Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1915-12-18
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32693410p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 11726 Nombre total de vues : 11726
Description : 18 décembre 1915 18 décembre 1915
Description : 1915/12/18 (A16,N51). 1915/12/18 (A16,N51).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
Description : Collection numérique : Thème : L'histoire partagée Collection numérique : Thème : L'histoire partagée
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Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k64501108
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 31/01/2013
SEIZIEME ANNEE. - N" 51. FRANCE ET MLÔNIES : LE NUMERO, 15 CENTIMES x SAMEDI 18 DECEMIIŒ WI..
Hes Annales Coloniales
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LES ANNALES COLONIALES sont lê seul Journal Colonial
né publiant que des articles inédits. -
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ABOITOMENTS t France 'ef Colonies 25 » 13 » 7»
t Etranger 35» 20- 10-
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Noua sommes décidés, en France, à
mener La guerre jusqu'au bout. L'opi-
pion publique est unanimement. d'ac-
uord sur cette formule : Illne seule ques-
tion se pose, c'est sut la sens qu'on
ùorme à ces mots. La plupart-, théori-
ciens simplistes d'une doctrine déjà
vieille veulent l'anéantissement pur
et simple du dernier Germain par les
l\J.iiél, le dernier des Français fût-il
i*ué par'le dernier dés Allemands si le
(dernier des Allemands est lui-même
occis .par Savant-dernier des Anglais.
(La. Quadruple-Entente y trouvera son
compte, c'est l'essentiel. Car l'on pense
bien que ce ne peut être la France
ciu\a fourni le plus gros effort parmi
3es Alliés pendant les dix-huit premiers
mois de la guerre, qui a sauvé les Al-
ïiês.par .son admirable résistance sur
ta Marne qui, au jour des der-
pièpea batailles, pourra prononcer seu-
le l«s offensives décisives.
_6 - & - .-
\Et - une foi3 -la victoire des armes
I:tl;plète, «absolue, assurée, qu'aurons-
Noùs gagné ?
Ne -parlons d'abord que de la FiIn-
ce continentale. j
Dépopulation et surpopulation
ER nouis mettant en présence dles
têMitM, iieus voyons notre pays dont
la .pc^uiliîBïOU ®5ôîlg^çi(é était déjà" si
peœ dense avant la gu-enre, avoir pour
son iÉncieome superficie 37 millions en-
viron d'habitants, tandis que l'Allema-
gne, en lui supposant tirois millions de
soldlatii diiOpa-Ms au coûts de ces héca-
tombes, aura toujours pour une super-
ficie "sensiblement équivalente à la nô-
tre, 05 millions d'habitants, et quelles
que soient Les modifications de fron-
tières que le congrès de la paix vic-
torieuse pour nous apportera à la
carte de l'Europe, à côté des 60 mil-
lions de Germains parlant l'allemand
de l'actuel empire allemand, iil y aura
ilouijouirs les douze à quinze millions
d'Allemands de Y Autriche (Haute et
EtafÈa A,utX\icllie1 , Silésie autrichienne,
rryl t partie die la Bohême et da la
l&tyirie) et de la Hongrie (notamment
en Transylvanie).
Nous serons toujours, devanï le dé-
ibaridément germanique, d'ans la posi-
tion de deux vases communiquants,
l'un plein -et l'autre à moitié vide.
Jusqu'au» bout ! c'est, pour certains
¡polô.rt.iciens à courte vue, .le retour à la
France de.«. •notre Alsace et de notre Lor-
raine » ; pour ̃d'autres, qui croient voir
plus loin, c'est, en OUiLre, l'annexion
, de la rive gauchie du Rhin, jusqu'au
confluent de la Moselle, du triangle
trrèves, Coblentz, Mayence. Singulière
iCOMlUlSdOD, en vérité, qui ajouterait
quand nos vaillantes troupes les au-
iront conquis dles pays dévastés à
îune France épuisée. -
Nous semblons complètement ou-
blier., en Frauce, que la guerre n'est
pu un but, mais un moyen d'hégémo-
aaie, moyen violent, extraordinaire,
où les combats sur les champs de ba-
laille ne sont plus livrés qu'en vue des
iétoirœ économiques qu'ils assurent.
C'est pour aivoir fait l'tt guerre pour
la guerre et non pour les plus grands
profits qu'un peuple frire de la victoire
après avoir déposé tes armes, que l'Es-
pagne, si fertile an héros, que la Suède
de Gustave Wtlàga, de Gustave Adolphe
et de 'Gha,rloes XII, que la France- de
Louis XIV et de Napoléon 1er ont vu
les" règnes de leurs plus grands rois
ajouter à leur histoire nationale quel-
- que! pages de» gloire, beaucoup de mî.
eèree et pas une décade de prospérité.
C'est pour avoir compris le but pra-
tique de a-a guerre que la Hollande,
toute petite, est demeurée riche et heu-
reuse, malgré des gueri-es dOlllloureu-
ses ; que l'Angleterre a reussi, malgré
les plais loiiiirds sacrifices, à tirer les
plus grands profits des guerres qui
semblaient les plus épuisantes.'
Au lendemain dû la paix but vers
lequel tendent toutes les nations belli-
gérantes quelle sera la situation de
chacune dalles ?
L'essor britannique
(L'Angleterre, pays d'usines et de
mines, qui, depuis quelque-s mois, a
créé partout dfcs usines de guerre) QOil-
nant un admirable' efforl militaire et
maritime, ee trouvera mieux placée
qu'autrefois sur l'échiquier mondial.
Elle a profité de la première aimée de
guerre pour se substituer ou tenter de
se substituer à l'Allemagne sur les ma.r-
chés où nos voisins d'ouitre-Rhin l'a-
vaient d'abord concurrencée, puis
supplantée. La flotte anglaise qui,
depuis le début de la guerre, s'est ac-
crue, en dépit. des sous-marins, de
six cents unités, rayonne, à travers les
Océans, et y envoie ses voyageurs, ses
échantillons, ses produits ; son com-
merce extérieur a. augmenté depuis le
commencement des hostilités et ses ex-
portations ne marquent pas un sensi-
ble fléchissement.
La terre tusse
La Russie, qui aura à panser les
plaies de la Pologne, demeurera tou-
jours, malgré les hécatombes de Prus-
se orientale et de Galicie, un des plus
grands réservoirs humains' du monde,
et une des plus imporbantes'reserves
agricoles. Pays de mines et d'indus-
tries naissantes que les armes n'auront
même pas effleurées elle pourra se re-
lever vite grâce à la prodigieuse viLa
lité de sa race.
L'Allemagne 4e dema'Ti
L'Allemagne est, pour la plupart des
Français, réduite, à quia. On affecte de
croire que son essor commercial, si
prestigieux avant la guerre, s'est su-
bitement arrêté pour ne pas se rele-
yer. Erreur profonde. L'Allemagne
était prête pour la guerre ;, chez ses
clients d'Amérique et d'Asie d'impor-
tants stocks d'articles manufacturés
étaient emmagasinés, et dans les pre-
miers mois de la guerre les usines ont
continué à produire comme par le pas-
sé, la mobilisation ayant seulement, en
maints endroits, substitué 1» travail des
I femmes et des enfants 81 celui des
adultes.
On a parlé d'encerclement, c'est
vrai, mais le cercle était suffisamment
vaste, les mailles suffisamment larges
pour que les produits (c Made in, Ger-
many » puissent passer au travers.
La Hollande-, la Suède, le Danemark,
la Roumamie, la Suisse et l'Italie (jus-
qu'au 20 mai dernier) n'ont pas cessé
leurs échanges avec les empires cen-
traux et les produits manufacturés al-
lemands ont continué à y trouver ache-
teurs. Et cela, en raison de la situation
internationale, quelque horreur que de
tels actes puissent faire naître chez des
belligérants était tout à fait normal.
Et nous ? Qu'avons-nous préparé ?
Jusqu'à ce jour, rien ou presque.
Dans les Colonies allemandes occu-
pées, une administration provisoire a
été immédiatement organisée par nos
glorieux alliés les Anglais. Mais, qu'y
a-t-il de plus définitif que le provi-
soire ?
Les Anglais au Cameroun:
&if Cameroun, par exemple, le Gé-
néral Dobell semble ignorer l'existence
de la France. Il a fallu des mois pour
obtenir que le franc ait cours légal
aussi bien que le mark ou la livre ster-
ling, let, aujourd'hui encore seule la
poste anglaise marche au Cameroun,
car les 50.000 timbres français ,axpé..
diés de l'A. E. F. pour être mis en
vente avec surehargœ du Cameroun
n'ont pas le droit de circuler SUT cette
nouvelle terre française, parce que le
Général Dobell en a interdit la vente
au Receveur des postes français.
C'est à peine s'il a été délégué au Ca-
meroun et au Togo un fonctionnaire
français auprès des étaLs-majors an-
glais qui, du fait de leurs nombreux
galons, ont toujours le pas sur nos vail-
lants officiers de l'infanterie coloniale.
P,ar .aàUe-Ulfs, nous ne sOmmes même
pas 'rep.rése'nt.és C'est ainsi qu'il n'y a
pas aux Samoa un délégué français à
côté des fonctionnaires anglais..
La question coloniale, dans la guerre
actnene, considérée, au point de vue de
nouvelles aug-mentationa, est de mince
importance pour la France qui a ses
Oolomtes, qui les gardera, qui bénéfi-
ciera, sans, doute, d'intéressantes mo-
dififcationa teITit-oriales; mais étendre
son empire africain ou océanien n'esl
pas le but que notre pays se propose
d'attendre.
Pour l'après guerre
'C'esl lei problème économique qui
domine.
Nous n'avons ïiucun intérêt à voir,
après la guerre, une camelote étrangè-
re, d'où qu'elle .soit, remplacer la came-
lote allemande sur nos marchés rné-
tropolitains ; nous n'avons pas plus
d'intérêt à voir ces mêmes produits
transportés sous des pavillons exoti-
ques dans nos colonies. Ce n'est pas
pour cela que nous luttons sur les
champs de bataille.
Non, nous devons préparer la paix,
et de même que les Allemands ont dé-
jà leurs voyageurs de commerce, qui
essaiment de par le monde, échantil-
lons on 'mains, et prennent des com-
mandes, première livraison au lende-
main d.e la guerre ; de même nous de-
vons prendre toutes les dispositions
pour maintenir, que dis-je, agrandir
le champ de bataille et de victoire éco-
nomique de la France dans l'univers,
en développant :
1° L outrage industriel, afin qu'il
recommence, dès maintenant, à pro-
duire pour exporter ;
2° L'oul-illagc commercial, en facili-
tant le déparit des représentants com-
merciaux de nos grandes firmes en
Amérique, en Asie, en Afrique ;
3° L'outillage colonial par l'organi-
sation d'lJ!T"' pI.119. intensive. pTodrro-
tion ;
4° L'outillage maritime, enfin, par
la constitution d'une importante flotte
de commerce, dont le prochain achat à
l'étranger par l'amiral Lacaze, pour la
France, de 50 navires jaugeant 200.000
tonnes ne peut être que le prélude
tardif.
Sans la préparation de raprès-guer-
de, la victoire serait illusoire et la paix
stériJe.
Marcal RUEDEL,
.gi>
INDEMNITES ET ECONOMIES
Cl-O-O
La Commission du budget ayant décidé
de supprimer les indemnités payées sur
le budget colonial, les fonctionnaires un
peu trop zélés et soucieux de la, stireiicliè-
re,ont voulu étendre cette mesure aux allo-
cations payées sur les budgets locaux. Or
celles-ci représentent toutes soit des tra-
vaux effectivement rempUs, soit même (ce
que semblent, oublier les auteurs de celte
suggeslio-n) des frais de bureau, et des
remboursements de dépenses. Nous som-
mes ï)ersiiadés que le ministre, avant de
suivre certains de ses bureaux dans leur
ardeur intempestive, examinera cetl'e
question avec toute sa vigilance habituel-
le. M. Gaston Doumergue n'oubliera cer-
tainement pas qu'une mesure de ce genre
devrait, pour être équitable, atteindre tous
les fonctionnaires détachés à son cabinet.
Elle s'appliquerait également aux indem-
nités payées sur les budgets locaux aux
Délégués des Colonies au Conseil supé-
rieur des Colonies : et des inconvénients
graves ne manqueraient pas d'en résuLter,
car si certains parlementaires de situation
aisée pourraient faire face aux charges de
celle fonction avec leurs ressources per-
sonnelles, il en est d'autres, consciencieux
et actifs, qui seraient singulièrement gê-
nés pour continuer à remplir leur mandat,
qui J.iae des dépenses quelquefois fort
importantes de courriers, de cdblograni-
mes et de déplacements. Elle s'étendrait
aussi aux indemnités attribuées sur les
budgets locaux à des députés coloniaux
pour trais divcrs, etc., etc.
Nous sommes pour la. répression éner-
gique des abus, nous partageons complè-
-- -. -
tement l'avis de M. P. Ceccaldi, le distin-
gué rapporteur du budget des Colonies et
des hud.gels locaux, qui s'est élevé énergi-
quOment à la Commission contre de pa-
reils procédés ; l'on sait que les abus co-
loniaux ont. rencontré dans le distingué
député de Ver vins un vigoureux adversai-
re, mais sous prétexte d'économies mes-
quines ne commettons pas d'injustice.
Avant de prendre mie pareille décision,
le Département consultera les Gouver-
neurs généraux qui ont inscrit ces dépen- 1
ses d'accord, avec les Conseils d'adminis-
tration, de, gouvernement, ou de Conseils
généraux, selon les pays, et qui doivent
savoir mieux que qui que ce soit puis-
que c'est leur argent qui est en jeu si
les crédits sont justifiés ou non.
Le Recrutement en Indochim
o-o-oo-o-o –•
Taï ét £ 11 n ÏÏes premiers à réclamer
la participation à la guerre de nos cun-
0 Gela m'apparais-
sait à la fois juste et politique. Mais
j'avoue que je suis un peu effrayé dos
idées 'cléveJo-ppéB3 par ,l-e général Pen-
nequin, qui me paraît un peu trop
troublé par le3 Lauriers du colonel
M'a)n)gi'iL En cra matièree ,aUSS,], l'exa-
gération devient, un véritable péril et
je crois trop qu'en ce «qui concerne
l'Afrique nous sommes tangents à l'exa-
gération pour ne pas m'émouvoir des
p ., u s
projets qui menacent gravement l'In-
dochine.
Bénéfice problématique
Je veux1 'justifier mon opinion (en
partant, bien entendu, du seul point
de vue quiii puisse être admis, la Fran-
ce d'abord, et tout de' suite je me de-
mande quel bénéfice la France pour-
rait netiirer d'un contingent de 200.000
Indochinois, en admettant qu'on pût
le réaliser.
On .m'accordera peut-être que, tant
que nous serons engagés dans une
guerre défensive, ce contingent réali-
sait en effet ce seul bénéfice de coûter
extrêmement ICruel" et de ne pouvoir
guère ;ê'TIre employé. Quel est le géné-
ral qui consentirait à garder un firont
de 30 à 40 kilomètres avec des trou-
r j-KjTû. 'ji t.vj.^eiiieii'L fdiiiiniaiiSéefc- avec cette
guerre si spéciale, complètementigno-
rantes de tous les engins de tranchées
et ne se doutant pas de ce que c'est
qu'un gaz asphyxiant. La tâche des
.officier serait eiffroyable, surtout avec
un cadre composté1 presque uniquement
de sous-officiers indigènes n'entendant
pas un mot de français. Le maximum
die- ce qu'on pourrait faire, ce serait
donc de former de-oi, de-là, quelques
dLv. ic-ions mixtes qui tiendraient à leur
tour les tranchées. Quand on arrive-
rait ainsi à utiliser 50 à. 60.000 hom-
mes, j'estime que ce serait « le bout
du monde », pour employe'r une ex-
pression très banale, mais pourtant
assez pittoresque.
Donc, s'il ne s'agit que de la garde
des tranchées, nous pouvons nous abs-
tenir. S'agit-il, au contraire, de former
une troupe de choc, je ne dis pas non,
mais je nie crois en droit de répéter
i qu'aucun chef di'armée ne risquera
d'entreprendre une opération un peu
importante avec les unités qui ne se
doutent Phe des difficultés de la guer-
re actuelle. Il accepterait volontiers,
.peuit-létre, d'employer une division
bien enhadlrée), mais pas davantage.
Estril dès lorsi indispensable, même
dans l'intérêt de la France, d'aller
chercher au loin, au prix de dépenses
folles, dles hommes qui, sous notre cli-
I mat et avec notre nourriture, risque-
ront aussitôt de faire des maladies.
Quelques chiffres
Mais, au surplus, où les prendre, tes
200.000 Indochinois ? Une répartition
à peu près ju'dliciieuse d'un tel contin-
gent donnerait, à première vue, envi-
ron 5.000 au Laos, 15.000 au Cam-
bodge, 30r000 en Cochinchine, 50.000
en Annam, 100.000 au TOTIilin. Est-ce
que c'est sérieux ? Kst-cs qus vra.imtmt
il y a des esprits raisonnables qui peu-
vent accepter de telles affirmations si
voisines de l'illusion ? Même en ré-
duisant de moitié ces évaluations, on
serait encore en plein dans l'utopie.
Les peuples indochinois ne sont pas
des peuples guerriers. Certes, ils se
battent bien, à l'occasion, et dams le
combat classique, j,e SU15 persuadé que
ce seraient des adversaires sérieux
même contre des troupes européennes,
mais ils n'ont ni la vigueur physique,
ni l'atavisme belliqueux et le recrute-
ment ne pourrait porLer utilement que
sur les hommes jeunes n'ayant pas en-
core ces fortes racines qui lient de fa-
çon si étroite l'Annamite à son village.
Qu'on relise donc le beau roman de
Nolly : Hien le Maboul !
Gardons l'Indochine
Et puis, à enlever ainsi systémati-
quement de l'Indochine tout ce qui
esL en état de porter les armes, ne se-
rait-ce pas la livrer à la première ban-
de chinoise venue ? Il ne faut pas ou-
blier que les Allemands, tant 8JLl Siam
qu'au Yunnam, guettent la moindre
occasion favorable et que déjà ils ont
crû la saisir. Mais, même. avec un pré-
lèvement de cent miilile hommes, il ne
resterait plus un combattant en Indo-
clime et oinq -/.:wm-a-r..-dR- pour-
raient y causer les plus graves rava-
ges, iaidés des 'Chinois qu'ils recrute-
raient largement. Avons-nous l'inten-
tion de proposer à. la France une guer-
re avec la Chine, après tre les empires du centre ?
Je pourrais aussi faire entrer en li-
enne de comote les raisons d'ordre éco-
nomique. Elles seraient également de
la plus haute gravité. Il ne faut pas
oublier que, pour 'les quelques ouvriers
annamites que nous a.vons, avec rai-
son, décidé de faire venir en France,
quelques protestations en infime
minorité, il est vrai, commencent à
se manifester, non pas chez les indi-
gènes, mais chez certains celons. Il
n'v a pas lieu de s'arrêter à des récri-
minations négligeables, mais il est
vrai pourtant que ce qu'il peut y avoir
de sérieux au fond de leur argumenta-
tion prendrait alors une force réelle
qui deviendrait impressionnante. Mais
c'est un ordre d'idées un peu délicat
et je ne veux pas l'aborder pour le mo-
ment.
Une brigade pour Salonique
Sii nous étions sages, nous nous bor-
nerions à Ilever en Indochine une bri-
gade d'hommes choisis, pas plus, et
encore, nous ne les enverrions pas sur
le front français. Je suis persuadé que
ces troupes rendraient à Salonique,
par exemple, à partir du mois d'avril,
dix fo.is plus de services que sur le
front occidental. Sachons donc faire
lies choses avec mesure et avec métho-
de et décidons-nous enfin à reconnaî-
tre qu'il y a tout à gagner à mettre les
gens à la place qui leur convient.
faunes VIOllETTE.
Député d'Eure-et-Loir
Tice-prêsident de la Chambre.
Pour les Pèlerins Musulmans
–<– O-O-O-̃0*0-0 - - -
Nous avons, dans notre d,ernief' numé-
ro, résumé les projets de loi déposés par
M. Aristide Briand., président du Conseil,
pour la création de deux palaces à la Mec-
que et à Medine, destinés à héberger gra-
tuitement les pèlerins pauvres de l'Algé-
rie, de la Tunisie et du Maroc qui veulent
visiter 1°, tombeau, du Prophète et qui ne
peuvent sou-vent, vu leur, indigence, réa-
liser leur désir.
Les Voles de Communications
AU MAROC
Par E. Lebeau
•j 0-0-O 1 ̃ 1
Pendant toute la dur-de de l'EXP:œl--
tion de Casablanca ont été organisais
de nombreuses conférences dont le re-
cueil constituera un memonto, pré-
cieux à consulter, de toutes Les ques-
tions qui intéressent le Maroc actuel.
Celle die M. Delwre" Directeur géné-
ra.l des Travaux publics, que publia
notre excellent confrère, la Vigie Ma-
rocaine, arrive à point pour rectifier,
ou plus exactement, pour compléter les
ohiffres et renseignements contenus
dans mon dernier article sur les routes
déjà construites ou prévues à brève
échéance. Elile nous fournit également.
quelques indications sur les futurs che-
mins de fer marocains. Enfin, ellecoo.
firme lies crainteis de ceux qui connai»-
sent nos administrations métropolitai-
nes aussi bien que • coloniales - on y
sent percer Le désir, de faire grand sans
se soucier autrement die ménager les
finances du pays. Si les ressources du
Maroc sont insuffisantes, la France
n'estelle pas là pour solder la note ? -
Dans un pays, à possibilités finan-
cièMs nécessairement limitées, A é-
pourvu de tout outillage économique,
la première règle à observer dJarvMii
être de proportionner Jœ dépenses
pour chacun© des catégories die gmide
î,ri3.uK à son impertance: relative * Or,- r
on a, selon nouis, doté trop largement
le crédit affecté à la création dm roi-
tee.
M. Delure nous apprend que le ré-
seau prévu sur l'emprunt die 1914 pai- (
tout « se dessin* et prend corps ». A la
fin de 1916, iil «era à pau, prèa eompl..
tement achevé.
Une première route, celte dt Keni-
tra-Mogador, suit la fraction générait
-de la côte atlantique dont elle s'écarte
parfois' à une assez grande distanou.
Elle dessert Rabat, Casablanca et S fi
par un embranchement. Deux autres
partent de Fez pour Kénitra, rUfilir pv
la vallée du SBOOU, l'autre par Âdin-
nés. Après avoir quitté le territoire es-
pagnol, la route qui commence à TtfD-
ger se divise en deux branchés v3n
Meknès et Fez, d'une' part ; vera
et Gasablanca, d'autre part. MIl"!"()'Kb
sera relié à trois points die la côte : Ga-
sablanca, Mazagan et Mogador.
Toutes ces voies, dont la longusurla1-
tale dépasse quatorze cents kilomètres,
figuraient au programme de t emprunt
pour une somme de 36 millions de
francs. Mais bien qu'une des routes dra
f Tanger ait été construite sur le produit
de la taxe spooiale, on aura à aolde»' à
la fin deis travaux, une nc'.e supplé-
mentaire que M. Delure1 est''ne à G oa
7 millions.
Ce premier réseau est loin d'êk suf-
fisant. Ne faut-il pas, et le plus tôt pr4-
sible, relier le Maroc oriental au Mï-
roc occidental ? On pourra construire
immédiatement cette route d'Oudj.da à
la Moulouya et l'amorcer sur 60 kito-
mètres à partir de Fez vers T.a7.Û¡.
Une route directe entre Meknès et
Rabat permettra d'éviter le crochet par
Kénitra et raccourcira le voyage de
Fez. Oelle de Ber Rechid à Boujah
contribuera à la pacification définitive
du Tadla-Zaïan. Enfin, un tronçon d'e
100 kilomètres permettra de se rendre
directement de Marrakech à Safi. Ce
réseau complémentaire, d'un dévelop-
pement total de 547 kilomètres, figure
pour 17 millions au nouveau projet
d'emprunt.
Ce n'est pas tout. M. le Directeur dias
Travaux publics prévoit la création
immédiate de 450 kilométras de voie.
secondaires, dont la répartition n'est
pas encore arrêtée, mais qui rempli-
ront" un rôle analogue à celui de nos
chemins de grande vicànalité, c'est-à-
dire recouperont en tous sens les con-
trées peuplées et cwtivées. Goût pro-
bable, 9 mtllions.
On aura donc dépensé au mou
70 millions de francs pour établir envi-
ron 2.400 kilomètres de routes dont les
frais d'entretien annuels atteindront
près de trois millions de tiranoe. Sd l'on
estime seulement à 5 ,amoriJissarnen1
compris, l'intérêt du» capital' engagé,
c'est plus de 6 millions à inscrire cha-
que ornée au budget - dépen-
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Noua sommes décidés, en France, à
mener La guerre jusqu'au bout. L'opi-
pion publique est unanimement. d'ac-
uord sur cette formule : Illne seule ques-
tion se pose, c'est sut la sens qu'on
ùorme à ces mots. La plupart-, théori-
ciens simplistes d'une doctrine déjà
vieille veulent l'anéantissement pur
et simple du dernier Germain par les
l\J.iiél, le dernier des Français fût-il
i*ué par'le dernier dés Allemands si le
(dernier des Allemands est lui-même
occis .par Savant-dernier des Anglais.
(La. Quadruple-Entente y trouvera son
compte, c'est l'essentiel. Car l'on pense
bien que ce ne peut être la France
ciu\a fourni le plus gros effort parmi
3es Alliés pendant les dix-huit premiers
mois de la guerre, qui a sauvé les Al-
ïiês.par .son admirable résistance sur
ta Marne qui, au jour des der-
pièpea batailles, pourra prononcer seu-
le l«s offensives décisives.
_6 - & - .-
\Et - une foi3 -la victoire des armes
I:tl;plète, «absolue, assurée, qu'aurons-
Noùs gagné ?
Ne -parlons d'abord que de la FiIn-
ce continentale. j
Dépopulation et surpopulation
ER nouis mettant en présence dles
têMitM, iieus voyons notre pays dont
la .pc^uiliîBïOU ®5ôîlg^çi(é était déjà" si
peœ dense avant la gu-enre, avoir pour
son iÉncieome superficie 37 millions en-
viron d'habitants, tandis que l'Allema-
gne, en lui supposant tirois millions de
soldlatii diiOpa-Ms au coûts de ces héca-
tombes, aura toujours pour une super-
ficie "sensiblement équivalente à la nô-
tre, 05 millions d'habitants, et quelles
que soient Les modifications de fron-
tières que le congrès de la paix vic-
torieuse pour nous apportera à la
carte de l'Europe, à côté des 60 mil-
lions de Germains parlant l'allemand
de l'actuel empire allemand, iil y aura
ilouijouirs les douze à quinze millions
d'Allemands de Y Autriche (Haute et
EtafÈa A,utX\icllie1 , Silésie autrichienne,
rryl t partie die la Bohême et da la
l&tyirie) et de la Hongrie (notamment
en Transylvanie).
Nous serons toujours, devanï le dé-
ibaridément germanique, d'ans la posi-
tion de deux vases communiquants,
l'un plein -et l'autre à moitié vide.
Jusqu'au» bout ! c'est, pour certains
¡polô.rt.iciens à courte vue, .le retour à la
France de.«. •notre Alsace et de notre Lor-
raine » ; pour ̃d'autres, qui croient voir
plus loin, c'est, en OUiLre, l'annexion
, de la rive gauchie du Rhin, jusqu'au
confluent de la Moselle, du triangle
trrèves, Coblentz, Mayence. Singulière
iCOMlUlSdOD, en vérité, qui ajouterait
quand nos vaillantes troupes les au-
iront conquis dles pays dévastés à
îune France épuisée. -
Nous semblons complètement ou-
blier., en Frauce, que la guerre n'est
pu un but, mais un moyen d'hégémo-
aaie, moyen violent, extraordinaire,
où les combats sur les champs de ba-
laille ne sont plus livrés qu'en vue des
iétoirœ économiques qu'ils assurent.
C'est pour aivoir fait l'tt guerre pour
la guerre et non pour les plus grands
profits qu'un peuple frire de la victoire
après avoir déposé tes armes, que l'Es-
pagne, si fertile an héros, que la Suède
de Gustave Wtlàga, de Gustave Adolphe
et de 'Gha,rloes XII, que la France- de
Louis XIV et de Napoléon 1er ont vu
les" règnes de leurs plus grands rois
ajouter à leur histoire nationale quel-
- que! pages de» gloire, beaucoup de mî.
eèree et pas une décade de prospérité.
C'est pour avoir compris le but pra-
tique de a-a guerre que la Hollande,
toute petite, est demeurée riche et heu-
reuse, malgré des gueri-es dOlllloureu-
ses ; que l'Angleterre a reussi, malgré
les plais loiiiirds sacrifices, à tirer les
plus grands profits des guerres qui
semblaient les plus épuisantes.'
Au lendemain dû la paix but vers
lequel tendent toutes les nations belli-
gérantes quelle sera la situation de
chacune dalles ?
L'essor britannique
(L'Angleterre, pays d'usines et de
mines, qui, depuis quelque-s mois, a
créé partout dfcs usines de guerre) QOil-
nant un admirable' efforl militaire et
maritime, ee trouvera mieux placée
qu'autrefois sur l'échiquier mondial.
Elle a profité de la première aimée de
guerre pour se substituer ou tenter de
se substituer à l'Allemagne sur les ma.r-
chés où nos voisins d'ouitre-Rhin l'a-
vaient d'abord concurrencée, puis
supplantée. La flotte anglaise qui,
depuis le début de la guerre, s'est ac-
crue, en dépit. des sous-marins, de
six cents unités, rayonne, à travers les
Océans, et y envoie ses voyageurs, ses
échantillons, ses produits ; son com-
merce extérieur a. augmenté depuis le
commencement des hostilités et ses ex-
portations ne marquent pas un sensi-
ble fléchissement.
La terre tusse
La Russie, qui aura à panser les
plaies de la Pologne, demeurera tou-
jours, malgré les hécatombes de Prus-
se orientale et de Galicie, un des plus
grands réservoirs humains' du monde,
et une des plus imporbantes'reserves
agricoles. Pays de mines et d'indus-
tries naissantes que les armes n'auront
même pas effleurées elle pourra se re-
lever vite grâce à la prodigieuse viLa
lité de sa race.
L'Allemagne 4e dema'Ti
L'Allemagne est, pour la plupart des
Français, réduite, à quia. On affecte de
croire que son essor commercial, si
prestigieux avant la guerre, s'est su-
bitement arrêté pour ne pas se rele-
yer. Erreur profonde. L'Allemagne
était prête pour la guerre ;, chez ses
clients d'Amérique et d'Asie d'impor-
tants stocks d'articles manufacturés
étaient emmagasinés, et dans les pre-
miers mois de la guerre les usines ont
continué à produire comme par le pas-
sé, la mobilisation ayant seulement, en
maints endroits, substitué 1» travail des
I femmes et des enfants 81 celui des
adultes.
On a parlé d'encerclement, c'est
vrai, mais le cercle était suffisamment
vaste, les mailles suffisamment larges
pour que les produits (c Made in, Ger-
many » puissent passer au travers.
La Hollande-, la Suède, le Danemark,
la Roumamie, la Suisse et l'Italie (jus-
qu'au 20 mai dernier) n'ont pas cessé
leurs échanges avec les empires cen-
traux et les produits manufacturés al-
lemands ont continué à y trouver ache-
teurs. Et cela, en raison de la situation
internationale, quelque horreur que de
tels actes puissent faire naître chez des
belligérants était tout à fait normal.
Et nous ? Qu'avons-nous préparé ?
Jusqu'à ce jour, rien ou presque.
Dans les Colonies allemandes occu-
pées, une administration provisoire a
été immédiatement organisée par nos
glorieux alliés les Anglais. Mais, qu'y
a-t-il de plus définitif que le provi-
soire ?
Les Anglais au Cameroun:
&if Cameroun, par exemple, le Gé-
néral Dobell semble ignorer l'existence
de la France. Il a fallu des mois pour
obtenir que le franc ait cours légal
aussi bien que le mark ou la livre ster-
ling, let, aujourd'hui encore seule la
poste anglaise marche au Cameroun,
car les 50.000 timbres français ,axpé..
diés de l'A. E. F. pour être mis en
vente avec surehargœ du Cameroun
n'ont pas le droit de circuler SUT cette
nouvelle terre française, parce que le
Général Dobell en a interdit la vente
au Receveur des postes français.
C'est à peine s'il a été délégué au Ca-
meroun et au Togo un fonctionnaire
français auprès des étaLs-majors an-
glais qui, du fait de leurs nombreux
galons, ont toujours le pas sur nos vail-
lants officiers de l'infanterie coloniale.
P,ar .aàUe-Ulfs, nous ne sOmmes même
pas 'rep.rése'nt.és C'est ainsi qu'il n'y a
pas aux Samoa un délégué français à
côté des fonctionnaires anglais..
La question coloniale, dans la guerre
actnene, considérée, au point de vue de
nouvelles aug-mentationa, est de mince
importance pour la France qui a ses
Oolomtes, qui les gardera, qui bénéfi-
ciera, sans, doute, d'intéressantes mo-
dififcationa teITit-oriales; mais étendre
son empire africain ou océanien n'esl
pas le but que notre pays se propose
d'attendre.
Pour l'après guerre
'C'esl lei problème économique qui
domine.
Nous n'avons ïiucun intérêt à voir,
après la guerre, une camelote étrangè-
re, d'où qu'elle .soit, remplacer la came-
lote allemande sur nos marchés rné-
tropolitains ; nous n'avons pas plus
d'intérêt à voir ces mêmes produits
transportés sous des pavillons exoti-
ques dans nos colonies. Ce n'est pas
pour cela que nous luttons sur les
champs de bataille.
Non, nous devons préparer la paix,
et de même que les Allemands ont dé-
jà leurs voyageurs de commerce, qui
essaiment de par le monde, échantil-
lons on 'mains, et prennent des com-
mandes, première livraison au lende-
main d.e la guerre ; de même nous de-
vons prendre toutes les dispositions
pour maintenir, que dis-je, agrandir
le champ de bataille et de victoire éco-
nomique de la France dans l'univers,
en développant :
1° L outrage industriel, afin qu'il
recommence, dès maintenant, à pro-
duire pour exporter ;
2° L'oul-illagc commercial, en facili-
tant le déparit des représentants com-
merciaux de nos grandes firmes en
Amérique, en Asie, en Afrique ;
3° L'outillage colonial par l'organi-
sation d'lJ!T"' pI.119. intensive. pTodrro-
tion ;
4° L'outillage maritime, enfin, par
la constitution d'une importante flotte
de commerce, dont le prochain achat à
l'étranger par l'amiral Lacaze, pour la
France, de 50 navires jaugeant 200.000
tonnes ne peut être que le prélude
tardif.
Sans la préparation de raprès-guer-
de, la victoire serait illusoire et la paix
stériJe.
Marcal RUEDEL,
.gi>
INDEMNITES ET ECONOMIES
Cl-O-O
La Commission du budget ayant décidé
de supprimer les indemnités payées sur
le budget colonial, les fonctionnaires un
peu trop zélés et soucieux de la, stireiicliè-
re,ont voulu étendre cette mesure aux allo-
cations payées sur les budgets locaux. Or
celles-ci représentent toutes soit des tra-
vaux effectivement rempUs, soit même (ce
que semblent, oublier les auteurs de celte
suggeslio-n) des frais de bureau, et des
remboursements de dépenses. Nous som-
mes ï)ersiiadés que le ministre, avant de
suivre certains de ses bureaux dans leur
ardeur intempestive, examinera cetl'e
question avec toute sa vigilance habituel-
le. M. Gaston Doumergue n'oubliera cer-
tainement pas qu'une mesure de ce genre
devrait, pour être équitable, atteindre tous
les fonctionnaires détachés à son cabinet.
Elle s'appliquerait également aux indem-
nités payées sur les budgets locaux aux
Délégués des Colonies au Conseil supé-
rieur des Colonies : et des inconvénients
graves ne manqueraient pas d'en résuLter,
car si certains parlementaires de situation
aisée pourraient faire face aux charges de
celle fonction avec leurs ressources per-
sonnelles, il en est d'autres, consciencieux
et actifs, qui seraient singulièrement gê-
nés pour continuer à remplir leur mandat,
qui J.iae des dépenses quelquefois fort
importantes de courriers, de cdblograni-
mes et de déplacements. Elle s'étendrait
aussi aux indemnités attribuées sur les
budgets locaux à des députés coloniaux
pour trais divcrs, etc., etc.
Nous sommes pour la. répression éner-
gique des abus, nous partageons complè-
-- -. -
tement l'avis de M. P. Ceccaldi, le distin-
gué rapporteur du budget des Colonies et
des hud.gels locaux, qui s'est élevé énergi-
quOment à la Commission contre de pa-
reils procédés ; l'on sait que les abus co-
loniaux ont. rencontré dans le distingué
député de Ver vins un vigoureux adversai-
re, mais sous prétexte d'économies mes-
quines ne commettons pas d'injustice.
Avant de prendre mie pareille décision,
le Département consultera les Gouver-
neurs généraux qui ont inscrit ces dépen- 1
ses d'accord, avec les Conseils d'adminis-
tration, de, gouvernement, ou de Conseils
généraux, selon les pays, et qui doivent
savoir mieux que qui que ce soit puis-
que c'est leur argent qui est en jeu si
les crédits sont justifiés ou non.
Le Recrutement en Indochim
o-o-oo-o-o –•
Taï ét £ 11 n ÏÏes premiers à réclamer
la participation à la guerre de nos cun-
0 Gela m'apparais-
sait à la fois juste et politique. Mais
j'avoue que je suis un peu effrayé dos
idées 'cléveJo-ppéB3 par ,l-e général Pen-
nequin, qui me paraît un peu trop
troublé par le3 Lauriers du colonel
M'a)n)gi'iL En cra matièree ,aUSS,], l'exa-
gération devient, un véritable péril et
je crois trop qu'en ce «qui concerne
l'Afrique nous sommes tangents à l'exa-
gération pour ne pas m'émouvoir des
p ., u s
projets qui menacent gravement l'In-
dochine.
Bénéfice problématique
Je veux1 'justifier mon opinion (en
partant, bien entendu, du seul point
de vue quiii puisse être admis, la Fran-
ce d'abord, et tout de' suite je me de-
mande quel bénéfice la France pour-
rait netiirer d'un contingent de 200.000
Indochinois, en admettant qu'on pût
le réaliser.
On .m'accordera peut-être que, tant
que nous serons engagés dans une
guerre défensive, ce contingent réali-
sait en effet ce seul bénéfice de coûter
extrêmement ICruel" et de ne pouvoir
guère ;ê'TIre employé. Quel est le géné-
ral qui consentirait à garder un firont
de 30 à 40 kilomètres avec des trou-
r j-KjTû. 'ji t.vj.^eiiieii'L fdiiiiniaiiSéefc- avec cette
guerre si spéciale, complètementigno-
rantes de tous les engins de tranchées
et ne se doutant pas de ce que c'est
qu'un gaz asphyxiant. La tâche des
.officier serait eiffroyable, surtout avec
un cadre composté1 presque uniquement
de sous-officiers indigènes n'entendant
pas un mot de français. Le maximum
die- ce qu'on pourrait faire, ce serait
donc de former de-oi, de-là, quelques
dLv. ic-ions mixtes qui tiendraient à leur
tour les tranchées. Quand on arrive-
rait ainsi à utiliser 50 à. 60.000 hom-
mes, j'estime que ce serait « le bout
du monde », pour employe'r une ex-
pression très banale, mais pourtant
assez pittoresque.
Donc, s'il ne s'agit que de la garde
des tranchées, nous pouvons nous abs-
tenir. S'agit-il, au contraire, de former
une troupe de choc, je ne dis pas non,
mais je nie crois en droit de répéter
i qu'aucun chef di'armée ne risquera
d'entreprendre une opération un peu
importante avec les unités qui ne se
doutent Phe des difficultés de la guer-
re actuelle. Il accepterait volontiers,
.peuit-létre, d'employer une division
bien enhadlrée), mais pas davantage.
Estril dès lorsi indispensable, même
dans l'intérêt de la France, d'aller
chercher au loin, au prix de dépenses
folles, dles hommes qui, sous notre cli-
I mat et avec notre nourriture, risque-
ront aussitôt de faire des maladies.
Quelques chiffres
Mais, au surplus, où les prendre, tes
200.000 Indochinois ? Une répartition
à peu près ju'dliciieuse d'un tel contin-
gent donnerait, à première vue, envi-
ron 5.000 au Laos, 15.000 au Cam-
bodge, 30r000 en Cochinchine, 50.000
en Annam, 100.000 au TOTIilin. Est-ce
que c'est sérieux ? Kst-cs qus vra.imtmt
il y a des esprits raisonnables qui peu-
vent accepter de telles affirmations si
voisines de l'illusion ? Même en ré-
duisant de moitié ces évaluations, on
serait encore en plein dans l'utopie.
Les peuples indochinois ne sont pas
des peuples guerriers. Certes, ils se
battent bien, à l'occasion, et dams le
combat classique, j,e SU15 persuadé que
ce seraient des adversaires sérieux
même contre des troupes européennes,
mais ils n'ont ni la vigueur physique,
ni l'atavisme belliqueux et le recrute-
ment ne pourrait porLer utilement que
sur les hommes jeunes n'ayant pas en-
core ces fortes racines qui lient de fa-
çon si étroite l'Annamite à son village.
Qu'on relise donc le beau roman de
Nolly : Hien le Maboul !
Gardons l'Indochine
Et puis, à enlever ainsi systémati-
quement de l'Indochine tout ce qui
esL en état de porter les armes, ne se-
rait-ce pas la livrer à la première ban-
de chinoise venue ? Il ne faut pas ou-
blier que les Allemands, tant 8JLl Siam
qu'au Yunnam, guettent la moindre
occasion favorable et que déjà ils ont
crû la saisir. Mais, même. avec un pré-
lèvement de cent miilile hommes, il ne
resterait plus un combattant en Indo-
clime et oinq -/.:wm-a-r..-dR- pour-
raient y causer les plus graves rava-
ges, iaidés des 'Chinois qu'ils recrute-
raient largement. Avons-nous l'inten-
tion de proposer à. la France une guer-
re avec la Chine, après
Je pourrais aussi faire entrer en li-
enne de comote les raisons d'ordre éco-
nomique. Elles seraient également de
la plus haute gravité. Il ne faut pas
oublier que, pour 'les quelques ouvriers
annamites que nous a.vons, avec rai-
son, décidé de faire venir en France,
quelques protestations en infime
minorité, il est vrai, commencent à
se manifester, non pas chez les indi-
gènes, mais chez certains celons. Il
n'v a pas lieu de s'arrêter à des récri-
minations négligeables, mais il est
vrai pourtant que ce qu'il peut y avoir
de sérieux au fond de leur argumenta-
tion prendrait alors une force réelle
qui deviendrait impressionnante. Mais
c'est un ordre d'idées un peu délicat
et je ne veux pas l'aborder pour le mo-
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Une brigade pour Salonique
Sii nous étions sages, nous nous bor-
nerions à Ilever en Indochine une bri-
gade d'hommes choisis, pas plus, et
encore, nous ne les enverrions pas sur
le front français. Je suis persuadé que
ces troupes rendraient à Salonique,
par exemple, à partir du mois d'avril,
dix fo.is plus de services que sur le
front occidental. Sachons donc faire
lies choses avec mesure et avec métho-
de et décidons-nous enfin à reconnaî-
tre qu'il y a tout à gagner à mettre les
gens à la place qui leur convient.
faunes VIOllETTE.
Député d'Eure-et-Loir
Tice-prêsident de la Chambre.
Pour les Pèlerins Musulmans
–<– O-O-O-̃0*0-0 - - -
Nous avons, dans notre d,ernief' numé-
ro, résumé les projets de loi déposés par
M. Aristide Briand., président du Conseil,
pour la création de deux palaces à la Mec-
que et à Medine, destinés à héberger gra-
tuitement les pèlerins pauvres de l'Algé-
rie, de la Tunisie et du Maroc qui veulent
visiter 1°, tombeau, du Prophète et qui ne
peuvent sou-vent, vu leur, indigence, réa-
liser leur désir.
Les Voles de Communications
AU MAROC
Par E. Lebeau
•j 0-0-O 1 ̃ 1
Pendant toute la dur-de de l'EXP:œl--
tion de Casablanca ont été organisais
de nombreuses conférences dont le re-
cueil constituera un memonto, pré-
cieux à consulter, de toutes Les ques-
tions qui intéressent le Maroc actuel.
Celle die M. Delwre" Directeur géné-
ra.l des Travaux publics, que publia
notre excellent confrère, la Vigie Ma-
rocaine, arrive à point pour rectifier,
ou plus exactement, pour compléter les
ohiffres et renseignements contenus
dans mon dernier article sur les routes
déjà construites ou prévues à brève
échéance. Elile nous fournit également.
quelques indications sur les futurs che-
mins de fer marocains. Enfin, ellecoo.
firme lies crainteis de ceux qui connai»-
sent nos administrations métropolitai-
nes aussi bien que • coloniales - on y
sent percer Le désir, de faire grand sans
se soucier autrement die ménager les
finances du pays. Si les ressources du
Maroc sont insuffisantes, la France
n'estelle pas là pour solder la note ? -
Dans un pays, à possibilités finan-
cièMs nécessairement limitées, A é-
pourvu de tout outillage économique,
la première règle à observer dJarvMii
être de proportionner Jœ dépenses
pour chacun© des catégories die gmide
î,ri3.uK à son impertance: relative * Or,- r
on a, selon nouis, doté trop largement
le crédit affecté à la création dm roi-
tee.
M. Delure nous apprend que le ré-
seau prévu sur l'emprunt die 1914 pai- (
tout « se dessin* et prend corps ». A la
fin de 1916, iil «era à pau, prèa eompl..
tement achevé.
Une première route, celte dt Keni-
tra-Mogador, suit la fraction générait
-de la côte atlantique dont elle s'écarte
parfois' à une assez grande distanou.
Elle dessert Rabat, Casablanca et S fi
par un embranchement. Deux autres
partent de Fez pour Kénitra, rUfilir pv
la vallée du SBOOU, l'autre par Âdin-
nés. Après avoir quitté le territoire es-
pagnol, la route qui commence à TtfD-
ger se divise en deux branchés v3n
Meknès et Fez, d'une' part ; vera
et Gasablanca, d'autre part. MIl"!"()'Kb
sera relié à trois points die la côte : Ga-
sablanca, Mazagan et Mogador.
Toutes ces voies, dont la longusurla1-
tale dépasse quatorze cents kilomètres,
figuraient au programme de t emprunt
pour une somme de 36 millions de
francs. Mais bien qu'une des routes dra
f Tanger ait été construite sur le produit
de la taxe spooiale, on aura à aolde»' à
la fin deis travaux, une nc'.e supplé-
mentaire que M. Delure1 est''ne à G oa
7 millions.
Ce premier réseau est loin d'êk suf-
fisant. Ne faut-il pas, et le plus tôt pr4-
sible, relier le Maroc oriental au Mï-
roc occidental ? On pourra construire
immédiatement cette route d'Oudj.da à
la Moulouya et l'amorcer sur 60 kito-
mètres à partir de Fez vers T.a7.Û¡.
Une route directe entre Meknès et
Rabat permettra d'éviter le crochet par
Kénitra et raccourcira le voyage de
Fez. Oelle de Ber Rechid à Boujah
contribuera à la pacification définitive
du Tadla-Zaïan. Enfin, un tronçon d'e
100 kilomètres permettra de se rendre
directement de Marrakech à Safi. Ce
réseau complémentaire, d'un dévelop-
pement total de 547 kilomètres, figure
pour 17 millions au nouveau projet
d'emprunt.
Ce n'est pas tout. M. le Directeur dias
Travaux publics prévoit la création
immédiate de 450 kilométras de voie.
secondaires, dont la répartition n'est
pas encore arrêtée, mais qui rempli-
ront" un rôle analogue à celui de nos
chemins de grande vicànalité, c'est-à-
dire recouperont en tous sens les con-
trées peuplées et cwtivées. Goût pro-
bable, 9 mtllions.
On aura donc dépensé au mou
70 millions de francs pour établir envi-
ron 2.400 kilomètres de routes dont les
frais d'entretien annuels atteindront
près de trois millions de tiranoe. Sd l'on
estime seulement à 5 ,amoriJissarnen1
compris, l'intérêt du» capital' engagé,
c'est plus de 6 millions à inscrire cha-
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