Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1924-05-27
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32693410p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 27 mai 1924 27 mai 1924
Description : 1924/05/27 (A25,N75). 1924/05/27 (A25,N75).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
Description : Collection numérique : Thème : L'histoire partagée Collection numérique : Thème : L'histoire partagée
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6411183c
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 31/01/2013
VtNGl'-CJNQUIEME ANNEE. - N° 75 - - - - - - - -.. - -- - LE NUMERO : 20 CENTIMES - - - -- - --- - MARDI SOIR, 27. MAI 19S4 -
-. ", - -
Les Annales Coloniales
r" -. - JOURNAL QUOTIDIEN
US AKTKLH MtUÉS PAM "LES AIINAUSCOLONIAUS- SOMT LA PROPRIÉTÉ
EXCLUSIVE DU JOURNAL
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On s'abonne dam tons les Banan de porte et dai laa principaux libraires
- Les achats de raisins secs par la France
et les possibilités de production en Algérie
1
Je feuilletais récemment les. volumes de
statistique où sont publiés chaque année les
sésultats des transactions commerciales de
la' France avec ses colonies et les pays
étrangers. Ce sont d'énormes volumes que
rori consulte rarement, où s'alignent de lon-
igoes colonnes de chiffres. Je cherchais à
préciser l'importance atcuelle des achats
français en raisins secs et la part qu'y pre-
DaÏent les mations étrangères et les colonies
françaises.
En 19,18, l'armistice ne fut conclu que vers
H fin de l'année- ; les importations ne pou-
vaient être que peu considérables. Cepen-
dant, même en cette année de restrictions,
aous recevions 2.598 quintaux du Portugal,
18.509 d'Espagne, 38.755 de Grèce,
3-455 d'Egypte et 1. 7-21 d'autres pays
étrangers, soit au total 6.4.038 quintaux. Et
amis étions obligés, de débourser pour ces
acquisitions près de six millions de francs
(exactement 5.763.420). A l'Afrique du
Nord (Algérie et Tunisie), nous ne deman-
dions que 1.746 quintaux d'une valeur de
357^40 francs. A elles deux, elles ne four-
œsseni donc pas la 30e partie des raisins
secs consommés en cette année-là par la mé-
jrbpole.
En 1919, les conditions du commerce de-
viennent un peu plus normales; le contingent
fourni par nos colonies est-il plus considé-
sahle ? Il diminue au contraire, tandis
qu'augmente celui des fournisseurs étran-
gers. Les achats de la France grandissent :
ils-atteignent en Espagne 40.47 9 quintaux,
«n.Italie 5.582, en Grèce, 125.014, en Tur-
quie 5.049, en Egypte 2.416, et ailleurs
8.409. L'ensemble s'élève à 180.949 quin-
taux, au lieu de 64.038 l'aimée précéden-
te; et, comme le prix du quintal est passé
à 96 francs au lieu de 90, c'est une somme
rfe 17.378.104 fr. que nous avons été obli-
gés de payer à l'étranger. Pendant ce temps
fAlgérie ne nous envoyait que 659 quin-
taux, la Tunisie 240, et le Maroc 179 : à
die s trois 10.789, c'est-à-dire à peine la
ige partie des importations étrangères, et
ailes ne retiraient de leurs envois que
103.488 fr. ! , ,
- .- , ------- -1- _-.LL-
Enfin, en 1920, - et je m. excuse Ge ceue
accumulation de chiffres faite uniquement
pour bien préciser une situation- économi-
que, la France importait de la Grande-
Bretagne 1.454 quintaux de raisins secs, de
TEspagne 14,807, de la Grèce 36.686, de
la Turquie, 6.392, de l'Egypte 2.929, et
enfin d'autres pays étrangers 4.115, au to-
tal 66.383 quintaux. Le prix du quintal
avait plus que doublé ; il avait été porté
m quelques mois à 235 fr. ; par suite, nos
achats nous avaient coûté presque autant
qu'en 1919, soit 14.040.075 francs. Et la
fart de nos colonies nord-africaines était
toujours faible, de plus en plus faible : 443
quintaux pour l'Algérie et 104 pour la Tu-
nisie-. Le Maroc n'est même plus nommé
dans les statistiques. Tout leur gamme re-
présente que 115.620 frans. -. -
ft- Si arides que soient ces chiffres, ils ont
feur éloquence brutale ; ils signifient qu'en
Exance le marché des raisins secs est mo-
aopolisé par les étrangers, que jusqu'à
maintenant les colonies françaises ne sont
inteJvenues dans l'approvisionnement de la
métropole en cette denrée que pour des
quantités insignifiantes. Or, cette situation
ae saurait-elle être modifiée dans un délai
içssez court ? Quelques parties de l'Afrique
du Nord et notamment de l'Algérie ne se
trouvent-elles pas dans des conditions très
favorables à la production des raisins secs ?
€étte dernière colonie ne s'outille-t-elle pas
aujourd'hui en vue de cette culture et de
cette - fabrication ?
Que l'Algérie se trouve dans des condi-
tions climatériques favorables à la. culture
tje la vigne en général et au séchage des
raisins, nul ne saurait en douter. Toute la
légion tellienne est soumise à l'influence mé-
diterranéenne comme les contrées de la Grè-
ce, de l'Italie et de l'Espagne, grandes pro-
tectrices de ces fruits. Les étés y sont très
chauds et très secs ; les grains de raisins y
mûrissent si bien que leur richesse en sucre
n'est pas inférieure à celle des raisins ré-
coltés en Egypte ou en Asie-Mineure. Les
cépages blancs musqués y sont renommés
pour leur goût très parfumé. D'autre part
ifépoque du séchage des raisins correspond
ici et là à une période de sécheresse très
caractéristique du climat méditerranéem..
Tout spécialement, la vallée du Chélif, où
Y:aÏr est si sec que rarement on y observe
iM maladies cryptogamiques et la chaleur si
forte que la maturation des raisins est fort
Mtive, se prêterait' merveilleusement à cette
-inùustrie. Là, il y aurait tout avantage à
substituer la culture de la vigne pour>
iabrication de ces raisins secs à celle que
Ton pratique aujourd'hui pour le vin, car
malgré les procédés de vinification adoptés,
im froidissement des moûts ou mélange d'une
quantité dosée d'anhydride sulfureux, la
fermentation ne s'y fait pas toujours d'une
manière normale
Or, cette vallée du Chélif va être très
prochainement transformée par les grands
travaux hydrauliques que l'on y a entre-
pris ou que l'on va y entreprendre A côté
des céréales qu'elle produit actuellement en
grande abondance, 'elle se couvrira de cul-
tures forestières La production des raisins
ses et des vins liquoreux peut et doit être
pour elle une source de richesses Pour cela,
il import que les viticulteurs s'organisent,
qu'ils plantent les cépages les meilleurs,
qu'ils s'outillent en vue du séchage et de
l'expédition L'Administration algérienne les
encourage et les aide; récemment le Direc-
teur des Services agricoles de la colonie, M.
Vivet, écrivait : « Il suffirait de cultiver les
variétés de raisins convenant au séchage, le
Muscat d'Alexandrie ou la Panse Musquée,
avec lesquels on prépare les raisins dits de
Malaga, ou bien la Sultanine- ou raisin de
Smyrne sans pépin, qui se développent ad-
mirablement et fructifient d'une manière, re-
marquable dans la vallée au Chélif. Le sé-
chage des - raisins est une opération des plus
faciles à réaliser ; il suffit de préparer une
lessive chaude de soude bien dosée, d'y
faire tremper les raisins quelques secondes
et de faire ensuite sécher les grappes au
soleil sur des claies. » D'autres régions de
l'Algérie, de la Tunisie et du Maroc con-
viendraient aussi à cette culture et à cette
fabrication.
Pour peu que demain apporte les réalisa-
tions souhaitées et attendues, la France y
gagnera de n'être plus tributaire de l'étran-
ger pour la fourniture de ces fruits recher-
chés, certaines contrées de l'Afrique y trou-
veront une source de richesse appréciable,
enfin une partie de la viticulture africaine
s'orientera ainsi dans une voie où elle ne
risquera pas d'entrer en concurrence avec la
viticulture française.
Victor Demontès -
Chargé de cours au Collège de France.
M. Lucien Saint à Paris
-c--
M. Lucien Saint, Résident Général en
Tunisie, arrivé hier matin à Marseille par le
paquebot Gouverneur-Général-Grévy, est
rentré ce matin à Paris.
Les laines - de Madagascar
D'un article du Journal de Roubaix inti-
tulé : « Les Ventes publiques de laines à
Tourcoing M, nous extrayons les lignes sui-
vantes : -
« Un premier convoi de laines de Mada-
gascar est passé aujourd'hui sous le marteau
et fut adjugé au prix de 12 fr. 75 le kilo de
laine en suint. Ce petit envoi avait attiré l' at-
tention de nombreux acheteurs, et les enchères
furent très vives. Il convient, pour juger la
qualité de ce premier envoi, de remarquer que
les moutons avaient été importés dans la colo-
nie en avril 1923 et furent tondus en novembre
de la même année.
On constate que, malgré la fatigue à la-
quelle furent soumis ces animaux en 1920
pendant un voyage long et difficile, la -laine
était ne et de bonne qualité.
Il faut, bien entendu, pour se prononcer
définitivement sur la valeur des laines que Ma-
dagascar pourra produire, attendre les envois
qui seront faits à la fin de 1924. Mais, dès à
présent, on est en droit de conclure que la
laine du mouton mérinos pourra conserver ses
principales caractéristiques : finesse, douceur
et propreté.
L'accord anglo-italien
relatif au Djubaland
e. qo
La presse italienne se montre très satis-
faite de l'accord récemment intervenu entre
l'Angleterre et l'Italie au sujet du Djuba-
land. Après avoir donné lieu à bilen des dif-
ficultés, l'accord a été, en effet, réalisé dans
de bonnes conditions pour les deux parties.
Les négociations qui traînaient depuis 1919
ont fini poua- aboutir grâce à deséoncessions
réciprooues. L'Angleterre a renoncé à lier
l'affaire du Djubaland à celle du Dodéca-
nèse, malgré les affirmations à la tribune
de M. Thomas qui avait déclaré au mois de
mairs dernier que ces deux questions étaient
connexes. De son côté, l'Italie a abandonné
une partie de ses revendications territoriales
sur le Djubaland et a consenti à adopter
dans ses grandes lignes le tracé fixé en 1920
par MM. Milner et Scialoja. Ce compromis
facilitera sans doute les pourparlers enga-
gés à l'heure actuelle en ce qui concerne les
îles de la mer Egée.
L'accord lfelatif au Djubaland se chiffre
pour l'itajiie tpar un gain de territoire d'en-
viron 43.000 milles carrés qui va donner au
Somaliland une importance nouvelle.
RI Georles Barthélemy conteste
M. Georges Barthélémy, député du Pas-
de Calais jusqu'au 31 mai,qui a obtenu dans
les Etablissements français de Vlnde, 2.500
voix contre 35.000 à M. Angoulvant, con-
teste les opérations électorales pour irau;
des et a câblé en ce sens à la présidence
de la Chambre.
DANS LA LEGION D'HONNEUR
0 -
MINISTERE DBS COLONIES
Est promu : Commandeur : M. Guil-
laume, sous-directeur à l'Administration
centrale du ministère des Colonies.
Est nommé Chevalier : M. Audap, direc-
teur des services financiers de la Banque
nationale de crédit.
mHËjnmoiUHj iJ ET PROPIUINIE
L'affiche est un excel-
lent moyen de propa-
gande. Elle s'adresse à
la masse, et pour peu
qu'elle soit pittoresque-
ment conçue, elle pique
la curiosité et invite au
voyage. Parmi les meil-
leures, je suis heureux de
signaler celles relatives à l'Afrique du Nord
de ce délicat artiste qu'est Maurice Roin-
berg. Elles sont précisément a une place
d'honneur de la première Exposition Nord-
Africaine qui restera ouverte rue de la Ville-
l'Evêque jusqu'au 5 juin prochain. Les sa-
lons dp peinture, même ce que nous appe-
lons les petits salons, contribuent aussi
d'une manière efficace à la propagande.
Visités par une élite déjà prévenue en faveur
de ce qu'elle va regarder, ils attirent vers la
France lointaine ceux qui n'ont pas- encore
fait un tour aux pays du soleil; ils excitent à
la récidive ceux qui en ont gardé la nostal-
gie.
Soyons justes, l'Exposition tunisienne, de
Tunis-la-Blanche au désert, forme un très
bel ensemble. Les mattres de l'orientalisme
l'ont honorée d'envois importants. Voici
Albert Aublet, au dessin sûr, au coloris sim-
ple, dont nous admirons la « Bédouine dans
les ruines de Carthage », « la rue Sidi-ben-
Ziad à Tunis », qui offre un curieux effet
de perspective. Tout autre est Georges Ro-
chegrosse qui nous montre les aventures de
Salammbô avec des richesses rutilantes et
des tons étincelants. Le prince des orienta-
listes Etienne Dinet, qui a abandonné son
atelier du quai Voltaire pour l'Algérie,
expose Dans les lauriers-roses, il y est tou-
jours égal à lui-même. Nul mieux
gu'Edouard Doigneau ne sait tracer la sil-
houette d'un cheval d'Afrique ou de Ca-
margue. Citons de lui son « chasseur au
Sloughi » et ses chameaux. La sûreté du
dessin et la finesse de touche de Paul Leroy
se retrouvent dans « le jardin de l'Aga et
dans l'Oued ». Frédéric Montenard a en-
voyé « la source de Saba Osir ».
Les femmes ont apporté une importante
collaboration à cette Exposition où les visi-
teurs sont nombreux. Je citerai parmi les
meilleurs envois « dans le Sud » de Mlle
Fernande Cormier, «la Bédouine gardeuse de
moutons et les ânes », de Mlle Suzanne Cré-
pin, a Les bineuses de feves », de Mlle Fer-
nande David, un expréssif portrait de sor-
cière de Mme Dick Dumas, « le Colisée
d'El Djem », de la comtesse de Longchamp ;
a les Bédouines », de Mlle Adrienne Jou-
clard, où on retrouve toutes les qualités de
ses précédents envois aux salons; « les Mau-
resques au tapis », de Mme Andrée Joubert;
a le Miroir d'eau à Sidi bou Saïd », de
Mme Lucie Ranvier-Chartierj les aquarelles
d'une belle venue de Mlle Anna Morstadt;
la fraîcheur des couleurs de Mme Marie
Nivouliès.
Encore un mot: je m'en voudrais d ou-
blier et Dans les palmeraies », d'Henri Vil-
lain; les envois de Jules Taupin, qui trouve
ses meilleurs effets dans la sobriété; les
têtes très travaillées de Louis Rigal, les
mesquines de A. Jossot, moderniste et poin-
tilliste1.
Une section de sculpture un peu maigre,
une série d'objets d'art musulmmt, dont plu-
sieurs sont rares, complètent cet ensemble
auquel nous nous en voudrions de ne pas
joindre le tout petit souk avec ses tapis, ses
métiers, ses cuivres, ses parfums.
Telle quelle, cette première Exposition est
fort réussie, et nul doute qu'à l'automne pro-
chain, de nombreux touristes prendront le
.bateau pour le Nord-Afrique, séduits par
les mirages de ces artistes enchanteurs qui
ont su évoquer si bien la vérité.
Marcel Ruedel
L'aviation coloniale
Les lignes aériennes du Maroc
Voici quel a été le trafic des lignes aé-
riennes du Maroc en avril dernier :
1° Toulouse-Casablanca, 247.932 lettres
(fi.378 kilos) ;
20 Casablanca-Oran, 20.395 lettres (578
kilos).
Ces chiffres démontrent la progression
croissante des transports postaux œriens
sur les lignes Latécoère.
Et sur la seule ligne Toulouse-Casaiblan-
ca, voici la statistique comparative pour les
4 premiers mois de l'année : en 1980, 25.607
lettres : 1921. 59.586 lettres ; 1922, 261.015
lettres 1923, 778.081 lettres ; 1924, 1.081.476.
Le raid de Pelletier d'Oisy «
Le lieutenant Pelletier d'Oisy a eu, iller,
les honneurs de la séance à l'Académie des
Sciences. D'après une note de M. Louis
Bréguet, on a pu établir dans quelles con-
ditions l'aviateur a pu accomplir sa splen-
dide performance. Car, outre ses qualités
d'énergie personnelle, il dispose d'un ap-
pareil nouveau remarquable, surtout par
son endurance et son économie de combus-
tible.
Alors que, par exemple, les avions qui
font le service de Bucarest réalisent une
Vitesse de 150 kilomètres à l'heure, le lieu-
tenant Pelletier d'Oisy fait 180 kilomètres.
Ses vols ont été prolongés jusqu'à 2.000 ki-
lomètres sans escale ; son moteur, qui pou-
vait consommer 400 litres d'essence, n'en
a pas dépensé plus de deux cents. Enfin, il
n'a volé que 71 heures, pour aller de Paris
à Hanoï, ce qui met le tour du monde non
en 80 jours, mais en six. -
EIV A. 0. F
La situation économique
- 1 t.
Par ses statistiques, le Bulletin mensuel
de l'Agence Economique de l'A. 0. F. est
une publication de plus en plus impor-
tante, et nous relevons dans le numéro du
mois de mai, les renseignements suivants
qui sont à ajouter à ceux que les Annales
Coloniales ont publiés au fur et à mesure
des courriers de la Côte Occidentale d'Afri-
que.
En 1923, le mouvement commercial (im-
portations et exportations) de l'A. O. F.
s'est élevé à 952.361.930 francs, non com-
pris le commerce effectué par Port-
Etienne (Mauritaine) et par la Colonie du
Niger.
Les importations comptent dans ce chif-
fre pour 533.357.802 francs et les exporta-
tions pour 419.004.128 francs, contre res-
pectivement, en 1922, 351.508.480 francs et
311.353.650 francs. L'augmentation accusée
est donc de 51,7 aux importations et de
-84,5 aux exportations..
La part de la France et de ses colonies,
dans ce mouvement, a été de 485.703.574
francs, soit de 51 0/0, dont 236.527.713 fr.
ou 44,3 0/0 aux importations et 249.175.861
francs ou 59,4 0/0 aux exportations. Pour
1922, elle avait été de 342.571.4-63 francs,
soit de 51,6 0/0, dont 158.744.646 francs ou
45,1 0/0 aux importations et 183.823.817 fr.
ou 59 0/0 aux exportations.
Cette importante plus-value est due da-
vantage à l'intensification du mouvement
commercial (quantités de marchandises et
produits importés ou exportés) qu'au relè-
vement des prix résultant du déséquilibre
des Ranges, car pour beaucoup d'articles
qui sont mercurialisés les valeurs servant
de base pour l'établissement des statisti-
ques n'ont pas subi, au cours de l'année,
de modifications sensibles.
Il n'est pas encore possible de donner,
pour les quantités et valeurs des marchan-
dises et produits importés ou exportés, des
chiffres précis. On peut dire, en tout cas,
que la plupart des principaux articles ac-
cusent des augmentations très intéressan-
tes.
Pour janvier 1924, les recettes doua-
nières de l'A. O. F. se sont élevées à 11
millions 163.131 fr. en augmentation de
4.500.000 fr. sur celles de janvier 1923, et
se décomposant ainsi pour les Colonies du
groupe :
Sénégal 5.957.838 fr. ; Dahomey 2.745.760;
Côte dlvoire 1.285.264 ; Guinée Fran;aise
566.278 ; Soudan Français 521.007 ; Haute-
Volta 86.984.
Sénégal
Un fait social important est à retenir: l'es-
prit de prévoyance commence à s'implanter
chez l'indigène ; il en résulte qu'il attache
une valeur réelle à la monnaie fiduciaire
pour laquelle, jusqu'ici, il éprouvait quel-
que éloignement. Aussi la traite des ara-
chides, après avoir marqué un ralentisse-
ment très net, a-t-elle repris de façon très
active ; les exportateurs ont poursuivi leurs
achats et, pourtant, les stocks provenant
de la dernière récolte ne sont pas épuisés.
On estime à deux cinquièmes les quantités
encore en réserve, car les indigènes met-
tent moins de hltte à se débarasser de leurs
produits.
Néanmoins, l'Administration a veillé
avec un soin particulier à ce que les cul-
tivateurs conservent la quantité de graines
nécessaires, à leurs ensemencements. Il est
vrai que, pour l'avenir, un décret du 11 jan-
vier 1924, rendu sur la proposition de M. le
Gouverneur Général Carde,, réglemente
le commerce des arachides ainsi que les
dates d'ouverture et de fermeture de la
traite. On arrivera ainsi à la suppression
des transactions d'arrière-traite qui por-
tent précisément sur les stocks de semen-
ces.
La date de l'ouverture' et de la fermeture
de la traite sera désormais fixée par le
Gouvernement Général, après consultation
des Chambres de Commerce et des Con-
seils de Nolables
Du 16 janvier au 15 février 1924, il a été
exporté en chiffres ronds, par les divers
ports de la colonie, 50.700 tonnes d'arachi-
des dont 32.000 à destination de la Métro-
pole et 18.700 à destination de l'étranger.
Depuis le premier janvier 1924, le total des
exportations s'élève à 67.150 tonnes, dont
43.800 pour la France et 23.350 pour Pétran-
Ser- -"
- On constate un fonctionnement normal 1
des salines du Sine-Saloum et des huile-
ries de Dakar et de Kaolack.
Le montant des ibillets ̃ de banque de
l'Afrique Occidentale en circulation ou en
caisse s'élevait, au 31 janvier 1924, à 341
millions 616.000, supérieur de 14.165.800 à
celui constaté au 31 décembre 1923, accru
du montant des billets dé la Banque de
France surchargés d'une griffe mis en cir-
culation le mois dernier ; ce chiffre" est
suffisant pour satisfaire aux transactions
du moment. Du reste, la Colonie a de-
mandé à ce que, sur le stock de jetons mé-
talliques reçus de la Métropole, une somme
.de trois millions lui soit réservée. Ces je-
tons sont destinés à remplacer les petites
coupures en papier trop rapidement dété-
riorées. ,
_- '1' JI'" Ain!':" -
Un arrêté local du 10 mars 1924 orga-
nise cette institution en précisant son but,
qui est d'exécuter les irechercthes de toute
nature se rapportant à la culture de l'ara-
chide. Elle comprend des champs d'expé-
riences, un laboratoire de génétique, en vue
de la sélection, un laboratoire d'étude des
maladies et des parasites, un artelier d'es-
sais de machines de culture et de traite-
ment des récoltes. De plus, afin de main-
tenir aux travaux de la station leur carac-
tère d'intérêt général à l'égard de la pro-
duction de l'arachide en A.O.F., le Lieu-
tenant-Gouverneur du Sénégal et les Lieu-
tenants-Gouverneurs des autres colonies in-
téressées communiquent directement entre
eux pour tous échanges de renseignements,
de rapports et d'études et tous envois de
graines, produits, échantillons divers, se
rapportant aux recherches entreprises par
la station.
Les recettes du Chemin de fer de Thiès
à Kayes se sont élevées, pour le mois de dé-
cembre 1923 aux chiffres suivants (tonna-
ge kilométrique) : 1
G. V. Bagages et messageries, 64.427 t.k.
P. V. Arachides, 999.998 ; Mil, 5.44e ; Riz,
27.749 ; Epicerie, farine, vins, 62.088 ; Tis-
sus, matières d'importation, 20.254 ; Alcool,
207 ; Matériaux de construction, 27.474 ;
Retour d'emballages, 5.373 ; Marchandises
diverses, 317.137. Au total : 1.365.726 tir.
Tranport de la construction, 4.892 -tk ;
Voyageurs kilomètres, 6.491.875 vk ;
Recettes du trafic, 2.098.817 francs.
On signale qu'une automobile a parcouru
le -trajet ÛRunsque-iSaint-Louis et retour
dans des conditions très favorables.
Guinée
L'activité commerciale des derniers mois
de 1923 s'est maintenue en janvier 1924, et
la traite est restée importante grâce à l'élé-
vation des cours des produits du cru. Tou-
tefois, les indigènes, bien pourvus de numé-
raire, gardent leur récolte de riz, pour la-
quelle on peut prévoir une hausse sérieuse.
Il a été traité 4001 tonnes dans le cercle de
Kankan.
Les bananes se vendaient, quai Conakry,
36 francs la caisse de 40 kilos. La produc-
tion annuelle peut IMre évaluée à environ.
3.000 tonnes, dont 904 ont été exportées.
Ce chiffre sera de beaucoup dépassé quand
des moyens d'évacuation suffisants existe-
- ront.
Les ananas coûtent, à Conakry, 1 franc
le kilo ; 50 tonnes ont été exportées.
La production du caoutchouc a augmenté
en même temps que sa qualité s'améliorait.
L'Office guinéen du caoutchouc n'a trouvé
qu'une faible quantité de lots à rebuter.
Dans le cercle de Kankan, 50 tonnes de bel-
le qualité ont été achetées.
Sur les colas, les transactions ont été
très actives dans la même région, grâce au
passage des colporteurs qui les emportent
au Soudan et en Guinée portugaise.
Le rendement du coton parait devoir être
important. Le commerce l'a payé à Kankan
13 fr. le kilo.
Les peaux de bœufs ont donné lieu à des
transactions animées, car, à cette époque,
les abatages augmentent d'importance afin
de nourrir les travailleurs occupés à la ré-
colte.
Pendant le mois de janvier dernier, dans
le cercle de Kankan, les cultivateurs ont
continué le déehaumage des rizières. Dans
ce cercle, on comptait, au 31 janvier, 118
cultivateurs à la charrue et 150 inscrits
pour des cessions de matériel agricole.
Lés indigènes ont commencé à préparer
les terrains pour les semailles.
La superficie des terrains cultivés en riz,
en arachides et en céréales a été considé-
rablement augmentée.
Pour l'année 1923 les résultats du trafic
du chemin de fer de Conakry au Niger ont
été les suivantes :
Voyageurs :
Nombre, 121.254 ; voyageurs kilomètres.
10.192.988.
Marchandises :
Tonnage, 33.395 t. 158* ; tonnes kilométri-
ques, 13.179.733 t.
Et il a été transporté pendant cette même
année 1:923 les marchandises suivantes :
Tissus, 1.003 t. 6 ; kolas 137,4 ; cuirs,
1.407,7 ; sel, 6.642, 1; arachides, 1.780,6 ;
riz, 5.871,5 ; .caoutchouc, 1.214,7.
Côte d'Ivoire
Aux renseignements très complets que
nous avons donnés récemment sur la situa-
tion économique de celte colonie nous de-
vons noter qu'à la sortie, dans le service de
Ja navigation le pavillon national cède le
pas aux pavillons anglais et américains,
à cause des fortes-exportations de bois des
tinés à l'Angleterre et aux Etats-Unis.
Dahomey
La reprise des expéditions de palmistes
à destination' de l'Europe marque une
avance de 286 tonnes, qui aurait été supé-
rieure si certaines Compagnies anglaises
avaient pu exporter leurs stocks, mais elles,
attendent Q&s ordres à cause des fluctua-
tions du change.
Signalons que l'établissement d'une voie
ferrée Decauville entre Abomey, Zagnana-
1 do et Bohicon est commencée.
Soudan français
La foire de Tomhouctou a attiré une
affluenee considérable, ce qui est un succès
remporté par le Commandant du cercle, le
commandant Fouché. L'azalale d'hiver qui
vint à Tombouctou pendant cette foire com-
prenait 2.468 chameaux et a rapporté 9.926
barres de sel de Taodéni.
A la foire de Mojpti, ont surtout été trai-
tés ie coton, la laine et les arachides.
Celle ide Niafunké avait attiré beaucoup
d'indigènes qui ont apporté du mil, du riz,
des bandes de coton,, des couvertures en
laine, des objets en cuir ouvragé.
Dans le cercle de Satadougou, la campa-
gne de l'or a pris fin plus tôt que de cou-
tume par suite de la fin prématurée de l'hi-
vernage. Il n'est plus exécuté que des tra-
vaux d'installation et de réorganisation.
Haute-Volta
La situation a tendance Ú s'améliorer et
les transactions locales sont en augmenta-
tion. Les expéditions de bœufs et de mou-
tons pour la Gold-Ooast se sont accrues et
les prix se sont élevés. Le cercle de Tenko-
doigo signale l'exportation, en janvier, de
2.388 bœufs, 3.286 moutons et 43 chevaux.
Une céunion de .commerçants a décidé,
d'accord avec l'Administration, de payer
les prix suivants pour le coton, au cours de
la campagne 1924 : 5 francs le kilo égrené,
1 franc le kilo non égrené à Ouagadougou,
Nako, Ouahigouya, Koudougou ; 4 fr. 50 et
0 fr.
Nako, 80 le kilo à Tenkodogo et Kaya ; 4
francs et 4 fr. 50 le kilo de coton égrené
dans le cercle de Bobo.
La foire de Pouytenga, dans le cercle dev
Tenkodogo, a été fréquentée par de nom-
breux exposants et acheteurs et les tran-
sactions ont été animées.
A Saria, dans le cercle de Koudougou,
une station agricole a été fondée ; des es-
sais de culture du coton à la charrue vont-
y être tentés.
La récolte du kapok est commencée et
paraît suffisante pour donner satisfaction,
aux demandes des commerçants de la Cote:
d'Ivoire.
L'état sanitaire du bétail s'est amélioré..
Le chef du service zootechnique a fait unei.
tournée dans la région de Tenkodogo pour"-
sélectionner les animaux reproducteurs.:
destinés à reconstituer le cheptel local
A la bergerie de Tourcoingbam, l'accli-
maternent du troupeau se poursuit norma-
lement ; depuis deux mois, il n'y a pas eu-
de pertes.
Niger
On envisage la création d'une ligne allant
de Gabès à Bilma, par Bir Pistor et Dane'-
Deux officiers, relevant respectivement de
l'Algérie et du Niger, se sont rencontrés à
Djado, en avril, pour étudier cette question.
Pour régler certaines questions de pâtu-
rage, les commandants des cercles d'Aga-
dès et de Tahoua, ainsi que le résident de
Tamanrasset, se sont réunis à Agadès
avec les chefs indigènes de leurs territoires.
Les résultats de cette conférence ont été
des plus satisfaisants et l'entente a été
complète entre les différents chefs de l'Air
et du Hoggar.
,
Les "sidis"
ô
Hier, vers onze heures du soir, un journalier,
demeurant 128, rue Saint-Martin, à Paris, M.
André Ancelin fut pris à partie, dans cette
même rue par l'Algérien Ben Ali. domicilié 13,
rue de Venise. L'Algérien lui porta un coup de
couteau au. sein droit. La victime a été dirigée
sur l'Hôtel-Dieu dans un état grave.
L'agresseur de l'Algérien Amghar Amar, qui
avait été blessé de deux coups de couteau au
ventre au cours de la discussion, place de la
Caserne, à Saint-Denis, n'a pas tardé à être
retrouvé
Caserne, à l'hôpital Bichat, où lui-même s'était
fait admettre.
C'est un de ses coreligionnaires, Chaial
Thahieli, manœuvre, 'âgé de vingt-sept ans et
domicilié place Victor-Hugo, à Saint-Dènis. Pour
se défendre d'Amghar qui l'avait provoqué et
frappé d'un coup de couteau à la joue, Chalal
avait riposté.
M. Tiha, commissaire de police, a consigné
les deux Algériens à sa disposition.
'Nos confrères d'Algérie trouveront-
ils que j'exagère en demandant des mesu-
res de protection contre ces énergumënee
qui ensanglantent Je pavé parisien d'où les
apaches sont pour ainsi dire disparus ?
Il faut reconnaître cependant avec un de
nos confrères de la presse sportive qu'il y
a un peu de la faute de certains de nos
concitoyens et - concitoyennes qui, sous pré-
texte qu'un indigène de nos colonies ba-
raguine un peu de français, tombent en
extase et leur accordent toutes sortes de
faveurs. C'est aussi la faute de ceux qui,
sans les avoir, suffisamment armés contre
les tentations de la vie européenne, ont
laissé partir ces pauvres bougres ryur d'al-
léchantes promesses de gros salaires et de
vie paradisiaque.
Il faut de suite faire une sélection entre
les sidis. G'arder les bons,, car il y en a,
Les protéger, les conseiller et renvoyer les
mauvais dans leur pays d'origine.
Eugène Devaux
Les lais de mer
--0.0---
Les lais de mer, J dépôts marins for,..
més sur le littoral et émergeant au-dessus -
du grand flot déterminent la limite du ri-
vage. Il est peu de questions ayant eu aW
Tonkin le privilège de soulever autant def
difficultés, autant de conflits, que celle de
l'aménagement et de l'attribution des lais
de mer.
La population, sur tout le littoral, atteint
une densité plus forte que dans le reste-du
Delta. Le genre de vie que mènent les ha-
bitants, là où les côtes ne sont pas abrup-
tes, où l'arriètre-pays se prête facilement à
la culture - et c'est le cas du Tonkin - est
propice à la collaboration familiale, car il
unit les occupations lucratives de la mer,
cabotage et pêche, à celles de la terre. La
fertilité des terres d'alluvion est extrême ;
qu'elles soient complantées en jonc ou
converties en rizières, leur rendement dé-
passe largement celui des autres champs.
- Le jonc, en effet, qui est la première cul-
ture susceptible de réussir sur les alluvions
marines, rapporte entre 60 et 80$par an.
Les convoitises que l'occupation de ces ter-
rains éveille s'explique donc aisément ;
les rivalités qu'elle suscite ont une âpreté
qu'on ne soupçonne pas. Etendre la surface
cultivable est la grande préoccupation des
villages de la zone maritime. Aussitôt 'que
la mer laisse apparaître une alluvion, les.
riverains s'empressent de s'en emparer.
Mais tant qu'ils ne sont pas solidifiés, les
lais de mer sont exposés à disparaître sous-
l'assaut répété des flots et des courants ou
la ruée des raz de marée. II est donc né-
cessaire, pour pouvoir les mettre en valeur,
de les consolider par toute une série de tra-
vaux : drainages pour l'assèchement, cons-
truction de digues pour la défense contre
l'eau salée et (l'emmagasinage de l'eau
douce, canaux'd'irrigation. L'exécution de
ces travaux, que la nature du sol retarde
parfois pendant plusieurs années, est oné-
reuse et excède souvent les ressources des
villages. Force leur est alors de recourir
à des emprunts ou de traiter avec des tiers.
L'intervention de ces derniers, comme on
-. ", - -
Les Annales Coloniales
r" -. - JOURNAL QUOTIDIEN
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- Les achats de raisins secs par la France
et les possibilités de production en Algérie
1
Je feuilletais récemment les. volumes de
statistique où sont publiés chaque année les
sésultats des transactions commerciales de
la' France avec ses colonies et les pays
étrangers. Ce sont d'énormes volumes que
rori consulte rarement, où s'alignent de lon-
igoes colonnes de chiffres. Je cherchais à
préciser l'importance atcuelle des achats
français en raisins secs et la part qu'y pre-
DaÏent les mations étrangères et les colonies
françaises.
En 19,18, l'armistice ne fut conclu que vers
H fin de l'année- ; les importations ne pou-
vaient être que peu considérables. Cepen-
dant, même en cette année de restrictions,
aous recevions 2.598 quintaux du Portugal,
18.509 d'Espagne, 38.755 de Grèce,
3-455 d'Egypte et 1. 7-21 d'autres pays
étrangers, soit au total 6.4.038 quintaux. Et
amis étions obligés, de débourser pour ces
acquisitions près de six millions de francs
(exactement 5.763.420). A l'Afrique du
Nord (Algérie et Tunisie), nous ne deman-
dions que 1.746 quintaux d'une valeur de
357^40 francs. A elles deux, elles ne four-
œsseni donc pas la 30e partie des raisins
secs consommés en cette année-là par la mé-
jrbpole.
En 1919, les conditions du commerce de-
viennent un peu plus normales; le contingent
fourni par nos colonies est-il plus considé-
sahle ? Il diminue au contraire, tandis
qu'augmente celui des fournisseurs étran-
gers. Les achats de la France grandissent :
ils-atteignent en Espagne 40.47 9 quintaux,
«n.Italie 5.582, en Grèce, 125.014, en Tur-
quie 5.049, en Egypte 2.416, et ailleurs
8.409. L'ensemble s'élève à 180.949 quin-
taux, au lieu de 64.038 l'aimée précéden-
te; et, comme le prix du quintal est passé
à 96 francs au lieu de 90, c'est une somme
rfe 17.378.104 fr. que nous avons été obli-
gés de payer à l'étranger. Pendant ce temps
fAlgérie ne nous envoyait que 659 quin-
taux, la Tunisie 240, et le Maroc 179 : à
die s trois 10.789, c'est-à-dire à peine la
ige partie des importations étrangères, et
ailes ne retiraient de leurs envois que
103.488 fr. ! , ,
- .- , ------- -1- _-.LL-
Enfin, en 1920, - et je m. excuse Ge ceue
accumulation de chiffres faite uniquement
pour bien préciser une situation- économi-
que, la France importait de la Grande-
Bretagne 1.454 quintaux de raisins secs, de
TEspagne 14,807, de la Grèce 36.686, de
la Turquie, 6.392, de l'Egypte 2.929, et
enfin d'autres pays étrangers 4.115, au to-
tal 66.383 quintaux. Le prix du quintal
avait plus que doublé ; il avait été porté
m quelques mois à 235 fr. ; par suite, nos
achats nous avaient coûté presque autant
qu'en 1919, soit 14.040.075 francs. Et la
fart de nos colonies nord-africaines était
toujours faible, de plus en plus faible : 443
quintaux pour l'Algérie et 104 pour la Tu-
nisie-. Le Maroc n'est même plus nommé
dans les statistiques. Tout leur gamme re-
présente que 115.620 frans. -. -
ft- Si arides que soient ces chiffres, ils ont
feur éloquence brutale ; ils signifient qu'en
Exance le marché des raisins secs est mo-
aopolisé par les étrangers, que jusqu'à
maintenant les colonies françaises ne sont
inteJvenues dans l'approvisionnement de la
métropole en cette denrée que pour des
quantités insignifiantes. Or, cette situation
ae saurait-elle être modifiée dans un délai
içssez court ? Quelques parties de l'Afrique
du Nord et notamment de l'Algérie ne se
trouvent-elles pas dans des conditions très
favorables à la production des raisins secs ?
€étte dernière colonie ne s'outille-t-elle pas
aujourd'hui en vue de cette culture et de
cette - fabrication ?
Que l'Algérie se trouve dans des condi-
tions climatériques favorables à la. culture
tje la vigne en général et au séchage des
raisins, nul ne saurait en douter. Toute la
légion tellienne est soumise à l'influence mé-
diterranéenne comme les contrées de la Grè-
ce, de l'Italie et de l'Espagne, grandes pro-
tectrices de ces fruits. Les étés y sont très
chauds et très secs ; les grains de raisins y
mûrissent si bien que leur richesse en sucre
n'est pas inférieure à celle des raisins ré-
coltés en Egypte ou en Asie-Mineure. Les
cépages blancs musqués y sont renommés
pour leur goût très parfumé. D'autre part
ifépoque du séchage des raisins correspond
ici et là à une période de sécheresse très
caractéristique du climat méditerranéem..
Tout spécialement, la vallée du Chélif, où
Y:aÏr est si sec que rarement on y observe
iM maladies cryptogamiques et la chaleur si
forte que la maturation des raisins est fort
Mtive, se prêterait' merveilleusement à cette
-inùustrie. Là, il y aurait tout avantage à
substituer la culture de la vigne pour>
iabrication de ces raisins secs à celle que
Ton pratique aujourd'hui pour le vin, car
malgré les procédés de vinification adoptés,
im froidissement des moûts ou mélange d'une
quantité dosée d'anhydride sulfureux, la
fermentation ne s'y fait pas toujours d'une
manière normale
Or, cette vallée du Chélif va être très
prochainement transformée par les grands
travaux hydrauliques que l'on y a entre-
pris ou que l'on va y entreprendre A côté
des céréales qu'elle produit actuellement en
grande abondance, 'elle se couvrira de cul-
tures forestières La production des raisins
ses et des vins liquoreux peut et doit être
pour elle une source de richesses Pour cela,
il import que les viticulteurs s'organisent,
qu'ils plantent les cépages les meilleurs,
qu'ils s'outillent en vue du séchage et de
l'expédition L'Administration algérienne les
encourage et les aide; récemment le Direc-
teur des Services agricoles de la colonie, M.
Vivet, écrivait : « Il suffirait de cultiver les
variétés de raisins convenant au séchage, le
Muscat d'Alexandrie ou la Panse Musquée,
avec lesquels on prépare les raisins dits de
Malaga, ou bien la Sultanine- ou raisin de
Smyrne sans pépin, qui se développent ad-
mirablement et fructifient d'une manière, re-
marquable dans la vallée au Chélif. Le sé-
chage des - raisins est une opération des plus
faciles à réaliser ; il suffit de préparer une
lessive chaude de soude bien dosée, d'y
faire tremper les raisins quelques secondes
et de faire ensuite sécher les grappes au
soleil sur des claies. » D'autres régions de
l'Algérie, de la Tunisie et du Maroc con-
viendraient aussi à cette culture et à cette
fabrication.
Pour peu que demain apporte les réalisa-
tions souhaitées et attendues, la France y
gagnera de n'être plus tributaire de l'étran-
ger pour la fourniture de ces fruits recher-
chés, certaines contrées de l'Afrique y trou-
veront une source de richesse appréciable,
enfin une partie de la viticulture africaine
s'orientera ainsi dans une voie où elle ne
risquera pas d'entrer en concurrence avec la
viticulture française.
Victor Demontès -
Chargé de cours au Collège de France.
M. Lucien Saint à Paris
-c--
M. Lucien Saint, Résident Général en
Tunisie, arrivé hier matin à Marseille par le
paquebot Gouverneur-Général-Grévy, est
rentré ce matin à Paris.
Les laines - de Madagascar
D'un article du Journal de Roubaix inti-
tulé : « Les Ventes publiques de laines à
Tourcoing M, nous extrayons les lignes sui-
vantes : -
« Un premier convoi de laines de Mada-
gascar est passé aujourd'hui sous le marteau
et fut adjugé au prix de 12 fr. 75 le kilo de
laine en suint. Ce petit envoi avait attiré l' at-
tention de nombreux acheteurs, et les enchères
furent très vives. Il convient, pour juger la
qualité de ce premier envoi, de remarquer que
les moutons avaient été importés dans la colo-
nie en avril 1923 et furent tondus en novembre
de la même année.
On constate que, malgré la fatigue à la-
quelle furent soumis ces animaux en 1920
pendant un voyage long et difficile, la -laine
était ne et de bonne qualité.
Il faut, bien entendu, pour se prononcer
définitivement sur la valeur des laines que Ma-
dagascar pourra produire, attendre les envois
qui seront faits à la fin de 1924. Mais, dès à
présent, on est en droit de conclure que la
laine du mouton mérinos pourra conserver ses
principales caractéristiques : finesse, douceur
et propreté.
L'accord anglo-italien
relatif au Djubaland
e. qo
La presse italienne se montre très satis-
faite de l'accord récemment intervenu entre
l'Angleterre et l'Italie au sujet du Djuba-
land. Après avoir donné lieu à bilen des dif-
ficultés, l'accord a été, en effet, réalisé dans
de bonnes conditions pour les deux parties.
Les négociations qui traînaient depuis 1919
ont fini poua- aboutir grâce à deséoncessions
réciprooues. L'Angleterre a renoncé à lier
l'affaire du Djubaland à celle du Dodéca-
nèse, malgré les affirmations à la tribune
de M. Thomas qui avait déclaré au mois de
mairs dernier que ces deux questions étaient
connexes. De son côté, l'Italie a abandonné
une partie de ses revendications territoriales
sur le Djubaland et a consenti à adopter
dans ses grandes lignes le tracé fixé en 1920
par MM. Milner et Scialoja. Ce compromis
facilitera sans doute les pourparlers enga-
gés à l'heure actuelle en ce qui concerne les
îles de la mer Egée.
L'accord lfelatif au Djubaland se chiffre
pour l'itajiie tpar un gain de territoire d'en-
viron 43.000 milles carrés qui va donner au
Somaliland une importance nouvelle.
RI Georles Barthélemy conteste
M. Georges Barthélémy, député du Pas-
de Calais jusqu'au 31 mai,qui a obtenu dans
les Etablissements français de Vlnde, 2.500
voix contre 35.000 à M. Angoulvant, con-
teste les opérations électorales pour irau;
des et a câblé en ce sens à la présidence
de la Chambre.
DANS LA LEGION D'HONNEUR
0 -
MINISTERE DBS COLONIES
Est promu : Commandeur : M. Guil-
laume, sous-directeur à l'Administration
centrale du ministère des Colonies.
Est nommé Chevalier : M. Audap, direc-
teur des services financiers de la Banque
nationale de crédit.
mHËjnmoiUHj iJ ET PROPIUINIE
L'affiche est un excel-
lent moyen de propa-
gande. Elle s'adresse à
la masse, et pour peu
qu'elle soit pittoresque-
ment conçue, elle pique
la curiosité et invite au
voyage. Parmi les meil-
leures, je suis heureux de
signaler celles relatives à l'Afrique du Nord
de ce délicat artiste qu'est Maurice Roin-
berg. Elles sont précisément a une place
d'honneur de la première Exposition Nord-
Africaine qui restera ouverte rue de la Ville-
l'Evêque jusqu'au 5 juin prochain. Les sa-
lons dp peinture, même ce que nous appe-
lons les petits salons, contribuent aussi
d'une manière efficace à la propagande.
Visités par une élite déjà prévenue en faveur
de ce qu'elle va regarder, ils attirent vers la
France lointaine ceux qui n'ont pas- encore
fait un tour aux pays du soleil; ils excitent à
la récidive ceux qui en ont gardé la nostal-
gie.
Soyons justes, l'Exposition tunisienne, de
Tunis-la-Blanche au désert, forme un très
bel ensemble. Les mattres de l'orientalisme
l'ont honorée d'envois importants. Voici
Albert Aublet, au dessin sûr, au coloris sim-
ple, dont nous admirons la « Bédouine dans
les ruines de Carthage », « la rue Sidi-ben-
Ziad à Tunis », qui offre un curieux effet
de perspective. Tout autre est Georges Ro-
chegrosse qui nous montre les aventures de
Salammbô avec des richesses rutilantes et
des tons étincelants. Le prince des orienta-
listes Etienne Dinet, qui a abandonné son
atelier du quai Voltaire pour l'Algérie,
expose Dans les lauriers-roses, il y est tou-
jours égal à lui-même. Nul mieux
gu'Edouard Doigneau ne sait tracer la sil-
houette d'un cheval d'Afrique ou de Ca-
margue. Citons de lui son « chasseur au
Sloughi » et ses chameaux. La sûreté du
dessin et la finesse de touche de Paul Leroy
se retrouvent dans « le jardin de l'Aga et
dans l'Oued ». Frédéric Montenard a en-
voyé « la source de Saba Osir ».
Les femmes ont apporté une importante
collaboration à cette Exposition où les visi-
teurs sont nombreux. Je citerai parmi les
meilleurs envois « dans le Sud » de Mlle
Fernande Cormier, «la Bédouine gardeuse de
moutons et les ânes », de Mlle Suzanne Cré-
pin, a Les bineuses de feves », de Mlle Fer-
nande David, un expréssif portrait de sor-
cière de Mme Dick Dumas, « le Colisée
d'El Djem », de la comtesse de Longchamp ;
a les Bédouines », de Mlle Adrienne Jou-
clard, où on retrouve toutes les qualités de
ses précédents envois aux salons; « les Mau-
resques au tapis », de Mme Andrée Joubert;
a le Miroir d'eau à Sidi bou Saïd », de
Mme Lucie Ranvier-Chartierj les aquarelles
d'une belle venue de Mlle Anna Morstadt;
la fraîcheur des couleurs de Mme Marie
Nivouliès.
Encore un mot: je m'en voudrais d ou-
blier et Dans les palmeraies », d'Henri Vil-
lain; les envois de Jules Taupin, qui trouve
ses meilleurs effets dans la sobriété; les
têtes très travaillées de Louis Rigal, les
mesquines de A. Jossot, moderniste et poin-
tilliste1.
Une section de sculpture un peu maigre,
une série d'objets d'art musulmmt, dont plu-
sieurs sont rares, complètent cet ensemble
auquel nous nous en voudrions de ne pas
joindre le tout petit souk avec ses tapis, ses
métiers, ses cuivres, ses parfums.
Telle quelle, cette première Exposition est
fort réussie, et nul doute qu'à l'automne pro-
chain, de nombreux touristes prendront le
.bateau pour le Nord-Afrique, séduits par
les mirages de ces artistes enchanteurs qui
ont su évoquer si bien la vérité.
Marcel Ruedel
L'aviation coloniale
Les lignes aériennes du Maroc
Voici quel a été le trafic des lignes aé-
riennes du Maroc en avril dernier :
1° Toulouse-Casablanca, 247.932 lettres
(fi.378 kilos) ;
20 Casablanca-Oran, 20.395 lettres (578
kilos).
Ces chiffres démontrent la progression
croissante des transports postaux œriens
sur les lignes Latécoère.
Et sur la seule ligne Toulouse-Casaiblan-
ca, voici la statistique comparative pour les
4 premiers mois de l'année : en 1980, 25.607
lettres : 1921. 59.586 lettres ; 1922, 261.015
lettres 1923, 778.081 lettres ; 1924, 1.081.476.
Le raid de Pelletier d'Oisy «
Le lieutenant Pelletier d'Oisy a eu, iller,
les honneurs de la séance à l'Académie des
Sciences. D'après une note de M. Louis
Bréguet, on a pu établir dans quelles con-
ditions l'aviateur a pu accomplir sa splen-
dide performance. Car, outre ses qualités
d'énergie personnelle, il dispose d'un ap-
pareil nouveau remarquable, surtout par
son endurance et son économie de combus-
tible.
Alors que, par exemple, les avions qui
font le service de Bucarest réalisent une
Vitesse de 150 kilomètres à l'heure, le lieu-
tenant Pelletier d'Oisy fait 180 kilomètres.
Ses vols ont été prolongés jusqu'à 2.000 ki-
lomètres sans escale ; son moteur, qui pou-
vait consommer 400 litres d'essence, n'en
a pas dépensé plus de deux cents. Enfin, il
n'a volé que 71 heures, pour aller de Paris
à Hanoï, ce qui met le tour du monde non
en 80 jours, mais en six. -
EIV A. 0. F
La situation économique
- 1 t.
Par ses statistiques, le Bulletin mensuel
de l'Agence Economique de l'A. 0. F. est
une publication de plus en plus impor-
tante, et nous relevons dans le numéro du
mois de mai, les renseignements suivants
qui sont à ajouter à ceux que les Annales
Coloniales ont publiés au fur et à mesure
des courriers de la Côte Occidentale d'Afri-
que.
En 1923, le mouvement commercial (im-
portations et exportations) de l'A. O. F.
s'est élevé à 952.361.930 francs, non com-
pris le commerce effectué par Port-
Etienne (Mauritaine) et par la Colonie du
Niger.
Les importations comptent dans ce chif-
fre pour 533.357.802 francs et les exporta-
tions pour 419.004.128 francs, contre res-
pectivement, en 1922, 351.508.480 francs et
311.353.650 francs. L'augmentation accusée
est donc de 51,7 aux importations et de
-84,5 aux exportations..
La part de la France et de ses colonies,
dans ce mouvement, a été de 485.703.574
francs, soit de 51 0/0, dont 236.527.713 fr.
ou 44,3 0/0 aux importations et 249.175.861
francs ou 59,4 0/0 aux exportations. Pour
1922, elle avait été de 342.571.4-63 francs,
soit de 51,6 0/0, dont 158.744.646 francs ou
45,1 0/0 aux importations et 183.823.817 fr.
ou 59 0/0 aux exportations.
Cette importante plus-value est due da-
vantage à l'intensification du mouvement
commercial (quantités de marchandises et
produits importés ou exportés) qu'au relè-
vement des prix résultant du déséquilibre
des Ranges, car pour beaucoup d'articles
qui sont mercurialisés les valeurs servant
de base pour l'établissement des statisti-
ques n'ont pas subi, au cours de l'année,
de modifications sensibles.
Il n'est pas encore possible de donner,
pour les quantités et valeurs des marchan-
dises et produits importés ou exportés, des
chiffres précis. On peut dire, en tout cas,
que la plupart des principaux articles ac-
cusent des augmentations très intéressan-
tes.
Pour janvier 1924, les recettes doua-
nières de l'A. O. F. se sont élevées à 11
millions 163.131 fr. en augmentation de
4.500.000 fr. sur celles de janvier 1923, et
se décomposant ainsi pour les Colonies du
groupe :
Sénégal 5.957.838 fr. ; Dahomey 2.745.760;
Côte dlvoire 1.285.264 ; Guinée Fran;aise
566.278 ; Soudan Français 521.007 ; Haute-
Volta 86.984.
Sénégal
Un fait social important est à retenir: l'es-
prit de prévoyance commence à s'implanter
chez l'indigène ; il en résulte qu'il attache
une valeur réelle à la monnaie fiduciaire
pour laquelle, jusqu'ici, il éprouvait quel-
que éloignement. Aussi la traite des ara-
chides, après avoir marqué un ralentisse-
ment très net, a-t-elle repris de façon très
active ; les exportateurs ont poursuivi leurs
achats et, pourtant, les stocks provenant
de la dernière récolte ne sont pas épuisés.
On estime à deux cinquièmes les quantités
encore en réserve, car les indigènes met-
tent moins de hltte à se débarasser de leurs
produits.
Néanmoins, l'Administration a veillé
avec un soin particulier à ce que les cul-
tivateurs conservent la quantité de graines
nécessaires, à leurs ensemencements. Il est
vrai que, pour l'avenir, un décret du 11 jan-
vier 1924, rendu sur la proposition de M. le
Gouverneur Général Carde,, réglemente
le commerce des arachides ainsi que les
dates d'ouverture et de fermeture de la
traite. On arrivera ainsi à la suppression
des transactions d'arrière-traite qui por-
tent précisément sur les stocks de semen-
ces.
La date de l'ouverture' et de la fermeture
de la traite sera désormais fixée par le
Gouvernement Général, après consultation
des Chambres de Commerce et des Con-
seils de Nolables
Du 16 janvier au 15 février 1924, il a été
exporté en chiffres ronds, par les divers
ports de la colonie, 50.700 tonnes d'arachi-
des dont 32.000 à destination de la Métro-
pole et 18.700 à destination de l'étranger.
Depuis le premier janvier 1924, le total des
exportations s'élève à 67.150 tonnes, dont
43.800 pour la France et 23.350 pour Pétran-
Ser- -"
- On constate un fonctionnement normal 1
des salines du Sine-Saloum et des huile-
ries de Dakar et de Kaolack.
Le montant des ibillets ̃ de banque de
l'Afrique Occidentale en circulation ou en
caisse s'élevait, au 31 janvier 1924, à 341
millions 616.000, supérieur de 14.165.800 à
celui constaté au 31 décembre 1923, accru
du montant des billets dé la Banque de
France surchargés d'une griffe mis en cir-
culation le mois dernier ; ce chiffre" est
suffisant pour satisfaire aux transactions
du moment. Du reste, la Colonie a de-
mandé à ce que, sur le stock de jetons mé-
talliques reçus de la Métropole, une somme
.de trois millions lui soit réservée. Ces je-
tons sont destinés à remplacer les petites
coupures en papier trop rapidement dété-
riorées. ,
_- '1' JI'" Ain!':" -
Un arrêté local du 10 mars 1924 orga-
nise cette institution en précisant son but,
qui est d'exécuter les irechercthes de toute
nature se rapportant à la culture de l'ara-
chide. Elle comprend des champs d'expé-
riences, un laboratoire de génétique, en vue
de la sélection, un laboratoire d'étude des
maladies et des parasites, un artelier d'es-
sais de machines de culture et de traite-
ment des récoltes. De plus, afin de main-
tenir aux travaux de la station leur carac-
tère d'intérêt général à l'égard de la pro-
duction de l'arachide en A.O.F., le Lieu-
tenant-Gouverneur du Sénégal et les Lieu-
tenants-Gouverneurs des autres colonies in-
téressées communiquent directement entre
eux pour tous échanges de renseignements,
de rapports et d'études et tous envois de
graines, produits, échantillons divers, se
rapportant aux recherches entreprises par
la station.
Les recettes du Chemin de fer de Thiès
à Kayes se sont élevées, pour le mois de dé-
cembre 1923 aux chiffres suivants (tonna-
ge kilométrique) : 1
G. V. Bagages et messageries, 64.427 t.k.
P. V. Arachides, 999.998 ; Mil, 5.44e ; Riz,
27.749 ; Epicerie, farine, vins, 62.088 ; Tis-
sus, matières d'importation, 20.254 ; Alcool,
207 ; Matériaux de construction, 27.474 ;
Retour d'emballages, 5.373 ; Marchandises
diverses, 317.137. Au total : 1.365.726 tir.
Tranport de la construction, 4.892 -tk ;
Voyageurs kilomètres, 6.491.875 vk ;
Recettes du trafic, 2.098.817 francs.
On signale qu'une automobile a parcouru
le -trajet ÛRunsque-iSaint-Louis et retour
dans des conditions très favorables.
Guinée
L'activité commerciale des derniers mois
de 1923 s'est maintenue en janvier 1924, et
la traite est restée importante grâce à l'élé-
vation des cours des produits du cru. Tou-
tefois, les indigènes, bien pourvus de numé-
raire, gardent leur récolte de riz, pour la-
quelle on peut prévoir une hausse sérieuse.
Il a été traité 4001 tonnes dans le cercle de
Kankan.
Les bananes se vendaient, quai Conakry,
36 francs la caisse de 40 kilos. La produc-
tion annuelle peut IMre évaluée à environ.
3.000 tonnes, dont 904 ont été exportées.
Ce chiffre sera de beaucoup dépassé quand
des moyens d'évacuation suffisants existe-
- ront.
Les ananas coûtent, à Conakry, 1 franc
le kilo ; 50 tonnes ont été exportées.
La production du caoutchouc a augmenté
en même temps que sa qualité s'améliorait.
L'Office guinéen du caoutchouc n'a trouvé
qu'une faible quantité de lots à rebuter.
Dans le cercle de Kankan, 50 tonnes de bel-
le qualité ont été achetées.
Sur les colas, les transactions ont été
très actives dans la même région, grâce au
passage des colporteurs qui les emportent
au Soudan et en Guinée portugaise.
Le rendement du coton parait devoir être
important. Le commerce l'a payé à Kankan
13 fr. le kilo.
Les peaux de bœufs ont donné lieu à des
transactions animées, car, à cette époque,
les abatages augmentent d'importance afin
de nourrir les travailleurs occupés à la ré-
colte.
Pendant le mois de janvier dernier, dans
le cercle de Kankan, les cultivateurs ont
continué le déehaumage des rizières. Dans
ce cercle, on comptait, au 31 janvier, 118
cultivateurs à la charrue et 150 inscrits
pour des cessions de matériel agricole.
Lés indigènes ont commencé à préparer
les terrains pour les semailles.
La superficie des terrains cultivés en riz,
en arachides et en céréales a été considé-
rablement augmentée.
Pour l'année 1923 les résultats du trafic
du chemin de fer de Conakry au Niger ont
été les suivantes :
Voyageurs :
Nombre, 121.254 ; voyageurs kilomètres.
10.192.988.
Marchandises :
Tonnage, 33.395 t. 158* ; tonnes kilométri-
ques, 13.179.733 t.
Et il a été transporté pendant cette même
année 1:923 les marchandises suivantes :
Tissus, 1.003 t. 6 ; kolas 137,4 ; cuirs,
1.407,7 ; sel, 6.642, 1; arachides, 1.780,6 ;
riz, 5.871,5 ; .caoutchouc, 1.214,7.
Côte d'Ivoire
Aux renseignements très complets que
nous avons donnés récemment sur la situa-
tion économique de celte colonie nous de-
vons noter qu'à la sortie, dans le service de
Ja navigation le pavillon national cède le
pas aux pavillons anglais et américains,
à cause des fortes-exportations de bois des
tinés à l'Angleterre et aux Etats-Unis.
Dahomey
La reprise des expéditions de palmistes
à destination' de l'Europe marque une
avance de 286 tonnes, qui aurait été supé-
rieure si certaines Compagnies anglaises
avaient pu exporter leurs stocks, mais elles,
attendent Q&s ordres à cause des fluctua-
tions du change.
Signalons que l'établissement d'une voie
ferrée Decauville entre Abomey, Zagnana-
1 do et Bohicon est commencée.
Soudan français
La foire de Tomhouctou a attiré une
affluenee considérable, ce qui est un succès
remporté par le Commandant du cercle, le
commandant Fouché. L'azalale d'hiver qui
vint à Tombouctou pendant cette foire com-
prenait 2.468 chameaux et a rapporté 9.926
barres de sel de Taodéni.
A la foire de Mojpti, ont surtout été trai-
tés ie coton, la laine et les arachides.
Celle ide Niafunké avait attiré beaucoup
d'indigènes qui ont apporté du mil, du riz,
des bandes de coton,, des couvertures en
laine, des objets en cuir ouvragé.
Dans le cercle de Satadougou, la campa-
gne de l'or a pris fin plus tôt que de cou-
tume par suite de la fin prématurée de l'hi-
vernage. Il n'est plus exécuté que des tra-
vaux d'installation et de réorganisation.
Haute-Volta
La situation a tendance Ú s'améliorer et
les transactions locales sont en augmenta-
tion. Les expéditions de bœufs et de mou-
tons pour la Gold-Ooast se sont accrues et
les prix se sont élevés. Le cercle de Tenko-
doigo signale l'exportation, en janvier, de
2.388 bœufs, 3.286 moutons et 43 chevaux.
Une céunion de .commerçants a décidé,
d'accord avec l'Administration, de payer
les prix suivants pour le coton, au cours de
la campagne 1924 : 5 francs le kilo égrené,
1 franc le kilo non égrené à Ouagadougou,
Nako, Ouahigouya, Koudougou ; 4 fr. 50 et
0 fr.
Nako, 80 le kilo à Tenkodogo et Kaya ; 4
francs et 4 fr. 50 le kilo de coton égrené
dans le cercle de Bobo.
La foire de Pouytenga, dans le cercle dev
Tenkodogo, a été fréquentée par de nom-
breux exposants et acheteurs et les tran-
sactions ont été animées.
A Saria, dans le cercle de Koudougou,
une station agricole a été fondée ; des es-
sais de culture du coton à la charrue vont-
y être tentés.
La récolte du kapok est commencée et
paraît suffisante pour donner satisfaction,
aux demandes des commerçants de la Cote:
d'Ivoire.
L'état sanitaire du bétail s'est amélioré..
Le chef du service zootechnique a fait unei.
tournée dans la région de Tenkodogo pour"-
sélectionner les animaux reproducteurs.:
destinés à reconstituer le cheptel local
A la bergerie de Tourcoingbam, l'accli-
maternent du troupeau se poursuit norma-
lement ; depuis deux mois, il n'y a pas eu-
de pertes.
Niger
On envisage la création d'une ligne allant
de Gabès à Bilma, par Bir Pistor et Dane'-
Deux officiers, relevant respectivement de
l'Algérie et du Niger, se sont rencontrés à
Djado, en avril, pour étudier cette question.
Pour régler certaines questions de pâtu-
rage, les commandants des cercles d'Aga-
dès et de Tahoua, ainsi que le résident de
Tamanrasset, se sont réunis à Agadès
avec les chefs indigènes de leurs territoires.
Les résultats de cette conférence ont été
des plus satisfaisants et l'entente a été
complète entre les différents chefs de l'Air
et du Hoggar.
,
Les "sidis"
ô
Hier, vers onze heures du soir, un journalier,
demeurant 128, rue Saint-Martin, à Paris, M.
André Ancelin fut pris à partie, dans cette
même rue par l'Algérien Ben Ali. domicilié 13,
rue de Venise. L'Algérien lui porta un coup de
couteau au. sein droit. La victime a été dirigée
sur l'Hôtel-Dieu dans un état grave.
L'agresseur de l'Algérien Amghar Amar, qui
avait été blessé de deux coups de couteau au
ventre au cours de la discussion, place de la
Caserne, à Saint-Denis, n'a pas tardé à être
retrouvé
Caserne, à l'hôpital Bichat, où lui-même s'était
fait admettre.
C'est un de ses coreligionnaires, Chaial
Thahieli, manœuvre, 'âgé de vingt-sept ans et
domicilié place Victor-Hugo, à Saint-Dènis. Pour
se défendre d'Amghar qui l'avait provoqué et
frappé d'un coup de couteau à la joue, Chalal
avait riposté.
M. Tiha, commissaire de police, a consigné
les deux Algériens à sa disposition.
'Nos confrères d'Algérie trouveront-
ils que j'exagère en demandant des mesu-
res de protection contre ces énergumënee
qui ensanglantent Je pavé parisien d'où les
apaches sont pour ainsi dire disparus ?
Il faut reconnaître cependant avec un de
nos confrères de la presse sportive qu'il y
a un peu de la faute de certains de nos
concitoyens et - concitoyennes qui, sous pré-
texte qu'un indigène de nos colonies ba-
raguine un peu de français, tombent en
extase et leur accordent toutes sortes de
faveurs. C'est aussi la faute de ceux qui,
sans les avoir, suffisamment armés contre
les tentations de la vie européenne, ont
laissé partir ces pauvres bougres ryur d'al-
léchantes promesses de gros salaires et de
vie paradisiaque.
Il faut de suite faire une sélection entre
les sidis. G'arder les bons,, car il y en a,
Les protéger, les conseiller et renvoyer les
mauvais dans leur pays d'origine.
Eugène Devaux
Les lais de mer
--0.0---
Les lais de mer, J dépôts marins for,..
més sur le littoral et émergeant au-dessus -
du grand flot déterminent la limite du ri-
vage. Il est peu de questions ayant eu aW
Tonkin le privilège de soulever autant def
difficultés, autant de conflits, que celle de
l'aménagement et de l'attribution des lais
de mer.
La population, sur tout le littoral, atteint
une densité plus forte que dans le reste-du
Delta. Le genre de vie que mènent les ha-
bitants, là où les côtes ne sont pas abrup-
tes, où l'arriètre-pays se prête facilement à
la culture - et c'est le cas du Tonkin - est
propice à la collaboration familiale, car il
unit les occupations lucratives de la mer,
cabotage et pêche, à celles de la terre. La
fertilité des terres d'alluvion est extrême ;
qu'elles soient complantées en jonc ou
converties en rizières, leur rendement dé-
passe largement celui des autres champs.
- Le jonc, en effet, qui est la première cul-
ture susceptible de réussir sur les alluvions
marines, rapporte entre 60 et 80$par an.
Les convoitises que l'occupation de ces ter-
rains éveille s'explique donc aisément ;
les rivalités qu'elle suscite ont une âpreté
qu'on ne soupçonne pas. Etendre la surface
cultivable est la grande préoccupation des
villages de la zone maritime. Aussitôt 'que
la mer laisse apparaître une alluvion, les.
riverains s'empressent de s'en emparer.
Mais tant qu'ils ne sont pas solidifiés, les
lais de mer sont exposés à disparaître sous-
l'assaut répété des flots et des courants ou
la ruée des raz de marée. II est donc né-
cessaire, pour pouvoir les mettre en valeur,
de les consolider par toute une série de tra-
vaux : drainages pour l'assèchement, cons-
truction de digues pour la défense contre
l'eau salée et (l'emmagasinage de l'eau
douce, canaux'd'irrigation. L'exécution de
ces travaux, que la nature du sol retarde
parfois pendant plusieurs années, est oné-
reuse et excède souvent les ressources des
villages. Force leur est alors de recourir
à des emprunts ou de traiter avec des tiers.
L'intervention de ces derniers, comme on
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