Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1915-03-13
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32693410p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 11726 Nombre total de vues : 11726
Description : 13 mars 1915 13 mars 1915
Description : 1915/03/13 (A16,N10). 1915/03/13 (A16,N10).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
Description : Collection numérique : Thème : L'histoire partagée Collection numérique : Thème : L'histoire partagée
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6450069j
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 31/01/2013
ÎZaMf lRN. *= Ro 10. FRANCE ET COLONIES ; LE NUMERO 15 CENTIMES SAMBBI ÏS MARS 1919
1
Les Annales Coloniales
1 '~- i
JOURNAL SEMI-QUOTIDIEN
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LES ANNALES COLONIALES sont le seul Journal Colonial
ne publiant que des articles inédits.
Les Manuscrits non insérés ne sont pas rendus.
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--.1 0
Les Leçons de là Guerre et M. Paul BOURGET
;–O-O-Oq-0-0
« Lu plus grande 'leçon de la. guerre,
dit avec quelque emphase M. Paul-
Bourget, ne consiste-t-elle pas à nous
apprendre comment nous devons vivre
dans la. paix ? »
Mais comment, donc ! Ainsi il est
ïhanifèste que nos concitoyens, tapis
dans leurs tranchées,, doivent graver
dans leurs cœurs les enseignements
que dégagé, cette existence et appren-
dre à quitter en 'temps de paix leurs
femmes et leurs enfants, en les con-
fiant aux soins d'autrui. A cela ne doit
pas sé bo-rner leur éducation. M. Paul
Bourget nous accordera que les trou-
pes ont, de part et d'autre, depuis qua-
tre mois, démoli plus de maisons qu'el-
les n'en ont bâti. Précieuse leçon de la
guerre ! On devra la-mettre en pratique
quand la paix sera signée, et revendi-
quer hautement le droit de passer son
temps à détruire des foyers. « La plus
grande "leçon de 'la guerre ne consiste-
t-elle pas à nous apprendre comment
nous devons vivre dans la paix ? »
Sera.oe tout ? Nos compatriotes ont
appris, depuis la guerre, à vaincre
l'horreur qu'éprouve pour le meurtre
l'homme civilisé. Plonger une lame ai-
guë dans des entrailles palpitantes,
lancer une ballel assez roide et assez
juste pour qu',elle fracasse à coup sûr
une tête, qu'elle la traverse de part en
part, et que la cervelle gicle avec le
sang : ce sont là choses qu'un ouvrier,
un. emplo/é ordinaires auraient consi-"
dér& comme àbtomiriables d'Ti'y a pas
êpcore huit m6¥s,bt quand' l\n apaihè'
prouvait par' uriJ explôïtf de ce tgenrc
toe Complète indifférence'^oiir l'a souf-
france d'aiitrui/ïl -n'y hvait pas asse^
de policiers oii de gendarmes po'ur lui]'
courir feus. Pbrnicâéuses appréhensions,'
(ht M."PaÙI BouTget, fruits détestables
d'une- paix rfcfractairé aux 'buIÍnes le-
çons de la1 guerre: N'est-ce pas le mê-
lÜaaùturquÍ a d'it quelque p'drt, (clans
Etape, peut-être) : « Nous avons trop
peur de souffrir ? » Que nos soldats
apprennent à vaincre ces timidités
condamnables et qu'ils se gardent de
perdre après hr guerre les leçons
qu'elle leur aura données.
« C'est se moquer » dira M. Paul
Bourget. Pourquoi donc ? Non pas ; vi-
vre dans des. trous, loin des siens,
abattre les "maisons qui vous gênent,
éprouver du plaisir à tuer ; c'est en
cela surtout que consiste la guerre.
Nos ennemis ajoutent encore quelques
articles à la précédente énumération :
boire jusqu'à l'ivresse le vin d'autrui,
violenter les femmes, mutiler les en-
nemis .abattus. Cela aussi, pour eux,
c'est de la guerre. Mais M. Bourget le
•conteste sans aucun doute, et nous
noos..en' tiendrons à la guerre telle
qu'il la comprend. S'il est vrai que les
hommes doivent vivre dans la paix
comme ils font dans la guerre agréée
par M. Bourget, nous pouvons nous at-
tendre à de belles affaires.
Et que la mauvaise foi ne cherche
pas ici à se donner carrière. Loin de
nous cette pensée que nos soldats ne
sont pas dignes de louanges quand ils
font tout ce que comporte l'affreux
métier de la guerre. Contre la violence
il n'y a que la violence qui vaille, et
tel jeune soldat d'aujourd'hui se sou-
vient sans doute eribore des enseigne-
ments que je lui ai donnés en lui met-
tant les. arme s à la anain. Mais, ce que
nous prescrivons à nos fils de faire
.pendant la guerre, quelle- serait notre
douleur s'ils le faisaient pendant la
paix ! La violence soit, mais pour dé-
truire un jour la violence. Et si nous
chérissons tant notre armée de héros,
c'est parce que nous pouvons lui dire,
CommQ Renan à la Pensée humaine :
« Tu as ce qu'il faut de Mars, ô Aréa.
la paix est ton but., ô Pacifique ! »
.;Fo.o.rt heureusement pour la France,
nos soldats raisonnent juste ; ils sa-
vent que les leçons de la guerre ne
sont -uLiles que pour la guerre ; ils sa-
vent que la paix et la guerre compor-
.tent des devoirs non seulement diffé-
rents, mais entièrement opposés. Leur
âme est plus riche que celle des psy-
chologues chrétiens ; ils sont capables
de discerner entre les maximes de
guerre et les maximes de paix" et de
conformer successivement leur con-
duite aux unes et aux autres ; sans
qu'on le leur apprenne, ils déduisent,
parce que ce sont des cœurs droits, les
formules 'morales opposées que com-
portent. des idéals antithétiques. S'ils
sont, pendant la guerre, pleins d'une
sainte haine, c'est par amour pour la
paix, qui leur permet d'être bienveil-
lants-et doux.
M. Bourget estime sans doute invrai-
semblable qu'un peuple puisse ainsi
professer successivement deux mora-
les, une morale de paix et une morale
de guerre, avec toutes les conséquen-
ces politiques qu'elles comportent- ; et,
comme, à son sens, il faut choisir il
n'hésite pas. Il prêche la morale et la
politique de guerre. Préconiser la paix,
extraire les leçons de la paix pour ren-
dre d'abord la guerre plus humame,
et, un jour à venir, pour la supprimer,
c'est exciter l'hilarité des salon's bien
pensants, c'est être un pacifiste', pen-
sez donc, ma chère, un pacifiste ! Eh
bien, tant, pis 1 Tout prêts à faire clé
notre mieux la guerre quand on nous
J'irriposér^'nous .proclamons," nous af-
"Jo J. J! J cXIé'¡' 'l
lehons nos préférences pour la..paix.
Nojis.préférons prêcher la suppression
des",gqerres que prêcher, comme M.
Bpùjçgei, la suppression cte la paix. Ce
serait à notre sens, dévoila des sen-
- • - ! ; ̃
timenls s1 ecrètement féroces et enne-
mis de l'humanité, quand on croit les
hommes susceptibles d'une seule série
dé vertus, que de prêcher la guerre
aux doux et non 'la paix aux violents.
Mais il faut bien, n'est-ce pas ? que
cessait d'être un lieu d'épreuves ! « Le
deviendrait, le christianisme si la terre
cessait d'être un lieu d'épreuves ! » Le
malheur rend la foi facile », disait clans
Jcsus-Christ le Père Didon. M. Bour-
get a ramassé la recette ; comme il
s'est donné pour but de propager la
foi, il veut éterniser le malheur. Qu'il
ne s'illusionne pas, nous nous défen-
drons. Nous aussi, nous recueillons
les leçons de la guerre.
Lucien CORNET,
Sénateur de VY onne.
e- 1.
M. ROUME DANS SA COLONIE
-0-0-0-
M. Roume, Gouverneur général de l'In-
dochine, accompagné de sa famille, est ar-
rivé à Saigon le vendredi 5 mars au ma-
tin. Le poil et, la ville étaient pavoises.
Une affluence des plus considérables
d'Européens et d'indigènes se pressait aux
abords du débarcadère. Au premier rang
se tenaient toutes les autorités civiles, mi-
litaires et navales, ainsi que les corps
élus.
Le roi du Cambodge s'était fait repré-
senter par plusieurs princes et des minis-
tres.
Des discours ont été prononcés par le
imai-re de Saigon, par le Gouverneur inté-
rimaire et par un .conseiller annamite, qui
ont souhaité la bienvenue au -représentant
de la République française et ont exprimé
> leur dévouement pour la France, vers la-
quelle vont toutes leurs pensées.
M. Roume a remercié. Il a. dit combien
il était dnipressionné par les souhaits de
bienvenue qui venaient de lui être adres-
sés.
Après un examen de la, situation finan-
cière, le Gouverneur général .s'est félicité
de constater le sentiment d'union indéfec-
tible de la .colonie française .et du roi dans
les vœux pour le triomphe de la patrie.
Ces paroles ont été longuement -accla-
mées. M; le gouverneur g-é-newl Roume
lest parti le jour môme pour le Tonkin.
Pour protéger les Rpiites contre J'ore
r i-l
rO-O-O-0-0-0 -–
Un décret du 15 mai 1914 fixe, en
Indochine, à 8 l'intérêt légal et à
12 l'intérêt conventionnel entre les
justiciabcs des tribunaux français, ain-
si qu'entrc eux et les indigènes ou
Asiatiques assimilés, non justiciables
de ces tribunaux.
Ainsi se trouve consacré la jurispru-
dence habituelle des tribunaux qui
avait, adopté, en- fait, les taux ci-des-
sus.
Malheureusement, la réforme ne
jouera que vis-à-vis de ceux pour les-
quels elle était inutile, c'est-à-dire les
banquiers et escompteurs sérieux, qui
portaient sur les billets et reconnais-
sances de. dettes le montant exact de
la somme prêtée.
Les autres usuriers chinois et. plus
particulièrement les cc chettys indous »,
continueront comme par le passé à ex-
ploiter fructueusement la population
européenne et indigène, en lournanl
la loi de loules les façons ingénieuses
que leur imagina!ion leur suggérera.
Le Ghctly ! (jucl est le Saigonnais
qui ne pourrait raconter les désastres
et Les ruines accumulées autour d'eux?
Si les murs de certaines rues, cle Sai-
gon, de la rue d'Adran. plus particu-
lièrement, pouvaient raconter les des-
sous de l'existence de ces Indous qu'on
voit promener dans la ville leurs lon-
gues silhouettes blanches couronnées
d'un chef .entièrement rasé, ou se de-
manderait comment il se peut que leur
présence dans notre colonie soit enco-
re tolérée.
Originaires dA il'lnde. nlim l.lvJ't.T\' 1
die l'Inde anglalise, issus tous d'une
même- famille, les Chettys ont. envahi.
neu à peu l'Indochine, au .point' de
remplir maintenant de.leurs nomsm-
termj/ixables plusieurs pages de l'An-
nuaiire de la CGchinchine.
Ouvrez cet annuaire à la rue d'A-
dran, déjà citée, ou à la rue Ohi'er, et
vous serez frappé du nombre minime
d'Européens,.ou d'Annamites, en com-
paraison des S o u p r a m a - M mnchetl y
ou autres similaires qui l'habitent.
Et, en. apercevant les compartiments
immondes qui abritent ces banquiers
noirs, on ne saurait, cle prime-abord,
croire que leurs habitants font autre
chotse que menacer perpétuellement
l'hygiène publique par la crasse et
l'ordure qu'ils y amoncellent.
Et pourtant, dans ces repaires som-
bres et -sordides, se glissent, d'abord
avec hésitation, et, par la suite, sans
nulle honte, aussi bien le petit com-
merçant gêné que le fonctionnaire qui,
pour échapper à l'opposition mena-
çante, vient se livrer pieds et poings
liés aux « vampires de l'Indochine ».
Le Chetty prèle en 'principe à 3
par mois ; mais, fort prudemment, il
commence à retenir sur 'la somme prê-
tée l'intérêt qui lui sera du à expira-
tion. Il arrive, de la sorte, à réaliser
un intérêt de 30 par mois au moins.
En effet, celui qui empruntera 500
piastres pour un an touchera seule-
me.nt 500 - (15 x 12) 180=320 piastres,
remboursables à raison de 45 piastres
par mois pendant un an. Les verse-
ments n'étant pas amortissables, l'in-
térêt du dernier mois sera de 15 pias-
tres pour 45 piastres, avec cette aggra-
vation qu'il aura été versé préalable-
ment à la iéalisalion de l'emprunt.
Qu'un billet vienne à être refusé à
son échéance, le Chetty est bon prince,
"t accorde une onéreuse prolongation,
d'autant plus qu'ayant, pris soin de se
faire avaliser son billet par deux tiers
notoirement solvables, il est sans
craintes en ce qui concerne le rem-
boursement définitif.
Avec la nouvelle législation, les.
chettys vo;;t prendre de nouvelles pré-
cautions. Ils feront signer au malheu-
reux qui s'adressera à eux une econ-
naissanca da dette infiniment supé-
rieure à la somme qu'ils prêteront, et
seront à l'abri des surprises judiciaires
auxquelles ils auront, de. la sorte,
ingénieusement paré. ,-
Une solution énergique s'impose il
i I. - -, 1 p 1 -, i. i..i "j î 4 V>-
IULIU itui uiijjujoi,
ne'fût-ce que par hygiène, les plus du-
res obligations, démasquai" et réprimer
sévè-relment leurs délits d'usure. ,
Ou mieux encore, chercher tin lexte,
et il s'en- trouve certainement- qui per-
mette de 'considérer comme immor-ale"
la dette souscrite à leur profit et enjoin-
dre au trésor cle refuser leurs opposi-
tions
On évitera peut-être ainsi de voir (le
fait s'est produit) un vieil Indochihois'
payer encore, à 30 ans de service, !' s
.intérêts d'une dette de ses vingt ans,
lesquels intérêts étaient devenus, à eux
seuls, le double de la dette primitive ! !
Hormis cela, le décret du 15 mai i9i4
n'aura d'autre effet qtiin de fournir aux
Chettys, et à certains Chinois, l'occil-
sion de tourner, une fois de plus, la loi.
Raoul BRIQUET,
Député du Pas-de-Calais.
Indemnités des Coloniaux à la Guerre
0-0- o-o-
Un décret, en date du 3 mars, pris
sur la proposition des Ministres des
Colonies et de la Guerre, accorde l'in-
demnité d'entrée en campagne, telle
qu'elle est prévue par le décret du
14 mai 1912, pour les troupes destinées
.a'u Maroc :
10 Aux officiers, sous-officiers et em-
ployés militaires qui, provenant d'une
colonne française, participent à des
opérations militaires contre les posses-
sions coloniales des puissances enne-
mies- ;
2° Aux officiers, sous-officiers et em-
ployés militaires qui seraient éventuel-
lement envoyés cle France pour pren-
dre part à ces opéra t'ions, à moins qu'ils
n'aient déjà bénéficié dans la Métropo-
le de l'indemnité d'entrée en campagne
qui leur restera acquise, si elle leur a
été payée intégralement. S'ils n'en ont
reçu que la première moitié, ils au-
ront droit seulement au paiement de
la différence entre la somme déjà pelr-
çue et le montant de l'allocation pré-
vue par, le décret du 14 mai 1912.
*
*★
Aux termes d'un décret du 3 mars,
pris sur la proposition des Ministres
des Cololnies et de la Guerre, les offi-
ciers de complément (réserve ou terri-
toriale), mobilisés aux colonies, rece-
vront une indemnité d'entrée en cam-
pagne égale à l'indemnité de départ
colonial allouée aux officiers de -l'ac-
tive des mêmes grades par l'article 15
du décert du 29 décembre 1903.
Cette indemnité ne sera pas due aux
officiers de complément qui auront
été mobilisés aux colonies et renvoyés
en France pour être mis à la dispos.'
Lion du Département de la Guerre.
Lorsque les officiers susvisés parti-
ciperont à des opérations de guerre
contre des possessions coloniales des
puissances ennemies et qu'ils poumnt'
prétendre, à ce titre, à l'indemnité
d'entrée on compagne (Tarif Maroc),ils
ne recevront que la différence entre
cette dernière indemnité et le montant
de l'allocation prévue par l'article 15
du clecretdu 29 décembre 1903.
j
A LA COMMISSION DES AFFAIRES
EXTERIEURES
-0-0-0-
Dans sa dernière séance, la commis-
sion des affaires extérieures et colo-
niales a approuvé les conclusions de
M. Paul Bluysen, député de l'Inde
française, sur le projet de loi relatif au
changement d'affectation d'une partie
des fonds d'emprunt de l'Afrique Occi-
dentale française. Elle a ensuite con-
tinué l'examen des moyens de propa-
gande française à l'étranger et a enten-
du à ce sujet MM. Arago, Honnorat et
Georges Leygues.
Après une discussion à laquelle ont
pris part. plusieurs membres de la com-
mission, elle a chargé son président
d'exprimer au ministre des Affaires
étrangères son désir de voir, dans les
circonstances actuelles, sa collabora-
tion avec elle se resserrer chaque fois
davantage.
La Colonisation Officielle en Algérie
o-o-o-o-o-o
Les articles que j'ai publiés dans
les Annales Coloniales les 28 mai et
11 juin deirniers, m'ont valu quelques
observations fort aimables, venant
d'Algérie pour la plupart. Je crois de
mon devoir d'y répondre.
La France n'a pas de colons à expor-
ter en Algérie, me dit-on, son territoire
est difficilement exploité pajr places
même délaissé faute de main-d'œu-
vre, malgré l'afflux des Belges, des Ita-
liens, des Espagnols, des Luxembour-
geois, des Polonais et même des Kaby-
les aujourd'hui. Mais que peuvent re-
présenter en force nationale 250 habi-
tants français que l'on exporte annuel-
leiliciit comme colons au lieu de les re-
tenir dans la mère-patrie alors que les
étrangers à franciser y viennent par
50.000 dans le même temps ? Etant
donné le but à poursuivre, on peut af-
firmer que 100 Français d'Algérie va-
lent plus en influence que 1.000 Fran-
çais de France. La compensation vaut
largement le sacrifice et au delà. Pour
l'Algérie, le peuplement reste secon-
daire, ce qui prime le peuplement c'est
la nationalisation du pays.
Les capitaux d'exploitation trouve-
ront longtemps encore à s'employer
utilement dans les chemins de fer, Les
travaux publics, les mines, les défri-
chements, la reconstitution des vigno-
bles, ils s'y porteront facilement parce
qu'ils y seront rémunérés, il est inutile
de se préoccuper de la main-d'œuvre,
qui n y iOià pas défaut de longtemps,
et les salaires' d'Algérie ne se riivetle-
ront.que bien "plus tard sur-ceux, de,
l'
France..
: -
Des contremaîtres, des' chefs , d'ex-
ploitation, Français autant que'pos-
.:" '1 ¡ :
sible, sont désirables évidemment,
mais leur recrutement se fait automati-
l' ! Il..
quement à mesure que les entreprises
se développent. C'est' tro'p que 'd'être,
obligé d'abandonner tous les mètijprs,
depuis celui de barbier jusqu'à celui dc'
maçon ou de menuisier, dans le bled,
aux Italiens ou aux Espagnols ? il ne
faut paso y ajouter une emprise exclu-
sive sur la terre.
Notre raison d'être en Algérie, notre
justification n'a d'autre base, il ne faut
pas l'oublier, que notre intérêt matériel
concordant avec l'éducation et le relè-
vement économique des indigènes qui,
eux, sont le nombre.
Pour les grandes villes, rien à crain-
dre, elles sont elles-mêmes des foyers
d'assimilation très intense ; mais dans
les petits centres où serait l'appui na-
tional ? l'administration se trouverait
graduellement vouée à l'isolement et
s'organiserait en caste absolument
étrangère aux vrais intérêts du pays ;
n'est-ce pas. déjà sa tendance natu-
relle ?
A l'heure présente, la colonisation li-
bre, les rares colons français disposés
à s'expatrier, disposant de petits capi-
taux rêvent tous de l'Argentine ou du
Canada, malgré la proximité, l'identité
de climat de not-re Afrique du Nord
avec la métropole (i). Est-ce bien à pro-
(1) Je suis personnellement bien placé
pour suivre ces tendances année par an-
née. Aller loin, c'est l'inconnu, c'est la nou-
veauté, c'est aussi l'espoir illimité, la chance
à courir : ce n'est souvent que l'échec la-
mentable avec, .au bout, l'amère- désillusion.
Je pourrais citer ici bien des confidences
instructives !
pos de cesser tout effort pour essayer
de retenir dans le giron, national ces
quelques unités éprises d'imprévu qui
peuvent constituer pour nous des acti-
vités précieuses, des volontés entrepre-
nantes et créatrices, puisque nous pou-
vons les satisfaires ? Et le meilleur ap-
pât, le plus grand attrait pour ces co-
lons n'est-il pas l'attribution gratuite
de lots de colonisation ? ou même la
vente simplifiée de terres à mettre en
valeur avec des débouchés assurés, à
proximité de La mère-patrie, ce qui di-
minue pour eux l'avance des capitaux
à engager dans l'entreprise ?
Il faut convenir aussi que la coloni-
sation est s'oumise comme tous les faits
sociaux à la loi de la concurrence uni-
verselle et que l'Algérie a présentement
des rivaux comme la Tunisie et le Ma-
roc, contre lesquels nous pouvons dif-
ficilement agir mais qui offrent certai-
nement moins d'avantages. La Tunisie
plus restreinte ne permet pas un choix
de situations si variées qu'en Algérie et
le Maroc reste, pour quelques années
encore, un pays sans voies de commu-
nications faciles où les terres sont diffi-
ciles à acquérir en raison de la légis-
lation et ne disposant que de débouchés
limités : ici c'est l'incertitude. La con-
currence marocaine est néanmoins sen-
sible en Algérie depuis deux ans.'
Il ne faudrait pas déduire de ces
faits que la colonisation algérienne
est en crise actuellement ; la situation
est tout autre. Les' demandes de -cou-
cessions gratuites affinent comme par
- 1..- 1 .-
,.le: puasse ; lie choix, des attributaires
, reste conlffi'e, oujours - la difficulté
1 1 t
principale. Et. les .ventés de lots de
colonisatipn- ne sont pas plus délais-
sées qu'autrefois, "la dernière vente
des terres de Bellaa 'près de Constan-
tin e_ le -p avril 1914, en fait foi : des
lofs (Je 85 hectarçs environ, mis à prix
1 1
35.400 francs, 28.0.0Q et 19.000 ont trou-
-. '}
vé .preneurs^ 56.9.00, 60.100 et 32.000
francs. , 1
L'Etat est d'ailleurs spécialement
qualifié pour choisir l'emplacement
des centres nouveaux et pour y en-
voyer des colons, pour créer des foyers
de civilisation et d'influence, et des in-
térêts nouveaux. Sans l'initiative de
l'Etat la colonisation du -Seirsou., du
plateau Sétifien, des plateaux au sud
de Bel-Abbès et de bien d'autres ré-
gions serait encore à organiser, les Ka-
byles seraient encore isolés dans leurs
montagnes, sans contact avec le mon-
de civilisé.
La colonisation officielle trouve donc
sa justification par les raisons les plus
diverses mais les plus démonstratives
en même temps. Et, si elle colite au
budget algérien quelques sacrifices,
minimes d'ailleurs, on doit hardiment
les cataloguer dans les dépenses de
souveraineté. Il restera toujours assez
de place pour les Algériens d'origine
qui sollicitent une part de plus en plus
grande dans l'attribution des lots, ce
qui ne coûtera pas moins..
Du point de vue français il est diffi-
cile, je crois, de raisonner autrement.
& François BERNARD,
Professeur dtconomie politi-
que à' VEcole (VAgricvMwe
de Montpellier..
Le Sang des Noirs
S t S–
M. Henri Laredan, de VAcadémie Fran-
çaise, public, dans l'Intransigeant d'hier,
vn important article sur la collaboration
apportée par les Algériens, Marocains,
Tunisiens et par les troupes noires à la
défense de la Tnère patrie. Nos s'uiets d'A-
frique comme leurs frères de la MarHni-
qu-e, de la Guadeloupe et de la Guyane,
pourront être fiers des éloges qui leur sont
justement décernés.
Ç?Ç?Ç?
Ume semble que tout en reconnaissant,
chaque fois que l'occasion, s'en lIjeÍ présen-
tée, la bravoure et Le mérite des troupes
noires, on n'a tout de même pas assez
rendu hommage à l'effort incomparable
qu'elles ont fourni.
Dès le début, au moment des combats
à ciel ouvert, pendant les marches offen-
sives de la belle saison, elles ont commen-
cé à, donner. Parmi les premières, on -les
a jetées sur le mur tout neuf des masses
.allemandes, et aussitôt, à la seule appari-
tion des soidats d'ébène et d'acier, ce mur.
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--.1 0
Les Leçons de là Guerre et M. Paul BOURGET
;–O-O-Oq-0-0
« Lu plus grande 'leçon de la. guerre,
dit avec quelque emphase M. Paul-
Bourget, ne consiste-t-elle pas à nous
apprendre comment nous devons vivre
dans la. paix ? »
Mais comment, donc ! Ainsi il est
ïhanifèste que nos concitoyens, tapis
dans leurs tranchées,, doivent graver
dans leurs cœurs les enseignements
que dégagé, cette existence et appren-
dre à quitter en 'temps de paix leurs
femmes et leurs enfants, en les con-
fiant aux soins d'autrui. A cela ne doit
pas sé bo-rner leur éducation. M. Paul
Bourget nous accordera que les trou-
pes ont, de part et d'autre, depuis qua-
tre mois, démoli plus de maisons qu'el-
les n'en ont bâti. Précieuse leçon de la
guerre ! On devra la-mettre en pratique
quand la paix sera signée, et revendi-
quer hautement le droit de passer son
temps à détruire des foyers. « La plus
grande "leçon de 'la guerre ne consiste-
t-elle pas à nous apprendre comment
nous devons vivre dans la paix ? »
Sera.oe tout ? Nos compatriotes ont
appris, depuis la guerre, à vaincre
l'horreur qu'éprouve pour le meurtre
l'homme civilisé. Plonger une lame ai-
guë dans des entrailles palpitantes,
lancer une ballel assez roide et assez
juste pour qu',elle fracasse à coup sûr
une tête, qu'elle la traverse de part en
part, et que la cervelle gicle avec le
sang : ce sont là choses qu'un ouvrier,
un. emplo/é ordinaires auraient consi-"
dér& comme àbtomiriables d'Ti'y a pas
êpcore huit m6¥s,bt quand' l\n apaihè'
prouvait par' uriJ explôïtf de ce tgenrc
toe Complète indifférence'^oiir l'a souf-
france d'aiitrui/ïl -n'y hvait pas asse^
de policiers oii de gendarmes po'ur lui]'
courir feus. Pbrnicâéuses appréhensions,'
(ht M."PaÙI BouTget, fruits détestables
d'une- paix rfcfractairé aux 'buIÍnes le-
çons de la1 guerre: N'est-ce pas le mê-
lÜaaùturquÍ a d'it quelque p'drt, (clans
Etape, peut-être) : « Nous avons trop
peur de souffrir ? » Que nos soldats
apprennent à vaincre ces timidités
condamnables et qu'ils se gardent de
perdre après hr guerre les leçons
qu'elle leur aura données.
« C'est se moquer » dira M. Paul
Bourget. Pourquoi donc ? Non pas ; vi-
vre dans des. trous, loin des siens,
abattre les "maisons qui vous gênent,
éprouver du plaisir à tuer ; c'est en
cela surtout que consiste la guerre.
Nos ennemis ajoutent encore quelques
articles à la précédente énumération :
boire jusqu'à l'ivresse le vin d'autrui,
violenter les femmes, mutiler les en-
nemis .abattus. Cela aussi, pour eux,
c'est de la guerre. Mais M. Bourget le
•conteste sans aucun doute, et nous
noos..en' tiendrons à la guerre telle
qu'il la comprend. S'il est vrai que les
hommes doivent vivre dans la paix
comme ils font dans la guerre agréée
par M. Bourget, nous pouvons nous at-
tendre à de belles affaires.
Et que la mauvaise foi ne cherche
pas ici à se donner carrière. Loin de
nous cette pensée que nos soldats ne
sont pas dignes de louanges quand ils
font tout ce que comporte l'affreux
métier de la guerre. Contre la violence
il n'y a que la violence qui vaille, et
tel jeune soldat d'aujourd'hui se sou-
vient sans doute eribore des enseigne-
ments que je lui ai donnés en lui met-
tant les. arme s à la anain. Mais, ce que
nous prescrivons à nos fils de faire
.pendant la guerre, quelle- serait notre
douleur s'ils le faisaient pendant la
paix ! La violence soit, mais pour dé-
truire un jour la violence. Et si nous
chérissons tant notre armée de héros,
c'est parce que nous pouvons lui dire,
CommQ Renan à la Pensée humaine :
« Tu as ce qu'il faut de Mars, ô Aréa.
la paix est ton but., ô Pacifique ! »
.;Fo.o.rt heureusement pour la France,
nos soldats raisonnent juste ; ils sa-
vent que les leçons de la guerre ne
sont -uLiles que pour la guerre ; ils sa-
vent que la paix et la guerre compor-
.tent des devoirs non seulement diffé-
rents, mais entièrement opposés. Leur
âme est plus riche que celle des psy-
chologues chrétiens ; ils sont capables
de discerner entre les maximes de
guerre et les maximes de paix" et de
conformer successivement leur con-
duite aux unes et aux autres ; sans
qu'on le leur apprenne, ils déduisent,
parce que ce sont des cœurs droits, les
formules 'morales opposées que com-
portent. des idéals antithétiques. S'ils
sont, pendant la guerre, pleins d'une
sainte haine, c'est par amour pour la
paix, qui leur permet d'être bienveil-
lants-et doux.
M. Bourget estime sans doute invrai-
semblable qu'un peuple puisse ainsi
professer successivement deux mora-
les, une morale de paix et une morale
de guerre, avec toutes les conséquen-
ces politiques qu'elles comportent- ; et,
comme, à son sens, il faut choisir il
n'hésite pas. Il prêche la morale et la
politique de guerre. Préconiser la paix,
extraire les leçons de la paix pour ren-
dre d'abord la guerre plus humame,
et, un jour à venir, pour la supprimer,
c'est exciter l'hilarité des salon's bien
pensants, c'est être un pacifiste', pen-
sez donc, ma chère, un pacifiste ! Eh
bien, tant, pis 1 Tout prêts à faire clé
notre mieux la guerre quand on nous
J'irriposér^'nous .proclamons," nous af-
"Jo J. J! J cXIé'¡' 'l
lehons nos préférences pour la..paix.
Nojis.préférons prêcher la suppression
des",gqerres que prêcher, comme M.
Bpùjçgei, la suppression cte la paix. Ce
serait à notre sens, dévoila des sen-
- • - ! ; ̃
timenls s1 ecrètement féroces et enne-
mis de l'humanité, quand on croit les
hommes susceptibles d'une seule série
dé vertus, que de prêcher la guerre
aux doux et non 'la paix aux violents.
Mais il faut bien, n'est-ce pas ? que
cessait d'être un lieu d'épreuves ! « Le
deviendrait, le christianisme si la terre
cessait d'être un lieu d'épreuves ! » Le
malheur rend la foi facile », disait clans
Jcsus-Christ le Père Didon. M. Bour-
get a ramassé la recette ; comme il
s'est donné pour but de propager la
foi, il veut éterniser le malheur. Qu'il
ne s'illusionne pas, nous nous défen-
drons. Nous aussi, nous recueillons
les leçons de la guerre.
Lucien CORNET,
Sénateur de VY onne.
e- 1.
M. ROUME DANS SA COLONIE
-0-0-0-
M. Roume, Gouverneur général de l'In-
dochine, accompagné de sa famille, est ar-
rivé à Saigon le vendredi 5 mars au ma-
tin. Le poil et, la ville étaient pavoises.
Une affluence des plus considérables
d'Européens et d'indigènes se pressait aux
abords du débarcadère. Au premier rang
se tenaient toutes les autorités civiles, mi-
litaires et navales, ainsi que les corps
élus.
Le roi du Cambodge s'était fait repré-
senter par plusieurs princes et des minis-
tres.
Des discours ont été prononcés par le
imai-re de Saigon, par le Gouverneur inté-
rimaire et par un .conseiller annamite, qui
ont souhaité la bienvenue au -représentant
de la République française et ont exprimé
> leur dévouement pour la France, vers la-
quelle vont toutes leurs pensées.
M. Roume a remercié. Il a. dit combien
il était dnipressionné par les souhaits de
bienvenue qui venaient de lui être adres-
sés.
Après un examen de la, situation finan-
cière, le Gouverneur général .s'est félicité
de constater le sentiment d'union indéfec-
tible de la .colonie française .et du roi dans
les vœux pour le triomphe de la patrie.
Ces paroles ont été longuement -accla-
mées. M; le gouverneur g-é-newl Roume
lest parti le jour môme pour le Tonkin.
Pour protéger les Rpiites contre J'ore
r i-l
rO-O-O-0-0-0 -–
Un décret du 15 mai 1914 fixe, en
Indochine, à 8 l'intérêt légal et à
12 l'intérêt conventionnel entre les
justiciabcs des tribunaux français, ain-
si qu'entrc eux et les indigènes ou
Asiatiques assimilés, non justiciables
de ces tribunaux.
Ainsi se trouve consacré la jurispru-
dence habituelle des tribunaux qui
avait, adopté, en- fait, les taux ci-des-
sus.
Malheureusement, la réforme ne
jouera que vis-à-vis de ceux pour les-
quels elle était inutile, c'est-à-dire les
banquiers et escompteurs sérieux, qui
portaient sur les billets et reconnais-
sances de. dettes le montant exact de
la somme prêtée.
Les autres usuriers chinois et. plus
particulièrement les cc chettys indous »,
continueront comme par le passé à ex-
ploiter fructueusement la population
européenne et indigène, en lournanl
la loi de loules les façons ingénieuses
que leur imagina!ion leur suggérera.
Le Ghctly ! (jucl est le Saigonnais
qui ne pourrait raconter les désastres
et Les ruines accumulées autour d'eux?
Si les murs de certaines rues, cle Sai-
gon, de la rue d'Adran. plus particu-
lièrement, pouvaient raconter les des-
sous de l'existence de ces Indous qu'on
voit promener dans la ville leurs lon-
gues silhouettes blanches couronnées
d'un chef .entièrement rasé, ou se de-
manderait comment il se peut que leur
présence dans notre colonie soit enco-
re tolérée.
Originaires dA il'lnde. nlim l.lvJ't.T\' 1
die l'Inde anglalise, issus tous d'une
même- famille, les Chettys ont. envahi.
neu à peu l'Indochine, au .point' de
remplir maintenant de.leurs nomsm-
termj/ixables plusieurs pages de l'An-
nuaiire de la CGchinchine.
Ouvrez cet annuaire à la rue d'A-
dran, déjà citée, ou à la rue Ohi'er, et
vous serez frappé du nombre minime
d'Européens,.ou d'Annamites, en com-
paraison des S o u p r a m a - M mnchetl y
ou autres similaires qui l'habitent.
Et, en. apercevant les compartiments
immondes qui abritent ces banquiers
noirs, on ne saurait, cle prime-abord,
croire que leurs habitants font autre
chotse que menacer perpétuellement
l'hygiène publique par la crasse et
l'ordure qu'ils y amoncellent.
Et pourtant, dans ces repaires som-
bres et -sordides, se glissent, d'abord
avec hésitation, et, par la suite, sans
nulle honte, aussi bien le petit com-
merçant gêné que le fonctionnaire qui,
pour échapper à l'opposition mena-
çante, vient se livrer pieds et poings
liés aux « vampires de l'Indochine ».
Le Chetty prèle en 'principe à 3
par mois ; mais, fort prudemment, il
commence à retenir sur 'la somme prê-
tée l'intérêt qui lui sera du à expira-
tion. Il arrive, de la sorte, à réaliser
un intérêt de 30 par mois au moins.
En effet, celui qui empruntera 500
piastres pour un an touchera seule-
me.nt 500 - (15 x 12) 180=320 piastres,
remboursables à raison de 45 piastres
par mois pendant un an. Les verse-
ments n'étant pas amortissables, l'in-
térêt du dernier mois sera de 15 pias-
tres pour 45 piastres, avec cette aggra-
vation qu'il aura été versé préalable-
ment à la iéalisalion de l'emprunt.
Qu'un billet vienne à être refusé à
son échéance, le Chetty est bon prince,
"t accorde une onéreuse prolongation,
d'autant plus qu'ayant, pris soin de se
faire avaliser son billet par deux tiers
notoirement solvables, il est sans
craintes en ce qui concerne le rem-
boursement définitif.
Avec la nouvelle législation, les.
chettys vo;;t prendre de nouvelles pré-
cautions. Ils feront signer au malheu-
reux qui s'adressera à eux une econ-
naissanca da dette infiniment supé-
rieure à la somme qu'ils prêteront, et
seront à l'abri des surprises judiciaires
auxquelles ils auront, de. la sorte,
ingénieusement paré. ,-
Une solution énergique s'impose il
i I. - -, 1 p 1 -, i. i..i "j î 4 V>-
IULIU itui uiijjujoi,
ne'fût-ce que par hygiène, les plus du-
res obligations, démasquai" et réprimer
sévè-relment leurs délits d'usure. ,
Ou mieux encore, chercher tin lexte,
et il s'en- trouve certainement- qui per-
mette de 'considérer comme immor-ale"
la dette souscrite à leur profit et enjoin-
dre au trésor cle refuser leurs opposi-
tions
On évitera peut-être ainsi de voir (le
fait s'est produit) un vieil Indochihois'
payer encore, à 30 ans de service, !' s
.intérêts d'une dette de ses vingt ans,
lesquels intérêts étaient devenus, à eux
seuls, le double de la dette primitive ! !
Hormis cela, le décret du 15 mai i9i4
n'aura d'autre effet qtiin de fournir aux
Chettys, et à certains Chinois, l'occil-
sion de tourner, une fois de plus, la loi.
Raoul BRIQUET,
Député du Pas-de-Calais.
Indemnités des Coloniaux à la Guerre
0-0- o-o-
Un décret, en date du 3 mars, pris
sur la proposition des Ministres des
Colonies et de la Guerre, accorde l'in-
demnité d'entrée en campagne, telle
qu'elle est prévue par le décret du
14 mai 1912, pour les troupes destinées
.a'u Maroc :
10 Aux officiers, sous-officiers et em-
ployés militaires qui, provenant d'une
colonne française, participent à des
opérations militaires contre les posses-
sions coloniales des puissances enne-
mies- ;
2° Aux officiers, sous-officiers et em-
ployés militaires qui seraient éventuel-
lement envoyés cle France pour pren-
dre part à ces opéra t'ions, à moins qu'ils
n'aient déjà bénéficié dans la Métropo-
le de l'indemnité d'entrée en campagne
qui leur restera acquise, si elle leur a
été payée intégralement. S'ils n'en ont
reçu que la première moitié, ils au-
ront droit seulement au paiement de
la différence entre la somme déjà pelr-
çue et le montant de l'allocation pré-
vue par, le décret du 14 mai 1912.
*
*★
Aux termes d'un décret du 3 mars,
pris sur la proposition des Ministres
des Cololnies et de la Guerre, les offi-
ciers de complément (réserve ou terri-
toriale), mobilisés aux colonies, rece-
vront une indemnité d'entrée en cam-
pagne égale à l'indemnité de départ
colonial allouée aux officiers de -l'ac-
tive des mêmes grades par l'article 15
du décert du 29 décembre 1903.
Cette indemnité ne sera pas due aux
officiers de complément qui auront
été mobilisés aux colonies et renvoyés
en France pour être mis à la dispos.'
Lion du Département de la Guerre.
Lorsque les officiers susvisés parti-
ciperont à des opérations de guerre
contre des possessions coloniales des
puissances ennemies et qu'ils poumnt'
prétendre, à ce titre, à l'indemnité
d'entrée on compagne (Tarif Maroc),ils
ne recevront que la différence entre
cette dernière indemnité et le montant
de l'allocation prévue par l'article 15
du clecretdu 29 décembre 1903.
j
A LA COMMISSION DES AFFAIRES
EXTERIEURES
-0-0-0-
Dans sa dernière séance, la commis-
sion des affaires extérieures et colo-
niales a approuvé les conclusions de
M. Paul Bluysen, député de l'Inde
française, sur le projet de loi relatif au
changement d'affectation d'une partie
des fonds d'emprunt de l'Afrique Occi-
dentale française. Elle a ensuite con-
tinué l'examen des moyens de propa-
gande française à l'étranger et a enten-
du à ce sujet MM. Arago, Honnorat et
Georges Leygues.
Après une discussion à laquelle ont
pris part. plusieurs membres de la com-
mission, elle a chargé son président
d'exprimer au ministre des Affaires
étrangères son désir de voir, dans les
circonstances actuelles, sa collabora-
tion avec elle se resserrer chaque fois
davantage.
La Colonisation Officielle en Algérie
o-o-o-o-o-o
Les articles que j'ai publiés dans
les Annales Coloniales les 28 mai et
11 juin deirniers, m'ont valu quelques
observations fort aimables, venant
d'Algérie pour la plupart. Je crois de
mon devoir d'y répondre.
La France n'a pas de colons à expor-
ter en Algérie, me dit-on, son territoire
est difficilement exploité pajr places
même délaissé faute de main-d'œu-
vre, malgré l'afflux des Belges, des Ita-
liens, des Espagnols, des Luxembour-
geois, des Polonais et même des Kaby-
les aujourd'hui. Mais que peuvent re-
présenter en force nationale 250 habi-
tants français que l'on exporte annuel-
leiliciit comme colons au lieu de les re-
tenir dans la mère-patrie alors que les
étrangers à franciser y viennent par
50.000 dans le même temps ? Etant
donné le but à poursuivre, on peut af-
firmer que 100 Français d'Algérie va-
lent plus en influence que 1.000 Fran-
çais de France. La compensation vaut
largement le sacrifice et au delà. Pour
l'Algérie, le peuplement reste secon-
daire, ce qui prime le peuplement c'est
la nationalisation du pays.
Les capitaux d'exploitation trouve-
ront longtemps encore à s'employer
utilement dans les chemins de fer, Les
travaux publics, les mines, les défri-
chements, la reconstitution des vigno-
bles, ils s'y porteront facilement parce
qu'ils y seront rémunérés, il est inutile
de se préoccuper de la main-d'œuvre,
qui n y iOià pas défaut de longtemps,
et les salaires' d'Algérie ne se riivetle-
ront.que bien "plus tard sur-ceux, de,
l'
France..
: -
Des contremaîtres, des' chefs , d'ex-
ploitation, Français autant que'pos-
.:" '1 ¡ :
sible, sont désirables évidemment,
mais leur recrutement se fait automati-
l' ! Il..
quement à mesure que les entreprises
se développent. C'est' tro'p que 'd'être,
obligé d'abandonner tous les mètijprs,
depuis celui de barbier jusqu'à celui dc'
maçon ou de menuisier, dans le bled,
aux Italiens ou aux Espagnols ? il ne
faut paso y ajouter une emprise exclu-
sive sur la terre.
Notre raison d'être en Algérie, notre
justification n'a d'autre base, il ne faut
pas l'oublier, que notre intérêt matériel
concordant avec l'éducation et le relè-
vement économique des indigènes qui,
eux, sont le nombre.
Pour les grandes villes, rien à crain-
dre, elles sont elles-mêmes des foyers
d'assimilation très intense ; mais dans
les petits centres où serait l'appui na-
tional ? l'administration se trouverait
graduellement vouée à l'isolement et
s'organiserait en caste absolument
étrangère aux vrais intérêts du pays ;
n'est-ce pas. déjà sa tendance natu-
relle ?
A l'heure présente, la colonisation li-
bre, les rares colons français disposés
à s'expatrier, disposant de petits capi-
taux rêvent tous de l'Argentine ou du
Canada, malgré la proximité, l'identité
de climat de not-re Afrique du Nord
avec la métropole (i). Est-ce bien à pro-
(1) Je suis personnellement bien placé
pour suivre ces tendances année par an-
née. Aller loin, c'est l'inconnu, c'est la nou-
veauté, c'est aussi l'espoir illimité, la chance
à courir : ce n'est souvent que l'échec la-
mentable avec, .au bout, l'amère- désillusion.
Je pourrais citer ici bien des confidences
instructives !
pos de cesser tout effort pour essayer
de retenir dans le giron, national ces
quelques unités éprises d'imprévu qui
peuvent constituer pour nous des acti-
vités précieuses, des volontés entrepre-
nantes et créatrices, puisque nous pou-
vons les satisfaires ? Et le meilleur ap-
pât, le plus grand attrait pour ces co-
lons n'est-il pas l'attribution gratuite
de lots de colonisation ? ou même la
vente simplifiée de terres à mettre en
valeur avec des débouchés assurés, à
proximité de La mère-patrie, ce qui di-
minue pour eux l'avance des capitaux
à engager dans l'entreprise ?
Il faut convenir aussi que la coloni-
sation est s'oumise comme tous les faits
sociaux à la loi de la concurrence uni-
verselle et que l'Algérie a présentement
des rivaux comme la Tunisie et le Ma-
roc, contre lesquels nous pouvons dif-
ficilement agir mais qui offrent certai-
nement moins d'avantages. La Tunisie
plus restreinte ne permet pas un choix
de situations si variées qu'en Algérie et
le Maroc reste, pour quelques années
encore, un pays sans voies de commu-
nications faciles où les terres sont diffi-
ciles à acquérir en raison de la légis-
lation et ne disposant que de débouchés
limités : ici c'est l'incertitude. La con-
currence marocaine est néanmoins sen-
sible en Algérie depuis deux ans.'
Il ne faudrait pas déduire de ces
faits que la colonisation algérienne
est en crise actuellement ; la situation
est tout autre. Les' demandes de -cou-
cessions gratuites affinent comme par
- 1..- 1 .-
,.le: puasse ; lie choix, des attributaires
, reste conlffi'e, oujours - la difficulté
1 1 t
principale. Et. les .ventés de lots de
colonisatipn- ne sont pas plus délais-
sées qu'autrefois, "la dernière vente
des terres de Bellaa 'près de Constan-
tin e_ le -p avril 1914, en fait foi : des
lofs (Je 85 hectarçs environ, mis à prix
1 1
35.400 francs, 28.0.0Q et 19.000 ont trou-
-. '}
vé .preneurs^ 56.9.00, 60.100 et 32.000
francs. , 1
L'Etat est d'ailleurs spécialement
qualifié pour choisir l'emplacement
des centres nouveaux et pour y en-
voyer des colons, pour créer des foyers
de civilisation et d'influence, et des in-
térêts nouveaux. Sans l'initiative de
l'Etat la colonisation du -Seirsou., du
plateau Sétifien, des plateaux au sud
de Bel-Abbès et de bien d'autres ré-
gions serait encore à organiser, les Ka-
byles seraient encore isolés dans leurs
montagnes, sans contact avec le mon-
de civilisé.
La colonisation officielle trouve donc
sa justification par les raisons les plus
diverses mais les plus démonstratives
en même temps. Et, si elle colite au
budget algérien quelques sacrifices,
minimes d'ailleurs, on doit hardiment
les cataloguer dans les dépenses de
souveraineté. Il restera toujours assez
de place pour les Algériens d'origine
qui sollicitent une part de plus en plus
grande dans l'attribution des lots, ce
qui ne coûtera pas moins..
Du point de vue français il est diffi-
cile, je crois, de raisonner autrement.
& François BERNARD,
Professeur dtconomie politi-
que à' VEcole (VAgricvMwe
de Montpellier..
Le Sang des Noirs
S t S–
M. Henri Laredan, de VAcadémie Fran-
çaise, public, dans l'Intransigeant d'hier,
vn important article sur la collaboration
apportée par les Algériens, Marocains,
Tunisiens et par les troupes noires à la
défense de la Tnère patrie. Nos s'uiets d'A-
frique comme leurs frères de la MarHni-
qu-e, de la Guadeloupe et de la Guyane,
pourront être fiers des éloges qui leur sont
justement décernés.
Ç?Ç?Ç?
Ume semble que tout en reconnaissant,
chaque fois que l'occasion, s'en lIjeÍ présen-
tée, la bravoure et Le mérite des troupes
noires, on n'a tout de même pas assez
rendu hommage à l'effort incomparable
qu'elles ont fourni.
Dès le début, au moment des combats
à ciel ouvert, pendant les marches offen-
sives de la belle saison, elles ont commen-
cé à, donner. Parmi les premières, on -les
a jetées sur le mur tout neuf des masses
.allemandes, et aussitôt, à la seule appari-
tion des soidats d'ébène et d'acier, ce mur.
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