élé-
ments allemands. Parmi les coupables, on
compterait des médecins, des pharma-
ciens, des photographes, des petits fonc-
tionnaires, un prêtre indigène catholique,
des pasteurs protestants, deux frères des
Ecoles chrétiennes, que sais-je encore.
Dès la fin de décembre, les journaux de
Madagascar nous avaient apporté le récit
de tous ces faits ramenés à leurs justes
proportions.
Les correspondances que nous avons
reçues de Tananarive, de Diégo-Suarez,
de Tamatave, nous avaient signalé les
incidents et précisé les mesures de pro-
tection prises par M. Hubert Garbit, Gou-
verneur général de Madagascar.
Mais tout cela n'a jamais eu l'impor-
tance d'autres événements survenus ail-
leurs, dont la censure nous a interdit la
publication.
Les vieillards cacochymes de la rue de
Grenelle ne permettent pas à Henri La-
broue de dire. ce que pensent nos amis
d'Algérie, elle interdit à Marcel Ruedel de
raconter ce qui se passe en Ethiopie,
d'après des documents authentiques, par-
venus en janvier.
Mais, les jeunes hurluberlus de Ta rue
François-1er, qui surveillent les quotidiens,
essayent d'émouvoir l'opinion en laissant
publier, par Alype (Pierre), dans -Exœl-
sior, un conte des mille et une nuits sur.
les forces- abyssines, et, par le Journal,
d'hier, le récit fantastique, arrivé par dé-
pêche (???), d'un sombre complot organi-
sé à Madagascar, par des gens dont les
principaux meneurs seraient d'anciens
protégés de M. Victor Augagneur.
t Et il y a vingt mois que nous sommes en
i guerre.
3 Tout cela est bête à pleurer..
Samedi prochain, les Annales Colô-
t niales publieront les articles de MM. :
- HENRI MICHEL, sénateur des Basses-
r Alpes ;
- HENRI eSSNIER, député de Vlndre ;
'S MONOF,.
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