Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1924-10-09
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32693410p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 09 octobre 1924 09 octobre 1924
Description : 1924/10/09 (A25,N135). 1924/10/09 (A25,N135).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
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Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k64112399
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 31/01/2013
VINGT-CINQUIEME AINNEE. - N- 135. - rç LE NUMERO: 20 CENTIMES -. -, -- JEUDI SOIR 9 OCTOBRE 1924
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0
Les Annales Coloniales 41
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Le jeu en Indochine
La question du jeu est soulevée en Indo-
chine comme elle l'a été en France à maintes
reprises. Elle a donné lieu à diverses propo-
sitions qui, cependant, n'ont pas été jugées
très satisfaisantes jusqu'à présent.
Le jeu, par la répercussion qu'il peut avoir
sur la situation sociale d'un pays, donne
lieu à des problèmes dont il est fort difficile
au législateur de se désintéresser. Il n'est pas
douteux que la passion du jeu agit d'une fa-
çon tout à fait déprimante sur l'esprit hu-
main et qu'elle peut engendrer les consé-
quences les plus déplorables sur l'énergie et
la moralisation d'une race. C'est avec juste
raison que l'on a remarqué que, dans les pays
où elle sévit sans retenue ou contrainte, il y
a un ralentissement très accentué dans l'ac-
tivité et dans l'effort de l'individu et une dé-
viation complète de sa mentalité. C'est l'ar-
rêt du travail et de la production, un besoin
de jouissance et de plaisir qui, pour se sa-
tisfaire, ne recule souvent devant aucun
moyen. L'équilibre social et les fortunes sont
subordonnées à des circonstances purement
fortuites, et l'ébranlement qui en résulte se
traduit par les conséquences les plus graves :
augmentation dans le nombre des suicides,
recrudescence de la criminalité sous toutes ses
formes et appauvrissement de la nation.
Lors de notre installation en Indochine, le
jeu était le grand fléau de ce malheureux
pays. Les pouvoirs publics, loin de s'opposer
à ses désastreux excès, en profitaient ou en
vivaient, mais c'étaient surtout les Chinois
qui, en raison des aptitudes dont ils sont
doués et de la place qu'ils avaient su prendre
dans les régions les plus riches, après avoir
lourdement vécu sur la population, excel-
laient à lui ravir ses dernières ressources en
exploitant ses vices.
Cette lamentable situation ne pouvait
échapper à l'Administration française qui
s'est presque aussitôt préoccupée de réfréner
la passion du jeu qui sévissait d'une façon
si funeste sur la population indigène, en
s'efforçant d'en interdire les manifestations
sous toutes ses formes et dans toutes les cir-
constances.
En Cochinchine, elle ne tolère d'abord le
jeu exceptionnellement qu'à l'occasion des
grandes fêtes, celle du Têt, par exemple
(c'est-à-dire le premier jour de l'an anna-
mite), et encore oblige-t-elle les tenanciers
chinois à prélever une partie de leurs béné-
fices en faveur d'oeuvres d'hospitalisation ou
de bienfaisance.
En 1897, M. Doumer, d'accord avec l'au-
torité royale, abolit la ferme des jeux, au
Cambodge principalement, caractérisée par le
jeu des trente-six bêtes. En dépit des reve-
nus qu'elle pouvait annuellement fournir au
royaume, cette institution concentrée entre
les mains des Chinois, et dont la plupart des
opérations s'étalaient cyniquement sur la voie
publique, contribuait à la dépravation des
mœurs et à la décadence de la population.
Sa suppression fut donc une oeuvre de salu-
ln ité et d'hygiène publiques et a marqué chez
le peuple cambodgien une évolution nouvelle
dont les résultats n'ont pas tardé à se faire
ca>ntir
Un peu plus tard l'autorité française
ferme les cercles chinois de Cholon qui, dans
une apparence de réglementation commer-
ciale, étaient, en réalité, de véritables tri-
pots où nos protégés, livrés aux spéculations
asiatiques, étaient adroitement spoliés de
tout ce qu'ils possédaient.
Enfin, progressivement, elle a aussi inter-
dit tous les jeux de hasard et particulièrement
le ba quan qu'elle avait, comme nous l'avons
vu, toléré au moment des grandes fêtes pu-
bliques.
Pour sanctionner ces dispositions qui
n'étaient pas sans heurter les goûts et les
habitudes de la masse populaire, il a fallu
naturellement redoubler de surveillance et
de vigilance et appliquer, dans leur plus ri-
goureuse sévérité, les prescriptions de notre
droit pénal.
La solution qui a donc prévalu en Indo-
chine c'est l'interdiction pure et simple des
jeux de hasard qui avaient jusque là tenu
une si grande place dans la vie de nos pro-
tégés. Les paris sur les courses de chevaux
et sur les combats de coqs ont seuls été ex-
ceptionnellement tolérés.
Toutefois, si le jeu a été légalement sup-
primé, il serait fort téméraire de prétendre
qu'on ne joue plus en Indochine car ce n'est
pas une simple décision administrative qui
peut extirper brusquement une passion aussi
fortement ancrée dans l'esprit d'un peuple.
Si le principe en a été solennellement
condamné et les manifestations publiques
prohibées, en dépit des instructions les plus
sévères, il n'est malheureusement pas dou-
teux qu'une partie de la population ne conti-
nue à se livrer clandestinement à sa passion
favorite et si nombreux sont les intérêts en
cause qu'il est fort difficile à -- la justice fran-
çaise de pouvoir sévir eiiicacement. Ceux
qu'elle est appelée à frapper sont loin d'être
les plus coupables, car les véritables tenan-
ciers des maisons de jeu, soit par la situa-
tion qu'ils occupent, soit par les protections
ou les compromissions sous lesquelles ils sa-
vent s'abriter auprès des notables ou des auto-
rités indigènes échappent, le plus souvent à
toute sanction. C'est ainsi qu'à Cholon, au
cœur même de notre colonie de Cochinchine,
le jeu est de pratique courante et que, grâce
à d'influentes connivences, des fortunes scan-
daleuses ont pu s'échafauder comme un défi
jeté à l'impuissance des pouvoirs publics.
C'est là que sont attirés et dépouillés les pro-
priétaires annamites qui, à l'issue de la ré-
colte et à l'occasion des transactions com-
merciales sont venus des diverses provinces
et n'ont pas su résister à la tentation.
Il en est de même dans les riches localités
de l'intérieur où plus aisément encore des
jeux peuvent être clandestinement organisés,
dans des maisons à double issue ou. même
dans les jonques chinoises, sur les lïcuves
ou les arroyos au détriment des petits culti-
vateurs ou des ouvriers agricoles.
Il est très difficile d'agir et de sévir parce
que les victimes, se sentant en faute se gar-
dent toujours bien de protester ou de se plain-
dre et que la constatation du flagrant délit
exigée par la loi est la plupart du temps
presque impossible à établir. La répression,
quand elle se produit, est isolée et incom-
plète et par conséquent tout à fait inefficace.
Donc, en dépit des efforts de l'Administra-
tion française, le jeu, sous une forme dissi-
mulée et sournoise, continue à exercer de
grands ravages chez nos protégés, particuliè-
rement en Cochinchine et au Cambodge, par-
ce qu'il y trouve plus que partout ailleurs des
conditions favorables pour s'y alimenter et
sY développer. Il est assurément l'une des
principales causes de la piraterie ou des ac-
tes de vol et de criminalité.
Les pouvoirs publics, en pareille matière,
sont d'autant plus désarmés r¡u:ils ont, non
seulement à lutter contre une catégorie d'in-
dividus qui mettent en coupe réglée tout le
pays, mais encore contre les fâcheuses pré-
dispositions d'une population qui ne sait pas
résister à sa passion et a besoin d'être pro-
tégée contre ses propres entraînements.
On a donc été tout naturellement amené
à se demander, si en présence de l'ineffica-
cité du moyen radical qui avait été adopté,
il ne serait pas d'une meilleure politique, en
s'inspirant de nos méthodes occidentales de
tempérer le rigorisme dont on a fait preuve
jusqu'à présent. « Puisqu'il a été reconnu,
ont fait remarquer certaines personnalités,
que la lutte entreprise contre le jeu, mal-
gré un redoublement de surveillance, n'a pas
abouti au résultat attendu et que l'échec pro-
vient surtout de ce que l'Administration n'a-
vait pas suffisamment tenu compte de la
mentalité de l'indigène, peut-être convien-
drait-il, tout en maintenant le principe de
l'interdiction, de se montrer moins absolu
dans son application et d admettre certains
tempéraments qui assureraient peut-être plus
utilement la protection des particuliers et les
intérêts de l'Etat.
Le législateur ne doit pas oublier qu'il lui
est parfois impossible de triompher des pas-
sions humaines et que le meilleur moyen de
les combattre, c'est encore, en se gardantibien
de les ignorer, d'en endiguer la violence et
d'en modérer les conséquences, en les met-
tant au service de la collectivité.
Partant de ce principe, l'Administration
peut donc consentir à tolérer exceptionnelle
ment le jeu, mais elle doit le canaliser dans
ses effets, c'est-à-dire en surveiller très étroi-
tement toutes les manifestations afin d'en li-
miter, autant que possible, les abus et les
entraînements.
C'est ainsi que se pose aujourd'hui la
question ; elle ne peut manquer de donner
lieu à des controverses très vives surtout de
la part de ceux qui estiment que l'Adminis-
tration en agissant ainsi, déroge gravement
aux devoirs de sa mission et recherche des
sources de profit peu avouables.
Le tabac, l'alcool, le jeu, l'opium même,
en Extrême-Orient, ont fait l'objet d'une ré-
glementation dont les produits sont une
source de revenus fort appréciables pour
les budgetsJ Il ne semble pas que cette ré-
glementatioh eût eu des effets funestes sur
la moralité publique.
Dans ces conditions, étant donné les incon-
vénients que la suppression du jeu semble
avoir laissé subsister en Indochine, on peut
se demander si l'Administration ne se trouve
pas autorisée à rechercher un régime nou-
veau qui serait l'atténuation, profitable à tous
les intérêts, des mesures rigoureuses dont
elle a tenté l'expérience.
Pierre Va lude,
Député du Cher
.4> –-
Le complot malgache
--o. 0 --
Sous prétexte d'un imaginaire complot,
nos lecteurs s'en souviennent, les membres
d'une association humanitaire malgache,
"dénommée (t Vy Vato », avaient été con-
damnés, en 1916, à des peines variant de
la détention aux travaux forcés à perpé-
tuité.
Grùciés depuis lors, ces indigènes, qui
n'avaient pas été remis en possession de
leur statut, étaient privés des garantie
que ce statut leur conférait, et leur casier
judiciaire mentionnait toujours leur con-
damnation.
- - - -
Sur l'intervention de la Ligue des Droits
de l'Homme, des mesures de réparation
viennent d'être prises a l'égard des an-
ciens membres de la « Vy Vato » : » Les
étudiants, écrit M. Daladier, ont été auto-
risés à poursuivre leurs études, les fonc-
tionnaires réintégrés, les médecins et ins-
tituteurs admis à l'exercice 'de leur pro-
fession. »
Des spécialistes
pour nos colonies
0 Envoyez-nous, nous
disent souvent ceux qui
sont installés depuis long-
temps aux colonies, des
mécaniciens, des plom-
biers, des charpentiers,
des agricultcurs, des dac-
tylographes, des dessina-
teurs, des cuisiniers, en
un mot, des gens qui connaissent quelque
chose, nous les caserons toujours ; mais évi-
fez-nous ces candidats à un emploi quelcon-
que qui. au bout de quime jours, seront mé-
contents de celui où on les aura pris à l'essai
et auront mécontenté ceux qui auront COll-
senti par commisération à les essayer. Après
etre passés d'un bureau à un magasin. d'un
comptoir à une administration locale, de la
voicric municipale à un service de restaurant
ou de café et s'être révélés partout inférieurs
aux moindres besognes, les voilà à la charge
de nos Sociétés de bienfaisance ou du bndgti
qui devra payer leur passage pour les ren-
voyer chez eux. plus pauvres, plus découra-
gés, plus Íllcapahles de remonter le cours de
leur existence qu'ils n'étaient à leur déport. »
Encore même actuellement, ne peut-on en-
courager ceux qui ont une profession définie
à sc rendre au Maroc, car c'est de toutes nos
colonies celle ou ils auraient le moins de
chance de succès. Pour le moment, ou re-
vient beaucoup du Maroc, ou n y va presque
plus.
Peut-être la très belle récolte de cette an-
née permettra-t-elle de donner dans quel-
ques mois une note moins pessimiste. mais
celui qui. dans les conditions présentes, par-
lerait différemment, ne serait qu'un vulgaire
donneur d'eau bénite. Encore, après une et
même plusieurs belles récoltes, le Maroc
n of frira-t-il aucun débouché - aux qllhnJl-
deurs de petits emplois quelconques, Les
maisons de commerce trouvent et trouveront
de plus en plus sur place tous les employés
ordinaires, non spécialistes, dont elles ont et
auront besoin, et ceux-ci auront toujours sur
un nouvel arrivant Vénorme avantage de
parler les langues du pays, c'est-à-dire de
pouvoir comprendre la clientèle et s'expli-
quer avec elle. Il faut songer qu il v a au
Maroc, dernier venu dans la grande famille
coloniale. plus de Français qu' en Tunisie.
Au Maroc. et d'ailleurs, dans toutes nos
tolonies, ce n'est qu'au début de notre instal-
lation que certains immigrants n'ayant guère
comme moyen d'action que le système D. ont
lm se tirer d'affaire, ci quelques-uns arriver
même à la fortune. Mais cette période passe
vite, it bientôt arrive celle où la France pro-
tectrice et éducalrice ne peut plus et ne doit
plus aspirer à fournir aux pays qu'elle admi-
nistre que les cadres de son organisation
dans laquelle il y a, certes, place pour d
bons artisans à côté des chefs d' entreprise,
mais dont le personnel des simples emplois
'7 ., - - - 1. -
sera fourni par ta po puiauon inaigtnc 1 VI-
mee par les écoles qu'il est de notre devoir
d'ouvrir partout où nous plantons notre dra-
peau, ci initiée à notre civilisation. Il sera
donc inutile d'envoyer sur ces territoires loin-
tains des Français qui. n'étant pas dotes
d'une capacité professionnelle bien détermi-
ner ve sauraient prétOldrc qu'à ces emplois
', ,. .< ---
où même ils se montreront inférieurs, ne se-
rait-ce que sous le rapport des langues, aux
autocldOllC.L
Un directeur d'agence ou d'office qui di-
rigerait » sur une colonie des immigrants de
cette catégorie remplirait, donc fort mal sa
mission, qu'il accomplit, au contraire, en les
détournant d'un voyage où ils perdraient
avec leurs dernières ressources financières
leurs dernières ressources morales qui s ap-
pellent l'espoir et l'illusioll,
Te directeur de l'Office du Maroc faisait
donc bien son devoir en adressant el lIJl re-
CCllt corrcspolldallt la réponse qui lui a été
reprochée par le plus vigoureux des polémis-
tes. Ce n" est, - du reste, nullement une cause
1 , -7-----
particulière que nous avons VOULU pwuur rili.
Tout au plus nous a-t-elle founù l occasion
* <
d'émettre des observations utiles à propos du
peuplement colonial qui. comme toutes les
questions coloniales et beaucoup d autrest a
besoin d'être traité beaucoup plus en s inspi-
rant d'un peu d'expérience directe qu en
s'êtayant d'une théorie doctri/laire pour si
généreuse qu'elle soit.
Ernest Haudos,
Député de la Marne.
Président de Ilœ Commission
des Douanes
et des Conventions commerciales.
-
M. Raynaldy
et la production colon iale
0
Dans le discours qu'il a prononcé hier à
la séance inaugurale de la section du com-
merce du Comité Consultatif supérieur du
Commerce et de l'Industrie, M. Raynaldy,
ministre du Commerce, a exposé les cau-
ses générales de la vie chère et les moyens
d'v remédier. Il a insisté, notamment, sur
- l' --''1_-
le rôle de nos colonies, au sujet desquelles
il a fait la déclaration suivante :
Les efforts qui ont été faits jusqu'ici pour dé-
velopper la production coloniale sont bien in-
suffisants par rapport à l'ampleur du but à at-
teindre : il faudra les développer, et c'est une
des questions les plus importantes qu'aura à
résoudre la « Section de l'organisation écono-
mique n.
La suppression du bagne
ÀD-O-
Le Gouvernement a décidé de supprimer le
bagne. Désormais, les condamnés ne seraient
plus envoyés à la Guyane, mais subiraient
leurs peines dans les maisons centrales, en
France.
A cet effet. une demande de crédits supplé-
mentaires avait été présentée par M. Viollette,
à la Commission des Finances.
Sur la proposition du rappcrteur général, la
Commission, qui avait à examiner le budget
des services pénitentiaires qui relèvent du mi-
nistère de la Justice, a rejeté l'augmentation de
600.000 francs demandée par le Gouverne-
ment pour le maintien en France, dans les mai-
sons centrales, de 600 forçats et pour l'entre-
tien de 200 relégués.
Il ne faut pas conclure de ce vote que la
Commission des Finances de la Chambre est
sa majorité, et l'honorable rapporteur général,
M. Maurice Viollette en patticulicr, sent par-
tisans du maintien du bagne. Ce serait une
grave erreur.
En réalité, en proposant de rejeter ce cahier
de crédits supplémentaires, le sympathique dé-
puté d Eure-et-Loir a simplement voulu mar-
quer une fois de plus la volonté d'économie de
la Ccmmissicn des Finances, peut-être aussi le
désir de ne prendre une décision complète
qu'après avoir examiné les crédits des services,
pénitentiaires coloniaux, et nul doute qu'il ne
soit procédé alors à un réajustement.
Nul doute que l'acccrd se fasse entre le
Gouvernement et la Commission et que MM.
René Rencult et Maurice Viollette trouvent
sûrement un terrain d' entente peur réaliser un
peu plus d'humanité avec des économies.
Mais peut-être la Ccmmissicn des Finances
prévoit-elle qu'il y aura moins de criminels
l'année prochaine.
Après tout, pourquoi pas?
Soyons optimistes.
V An gély
--
A L'HOTEL DE VILLE
---0-0--
Muséum et Jardin d'Acclimatation
Quel pïOvincial, voire quel Parisien ne s' est
étcnné en visitant le Jardin d'Acclimatation de
ne trouver que quelques rares animaux sauva-
ges cloîtrés dans des cages trop étrcites et mal
entretenues ? Et partant, les espaces libres ne
manquent pas. Hélas ! une administration né-
gligente dédaigne complètement de s'en occu-
per. Les bêtes qui meurent ne sont pas rem-
placées, plus d' animaux sauvages, mais la fo-
rêt vierge dans les allées et les pelouses.
Devant cet état de choses, M. Pierre Go-
din. conseiller municipal. propose à ses collè-
gues d'inviter la Société du Jardin d'Acclima-
tation à s'expliquer sur l' emploi « de moins
en moins conforme à ses obligations, de la
concession à elle accordée par la Ville de Pa-
ris ». Et l' honorable édile suggère, si le bail
qui lie cette Société à la Ville doit être résilié,
qu une entente intervienne avec l'Etat en vue
de confier la gestion du Jardin d'Acclimata-
tion au Muséum d' Histoire Naturelle.
L idée est heureuse, le Muséum possède,
en effet, de magnifiques collections qu'il - est
obligé. faute de place, de reléguer aux gre-
niers. Enfin, chaque jour lui arrivent de nou-
veaux pensionnaires qu'il ne sait -- où caser.
C'est ainsi que le Muséum vient de rece-
voir deux mignons hippopotames. Ils appar-
tiennent à la très rare espèce'des hippopotames
nains que l'on ne rencontre guère que sur les
bcrds de la Gambie, au ncrd de la Guinée
française. Capturés sur le territoire de la pos-
session anglaise, ils ont été remis par M. Poi-
ret, Gouverneur de la Guinée française, à M.
Antonetti, lors de son passage à Ccnakry, et
le nouveau Gouverneur Général, de l'Afrique
Equatoriale française a fait den au Muséum
de ces charmants animaux.
Si le Muséum possédait les vastes terrains
du Jardin d'Acclimatation, peut-être IJcmrait-
il exhiber aussi de gros hippopotames et non
plus deux petits phénomènes comme c'est le
cas en ce moment.
Joé Poyet
DÉPÂKT
M. A. H. Fontaine, président du Conseil
d'administration des Distilleries d'Indo-
chine s'embarque Ït
sur paquebot Anykur, ù destination de Saï-
gon. Il ne sera pas de retour en France
avant le mois de mai prochain, ayant le
projet de se rendre à Pékin.
Prochain départ
-0-0--
Le maréchal Lyauley, commissaire rési-
dent général de France au Maroc, va re-
joindre son poste avant la lin du mois. Il
quittera vraisemblablement la France le 18
courant.
̃–1 - –̃ ̃̃
L'exposition coloniale de Wembley
----41.rb.-
Il résulte des dernières constatations fai-
tes qu'au lr octobre l'entreprise de l'Ex-
position de Wembiey était une exploitation
blanche, sans bénéfices 11: déficit. Jusqu'au
1er novembre, date de la fermeture, tes re-
cettes seront tout bénéfices. Au- surplus, il
a été décidé que l'Exposition rouvrirait le
1er avril prochain, et la plupart des Domi-
nions ont décidé de participer à la prolon-
gation et à l'amélioration de cette impor-
tante manifestation.
La situation actuelle
de la Haute-Volta
Profitant de son séjour à Paris, M. le Gou-
verneur des Colonies Hesling, Lieutenant-
Gouverneur de la Haute-Volta depuis la
création de cette colonie, voici 'bientôt cinq
années, a présenté un exposé très intéres-
sant de ce qui a été fait et des résultats
obtenus.
Au point de vue ecor.omique, la création
de cette colonie s'imposait, car ses aspira-
tions sont dirigées principalement vers le
Sud, vers la côte du Bénin, elles diffèrent
donc de celles de l'actuel Soudan français
qui est la partie occidentale de l'ancien
Haut-Sénégal-Niger dont les territoires de
la Haute-Volta formaient la partie orientale.
L'autonomie administrative et financière a
été également accordée à la nouvelle colo-
nie dont la situation politique est des plus
favorables.
Le calme absolu règne sur ces 300.000 ki-
lomètres carrés habités par 3 millions d'in-
dividus, le quart de la population totale de
l'A. O. F. Aucun élément de discorde.
Le principal groupement est le groupe-
ment Mosisi, véritable royaume noir consti-
tué et organisé par 1.800.000 habitants aux
chefs séculaires; le Moro Na'oa actuel est le
32° de la dynastie iremontant à neuf siècles.
Dans les autres territoires non Mossi,
1.300.000 ha'bitants ont des chefs analogues.
Car, contrairement à ce qu'on a prétendu,
l'administration française n'a pas supprimé
ces chefs indigènes dont elle a le plus grand
besoin, car ils constituent une armature ad-
ministrative très solide.
Les impôts sont perçus dès le premier tri-
mestre de l'année, ce qui indique une situa-
tion financière très favorable.
Le recrutement militaire s'effectue chaque
année sans difficulté. Redoutons même qu il
a upere trop facilement pour le grand dom-
mage du développement économique du
pays.
En 1920, 3 0/0 des appelés ont contracté
un engagement de 4 ou 5 ans, et en 1924,
cette proportion d'engagés fut de 39 0/0.
Le recrutement des travailleurs pour les
services publics de l'A. O. F. s'est effectué
avec les mêmes facilités. De 1921 à 1923,
la colonie a eu en permanence 6.000 indig-
nes sur le Thiès-Kayes et 3.500 sur le rail-
way d" la Côte d'ivoire.
Les tirailleurs retour du tront se sont ai-
sément réadaptés à leur milieu.
L'Administration a comme souci constant
l'allégement des charges des indigènes.
La suppression du portage a été fortement
avancée par l'utilisation des ânes, des char-
acttes à bras et à boeufs, des camions au-
tomubiles. Les salaires ont été sensiblement
augmentes.
La situation financière dépend de l'excel-
lence de la situation politique.
En 1920, le budget de la Haute-Volta
était de 5.102.000 francs. Le projet pour
celui de 1925 fixe ie chiffre de 11.375.000 fr.
Actuellement, l'impôt de capitation qui est
payé par tous les adultes est inférieur à ce-
lui de la plupart des colonies et inférieur
encore aux possibilités des populations qui
voient tous les ans cet impôt administratif
augmenter de 50 centimes environ sans at-
teindre encore la somme de 6 francs par an
Budget établi d'accord avec le Conseil
des notables qui représentent très exactement
l'esprit de la population.
L'agriculture et l'élevage forment la priii-
cipale richesse de la colonie dont les pro-
duits sont variés. : mil, riz, mais, coton,
karité, laine, kapok; 400.000 bœufs, 600.000
moutons et cbèvres, des milliers de porcs
forment le cheptel.
La question des transports domine la ques-
tion économique et un réseau routier très
important a été construit : 3.500 kilomètres
de routes sont automooilisables en saison
sèche. C'est ainsi que Ouagadougou est re-
lié au chemin de fer de la Côte d'Ivoire pai
une très bonne route que la Haute-Volta et
la Côte-d'Ivoire s'efforcent de rendre utilisa-
ble en toute saison.
M. Hesling déplore la lenteur de l'avan-
cement du raihvay qui, partant d'Abidjan,
doit arriver à Ouagadougou. La question
finances doit en être la cause.
Le coton indigène cultivé en « dry far-
rning » promet une belle récolte grâce à
une bonne saison des pluies : pour 1925, on
peut espérer obtenir 800 tonnes de - coton
égrené. Pour suivre la politique cotonnière
de M. le Gouverneur Général Carde, dans
chaque cercle il a été créé le « Champ du
Commandant », ainsi dénommé, parce qu'on
y a semé et cultivé les graines fournies par le
commandant du cercle dont la récolte doit
être vendue spécialement au commerce eu-
ropéen.
Eugène Devaux.
Les questions coloniales
au Parti radical
QO
La » Commission des Affaires colonia-
les » du parti radical et radical-socialiste
s'est réunie mardi soir rue de Valois, sous
la prési'denco de M. Henri Michel, député.
L'ordre du jour de la réunion comportait
la lecture et la discussion du rapport de
M. Archimbaud, député de la Drôme, rap-
porteur du budget des colonies. Ces ques-
tions feront d'ailleurs l'objet du pro-
gramme du prochain Congrès du parti
radical où d'autres interventions sont déji\
annoncées et prévues.
- *
La mise en valeur des colonies
Au Congrès îuitiurial des conseillers du
commerce extérieur qui aura lieu à Lyon
du 23 au 2G octobre, la section Vif traitera
de la mise eu valeur des colonies.
Exposition Internationale
des Arts Décoratifs Modernes
--0-0-
La section coloniale
L'emplacement attribué à la Section colo-
niale est situé en bordure de la Seine, à gau-
che du pont de l'Alma, côté Cours-la-Reine.
Le projet adopté comprend trois pavillons :
un pavillon de l'Indochine et des Colonies du
Pacifique ; un pavillon des Colonies d'Afri-
que (A. O. F.-A. E. F.) et vieilles colonies ;
un pavillon commun.
Ce dernier bâtiment est destiné à recevoir
l'Exposition des Artistes français s'inspirant
des arts coloniaux et utilisant, pour leurs tra-
vaux, des matériaux coloniaux.
Les branches les plus variées de l' art fran-
çais y seront représentées par les travaux d' ar-
tistes éminents guidés par le maître Charles
Fouqueray.
L adjudication du Pavillon de l'Indochine
et de celui des Colonies d'Afrique a eu lieu le
19 septembre 1924.
Les travaux ont commencé dès le 30 sep-
tembre.
L'adjudication du Pavillon commun aura
lieu incessamment.
La préparation sur place dans les diverses
colonies est en benne voie.
Les meilleures nouvelles arrivent d'Indo-
chine en particulier, où des artisans indigènes
et les élèves des Ecoles d'Art procèdent à la
décoration de toutes les boiseries apparentes
qui doivent entrer dans la construction du pa-
villon.
L'exécution des éléments de construction du
pavillon comprenant : bois sculptés, laGués.
panneaux et lambrequins du premier étage du
palais ; portes et cartouches du rez-de-chaus-
sée. est en bonne voie.
A cette heure, les douze grands panneaux
du premier étage sont sculptés, quelques-uns
3«it au laquage. Les cartouches et lambre-
quins sont avancés comme sculpture. Les por-
tes sont débitées. Une première livraison des
panneaux et lambrequins doit être faite en sep-
-, 1 - 1
tembre, le reste en octobre.
Les bois ont été séchés mécaniquement, puis
une fois sculptés reposent, afin de pouvoir les
surveiller et les reprendre.
Pour conclure, ces éléments intérieurs du
Palais seront expédiés d'Indochine d ici fin
septembre et fin octobre, au plus tard.
Pour ce qui concerne la participation locale
du Tonkin, diverses réunions du Comité local
avaient fait choix des ensembles pouvant être
exécutés au Tonkin, tandis que la réunion de
mai se prononça sur les modèles qui constitue-
raient lesdits ensembles.
Un premier ensemble formerait salon de ré-
ception et occuperait une des alvéoles du rez-
de-chaussée du palais. Il comprend chaises.
fauteuils, canapés ou banquettes, tables, vitri-
nes. Les dessins de ces meubles, mis au con-
ccurs entre indigènes, ont été exécutés par des
dessinateurs du Service des Travaux publics.
La décoration murale de ce salon de récep-
tion sera constituée par un batik fait à l'Ecole
Professionnelle. Les trois - portes-fenêtres se-
ront garnies de rideaux en dentelle du Tonkin.
Un plancher à deux tons sera fait par les
usines de Benthuy.
Ce premier ensemble sera laqué rouge-brun.
Un deuxième ensemble pouvant occuper une
autre alvéole du rez-de-chaussée formera salle
a manger-fumoir. La salle à manger prend les
deux tiers de la surface totale de l'al v éole, le
fumoir le reste, une cloison avec porte ronde
à la chinoise sépare la salle à manger et le
fumoir et permet de passer de l'un à l'autre.
La salle à manger et la cloison côté salle à
manger sont en gû naturel, le fumoir et la cloi-
son côté fumoir sont laques brun-violet.
Des panneaux en faux lambris recouvrent les
murs jusqu'aux deux tiers de la hauteur totale.
Ces panneaux sont garnis de soie brochée de
Hadoog, encadrement en gû.
Une - tablette circulaire, en gû également,
limite ces panneaux à leur partie supérieure et
permettra par sa saillie d'exposer divers objets
complétant les intérieurs.
La salle à manger en gû naturel et sculpté
légèrement en creux, comprendra: table, chai-
ses. desserte, argentière. La table sera dressée
à l' annamite, c'est-à-dire avec les cuivres, cé-
ramiques, vaisselle et accessoires, baguettes en
ivoire, fleurs artificielles, etc., en usage au
Tonkin.
Le fumoir comprendra : lit de camp, bahut,
armoire et tables de jeux. Les cuirs laqués de
Haiduong seront utilisés dans ce dernier en-
semble.
Il restera, en outre, pour le Tonkin, et sui-
vant les disponibilités, à rechercher quelques
objets d'exposition et de vitrine, rentrant dans
l'esprit de l'Exposition de 1925 et caractéri-
sant les travaux d'art de ce pays.
- Les maquettes et dessins d'exécution des en-
sembles ccnstituant l'Exposition du Tonkin
sent terminés. Les marchés ont été passés en
juillet, si bien que ces éléments de 1 Exposi-
tion pourront être prêts pour fin décembre
1924.
De son côté, l'Ecole professionnelle pré-
pare une Exposition particulière suivant le rè-
glement général de l'Exposition.
Enfin, une Exposition artistique doit avoir
lieu à Hanoï, fin novembre 1924, comme elle
a lieu chaque année au siège de l'Association
pour la Formation intellectuelle et morale des
Annamites. Des achats y seront faits pour
l' Exposition de Paris, si l' occasion et la va-
leur le Justifient.
En outre, la Foire de Hanoï. en décembre
prochain, peut permettre aussi de trouver des
objets d'art intéressants. Cette foire a lieu au
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0
Les Annales Coloniales 41
JOURNAL QUOTIDIEN
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Le jeu en Indochine
La question du jeu est soulevée en Indo-
chine comme elle l'a été en France à maintes
reprises. Elle a donné lieu à diverses propo-
sitions qui, cependant, n'ont pas été jugées
très satisfaisantes jusqu'à présent.
Le jeu, par la répercussion qu'il peut avoir
sur la situation sociale d'un pays, donne
lieu à des problèmes dont il est fort difficile
au législateur de se désintéresser. Il n'est pas
douteux que la passion du jeu agit d'une fa-
çon tout à fait déprimante sur l'esprit hu-
main et qu'elle peut engendrer les consé-
quences les plus déplorables sur l'énergie et
la moralisation d'une race. C'est avec juste
raison que l'on a remarqué que, dans les pays
où elle sévit sans retenue ou contrainte, il y
a un ralentissement très accentué dans l'ac-
tivité et dans l'effort de l'individu et une dé-
viation complète de sa mentalité. C'est l'ar-
rêt du travail et de la production, un besoin
de jouissance et de plaisir qui, pour se sa-
tisfaire, ne recule souvent devant aucun
moyen. L'équilibre social et les fortunes sont
subordonnées à des circonstances purement
fortuites, et l'ébranlement qui en résulte se
traduit par les conséquences les plus graves :
augmentation dans le nombre des suicides,
recrudescence de la criminalité sous toutes ses
formes et appauvrissement de la nation.
Lors de notre installation en Indochine, le
jeu était le grand fléau de ce malheureux
pays. Les pouvoirs publics, loin de s'opposer
à ses désastreux excès, en profitaient ou en
vivaient, mais c'étaient surtout les Chinois
qui, en raison des aptitudes dont ils sont
doués et de la place qu'ils avaient su prendre
dans les régions les plus riches, après avoir
lourdement vécu sur la population, excel-
laient à lui ravir ses dernières ressources en
exploitant ses vices.
Cette lamentable situation ne pouvait
échapper à l'Administration française qui
s'est presque aussitôt préoccupée de réfréner
la passion du jeu qui sévissait d'une façon
si funeste sur la population indigène, en
s'efforçant d'en interdire les manifestations
sous toutes ses formes et dans toutes les cir-
constances.
En Cochinchine, elle ne tolère d'abord le
jeu exceptionnellement qu'à l'occasion des
grandes fêtes, celle du Têt, par exemple
(c'est-à-dire le premier jour de l'an anna-
mite), et encore oblige-t-elle les tenanciers
chinois à prélever une partie de leurs béné-
fices en faveur d'oeuvres d'hospitalisation ou
de bienfaisance.
En 1897, M. Doumer, d'accord avec l'au-
torité royale, abolit la ferme des jeux, au
Cambodge principalement, caractérisée par le
jeu des trente-six bêtes. En dépit des reve-
nus qu'elle pouvait annuellement fournir au
royaume, cette institution concentrée entre
les mains des Chinois, et dont la plupart des
opérations s'étalaient cyniquement sur la voie
publique, contribuait à la dépravation des
mœurs et à la décadence de la population.
Sa suppression fut donc une oeuvre de salu-
ln ité et d'hygiène publiques et a marqué chez
le peuple cambodgien une évolution nouvelle
dont les résultats n'ont pas tardé à se faire
ca>ntir
Un peu plus tard l'autorité française
ferme les cercles chinois de Cholon qui, dans
une apparence de réglementation commer-
ciale, étaient, en réalité, de véritables tri-
pots où nos protégés, livrés aux spéculations
asiatiques, étaient adroitement spoliés de
tout ce qu'ils possédaient.
Enfin, progressivement, elle a aussi inter-
dit tous les jeux de hasard et particulièrement
le ba quan qu'elle avait, comme nous l'avons
vu, toléré au moment des grandes fêtes pu-
bliques.
Pour sanctionner ces dispositions qui
n'étaient pas sans heurter les goûts et les
habitudes de la masse populaire, il a fallu
naturellement redoubler de surveillance et
de vigilance et appliquer, dans leur plus ri-
goureuse sévérité, les prescriptions de notre
droit pénal.
La solution qui a donc prévalu en Indo-
chine c'est l'interdiction pure et simple des
jeux de hasard qui avaient jusque là tenu
une si grande place dans la vie de nos pro-
tégés. Les paris sur les courses de chevaux
et sur les combats de coqs ont seuls été ex-
ceptionnellement tolérés.
Toutefois, si le jeu a été légalement sup-
primé, il serait fort téméraire de prétendre
qu'on ne joue plus en Indochine car ce n'est
pas une simple décision administrative qui
peut extirper brusquement une passion aussi
fortement ancrée dans l'esprit d'un peuple.
Si le principe en a été solennellement
condamné et les manifestations publiques
prohibées, en dépit des instructions les plus
sévères, il n'est malheureusement pas dou-
teux qu'une partie de la population ne conti-
nue à se livrer clandestinement à sa passion
favorite et si nombreux sont les intérêts en
cause qu'il est fort difficile à -- la justice fran-
çaise de pouvoir sévir eiiicacement. Ceux
qu'elle est appelée à frapper sont loin d'être
les plus coupables, car les véritables tenan-
ciers des maisons de jeu, soit par la situa-
tion qu'ils occupent, soit par les protections
ou les compromissions sous lesquelles ils sa-
vent s'abriter auprès des notables ou des auto-
rités indigènes échappent, le plus souvent à
toute sanction. C'est ainsi qu'à Cholon, au
cœur même de notre colonie de Cochinchine,
le jeu est de pratique courante et que, grâce
à d'influentes connivences, des fortunes scan-
daleuses ont pu s'échafauder comme un défi
jeté à l'impuissance des pouvoirs publics.
C'est là que sont attirés et dépouillés les pro-
priétaires annamites qui, à l'issue de la ré-
colte et à l'occasion des transactions com-
merciales sont venus des diverses provinces
et n'ont pas su résister à la tentation.
Il en est de même dans les riches localités
de l'intérieur où plus aisément encore des
jeux peuvent être clandestinement organisés,
dans des maisons à double issue ou. même
dans les jonques chinoises, sur les lïcuves
ou les arroyos au détriment des petits culti-
vateurs ou des ouvriers agricoles.
Il est très difficile d'agir et de sévir parce
que les victimes, se sentant en faute se gar-
dent toujours bien de protester ou de se plain-
dre et que la constatation du flagrant délit
exigée par la loi est la plupart du temps
presque impossible à établir. La répression,
quand elle se produit, est isolée et incom-
plète et par conséquent tout à fait inefficace.
Donc, en dépit des efforts de l'Administra-
tion française, le jeu, sous une forme dissi-
mulée et sournoise, continue à exercer de
grands ravages chez nos protégés, particuliè-
rement en Cochinchine et au Cambodge, par-
ce qu'il y trouve plus que partout ailleurs des
conditions favorables pour s'y alimenter et
sY développer. Il est assurément l'une des
principales causes de la piraterie ou des ac-
tes de vol et de criminalité.
Les pouvoirs publics, en pareille matière,
sont d'autant plus désarmés r¡u:ils ont, non
seulement à lutter contre une catégorie d'in-
dividus qui mettent en coupe réglée tout le
pays, mais encore contre les fâcheuses pré-
dispositions d'une population qui ne sait pas
résister à sa passion et a besoin d'être pro-
tégée contre ses propres entraînements.
On a donc été tout naturellement amené
à se demander, si en présence de l'ineffica-
cité du moyen radical qui avait été adopté,
il ne serait pas d'une meilleure politique, en
s'inspirant de nos méthodes occidentales de
tempérer le rigorisme dont on a fait preuve
jusqu'à présent. « Puisqu'il a été reconnu,
ont fait remarquer certaines personnalités,
que la lutte entreprise contre le jeu, mal-
gré un redoublement de surveillance, n'a pas
abouti au résultat attendu et que l'échec pro-
vient surtout de ce que l'Administration n'a-
vait pas suffisamment tenu compte de la
mentalité de l'indigène, peut-être convien-
drait-il, tout en maintenant le principe de
l'interdiction, de se montrer moins absolu
dans son application et d admettre certains
tempéraments qui assureraient peut-être plus
utilement la protection des particuliers et les
intérêts de l'Etat.
Le législateur ne doit pas oublier qu'il lui
est parfois impossible de triompher des pas-
sions humaines et que le meilleur moyen de
les combattre, c'est encore, en se gardantibien
de les ignorer, d'en endiguer la violence et
d'en modérer les conséquences, en les met-
tant au service de la collectivité.
Partant de ce principe, l'Administration
peut donc consentir à tolérer exceptionnelle
ment le jeu, mais elle doit le canaliser dans
ses effets, c'est-à-dire en surveiller très étroi-
tement toutes les manifestations afin d'en li-
miter, autant que possible, les abus et les
entraînements.
C'est ainsi que se pose aujourd'hui la
question ; elle ne peut manquer de donner
lieu à des controverses très vives surtout de
la part de ceux qui estiment que l'Adminis-
tration en agissant ainsi, déroge gravement
aux devoirs de sa mission et recherche des
sources de profit peu avouables.
Le tabac, l'alcool, le jeu, l'opium même,
en Extrême-Orient, ont fait l'objet d'une ré-
glementation dont les produits sont une
source de revenus fort appréciables pour
les budgetsJ Il ne semble pas que cette ré-
glementatioh eût eu des effets funestes sur
la moralité publique.
Dans ces conditions, étant donné les incon-
vénients que la suppression du jeu semble
avoir laissé subsister en Indochine, on peut
se demander si l'Administration ne se trouve
pas autorisée à rechercher un régime nou-
veau qui serait l'atténuation, profitable à tous
les intérêts, des mesures rigoureuses dont
elle a tenté l'expérience.
Pierre Va lude,
Député du Cher
.4> –-
Le complot malgache
--o. 0 --
Sous prétexte d'un imaginaire complot,
nos lecteurs s'en souviennent, les membres
d'une association humanitaire malgache,
"dénommée (t Vy Vato », avaient été con-
damnés, en 1916, à des peines variant de
la détention aux travaux forcés à perpé-
tuité.
Grùciés depuis lors, ces indigènes, qui
n'avaient pas été remis en possession de
leur statut, étaient privés des garantie
que ce statut leur conférait, et leur casier
judiciaire mentionnait toujours leur con-
damnation.
- - - -
Sur l'intervention de la Ligue des Droits
de l'Homme, des mesures de réparation
viennent d'être prises a l'égard des an-
ciens membres de la « Vy Vato » : » Les
étudiants, écrit M. Daladier, ont été auto-
risés à poursuivre leurs études, les fonc-
tionnaires réintégrés, les médecins et ins-
tituteurs admis à l'exercice 'de leur pro-
fession. »
Des spécialistes
pour nos colonies
0 Envoyez-nous, nous
disent souvent ceux qui
sont installés depuis long-
temps aux colonies, des
mécaniciens, des plom-
biers, des charpentiers,
des agricultcurs, des dac-
tylographes, des dessina-
teurs, des cuisiniers, en
un mot, des gens qui connaissent quelque
chose, nous les caserons toujours ; mais évi-
fez-nous ces candidats à un emploi quelcon-
que qui. au bout de quime jours, seront mé-
contents de celui où on les aura pris à l'essai
et auront mécontenté ceux qui auront COll-
senti par commisération à les essayer. Après
etre passés d'un bureau à un magasin. d'un
comptoir à une administration locale, de la
voicric municipale à un service de restaurant
ou de café et s'être révélés partout inférieurs
aux moindres besognes, les voilà à la charge
de nos Sociétés de bienfaisance ou du bndgti
qui devra payer leur passage pour les ren-
voyer chez eux. plus pauvres, plus découra-
gés, plus Íllcapahles de remonter le cours de
leur existence qu'ils n'étaient à leur déport. »
Encore même actuellement, ne peut-on en-
courager ceux qui ont une profession définie
à sc rendre au Maroc, car c'est de toutes nos
colonies celle ou ils auraient le moins de
chance de succès. Pour le moment, ou re-
vient beaucoup du Maroc, ou n y va presque
plus.
Peut-être la très belle récolte de cette an-
née permettra-t-elle de donner dans quel-
ques mois une note moins pessimiste. mais
celui qui. dans les conditions présentes, par-
lerait différemment, ne serait qu'un vulgaire
donneur d'eau bénite. Encore, après une et
même plusieurs belles récoltes, le Maroc
n of frira-t-il aucun débouché - aux qllhnJl-
deurs de petits emplois quelconques, Les
maisons de commerce trouvent et trouveront
de plus en plus sur place tous les employés
ordinaires, non spécialistes, dont elles ont et
auront besoin, et ceux-ci auront toujours sur
un nouvel arrivant Vénorme avantage de
parler les langues du pays, c'est-à-dire de
pouvoir comprendre la clientèle et s'expli-
quer avec elle. Il faut songer qu il v a au
Maroc, dernier venu dans la grande famille
coloniale. plus de Français qu' en Tunisie.
Au Maroc. et d'ailleurs, dans toutes nos
tolonies, ce n'est qu'au début de notre instal-
lation que certains immigrants n'ayant guère
comme moyen d'action que le système D. ont
lm se tirer d'affaire, ci quelques-uns arriver
même à la fortune. Mais cette période passe
vite, it bientôt arrive celle où la France pro-
tectrice et éducalrice ne peut plus et ne doit
plus aspirer à fournir aux pays qu'elle admi-
nistre que les cadres de son organisation
dans laquelle il y a, certes, place pour d
bons artisans à côté des chefs d' entreprise,
mais dont le personnel des simples emplois
'7 ., - - - 1. -
sera fourni par ta po puiauon inaigtnc 1 VI-
mee par les écoles qu'il est de notre devoir
d'ouvrir partout où nous plantons notre dra-
peau, ci initiée à notre civilisation. Il sera
donc inutile d'envoyer sur ces territoires loin-
tains des Français qui. n'étant pas dotes
d'une capacité professionnelle bien détermi-
ner ve sauraient prétOldrc qu'à ces emplois
', ,. .< ---
où même ils se montreront inférieurs, ne se-
rait-ce que sous le rapport des langues, aux
autocldOllC.L
Un directeur d'agence ou d'office qui di-
rigerait » sur une colonie des immigrants de
cette catégorie remplirait, donc fort mal sa
mission, qu'il accomplit, au contraire, en les
détournant d'un voyage où ils perdraient
avec leurs dernières ressources financières
leurs dernières ressources morales qui s ap-
pellent l'espoir et l'illusioll,
Te directeur de l'Office du Maroc faisait
donc bien son devoir en adressant el lIJl re-
CCllt corrcspolldallt la réponse qui lui a été
reprochée par le plus vigoureux des polémis-
tes. Ce n" est, - du reste, nullement une cause
1 , -7-----
particulière que nous avons VOULU pwuur rili.
Tout au plus nous a-t-elle founù l occasion
* <
d'émettre des observations utiles à propos du
peuplement colonial qui. comme toutes les
questions coloniales et beaucoup d autrest a
besoin d'être traité beaucoup plus en s inspi-
rant d'un peu d'expérience directe qu en
s'êtayant d'une théorie doctri/laire pour si
généreuse qu'elle soit.
Ernest Haudos,
Député de la Marne.
Président de Ilœ Commission
des Douanes
et des Conventions commerciales.
-
M. Raynaldy
et la production colon iale
0
Dans le discours qu'il a prononcé hier à
la séance inaugurale de la section du com-
merce du Comité Consultatif supérieur du
Commerce et de l'Industrie, M. Raynaldy,
ministre du Commerce, a exposé les cau-
ses générales de la vie chère et les moyens
d'v remédier. Il a insisté, notamment, sur
- l' --''1_-
le rôle de nos colonies, au sujet desquelles
il a fait la déclaration suivante :
Les efforts qui ont été faits jusqu'ici pour dé-
velopper la production coloniale sont bien in-
suffisants par rapport à l'ampleur du but à at-
teindre : il faudra les développer, et c'est une
des questions les plus importantes qu'aura à
résoudre la « Section de l'organisation écono-
mique n.
La suppression du bagne
ÀD-O-
Le Gouvernement a décidé de supprimer le
bagne. Désormais, les condamnés ne seraient
plus envoyés à la Guyane, mais subiraient
leurs peines dans les maisons centrales, en
France.
A cet effet. une demande de crédits supplé-
mentaires avait été présentée par M. Viollette,
à la Commission des Finances.
Sur la proposition du rappcrteur général, la
Commission, qui avait à examiner le budget
des services pénitentiaires qui relèvent du mi-
nistère de la Justice, a rejeté l'augmentation de
600.000 francs demandée par le Gouverne-
ment pour le maintien en France, dans les mai-
sons centrales, de 600 forçats et pour l'entre-
tien de 200 relégués.
Il ne faut pas conclure de ce vote que la
Commission des Finances de la Chambre est
sa majorité, et l'honorable rapporteur général,
M. Maurice Viollette en patticulicr, sent par-
tisans du maintien du bagne. Ce serait une
grave erreur.
En réalité, en proposant de rejeter ce cahier
de crédits supplémentaires, le sympathique dé-
puté d Eure-et-Loir a simplement voulu mar-
quer une fois de plus la volonté d'économie de
la Ccmmissicn des Finances, peut-être aussi le
désir de ne prendre une décision complète
qu'après avoir examiné les crédits des services,
pénitentiaires coloniaux, et nul doute qu'il ne
soit procédé alors à un réajustement.
Nul doute que l'acccrd se fasse entre le
Gouvernement et la Commission et que MM.
René Rencult et Maurice Viollette trouvent
sûrement un terrain d' entente peur réaliser un
peu plus d'humanité avec des économies.
Mais peut-être la Ccmmissicn des Finances
prévoit-elle qu'il y aura moins de criminels
l'année prochaine.
Après tout, pourquoi pas?
Soyons optimistes.
V An gély
--
A L'HOTEL DE VILLE
---0-0--
Muséum et Jardin d'Acclimatation
Quel pïOvincial, voire quel Parisien ne s' est
étcnné en visitant le Jardin d'Acclimatation de
ne trouver que quelques rares animaux sauva-
ges cloîtrés dans des cages trop étrcites et mal
entretenues ? Et partant, les espaces libres ne
manquent pas. Hélas ! une administration né-
gligente dédaigne complètement de s'en occu-
per. Les bêtes qui meurent ne sont pas rem-
placées, plus d' animaux sauvages, mais la fo-
rêt vierge dans les allées et les pelouses.
Devant cet état de choses, M. Pierre Go-
din. conseiller municipal. propose à ses collè-
gues d'inviter la Société du Jardin d'Acclima-
tation à s'expliquer sur l' emploi « de moins
en moins conforme à ses obligations, de la
concession à elle accordée par la Ville de Pa-
ris ». Et l' honorable édile suggère, si le bail
qui lie cette Société à la Ville doit être résilié,
qu une entente intervienne avec l'Etat en vue
de confier la gestion du Jardin d'Acclimata-
tion au Muséum d' Histoire Naturelle.
L idée est heureuse, le Muséum possède,
en effet, de magnifiques collections qu'il - est
obligé. faute de place, de reléguer aux gre-
niers. Enfin, chaque jour lui arrivent de nou-
veaux pensionnaires qu'il ne sait -- où caser.
C'est ainsi que le Muséum vient de rece-
voir deux mignons hippopotames. Ils appar-
tiennent à la très rare espèce'des hippopotames
nains que l'on ne rencontre guère que sur les
bcrds de la Gambie, au ncrd de la Guinée
française. Capturés sur le territoire de la pos-
session anglaise, ils ont été remis par M. Poi-
ret, Gouverneur de la Guinée française, à M.
Antonetti, lors de son passage à Ccnakry, et
le nouveau Gouverneur Général, de l'Afrique
Equatoriale française a fait den au Muséum
de ces charmants animaux.
Si le Muséum possédait les vastes terrains
du Jardin d'Acclimatation, peut-être IJcmrait-
il exhiber aussi de gros hippopotames et non
plus deux petits phénomènes comme c'est le
cas en ce moment.
Joé Poyet
DÉPÂKT
M. A. H. Fontaine, président du Conseil
d'administration des Distilleries d'Indo-
chine s'embarque Ït
sur paquebot Anykur, ù destination de Saï-
gon. Il ne sera pas de retour en France
avant le mois de mai prochain, ayant le
projet de se rendre à Pékin.
Prochain départ
-0-0--
Le maréchal Lyauley, commissaire rési-
dent général de France au Maroc, va re-
joindre son poste avant la lin du mois. Il
quittera vraisemblablement la France le 18
courant.
̃–1 - –̃ ̃̃
L'exposition coloniale de Wembley
----41.rb.-
Il résulte des dernières constatations fai-
tes qu'au lr octobre l'entreprise de l'Ex-
position de Wembiey était une exploitation
blanche, sans bénéfices 11: déficit. Jusqu'au
1er novembre, date de la fermeture, tes re-
cettes seront tout bénéfices. Au- surplus, il
a été décidé que l'Exposition rouvrirait le
1er avril prochain, et la plupart des Domi-
nions ont décidé de participer à la prolon-
gation et à l'amélioration de cette impor-
tante manifestation.
La situation actuelle
de la Haute-Volta
Profitant de son séjour à Paris, M. le Gou-
verneur des Colonies Hesling, Lieutenant-
Gouverneur de la Haute-Volta depuis la
création de cette colonie, voici 'bientôt cinq
années, a présenté un exposé très intéres-
sant de ce qui a été fait et des résultats
obtenus.
Au point de vue ecor.omique, la création
de cette colonie s'imposait, car ses aspira-
tions sont dirigées principalement vers le
Sud, vers la côte du Bénin, elles diffèrent
donc de celles de l'actuel Soudan français
qui est la partie occidentale de l'ancien
Haut-Sénégal-Niger dont les territoires de
la Haute-Volta formaient la partie orientale.
L'autonomie administrative et financière a
été également accordée à la nouvelle colo-
nie dont la situation politique est des plus
favorables.
Le calme absolu règne sur ces 300.000 ki-
lomètres carrés habités par 3 millions d'in-
dividus, le quart de la population totale de
l'A. O. F. Aucun élément de discorde.
Le principal groupement est le groupe-
ment Mosisi, véritable royaume noir consti-
tué et organisé par 1.800.000 habitants aux
chefs séculaires; le Moro Na'oa actuel est le
32° de la dynastie iremontant à neuf siècles.
Dans les autres territoires non Mossi,
1.300.000 ha'bitants ont des chefs analogues.
Car, contrairement à ce qu'on a prétendu,
l'administration française n'a pas supprimé
ces chefs indigènes dont elle a le plus grand
besoin, car ils constituent une armature ad-
ministrative très solide.
Les impôts sont perçus dès le premier tri-
mestre de l'année, ce qui indique une situa-
tion financière très favorable.
Le recrutement militaire s'effectue chaque
année sans difficulté. Redoutons même qu il
a upere trop facilement pour le grand dom-
mage du développement économique du
pays.
En 1920, 3 0/0 des appelés ont contracté
un engagement de 4 ou 5 ans, et en 1924,
cette proportion d'engagés fut de 39 0/0.
Le recrutement des travailleurs pour les
services publics de l'A. O. F. s'est effectué
avec les mêmes facilités. De 1921 à 1923,
la colonie a eu en permanence 6.000 indig-
nes sur le Thiès-Kayes et 3.500 sur le rail-
way d" la Côte d'ivoire.
Les tirailleurs retour du tront se sont ai-
sément réadaptés à leur milieu.
L'Administration a comme souci constant
l'allégement des charges des indigènes.
La suppression du portage a été fortement
avancée par l'utilisation des ânes, des char-
acttes à bras et à boeufs, des camions au-
tomubiles. Les salaires ont été sensiblement
augmentes.
La situation financière dépend de l'excel-
lence de la situation politique.
En 1920, le budget de la Haute-Volta
était de 5.102.000 francs. Le projet pour
celui de 1925 fixe ie chiffre de 11.375.000 fr.
Actuellement, l'impôt de capitation qui est
payé par tous les adultes est inférieur à ce-
lui de la plupart des colonies et inférieur
encore aux possibilités des populations qui
voient tous les ans cet impôt administratif
augmenter de 50 centimes environ sans at-
teindre encore la somme de 6 francs par an
Budget établi d'accord avec le Conseil
des notables qui représentent très exactement
l'esprit de la population.
L'agriculture et l'élevage forment la priii-
cipale richesse de la colonie dont les pro-
duits sont variés. : mil, riz, mais, coton,
karité, laine, kapok; 400.000 bœufs, 600.000
moutons et cbèvres, des milliers de porcs
forment le cheptel.
La question des transports domine la ques-
tion économique et un réseau routier très
important a été construit : 3.500 kilomètres
de routes sont automooilisables en saison
sèche. C'est ainsi que Ouagadougou est re-
lié au chemin de fer de la Côte d'Ivoire pai
une très bonne route que la Haute-Volta et
la Côte-d'Ivoire s'efforcent de rendre utilisa-
ble en toute saison.
M. Hesling déplore la lenteur de l'avan-
cement du raihvay qui, partant d'Abidjan,
doit arriver à Ouagadougou. La question
finances doit en être la cause.
Le coton indigène cultivé en « dry far-
rning » promet une belle récolte grâce à
une bonne saison des pluies : pour 1925, on
peut espérer obtenir 800 tonnes de - coton
égrené. Pour suivre la politique cotonnière
de M. le Gouverneur Général Carde, dans
chaque cercle il a été créé le « Champ du
Commandant », ainsi dénommé, parce qu'on
y a semé et cultivé les graines fournies par le
commandant du cercle dont la récolte doit
être vendue spécialement au commerce eu-
ropéen.
Eugène Devaux.
Les questions coloniales
au Parti radical
QO
La » Commission des Affaires colonia-
les » du parti radical et radical-socialiste
s'est réunie mardi soir rue de Valois, sous
la prési'denco de M. Henri Michel, député.
L'ordre du jour de la réunion comportait
la lecture et la discussion du rapport de
M. Archimbaud, député de la Drôme, rap-
porteur du budget des colonies. Ces ques-
tions feront d'ailleurs l'objet du pro-
gramme du prochain Congrès du parti
radical où d'autres interventions sont déji\
annoncées et prévues.
- *
La mise en valeur des colonies
Au Congrès îuitiurial des conseillers du
commerce extérieur qui aura lieu à Lyon
du 23 au 2G octobre, la section Vif traitera
de la mise eu valeur des colonies.
Exposition Internationale
des Arts Décoratifs Modernes
--0-0-
La section coloniale
L'emplacement attribué à la Section colo-
niale est situé en bordure de la Seine, à gau-
che du pont de l'Alma, côté Cours-la-Reine.
Le projet adopté comprend trois pavillons :
un pavillon de l'Indochine et des Colonies du
Pacifique ; un pavillon des Colonies d'Afri-
que (A. O. F.-A. E. F.) et vieilles colonies ;
un pavillon commun.
Ce dernier bâtiment est destiné à recevoir
l'Exposition des Artistes français s'inspirant
des arts coloniaux et utilisant, pour leurs tra-
vaux, des matériaux coloniaux.
Les branches les plus variées de l' art fran-
çais y seront représentées par les travaux d' ar-
tistes éminents guidés par le maître Charles
Fouqueray.
L adjudication du Pavillon de l'Indochine
et de celui des Colonies d'Afrique a eu lieu le
19 septembre 1924.
Les travaux ont commencé dès le 30 sep-
tembre.
L'adjudication du Pavillon commun aura
lieu incessamment.
La préparation sur place dans les diverses
colonies est en benne voie.
Les meilleures nouvelles arrivent d'Indo-
chine en particulier, où des artisans indigènes
et les élèves des Ecoles d'Art procèdent à la
décoration de toutes les boiseries apparentes
qui doivent entrer dans la construction du pa-
villon.
L'exécution des éléments de construction du
pavillon comprenant : bois sculptés, laGués.
panneaux et lambrequins du premier étage du
palais ; portes et cartouches du rez-de-chaus-
sée. est en bonne voie.
A cette heure, les douze grands panneaux
du premier étage sont sculptés, quelques-uns
3«it au laquage. Les cartouches et lambre-
quins sont avancés comme sculpture. Les por-
tes sont débitées. Une première livraison des
panneaux et lambrequins doit être faite en sep-
-, 1 - 1
tembre, le reste en octobre.
Les bois ont été séchés mécaniquement, puis
une fois sculptés reposent, afin de pouvoir les
surveiller et les reprendre.
Pour conclure, ces éléments intérieurs du
Palais seront expédiés d'Indochine d ici fin
septembre et fin octobre, au plus tard.
Pour ce qui concerne la participation locale
du Tonkin, diverses réunions du Comité local
avaient fait choix des ensembles pouvant être
exécutés au Tonkin, tandis que la réunion de
mai se prononça sur les modèles qui constitue-
raient lesdits ensembles.
Un premier ensemble formerait salon de ré-
ception et occuperait une des alvéoles du rez-
de-chaussée du palais. Il comprend chaises.
fauteuils, canapés ou banquettes, tables, vitri-
nes. Les dessins de ces meubles, mis au con-
ccurs entre indigènes, ont été exécutés par des
dessinateurs du Service des Travaux publics.
La décoration murale de ce salon de récep-
tion sera constituée par un batik fait à l'Ecole
Professionnelle. Les trois - portes-fenêtres se-
ront garnies de rideaux en dentelle du Tonkin.
Un plancher à deux tons sera fait par les
usines de Benthuy.
Ce premier ensemble sera laqué rouge-brun.
Un deuxième ensemble pouvant occuper une
autre alvéole du rez-de-chaussée formera salle
a manger-fumoir. La salle à manger prend les
deux tiers de la surface totale de l'al v éole, le
fumoir le reste, une cloison avec porte ronde
à la chinoise sépare la salle à manger et le
fumoir et permet de passer de l'un à l'autre.
La salle à manger et la cloison côté salle à
manger sont en gû naturel, le fumoir et la cloi-
son côté fumoir sont laques brun-violet.
Des panneaux en faux lambris recouvrent les
murs jusqu'aux deux tiers de la hauteur totale.
Ces panneaux sont garnis de soie brochée de
Hadoog, encadrement en gû.
Une - tablette circulaire, en gû également,
limite ces panneaux à leur partie supérieure et
permettra par sa saillie d'exposer divers objets
complétant les intérieurs.
La salle à manger en gû naturel et sculpté
légèrement en creux, comprendra: table, chai-
ses. desserte, argentière. La table sera dressée
à l' annamite, c'est-à-dire avec les cuivres, cé-
ramiques, vaisselle et accessoires, baguettes en
ivoire, fleurs artificielles, etc., en usage au
Tonkin.
Le fumoir comprendra : lit de camp, bahut,
armoire et tables de jeux. Les cuirs laqués de
Haiduong seront utilisés dans ce dernier en-
semble.
Il restera, en outre, pour le Tonkin, et sui-
vant les disponibilités, à rechercher quelques
objets d'exposition et de vitrine, rentrant dans
l'esprit de l'Exposition de 1925 et caractéri-
sant les travaux d'art de ce pays.
- Les maquettes et dessins d'exécution des en-
sembles ccnstituant l'Exposition du Tonkin
sent terminés. Les marchés ont été passés en
juillet, si bien que ces éléments de 1 Exposi-
tion pourront être prêts pour fin décembre
1924.
De son côté, l'Ecole professionnelle pré-
pare une Exposition particulière suivant le rè-
glement général de l'Exposition.
Enfin, une Exposition artistique doit avoir
lieu à Hanoï, fin novembre 1924, comme elle
a lieu chaque année au siège de l'Association
pour la Formation intellectuelle et morale des
Annamites. Des achats y seront faits pour
l' Exposition de Paris, si l' occasion et la va-
leur le Justifient.
En outre, la Foire de Hanoï. en décembre
prochain, peut permettre aussi de trouver des
objets d'art intéressants. Cette foire a lieu au
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