Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1924-02-08
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32693410p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 08 février 1924 08 février 1924
Description : 1924/02/08 (A25,N22). 1924/02/08 (A25,N22).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
Description : Collection numérique : Thème : L'histoire partagée Collection numérique : Thème : L'histoire partagée
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6411126b
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 31/01/2013
VINGT-CINQUIEME ANNEE. N° 22
LE NUMERO : 20 CENTIMES
VENDREDI SOIR, 8 FEVRIER 1924
Les Annales Coloniales
- JOURNAL QUOTIDIEN
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Le Tonkin et la Cochinchine
au point de vue économique
----""( t) < M t– )
Ainsi que nous peirmiattent de le
constater le& dernières statistiques et
les plus récentes oommunioations faites
au Conseil de Gouvernement, à Hanoï,
les deux pays de l'Union rndlQlCJhinods
qui attirent plus particulièrement l'at-
tention et dont le développement a été
€01181(161131)110 en ces dernières années,
sont assuréimeht le- Tonkin et la Cochin-
uhine.
Le Tonkin fut assez long à manifes-
ter le mouvement économique qui at-
teste aujourd'hui sa prospérité. Les dif-
ficultés auxquelles ont donné' lieu son
occupation, les intrigues de la Chine et
--- les incursions des pirates d'e la frontière
avaient jeté sur lui un mauvais renom,
qu'entretenaient encore avec soin les
adversaires de notre politique d'expan-
sion colloniale. Ne fut-il pas admis
longtemps que la France avait entrepris-
une opération désastreuse en sMimmis-
çant dans le delta du Tonkin et a-t-on
oulbilié que ce fut seulement à une voix
d« magorité à la Chambre que le pro-
tectorat de la France y fut toléré ?
Le Tonkin avait été, en effet, beau-
coup plus difficile à conquérir et beau-
c.oup plus difficile à garder que la COI-
chin'chine où la: population s'était pres-
que imimiédiatement ralliée à nous. Il
se présentait dans des conditions bien
différentes. S'il possédait, comme la Co-
ohincihme, un très riche délita, celui-ci
n'offrait pas le même intétrêt, au point
de vue de l'exportation du riz, .pudsque
la population extrêmement dense l'ab-
sorbait à peu près entièemlent pour sa
consommation et était même décimée
par -de terribles faminés, losqoo, par
suite de circonstances clilmtértques 01\1
autres., la récolte était déficdtaire.
En dehors du delta regorgeant de po-
pulation le Tonkin se présentait donc
cotmimiei un pays montagneux boisé et
imi-séramei. Les premières tentatives de
miseï en valeur, n'ont pas été heu'reu-
ses. Il y eut quelques écihlecs lamenta-
bles bien propres à entretenir l'opinion
pùiblique dans cette idée que le Tonkin
ne valait pas les efforts qu'il nous avait
coûtés.
Mais les années ont passé et nous
avons enregistré lé succès prodigieux
'de qu-eilqueis entreprises privées dont la
prospérité s'affirma chaque jour davan-
taige. Nous citerons les cihrurbonnageSi
de Hongaty et de Kébao, la cimenterie
ft'Haï-Phong, la Société cotonnière de
Najïï-Dinh où M. Dupré a fiait triompher
l'industrie française, l'initiative de MM.
Fontaine qui s'est manifestée d'une fa-
çon- si féconde dans les domaines les
plus divers, les tanneries d'Hanoï dont
le fondateur et le directeur, M. Gra-
witz président de la Chambre de Com-
merce,. faisait encore tout réicemiment
au Gouverneur Général les honneurs
Se la foire de la: capitale du Tonkin.
Partout, depuis la guerre, c'est dans
le grand Etat du Noird de l'Indochine,
un déploiement d'activité, une conjonc-
tion d'effoirt-s et une utilisation de ca-
pitaux qui révèlent queUe confiance et
aussi quels espoirs ont nos compatriotes
dans 1 avenir de ses destinées.
Aussi, ne faut-il pas s'étonner de l'im-
portance qu'à prise maintenant le Ton-
kin, dans l'Union Indoohinoise. On a
peut-être eu pour lui quelques atten-
tions et quelques faveurs, mais elles
ont été largement compensées par les
résultats. Le Tonkin n'est plus aujour-
d'hui le parent pauvre qui inspirait un
peiu de commisération. 11 a - presque
pris la tôte du mouvement Indochinois
et, dans les dernières statis-titques les
recettes qu'il a versées au budget s'éga-
lèrent à peu près avec celle de là. Co-
cMnchine.
Celle-ci reste toutefois la doyenne res-
pectée de l'Union Indoohinoise et il ne
iàut pas ooïblier que ce sont ses ressour-
ces et "ses richesses, qui, il y a quel-
ques années, ont largement contribué au
développement de la, grande péninsule
asiatique et à l'exécution de la plupart
des grands travaux qui ont si puissam-
ment activé son essor politique et éco-
nomique.
La Cochinchine reste le. girenier de
l'Indochine et la production du riz qui
a décupilé, depuis quelques années, y
entretient, à elle toute seUlle, une pros-
périté inouïe qui rejaillit également, sur
tons les éléments - agricoles, commer-
ciaux et industriels de ISL colonie.
La Goohinchine n'est pas d'ailleurs,
commie on s'est plu trop longtemps à
le déclarer un pays de monoculture.
Tous les - essais de production éJqUiatol-
mate ou intertropicale qui y ont été
tentés, jusqu'à ce jourv y ont parfaites
m'ent réussi. Les Annamites se sont à
peu près exclusivement confinés dans
la culture du riz parce que celui-ci re-
présentait leur aliment national et que
- l'écoulement s'en faisait, très facile-
ment, en leur laissant des revenus très
rémunéraiteuTs, mais ils n'ont jamais
été réfraictaires à d'autres cutltures.,
comme l'indiquent ceilles qu'ils ont ten-
tées autour de leurs habitations, pour
leurs besoins personnels.
Aujourd'hui où la thèse des physion-
omies est singulièrement en fELveur, la
Coichinchine reiprésente, à tous points
de vue, l'idéal des pays agricoles. Elle
a un soi gras et feirtile, sans cesse en-
richi par les alluvions du Mékong ou
de ses aHluent-s, elle peut, en tous
teimips être abondamment irriguée, son
climat est très régulier et également
éloigné de tous les extrêmes, enfin, elle
pofesède une population qui, quoique
assez clairsemée, est laborieuse et ad-
mirablement disposée pour tous les
travaux de la terre. Peu nombreux, ils
ont fait preuve d'une extrême activité
à défriciher et à mettre en valeur les
vastes étendues alluvioŒlnaires que le
Mékong, chaque année mettait à sa dis-
position. -
Les cOllons européens sollicités par
td'autoeis considérations ont entrepris
des cultures différentes qui sont déjà
pour eux la source de revenus fort ap-
préciables.
Nous citerons notamment les planta-
tions d'hévéas qui coimïnenicent à clas-
ser la Coclhinchine parmi Les plus im-
portants pays producteurs de caout-
chouc et lui permettent de concurren-
cer les exportations des Indes Nértlan-
daises ou des Etats Malais : les planta-
tionls. de cocotiers grâce auxquelles un
stock important de coprah peut être
déjà dirigé vers lai France ; les planta-
tions d'e cannes à sucre qui, à la suite
du! succès des entreprises tentées sur
le Vaico du côté de Hiep-Hoa, permet-
tent d'espérer que bientôt l'Indochine
pourra se dispenseir de payer un tribut
onéreux aux pays voisins.
Quoi qu'il en soit, c'efet encore et
miailigiré tout la culture du riz qui domi-
ne en Cochinchine ; c'est elle qui fait
la fortune du pays et de ses habitants
et c'est elle qui doit faire l'objet de l'at-
tention et de la sollicitude des Pouvoirs
publics. Il n'est pas douteux que plus
celle-ci' se développera,, et plus la pro-
duction s accentuera, plus les riches-
ses publiques augmenteront et aussi le
hi'en-êbre. de la colonie. Le besoin de
riz est tellement grand en Extrême-
Orient" les exigences des pays produc-
teurs s'accroissent dans de telles pre,
portions,, qu'une surproduction et une
mévente de cette précieuse denrée de-
vient ime hypothèse invmiseimMable.
(Puisque le riz de Coichinchine, en
dépit des Critiques dont il est l'objet, ne
cesse de trouver acheteur et la raison
en est peut-être à ce. que son prix est
inférieur à celui d'es pays voisins dont
les qualités sont plus appréciées il pa-
raît de bonne poUtii-que. de s'occuper
avant tout de la question de la quan-
tité. L'amélioration de l'espèce et le
perfectionnement de la qua,lité doit as-
surément préoccuper les pouvoirs pu-
blics et tous les essais qui sont tentés
par les Services agricoles et les parti-
culiers doivent être encouragés. Tou-
tefois, en admettant que nos riz de Co-
chincihine, par suite de la. sélection des
semences, la standarisation et les pro*-
cédés scientifiques modernes, arrivent
à égaler les mli11ur.oo qualités eonnueiS
ce qui, malgré tout, ne se ferait pas
sans dépenses et sans le bouleverse-
ment des méithoides aictuefliliement ac-
qui'ses peut-être s'exposerait-on à
quelques désillusions en émettant des
évaluations dont l'étude et' l'observation
dies lois économiques font un peu res-
sortir l'exagération.
Quoi qu'il en soit, il importe, que par
tous les moyens possibles, l'Administra-
tion de Coichinchine active l'a. mise en
valeur des terres nouvelles et facilite
l'exode des travailleurs agricoles vers
les provinces de Bacilieu et de Rachgia,
où d'immenses étendues n'ont pas en-
core été défrichées; enfin fasse tous ses
efforts pour tirer parti, dans les meil-
leures conditions possibles, d.e la véri-
table richesse agricole que la nature a
mise à sa disposition.
Gabriel Combrouze,
Député de la Gironde,
Secrétaire de la Commission
des Colonies.
L'aviation coloniale
--0-0--
L'Enquête sur le « Dixmude »
Le ministre de la Marine observe tou-
jours le plus grand silence sur les réunions
de la haute Commission d'enquête sur le
Dixmude.
Nous croyons cependant savoir que cette
Commission a entendu des témoins parmi
lesquels le vice-amiral Lanxade, préfet ma-
ritime de Toulon, et le vice-amiral Fatou,
commandant les frontières maritimes du
Sud.
Les membres 'de la Commission vont com-
mencer aujourd'hui la rédaction de leur
rapport, qui sera probablement remis sa-
medi à M. RaibertL
Pour nos laboratoires
- 0
On vient de -publier les
résultats de la journée
Pasteur. Une somme de
treize millions a été re-
cueillie. Les colonies fran-
çaises y ont contribué pour
1.600.000 francs, soit
pour le ltttitième. Les su-
jets français, épars au
travers du vaste monde, ont donné l'exemple
d'une générosité remarquable.
On ne saurait, en effet, admettre que l'en-
semble de la richesse réalisable de ces braves
cœurs atteint le huitième de l'ensemble de la
richesse métropolitaine, A peine, en l'état
actuel des choses, en représente-t-elle la deux
centième partie!
D'autre part, il est permis de déclarer que
le désir de venir en aide à nos savants dému-
nis, pas Plus que la hâte de voir éclore de
nouvelles découvertes, dont les applications
enrichiront certainement les blancs avant de
venir les enrichir, eux, dans leur brousse per-
due, ont poussé nos sujets à donner généreux
sement comme ils Vont fait.
En effet, dans leur esprit simple, mais non
dénué de sens positif, ils se sont souvent
rendu compte que les « machines de blanc »
sont pour eux l'occasion de travaux supplé-
mentaires. S'il rty avait pas d'autos, par
exemple, il y aurait moins de journées fati-
gantes à passer à construire ou entretenir des
routes. S'il n'y avait pas tPaviotlS, il ne serait
pas nécessaire de créer des terrains d'atterris-
sage, dont Vinstallation et le nivellement
exigent pour chaque terrain près de trente
mille journées de prestations.
D'ailleurs, la plupart d'entre eux savent-
ils ce que c'est quîwi laboratoire? A peine
connaissent-ils (et, pour eux, c'est encore une
mauvaise invention des blancs) les labora-
toires vaccinogènes, où l'on fabrique ce ^gri-
gri liquide que les « commandants » vous
font inoculer de force!
Alors, ce beau résultat serait-il dû à la
pression administrative ?
Nullement. Les noirs ou les jaunes ont
donné volontairement, simplement, par ce
qu'on leur a demandé de le faire pour la
Frame. Ils ont agi ainsi farce que nos gou-
verneurs et nos fonctionnaires coloniaux ont
su conquérir leur cœur, et parce qu'ils consi-
dèrent notre France comme leur propre pa-
trie, c est-à-dire leur tutnee.
Ils ont fait simplement un acte de foi et
un acte de piété filiale.
Georges Barthélemy,
Député du Pas-de-Calais
Délégué du Soudan Français
et de la Haute-Volta
au Conseil Supérieur de,s Colonies
Odb
Candidatures
---0-0--
Les positions électorales semblent se préci-
ser aux Colonies.
En Guyane, on a longtemps cru que no-
tre éminent confrère Eugène Lautier, direc-
teur de l'Homme Libre, qui a ses grandes
et ses petites entrées rue Oudinot, enlèverait,
sans -- combat, grâce à l'appui de M. Gober,
maire de Cayenne, de M. Chanel, le nou-
veau Gouverneur, et de l'administration le
siège qu'abandonnerait le député-sortant.
Mais les positions sont changées, et M. Eu-
gène Lautier ne tient plus la corde, loin de
là. On annonce que, sous le haut patronage
de M. Jean Galmot, député-sortant qui ne
se représenterait toujours pas, et de M.
Albert Sarraut, ministre des Colonies, serait
envoyé à la Chambre, l'illustre écrivain Ro-
bert Chauvelot, le beau-frère de M. Léon
Daudet, dont les ouvrages sont unanimement
appréciés. - -
Quelques-uns mettent aussi en avant le
nom de notre vaillant confrère Albert Lon-
dres, qui a fait, il y a quelques mois, une
sensationnelle enquête sur la Guyane et le
bagne.
***
En Cochinchine, la lutte électorale se
poursuit très âpre. M. Ernest Outrey se dé-
bat avec sa vivacité coutumière contre les
attaques de ses adversaires. Deux classes
semblent se trancher : d'un côté, les sociétés,
les hauts fonctionnaires, les Hindous ; de
l'autre, les petits employés, les petits fonc-
tionnaires et les Annamites naturalisés. M.
Ernest Outrey aurait les premiers, dont
quelques-uns iraient à l'aviateur Roland Dor-
gelès, depuis plusieurs mois en Cochinchine.
Mais c'est surtout avec son ancien concur-
rent de 1919, M. Monin, actuellement à
Paris, mais qui rejoint Saigon le mois pro-
chain, que M. Ernest Outrey aura à compterl
90 1
Singes dévastateurs
Propriétaires de fermes et gardiens de
plantations de Sierra Léone ont constaté
dernièrement des déprédations considéra-
bles causées par des bandes de singes fai-
sant des descentes périodiques et causant
de très graves dommages avant qu'on ait
pu les chasser.
- -
ECOLE COLONIALE
0
Le bal de l'Ecole Coloniale aurai lieu le
samedi 22 mars prochain, sous la prési-
dence d'honneur dui ministre des Colonies,
du général Gouraud et de M. Disière, le
vénéré président du Conseil d'administra-
tion. de l'Ecole Coloniale.
La famille des Salifou
---0-0--
La famille des Salifou, de rare Naloue,
ne s'éteint pas avec le lieutenant Ibrahim,
décoré de la Légion d'honneur et de la Croix
de guerre, qui vient de mourir à Paris ces
jours-ci. L'ancien roi du Rio Nunez, Dinah
Salifou, qui eut chez nous son heure de célé-
brité au temps où le Président Sadi-Carnot
recevait à Paris le Shah de Perse, laisse en-
core deux fils et de nombreux petits-enfants.
L'aîné de ces fils, dont le nom nous échappe,
vit actuellement en Guinée dans le cercle de
Boke, qui formait la plus grande partie du
royaume de son père. C'est un homme intel-
ligent, de caractère un peu apathique. Son
loyalisme n'a jamais donné lieu à la moindre
inquiétude. Cependant, les Lieutenants-Gou-
verneurs de notre Guinée ont cru bon de li-
miter son autorité au commandement de quel-
ques villages des environs de Boké, où le
prince s'adonne surtout à la culture. Sa
plantation de caféiers donne des résultats
excellents.
Le second fils du roi Dinah, Alioune Sali-
fou, est interprète du Gouvernement à Kin-
dia, région habitée par des Soussous et des
Foulahs. Alioune parle et écrit couramment
notre langue; il a toujours mis son influence
au service de notre cause.
*
* *
Lorsque le Shah de Perse rencontra en
France Dinah Salifou, il se prit pour lui
d'une très grande amitié, et au moment où
Dinah quittait Paris pour rejoindre Dakar,
le Shah lui offrit un superbe cimeterre
adorné de pierreries.
Nous ne savons au juste ce qu'est devenu
ce présent historique.
*
* *
« Voici la lettre que celui dont nous déplo-
rions la mort tout dernièrement, le sergent
Dinah Salifou, écrivait le 22 avril 1915 à
son général :
« Mon générai,
« Je me pennets encore de venir vous don-
ner de mes nouvelles qui sont maintenant bon-
nes.
« Comme vous le voyez, j suis toujours sur
le front, où j'ai gagné par ma conduite au
feu, d'abord mes galons de caporal, puis de
sergent et viens d'être proposé pour le grade
de sous-lieutenant ; j'ai été également cité à
l'ordre du jour de l'armée.
« En eïlet, me trouvant dans une tranchée
de première ligne avec ma section où nous
avions passé la nuit, à 8 heures du matin, je
fus blessé grièvement à la tête d'une balle qui
a failli me fendre le crâne en deux. Le choc
tfut tellement fort, que mes camarades me
crurent perdu, car je suis resté sans connais-
sance pendant plusieurs minutes.
Il Le lendemain matin, après avoir examiné
ma. blessure, le -médecin-major décida de me
faire évacuer, mais j'ai refusé, préférant me
faire soigner ici et reprendre ensuite ma place
au milieu de mes camarades. En effet, j'estime
que c'est le seul moyen de prouver à la France,
ma nouvelle patrie, la sincérité de mon atta-
chement et de mon dévouement le plus absolu.
« Oui, mon général, j'entends rester ici et
faire mon devoir jusqu'au bout.
« Soyez persuadé, mon général, que je ne
manquerai pas de faire honneur au nom que
ie porte.
Signé : « Dinah Salifou, sergent,
Se colonial, la* Cie, Secteur postal 13. ».
Le statut de Tanger
-Q-O--
Le marquis de la Torre Hermosa et
M. Aguirre de Carcere ont apposé, hier,
leurs signatures à la convention qui fonde
définitivement le Statut de Tanger.
A vrai dire, cette convention, dans son
ensemble, avait été signée à Paris le 18 dé-
cembre. Le texte avait été publié1 le 27 dé-
cembre. Mais, comme nous l'avons relaté,
les signataires espagnols avaient fait, le
18 décembre, des réserves expresses sur
certains points de l'application du statut,
et les négociations s'étaient poursuivies à
ce sujet entre Madrid et Paris.
Avec les concessions consenties à l'Espar
gne, le Statut de. Tanger coïncide avec le
désir de la France, qui était de concilier
l'organisme international avec l'autorité
du Sultan. Il n'a pas soulevé de difficultés
sérieuses. Le Thnes lui consacrait, le 28
décembre, un article bienveillant. Et, en
Espagne même, les nationalistes extrêmes
seuls, comme ceux de l'A. B. C., ont élevé
des prQltestatiools qu'il est bien difficile
d'éviter.
Le général Prima de Rivera s'est complu
à reconnaître la grande correction et la cor-
dialité des négociateurs français.
« La signature du statut de Tanger 19
ajouté le Président 'du Directoire, consoli-
dera les relations déjà si cordiales entre les
deux pays. »
Trop de fez !
Avant la guerre la France et ses colo-
nies étaient inondées de produits alle-
mands ; depuis lors serions-nous menacés
d'un autre danger ?
On annonce en effet qu'une grande So-
ciété commerciale vient de constituer en
syndicat toutes les fabriques de fez à Stra-
wonitz (Tchécoslovaquie), et est arrivée
ainsi à établir des prix qui tuent littérale-
ment les autres fabriques du monde.
Or, on vend de par le monde, bon an mal
an, près de 1.200.000 fez.
Devant la concurrence tchécoslovaque les
autorités françaises ont décidé de relever
les droits d'entrée des chéchias en Algérie.
où la consommatieli annuelle est de 40.000.
Mais en Tunisie, on pourra avoir des fez
à bon marché. Les Tunisiens achètent près
de 25.000 fez par an ; ils leur coûtent de
60 à 300 francs les douze,
Que pense de cet état de choses M. Henri
Simon, député, ancien ministre des Colo-
nies, Président du Syndicat des fez et ché-
chias de Mazamet.
La rétrocession de weï-M-weï
à la chine Dar rangloterre
--G+--
Au moment où la rétrocession de
Kouang-Tcheou-Wan à la Chine est com-
mentée dans les journaux français de la
Métropole, il y a intérêt à connaitre les con-
ditions que nous allons exposer dans les-
quelles l'Angleterre a rétrocédé à la Chine,
la concession de Weï-Baï-Weï.
Conformément aux engagements pris à
la Conférence de Washington, le Gouverne-
ment britannique a accepté de rétrocéder
à la République chinoise, la base navale de
Weï-Haï-Weï, dont la concession lui fut
octroyée à bail le 5 octobre 1898.
Comme on le sait, ce territoire, occupé
depuis 18!H: jusqu'à cette date par les Ja-
ponais, comprend une zone d'une profon-
deur de 16 kilomètres formant ceinture au-
tour de la haie de Weï-HaïliWeï et les Iles
situées dans cette baie et dont la principale
est LiUrKung-Tao..
Suivant les clauses de l'accord proposé au
Gouvernement de Pékin, le territoire en-
tier fait retour à la République chinoise y
compris les constructions et installations
existantes. L'Angleterre formule toutefois
des réserves qui ménagent un abri A ses
navires de guerre et stipule que la Répu-
blique chinoise lui garantira certaines faci-
lilés et lui concédera certains terrains, em-
placements ei 'bâtiments destinés - à servir
de « sanatorium d été à l usage de la ma-
rine de Sa Majesté ». Ces concessions et
ces garanties seront consenties pour une
période de 10 ans, renouvelable au gré de
l'Angleterre, et >seul un accord mutuel
entre les doux Gouvernements pourra y
mettre fin.
Lacté de rétrocession n'est donc pas
d'une limpidité parfaite- et il semble inté-
ressant écrit notre confrère du Tonkin
le Courrier d'Haïphong, de tenter de déga-
ger le mobile auquel obéit la politique bri-
tannique, en jetant un coup d'oeil en arriè-
re jusqu'aux événements qui ont troublé.
il y a 29 ans, les régions sino-russo-japo-
naises.
En 1891, le Japon, allié de l'Angleterre
expérimentait pour la première fois, son
armement moderne aux dépens de la Chine.
Si ce duel, très inégal par la qualité et les
moyens des adversaires en présence, n'ar
vait pas permis aux Japonais de faire va-
loir leurs connaissances tactiques, il avait,
néanmoins, mis en relief leur esprit de
décision, leur valeur combative et la facilité
avec laquelle ils 'avaient su s'adapter aux
méthodes modernes. En spectatrice prati-
que et averti, l'Angleterre avait tiré de ces
faits un - enseignement précieux pour l'ave-
nir. L occasion de l'utiliser ne se fit d ail-
leurs pas attendre.
A cette époque, la politique russe alar-
mait à la fois la Grande-Bretagne et le
Japon.
La première se sentait menacée aux
Indes par les infiltrations russes en Afgha-
nistan ; le second redoutait le voisinage du
« colosse » fixé en Mandchourie. Tous
deux étaient inquiets de son influence
croissante en Chine.
C est alors que la Grande-Bretagne, en
prévision de complications éventuelles,
prit a Weï-Haï-Weï les lieu et place du Ja-
pon. De cette fenêtre ouverte à l'entrée du
golfe du Petchili, face à Port-Arthur, elle
pouvait observer l'horizon et se tenir prête
à tout événement.
L'événement se produisit en 1904 ; ce fut
la victoire japonaise de Tsoushima. La po-
litique anglaise triomphait, le péril russe
était écarté. Port-Arthuir ayant changé de
maitre, \Veï-Haï-\Veï perdait un peu de son
importance.
Aujourd nui, la physionomie de l Extrô-
mc-Orient nous montre un empire japonais
considérablement agrandi en territoire et
en puissance, une Russie en déliquescence
soviétique, une Chine en pleine anarchie.
L'aspect politique, lui aussi, s'est modifié:
le traité anglo-japonais n'a pas été renou-
velé ; l'Allemagne a disparu de la scène ;
les Etats-Unis se livrent en Chine à une
propagande active. Les trois grandes puis-
sances, Angleterre, Etats-Unis, Japon, s'é-
pient dans le Pacifique, sous l'empire des
mêmes convoitises et des mêmes préoccu-
pations économiques. Le moment n'est tou-
tefois pas venu pour l'Angleterre, actuelle-
ment en bons termes avec ses deux rivaux,
de modifier son attitude à leur égard. Con-
fiante dans la méthode adoptée en 18 en
prévision d'un orage qui éclata 6 ans plus
tard, elle lui reste fidèle en l'adaptant au
nouvel état de choses ; elle suivra les
événement de son belvédère de - Liu-Kung-
rao.
"Son premier geste, écrit notre confrère,
t< qui peut apparaître comme une conces-
« s ion faite à l'amour-propre chinois, est
« de s'éloigner d'une région où sa pré-
te sence officielle ne lui paraît plus justifiée.
« Elle y laisse le champ libre. Elle se con-
« tente d'un abri pour ses escadres dans
(( une base navale, son œuvre d'hier, et
« dont elle profitera dans la mesure qu'elle
« a estimé suffisante.
« Ce serait donc une grave erreur, et
t nul n'y songe, de considérer l'abandon
,( tde Wêï-Haï-Weï comme un amoindrisse-
tl ment ou un recul de la puissance britan-
ni-qui,,. Le problème du Far-East a sim-
« plement changé d'aspect il réclame une
« solution nouvelle que nous trouvons, dans
« un avenir très prochain, à Singapore,
.« choisi pour devenir désormais le gîte
« général et le rentre de son rayonne-
« ment. »
un officettonnajsdeMadagascar
0
Sous les auspices de la Chambre de Com-
merce de Lyon, l'Agence Economique de
Madagascar va. créer prochainement à Lyon
un Office chargé de documenter - les com-
merçants et industriels de la région sur les
ressources et les débouchés qu'offre notre
grande îleL Rappelons qu'un Office du Maroc
fonctionne déjà depuis trois ans près la
Chambre de Commerce.
le,cbange et nos Colonies
no
Tous nos collaborateurs parlementaires
ont considéré comme un paliatif à la
crise du change le recours à nos produits
coloniaux qui sont certainement en quan-
tité suffisante pour nous affranchir du
joug de l'étranger.
« Il est pénible -de constater qu'en 1922,
écrit notre collaborateur et ami, M. Georges
Barthélémy, le pourcentage des matières
premières fournies par nos colonies n'a
figuré à nos importations, que pour 0.58 .%*
pour le coton, 3,7 pour les laines,2 1/2
pour îles soies et bourres de soie, et tout le
reste dans des proportions aussi minimes.
Aussi n'est-il pas difficile de se rendre
compte que la nation française a payé en
une année, pour une importation. totale de
12 milliards de ces matières premières, une
prime de change d'environ 8 milliards, soit
plus de deux cents francs par tête d'ha-
bitant ; et que, par conséquent, si nos co-
lonies étaient outillées convenablement,
nous économiserions de ce fait huit ou dix
milliards annuellement.
L'outillage économique de nos posses-
sions coûterait approximativement des mil-
liards. Croit-on que l'épargne française ne
ferait pas cet effort .plus joyeusement que
celui qu'on lui demande avec des impôts
nouveaux, ihibêcides, éternels ?
Et n'aurait-on pas mieux fait d'employer
à ces œuvres vives et d'avenir les sommes
énormes englouties dans des expéditions
orientales discutables, ou à commanditer
des nations associées ? ».
Qu'attend le Parlement pour voter le pro-
jet Sarraut qui doterait nos colonies de
l'outillage économique qui leur manque ?
Le tourisme à Madère
Madère vient de recevoir la visite des pro-
priétaires des plus importants journaux de
Londres : Financial Times, S'lmday Times,
Daily Graphie et Bystander.
Pendant une quinzaine de jours, ces tou-
ristes de marque ont excursionné dans l'île,
enchantés de son chaTme pittoresque et de
la courtoisie des habitants. Madère est ap-
pelé à devenir un des plus agréables buts
des touristes mondiaux.
Paris-Saïron par T. S. F.
0
L'économie réalisée par les nouvelles
relations radiotélégraphiques avec l'Indo-
chine est beaucoup plus importante que
nous ne l'avions indiquée, au lendemain de
l'inauguration du nouveau service.
Présentement le mot Paris-Saigon par
câble est de 16 fr. 40 et ressort seulement
à 5 fr. 05 par T. S. F. -
N'oublions pas également que nous nous
trouvons ainsi libérés de la tutelle étran-
gère.
L'assistance médicale an Togo
---0+--
M. le Gouverneur Bonnecarrère a résumé
dans une circulaire l'œuvre de l'assistance
médicale indigène au Togo organisée de-
puis deux ans. On a obtenu déjà les résul-
tats les plus heureux. Les dispensaires et
cliniques de Lomé; Anécho, Palimé, Atak-
pamé et Sokodé dirigés directement par des
médecins, - sont - - fréquentés par un très
grand nombre d indigènes ; des dispensai-
res-annexes dotés d'infirmiers instruits, ont
été installés dans les grands centres de
Tséwié, Tabligbo, Bassari et Sansaitti'é-
Mango; d'autres dispensaires-annexes sont
en cours d'installation à Wogan, AssahuIl,
Nuatja, enfin les hôpitaux indigènes de
Lomé, Anécto, Palimé, Atakpamé et So-
kodé sont actuellement, soit agrandis, soit
en pleine reconstruction et une superbe'ma-
ternité va d'ici peu être terminée à Lomé.
Le Service de Santé compte actuellement
six médecins présents sur le Territoire, ils
.sont secondés par un adjudant européen
hors cadres et par un personnel indigène
expérimenté et très dévoué, qui comporte
dix médecins auxiliaires, deux sages-fem-
mes, une infirmière et trente infirmiers.
Des brigades d'hygiène expertes fonction-
nent d'autre part avec régularité et mé-
thode dans tous les chef-lieux des Cercles.
notamment à Lomé, menant avec vigueur
la lutte contre les moustiques et leurs lar-
ves, surveillant l'évacuation des matières
usées et la propreté d'e la voirie comme des
habitations.
Le service de la prophylaxie contre les
maladies épidémiques a été doté, cette an-
née, d'un appareil Clayton permettant la
désinfection par les gaz sulfureux des lo-
caux, des wagons et des marchandises con-
taminées ou suspects, et , d'une grande
étuve Geneste .et Herscher a vapeur d'eau
sous pression, pour la désinfection des lite-
ries et des vêtements: Un médecin, prove-
nant de l'Institut Pasteur de Paris, vient
d'être mis, à - la tête du laboratoire d'hygiène
et de bactériologie de Lomé. Enfin le bud-
get prévoit de larges crédits pour l'achat
des médicaments et des objets de panse-
ment et pour continuer la lutte contre la.
syphilis et les. maladies vénériennes, qui
sont la cause la plus importante de la sté-
riolité. des avortements et de la morti-nata-
lité.
Le Territoire dispose donc dès mainte-
nant de moyens puissants-qui lui permet-
tent de donner à. l'assistance médicale,
toute l'ampleur désirable.
Il ne suffit pas de soigner les malades
dans les hôpitaux ou les dispensaires-an-
nexes, a joute M. Boraiecarrère, ces orga,
nismes n'ont en effet qu'un, rayon d'action
forcément limité et leur nombre ne peut en'
être indéfiniment accru. Aussi dans l'état
actuel des choses la grande masse de la
population. demeure-t-èlle trop éloignée des
centres médicaux pour profiter des bien-
faits de l'assistance. Or c'est précisément
LE NUMERO : 20 CENTIMES
VENDREDI SOIR, 8 FEVRIER 1924
Les Annales Coloniales
- JOURNAL QUOTIDIEN
LES ARTICLES PUBLIÉS PAR "LES ANNALES COLONIALES" SONT LA PROPRIÉTÉ
EXCLUSIVE DU JOURNAL
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™!°Kïii!!JL. j Etranger 120 » 65 » 35 >
On s'abonne dan* tous les Bureaux de poste et chez les principaux libraires
Le Tonkin et la Cochinchine
au point de vue économique
----""( t) < M t– )
Ainsi que nous peirmiattent de le
constater le& dernières statistiques et
les plus récentes oommunioations faites
au Conseil de Gouvernement, à Hanoï,
les deux pays de l'Union rndlQlCJhinods
qui attirent plus particulièrement l'at-
tention et dont le développement a été
€01181(161131)110 en ces dernières années,
sont assuréimeht le- Tonkin et la Cochin-
uhine.
Le Tonkin fut assez long à manifes-
ter le mouvement économique qui at-
teste aujourd'hui sa prospérité. Les dif-
ficultés auxquelles ont donné' lieu son
occupation, les intrigues de la Chine et
--- les incursions des pirates d'e la frontière
avaient jeté sur lui un mauvais renom,
qu'entretenaient encore avec soin les
adversaires de notre politique d'expan-
sion colloniale. Ne fut-il pas admis
longtemps que la France avait entrepris-
une opération désastreuse en sMimmis-
çant dans le delta du Tonkin et a-t-on
oulbilié que ce fut seulement à une voix
d« magorité à la Chambre que le pro-
tectorat de la France y fut toléré ?
Le Tonkin avait été, en effet, beau-
coup plus difficile à conquérir et beau-
c.oup plus difficile à garder que la COI-
chin'chine où la: population s'était pres-
que imimiédiatement ralliée à nous. Il
se présentait dans des conditions bien
différentes. S'il possédait, comme la Co-
ohincihme, un très riche délita, celui-ci
n'offrait pas le même intétrêt, au point
de vue de l'exportation du riz, .pudsque
la population extrêmement dense l'ab-
sorbait à peu près entièemlent pour sa
consommation et était même décimée
par -de terribles faminés, losqoo, par
suite de circonstances clilmtértques 01\1
autres., la récolte était déficdtaire.
En dehors du delta regorgeant de po-
pulation le Tonkin se présentait donc
cotmimiei un pays montagneux boisé et
imi-séramei. Les premières tentatives de
miseï en valeur, n'ont pas été heu'reu-
ses. Il y eut quelques écihlecs lamenta-
bles bien propres à entretenir l'opinion
pùiblique dans cette idée que le Tonkin
ne valait pas les efforts qu'il nous avait
coûtés.
Mais les années ont passé et nous
avons enregistré lé succès prodigieux
'de qu-eilqueis entreprises privées dont la
prospérité s'affirma chaque jour davan-
taige. Nous citerons les cihrurbonnageSi
de Hongaty et de Kébao, la cimenterie
ft'Haï-Phong, la Société cotonnière de
Najïï-Dinh où M. Dupré a fiait triompher
l'industrie française, l'initiative de MM.
Fontaine qui s'est manifestée d'une fa-
çon- si féconde dans les domaines les
plus divers, les tanneries d'Hanoï dont
le fondateur et le directeur, M. Gra-
witz président de la Chambre de Com-
merce,. faisait encore tout réicemiment
au Gouverneur Général les honneurs
Se la foire de la: capitale du Tonkin.
Partout, depuis la guerre, c'est dans
le grand Etat du Noird de l'Indochine,
un déploiement d'activité, une conjonc-
tion d'effoirt-s et une utilisation de ca-
pitaux qui révèlent queUe confiance et
aussi quels espoirs ont nos compatriotes
dans 1 avenir de ses destinées.
Aussi, ne faut-il pas s'étonner de l'im-
portance qu'à prise maintenant le Ton-
kin, dans l'Union Indoohinoise. On a
peut-être eu pour lui quelques atten-
tions et quelques faveurs, mais elles
ont été largement compensées par les
résultats. Le Tonkin n'est plus aujour-
d'hui le parent pauvre qui inspirait un
peiu de commisération. 11 a - presque
pris la tôte du mouvement Indochinois
et, dans les dernières statis-titques les
recettes qu'il a versées au budget s'éga-
lèrent à peu près avec celle de là. Co-
cMnchine.
Celle-ci reste toutefois la doyenne res-
pectée de l'Union Indoohinoise et il ne
iàut pas ooïblier que ce sont ses ressour-
ces et "ses richesses, qui, il y a quel-
ques années, ont largement contribué au
développement de la, grande péninsule
asiatique et à l'exécution de la plupart
des grands travaux qui ont si puissam-
ment activé son essor politique et éco-
nomique.
La Cochinchine reste le. girenier de
l'Indochine et la production du riz qui
a décupilé, depuis quelques années, y
entretient, à elle toute seUlle, une pros-
périté inouïe qui rejaillit également, sur
tons les éléments - agricoles, commer-
ciaux et industriels de ISL colonie.
La Goohinchine n'est pas d'ailleurs,
commie on s'est plu trop longtemps à
le déclarer un pays de monoculture.
Tous les - essais de production éJqUiatol-
mate ou intertropicale qui y ont été
tentés, jusqu'à ce jourv y ont parfaites
m'ent réussi. Les Annamites se sont à
peu près exclusivement confinés dans
la culture du riz parce que celui-ci re-
présentait leur aliment national et que
- l'écoulement s'en faisait, très facile-
ment, en leur laissant des revenus très
rémunéraiteuTs, mais ils n'ont jamais
été réfraictaires à d'autres cutltures.,
comme l'indiquent ceilles qu'ils ont ten-
tées autour de leurs habitations, pour
leurs besoins personnels.
Aujourd'hui où la thèse des physion-
omies est singulièrement en fELveur, la
Coichinchine reiprésente, à tous points
de vue, l'idéal des pays agricoles. Elle
a un soi gras et feirtile, sans cesse en-
richi par les alluvions du Mékong ou
de ses aHluent-s, elle peut, en tous
teimips être abondamment irriguée, son
climat est très régulier et également
éloigné de tous les extrêmes, enfin, elle
pofesède une population qui, quoique
assez clairsemée, est laborieuse et ad-
mirablement disposée pour tous les
travaux de la terre. Peu nombreux, ils
ont fait preuve d'une extrême activité
à défriciher et à mettre en valeur les
vastes étendues alluvioŒlnaires que le
Mékong, chaque année mettait à sa dis-
position. -
Les cOllons européens sollicités par
td'autoeis considérations ont entrepris
des cultures différentes qui sont déjà
pour eux la source de revenus fort ap-
préciables.
Nous citerons notamment les planta-
tions d'hévéas qui coimïnenicent à clas-
ser la Coclhinchine parmi Les plus im-
portants pays producteurs de caout-
chouc et lui permettent de concurren-
cer les exportations des Indes Nértlan-
daises ou des Etats Malais : les planta-
tionls. de cocotiers grâce auxquelles un
stock important de coprah peut être
déjà dirigé vers lai France ; les planta-
tions d'e cannes à sucre qui, à la suite
du! succès des entreprises tentées sur
le Vaico du côté de Hiep-Hoa, permet-
tent d'espérer que bientôt l'Indochine
pourra se dispenseir de payer un tribut
onéreux aux pays voisins.
Quoi qu'il en soit, c'efet encore et
miailigiré tout la culture du riz qui domi-
ne en Cochinchine ; c'est elle qui fait
la fortune du pays et de ses habitants
et c'est elle qui doit faire l'objet de l'at-
tention et de la sollicitude des Pouvoirs
publics. Il n'est pas douteux que plus
celle-ci' se développera,, et plus la pro-
duction s accentuera, plus les riches-
ses publiques augmenteront et aussi le
hi'en-êbre. de la colonie. Le besoin de
riz est tellement grand en Extrême-
Orient" les exigences des pays produc-
teurs s'accroissent dans de telles pre,
portions,, qu'une surproduction et une
mévente de cette précieuse denrée de-
vient ime hypothèse invmiseimMable.
(Puisque le riz de Coichinchine, en
dépit des Critiques dont il est l'objet, ne
cesse de trouver acheteur et la raison
en est peut-être à ce. que son prix est
inférieur à celui d'es pays voisins dont
les qualités sont plus appréciées il pa-
raît de bonne poUtii-que. de s'occuper
avant tout de la question de la quan-
tité. L'amélioration de l'espèce et le
perfectionnement de la qua,lité doit as-
surément préoccuper les pouvoirs pu-
blics et tous les essais qui sont tentés
par les Services agricoles et les parti-
culiers doivent être encouragés. Tou-
tefois, en admettant que nos riz de Co-
chincihine, par suite de la. sélection des
semences, la standarisation et les pro*-
cédés scientifiques modernes, arrivent
à égaler les mli11ur.oo qualités eonnueiS
ce qui, malgré tout, ne se ferait pas
sans dépenses et sans le bouleverse-
ment des méithoides aictuefliliement ac-
qui'ses peut-être s'exposerait-on à
quelques désillusions en émettant des
évaluations dont l'étude et' l'observation
dies lois économiques font un peu res-
sortir l'exagération.
Quoi qu'il en soit, il importe, que par
tous les moyens possibles, l'Administra-
tion de Coichinchine active l'a. mise en
valeur des terres nouvelles et facilite
l'exode des travailleurs agricoles vers
les provinces de Bacilieu et de Rachgia,
où d'immenses étendues n'ont pas en-
core été défrichées; enfin fasse tous ses
efforts pour tirer parti, dans les meil-
leures conditions possibles, d.e la véri-
table richesse agricole que la nature a
mise à sa disposition.
Gabriel Combrouze,
Député de la Gironde,
Secrétaire de la Commission
des Colonies.
L'aviation coloniale
--0-0--
L'Enquête sur le « Dixmude »
Le ministre de la Marine observe tou-
jours le plus grand silence sur les réunions
de la haute Commission d'enquête sur le
Dixmude.
Nous croyons cependant savoir que cette
Commission a entendu des témoins parmi
lesquels le vice-amiral Lanxade, préfet ma-
ritime de Toulon, et le vice-amiral Fatou,
commandant les frontières maritimes du
Sud.
Les membres 'de la Commission vont com-
mencer aujourd'hui la rédaction de leur
rapport, qui sera probablement remis sa-
medi à M. RaibertL
Pour nos laboratoires
- 0
On vient de -publier les
résultats de la journée
Pasteur. Une somme de
treize millions a été re-
cueillie. Les colonies fran-
çaises y ont contribué pour
1.600.000 francs, soit
pour le ltttitième. Les su-
jets français, épars au
travers du vaste monde, ont donné l'exemple
d'une générosité remarquable.
On ne saurait, en effet, admettre que l'en-
semble de la richesse réalisable de ces braves
cœurs atteint le huitième de l'ensemble de la
richesse métropolitaine, A peine, en l'état
actuel des choses, en représente-t-elle la deux
centième partie!
D'autre part, il est permis de déclarer que
le désir de venir en aide à nos savants dému-
nis, pas Plus que la hâte de voir éclore de
nouvelles découvertes, dont les applications
enrichiront certainement les blancs avant de
venir les enrichir, eux, dans leur brousse per-
due, ont poussé nos sujets à donner généreux
sement comme ils Vont fait.
En effet, dans leur esprit simple, mais non
dénué de sens positif, ils se sont souvent
rendu compte que les « machines de blanc »
sont pour eux l'occasion de travaux supplé-
mentaires. S'il rty avait pas d'autos, par
exemple, il y aurait moins de journées fati-
gantes à passer à construire ou entretenir des
routes. S'il n'y avait pas tPaviotlS, il ne serait
pas nécessaire de créer des terrains d'atterris-
sage, dont Vinstallation et le nivellement
exigent pour chaque terrain près de trente
mille journées de prestations.
D'ailleurs, la plupart d'entre eux savent-
ils ce que c'est quîwi laboratoire? A peine
connaissent-ils (et, pour eux, c'est encore une
mauvaise invention des blancs) les labora-
toires vaccinogènes, où l'on fabrique ce ^gri-
gri liquide que les « commandants » vous
font inoculer de force!
Alors, ce beau résultat serait-il dû à la
pression administrative ?
Nullement. Les noirs ou les jaunes ont
donné volontairement, simplement, par ce
qu'on leur a demandé de le faire pour la
Frame. Ils ont agi ainsi farce que nos gou-
verneurs et nos fonctionnaires coloniaux ont
su conquérir leur cœur, et parce qu'ils consi-
dèrent notre France comme leur propre pa-
trie, c est-à-dire leur tutnee.
Ils ont fait simplement un acte de foi et
un acte de piété filiale.
Georges Barthélemy,
Député du Pas-de-Calais
Délégué du Soudan Français
et de la Haute-Volta
au Conseil Supérieur de,s Colonies
Odb
Candidatures
---0-0--
Les positions électorales semblent se préci-
ser aux Colonies.
En Guyane, on a longtemps cru que no-
tre éminent confrère Eugène Lautier, direc-
teur de l'Homme Libre, qui a ses grandes
et ses petites entrées rue Oudinot, enlèverait,
sans -- combat, grâce à l'appui de M. Gober,
maire de Cayenne, de M. Chanel, le nou-
veau Gouverneur, et de l'administration le
siège qu'abandonnerait le député-sortant.
Mais les positions sont changées, et M. Eu-
gène Lautier ne tient plus la corde, loin de
là. On annonce que, sous le haut patronage
de M. Jean Galmot, député-sortant qui ne
se représenterait toujours pas, et de M.
Albert Sarraut, ministre des Colonies, serait
envoyé à la Chambre, l'illustre écrivain Ro-
bert Chauvelot, le beau-frère de M. Léon
Daudet, dont les ouvrages sont unanimement
appréciés. - -
Quelques-uns mettent aussi en avant le
nom de notre vaillant confrère Albert Lon-
dres, qui a fait, il y a quelques mois, une
sensationnelle enquête sur la Guyane et le
bagne.
***
En Cochinchine, la lutte électorale se
poursuit très âpre. M. Ernest Outrey se dé-
bat avec sa vivacité coutumière contre les
attaques de ses adversaires. Deux classes
semblent se trancher : d'un côté, les sociétés,
les hauts fonctionnaires, les Hindous ; de
l'autre, les petits employés, les petits fonc-
tionnaires et les Annamites naturalisés. M.
Ernest Outrey aurait les premiers, dont
quelques-uns iraient à l'aviateur Roland Dor-
gelès, depuis plusieurs mois en Cochinchine.
Mais c'est surtout avec son ancien concur-
rent de 1919, M. Monin, actuellement à
Paris, mais qui rejoint Saigon le mois pro-
chain, que M. Ernest Outrey aura à compterl
90 1
Singes dévastateurs
Propriétaires de fermes et gardiens de
plantations de Sierra Léone ont constaté
dernièrement des déprédations considéra-
bles causées par des bandes de singes fai-
sant des descentes périodiques et causant
de très graves dommages avant qu'on ait
pu les chasser.
- -
ECOLE COLONIALE
0
Le bal de l'Ecole Coloniale aurai lieu le
samedi 22 mars prochain, sous la prési-
dence d'honneur dui ministre des Colonies,
du général Gouraud et de M. Disière, le
vénéré président du Conseil d'administra-
tion. de l'Ecole Coloniale.
La famille des Salifou
---0-0--
La famille des Salifou, de rare Naloue,
ne s'éteint pas avec le lieutenant Ibrahim,
décoré de la Légion d'honneur et de la Croix
de guerre, qui vient de mourir à Paris ces
jours-ci. L'ancien roi du Rio Nunez, Dinah
Salifou, qui eut chez nous son heure de célé-
brité au temps où le Président Sadi-Carnot
recevait à Paris le Shah de Perse, laisse en-
core deux fils et de nombreux petits-enfants.
L'aîné de ces fils, dont le nom nous échappe,
vit actuellement en Guinée dans le cercle de
Boke, qui formait la plus grande partie du
royaume de son père. C'est un homme intel-
ligent, de caractère un peu apathique. Son
loyalisme n'a jamais donné lieu à la moindre
inquiétude. Cependant, les Lieutenants-Gou-
verneurs de notre Guinée ont cru bon de li-
miter son autorité au commandement de quel-
ques villages des environs de Boké, où le
prince s'adonne surtout à la culture. Sa
plantation de caféiers donne des résultats
excellents.
Le second fils du roi Dinah, Alioune Sali-
fou, est interprète du Gouvernement à Kin-
dia, région habitée par des Soussous et des
Foulahs. Alioune parle et écrit couramment
notre langue; il a toujours mis son influence
au service de notre cause.
*
* *
Lorsque le Shah de Perse rencontra en
France Dinah Salifou, il se prit pour lui
d'une très grande amitié, et au moment où
Dinah quittait Paris pour rejoindre Dakar,
le Shah lui offrit un superbe cimeterre
adorné de pierreries.
Nous ne savons au juste ce qu'est devenu
ce présent historique.
*
* *
« Voici la lettre que celui dont nous déplo-
rions la mort tout dernièrement, le sergent
Dinah Salifou, écrivait le 22 avril 1915 à
son général :
« Mon générai,
« Je me pennets encore de venir vous don-
ner de mes nouvelles qui sont maintenant bon-
nes.
« Comme vous le voyez, j suis toujours sur
le front, où j'ai gagné par ma conduite au
feu, d'abord mes galons de caporal, puis de
sergent et viens d'être proposé pour le grade
de sous-lieutenant ; j'ai été également cité à
l'ordre du jour de l'armée.
« En eïlet, me trouvant dans une tranchée
de première ligne avec ma section où nous
avions passé la nuit, à 8 heures du matin, je
fus blessé grièvement à la tête d'une balle qui
a failli me fendre le crâne en deux. Le choc
tfut tellement fort, que mes camarades me
crurent perdu, car je suis resté sans connais-
sance pendant plusieurs minutes.
Il Le lendemain matin, après avoir examiné
ma. blessure, le -médecin-major décida de me
faire évacuer, mais j'ai refusé, préférant me
faire soigner ici et reprendre ensuite ma place
au milieu de mes camarades. En effet, j'estime
que c'est le seul moyen de prouver à la France,
ma nouvelle patrie, la sincérité de mon atta-
chement et de mon dévouement le plus absolu.
« Oui, mon général, j'entends rester ici et
faire mon devoir jusqu'au bout.
« Soyez persuadé, mon général, que je ne
manquerai pas de faire honneur au nom que
ie porte.
Signé : « Dinah Salifou, sergent,
Se colonial, la* Cie, Secteur postal 13. ».
Le statut de Tanger
-Q-O--
Le marquis de la Torre Hermosa et
M. Aguirre de Carcere ont apposé, hier,
leurs signatures à la convention qui fonde
définitivement le Statut de Tanger.
A vrai dire, cette convention, dans son
ensemble, avait été signée à Paris le 18 dé-
cembre. Le texte avait été publié1 le 27 dé-
cembre. Mais, comme nous l'avons relaté,
les signataires espagnols avaient fait, le
18 décembre, des réserves expresses sur
certains points de l'application du statut,
et les négociations s'étaient poursuivies à
ce sujet entre Madrid et Paris.
Avec les concessions consenties à l'Espar
gne, le Statut de. Tanger coïncide avec le
désir de la France, qui était de concilier
l'organisme international avec l'autorité
du Sultan. Il n'a pas soulevé de difficultés
sérieuses. Le Thnes lui consacrait, le 28
décembre, un article bienveillant. Et, en
Espagne même, les nationalistes extrêmes
seuls, comme ceux de l'A. B. C., ont élevé
des prQltestatiools qu'il est bien difficile
d'éviter.
Le général Prima de Rivera s'est complu
à reconnaître la grande correction et la cor-
dialité des négociateurs français.
« La signature du statut de Tanger 19
ajouté le Président 'du Directoire, consoli-
dera les relations déjà si cordiales entre les
deux pays. »
Trop de fez !
Avant la guerre la France et ses colo-
nies étaient inondées de produits alle-
mands ; depuis lors serions-nous menacés
d'un autre danger ?
On annonce en effet qu'une grande So-
ciété commerciale vient de constituer en
syndicat toutes les fabriques de fez à Stra-
wonitz (Tchécoslovaquie), et est arrivée
ainsi à établir des prix qui tuent littérale-
ment les autres fabriques du monde.
Or, on vend de par le monde, bon an mal
an, près de 1.200.000 fez.
Devant la concurrence tchécoslovaque les
autorités françaises ont décidé de relever
les droits d'entrée des chéchias en Algérie.
où la consommatieli annuelle est de 40.000.
Mais en Tunisie, on pourra avoir des fez
à bon marché. Les Tunisiens achètent près
de 25.000 fez par an ; ils leur coûtent de
60 à 300 francs les douze,
Que pense de cet état de choses M. Henri
Simon, député, ancien ministre des Colo-
nies, Président du Syndicat des fez et ché-
chias de Mazamet.
La rétrocession de weï-M-weï
à la chine Dar rangloterre
--G+--
Au moment où la rétrocession de
Kouang-Tcheou-Wan à la Chine est com-
mentée dans les journaux français de la
Métropole, il y a intérêt à connaitre les con-
ditions que nous allons exposer dans les-
quelles l'Angleterre a rétrocédé à la Chine,
la concession de Weï-Baï-Weï.
Conformément aux engagements pris à
la Conférence de Washington, le Gouverne-
ment britannique a accepté de rétrocéder
à la République chinoise, la base navale de
Weï-Haï-Weï, dont la concession lui fut
octroyée à bail le 5 octobre 1898.
Comme on le sait, ce territoire, occupé
depuis 18!H: jusqu'à cette date par les Ja-
ponais, comprend une zone d'une profon-
deur de 16 kilomètres formant ceinture au-
tour de la haie de Weï-HaïliWeï et les Iles
situées dans cette baie et dont la principale
est LiUrKung-Tao..
Suivant les clauses de l'accord proposé au
Gouvernement de Pékin, le territoire en-
tier fait retour à la République chinoise y
compris les constructions et installations
existantes. L'Angleterre formule toutefois
des réserves qui ménagent un abri A ses
navires de guerre et stipule que la Répu-
blique chinoise lui garantira certaines faci-
lilés et lui concédera certains terrains, em-
placements ei 'bâtiments destinés - à servir
de « sanatorium d été à l usage de la ma-
rine de Sa Majesté ». Ces concessions et
ces garanties seront consenties pour une
période de 10 ans, renouvelable au gré de
l'Angleterre, et >seul un accord mutuel
entre les doux Gouvernements pourra y
mettre fin.
Lacté de rétrocession n'est donc pas
d'une limpidité parfaite- et il semble inté-
ressant écrit notre confrère du Tonkin
le Courrier d'Haïphong, de tenter de déga-
ger le mobile auquel obéit la politique bri-
tannique, en jetant un coup d'oeil en arriè-
re jusqu'aux événements qui ont troublé.
il y a 29 ans, les régions sino-russo-japo-
naises.
En 1891, le Japon, allié de l'Angleterre
expérimentait pour la première fois, son
armement moderne aux dépens de la Chine.
Si ce duel, très inégal par la qualité et les
moyens des adversaires en présence, n'ar
vait pas permis aux Japonais de faire va-
loir leurs connaissances tactiques, il avait,
néanmoins, mis en relief leur esprit de
décision, leur valeur combative et la facilité
avec laquelle ils 'avaient su s'adapter aux
méthodes modernes. En spectatrice prati-
que et averti, l'Angleterre avait tiré de ces
faits un - enseignement précieux pour l'ave-
nir. L occasion de l'utiliser ne se fit d ail-
leurs pas attendre.
A cette époque, la politique russe alar-
mait à la fois la Grande-Bretagne et le
Japon.
La première se sentait menacée aux
Indes par les infiltrations russes en Afgha-
nistan ; le second redoutait le voisinage du
« colosse » fixé en Mandchourie. Tous
deux étaient inquiets de son influence
croissante en Chine.
C est alors que la Grande-Bretagne, en
prévision de complications éventuelles,
prit a Weï-Haï-Weï les lieu et place du Ja-
pon. De cette fenêtre ouverte à l'entrée du
golfe du Petchili, face à Port-Arthur, elle
pouvait observer l'horizon et se tenir prête
à tout événement.
L'événement se produisit en 1904 ; ce fut
la victoire japonaise de Tsoushima. La po-
litique anglaise triomphait, le péril russe
était écarté. Port-Arthuir ayant changé de
maitre, \Veï-Haï-\Veï perdait un peu de son
importance.
Aujourd nui, la physionomie de l Extrô-
mc-Orient nous montre un empire japonais
considérablement agrandi en territoire et
en puissance, une Russie en déliquescence
soviétique, une Chine en pleine anarchie.
L'aspect politique, lui aussi, s'est modifié:
le traité anglo-japonais n'a pas été renou-
velé ; l'Allemagne a disparu de la scène ;
les Etats-Unis se livrent en Chine à une
propagande active. Les trois grandes puis-
sances, Angleterre, Etats-Unis, Japon, s'é-
pient dans le Pacifique, sous l'empire des
mêmes convoitises et des mêmes préoccu-
pations économiques. Le moment n'est tou-
tefois pas venu pour l'Angleterre, actuelle-
ment en bons termes avec ses deux rivaux,
de modifier son attitude à leur égard. Con-
fiante dans la méthode adoptée en 18 en
prévision d'un orage qui éclata 6 ans plus
tard, elle lui reste fidèle en l'adaptant au
nouvel état de choses ; elle suivra les
événement de son belvédère de - Liu-Kung-
rao.
"Son premier geste, écrit notre confrère,
t< qui peut apparaître comme une conces-
« s ion faite à l'amour-propre chinois, est
« de s'éloigner d'une région où sa pré-
te sence officielle ne lui paraît plus justifiée.
« Elle y laisse le champ libre. Elle se con-
« tente d'un abri pour ses escadres dans
(( une base navale, son œuvre d'hier, et
« dont elle profitera dans la mesure qu'elle
« a estimé suffisante.
« Ce serait donc une grave erreur, et
t nul n'y songe, de considérer l'abandon
,( tde Wêï-Haï-Weï comme un amoindrisse-
tl ment ou un recul de la puissance britan-
ni-qui,,. Le problème du Far-East a sim-
« plement changé d'aspect il réclame une
« solution nouvelle que nous trouvons, dans
« un avenir très prochain, à Singapore,
.« choisi pour devenir désormais le gîte
« général et le rentre de son rayonne-
« ment. »
un officettonnajsdeMadagascar
0
Sous les auspices de la Chambre de Com-
merce de Lyon, l'Agence Economique de
Madagascar va. créer prochainement à Lyon
un Office chargé de documenter - les com-
merçants et industriels de la région sur les
ressources et les débouchés qu'offre notre
grande îleL Rappelons qu'un Office du Maroc
fonctionne déjà depuis trois ans près la
Chambre de Commerce.
le,cbange et nos Colonies
no
Tous nos collaborateurs parlementaires
ont considéré comme un paliatif à la
crise du change le recours à nos produits
coloniaux qui sont certainement en quan-
tité suffisante pour nous affranchir du
joug de l'étranger.
« Il est pénible -de constater qu'en 1922,
écrit notre collaborateur et ami, M. Georges
Barthélémy, le pourcentage des matières
premières fournies par nos colonies n'a
figuré à nos importations, que pour 0.58 .%*
pour le coton, 3,7 pour les laines,2 1/2
pour îles soies et bourres de soie, et tout le
reste dans des proportions aussi minimes.
Aussi n'est-il pas difficile de se rendre
compte que la nation française a payé en
une année, pour une importation. totale de
12 milliards de ces matières premières, une
prime de change d'environ 8 milliards, soit
plus de deux cents francs par tête d'ha-
bitant ; et que, par conséquent, si nos co-
lonies étaient outillées convenablement,
nous économiserions de ce fait huit ou dix
milliards annuellement.
L'outillage économique de nos posses-
sions coûterait approximativement des mil-
liards. Croit-on que l'épargne française ne
ferait pas cet effort .plus joyeusement que
celui qu'on lui demande avec des impôts
nouveaux, ihibêcides, éternels ?
Et n'aurait-on pas mieux fait d'employer
à ces œuvres vives et d'avenir les sommes
énormes englouties dans des expéditions
orientales discutables, ou à commanditer
des nations associées ? ».
Qu'attend le Parlement pour voter le pro-
jet Sarraut qui doterait nos colonies de
l'outillage économique qui leur manque ?
Le tourisme à Madère
Madère vient de recevoir la visite des pro-
priétaires des plus importants journaux de
Londres : Financial Times, S'lmday Times,
Daily Graphie et Bystander.
Pendant une quinzaine de jours, ces tou-
ristes de marque ont excursionné dans l'île,
enchantés de son chaTme pittoresque et de
la courtoisie des habitants. Madère est ap-
pelé à devenir un des plus agréables buts
des touristes mondiaux.
Paris-Saïron par T. S. F.
0
L'économie réalisée par les nouvelles
relations radiotélégraphiques avec l'Indo-
chine est beaucoup plus importante que
nous ne l'avions indiquée, au lendemain de
l'inauguration du nouveau service.
Présentement le mot Paris-Saigon par
câble est de 16 fr. 40 et ressort seulement
à 5 fr. 05 par T. S. F. -
N'oublions pas également que nous nous
trouvons ainsi libérés de la tutelle étran-
gère.
L'assistance médicale an Togo
---0+--
M. le Gouverneur Bonnecarrère a résumé
dans une circulaire l'œuvre de l'assistance
médicale indigène au Togo organisée de-
puis deux ans. On a obtenu déjà les résul-
tats les plus heureux. Les dispensaires et
cliniques de Lomé; Anécho, Palimé, Atak-
pamé et Sokodé dirigés directement par des
médecins, - sont - - fréquentés par un très
grand nombre d indigènes ; des dispensai-
res-annexes dotés d'infirmiers instruits, ont
été installés dans les grands centres de
Tséwié, Tabligbo, Bassari et Sansaitti'é-
Mango; d'autres dispensaires-annexes sont
en cours d'installation à Wogan, AssahuIl,
Nuatja, enfin les hôpitaux indigènes de
Lomé, Anécto, Palimé, Atakpamé et So-
kodé sont actuellement, soit agrandis, soit
en pleine reconstruction et une superbe'ma-
ternité va d'ici peu être terminée à Lomé.
Le Service de Santé compte actuellement
six médecins présents sur le Territoire, ils
.sont secondés par un adjudant européen
hors cadres et par un personnel indigène
expérimenté et très dévoué, qui comporte
dix médecins auxiliaires, deux sages-fem-
mes, une infirmière et trente infirmiers.
Des brigades d'hygiène expertes fonction-
nent d'autre part avec régularité et mé-
thode dans tous les chef-lieux des Cercles.
notamment à Lomé, menant avec vigueur
la lutte contre les moustiques et leurs lar-
ves, surveillant l'évacuation des matières
usées et la propreté d'e la voirie comme des
habitations.
Le service de la prophylaxie contre les
maladies épidémiques a été doté, cette an-
née, d'un appareil Clayton permettant la
désinfection par les gaz sulfureux des lo-
caux, des wagons et des marchandises con-
taminées ou suspects, et , d'une grande
étuve Geneste .et Herscher a vapeur d'eau
sous pression, pour la désinfection des lite-
ries et des vêtements: Un médecin, prove-
nant de l'Institut Pasteur de Paris, vient
d'être mis, à - la tête du laboratoire d'hygiène
et de bactériologie de Lomé. Enfin le bud-
get prévoit de larges crédits pour l'achat
des médicaments et des objets de panse-
ment et pour continuer la lutte contre la.
syphilis et les. maladies vénériennes, qui
sont la cause la plus importante de la sté-
riolité. des avortements et de la morti-nata-
lité.
Le Territoire dispose donc dès mainte-
nant de moyens puissants-qui lui permet-
tent de donner à. l'assistance médicale,
toute l'ampleur désirable.
Il ne suffit pas de soigner les malades
dans les hôpitaux ou les dispensaires-an-
nexes, a joute M. Boraiecarrère, ces orga,
nismes n'ont en effet qu'un, rayon d'action
forcément limité et leur nombre ne peut en'
être indéfiniment accru. Aussi dans l'état
actuel des choses la grande masse de la
population. demeure-t-èlle trop éloignée des
centres médicaux pour profiter des bien-
faits de l'assistance. Or c'est précisément
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