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- TABLE.
- PRÉFACE
- PREMIÈRE PARTIE.
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- DEUXIÈME PARTIE.
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- .......... Page(s) .......... 179
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- .......... Page(s) .......... 441
- .......... Page(s) .......... 497
- .......... Page(s) .......... 515
- NOTES DE CETTE ÉDITION.
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- .......... Page(s) .......... 577
- .......... Page(s) .......... 577
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- .......... Page(s) .......... 597
- ILLUSTRATION DES OEUVRES. - REPRODUCTIONS ET DOCUMENTS.
- Couverture de l'édition originale. - Le Phare d'Eddystone, dessin de Victor Hugo. - Barkilphedro, dessin de Victor Hugo. - Frontiscpice (Rochegrosse). - Ursus et Homo (Rochegrosse). - Effet de neige (C. Delort). - La Cause pénale (Daniel Vierge). - La Chambre des lords (Rochegrosse).
- Deux fac-similés: Plan et notes. - Aby
us aby
um vocat
24 L'HOMME QUI RIT.
II
Un enfant destiné à être un joujou pour les hommes, cela a existé. (Cela
existe encore aujourd'hui.) Aux époques naïves et féroces, cela constitue
une industrie spéciale. Le dix-septième siècle, dit grand siècle, fut une de
ces époques. C'est un siècle très byzantin ; il eut la naïveté corrompue
et la férocité délicate, variété curieuse de civilisation. Un tigre faisant la
petite bouche. Mme de Sévigné minaude à propos du bûcher et de la roue.
Ce siècle exploita beaucoup les enfants ; les historiens, flatteurs de ce siècle,
ont caché la plaie, mais ils ont laissé voir le remède, Vincent de Paul.
Pour que l'homme hochet réussisse, il faut le prendre de bonne heure.
Le nain doit être commencé petit. On jouait de l'enfance. Mais un enfant
droit, ce n'est pas bien amusant. Un bossu, c'est plus gai.
De là un art. Il y avait des éleveurs. On prenait un homme et l'on faisait
un avorton ; on prenait un visage et l'on faisait un mufle. On tassait la
croissance ; on pétrissait la physionomie. Cette production artificielle de cas
tératologiques avait ses règles. C'était toute une science. Qu'on s'imagine
une orthopédie en sens inverse. Là où Dieu a mis le regard, cet art mettait
le strabisme. Là où Dieu a mis l'harmonie, on mettait la difformité. Là où
Dieu a mis la perfection, on rétablissait l'ébauche. Et, aux yeux des con-
naisseurs, c'était l'ébauche qui était parfaite. Il y avait également des reprises
en sous-oeuvre pour les animaux ; on inventait les chevaux pies ; Turenne
montait un cheval pie. De nos jours, ne peint-on pas les chiens en bleu et
en vert ? La nature est notre canevas. L'homme a toujours voulu ajouter
quelque chose à Dieu. L'homme retouche la création, parfois en bien, par-
fois en mal. Le bouffon de cour n'était pas autre chose qu'un essai de
ramener l'homme au singe. Progrès en arrière. Chef-d'oeuvre à reculons.
En même temps, on tâchait de faire le singe homme. Barbe, duchesse de
Cleveland et comtesse de Southampton, avait pour page un sapajou. Chez
Françoise Sutton, baronne Dudley, huitième pairesse du banc des barons,
le thé était servi par un babouin vêtu de brocart d'or que lady Dudley
appelait « mon nègre ». Catherine Sidley, comtesse de Dorchester, allait
prendre séance au parlement dans un carrosse armorié derrière lequel se
tenaient debout, museaux au vent, trois papions en grande livrée. Une
duchesse de Medina-Coeli, dont le cardinal Polus vit le lever, se faisait mettre
ses bas par un orang-outang. Ces singes montés en grade faisaient contrepoids
aux hommes brutalisés et bestialisés. Cette promiscuité, voulue par les
grands, de l'homme et de la bête, était particulièrement soulignée par le nain
II
Un enfant destiné à être un joujou pour les hommes, cela a existé. (Cela
existe encore aujourd'hui.) Aux époques naïves et féroces, cela constitue
une industrie spéciale. Le dix-septième siècle, dit grand siècle, fut une de
ces époques. C'est un siècle très byzantin ; il eut la naïveté corrompue
et la férocité délicate, variété curieuse de civilisation. Un tigre faisant la
petite bouche. Mme de Sévigné minaude à propos du bûcher et de la roue.
Ce siècle exploita beaucoup les enfants ; les historiens, flatteurs de ce siècle,
ont caché la plaie, mais ils ont laissé voir le remède, Vincent de Paul.
Pour que l'homme hochet réussisse, il faut le prendre de bonne heure.
Le nain doit être commencé petit. On jouait de l'enfance. Mais un enfant
droit, ce n'est pas bien amusant. Un bossu, c'est plus gai.
De là un art. Il y avait des éleveurs. On prenait un homme et l'on faisait
un avorton ; on prenait un visage et l'on faisait un mufle. On tassait la
croissance ; on pétrissait la physionomie. Cette production artificielle de cas
tératologiques avait ses règles. C'était toute une science. Qu'on s'imagine
une orthopédie en sens inverse. Là où Dieu a mis le regard, cet art mettait
le strabisme. Là où Dieu a mis l'harmonie, on mettait la difformité. Là où
Dieu a mis la perfection, on rétablissait l'ébauche. Et, aux yeux des con-
naisseurs, c'était l'ébauche qui était parfaite. Il y avait également des reprises
en sous-oeuvre pour les animaux ; on inventait les chevaux pies ; Turenne
montait un cheval pie. De nos jours, ne peint-on pas les chiens en bleu et
en vert ? La nature est notre canevas. L'homme a toujours voulu ajouter
quelque chose à Dieu. L'homme retouche la création, parfois en bien, par-
fois en mal. Le bouffon de cour n'était pas autre chose qu'un essai de
ramener l'homme au singe. Progrès en arrière. Chef-d'oeuvre à reculons.
En même temps, on tâchait de faire le singe homme. Barbe, duchesse de
Cleveland et comtesse de Southampton, avait pour page un sapajou. Chez
Françoise Sutton, baronne Dudley, huitième pairesse du banc des barons,
le thé était servi par un babouin vêtu de brocart d'or que lady Dudley
appelait « mon nègre ». Catherine Sidley, comtesse de Dorchester, allait
prendre séance au parlement dans un carrosse armorié derrière lequel se
tenaient debout, museaux au vent, trois papions en grande livrée. Une
duchesse de Medina-Coeli, dont le cardinal Polus vit le lever, se faisait mettre
ses bas par un orang-outang. Ces singes montés en grade faisaient contrepoids
aux hommes brutalisés et bestialisés. Cette promiscuité, voulue par les
grands, de l'homme et de la bête, était particulièrement soulignée par le nain
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