Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1924-09-12
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32693410p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 12 septembre 1924 12 septembre 1924
Description : 1924/09/12 (A25,N124). 1924/09/12 (A25,N124).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
Description : Collection numérique : Thème : L'histoire partagée Collection numérique : Thème : L'histoire partagée
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Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6411229x
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 31/01/2013
VTNflT-PTNOl ITTÏMR ANNEE - No 124. LE NUMERO : 20 CENTIMES VENDREDI 12 SEPTEMBRE 1924.
Les Annales Coloniales
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Arabes et Berbères au Maroc
«♦ L
Au moment de la conquête de l'Algérie,
on pensait communément que les Arabes
constituaient la masse presque totale des in-
digènes.
Cette erreur, qui étonne aujourd'hui beau-
coup d'entre nous, était explicable, à une
époque, où l'on commettait une fâcheuse
confusion entre la race et la langue. Le
grand mouvement des peuples qui, à la
suite de la conquête arabe, s'était produit
dans l'Afrique du Nord, avait plutôt mo-
difié la civilisation que la race.
La langue arabe était devenue, et de beau-
coup la langue dominante, elle avait rem-
placé la langue indigène, de même que chez
nous les dialectes gaulois avaient fait place
au latin. -Un historien arabe donne de ce phé-
nomène une explication très claire : « L'is-
lâmisme repousse les idiomes étrangers et,
comme la langue arabe était celle du peu-
ple qui avait établi l'empire musulman, on
abandonna l'usage de tous ces idiomes dans
les pays conquis car chaque- peuple imite
l'exemple et suit la religion de son souve-
rain. Cela eut pour résultat qu'une des
marques de l'islamisme et de la domination
des Arabes fut l'emploi de leur langue. »
C'est ce qui arriva en Algérie.
La confusion dans laquelle l'on tomba,
," il y a quelque cent ans, trouve une autre
excuse. Il est, ethniquement parlant, assez
:délicat de distinguer un Arabe d'un Ber-
bère ; les différences entre eux sont parfois
très faibles; ils sont, Fun et l'autre, doli-
cocéphales, ils ont les cheveux et les yeux
noirs, la face presque quadrangulaire, le
nez droit. Il n'y a, d'ailleurs, pas uir
mais plusieurs types de berbères. Le plus
répandu se rattache à la race ibéro-insu-
TàlTe, mais dans le Sous on en trouve qui,
grands, élancés, le nez busqué et les atta-
ches fines, se rapprochent du fellah, alors
que dans le Rif on en voit qui rappellent
les blonds Normands.
Dans l'état actuel de la science, il est à
peu près impossible de dire qui est berbère,
qui est arabe. Seulement, la langue étant
«n fait précis et plus commode à établir
que la race, on peut déterminer avec exac-
titude qui parle arabe et qui parle berbère,
et marquer, pour employer un terme savant,
les Arabophones et les Berbérophones.
Terminée, ou à peu près, en ce qui con-
cerne l'Algérie et la Tunisie, cette enquête
est déjà en très bonne voie pour le Maroc.
Elle est assez avancée pour qu'on puisse
dresser, dès maintenant, une carte provisoire
'des dialectes qui y sont parlés.
Venant de l'Est, les Arabes se sont heur-
tés à la zone montagneuse du Maroc : une
partie s'est écoulée vers le Sud en longeant
les chaînes du Moyen-Atlas et du Haut-
Atlas, tandis que les autres s'engageant
dans le couloir de Taza, pénétraient dans
le Rharb, et de là se répandaient d'une
part vers le Nord et l'Andalousie, d'autre
part vers le Sud et les plaines du Maroc
Atlantique.
Ils ne sont pas restés limités à la
côte, sauf dans la Vallée'de l'Oued' bou
Regreg, ils ont gagné les plateaux qui
mènent des plaines littorales aux premières
chaînes de l'Atlas. Ainsi la langue arabe
est parlée d'une façon presque exclusive
dans les confins de l'Oranie, dans la bor-
dure montagneuse qui domine le Sahara, dans
le passage de Taza et dans toute la zone
qui, tout le long de la côte et parfois fort
avant dans l'intérieur s'étend de franger
jusqu'à Mogador. Tous ces pays sont des
pays de plaine, à l'exception du territoire
très accidenté, de Djebala, qui se trouve
à l'Ouest du Ru, entre cette montagne et
Larache. Cette exception s'explique par
certaines circonstances historiques qu'il est
inutile de rappeler ici et par le fait qu'au
moyen-âge, à l'époque de la domination
Arabe en Espagne, cette région fut un lieu
de passage très fréquenté entre le Maroc
et la péninsule Ibérique, et qu'elle servit
au xv" siècle de refuge à de nombreux
Arabes chassés d'Espagne après la prise de
Grenade par les chrétiens. Les Arabes s'y
établirent, comme-ils ont peuplé le couloir
de Taza.
Partout ailleurs la région montagneuse
parle le berbère. Il ne faut pas s'en éton-
ner. Venus en assez petit nombre, les Ara-
bes se sont tout d'abord répandus dans les
plaine où ils ont trouvé facilement le
moyen de s'établir. Ils n'ont pas tenté de'
pénétrer dans la montagne où l'élément
berbère a pu se maintenir à l'abri de tout
mélange. Ce n'est pas la un fait isolé ;
une carte ethnique de l 'O\ldjda nous en ré-
vèle de nombreux qui lui' sont absolument
analogues.
Il n'y a pas qu'une langue berbère,
mais un très grand nombre de dialectes peu
différents les uns des autres et que l'on
réunit en quelques grands groupes. On en
distingue quatre principaux : les Zénètes,
lès Rifains, les Beraber et les Chleuh.
'Les Zénètes, qui paraissent venus vers le
xiii" siècle de l'Algérie centrale, occupent
la plaine d'Oudjda, les territoires de la
rive gauche de la Moulouya inférieure, cer-
tains lots au sud de la plaine des Angad
d'une part et de l'autre entre Taza et
Fes. Vers le Sud. on rencontre des groupes
Zénètes jusque vers Figuig et le Touat.
La zone des Rifains est suffisamment in-
diquée par le nom qu'elle porte. Ce dialecte
recule tous les jours au profit de l'Arabe.
Le troisième groupe, celui des Bérabes,
est beaucoup plus étendu que les deux pré-
cédents : il occupe presque tout le Moyen
Atlas, une bonne partie du Haut-Atlas et
avec les tribus des Zemmour et des Zouan,
descend dans la. plaine par la vallée des
environs de Rabat, coupant en deux la zone
arabe du Maroc Atlantique.
Les Chleuh sont aussi nombreux que les
Beraber : ils tiennent la partie ouest et sud
du Haut-Atlas, tout l'Anti-Atlas, avec la
vallée du Sous où ils englobent un îlot 1
d'Arabes. Ces indications n'ont qu'une exac- i
titude tout à fait approximative, les zones"
des différents dialectes s'enchevêtrent les
unes Bans les autres au point qu'une carte,
à moins qu'elle ne soit de grande échelle,
ne peut en donner les limites précises.
Ainsi tandis que la langue arabe, langue
des envahisseurs, est parlée dans les plai-
nes, les lieux d'accès faciles et' de passage,
les dialectes berbères sont en usage chez
les populations des montagnes. Il convient
d'ajouter qu'il existe, surtout à la limite
du Sahara et de l'Atlas, de grandes zones
bilingues.
L'arabe l'emporte sur le berbère. Toutes
les villes importantes, depuis Tanger, jus-
qu'à Mogador sont dans une zone arabo-
phone. Fès et Marrakech sont à. la limite
des deux zones, mais l'arabe y domine. Les
villes ont donc été, ici comme dans tous
les pays conquis, les premiers et lès plus
importants centres de la civilisation des
vainqueurs. Elles ont été des foyers d'ara-
bisation d'où l'influence de la langue et de
la religion s'est peu à peu étendue aux
campagnes des alentours.
Jusqu'à la conquête française, les régions
de langue arabe constituaient le blad-
rnaghzen, c'est-à-dire le pays où était recon-
nue l'autorité politique du sultan, tandis
que les régions berbérophones formaient le
blad-siba où le sultan n'était souverain que
de nom.
Il existait ainsi une concordance à peu
près complète, entre les trois cartes physi-
que, politique et linguistique du Maroc :
les pays de parler arabe étant aussi les
pays de plaine et d'obéissance au Maghzen,
tandis que la région berbère était la
région montagneuse où l'on - bci.(Quait, si
on ne l'ignorait pas, la volonté du Sultan.
L'Arabe l'emporte encore pour le nombre
de ses ressortissants qui représentent environ
60 o/o de la population. Cette proportion
est encore appelée à s'accroître. La multi-
plicité des dialectes berbères, leur inapti-
tude à suffire aux besoins d'une société
cultivée, l'absence de véritable littérature
berbère, tout cela favorise les progrès de
l'arabe qui, à tous les avantages que lui
donnent son unité et la richesse du. ga lit-
térature, ajoute ceux d'être la langue reli-
gieuse et la langue commerciale.
11 est possible que la conquête française
en créant de nouveaux moyens de commu-
nication aide encore à son expansion.
Cette éventualité inquiète quelques-uns
des Français qui connaissent le mieux le
Maroc. Ils voudraient, en vue de faciliter
l'établissement et l'exercice de notre domi-
nation que le Gouvernement protégeât le
berbère, et entravât l'arabisation des peuples
qui le parlent. On peut évidemment prati-
quer cette politique et maintenir entre Ber-
bères et Arabes une opposition qui nous sera
utile.
Mais, il faut bien le dire, ces moyens,
pour ne pas être négligeables, seront loin
de suffire à la tâche qu'on leur assigne.
Henry Fontanier,
Député du Cantal,
Secrétaire de la Commission
des Affaires étrangères.
LES MÉHARISTES
---0+--
Par décision du 9 septembre 1924, ont été
désignés pour accomplir un stage dans les
compagnies sahariennes- de l'Extrême-Sud
algérien : 1 capitaine, 4 lieutenants et 8
sous-officiers de l'infanterie coloniale.
C'est enfin- la mesure -que. je préconisais
depuis longtemps (rapport au Gouverneur
général de l'A. 0. F. en 1906) comme la
seule eflicace au point de vue de l'organi-
satibn rationnelle des troupes méharis tes
de nos marches de Mauritanie et du Som,
dan français. - - - - '-
Avec le peloton modèle composé de
Chambaas qui a été envoyé en A. O. F.,
nous aurons les éléments les plus complets
pour inculquer à. nos méharistee de l'Afri-
que Occidentale les méthodes si remarqua-
bles en leurs résultats du regretté général
Lapperrine.
Le créateur des troupes sahariennes était
si enthousiaste de son œuvre,, que lorsque
Je lui demandai jadis quelques indications
pour établir le rapport dont je parlais plus
hauit, il m'envoya quatre grandes pages
couvertes de sa fine écriture sur cette ques-
tion et si le hasard, qui me fut souvent
contraire, n'était survenu, j'aurais pu dès
cette époque rapporter d'un stage aux corn.
pagnies sahariennes du Touat les ensei-
gnements que mes jeunes camarades vont
recueillir grâce à l'heureuse initiative du
ministre de la Guerre si heureusement ins-
piré, sans doute, par. celui qui préside aux
destinées de l'A. O. F.
Ces enseignements livrés plus tôt au-
raient évité bien. des pertes de vies hu-
maines et; d'argent ! ! -
Eugène Devaux
- - - - "T.JP -
La grande misère 1
des lies Marquises
Le problème de la dé-
population est très in-
quiétant pour plusieurs de
nos colonies. le le signa-
lais dans un récent édito-
rial. Parmi les colonies
qui souffrent le .plus de
cette plaie, il * faut citer
les îles Marquises et les
ausculter attentivement,
puis qu'au même moment, deux public istes,
l'un M. Pierre Crépin, dans un magazine,
Vautre M. Jean Dorsenne dans la revue Le
Monde Nouveau, se penchent au chevet du
malade.
Le premier, Pierre Crépin, envisage la
situation économique lamentable des îles; les
troupeaux y vivent en liberté et on les y
chasse pour se nourrir à la mÏÏnière des Es-
pagnols à Saint-Domingueaux beaux temps
dit régime colonial instauré par nos voisins.
La consultation de M. Jean Dorsenne va
aux origines mêmes du mal : la déPopula-
tion. Il constate d'abord. Il y avait, il y a
75 ans, 25.000 habitants aux îles Marquises,
on en compte aujourd'hui 2.200 dont à peine
300 indigènes de race pure. Tous les ans,
on constate l'excédent des décès sur les nais-
sances. 2.200 liabitaitis; nous sommes loin
des 100.000 habitants que Portes, qui l'a vi-
sité au début du siècle dernier, donnait à cet
archipel.
Les causes de la dépopulation sont multi-
ples ; l'ivrognerie, qui fait des ravages ef-
froyables, la consommation de la popoi
(fruit à pain à moitié pourri et fermenté), la
syphilis et la défloration précoce des fillettes
qui rend mix Marquises la Plupart des fem-
mes infécondes.
Déjà en 1888, M. Martial Merlin, aujour.
d'hui Gouverneur Général de l'Indochine et
à cette époque Résident aux îles Gambier,
dénonçait la mortalité effrayante dans les
divers archipels des établissements français
d'Océanie; successivement les docteurs Tau-
tain et Sarportas, Vadministrateur ̃ de Poyen
Belle-Isle ont signalé le tléaze et réclamé les
remèdes.
M. Jean Dorsenne écrit : les administra-
teurs ne peuvent rien, car ils se heurtent à
deux fléaux.
Il précise : *
Désarmé a l'égard de l'indigène - ce qui est
malheureux - l'administrateur l'est aussi vis-
à-vis des gendarmes et des Européens proprié-
taires de maisons de commerce - ce qui est
pire.
On peut affirmer en effet, que les gendarmes
et les commerçants européens constituent, aux
Marquises. deux fléaux, au moins aussi gra-
Marquisesl, 'ivrognerie et la mauvaise conduite
ves que
des femmes.
, Phénomène étrange : dans la Métropole, le
gendarme est un excellent homme. Il appar-
tient à un corps d'élite et sa probité est univer-
sellement admise. Aux Marquises, car je ne
veux point généraliser et prétendre qu'il en est
de même dans toutes les colonies, le gendarme
commet les actions les plus immorales et les
plus répréhensibles. Le maintien des gendarmes
aux Marquises, s'exprimait récemment l'admi-
nistrateur M. de Poyen, semble être une ga-
geure.
Le gendarme ne remplit pas., comme on pour-
rait le croire, des fonctions militaires: mais bien
des fonctions civiles. Il se trouve investi d'une
petite puissance qui le grise. Son chef hiérar-
chique se trouvant à Papeete, à 800 kilomètres
de là, il jouit en pratique d'une liberté abso-
lue, et il est de tradition chez les gendarmes,
de considérer leur traitement comme une rente.
Cette paresse ne serait encore que demi-mal,
si les gendarmes, abusant de leur pouvoir, ne
pressuraient l'habitant, indisciplinés et vio-
lente, véritables potentats au petit pied. Le ré-
cit de leurs méfaits remplirait des volumes.
Quelque dissolus que soient les Marquisans, ils
avaient toujours montré un grand respect pour
les enfants, mais les gendarmes, pour qui le
vers fameux de Juvénal était lettre morte, se
moquèrent bien vite de cette pudeur. Les docu-
ments officiels prouvent que ce sont eux, qui
les premiers se sont mis à déflorer les fillettes
et ont inculqué cette pratique, la plus infâme
qui soit peut-être, aux indigènes.
N'v a-t-il qu'aux Marquises que certains
gendarmes et certains autres fonctionnaires
agissent. de la sorte?
Quant aux commerçants, le témoignage de
M. Dorsenne est d'accord avec Paul Gau-
guin qui vécut aux Marquises les dernières
années de sa vie, les commerçants vendent à
crédit, les indigènes s'endettent, les commer-
çants prennent les gages immobiliers qu'ils
recherchent. Dans une note à l'administra-
tion,, une de ces maisons dites de commerce
avouait récemment que « l'indigène achète
tout ce qu'on veut quand il a été étourdi par
des distributions clandestines d'alcool ».
Si vous ajoutez à cela que le commerce
aux Marquises se pratique sous la forme du
troc, que les produits livrés par l'indigène
ne sont estimes qu'au 1/5 de leur valeur,
que d'autre part, aux indigènes comme aux
Européens, les comptoirs vendent leurs arti-
cles avec 300 0/0 de bénéfices, Car personne
aux Marquises ne 'peut faire venir quoi que
ce soit directement de Papeete, vous aurez
une notion exacte de la grande misère des
Marquises.
Peut-on y apporter remèdet
C'est ce que j'examinerai diaprés les sug-
gestions de nos auteurs et de l'administra-
tion, 'dans un prochain papier.
William Bertrand,
Député de la Charente-Inférieure,
membre de la Commission de VAlgérie
des Colonies et des Protectorats.
LE CONSEIL PRIVÉ DÉ LA MARTINIQUE
LE CONSEIL PRIVE DE U MARTINIQUE
Sont nommés membres titulaires du con-
seil privé du gouvernement de la Martini-
que pour une période de deux années : MM.
André, bâtonnier oe l'ordre des avocats
de Fort-de-France ; de Laguarigue de Sur-
villiers, usinier agricole : membre sup-
pléant : M. CnmbiaggjD, agent général de la
Compagnie Transatlantique à Fort-de-
France. -
A BIRIBI
P
cc On peut espérer que, pour l'avenir, l'au-
torité militaire aura à cœur de multiplier les
garanties de justice par une surveillance qui
ne sera jamais trop grande et une ferme ap-
plication de règlements qui ne soulèvent ait-
cune critique quant à leur sagesfe, leur mo-
dération et leur humanité. » Ainsi s'exprime
M. Maurice Garçon dans la conclusion de
son feuilleton des Débats sur les « Bagnes
Militaires », provoqué par la campagne de
M. Albert Londres pour Vamélioration du
sort de ces pariais de l'armée française.
Certes, M. Maurice Garçon a rarson d'es-
pérer en la justice et l'équité du général Nol-
let, et je suis convaincu que l'enquête que le
ministre de la Guerre ne manquera pas de
prescrire, sera faite en toute impartialité.
La circulaire du 2 novembre 1902 portant
envoi d'une instruction morale pour les gra-
dés des corps de discipline et des établisse-
ments pénitentiaires à laquelle M. Maurice
Garçon fait allusion, est en effet empreinte.
des sentiments d'humanité les plus louables,
el son application Par des gradés intelligents
attrait sans doute d'assez bons résultats.
Malheureusement, et personne ne saurait
me contredire, le recrutement des cadres des
corps de discipline est extrêmement difficile,
et c'est par là que Pèche principalement le
système.
- Pour cette tâche de l'amélioration des dé-
générés que sont souvent les « cocos » et les
CI camisards » dont je signalais la difficulté
dans les Annales Coloniales du 9 eptembre,
on ne trouve guère que des gens d'une a pe-
tite patrie » spécialisés dans le rôle de
garde chiourme (Il suffit de consulter la liste
nominati\e de ces gradés pour s'en rendre
compte).
Si dans les corps de troupes métropolitains
il est souvent nécessaire de refréner ces gra-
dés dans leurs excès de zèle, c'est bien Pis
dans les corps de discipline et, leur faire com-
pl'endre, comme l'exige la circulaire citée
par ill-Ilazirice Garçon, que la bienveillance
doit devenir du parti pis, ça c'est une autre
affaire. et bien malin sera celui qui obtien-
dra ce résultat.
Si on ne peut supprimer ces « bagnes n,
qu'on cliange le recrutement des gradés et
ce sera Vessentiel.
C'est ce que M. le député Louis Rollin
peut demander au ministre de la Guerre aux
sentiments de justice et d'humanité auxquels
il fait appel.
Et avec l honorable député, nous sommes
d'avis que s'il faut que des fautes soient ex-
piees - parfois bien durement du moins
ne permettons pas que dans les lieux de l'ex-
piation, la méchanceté des hommes ajoute
aux peines prononcées par la justice des souf-
frances imméritées.
Monof-
:
Pour mie Mllure efficace de l'aracbie
Pour entretenir le développement des res-
sources agricoles du Sénégal, il faut être as-
suré de pouvoir compter sur le concours ef-
fectif et joyeux des cultivateurs indigènes,
écrit, avec raison. M, Lamime Guève dans
l'A. 0. F.
Et l'honorable avocat, docteur ès sciences
économiques, conseille de recourir à un pro-
cédé qui nous semble fort pratique :
En recrutant des adeptes, 011 doit leur assu-
rer, pour le temps à passer dans les centres
d expérimentation, l'allocation d'une indemnité
au moins égale à ce qu'ils peuvent retirer de
1 exploitation normale de leurs loughans. Les
aran ainsi apaisés de ce côté, on leur mettrait
alors entre les mains une charrue ou tout au-
tre instrument moderne de culture alliant à la
robustesse la simplicité dans le maniement et
dans l'entretien, étant d'ailleurs entendu que
la conduite des travaux serait dirigée, tout au
moins pour les débuts, par des Agents appar-
tenant au service de l'Agriculture et des Forêts.
La simple comparaison du rendement à l'hec-
tare et de l'économie de temps et d'efforts ré-
sultant de l'emploi des deux méthodes ferait
plus que les discours les plus documentés pour
décider l'indigène à se prononcer en faveur de
l'une plutôt que de l'autre de ces méthodes Et,
comme on aura pris soin de faire l'acquisition
d'instruments d'un prix'à 1a, portée de toutes
les bourses, ces instruments seraient laissés à
la disposition de leurs détenteurs avec des fa-
ciités de libération, et sous telles garanties qu'il
appartiendrait a l Adminislration de prescrire.
Revenu à sa terre avec un appareil moderne
qu'il aura appris à manier, à entretenir et à
réparer, en cas de besoin, l'indigène se met-
fra au travail en se guidant ,d'après des for.
mules nouvelles, et les résultats obtenus grâce
h l'emploi de ces formules constitueront le
meilleur des stimulants pour vulgariser les pro-
cédés modernes de l'agriculture parmi les po-
pulations du Sénégal.
Il nous apparaît que l'expérience vaut d'être
tentée. les crédits nécessaires pouvant être fa-
cilement fournis, dans des proportions à déter-
miner, par le budget local, le budget des com-
munes mixtes intéressées et l'encaisse des So-
ciétés indigènes de prévoyance.
A LA CHAMBRE
QUESTIONS ECRITES
Le jardin colonial de Nogent-siir-Marne
M. Paul Poncet, député, demande à M. le
Ministre des Colonies dans quel but d'ins-
pection des Eaux et Forêts chargée de la
direction du jardin colonial de Nogent-sur-
Marne, a fait construire une roulotte qui a
coûté à l'Etat, de 15.000 à 18.000 francs.
Réponse. - SVÉ la demande de nom-
breux carrossièrs de la place de Paris et
du Nord, l'atelier d'essais des bois colo-
niaux de Nogent-sur-Marne a construit une
remorque en bois coloniaux. Le but était
d'étudier ces bois au point de vue carros-
serie et d'expérimenter pratiquement leur
valeur. Cette remorque a été exposée à la
foire de Paris ; elle le sera également au
salon de l'automobile. Son prix de revient
ne dépasse pas 5.500 francs.
Une opinion belge sur le Gouverneur
de rOubaagui Chari
0
Nous avons appris avec la plus grande
satisfaction l'élévation à la seconde classe
de son grade, de M. Lamblin, lieutenant-
gouverneur de l'Oubangui-Chari, lisons-
nous dans l'Essort Colonial et Maritime.
Ce haut fonctionnaire est un des plus dis-
tingués et aussi des plus modestes du
Congo français.
L'Oubangui-Chari, depuis que M. Lam-
blin en a pris la direction, - il y a tantôt
sept ans, est devenu une des Colonies du
groupe, sur laquelle peuvent s'établir des
espérances sérieuses de développement.
Le premier soin de son gouverneur a été
d'abord de le repeupler, en regroupant les
villages, enfuis de la route des caravanes
administratives, et en. leur persuadant de
planter et de produire.
C'est ainsi que les vivres ne leur man-
quent plus, et que des centaines de mille,
pieds de caoutchouc Ceara et Hevea ont
été plantés et sont entretenus par eux et
ce n'est qu'un commencement 1
Les anciennes pistes ont été remplacées
partout par des routes automobiles qui as-
surent la liaison avec les colonies voisines
et celle du Tchad en particulier.
La situation économique est déjà très sa-
tisfaisante, et s'améliore chaque année au
fur et à mesure que se développent les
voies d'accès et les moyens de transport.
♦
L'aviation coloniale
-0-0--
Raid d'aviation militaire Paris-Maroc
L'Agence Française et Coloniale avait
annonce il y a quelques temps un pro-
iet de raid d'aviation militaire de Pans au
Maroc. Ce projet est sur le* point de se
réaliser. Cinq avions de série de l'armée
se rendront au Maroc par la voie de terre,
au-dessus de l'Espagne, en suivant l'itiné-
raire des lignes Latécoère. Le Directoire
espagnol a donné -les autorisations néces-
saires, et les aviateurs pourront se ravitail-
ler dans les aéro-gares Latécoère. Les équi-
pages excursionneront sur toute l'étendue
du Protectorat. Il s'agit surtout de procé-
der à des expérieuces d'endurance.
DÉPART DE MISSION
M. Bruneau de Laborie, chargé d'une
nouvelle mission en Afrique centrale par le
ministère des Colonies et la Société de géo-
graphie, s'est embarqué poMr Alger sur le
paouebot Duc-d'Aumale.
M. Bruneau de Laborie se rend d'abord
au Trbesti d'où il gagnera le littoral de
l'Atlantique en passant par la région de
l'Oubangui.
l COUBB Ji TUNISII
LA VIE ECONOMIQUE
Les huiles d'olives
Les industriels spécialisés dans la fabri-
cation de L'huile d'olive avec des procédés
et un outillage modernes se préoccupent
beaucoup en ce moment de la désodorisa-
tion de leurs produits. Il s'agirait d'intro-
duire dans la Régence, des procédés et du
matériel permettant d'obtenir cet impor-
tant résultat. Mais il serait indispensable,
auparavant, que le régime douanier en vi-
gueur fût modifié.
La campagne des huiles
- Dans le centre et le sud, la récolte sera
très réduite, en raison de l'extrême séche-
resse ; dans le nord, elle sera assez bonne.
Il y a cependant lieu de noter que' sans
attendre la cueillette dont près de deux
mois nous séparent encore, on commence
à vendre des huiles nouvelles. On vient, en
effet, de traiter à Sfax, une affaire à livrer
de 10.000 kilogs de masri de la prochaine
fabrication au prix de 500 francs les 100
kilogs avec prime de 25 francs par quintal
pour nos livraisons.
D'Europe, on a reçu des demandes
d'échantillons et de prix pour les huiles de
K première ».
Un troupeau de buffles -- --
Un petit troupeau de buffles, de 1 espe-
ce du baille de rlnde existe à l'ischkeul,
en Tunisie, où il vit à l'état sauvage.
L'origine de ce petit troupeau ne laisse
pas que d'être obscure. L'opinion commu-
ne, en Tunisie, est que ces buflles descen-
dent des buflles .impodés d'Italie par Ah-
med Bey (1837-1855) pour le service de son
artillerie. En réalité, il semble que les buf-
fles d'Ahmed Bey, lorsqu'on eut reconnu
leur utilité. aient -- été relàchés à l'ischkeul
avec les autres qui s'y trouvaient déjà a
l'état sauvage. Pélissier qui visita la région
de Mateur en 1846, parle des buffles de
l'Ischkeul sans indiquer leur introduction
récente, dont il aurait certainement eu con-
naissance, si cette introduction eût daté de
moins de dix ans. Au moment de l'occu-
pation, les buffles de l'Ischkeul s'élevaient
au nombre d'un'millier environ. Il en a été
détruit beaucoup à ce moment, et même
depuis.
D'après les recherches de M. L. Joleaud
et les nôtres, dans le détail desquelles nous
ne pouvons entrer ici, ces buitles parais-
sent être les derniers restes, redevenais
sauvages, des troupeaux de buffles que pos-
sédaient les" Carthaginois.
Le troupeau composé actuellement d'un
peu plus de cinquante têtes, est la propriété
personnelle du Bey. Une autorisation 'bey-
licale spéciale, rarement acordée, est né-
cessaire pour pouvoir chasser ces animaux.
Ils sont très voisins des buffles de l'Italie
et de l'Orient, avec lesquels ils ont évi-
demment une origine commune ; mais ils
s'en distinguent néanmoins par certains
caractères morphologiques qui les rappro-
chent des buffles de Ceylan, et s'opposent
à ce qu'on puisse admettre leur origine
toute récente.
CODBRIEiniJELftLQÊfflE
LA VIE ECONOMIQUE
Contre la vie chère
Le Gouvernement s'occupe de réprimer 1&
spéculation. Signalons-lui qu'à Constanti-
tine, notre collaborateur et ami M. Mori-
naud a radicalement supprimé les intermé-
diaires du marché" de cette ville, menaçant
d'expulsion et autres sanctions tous eux-
qui interviendraient dans les ventes.
Le port de Bône
Le port de Bône voit ses exportations d&
minerais augmenter graduellement chaque
année. En 1923, il est sorti par ce port
6G&.000 tonnes de phosphates provenant
des gisements du Djebel Koùif, et 445.000'
tonnes de fer, dont la majeure partie pro-
venait des Mines de l'Ouenza. Au total
1.109.000 tonnes de produits minéraux a
l'exploitaion. On prévoit que pour l'année
1924 ces chiffres seront largement dépassés.
Bône est devenu le grand port minier de
l'Algérie, et il s'outille pour faire face à
des chargements de minerais et de phos-
phates beaucoup plus considérables.
Les derniers cours d'Alaen,
Blé tendre colon supérieur, 113 à 115 fr.;
blé tendre du Maroc, ordinaire, 109 à 110
francs ; blé dur colon supérieur, suivant-
qualité, 133 à 136 francs ; blé dur ordinaire
123 à 128 fr. ; orge, 89 à 91 fr. ; avoine, 77
à 79 fr. maïs, 80 à 84 fr. ; foin, 32 à 55 fr. :
paille, 12 à 14 francs les 100 kilos.
Moutons, brebis, choix, 750 à 800 ;
moutons, brebis, autres, de 650 à 700 les
100 kilos, viande nette.
Même cours pour agneaux broutard.
Bœufs, vaches, choix, de 250 à 325 ;
bœufs, vaches, autres, de 200 à 250 : veaux
de lait, de 400 à 500 ; porcs, de 400 à 475
francs les 100 kilos, vif. -
Chevaux du pays, choix, 1.200 à 1.600 ;
autres, 700 à 1.100 ; mulets du pays, choix,
de 1.800 à 2.200 ; autres, de 1.200 à 1.700 la
pièce.
Vins : récolte 1924, toutes les qualités
réunies, le degré, 6 fr. à 6 fr. 75.
LES EVENEMENTS ET LES HOMMES
Des incendies de forêts
On signale de violents incendies de fo-
rêts sur plusieurs points du département
de Constantme, et on a déjà à déplorer de
grosses pertes dans les superbes massils
forestiers qui avoisinent Bône, Philippeville
et Souk- Ah ras. Certaines fermes, sur la
lisières de ces forêts, sont menacées. La
chaleur, dans ces régions, est devenue pres-
que insupportable.
Décidément les colons algériens n'ont pas
de chance cette année.
1 LES EVENEMENTS ET LES HOMMES
Les Syndicats d'initiative en Algérie
Le nombre des Syndicats d'intiative sub-
ventionnés était de 20. Un nouveau grou-
pement s'est depuis constitué à Ténietrel-
HaAad, pour la mise en valeur d'une richesse
touristique de premier ordre : la magnifi.
que forêt des Cèdres qui est d'ailleurs com.
prise dans le périmètre d'un parc national
Mais tandis que ce syndicat adhérait à lî
fédération, celle-ci réussissait à opérer k
fusion de Miliana et d'Aïn-N'Sour qui s<
partageaient le même champ d'action : li
région du Zacear, si intéressante au poin
de vue de l'estivage et des excursions ei
montagne.
La Colonie a réparti entre les divers or
ganisme de tourisme une somme globale d
168.000 francs en 1923, contre 165.000 e]
1922. En 1923, les syndicats d'Alger ont ot
tenu 116.000 francs, ceux d'Oran 25.000 fi
les syndicats de Constantine ont pris 24 50
fraacs.
Sur 168.000 de crédits :
Les bureaux du Gouvernement C'énêr
ont attribué à Alger la part du lion <
Constantine, par exemple, n'est pas coi
tente.
Le crimé d'un sexagénaire
L amour n a pas d'âge. La dame Adè
Guardiola, épeuse Alphonse Galibert, Agi
de 40 ans était la maltresse d'un nomn
Bacri, lui-même à-gé de G0 ans. Très jalot
Bacri lui faisait de fréquentes scènes
ces jours-ci une discussion ptes -orageu
se tei mina par trois coups de revolvt
deux pour le compte d'Adèle Guardiola., 1
autre que Bacri s'attribua.
Les deux balles ne firent à la maîtres
que de légères blessures
Quant à Barri, ce. fut plus important
le juge d'instruction ne lui a fait su]
qu'un inlciTogatoiré sommaire, en rais
de son état. D'ailleurs, il s'est borné
répondre au magistrat, que dans une let1
au procureur général, il indiquait tous
motifs de son act, Ce qui le préoccupe
plus, c'est la santé de Mme Galibert.
s'est montré satisfait de la savoir hors
danger. :
Les lettres trouvées sur lui, saisies 1
le parquet et datées du « jour de sa mor
semblent avoir été écrites il y a quel(
temps déjà. Les enveloppes sont, en ef
machurécs sur les bords ; ces lettres atl
tent en tous cas, la préméditation
drame.
Dans celles adressées aux journaux,
muel Bacri. exprime le désir qu'il ne
point parlé de lui, étant. « plus à plain
qu'il blâmer ». Dans celle adressée au ]
cureur général, il @ explique les raisons
son geste désespéré : la crainte de 1
Mme Galibert le quitter pour un autre 1
riche que lui.
Enfin, dans le mémoire laissé chez
patrons, MM. Fassina, 1, rue Savigna<
expose, par le détail, sa vie, ses malhe
son amour po-ur sa maltresse,
dépenses.
L'état de Samuel Bacri demeure 10ujc
très grave. L'examen - radioscopiqu.e.,
Ile lendemain, a révélé la présence dan
crâne d'une balle. Une opération chi
gicaie sera pratiquée.
Kt dans tout cela on ne parle pas d<
Galibert, le mari. Heureux pays !
Les Annales Coloniales
es nna es - .nla es
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LES ARTICLES PUBLIÉS PAR "LES ANNALES COLONIALES- 30KT LA PROPRIÉTÉ
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Arabes et Berbères au Maroc
«♦ L
Au moment de la conquête de l'Algérie,
on pensait communément que les Arabes
constituaient la masse presque totale des in-
digènes.
Cette erreur, qui étonne aujourd'hui beau-
coup d'entre nous, était explicable, à une
époque, où l'on commettait une fâcheuse
confusion entre la race et la langue. Le
grand mouvement des peuples qui, à la
suite de la conquête arabe, s'était produit
dans l'Afrique du Nord, avait plutôt mo-
difié la civilisation que la race.
La langue arabe était devenue, et de beau-
coup la langue dominante, elle avait rem-
placé la langue indigène, de même que chez
nous les dialectes gaulois avaient fait place
au latin. -Un historien arabe donne de ce phé-
nomène une explication très claire : « L'is-
lâmisme repousse les idiomes étrangers et,
comme la langue arabe était celle du peu-
ple qui avait établi l'empire musulman, on
abandonna l'usage de tous ces idiomes dans
les pays conquis car chaque- peuple imite
l'exemple et suit la religion de son souve-
rain. Cela eut pour résultat qu'une des
marques de l'islamisme et de la domination
des Arabes fut l'emploi de leur langue. »
C'est ce qui arriva en Algérie.
La confusion dans laquelle l'on tomba,
," il y a quelque cent ans, trouve une autre
excuse. Il est, ethniquement parlant, assez
:délicat de distinguer un Arabe d'un Ber-
bère ; les différences entre eux sont parfois
très faibles; ils sont, Fun et l'autre, doli-
cocéphales, ils ont les cheveux et les yeux
noirs, la face presque quadrangulaire, le
nez droit. Il n'y a, d'ailleurs, pas uir
mais plusieurs types de berbères. Le plus
répandu se rattache à la race ibéro-insu-
TàlTe, mais dans le Sous on en trouve qui,
grands, élancés, le nez busqué et les atta-
ches fines, se rapprochent du fellah, alors
que dans le Rif on en voit qui rappellent
les blonds Normands.
Dans l'état actuel de la science, il est à
peu près impossible de dire qui est berbère,
qui est arabe. Seulement, la langue étant
«n fait précis et plus commode à établir
que la race, on peut déterminer avec exac-
titude qui parle arabe et qui parle berbère,
et marquer, pour employer un terme savant,
les Arabophones et les Berbérophones.
Terminée, ou à peu près, en ce qui con-
cerne l'Algérie et la Tunisie, cette enquête
est déjà en très bonne voie pour le Maroc.
Elle est assez avancée pour qu'on puisse
dresser, dès maintenant, une carte provisoire
'des dialectes qui y sont parlés.
Venant de l'Est, les Arabes se sont heur-
tés à la zone montagneuse du Maroc : une
partie s'est écoulée vers le Sud en longeant
les chaînes du Moyen-Atlas et du Haut-
Atlas, tandis que les autres s'engageant
dans le couloir de Taza, pénétraient dans
le Rharb, et de là se répandaient d'une
part vers le Nord et l'Andalousie, d'autre
part vers le Sud et les plaines du Maroc
Atlantique.
Ils ne sont pas restés limités à la
côte, sauf dans la Vallée'de l'Oued' bou
Regreg, ils ont gagné les plateaux qui
mènent des plaines littorales aux premières
chaînes de l'Atlas. Ainsi la langue arabe
est parlée d'une façon presque exclusive
dans les confins de l'Oranie, dans la bor-
dure montagneuse qui domine le Sahara, dans
le passage de Taza et dans toute la zone
qui, tout le long de la côte et parfois fort
avant dans l'intérieur s'étend de franger
jusqu'à Mogador. Tous ces pays sont des
pays de plaine, à l'exception du territoire
très accidenté, de Djebala, qui se trouve
à l'Ouest du Ru, entre cette montagne et
Larache. Cette exception s'explique par
certaines circonstances historiques qu'il est
inutile de rappeler ici et par le fait qu'au
moyen-âge, à l'époque de la domination
Arabe en Espagne, cette région fut un lieu
de passage très fréquenté entre le Maroc
et la péninsule Ibérique, et qu'elle servit
au xv" siècle de refuge à de nombreux
Arabes chassés d'Espagne après la prise de
Grenade par les chrétiens. Les Arabes s'y
établirent, comme-ils ont peuplé le couloir
de Taza.
Partout ailleurs la région montagneuse
parle le berbère. Il ne faut pas s'en éton-
ner. Venus en assez petit nombre, les Ara-
bes se sont tout d'abord répandus dans les
plaine où ils ont trouvé facilement le
moyen de s'établir. Ils n'ont pas tenté de'
pénétrer dans la montagne où l'élément
berbère a pu se maintenir à l'abri de tout
mélange. Ce n'est pas la un fait isolé ;
une carte ethnique de l 'O\ldjda nous en ré-
vèle de nombreux qui lui' sont absolument
analogues.
Il n'y a pas qu'une langue berbère,
mais un très grand nombre de dialectes peu
différents les uns des autres et que l'on
réunit en quelques grands groupes. On en
distingue quatre principaux : les Zénètes,
lès Rifains, les Beraber et les Chleuh.
'Les Zénètes, qui paraissent venus vers le
xiii" siècle de l'Algérie centrale, occupent
la plaine d'Oudjda, les territoires de la
rive gauche de la Moulouya inférieure, cer-
tains lots au sud de la plaine des Angad
d'une part et de l'autre entre Taza et
Fes. Vers le Sud. on rencontre des groupes
Zénètes jusque vers Figuig et le Touat.
La zone des Rifains est suffisamment in-
diquée par le nom qu'elle porte. Ce dialecte
recule tous les jours au profit de l'Arabe.
Le troisième groupe, celui des Bérabes,
est beaucoup plus étendu que les deux pré-
cédents : il occupe presque tout le Moyen
Atlas, une bonne partie du Haut-Atlas et
avec les tribus des Zemmour et des Zouan,
descend dans la. plaine par la vallée des
environs de Rabat, coupant en deux la zone
arabe du Maroc Atlantique.
Les Chleuh sont aussi nombreux que les
Beraber : ils tiennent la partie ouest et sud
du Haut-Atlas, tout l'Anti-Atlas, avec la
vallée du Sous où ils englobent un îlot 1
d'Arabes. Ces indications n'ont qu'une exac- i
titude tout à fait approximative, les zones"
des différents dialectes s'enchevêtrent les
unes Bans les autres au point qu'une carte,
à moins qu'elle ne soit de grande échelle,
ne peut en donner les limites précises.
Ainsi tandis que la langue arabe, langue
des envahisseurs, est parlée dans les plai-
nes, les lieux d'accès faciles et' de passage,
les dialectes berbères sont en usage chez
les populations des montagnes. Il convient
d'ajouter qu'il existe, surtout à la limite
du Sahara et de l'Atlas, de grandes zones
bilingues.
L'arabe l'emporte sur le berbère. Toutes
les villes importantes, depuis Tanger, jus-
qu'à Mogador sont dans une zone arabo-
phone. Fès et Marrakech sont à. la limite
des deux zones, mais l'arabe y domine. Les
villes ont donc été, ici comme dans tous
les pays conquis, les premiers et lès plus
importants centres de la civilisation des
vainqueurs. Elles ont été des foyers d'ara-
bisation d'où l'influence de la langue et de
la religion s'est peu à peu étendue aux
campagnes des alentours.
Jusqu'à la conquête française, les régions
de langue arabe constituaient le blad-
rnaghzen, c'est-à-dire le pays où était recon-
nue l'autorité politique du sultan, tandis
que les régions berbérophones formaient le
blad-siba où le sultan n'était souverain que
de nom.
Il existait ainsi une concordance à peu
près complète, entre les trois cartes physi-
que, politique et linguistique du Maroc :
les pays de parler arabe étant aussi les
pays de plaine et d'obéissance au Maghzen,
tandis que la région berbère était la
région montagneuse où l'on - bci.(Quait, si
on ne l'ignorait pas, la volonté du Sultan.
L'Arabe l'emporte encore pour le nombre
de ses ressortissants qui représentent environ
60 o/o de la population. Cette proportion
est encore appelée à s'accroître. La multi-
plicité des dialectes berbères, leur inapti-
tude à suffire aux besoins d'une société
cultivée, l'absence de véritable littérature
berbère, tout cela favorise les progrès de
l'arabe qui, à tous les avantages que lui
donnent son unité et la richesse du. ga lit-
térature, ajoute ceux d'être la langue reli-
gieuse et la langue commerciale.
11 est possible que la conquête française
en créant de nouveaux moyens de commu-
nication aide encore à son expansion.
Cette éventualité inquiète quelques-uns
des Français qui connaissent le mieux le
Maroc. Ils voudraient, en vue de faciliter
l'établissement et l'exercice de notre domi-
nation que le Gouvernement protégeât le
berbère, et entravât l'arabisation des peuples
qui le parlent. On peut évidemment prati-
quer cette politique et maintenir entre Ber-
bères et Arabes une opposition qui nous sera
utile.
Mais, il faut bien le dire, ces moyens,
pour ne pas être négligeables, seront loin
de suffire à la tâche qu'on leur assigne.
Henry Fontanier,
Député du Cantal,
Secrétaire de la Commission
des Affaires étrangères.
LES MÉHARISTES
---0+--
Par décision du 9 septembre 1924, ont été
désignés pour accomplir un stage dans les
compagnies sahariennes- de l'Extrême-Sud
algérien : 1 capitaine, 4 lieutenants et 8
sous-officiers de l'infanterie coloniale.
C'est enfin- la mesure -que. je préconisais
depuis longtemps (rapport au Gouverneur
général de l'A. 0. F. en 1906) comme la
seule eflicace au point de vue de l'organi-
satibn rationnelle des troupes méharis tes
de nos marches de Mauritanie et du Som,
dan français. - - - - '-
Avec le peloton modèle composé de
Chambaas qui a été envoyé en A. O. F.,
nous aurons les éléments les plus complets
pour inculquer à. nos méharistee de l'Afri-
que Occidentale les méthodes si remarqua-
bles en leurs résultats du regretté général
Lapperrine.
Le créateur des troupes sahariennes était
si enthousiaste de son œuvre,, que lorsque
Je lui demandai jadis quelques indications
pour établir le rapport dont je parlais plus
hauit, il m'envoya quatre grandes pages
couvertes de sa fine écriture sur cette ques-
tion et si le hasard, qui me fut souvent
contraire, n'était survenu, j'aurais pu dès
cette époque rapporter d'un stage aux corn.
pagnies sahariennes du Touat les ensei-
gnements que mes jeunes camarades vont
recueillir grâce à l'heureuse initiative du
ministre de la Guerre si heureusement ins-
piré, sans doute, par. celui qui préside aux
destinées de l'A. O. F.
Ces enseignements livrés plus tôt au-
raient évité bien. des pertes de vies hu-
maines et; d'argent ! ! -
Eugène Devaux
- - - - "T.JP -
La grande misère 1
des lies Marquises
Le problème de la dé-
population est très in-
quiétant pour plusieurs de
nos colonies. le le signa-
lais dans un récent édito-
rial. Parmi les colonies
qui souffrent le .plus de
cette plaie, il * faut citer
les îles Marquises et les
ausculter attentivement,
puis qu'au même moment, deux public istes,
l'un M. Pierre Crépin, dans un magazine,
Vautre M. Jean Dorsenne dans la revue Le
Monde Nouveau, se penchent au chevet du
malade.
Le premier, Pierre Crépin, envisage la
situation économique lamentable des îles; les
troupeaux y vivent en liberté et on les y
chasse pour se nourrir à la mÏÏnière des Es-
pagnols à Saint-Domingueaux beaux temps
dit régime colonial instauré par nos voisins.
La consultation de M. Jean Dorsenne va
aux origines mêmes du mal : la déPopula-
tion. Il constate d'abord. Il y avait, il y a
75 ans, 25.000 habitants aux îles Marquises,
on en compte aujourd'hui 2.200 dont à peine
300 indigènes de race pure. Tous les ans,
on constate l'excédent des décès sur les nais-
sances. 2.200 liabitaitis; nous sommes loin
des 100.000 habitants que Portes, qui l'a vi-
sité au début du siècle dernier, donnait à cet
archipel.
Les causes de la dépopulation sont multi-
ples ; l'ivrognerie, qui fait des ravages ef-
froyables, la consommation de la popoi
(fruit à pain à moitié pourri et fermenté), la
syphilis et la défloration précoce des fillettes
qui rend mix Marquises la Plupart des fem-
mes infécondes.
Déjà en 1888, M. Martial Merlin, aujour.
d'hui Gouverneur Général de l'Indochine et
à cette époque Résident aux îles Gambier,
dénonçait la mortalité effrayante dans les
divers archipels des établissements français
d'Océanie; successivement les docteurs Tau-
tain et Sarportas, Vadministrateur ̃ de Poyen
Belle-Isle ont signalé le tléaze et réclamé les
remèdes.
M. Jean Dorsenne écrit : les administra-
teurs ne peuvent rien, car ils se heurtent à
deux fléaux.
Il précise : *
Désarmé a l'égard de l'indigène - ce qui est
malheureux - l'administrateur l'est aussi vis-
à-vis des gendarmes et des Européens proprié-
taires de maisons de commerce - ce qui est
pire.
On peut affirmer en effet, que les gendarmes
et les commerçants européens constituent, aux
Marquises. deux fléaux, au moins aussi gra-
Marquisesl, 'ivrognerie et la mauvaise conduite
ves que
des femmes.
, Phénomène étrange : dans la Métropole, le
gendarme est un excellent homme. Il appar-
tient à un corps d'élite et sa probité est univer-
sellement admise. Aux Marquises, car je ne
veux point généraliser et prétendre qu'il en est
de même dans toutes les colonies, le gendarme
commet les actions les plus immorales et les
plus répréhensibles. Le maintien des gendarmes
aux Marquises, s'exprimait récemment l'admi-
nistrateur M. de Poyen, semble être une ga-
geure.
Le gendarme ne remplit pas., comme on pour-
rait le croire, des fonctions militaires: mais bien
des fonctions civiles. Il se trouve investi d'une
petite puissance qui le grise. Son chef hiérar-
chique se trouvant à Papeete, à 800 kilomètres
de là, il jouit en pratique d'une liberté abso-
lue, et il est de tradition chez les gendarmes,
de considérer leur traitement comme une rente.
Cette paresse ne serait encore que demi-mal,
si les gendarmes, abusant de leur pouvoir, ne
pressuraient l'habitant, indisciplinés et vio-
lente, véritables potentats au petit pied. Le ré-
cit de leurs méfaits remplirait des volumes.
Quelque dissolus que soient les Marquisans, ils
avaient toujours montré un grand respect pour
les enfants, mais les gendarmes, pour qui le
vers fameux de Juvénal était lettre morte, se
moquèrent bien vite de cette pudeur. Les docu-
ments officiels prouvent que ce sont eux, qui
les premiers se sont mis à déflorer les fillettes
et ont inculqué cette pratique, la plus infâme
qui soit peut-être, aux indigènes.
N'v a-t-il qu'aux Marquises que certains
gendarmes et certains autres fonctionnaires
agissent. de la sorte?
Quant aux commerçants, le témoignage de
M. Dorsenne est d'accord avec Paul Gau-
guin qui vécut aux Marquises les dernières
années de sa vie, les commerçants vendent à
crédit, les indigènes s'endettent, les commer-
çants prennent les gages immobiliers qu'ils
recherchent. Dans une note à l'administra-
tion,, une de ces maisons dites de commerce
avouait récemment que « l'indigène achète
tout ce qu'on veut quand il a été étourdi par
des distributions clandestines d'alcool ».
Si vous ajoutez à cela que le commerce
aux Marquises se pratique sous la forme du
troc, que les produits livrés par l'indigène
ne sont estimes qu'au 1/5 de leur valeur,
que d'autre part, aux indigènes comme aux
Européens, les comptoirs vendent leurs arti-
cles avec 300 0/0 de bénéfices, Car personne
aux Marquises ne 'peut faire venir quoi que
ce soit directement de Papeete, vous aurez
une notion exacte de la grande misère des
Marquises.
Peut-on y apporter remèdet
C'est ce que j'examinerai diaprés les sug-
gestions de nos auteurs et de l'administra-
tion, 'dans un prochain papier.
William Bertrand,
Député de la Charente-Inférieure,
membre de la Commission de VAlgérie
des Colonies et des Protectorats.
LE CONSEIL PRIVÉ DÉ LA MARTINIQUE
LE CONSEIL PRIVE DE U MARTINIQUE
Sont nommés membres titulaires du con-
seil privé du gouvernement de la Martini-
que pour une période de deux années : MM.
André, bâtonnier oe l'ordre des avocats
de Fort-de-France ; de Laguarigue de Sur-
villiers, usinier agricole : membre sup-
pléant : M. CnmbiaggjD, agent général de la
Compagnie Transatlantique à Fort-de-
France. -
A BIRIBI
P
cc On peut espérer que, pour l'avenir, l'au-
torité militaire aura à cœur de multiplier les
garanties de justice par une surveillance qui
ne sera jamais trop grande et une ferme ap-
plication de règlements qui ne soulèvent ait-
cune critique quant à leur sagesfe, leur mo-
dération et leur humanité. » Ainsi s'exprime
M. Maurice Garçon dans la conclusion de
son feuilleton des Débats sur les « Bagnes
Militaires », provoqué par la campagne de
M. Albert Londres pour Vamélioration du
sort de ces pariais de l'armée française.
Certes, M. Maurice Garçon a rarson d'es-
pérer en la justice et l'équité du général Nol-
let, et je suis convaincu que l'enquête que le
ministre de la Guerre ne manquera pas de
prescrire, sera faite en toute impartialité.
La circulaire du 2 novembre 1902 portant
envoi d'une instruction morale pour les gra-
dés des corps de discipline et des établisse-
ments pénitentiaires à laquelle M. Maurice
Garçon fait allusion, est en effet empreinte.
des sentiments d'humanité les plus louables,
el son application Par des gradés intelligents
attrait sans doute d'assez bons résultats.
Malheureusement, et personne ne saurait
me contredire, le recrutement des cadres des
corps de discipline est extrêmement difficile,
et c'est par là que Pèche principalement le
système.
- Pour cette tâche de l'amélioration des dé-
générés que sont souvent les « cocos » et les
CI camisards » dont je signalais la difficulté
dans les Annales Coloniales du 9 eptembre,
on ne trouve guère que des gens d'une a pe-
tite patrie » spécialisés dans le rôle de
garde chiourme (Il suffit de consulter la liste
nominati\e de ces gradés pour s'en rendre
compte).
Si dans les corps de troupes métropolitains
il est souvent nécessaire de refréner ces gra-
dés dans leurs excès de zèle, c'est bien Pis
dans les corps de discipline et, leur faire com-
pl'endre, comme l'exige la circulaire citée
par ill-Ilazirice Garçon, que la bienveillance
doit devenir du parti pis, ça c'est une autre
affaire. et bien malin sera celui qui obtien-
dra ce résultat.
Si on ne peut supprimer ces « bagnes n,
qu'on cliange le recrutement des gradés et
ce sera Vessentiel.
C'est ce que M. le député Louis Rollin
peut demander au ministre de la Guerre aux
sentiments de justice et d'humanité auxquels
il fait appel.
Et avec l honorable député, nous sommes
d'avis que s'il faut que des fautes soient ex-
piees - parfois bien durement du moins
ne permettons pas que dans les lieux de l'ex-
piation, la méchanceté des hommes ajoute
aux peines prononcées par la justice des souf-
frances imméritées.
Monof-
:
Pour mie Mllure efficace de l'aracbie
Pour entretenir le développement des res-
sources agricoles du Sénégal, il faut être as-
suré de pouvoir compter sur le concours ef-
fectif et joyeux des cultivateurs indigènes,
écrit, avec raison. M, Lamime Guève dans
l'A. 0. F.
Et l'honorable avocat, docteur ès sciences
économiques, conseille de recourir à un pro-
cédé qui nous semble fort pratique :
En recrutant des adeptes, 011 doit leur assu-
rer, pour le temps à passer dans les centres
d expérimentation, l'allocation d'une indemnité
au moins égale à ce qu'ils peuvent retirer de
1 exploitation normale de leurs loughans. Les
aran ainsi apaisés de ce côté, on leur mettrait
alors entre les mains une charrue ou tout au-
tre instrument moderne de culture alliant à la
robustesse la simplicité dans le maniement et
dans l'entretien, étant d'ailleurs entendu que
la conduite des travaux serait dirigée, tout au
moins pour les débuts, par des Agents appar-
tenant au service de l'Agriculture et des Forêts.
La simple comparaison du rendement à l'hec-
tare et de l'économie de temps et d'efforts ré-
sultant de l'emploi des deux méthodes ferait
plus que les discours les plus documentés pour
décider l'indigène à se prononcer en faveur de
l'une plutôt que de l'autre de ces méthodes Et,
comme on aura pris soin de faire l'acquisition
d'instruments d'un prix'à 1a, portée de toutes
les bourses, ces instruments seraient laissés à
la disposition de leurs détenteurs avec des fa-
ciités de libération, et sous telles garanties qu'il
appartiendrait a l Adminislration de prescrire.
Revenu à sa terre avec un appareil moderne
qu'il aura appris à manier, à entretenir et à
réparer, en cas de besoin, l'indigène se met-
fra au travail en se guidant ,d'après des for.
mules nouvelles, et les résultats obtenus grâce
h l'emploi de ces formules constitueront le
meilleur des stimulants pour vulgariser les pro-
cédés modernes de l'agriculture parmi les po-
pulations du Sénégal.
Il nous apparaît que l'expérience vaut d'être
tentée. les crédits nécessaires pouvant être fa-
cilement fournis, dans des proportions à déter-
miner, par le budget local, le budget des com-
munes mixtes intéressées et l'encaisse des So-
ciétés indigènes de prévoyance.
A LA CHAMBRE
QUESTIONS ECRITES
Le jardin colonial de Nogent-siir-Marne
M. Paul Poncet, député, demande à M. le
Ministre des Colonies dans quel but d'ins-
pection des Eaux et Forêts chargée de la
direction du jardin colonial de Nogent-sur-
Marne, a fait construire une roulotte qui a
coûté à l'Etat, de 15.000 à 18.000 francs.
Réponse. - SVÉ la demande de nom-
breux carrossièrs de la place de Paris et
du Nord, l'atelier d'essais des bois colo-
niaux de Nogent-sur-Marne a construit une
remorque en bois coloniaux. Le but était
d'étudier ces bois au point de vue carros-
serie et d'expérimenter pratiquement leur
valeur. Cette remorque a été exposée à la
foire de Paris ; elle le sera également au
salon de l'automobile. Son prix de revient
ne dépasse pas 5.500 francs.
Une opinion belge sur le Gouverneur
de rOubaagui Chari
0
Nous avons appris avec la plus grande
satisfaction l'élévation à la seconde classe
de son grade, de M. Lamblin, lieutenant-
gouverneur de l'Oubangui-Chari, lisons-
nous dans l'Essort Colonial et Maritime.
Ce haut fonctionnaire est un des plus dis-
tingués et aussi des plus modestes du
Congo français.
L'Oubangui-Chari, depuis que M. Lam-
blin en a pris la direction, - il y a tantôt
sept ans, est devenu une des Colonies du
groupe, sur laquelle peuvent s'établir des
espérances sérieuses de développement.
Le premier soin de son gouverneur a été
d'abord de le repeupler, en regroupant les
villages, enfuis de la route des caravanes
administratives, et en. leur persuadant de
planter et de produire.
C'est ainsi que les vivres ne leur man-
quent plus, et que des centaines de mille,
pieds de caoutchouc Ceara et Hevea ont
été plantés et sont entretenus par eux et
ce n'est qu'un commencement 1
Les anciennes pistes ont été remplacées
partout par des routes automobiles qui as-
surent la liaison avec les colonies voisines
et celle du Tchad en particulier.
La situation économique est déjà très sa-
tisfaisante, et s'améliore chaque année au
fur et à mesure que se développent les
voies d'accès et les moyens de transport.
♦
L'aviation coloniale
-0-0--
Raid d'aviation militaire Paris-Maroc
L'Agence Française et Coloniale avait
annonce il y a quelques temps un pro-
iet de raid d'aviation militaire de Pans au
Maroc. Ce projet est sur le* point de se
réaliser. Cinq avions de série de l'armée
se rendront au Maroc par la voie de terre,
au-dessus de l'Espagne, en suivant l'itiné-
raire des lignes Latécoère. Le Directoire
espagnol a donné -les autorisations néces-
saires, et les aviateurs pourront se ravitail-
ler dans les aéro-gares Latécoère. Les équi-
pages excursionneront sur toute l'étendue
du Protectorat. Il s'agit surtout de procé-
der à des expérieuces d'endurance.
DÉPART DE MISSION
M. Bruneau de Laborie, chargé d'une
nouvelle mission en Afrique centrale par le
ministère des Colonies et la Société de géo-
graphie, s'est embarqué poMr Alger sur le
paouebot Duc-d'Aumale.
M. Bruneau de Laborie se rend d'abord
au Trbesti d'où il gagnera le littoral de
l'Atlantique en passant par la région de
l'Oubangui.
l COUBB Ji TUNISII
LA VIE ECONOMIQUE
Les huiles d'olives
Les industriels spécialisés dans la fabri-
cation de L'huile d'olive avec des procédés
et un outillage modernes se préoccupent
beaucoup en ce moment de la désodorisa-
tion de leurs produits. Il s'agirait d'intro-
duire dans la Régence, des procédés et du
matériel permettant d'obtenir cet impor-
tant résultat. Mais il serait indispensable,
auparavant, que le régime douanier en vi-
gueur fût modifié.
La campagne des huiles
- Dans le centre et le sud, la récolte sera
très réduite, en raison de l'extrême séche-
resse ; dans le nord, elle sera assez bonne.
Il y a cependant lieu de noter que' sans
attendre la cueillette dont près de deux
mois nous séparent encore, on commence
à vendre des huiles nouvelles. On vient, en
effet, de traiter à Sfax, une affaire à livrer
de 10.000 kilogs de masri de la prochaine
fabrication au prix de 500 francs les 100
kilogs avec prime de 25 francs par quintal
pour nos livraisons.
D'Europe, on a reçu des demandes
d'échantillons et de prix pour les huiles de
K première ».
Un troupeau de buffles -- --
Un petit troupeau de buffles, de 1 espe-
ce du baille de rlnde existe à l'ischkeul,
en Tunisie, où il vit à l'état sauvage.
L'origine de ce petit troupeau ne laisse
pas que d'être obscure. L'opinion commu-
ne, en Tunisie, est que ces buflles descen-
dent des buflles .impodés d'Italie par Ah-
med Bey (1837-1855) pour le service de son
artillerie. En réalité, il semble que les buf-
fles d'Ahmed Bey, lorsqu'on eut reconnu
leur utilité. aient -- été relàchés à l'ischkeul
avec les autres qui s'y trouvaient déjà a
l'état sauvage. Pélissier qui visita la région
de Mateur en 1846, parle des buffles de
l'Ischkeul sans indiquer leur introduction
récente, dont il aurait certainement eu con-
naissance, si cette introduction eût daté de
moins de dix ans. Au moment de l'occu-
pation, les buffles de l'Ischkeul s'élevaient
au nombre d'un'millier environ. Il en a été
détruit beaucoup à ce moment, et même
depuis.
D'après les recherches de M. L. Joleaud
et les nôtres, dans le détail desquelles nous
ne pouvons entrer ici, ces buitles parais-
sent être les derniers restes, redevenais
sauvages, des troupeaux de buffles que pos-
sédaient les" Carthaginois.
Le troupeau composé actuellement d'un
peu plus de cinquante têtes, est la propriété
personnelle du Bey. Une autorisation 'bey-
licale spéciale, rarement acordée, est né-
cessaire pour pouvoir chasser ces animaux.
Ils sont très voisins des buffles de l'Italie
et de l'Orient, avec lesquels ils ont évi-
demment une origine commune ; mais ils
s'en distinguent néanmoins par certains
caractères morphologiques qui les rappro-
chent des buffles de Ceylan, et s'opposent
à ce qu'on puisse admettre leur origine
toute récente.
CODBRIEiniJELftLQÊfflE
LA VIE ECONOMIQUE
Contre la vie chère
Le Gouvernement s'occupe de réprimer 1&
spéculation. Signalons-lui qu'à Constanti-
tine, notre collaborateur et ami M. Mori-
naud a radicalement supprimé les intermé-
diaires du marché" de cette ville, menaçant
d'expulsion et autres sanctions tous eux-
qui interviendraient dans les ventes.
Le port de Bône
Le port de Bône voit ses exportations d&
minerais augmenter graduellement chaque
année. En 1923, il est sorti par ce port
6G&.000 tonnes de phosphates provenant
des gisements du Djebel Koùif, et 445.000'
tonnes de fer, dont la majeure partie pro-
venait des Mines de l'Ouenza. Au total
1.109.000 tonnes de produits minéraux a
l'exploitaion. On prévoit que pour l'année
1924 ces chiffres seront largement dépassés.
Bône est devenu le grand port minier de
l'Algérie, et il s'outille pour faire face à
des chargements de minerais et de phos-
phates beaucoup plus considérables.
Les derniers cours d'Alaen,
Blé tendre colon supérieur, 113 à 115 fr.;
blé tendre du Maroc, ordinaire, 109 à 110
francs ; blé dur colon supérieur, suivant-
qualité, 133 à 136 francs ; blé dur ordinaire
123 à 128 fr. ; orge, 89 à 91 fr. ; avoine, 77
à 79 fr. maïs, 80 à 84 fr. ; foin, 32 à 55 fr. :
paille, 12 à 14 francs les 100 kilos.
Moutons, brebis, choix, 750 à 800 ;
moutons, brebis, autres, de 650 à 700 les
100 kilos, viande nette.
Même cours pour agneaux broutard.
Bœufs, vaches, choix, de 250 à 325 ;
bœufs, vaches, autres, de 200 à 250 : veaux
de lait, de 400 à 500 ; porcs, de 400 à 475
francs les 100 kilos, vif. -
Chevaux du pays, choix, 1.200 à 1.600 ;
autres, 700 à 1.100 ; mulets du pays, choix,
de 1.800 à 2.200 ; autres, de 1.200 à 1.700 la
pièce.
Vins : récolte 1924, toutes les qualités
réunies, le degré, 6 fr. à 6 fr. 75.
LES EVENEMENTS ET LES HOMMES
Des incendies de forêts
On signale de violents incendies de fo-
rêts sur plusieurs points du département
de Constantme, et on a déjà à déplorer de
grosses pertes dans les superbes massils
forestiers qui avoisinent Bône, Philippeville
et Souk- Ah ras. Certaines fermes, sur la
lisières de ces forêts, sont menacées. La
chaleur, dans ces régions, est devenue pres-
que insupportable.
Décidément les colons algériens n'ont pas
de chance cette année.
1 LES EVENEMENTS ET LES HOMMES
Les Syndicats d'initiative en Algérie
Le nombre des Syndicats d'intiative sub-
ventionnés était de 20. Un nouveau grou-
pement s'est depuis constitué à Ténietrel-
HaAad, pour la mise en valeur d'une richesse
touristique de premier ordre : la magnifi.
que forêt des Cèdres qui est d'ailleurs com.
prise dans le périmètre d'un parc national
Mais tandis que ce syndicat adhérait à lî
fédération, celle-ci réussissait à opérer k
fusion de Miliana et d'Aïn-N'Sour qui s<
partageaient le même champ d'action : li
région du Zacear, si intéressante au poin
de vue de l'estivage et des excursions ei
montagne.
La Colonie a réparti entre les divers or
ganisme de tourisme une somme globale d
168.000 francs en 1923, contre 165.000 e]
1922. En 1923, les syndicats d'Alger ont ot
tenu 116.000 francs, ceux d'Oran 25.000 fi
les syndicats de Constantine ont pris 24 50
fraacs.
Sur 168.000 de crédits :
Les bureaux du Gouvernement C'énêr
ont attribué à Alger la part du lion <
Constantine, par exemple, n'est pas coi
tente.
Le crimé d'un sexagénaire
L amour n a pas d'âge. La dame Adè
Guardiola, épeuse Alphonse Galibert, Agi
de 40 ans était la maltresse d'un nomn
Bacri, lui-même à-gé de G0 ans. Très jalot
Bacri lui faisait de fréquentes scènes
ces jours-ci une discussion ptes -orageu
se tei mina par trois coups de revolvt
deux pour le compte d'Adèle Guardiola., 1
autre que Bacri s'attribua.
Les deux balles ne firent à la maîtres
que de légères blessures
Quant à Barri, ce. fut plus important
le juge d'instruction ne lui a fait su]
qu'un inlciTogatoiré sommaire, en rais
de son état. D'ailleurs, il s'est borné
répondre au magistrat, que dans une let1
au procureur général, il indiquait tous
motifs de son act, Ce qui le préoccupe
plus, c'est la santé de Mme Galibert.
s'est montré satisfait de la savoir hors
danger. :
Les lettres trouvées sur lui, saisies 1
le parquet et datées du « jour de sa mor
semblent avoir été écrites il y a quel(
temps déjà. Les enveloppes sont, en ef
machurécs sur les bords ; ces lettres atl
tent en tous cas, la préméditation
drame.
Dans celles adressées aux journaux,
muel Bacri. exprime le désir qu'il ne
point parlé de lui, étant. « plus à plain
qu'il blâmer ». Dans celle adressée au ]
cureur général, il @ explique les raisons
son geste désespéré : la crainte de 1
Mme Galibert le quitter pour un autre 1
riche que lui.
Enfin, dans le mémoire laissé chez
patrons, MM. Fassina, 1, rue Savigna<
expose, par le détail, sa vie, ses malhe
son amour po-ur sa maltresse,
dépenses.
L'état de Samuel Bacri demeure 10ujc
très grave. L'examen - radioscopiqu.e.,
Ile lendemain, a révélé la présence dan
crâne d'une balle. Une opération chi
gicaie sera pratiquée.
Kt dans tout cela on ne parle pas d<
Galibert, le mari. Heureux pays !
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