Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1914-05-26
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32693410p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 26 mai 1914 26 mai 1914
Description : 1914/05/26 (A15,N61). 1914/05/26 (A15,N61).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
Description : Collection numérique : Thème : L'histoire partagée Collection numérique : Thème : L'histoire partagée
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Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6450026s
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 31/01/2013
QUINZIEME ANNEE. Nô 61.
FRANCE ET COLONIES : LE NUMERO 15 CENTIMES
MARDI 26 MAI 1914.
Les Annales -
A - - .'-",-
JOURNAL SEMI-QUOTIDIEN
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LES ANNALES COLONIALES sont le seul Journal Colonial
ne publiant que des articles inédits.
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Les Mises à la Retraite en Indochine
0-0-0 0-0-0
Les nombreuses mises à la retraite
auxquelles procèdent en ce moment le
Gouvernement Général de l'Indochine
et le Département des Colonies amè-
nent, de la part do ceux qui en sont
victimes, un concert de protestations
et de récriminations. Certaines de ces
doléances sont parvenues jusqu'à nous,
elles nous font craindre qu'on n'ait
pas toujours observé, dans l'applica-
tioni d'un texte dont l'opportunité n'est
pas à discuter, toute la mesure et toute
la bienveillance auxquelles les vieux
serviteurs de la France d'outre-mer
pensaient avoir droit.
M. Sarraut avait pourtant, dans une
drculair,E} du 17 mai 1913, prescrit une
série de dispositions transitoires desti-
nées à atténuer le caractère pénible des
mises à la retraite d'office.
Cette circulaire disait notamment
ceci :
« C'est ainsi qu'en ce qui concerne
les fonctionnaires présents dans la co-
lonie, qui réunissaient les conditions
requises pour la retraite, et dont l'état
de santé ne justifierait par le retour
en congé de convalescence, j'ai été
amené à penser qu'il conviendrait de
les laisser achever leur séjour régle-
mentaire s'il ne doit pas dépasser six
mois, afin de leur permettre de béné-
ficier du 'congé administratif auquel ils
pourraient alors prétendre. »
Ajoutons que cette circulaire vise
uniquement les fonctionnaires qui
comptent cinquante ans d'âge, et le
temps voulu pour la retraite.
Or, parmi les nombreuses mises à
la retraite dans ces conditions on nous
signale celle d'un commis principal
des postes qui nous est apparue suf-
fisamment typique parmi tant d'au-
tres pour faire l'objet d'une critique
particulière des mesures prises parfois
trop brusquement.
M. C., commis principal des postes
et télégraphes, père de 4 enfants, vient
d'être avisé qu'il serait mis à la retraite
le 1er octobre prochain.
Or, à cette époque, il manquera à
M. C. 10 mois et 17 jours pour attein-
dre sa 506 année. Il sera donc, de ce
fait, retraité à 49 ans, sans congé,
alors que, aux termes de la circulaire
précitée, il devrait l'être seulement à
50 ans et un mois et jouir d'un congé
administratif de 6 mois à solde colo-
niale.
Il perdra alors : 1° la différence en-
tre sa solde d'activité et sa retraite,
soit 11.000–3.900=7.100 ; 20 la diffé-
rence entre sa solde coloniale pendant
6 mois et l-echiffre de sa retraite pen-
dant le même laps de temps, soit 3.650
francs.
Enfin, chose plus grave et plus in-
juste, le chiffre de sa retraite sera cal-
culé d'après la moyenne de ses trois
dernières années d'activité sur trente
et un ans de services, alors que le cal-
cul devrait logiquement être basé sur
trente-deux ans de servee, soit une dif-
férence de 398 fr. 20 par an.
Nous sommes de ceux qui pensons
que le rajeunissement des cadres s'im-
pose, mais encore faut-il que ce rajeu-
nissement ne s'opère pas au détriment
des droits acquis et de la simple huma-
nité.
Depuis la suppression du compte
d'assistance, le fonctionnaire mis à la
retraite doit en arrivant en France se
pourvoir de tout sur ses seules écono-
mies.
Or, la plupart du temps, il no peut
faire ces économies que pendant ses
dernières années de service, alors qu'a-
vec le temps sa solde a augmenté.
Lui signifier ainsi un congé préma-
turé, alors qu'il pensait, fort des circu-
laires et des instructions du Gouver-
nement général, terminer à la colonie
son séjour régulier jusqu'à l'âge légal
de la retraite constitue, à notre avis, si-
non une brimade, tout au moins une
mesure arbitraire. Ceux qui ont passé
là-bas leurs années de jeunesse ont
droit à plus d'égards.' M. le Gouver-
neur général Sarraut l'avait pensé et
dit en termes fort nets ; nous regret-
tons que les Bureaux n'aient pas suivi
.ses généreuses inspirations.
Henri C0SN.IER,
Député de VIndre.
L'INAUGURATION
de l'Exposition de Lyon
o-o-o- -
M. Poincaré, en compagnie de M.
Herriot, sénateur, maire de Lyon ; de
M. Doumergue, président du Conseil ;
de M. Métin, Ministre du travail ; do
M. Augagneur, député du Rhône ; de
M. Lebrun, Ministre des colonies, a
inauguré l'exposition de. Lyon.
Conduit par MM. Herrdot et Cour-
nlbnt, commissaire général de l'Expo-
sition, le Président de la République a
successivement visité les Isalles qui,
dès maintenant, sont mise à la dispo-
sition du public.
Il a accordé une grande attention a
l'exposition coloniale, où se trouvent
réunis tous les produits de l'Afrique
Orientale, de l'Afrique Occidentale, de
l'Indochine, du Maroc, etc.
Cette. exposition, vraiment belle, est
des plus intéressantes et sera très re-
marquée du public ; elle comporte no-
tamment d'instructifs graphiques qui
donnent une idée très précise du mou-
vement commercial et industriel de
nos colonies. L'Exposition militaire de
la conquête de l'Algérie n'a ni moins
de succès ni moins d'intérêt.
Nous reviendrons1 prochainement
plus longuement sur cette grandiose
manifestation. Nous consacrerons sous
peu un numéro illustré à la participa-
tion coloniale française à l'Exposition
internationale de Lyon.
,-
M. Charles Noufflard, Lieutenant-
Gouverneur du Dahomey, rentrant en
conqé. est attendu fin juin en France.
M, Noufflard s'arrêtera à Dakar pour
conférer avec M. le Gouverneur géné-
ral Ponty au sujet des derniers événe-
ments du Dahomey.
LE COMMERCE
de St= Pierre et Miquelon
-0-0-0-
Nous avons, dans un récent nu-
méro, établi une comparaison entre
l'exportation de morue faite par Saint-
Pierre et Miquelon durant le premier
trimestre 1914 et la période correspon-
dante de 1913. Les chiffres de cette an-
née. ne sont pas à comparer à ceux de
l'an dernier à pareille époque
qu'ils surpassent dans des proportions
énormes. Nous avons dit, on s'en sou-
vient, qu'il faut voir là non seulement
l'effet d'une campagne de pêche fruc-
tueuse, indice d'une exceptionnelle
prospérité, mais encore et peut-être
surtout celui d'une campagne de pêche
plus hâtive que l'an dernier.
Le mouvement du commerce géné-
ral de Saint-Pierre et Miquelon pen-
dant l'exercice 1913 s'est élevé au to-
tal de 10.558.543 fr. dont 4.356.745 fr.
aux importations et 6.201.798 aux ex-
portations.
C'est par comparaison aux résultats
de 1912, une augmentation totale de
344.834 francs, une diminution de
52.258 francs à l'importation et une
augmentation de 397.092 francs à l'ex-
portation.
Voici les chiffres fournis par le Petit
Bulletin du Commerce sur lie, mouve-
ment général du commerce de Saint-
Pierre et Miquelon pendant ce premier
trimestre 1914 : il a atteint le total de
860.389 francs dont 415.448 francs aux
importations et 444.941 francs aux ex-
portations.
La part de la France a été de 290.016
francs. Importations : 43.880 francs.
Exportations : 246.136 francs.
Le Colonel Largeau
organise l'Ennedi et le Borhou
0-0-00-0-0
L'œuvre cle conquête étant termi- 1
née, il s'agit maintenant d'urganiser
nos récentes possessions au Nord du
Tchad, l'Ennedi et le Borkou.
Le colonel Largcau, chef aussi bril-
lant dans la concluilte. des opérations
militaires, qu'administrateur habile,
vient de jeter les bases de l'organisa-
tion de nos nouveaux teritoires. 1! l'a
fait avec cet esprit de méthode., cette
sagesse et cette prévoyance, à laquelle
maintes fois nous avons rendu un
hommage médité.
Après la prise d'Ain-Galakka, bril-
lant fait d'armes qui a montré aux no-
mades pillards la force cL la puissance
française, il s'agissait de créer dans le
pays une administration bienveillante
et juste, qui assure aux sédentaires
les bienfaits cle la paix française.
Ce n'était pas la une mince besogne,
car le « Nord » comprend deux pays
bien distincts et combien vastes ! -
le Borkou, région des dattes ; l'Ennedi,
terre des pâturages ; cieux proies di-
versement mais également apprécia-
bles pour les hordes pillardes qui
avaient pris l'habitude d'y faire des
razzias selon leurs besoins.
Donc lorsque, ainsi que nous l'avons
relaté, les troupes de Mahdi Ould :Sunn.i
eurent été vaincues el s'enfuirent dans
les montagnes vers Konfra, lorsque le
colonel Largeau se fût .installé à Fada
avec la 8° compagnie méharis te, accor-
dant un délai de 20 jours pour la res-
ililution des prises qui commencè-
rent ci rentrer dans les 48 heures !
le commandant du territoire militaire
du Tchad entreprit d'assurer aux sé-
dentaires la sécurité des territoires
qu'il venait de conquérir à la civilisa-
tion.
]1 a eivé une circonseriplion de l'En-
nedi-Borkou, avec cher-lilu Paya, la-
quelle comprend une subdivision du
Borkou, chcMieii Faya, eL une subdi-
vision de l'Ennedi, chef-lieu Fada.
Il a disposé ses hommes de telle ma-
nière que la liaison est assurée par la
7° compagnie entre Faya, Aïn-Galakka
et Zouar, poste récemment créé par le
commandant du terri lu ire militaire de
Zindcr. Un poste avancé a été égale-
ment installé à Gouro pour surveiller
Koufra, de sorte qu'au jour, que nous
voulons espérer prochain, où l'on oc-
cupera Bardaï, la jonction dans cette
direction sera également préparée.
De l'autre côté, la 8e compagnie pro-
tège Fada, Ounianza, où se trouve une
pièce de 80 m/m. Ce dernier poste sur-
veille les pâturages de T-ekro, les mi-
nes de sel d'Arouellé et de Démi, eL esL
prêt à agir pour mettre à la raison les
pillards du versant Nord de l'Ennedi
et couper la route de la traite qui vient
d'El-Facher.
La liaison avec l'arrièro se fait du
côté du Kanem par la section rnéha-
riste placée à Mao (4° Icompagnie), qui
a un posLe-grenier à Jekia, et. du côté
du Ouaclaï par la section de la 10° com-
pagnie placée à BilLille, qui rayonne
autour d'Oum Chalouha, dans 'le sec-
teur Nord.
Entre Faya et Jékia, le détachement
méhariste de Faya fait .la police des
nomades du Djourab, le détachement
méhariste de Fada est chargé de la
surveillance des pâturages à l'Ouest de
l'Ennedi.
Toute cette organisation très simple
rend cependant déjà de signalés servi-
ces malgré les effectifs infimes 400
à 500 hommes pour 200.000kmq, il
est bon de se rappeler qu'ils sont là-bas
en pays désertiques et qu'un groupe de
60 hommes y constitue déjà une force
imposante.
Toutes les populations sont maimte-
nant soumises ; il ne faut pas s'en
étonner ; elles savent nous con-
naissant depuis longtemps, qu'il
n'y a rien à perdre avec nous des
qu'on est du côté des exploités, car
toujours nous avons lutté contre les
exploiteurs.
Comme il y-a peu de fanatisme reli-.
gieux dans ce pays et que les exploi-
teurs ont toujours eu la main dure,
nos progrès son rapides. C'est ainsi
que les gens de Koufril, devant l'alter-
native de combattre sans grand espoir
ou de reprendre honnêtement leur
commerce avec toutes îles garanties de
sécurité et d'ordre possibles, ont pris
leur parti de la conquête du Borkou
qui s'est effectuée sous leurs yeux et
contre eux, en un mois du 27 no-
vembre au 31 décembre d'Aïn Ga-
lakka à Ouniallza, eu passant par
Paya et Gouro. Us ont envoyé, voici
deux mois déjà, une caravane de 125
chameaux pour marquer la reprise des
relations et faire appel à la clémence
françaisr, en demandant certains
avantages.
11 est bien probable que le colonel
Largeau, dont l'esprit politique sait
mesurer avec infiniment de tact la
bienveillance et la fermeté, aura « cau-
sé » avec eux.
M. Peuvergne, Gouverneur de la
Guinée française, a été invité par le
'Ministre des Colonies à rejoindre son
poste.
Il s'embarquera le. 3 juin à Bordeaux,
à bord de Y Asie à destination de Co-
nakry.
Tableau d'avancement
0-0-0 -0-0-0
Le tableau d'avancement est une excel-
lente institution ; c'est, pour les fonction-
naires, un&. garantie que leurs droits se-
ront respectés.
Mais les plus belles médailles ont leur
revers, et quelquefois ce tableau sert à
favoriser l'avancement de vilains indivi-
dus qui, au lieu d'être promus, devraient
être mis à la porte d'une administration
qu'ils déshonorent.
Je ne citerai qu'un exemple ; je pour-
rais en donner plusieurs, mais je pense
que celui que je vais citer est assez ca-
ractéristique pour prouver ce que j'ai
avancé.
L'on comprendra pourquoi je ne donne
aucun nom. Seul, le Ministre des Colo-
nies pourrait être curieux d'en connaître,
s'il avait la fantaisie de réparer l'injus-
tice énorme que je signale. Dans ce cas,
je tiens à sa disposition tous les éclair-
cissements nécessaires.
Il s'agit d'une de nos colonies du Paci-
fique. Un fonctionnaire, habitant cette co-
lonie, occupe, sur lie tableau d'avance-
ment de l'administration à laquelle il ap-
partient, 'le numéro trois ou quatre, je ne
sais pas au juste, et, sur le tableau spé-
cial à la colonie, le numéro un. C'est donc
lui qui bénéficiera du premier avance-
ment accordé au groupe de fonctionnaires
du même ordre existant dans la colonie,
Pt, d'après le rang qu'il occupe dans 3e
tableau général, il profitera de la pre-
mière promotion.
Permettez-moi de vous présenter l'indi-
vidu. C'est un ivrogne invétéré, 'et les
marchands d'absinthe de la région, qui
ont pourtant une belle clientèle, le consi-
dèrent comme un de- leurs plus précieux
clients. C'est en outre un être absolu-
ment immoral ; il n'y a pas longtemps
qu'il a été isiupris dans un bureau de la
Direction, en compagnie de plusieurs fil-
lettes de dix à douze ans.
L'affaire fit. quelque bruit ; plainte fut
portée au procureur général, clérical, qui
s'entendit facilement avec le Directeur de
l'administration pour étouffer l'affaire,
sous prétexte que l'administration aurait
été éclaboussée I Comme s'il était plus
honorable pour une administration de
conserver, dans ison sein, comme l'on
dit, des individus tarés et malpropres
que de s'en\ débarrasser à la première
occasion !
Ce sale monsieur est d'ameurs bien ac-
couplé, car pendant un séjour qu'il fit
au chef-lieu de -la colonie, les femmes en
carte de da ville portèrent contre son
épouse une plainte en concurrence dé-
loyale. Cette plainte-là aussi fut étouffée.
Il est, avec le ciel, des accommodements.
Et c'est ce digne couple qui, à la pre-
mière promotion, va prendre le pas sur
ses coLlègues, et recevoir, en récompense
de ses vertus, une augmentation de solde
appréciable.
On voit quelles surprises peut réserver
le tableau d'avancement.
MAX BOEl
Les Élections de la Martinique
0-0-0-0-0-0
La période électorale a été relative-
ment calme. Vurlqucs coups de bâton
oui. été échangés dans les communes ;
une seule murt est. à déplorer au PrÔ-
cheur, petiol village situé au Nord-Est
de Saint-Pierre.
Dans la circonscription Sud, M. Lé-
mery, l'avocat mulâtre qui, grâce à M.
Millerand, plaida il y a quelques an-
nées contre les congrégations et qui
toucha pour ce faire une somme fort
rondelctlc, atteignant près de cent
miUe francs, a été élu comme républi-
cain sncialistc. Sa eandidaiture était pa-
tronnée par M. Sévère, député sortant,
maire de Fort-de-France, radical-clé-
rical indépendant, et les nouveaux
amis de ce dernier, les usiniers négro-
phobes alliés aux mulâtres blanco-
phobes.
Plus heureux qu'il ne l'avait été en
1906, à la Martinique, où il avait
essuyé un échec piteux, et dans le 12"
arrondissement de la Capitale, où les
électeurs lui avaiit taillé une veste mé-
morable, M. Lémerv est enfin député.
11 choisira sans doute le siège de Gam-
hetla, car, a-t.-il déclaré à ses électeurs,
il a assis déjà son .prétentieux individu
dans le fauteuil qu'oecupa jadis notre
grand tribun, à 'la Conférence des avo-
cats.
Dans la circonscription Nord. M. La-
grosillière a été réélu à une forte ma-
jorité, mais la Commission de classe-
ment, composée en majorité de ses ad-
versaires trois membres sur cinq
a refusé de proclamer son élection.
Elle a laissé ce soin à la Chambre,
sous le prétexte que les résultats de la
cumiiiuiie de 'Sainte-Marie étaient" fan-
taisistes.
D'après les renseignements absolu-
ment sûrs et véridiques qui nous ont
été fournis, voici ce qui s'est passé à
Sainte-Marie, commune natale de M.
Lagrosillièr-e, et dont il est maire : au
moment du dépouillement du scrutin,
ses adversaires Ctnt fait irruption à la
mairie et ont brisé l'urne.. hies bulle..
tins recueillis n'ont pu êtré-dé^ouillé's
que dans une maison voisihe. 'CJrà à
l'énergie du maire, qui a .opposé une
forte résistance aux envahisseurs, il
n'y a pas eu d'accidents graves à dé-
plorer.
Est-ce à dire que la Chambre devra,
comme l'a fait la Commission de re-
censement, considérer l'élection de M.
Lagrosillière comme viciée par le dé-
pouillement de -Sainte-Marie. Nous
estimons que ce grief n'est pas soute-
nable, car on peut moins encore taxer
de fantaisistes les résultats de cette
commune que ceux-là du Lorrain ou
du Saint-Esprit et d'autres lieux où les
alliés Sévère-Clerc ont multiplié les
votants favorables à leurs candidats.
Et puis, ii faut, une bonne fois pour
toutes, que les perturbateurs de. la
Martinique et d'ailleurs sachent qu'il
ne suffit, pas d'envahir une mairie et
de briser une urne pour empêcher
l'élection d'un adversaire, quel qu'il
soit.
Où siégera M. Lagrosillière, nous
l'ignorons. Partisan de la loi de 3 ans
et de son application intégrale aux co-
lonies. il a quitté l'unité socialiste,
tout en déclarant qu'il restait profon-
dément socialiste. Retournera-t-il à
l'unité ou conservera-t-il une farouche
indépendance, nous le saurons bien-
tôt,
Rien n'est hangé au Parlement en-
ce qui concerne -la Martinique, puis-
que nous aurons face à face Lagrosil-
lière et Lémerv. comme nous avions
Lagrosillière et Sévère.
Le Commerce de nos Colonies en 1914
o-o-o-o
Sous réserve du mouvement commercial
des Etablissements français de l'Océanie,
dont les chiffres complets ne sont point
encore parvenus au département, le mou-
vement du commerce général des colonies
en 1013 s'élève au chiffre de 1 milliard
377.621.468 fr., dont 0-15.054.723 fr. à l'im-
portation et 732.5GG.745 fr. à l'exportation,
Il s'était élevé en 1912 au total de 1 mil-
liard 291.202.353 fr., dont G22.156.2G0 J'r. à
l'importation et 669.046.093 fr. à l'exporta-
tion, y compris les établissements fran-
çais de l'Océanie. C'est donc une augmen-
tation -de 84.419.115 fr., dont 22.898.463 fr.
à l'importation et 63.520.652 fr. à l'expor-
tation, à laquelle viendront s'ajouter hs
1 résultats des établissements français de
1 uceanie.
Le mouvement commercial de cette co-
lonie en 1912 avait atteint les chiffres de
16.587.436 fr., dont ?. 747.181 fr. à l'impor-
tation et 8.840.255 fr. à l'exportation.
Les chiffres du mouvement commercial
pourront être rectifiés, dans une certaine
mesure, lors de la récapitulation générale
des valeurs aux statistiques annuelles.
Selon les données actuelles qui doivent,
à bien peu près, être exactes, le total
général pour l'A. 0. F. est de 277 mil-
lions 718.152 fr. et celui pour l'A. E. F.
de 57.668.751 fr.
Ces chiffres se répartissent comme
suit :
Sénégal : Import.: 88.070.795 ; export.:
72.937.825 ; com. total : 161.008.620
Haut-Sénégal et Niger : Importations :
10.783.390 ; export.: 3.681.987 ; commerce
total : 14.465.377.
Guinée Française : Importations :
19.413.212 ; exportations : 16.644.752 ;
commerce -total : 36.057.9G4.
Côte d'Ivoire : Import.: 18.154.499 ;
export.: 16.401.815 ; commerce total :
34.556.314.
Dahomey : Importations : 15.152.404 ;
exportations : 16.477.473 ; commerce to-
tal : 31.629.877.
Gabon : Import.: 8.611.668 ; export.:
15.549.212 ; commerce total : 24,160-880.
Moyen Congo, Oubanghi-Chari : Impor-
tations : 12.569.095 ; export.: 20.938.776 -;
commerce total : 33.507.871.
Dans nos « vieilles colonies », les chif-
fres sont ceux-ci :
Guadeloupe et dépendances : Importa-
tions : 20.174.930 ; export.: 18.287.489 ;
commerce total : 38.462.419.
Martinique : Importations : 2^144.315 ;
exportations : 28-896.814 ; commerce to-
tal : 51.041.129.
Guyane française : Import.: 13.756.677:
exportations : 17.354.555 ; commerce total
31.111.232.
Nouvelle-Calédonie et dépendances
Impoli.: 17.707.910 ; export.: 15-838.405
commerce total : 33.546.321.
L'est de l'Afrique nous donne les to
taux suivants :
Réunion : Importations : 24.934.943
exportations : 16.592.290 ; commerce to-
tal : 41.527.233.
Madagascar et dépendances : Importa-
tions : 4G.447.455 ; export., 56.354.3i7 ;
commerce total : 102.801.832.
Mayotte et dépendances : Importutions:
2.014.898 ; export., 3.825.272 ; commerce
total : 5.870.170.
Côte française des Somalis : Importa-
tiuns : 33.916.843 ; export., 47.704.148 ;
commerce total : 81.620.991.
Enfin, en Asie, l'Indochine a donné -
nous l'avons déjà indiqué précédemment
275.977.8:23 fr. aux importations et
315.159.GG2 fr. aux exportations, ce qui
fait un total de 591.137.485 fr.; les Eta-
blissements français dans l'Inde sont
arrivés à un total de 54.557.210 francs,
avec 43.720.095 fr. aux exportations et
10.837.115 fr. aux importations.
Enfin nous donnons, d'autre part, les
totaux de Saint-Pierre et Miquelon qui
furent respectivement 10.558.543 fr. pour
l'ensemble, 6.201.798 fr. pour les expor-
tations et 4.356.745 fr. pour les imnor
tations.
Quand sera ajouté aux ].377.621.4C8 fr.
qui représentent le commerce général de
nos colonies en 1913, le montant des tran-
sactions effectuées par nos Etablisse-
ments de l'Océanie, on constatera une
augmentation sur l'année précédente qui
ne sera guère inférieure à 17 millions.
Ce que l'on aimerait à savoir, c'est de
combien et dans quelle proportion la
France a sa part dans cette importante
plus-value.
^,,, l B1 m m
La Question des Hébrides
0-0-0
Une conférence franco-anglaise rela-
tive au Condominium néo-hébridais se
réunira à Londres dans les premiers
jours de juin.
Le gouvernement français a délégué
à cette- conférence M. Picanon, Inspec-
teur général de première classe des co-
lonie, directeur du contrôle, représen-
tant le Ministère des colonies, et M.
Kammerer, Consul de France, repré-
sentant le Ministère des affaires étran-
gères.
Cette conférence sera appelée à solu-
tionner les diverses difficultés aux-
quelles le régime du Condominium a.
donné lieu et à reviser éventuellement
certains articles de la -Convention fran-
co-anglaise du 20 octobre 1906.
Nous sommes heureux d'apprendre
que les nombreuses doléances des co-
lons français, doléances maintes fois
exposées dans les Annales Coloniales
par nos collaborateurs, MM. Victor
Augagneur. Lucien Cornet, Henri Cos-
n.-er et Maurice Viollet-t-e, seront discu-
tées lors de cette Conférence.
FRANCE ET COLONIES : LE NUMERO 15 CENTIMES
MARDI 26 MAI 1914.
Les Annales -
A - - .'-",-
JOURNAL SEMI-QUOTIDIEN
r
LES ANNALES COLONIALES sont le seul Journal Colonial
ne publiant que des articles inédits.
Les Manuscrits non insérés ne sont pas rendus.
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Les Mises à la Retraite en Indochine
0-0-0 0-0-0
Les nombreuses mises à la retraite
auxquelles procèdent en ce moment le
Gouvernement Général de l'Indochine
et le Département des Colonies amè-
nent, de la part do ceux qui en sont
victimes, un concert de protestations
et de récriminations. Certaines de ces
doléances sont parvenues jusqu'à nous,
elles nous font craindre qu'on n'ait
pas toujours observé, dans l'applica-
tioni d'un texte dont l'opportunité n'est
pas à discuter, toute la mesure et toute
la bienveillance auxquelles les vieux
serviteurs de la France d'outre-mer
pensaient avoir droit.
M. Sarraut avait pourtant, dans une
drculair,E} du 17 mai 1913, prescrit une
série de dispositions transitoires desti-
nées à atténuer le caractère pénible des
mises à la retraite d'office.
Cette circulaire disait notamment
ceci :
« C'est ainsi qu'en ce qui concerne
les fonctionnaires présents dans la co-
lonie, qui réunissaient les conditions
requises pour la retraite, et dont l'état
de santé ne justifierait par le retour
en congé de convalescence, j'ai été
amené à penser qu'il conviendrait de
les laisser achever leur séjour régle-
mentaire s'il ne doit pas dépasser six
mois, afin de leur permettre de béné-
ficier du 'congé administratif auquel ils
pourraient alors prétendre. »
Ajoutons que cette circulaire vise
uniquement les fonctionnaires qui
comptent cinquante ans d'âge, et le
temps voulu pour la retraite.
Or, parmi les nombreuses mises à
la retraite dans ces conditions on nous
signale celle d'un commis principal
des postes qui nous est apparue suf-
fisamment typique parmi tant d'au-
tres pour faire l'objet d'une critique
particulière des mesures prises parfois
trop brusquement.
M. C., commis principal des postes
et télégraphes, père de 4 enfants, vient
d'être avisé qu'il serait mis à la retraite
le 1er octobre prochain.
Or, à cette époque, il manquera à
M. C. 10 mois et 17 jours pour attein-
dre sa 506 année. Il sera donc, de ce
fait, retraité à 49 ans, sans congé,
alors que, aux termes de la circulaire
précitée, il devrait l'être seulement à
50 ans et un mois et jouir d'un congé
administratif de 6 mois à solde colo-
niale.
Il perdra alors : 1° la différence en-
tre sa solde d'activité et sa retraite,
soit 11.000–3.900=7.100 ; 20 la diffé-
rence entre sa solde coloniale pendant
6 mois et l-echiffre de sa retraite pen-
dant le même laps de temps, soit 3.650
francs.
Enfin, chose plus grave et plus in-
juste, le chiffre de sa retraite sera cal-
culé d'après la moyenne de ses trois
dernières années d'activité sur trente
et un ans de services, alors que le cal-
cul devrait logiquement être basé sur
trente-deux ans de servee, soit une dif-
férence de 398 fr. 20 par an.
Nous sommes de ceux qui pensons
que le rajeunissement des cadres s'im-
pose, mais encore faut-il que ce rajeu-
nissement ne s'opère pas au détriment
des droits acquis et de la simple huma-
nité.
Depuis la suppression du compte
d'assistance, le fonctionnaire mis à la
retraite doit en arrivant en France se
pourvoir de tout sur ses seules écono-
mies.
Or, la plupart du temps, il no peut
faire ces économies que pendant ses
dernières années de service, alors qu'a-
vec le temps sa solde a augmenté.
Lui signifier ainsi un congé préma-
turé, alors qu'il pensait, fort des circu-
laires et des instructions du Gouver-
nement général, terminer à la colonie
son séjour régulier jusqu'à l'âge légal
de la retraite constitue, à notre avis, si-
non une brimade, tout au moins une
mesure arbitraire. Ceux qui ont passé
là-bas leurs années de jeunesse ont
droit à plus d'égards.' M. le Gouver-
neur général Sarraut l'avait pensé et
dit en termes fort nets ; nous regret-
tons que les Bureaux n'aient pas suivi
.ses généreuses inspirations.
Henri C0SN.IER,
Député de VIndre.
L'INAUGURATION
de l'Exposition de Lyon
o-o-o- -
M. Poincaré, en compagnie de M.
Herriot, sénateur, maire de Lyon ; de
M. Doumergue, président du Conseil ;
de M. Métin, Ministre du travail ; do
M. Augagneur, député du Rhône ; de
M. Lebrun, Ministre des colonies, a
inauguré l'exposition de. Lyon.
Conduit par MM. Herrdot et Cour-
nlbnt, commissaire général de l'Expo-
sition, le Président de la République a
successivement visité les Isalles qui,
dès maintenant, sont mise à la dispo-
sition du public.
Il a accordé une grande attention a
l'exposition coloniale, où se trouvent
réunis tous les produits de l'Afrique
Orientale, de l'Afrique Occidentale, de
l'Indochine, du Maroc, etc.
Cette. exposition, vraiment belle, est
des plus intéressantes et sera très re-
marquée du public ; elle comporte no-
tamment d'instructifs graphiques qui
donnent une idée très précise du mou-
vement commercial et industriel de
nos colonies. L'Exposition militaire de
la conquête de l'Algérie n'a ni moins
de succès ni moins d'intérêt.
Nous reviendrons1 prochainement
plus longuement sur cette grandiose
manifestation. Nous consacrerons sous
peu un numéro illustré à la participa-
tion coloniale française à l'Exposition
internationale de Lyon.
,-
M. Charles Noufflard, Lieutenant-
Gouverneur du Dahomey, rentrant en
conqé. est attendu fin juin en France.
M, Noufflard s'arrêtera à Dakar pour
conférer avec M. le Gouverneur géné-
ral Ponty au sujet des derniers événe-
ments du Dahomey.
LE COMMERCE
de St= Pierre et Miquelon
-0-0-0-
Nous avons, dans un récent nu-
méro, établi une comparaison entre
l'exportation de morue faite par Saint-
Pierre et Miquelon durant le premier
trimestre 1914 et la période correspon-
dante de 1913. Les chiffres de cette an-
née. ne sont pas à comparer à ceux de
l'an dernier à pareille époque
qu'ils surpassent dans des proportions
énormes. Nous avons dit, on s'en sou-
vient, qu'il faut voir là non seulement
l'effet d'une campagne de pêche fruc-
tueuse, indice d'une exceptionnelle
prospérité, mais encore et peut-être
surtout celui d'une campagne de pêche
plus hâtive que l'an dernier.
Le mouvement du commerce géné-
ral de Saint-Pierre et Miquelon pen-
dant l'exercice 1913 s'est élevé au to-
tal de 10.558.543 fr. dont 4.356.745 fr.
aux importations et 6.201.798 aux ex-
portations.
C'est par comparaison aux résultats
de 1912, une augmentation totale de
344.834 francs, une diminution de
52.258 francs à l'importation et une
augmentation de 397.092 francs à l'ex-
portation.
Voici les chiffres fournis par le Petit
Bulletin du Commerce sur lie, mouve-
ment général du commerce de Saint-
Pierre et Miquelon pendant ce premier
trimestre 1914 : il a atteint le total de
860.389 francs dont 415.448 francs aux
importations et 444.941 francs aux ex-
portations.
La part de la France a été de 290.016
francs. Importations : 43.880 francs.
Exportations : 246.136 francs.
Le Colonel Largeau
organise l'Ennedi et le Borhou
0-0-00-0-0
L'œuvre cle conquête étant termi- 1
née, il s'agit maintenant d'urganiser
nos récentes possessions au Nord du
Tchad, l'Ennedi et le Borkou.
Le colonel Largcau, chef aussi bril-
lant dans la concluilte. des opérations
militaires, qu'administrateur habile,
vient de jeter les bases de l'organisa-
tion de nos nouveaux teritoires. 1! l'a
fait avec cet esprit de méthode., cette
sagesse et cette prévoyance, à laquelle
maintes fois nous avons rendu un
hommage médité.
Après la prise d'Ain-Galakka, bril-
lant fait d'armes qui a montré aux no-
mades pillards la force cL la puissance
française, il s'agissait de créer dans le
pays une administration bienveillante
et juste, qui assure aux sédentaires
les bienfaits cle la paix française.
Ce n'était pas la une mince besogne,
car le « Nord » comprend deux pays
bien distincts et combien vastes ! -
le Borkou, région des dattes ; l'Ennedi,
terre des pâturages ; cieux proies di-
versement mais également apprécia-
bles pour les hordes pillardes qui
avaient pris l'habitude d'y faire des
razzias selon leurs besoins.
Donc lorsque, ainsi que nous l'avons
relaté, les troupes de Mahdi Ould :Sunn.i
eurent été vaincues el s'enfuirent dans
les montagnes vers Konfra, lorsque le
colonel Largeau se fût .installé à Fada
avec la 8° compagnie méharis te, accor-
dant un délai de 20 jours pour la res-
ililution des prises qui commencè-
rent ci rentrer dans les 48 heures !
le commandant du territoire militaire
du Tchad entreprit d'assurer aux sé-
dentaires la sécurité des territoires
qu'il venait de conquérir à la civilisa-
tion.
]1 a eivé une circonseriplion de l'En-
nedi-Borkou, avec cher-lilu Paya, la-
quelle comprend une subdivision du
Borkou, chcMieii Faya, eL une subdi-
vision de l'Ennedi, chef-lieu Fada.
Il a disposé ses hommes de telle ma-
nière que la liaison est assurée par la
7° compagnie entre Faya, Aïn-Galakka
et Zouar, poste récemment créé par le
commandant du terri lu ire militaire de
Zindcr. Un poste avancé a été égale-
ment installé à Gouro pour surveiller
Koufra, de sorte qu'au jour, que nous
voulons espérer prochain, où l'on oc-
cupera Bardaï, la jonction dans cette
direction sera également préparée.
De l'autre côté, la 8e compagnie pro-
tège Fada, Ounianza, où se trouve une
pièce de 80 m/m. Ce dernier poste sur-
veille les pâturages de T-ekro, les mi-
nes de sel d'Arouellé et de Démi, eL esL
prêt à agir pour mettre à la raison les
pillards du versant Nord de l'Ennedi
et couper la route de la traite qui vient
d'El-Facher.
La liaison avec l'arrièro se fait du
côté du Kanem par la section rnéha-
riste placée à Mao (4° Icompagnie), qui
a un posLe-grenier à Jekia, et. du côté
du Ouaclaï par la section de la 10° com-
pagnie placée à BilLille, qui rayonne
autour d'Oum Chalouha, dans 'le sec-
teur Nord.
Entre Faya et Jékia, le détachement
méhariste de Faya fait .la police des
nomades du Djourab, le détachement
méhariste de Fada est chargé de la
surveillance des pâturages à l'Ouest de
l'Ennedi.
Toute cette organisation très simple
rend cependant déjà de signalés servi-
ces malgré les effectifs infimes 400
à 500 hommes pour 200.000kmq, il
est bon de se rappeler qu'ils sont là-bas
en pays désertiques et qu'un groupe de
60 hommes y constitue déjà une force
imposante.
Toutes les populations sont maimte-
nant soumises ; il ne faut pas s'en
étonner ; elles savent nous con-
naissant depuis longtemps, qu'il
n'y a rien à perdre avec nous des
qu'on est du côté des exploités, car
toujours nous avons lutté contre les
exploiteurs.
Comme il y-a peu de fanatisme reli-.
gieux dans ce pays et que les exploi-
teurs ont toujours eu la main dure,
nos progrès son rapides. C'est ainsi
que les gens de Koufril, devant l'alter-
native de combattre sans grand espoir
ou de reprendre honnêtement leur
commerce avec toutes îles garanties de
sécurité et d'ordre possibles, ont pris
leur parti de la conquête du Borkou
qui s'est effectuée sous leurs yeux et
contre eux, en un mois du 27 no-
vembre au 31 décembre d'Aïn Ga-
lakka à Ouniallza, eu passant par
Paya et Gouro. Us ont envoyé, voici
deux mois déjà, une caravane de 125
chameaux pour marquer la reprise des
relations et faire appel à la clémence
françaisr, en demandant certains
avantages.
11 est bien probable que le colonel
Largeau, dont l'esprit politique sait
mesurer avec infiniment de tact la
bienveillance et la fermeté, aura « cau-
sé » avec eux.
M. Peuvergne, Gouverneur de la
Guinée française, a été invité par le
'Ministre des Colonies à rejoindre son
poste.
Il s'embarquera le. 3 juin à Bordeaux,
à bord de Y Asie à destination de Co-
nakry.
Tableau d'avancement
0-0-0 -0-0-0
Le tableau d'avancement est une excel-
lente institution ; c'est, pour les fonction-
naires, un&. garantie que leurs droits se-
ront respectés.
Mais les plus belles médailles ont leur
revers, et quelquefois ce tableau sert à
favoriser l'avancement de vilains indivi-
dus qui, au lieu d'être promus, devraient
être mis à la porte d'une administration
qu'ils déshonorent.
Je ne citerai qu'un exemple ; je pour-
rais en donner plusieurs, mais je pense
que celui que je vais citer est assez ca-
ractéristique pour prouver ce que j'ai
avancé.
L'on comprendra pourquoi je ne donne
aucun nom. Seul, le Ministre des Colo-
nies pourrait être curieux d'en connaître,
s'il avait la fantaisie de réparer l'injus-
tice énorme que je signale. Dans ce cas,
je tiens à sa disposition tous les éclair-
cissements nécessaires.
Il s'agit d'une de nos colonies du Paci-
fique. Un fonctionnaire, habitant cette co-
lonie, occupe, sur lie tableau d'avance-
ment de l'administration à laquelle il ap-
partient, 'le numéro trois ou quatre, je ne
sais pas au juste, et, sur le tableau spé-
cial à la colonie, le numéro un. C'est donc
lui qui bénéficiera du premier avance-
ment accordé au groupe de fonctionnaires
du même ordre existant dans la colonie,
Pt, d'après le rang qu'il occupe dans 3e
tableau général, il profitera de la pre-
mière promotion.
Permettez-moi de vous présenter l'indi-
vidu. C'est un ivrogne invétéré, 'et les
marchands d'absinthe de la région, qui
ont pourtant une belle clientèle, le consi-
dèrent comme un de- leurs plus précieux
clients. C'est en outre un être absolu-
ment immoral ; il n'y a pas longtemps
qu'il a été isiupris dans un bureau de la
Direction, en compagnie de plusieurs fil-
lettes de dix à douze ans.
L'affaire fit. quelque bruit ; plainte fut
portée au procureur général, clérical, qui
s'entendit facilement avec le Directeur de
l'administration pour étouffer l'affaire,
sous prétexte que l'administration aurait
été éclaboussée I Comme s'il était plus
honorable pour une administration de
conserver, dans ison sein, comme l'on
dit, des individus tarés et malpropres
que de s'en\ débarrasser à la première
occasion !
Ce sale monsieur est d'ameurs bien ac-
couplé, car pendant un séjour qu'il fit
au chef-lieu de -la colonie, les femmes en
carte de da ville portèrent contre son
épouse une plainte en concurrence dé-
loyale. Cette plainte-là aussi fut étouffée.
Il est, avec le ciel, des accommodements.
Et c'est ce digne couple qui, à la pre-
mière promotion, va prendre le pas sur
ses coLlègues, et recevoir, en récompense
de ses vertus, une augmentation de solde
appréciable.
On voit quelles surprises peut réserver
le tableau d'avancement.
MAX BOEl
Les Élections de la Martinique
0-0-0-0-0-0
La période électorale a été relative-
ment calme. Vurlqucs coups de bâton
oui. été échangés dans les communes ;
une seule murt est. à déplorer au PrÔ-
cheur, petiol village situé au Nord-Est
de Saint-Pierre.
Dans la circonscription Sud, M. Lé-
mery, l'avocat mulâtre qui, grâce à M.
Millerand, plaida il y a quelques an-
nées contre les congrégations et qui
toucha pour ce faire une somme fort
rondelctlc, atteignant près de cent
miUe francs, a été élu comme républi-
cain sncialistc. Sa eandidaiture était pa-
tronnée par M. Sévère, député sortant,
maire de Fort-de-France, radical-clé-
rical indépendant, et les nouveaux
amis de ce dernier, les usiniers négro-
phobes alliés aux mulâtres blanco-
phobes.
Plus heureux qu'il ne l'avait été en
1906, à la Martinique, où il avait
essuyé un échec piteux, et dans le 12"
arrondissement de la Capitale, où les
électeurs lui avaiit taillé une veste mé-
morable, M. Lémerv est enfin député.
11 choisira sans doute le siège de Gam-
hetla, car, a-t.-il déclaré à ses électeurs,
il a assis déjà son .prétentieux individu
dans le fauteuil qu'oecupa jadis notre
grand tribun, à 'la Conférence des avo-
cats.
Dans la circonscription Nord. M. La-
grosillière a été réélu à une forte ma-
jorité, mais la Commission de classe-
ment, composée en majorité de ses ad-
versaires trois membres sur cinq
a refusé de proclamer son élection.
Elle a laissé ce soin à la Chambre,
sous le prétexte que les résultats de la
cumiiiuiie de 'Sainte-Marie étaient" fan-
taisistes.
D'après les renseignements absolu-
ment sûrs et véridiques qui nous ont
été fournis, voici ce qui s'est passé à
Sainte-Marie, commune natale de M.
Lagrosillièr-e, et dont il est maire : au
moment du dépouillement du scrutin,
ses adversaires Ctnt fait irruption à la
mairie et ont brisé l'urne.. hies bulle..
tins recueillis n'ont pu êtré-dé^ouillé's
que dans une maison voisihe. 'CJrà à
l'énergie du maire, qui a .opposé une
forte résistance aux envahisseurs, il
n'y a pas eu d'accidents graves à dé-
plorer.
Est-ce à dire que la Chambre devra,
comme l'a fait la Commission de re-
censement, considérer l'élection de M.
Lagrosillière comme viciée par le dé-
pouillement de -Sainte-Marie. Nous
estimons que ce grief n'est pas soute-
nable, car on peut moins encore taxer
de fantaisistes les résultats de cette
commune que ceux-là du Lorrain ou
du Saint-Esprit et d'autres lieux où les
alliés Sévère-Clerc ont multiplié les
votants favorables à leurs candidats.
Et puis, ii faut, une bonne fois pour
toutes, que les perturbateurs de. la
Martinique et d'ailleurs sachent qu'il
ne suffit, pas d'envahir une mairie et
de briser une urne pour empêcher
l'élection d'un adversaire, quel qu'il
soit.
Où siégera M. Lagrosillière, nous
l'ignorons. Partisan de la loi de 3 ans
et de son application intégrale aux co-
lonies. il a quitté l'unité socialiste,
tout en déclarant qu'il restait profon-
dément socialiste. Retournera-t-il à
l'unité ou conservera-t-il une farouche
indépendance, nous le saurons bien-
tôt,
Rien n'est hangé au Parlement en-
ce qui concerne -la Martinique, puis-
que nous aurons face à face Lagrosil-
lière et Lémerv. comme nous avions
Lagrosillière et Sévère.
Le Commerce de nos Colonies en 1914
o-o-o-o
Sous réserve du mouvement commercial
des Etablissements français de l'Océanie,
dont les chiffres complets ne sont point
encore parvenus au département, le mou-
vement du commerce général des colonies
en 1013 s'élève au chiffre de 1 milliard
377.621.468 fr., dont 0-15.054.723 fr. à l'im-
portation et 732.5GG.745 fr. à l'exportation,
Il s'était élevé en 1912 au total de 1 mil-
liard 291.202.353 fr., dont G22.156.2G0 J'r. à
l'importation et 669.046.093 fr. à l'exporta-
tion, y compris les établissements fran-
çais de l'Océanie. C'est donc une augmen-
tation -de 84.419.115 fr., dont 22.898.463 fr.
à l'importation et 63.520.652 fr. à l'expor-
tation, à laquelle viendront s'ajouter hs
1 résultats des établissements français de
1 uceanie.
Le mouvement commercial de cette co-
lonie en 1912 avait atteint les chiffres de
16.587.436 fr., dont ?. 747.181 fr. à l'impor-
tation et 8.840.255 fr. à l'exportation.
Les chiffres du mouvement commercial
pourront être rectifiés, dans une certaine
mesure, lors de la récapitulation générale
des valeurs aux statistiques annuelles.
Selon les données actuelles qui doivent,
à bien peu près, être exactes, le total
général pour l'A. 0. F. est de 277 mil-
lions 718.152 fr. et celui pour l'A. E. F.
de 57.668.751 fr.
Ces chiffres se répartissent comme
suit :
Sénégal : Import.: 88.070.795 ; export.:
72.937.825 ; com. total : 161.008.620
Haut-Sénégal et Niger : Importations :
10.783.390 ; export.: 3.681.987 ; commerce
total : 14.465.377.
Guinée Française : Importations :
19.413.212 ; exportations : 16.644.752 ;
commerce -total : 36.057.9G4.
Côte d'Ivoire : Import.: 18.154.499 ;
export.: 16.401.815 ; commerce total :
34.556.314.
Dahomey : Importations : 15.152.404 ;
exportations : 16.477.473 ; commerce to-
tal : 31.629.877.
Gabon : Import.: 8.611.668 ; export.:
15.549.212 ; commerce total : 24,160-880.
Moyen Congo, Oubanghi-Chari : Impor-
tations : 12.569.095 ; export.: 20.938.776 -;
commerce total : 33.507.871.
Dans nos « vieilles colonies », les chif-
fres sont ceux-ci :
Guadeloupe et dépendances : Importa-
tions : 20.174.930 ; export.: 18.287.489 ;
commerce total : 38.462.419.
Martinique : Importations : 2^144.315 ;
exportations : 28-896.814 ; commerce to-
tal : 51.041.129.
Guyane française : Import.: 13.756.677:
exportations : 17.354.555 ; commerce total
31.111.232.
Nouvelle-Calédonie et dépendances
Impoli.: 17.707.910 ; export.: 15-838.405
commerce total : 33.546.321.
L'est de l'Afrique nous donne les to
taux suivants :
Réunion : Importations : 24.934.943
exportations : 16.592.290 ; commerce to-
tal : 41.527.233.
Madagascar et dépendances : Importa-
tions : 4G.447.455 ; export., 56.354.3i7 ;
commerce total : 102.801.832.
Mayotte et dépendances : Importutions:
2.014.898 ; export., 3.825.272 ; commerce
total : 5.870.170.
Côte française des Somalis : Importa-
tiuns : 33.916.843 ; export., 47.704.148 ;
commerce total : 81.620.991.
Enfin, en Asie, l'Indochine a donné -
nous l'avons déjà indiqué précédemment
275.977.8:23 fr. aux importations et
315.159.GG2 fr. aux exportations, ce qui
fait un total de 591.137.485 fr.; les Eta-
blissements français dans l'Inde sont
arrivés à un total de 54.557.210 francs,
avec 43.720.095 fr. aux exportations et
10.837.115 fr. aux importations.
Enfin nous donnons, d'autre part, les
totaux de Saint-Pierre et Miquelon qui
furent respectivement 10.558.543 fr. pour
l'ensemble, 6.201.798 fr. pour les expor-
tations et 4.356.745 fr. pour les imnor
tations.
Quand sera ajouté aux ].377.621.4C8 fr.
qui représentent le commerce général de
nos colonies en 1913, le montant des tran-
sactions effectuées par nos Etablisse-
ments de l'Océanie, on constatera une
augmentation sur l'année précédente qui
ne sera guère inférieure à 17 millions.
Ce que l'on aimerait à savoir, c'est de
combien et dans quelle proportion la
France a sa part dans cette importante
plus-value.
^,,, l B1 m m
La Question des Hébrides
0-0-0
Une conférence franco-anglaise rela-
tive au Condominium néo-hébridais se
réunira à Londres dans les premiers
jours de juin.
Le gouvernement français a délégué
à cette- conférence M. Picanon, Inspec-
teur général de première classe des co-
lonie, directeur du contrôle, représen-
tant le Ministère des colonies, et M.
Kammerer, Consul de France, repré-
sentant le Ministère des affaires étran-
gères.
Cette conférence sera appelée à solu-
tionner les diverses difficultés aux-
quelles le régime du Condominium a.
donné lieu et à reviser éventuellement
certains articles de la -Convention fran-
co-anglaise du 20 octobre 1906.
Nous sommes heureux d'apprendre
que les nombreuses doléances des co-
lons français, doléances maintes fois
exposées dans les Annales Coloniales
par nos collaborateurs, MM. Victor
Augagneur. Lucien Cornet, Henri Cos-
n.-er et Maurice Viollet-t-e, seront discu-
tées lors de cette Conférence.
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