Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1924-02-07
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32693410p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 07 février 1924 07 février 1924
Description : 1924/02/07 (A25,N21). 1924/02/07 (A25,N21).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
Description : Collection numérique : Thème : L'histoire partagée Collection numérique : Thème : L'histoire partagée
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Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6411125x
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 31/01/2013
VINGT-CINQUIEME ANNEE. - No 21 LE NUMERO : 20 CENTIMES 1KI DI SOIR, ? FEVRIER 19U
Les Annales Coloniales
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La Chambre de Commerce de Kenitra
et la crise marocaine
Une crise économique d'une gravité excep-
tionnelle sévit au1 Maroc. Personne ne songe
plus. à le nier. Crise, à la fois immobilière,
commerciale et financière.
Dans les villes, à Casablanca principale-
ment, la crise immobilière est intense, elle a
causé déjà de nombreuses ruines. Les loge-
ments vacants se multiplient ; les loyers ont
subi une dépréciation dans certains cas des 2/3.
ils ne couvrent plus les intérêts des hypothè-
ques. Quant aux terrains non-bâtis, leur va-
leur est pour instant inappréciable, ils ne
trouvent plus d'acquéreurs.
D'ailleurs, le trouble s'étend à toutes les au-
tres branches de l'activité économique.
Le Commerce et l'Industrie sont fortement
ébranlés. Les faillites succèdent aux faillites.
Les capitaux venus de France qui ont four-
ni jusqu'i ci la majeure partie des sommes em-
ployées au Maroc se retirent avec précipi-
tation. Plus de 50 aussi des énergies fran-
çaises ont pris le chemin du retour.
Enfin la balance commerciale est devenue
très fortement défavorable. Alors qu'en 1912,
les exportations étaient supérieures de 18
aux importations, elles leur ont été inférieures,
en 1922, de 20 %>
La Chambre de Commerce de Kénitra jus-
tement émue de cette situation franchement
mauvaise et qui va devenir pire si des me-
sures ne sont prises immédiatement pour con-
jurer le danger vient d'adresser au Gouver-
nement du Protectorat un rapport dans lequel
elle examine à la fois les causes de cette crise
et les moyens d'y retnédier.
Cette étude, effectuée, au Maroc même, par
des représentants autorisés du Commerce,
mieux placés que quiconque pour dégager tou-
tes les données du problème, mé-ite d'être oi-
gnalée à l'attention de tous ceux qui, déplo-
lant le mal dont souffre aujourd'hui cette ma-
gnifique Colonie, ont le vif désir de mettre fin
à ce mal et de permettre la reprise à bref délai
d'une activité nouvelle sur dfcs bases plus
sOlides.
A. Causes de la crise.
Il faut se sarder. d'abord, d'attribuer les
désastres actuels, soit au bouleversement mon-
dial, soit aux difficultés ifnancières auxquelles
est en butte l'Etat français. Seul un trouble éco-
aomique, profond, catastrophique dans la Mé-
tropole (et rien de pareil n' existe heureuse-
ment) pourrait avoir une répercussion sur le
Maroc qui a un budget spécial, d'ailleurs équi-
Sbré.
- Ce sont des causes locales qui ont détermi-
né la perturbation actuelle.
Le Maroc traverse une crise de croissance,
en ce sens que de grand s travaux, de très
grands travaux ont été effectués jusqu'à ce
jour par l'Administration, ces travaux ont dé-
veloppé artificiellement l'essor économique des
villes, notamment de Casablanca.
Ils ont suscité les initiatives individuelles,
encouragé de nombreuses et considérables en-
treprises privées et provoqué finalement une
spéculation effrénée, véritable trompe l'œil,
qui a fait croire à l'existence d'une prospéri-
té, en réalité, toute factice.
Mais, vienne à diminuer l'intensité des
grands travaux admnistratifs et c'est ce qui
se produit toute cette activité se ralentit.
L'importation des capitaux s'arrête. Le crédit
même tend à disparaître totalement.
il faut tenir compte avec cela « que le com-
« merçant européen n'a pu pénétrer chez l'in-
« digène et que le commerce avec les Maro-
« cains est resté entre les mains des Maio-
« cains. »
« Résultat : les deux sources exclusives du
« mouvement des affaires, travaux adimnistra-
« tifs et importations des capitaux, sont taries
« pou" les 60.000 Européens disséminés
« d'Oudjda à Marrakech, qui, dès lors, ne
« pourront plus vivre qu'entre eux et sur eux-
« mêmes ».
La Chambre de Commerce déplore « qu une
w base d'activité nouvele, attendue de la co-
« Ionisation, ne soit pas venue compenser ce
« qu'on perd du fait de l'achèvement de l'ou-
« tillage économique ».
Le rapport ajoute encore :
« Faisons un peu un examen de nous-mê-
« me et demandons-nous, si, en présence c'u
m chiffre peu important encore des européens
« au Maroc, nous n' avons pas commis l'erreur
« d'être allés beaucoup trop vite en matière
« d'installations de Commerce et d'Industrie.
<( Regardons Casablanca et ses 32.000 Eu-
« ropéens, auxquels nous ajoutons 4 à 5.000
«Israélites européannisés, et voyons si en
« France même une ville de 50.000 âmes a
« des établissements de cette importance. »
Et passant en revue ensuite le programme
de l'Emprunt de 1920. il constate que sur
744.140.000 francs, 86 millions à peine sont
léservés à la colonisation et à l'hydraulique.
« C'est une misère 1 »
Il place immédiatement en regard de « cette
misère » les sommes oui doivent être consacrées
à l'achèvement des Ports.
Pour Casablanca : 221 mêlions se répartis-
sant ainsi :
95 millions : Achèvement de l'abri.
36 : Prolongement de la jetée du
large.
90 : Quais (4.505 mètres.)
Sur ces 4.505 mètres :
250 seront affectés à l'accostage des na-
vires.
500 seront affectés à l'embarquement dea
phosphates (un tonnage annuel de 2
millions de tonnes.)
Les autres desserviront les nouveaux terre.
pleins.
(( Le tout correspondant à un trafic de 4 à
« 5 millions de tonnes, ce qui dépasserait
« l'ensemble du mouvement commercial de
« l'Algérie,
« Il se passera au moins un siècle, avant que
« les besoins d'une telle quantité de quais se
« fasse sentir.
Pour Agadir, port sans intérêt réel en
ce moment 20 millions sont réservés.
Pour les P. T. T., on affecte 171 mil-
lions.
Or, au chapitre « Téléphone » on prévoit
pour Casablanca, 5.000 abonnés (plus que n'en
comptent les deux villes d'AEger et d'Oran
réunies).
1.000 à Sali.
1 500 à Mazagan.
Ce programme est donc une grosse décep-
lion.
Ce n'est pas 31 millions qu'il faudrait pour
le service proprement dit de la Colonisation
(achat de terres, création de Centres, etc.)
mais 300 millions.
Pas 51 mi21 ions pour l'assèchement des ma-
rais et toute l'hydraulique, mais 500.
B. Remèdes.
Et la Chambre de Commerce s'attache à
mettre en lumière avec perspicacité, l'impor-
tance capitale pour le Maroc, de cette partie
de 1 'oeuvre coloniale à peine ébauchée depuis
12 ans par le Protectorat.
Le Maroc est au point de vue agricole, un
pays riche, bien plus riche que l'Algérie et
la Tunisie, parce qu'il possède un régime flu-
vial que n'ont point la bonne fortune d'avoir
ces deux autres possessions. Fleuves et rivières
y roulent de l'eau en abondance, en toute sai-
son.
Des irrigations donneraient à une grande par-
tie du sol une fertilité incomparable. Elles per-
mettraient, en sus de la production des céréa-
les dont l'avenir est encore très grand, des cul-
tures extrêmement rémunératrices : Jardinage
(que les indigènes connaissent bien) ; Arbori-
culture (orangers, mandariniers, oliviers, etc.),
pour lesquelles le Maroc peut avoir des débou-
chés quasi illimités.
Mais pour l'utilisation de toutes ces riches-
ses éventuelles. il faut créer des Centres de co-
lonisation. « Tous les efforts roi vent tendre au
« groupement des Colons et non à la dlsper-
« sion de leurs efforts ». Question de sécurité
d'abord. Question d'ordre moral aussi. L'on
vit difficilement dans l'isolement. Et puis.
n'est-il pas nécessaire que les Colons puissent
faire donner à leurs enfants une instruction au
moins élémentaire } Il faudra donc faciliter
l'installation des Colons. Pour ceïa, diminuer
la somme exorbitante de 80.000 fr., dont doi-
vent disposer en vue de l'exploitation, les bé.
néficiaires des concessions moyennes (celles
surtout qu'il convient de multiplier).
Combien de centres a-t-on organisés à et
jour ?
En dehors des grandes villes et de leurs ban-
lieues, deux : « Petit-Jean et Sidi-Yaya ». Et
le Maroc Occidental ne compte encore que 400
colons. pas tous français (rapport Bureau
sur le budget marocain de 1923).
Alors qu' en Algérie, depuis 1904, malgré
l'immense effort antérieur, 79 nouveaux villa-
ges ont été encore créés, plus 53 groupes de
fermes (192 propriétés), 77 agrandissements ont
été réalisés. Au total 1.000 concessions gra-
tuites ont été accordées. 1.405 ventes ont été
consenties, 2.405 familles françaises ont été
attachées au sol dont 1.488 d'origine métropo-
litaine, 917 d'origine algérienne occupant
195.000 hectares.
Sur les moyens à employer pour augmenter
les concessions. la Chambre de Commerce si-
gnale la difficulté de se procurer des terres
sans dépouiller les indigènes. Eltle voit dans le
dessèchement de marais d'une superficie consi-
dérable et dans le développement de rHvdrau-
lique agricole des procédés tout à fait efficaces
pouT atteindre le but poursuivi.
Le desséchement des marais donnera à la
culture des surfaces très vastes. L'Hydraulique
permettra de réduire l'étendue des concessions.
Elle offrira aussi le moyen, en apportant de
l'eau aux collectivités, de leur demander en
échange de cette valeur nouvele, la cession de
terrains qui deviendront ainsi disponibles.
Et après avoir indiqué qu'à titre de pallia
tif et de remède provisoire à la crise actuelle,
le Protectorat doit hâter l'exécution des tra-
vaux restant à effectuer, en effectuer la répar-
1 tition sur 5 années au lieu de 10, la Chambre
de Commerce conclut : --
- - -
« La seule formule qui permettra au Maroc
« la prospérité à laquelle il a droit, se tient en
« deux mots : Hydraulique et Colonisation.
« .Là seulement se trouve le salut pour no-
« tre Commerce et notre Industrie. Pour un
« pays essentiellement agricole, l'épanouisse-
« ment de la richesse collective a pour cause
« unique la production du sol. » -
Pourquoi le Gouvernement du Protectorat
ne s'est-il pas inspiré depuis 12 années de la
politique si prévoyante, si sage et si naturelle
aue préconise la Chambre de Commerce de
Kénitra avec un réel courage.
Les avertissements ne lui ont cependant pas
manqué !
Depuis le commencement de cette législa-
ture. la Représentation Algérienne, s'inquiète
des eirements suivis au Maroc, et dont dule a
bien vu, par avance, les conséquences fatales
et désastreuses. Elle a exprimé ses craintes
directement au maréchal Lyautey, à plusieurs
reprises lorsqu'il a été entendu par la Commis-
sion de l'Algérie et des Coloni es, notamment
en décembre 1921-.
Moi-même je n'ai cessé toutes les fois que
l'occasion m'en a été offerte, de crier : *« Cas-
se-cou » -
En avril 1923, dans une conférence à Oran,
mettant en parallèle l'Algérie et le Maroc, je
reconnaissais la magnificence de l'œuvre accom-
plie par le Protectorat, mais je faisais obser-
ver que l'on avait usé d'une méthode inverse
de celle employée en Algérie.
Dans cette derniere Colonie, la Colonisa-
tion a précédé l'édification ou 3e développe-
ment des cités. Celles-ci ont grandi au fur et
à mesure qu'elles répondaient à des besoins
déjà éprouvés, et en proportion de l'intensi-
fication de la culture des territoires avoisi-
nants, tandis qu'au Maroc se dressait une faça-
de splendide, féerique, avant •! 'organisation des
exploitations qui devaient (l'étayer.
«Il faut, disais-je, maintenant justifier cette
« œuvre par la mise en valeur rapide de l'ar-
« rière-pays. Sinon sous peu ce sera l écroule-
« ment de la façade, une crise douloureuse 1 »
Je ne pensais pas que mes prévisions, hélas!
se réaliseraient aussi vite.
Uonc, comme >1 affirme excellemment la
Chambre de Commerce de Kénitra, il n'est
qu'un remède à la crise : Développer à tout
prix la Colonisation et j'ajouterai, dans l'in-
térêt de la France la colonisation par les Fran-
çais. L'on ne peut, puisqu'il en est ainsi, que
dépilorer, une fois de plus le dahir du 27 avril
1919 qui, renouvelant l'erreur funeste commise
en Algérie par le Sénatus-Consulte de 1863, a
constitué au bénéfice des tribus une propriété
collective qui n'existait point auparavant, à
donné à ces tribus la disposition définitive de
territoires immenses dont elles n'avaient jus-
que-là que la possession précaire, et qu'elles
sont dans l'impossibilité de cultiver.
N était-il point suffisant de maintenir provi-
soirement cette possession, d'interdire des alié-
nations prématurées, en attendant l'époque où
l'on pourrait donner aunx possédants une pro-
priété véritable, mais dans la mesure réduite
de leurs besoins et surtout de lleurs capacités
d'exploitation ? «
On n'aurait pas élevé un obstacle presque
insurmontable à l'extension de la colonisation.
C'est cependant tout l'avenir du Maroc qui
est en jeu, et non point uniquement, sa pros-
périté commerciale, mais aussi sa destinée po-
litique 1
Seul, l'on ne saurait trop le répéter, le peu-
plement français pourra nous fournir la garan-
tie que notre domination ne sera point éphémè-
re. Seul, il nous permettra de nous associer
étroitement aux populations marocaines pour
l'utilisation de toutes les richesses du Maroc.
Sed, en nous donnant le juste droit de con-
server le prix de nos efforts, il rendra possible
l'oeuvre de civilisation entreprise, il assoiera
et légitimera définitivement notre conquête !
Roux Freissineng,
Député d'Oran.
♦
De Dakar à Saint-Louis en automobile
n
Le dimanche 13 janvier une automobile
Renault pilotée par M. Goiux, représen
tant de la firme Delmas à Dakar a effectué
le trajet Dakar-Saint-Louis sans panne
aucune. Il a été de même au retour
le. surlendemain.
Cette belle randonnée doit marquer dans
l'histoire 'de l'évolution du Sénégal.
Tl est iL souhaiter que l'exemple de M.
Goux scit suivi. 11 suffit d'un moteur ré-
sistant. d'une voiture solide et surtout
d'un bon conducteur. La route est automo-
bilisable.
Le voyage avec arrêt pendant la grosse
chaleur est un voyage d'agrément.
M. Goux était d'ailleurs convaincu de la
bonne réussite de son raid puisqu'il n'avilit
pas craint d'emmener sa famille lui pro-
mettant au départ un beau voyage. Il a
tenu parole.
Exposition Coloniale de Strasbourg
Une manifestation coloniale importante se
prépare à Strasbourg, cœur de l'Alsace-Lor-
raine reconquise.
Une section industrielle et agricole sera
jointe à la section coloniale. L'ouverture
aura lieu le 13 juillet et la fermeture en
I octobre 1924.
Le Ministre des Colonies a désigné. comme
nous l'avons déjà annoncé, comme délégué
du Gouvernement, M. Louis Proust. Prési-
dent Général du Comité d'organisation, Dé-
puté, Membre du Conseil Supérieur des Co-
lonies.
Le Commissaire Général est M. A. Sartory,
Professeur à la Faculté de Pharmacie de
Strasbourg. M. A. Touché, un des organisa-
teurs de l'Exposition Nationale de Marseille,
spécialiste des questions coloniales, a été dé-
légué dans les fonctions de Commissaire Gé-
néral Adjoint.
e
L'aviation coloniale 1
O-t>.- dl
L'enquête sur le « Dixmude »
La haute commission d'enquête que pré-
side le maréchal Fayolle, a poursuivi hier
après-midi ses travaux dans la recherche
des responsabilités au sujet de la perte du
Dixmude.
Les membres de cette commission ont, à
nouveau, recueilli plusieurs dépositions.
Ils pensent avoir terminé leur mission à
la fin de la semaine.
LA OETIN LNIALE
et le Parti BadicaletRadical-Socialiste
--0-0--
Le Parti radical et ra-
dical-socialiste, se rendant
de plus eii plus compte du
rôle que nos colonies sont
appelées à jouer dans le
relèvement économique et
dans la restauration finan-
cière de la France métro-
politaine, avait décidé,
dans soit dentier Congres, la constitution
dans son sein d'une Commission des Colo-
nies, plus spécialement chargée d'dudier les
problèmes coloniaxix, si multiples et si va-
riés, dans leurs rapports avec les problèmes
extérieurs, économiques et financiers posés
par Vâpres-guerre. Nombre de nos camarades
s'étaient immédiatement fait inscrire dans
cette Commission.
Pour donner suite à cette décision et la
faire passer dans le domaine des réalités,
notre ami Archimbault, député de la Drôme,
vice-président du Comité Exécutif, avait con-
voqué, mardi dernier, les membres de cette
Commission, à l'effet de constituer leur bu-
reau et d'échanger leurs vues sur la meilleure
méthode de travail pour aboutir à des résul-
tats utiles et pratiques. Trop souvent, en
effet, dans les CommissioJlS, même je dirais
presque surtout dans celles qui émanent des
assemblées parlementaires, tout se passe en
discours et palabres plus ou moins ronflants.
D'actd. peu ou point!
Ta Commission des Colonies du Comité
Exécutif du Parti radical et radical-socia-
liste ne voudrait pas mériter ce rcprocllc.
Elle m'a fait Vhonneur 'de m ap peler à la
présider, et, sitôt son bureau constitué, elle
s'est mise à l'œuvre. Les divers orateurs qui
ont pris la parole ont successivement et rapi-
dement passé en rente les questions essentiel-
les se rattachant au développement et à l'ave-
nir du magnifique domaine (Coutre-Mer que
la troisième République a donné à la France,
et qui n'est pas le moindre, non seulement de
ses titres de gloire, mais encore de ses titres
à la reconnaissance de tous les bons Fran-
çais.
Sans entrer dans le détail de ces questions
le sujet, trop vaste à parcourir, dépasse
singulièrement les limites de cet article, j'au-
rai, au surplus, l'occasion d'y revenir je
voudrais simplement indiquer aujourd'hui
l'importance de l'innovation dont le Parti
radical et radical-socialiste a délibérément
Plis l'initiative.
C'est une constatation pénible mclis réelle
que le Français n'aime et n étudie guère la
géographie. Malgré de nombreuses et très
illustres exceptions les noms de nos célè-
bres explorateurs sont dans toutes les bouches
il n est pas exagéré de prétendre que nous
sommes plutôt d'un tempérament casanier.
Ajouterai-je que notre faible natalité, et jus-
qu'en ces dernières années. du moins, les fa-
cilités de notre existence métropolitaine
n'étaient pas de nature à développer beau-
cou p le goût des entreprises, j'allais dire des
aventures lointaines. Pères et liièrcs ne
voyaient pas sans peine leurs enfants s'expa-
trier pour aller dans les Colonies tenter ou
chercher la fortune.
La guerre a montré à tout Vunivers et ré-
vélé à beaucou p de Français l im portance et
l'étendue des services que notre immense Em-
pire colonial sur lequel le soleil ne se
J." d' l'
couche jamais pott rend rc a la mère-pa-
trie si nous savons intelligemment l'exploiter
et le mettre eu valeur. Combien de soldats
ne nous a-t-il - pas envoyés, à l'heure où le
destin de la France se décidait sur les champs
de bataille de la vieille Flirope? Qjtelles res-
sources de toutes natures ne nous a-t-il pas
abondamment fournies ? Point n'est besoin
de s'appesantir sur ces services : ils sontjon-
nus de tous. Ce qu'on sait moins ou ce dont
on paraît moins se préoccuper c'est que. dans
les luttes économiques qui ont succédé aux
batailles militaires, les Colonies peuvent nous
être également d'un très grand secours.
Pour combien de produits, qlte nous pour-
rions tirer de notre propre domainc colonial,
ne sommes-nous pas les tributaires de Vétran-
ger ! Pourquoi ne pas nous affranchir de ce
tribut 1 Dans quel état d'infériorité ne nous
place pas cette sujétion! N'oublions pas que
c'est en or que tous ces produits doivent être
pavés. Qui oserait soutenir que cette cause
n'a exercé aucune influence sur la dévalori-
sation de notre franc ? --
Ainsi avais-jt raison de dire, au début de
cet article, qlte le Parti radical et radical-so-
cialiste a bien fait de constituer, au sein de
son Comité Exhutif. une Commission des
questions coloniales. Il a prouvé ainsi que
,iOb de ce qui touche aux intérêts vitaux du
pays ne le laisse il/différeut. N'est-ce pas,
au surplus, un ministre radical qui, le pre-
mier. a défini en une formule lapidaire la
politique coloniale généreuse, large, humaine
tlui s'impose désormais à toutes les nations
civilisées ?
Henri Michel,
ancien Sénateur,
Délégué élu du Dahomey au Conseil
Supérieur des Colonies.
-go.
LE TAUX DE LA PIASTRE
Le Gouverneur général de l'Indochine
vient de faire connaître au ministre des
Colonies qu'à la daCe au 4 février 1924. le
taux officiel de la piastre était de 10 fr. 70.
A LA CHAMBRE
DEBATS
La Chambre a continué hier la discus-
sion des projets financiers du Gouverne-
ment.
- - -
M. Marcel Caclun a défendu un amende-
ment de M. Alexandre Blanc ainsi conçu :
« Les troupes d'occupation de la. Sarre,
de l'armée du Levant, de l'armée d'Orient
et du Maroc sont rappelées. »
M. Cachin a rappelé que d'après M. le
rapporteur général, la France doit entre-
tenir cette année 73.000 hommes au Maroc,
et 26.000 hommes en Syrie. Cette occupa-
tion doit coûter 342 millions pour le pre-
mier théâtre d'opérations et 218 millions
pour le second.
M. Laeotte a demande ce que pensaIent.
les députés algériens de l'utilisation qui est
faite du Maroc, des 340 millions engagés.
Le Maroc devrait se suffire à lui-même.
Notre ami et collaborateur Morinaud lui
a répondu : Il n'y a pas de colonisation au
Maroc : elle'n'est pas encore commencée
sérieusement et nous protestons contre
cette situation. La puissance française
dans l'Afrique du nord ne peut avoir d'au-
tre assise que la présence de nombreux
nationaux français. - -- --
A la majorité' de 462 voix contre /o,
l'amendement n'a pas été adopté.
M. André Berthon a ensuite développé
l'amendement ainsi conçu :
« Le service militaire des indigènes est
ramené au temps du service militaire dans
la métropole. »
M. Berthon a rappelé que le service mi-
litaire des indigènes est demeuré fixé à 3
ou 4 ans alors que celui des troupes m
tropolitaines a été abaissé à dix-huit mois.
Il v a la une anomalie choquante.
M. Morinaud a déclaré qu'en effet, les dê-
nutés 01' l'Algérie ne peuvent admettre que
ii>s indigènes, qui ne sont pas des citoyens
français, fassent plus de service que les
Français. Le Conseil général de Constan-
tinn n d'ailleurs voté à. l'unanimité une
motion flans ce sens, ce qui prouve bien,
pour nous Français, que les intérêts et les
droits des indigènes sont aussi sacrés que
('('1) ": des ritovi'iis français. (Applaudisse-
ments.)
M. Berthon a ajouté que ses déclarations
étaient, encore plus vraies en ce qui con-
cerne la population des jeunes colonies et
indiquant dans cet Qrare d'idées d'impor-
tantes économies à réaliser.
L'amendement mis aux voix est repoussé
par 380 voix contre 91.
AU SÉNAT
DANS LES COMMISSIONS
Projets et propositions de loi
relatifs à l'Algérie
Le. général Bourgeois a communiqué
le texte de la proposition de résolution
qu'il a déposée au Sénat avec MM. Cuttoli,
Duroux, et Gasser en vue de la nomination
d'une commission de dix-huit membres
chargée en 1924 d'examiner les projets et
propositions de lois relatifs à l'Algérie.
En voici la teneur :
« Dans sa séance du 18 mai r.i2o, le re-
nat. eomint1 il l'avait fait en 1922, a nommé
une commission chargée, pour 192-3, de
l'examen des projets et propositions de Ici
relatifs à l'Algérie.
Les pouvoirs de cette commission sont
expirés le 31 décembre dernier.
Nous nous adressons au Sénat, pour
solliciter de lui le renouvellement, pour 1921
des pouvoirs cette même commission.
Les raisons qui justilient notre proposition
sont les mêmes que celles que nous avons
invoquées dans l'exposé des motifs de la
proposition de résolution déposée en 1923.
Les projets ft propositions de loi relatifs
à l'Algérie sont renvoyés, suivant leur na-
ture, aux différentes commissions généra-
les.
Mais beaucoup d'entre elles connaissent ]
peu au peint de vue technique les questions
algériennes, lesquelles dépendent le plus
souvent d'un ensemble dont la coordination
est essentielle.
Il est donc logique de demander sur ces
questions, l'avis d'une commission spécia-
lisée dans l'étude des questions concernant
l'Algérie.
D'autre part, la commission de r.i;?3 n'a
pas terminé ses travaux et reste notam-
ment saisie au fend de deux propositions
de lois particulièrement importantes, et qui
touchent à l'organisation fondamentale de
notre grande possession d'Afrique du Nord.
Le renouvellement des pouvoirs de la
commission vous apparaîtra donc pleine-
ment justifié. »
*
* *
Le 9° bureau du Sénat, chargé de procé-
der à l'examen de l'élection de M. Clerc,
élu à une voix de majorité contre M. Le-
mery, sénateur sortant à la Martinique, a
lire au sort hier les noms des membres
de la sous-commission qui procédera h
l'étude du dossier.
MM. Bouvard, Cornudet, Loubet ont. été
llcmmés.
A Djibouti
Le prince siamois P a rachat ra qui va pro- 1
(hainement arriver en France sera reçu à
Djibouti par le Gouverneur de la Côte
française des Somalis au passage du pa-
quebot Paul-Iscat.
Inde française
-0-
Le Journal Officiel des Etablissements
français de l'Inde publie un avis aux ter-
mes duquel « le public musulman est, infor-
mé que les routes conduisant de la Mec-
que et de Djrddah il Médine ne présentent
pas de sécurité pour les voyageurs.
« Les pèlerins qui se rendent au tom-
hnn (lp Mahomet sont exposés aux entre-
prises de pillards bédouins )J.
Contre les sauterelles
en A. O. F.
r
–O–
En exécution de la Convention Internatio-
nale de Rome du 31 octobre 1920, les Gou--
vernements de l'Algérie, de l'A. O. F., dUt"
Maroc, de la Tunisie et de ta Tripolitaine
ont conclu un accord relatif à l'organisation
d'un service de renseignements sur les mi-
grations de sauterelles provenant des régions
désertiques.
Aux termes de cet accord, les intéressés
doivent avertir chacun des signataires, par
la voie télégraphique des vols de sauterelles,
de leurs lieux d'atterrissage et des éclosions
de criquets sur leurs territoires. Les condi-
tions physiques de milieu qui paraissent in-
fluencer les migrations det acridiens, telle
que la nature de la végétation, l'état hygro-
métrique de l'air, la température et La direc-
tion des vents font aussi l'objet d'observa-
tions dont communication est donnée à cha-
cun des membres de l'association. La pério-
dicité des invasions laisse en effet supposer
que les migrations sont soumises à certaines
lois dont la connaissance complète permet-
trait sans doute d'entreprendre une lutte ef-
ficace contre les sauterelles.
A l'heure actuelle, le service constitué en
Afrique Occidentale Française, en exécu-
tion de la convention internationale de
Rome comprend déjà soixante-huit postes,
tous munis des appareils nécessaires et dont
les chefs bénéficient de la franchise postale
pour toutes les communications relatives à
la lutte antiacridienne.
Ces postes sont répartis de la manière
suivante : 14 au Sénégal : 14 en Maurita-
nie; 21 au Soudan; 8 en Haute-Volta et 11
au Niger. Ils sont disposée de manière à for-
mer au sud du désert du Sahara un réseau
complet au travers duquel iet vols de saute-
relles ne peuvent passer eans être signalés.
Ces postes restent en liaison constante avec
ceux de l'Afrique du Nord tant française
qu'étrangère et l'on espère, grâce à leur sur-
veillance et leurs observations pouvoir dres-
ser bientôt contre les sauterelles un plan de
bataille qui, s'il était couronné de succès,
préserverait du fléau périodique les récoltes
de nos indigènes et présenterait beaucoup
d'intérêt du point de vue scientifique.
Le caoutchouc
Comme le signale dans son numéro
d'avant-hier le Times, c'est en 1923 qu'a
été mis en vigueur pour la première fois en
Angleterre le programme officiel relatif aux
restrictions de la consommation du caout-
chouc. Ceci dit, il est surprenant de cons-
tater que la caractéristique de l'année
écoulée consiste précisément dans l'accrois-
sement de la consommation et l'absence de
diminution dans la production. Les expor-
tations des pays producteurs ont été iden-
tiques à celles de l'année précédente, soit :
408.000 tonnes.
La consommation estimée à 420.000 ton-
nes est en augmentation dt près de 20.000
tonnes sur 1922. Cette augmentation s'ex-
plique uniquement par l'accroissement des
demandes de la métropole. Aux Etats-Unis
la situation est restée la même car les gros
affrètements à destination de ce pays pen-
dant la première partit de l'année
ont été compensés par de faibles importa-
tions durant la même période. La consom-
mation de l'Allemagne a été beaucoup
moins forte en 1923 qu'en 1922.
––-–
Rapports et Décrets
o
Arrêté du 5 février 1924 par lequel le taux
du péage perçu au port d'Alger au pro-
fit de la Chambre de Commerce de cette
ville en vertu de l'article -1er du décret du
8 mars 1922, qui a fixé le taux des péa-
ges établis audit port est réduit à 90 cen-
times par tonne métrique en ce qui con-
cerne le mazout entrant par mer, débar-
qué, embarqué ou transbOrdé.
Décret du 4 février 1924 par lequel la Cham-
bre de Commerce d'Alger est autorisée à
emprunter une somme de 44.500 francs,
dont le montant sera affecté à l'établisse-
ment d'un circuit téléphonique Alger-
Fouka.
Arrêté du 4 février 1924 relatif à l'organisa-
tion d'un service de mandats par télégra-
phie sans fil entre Agadir, d'une part, et
Atar (Mauritanie) et Sainî Louis-du-Sérié-
gai, d autre part.
.1. O. du G février 1924.
Le statut de Tanger
-.0-0---:.
Les plénipotentiaires angléùs, espagnols,
el français se sont réunis cet Ilprès-midi, à
dix-sent heures, au Quai ()'Orsay, pour
procéder à la signature définitive de la con-
vention sur le statut de Tanger.
On S0 souvient que les représentants de
la Grande-Bretagne et de la France avaient
déj'i signl l'accord, il y a quelques semai-
nes. tandis que ceux de 1'Espagne ne te pa-
raphaient qu'ad référendum.
CONFÉRENCE
SOCIETE DE GEOGRAPHIE
Demain soir, S février. suns la pré-
sidence du prince Bonaparte, la Société de
Géographie entendra nn, conférence de M.
Sylvain ï.e\i. professeur au Collège de
France, sur l'Asie iïnuvrlfr (deux personna-
lités. (10UX œuvres : Babindra Nath Tagore
et Santinikftan, Maharaja Chaptra Sham.,
shere Jari_: et le NépuL)
Les Annales Coloniales
JOURNAL QUOTIDIEN
LES ARTICLES PUBLIÉS PAR "LES ANNALES COLONIALES" SONT LA PROPRIÉTÉ
EXCLUSIVE DU JOURNAL
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On < mboone dans tous les Bureaux de poste et chez les principaux libraires
La Chambre de Commerce de Kenitra
et la crise marocaine
Une crise économique d'une gravité excep-
tionnelle sévit au1 Maroc. Personne ne songe
plus. à le nier. Crise, à la fois immobilière,
commerciale et financière.
Dans les villes, à Casablanca principale-
ment, la crise immobilière est intense, elle a
causé déjà de nombreuses ruines. Les loge-
ments vacants se multiplient ; les loyers ont
subi une dépréciation dans certains cas des 2/3.
ils ne couvrent plus les intérêts des hypothè-
ques. Quant aux terrains non-bâtis, leur va-
leur est pour instant inappréciable, ils ne
trouvent plus d'acquéreurs.
D'ailleurs, le trouble s'étend à toutes les au-
tres branches de l'activité économique.
Le Commerce et l'Industrie sont fortement
ébranlés. Les faillites succèdent aux faillites.
Les capitaux venus de France qui ont four-
ni jusqu'i ci la majeure partie des sommes em-
ployées au Maroc se retirent avec précipi-
tation. Plus de 50 aussi des énergies fran-
çaises ont pris le chemin du retour.
Enfin la balance commerciale est devenue
très fortement défavorable. Alors qu'en 1912,
les exportations étaient supérieures de 18
aux importations, elles leur ont été inférieures,
en 1922, de 20 %>
La Chambre de Commerce de Kénitra jus-
tement émue de cette situation franchement
mauvaise et qui va devenir pire si des me-
sures ne sont prises immédiatement pour con-
jurer le danger vient d'adresser au Gouver-
nement du Protectorat un rapport dans lequel
elle examine à la fois les causes de cette crise
et les moyens d'y retnédier.
Cette étude, effectuée, au Maroc même, par
des représentants autorisés du Commerce,
mieux placés que quiconque pour dégager tou-
tes les données du problème, mé-ite d'être oi-
gnalée à l'attention de tous ceux qui, déplo-
lant le mal dont souffre aujourd'hui cette ma-
gnifique Colonie, ont le vif désir de mettre fin
à ce mal et de permettre la reprise à bref délai
d'une activité nouvelle sur dfcs bases plus
sOlides.
A. Causes de la crise.
Il faut se sarder. d'abord, d'attribuer les
désastres actuels, soit au bouleversement mon-
dial, soit aux difficultés ifnancières auxquelles
est en butte l'Etat français. Seul un trouble éco-
aomique, profond, catastrophique dans la Mé-
tropole (et rien de pareil n' existe heureuse-
ment) pourrait avoir une répercussion sur le
Maroc qui a un budget spécial, d'ailleurs équi-
Sbré.
- Ce sont des causes locales qui ont détermi-
né la perturbation actuelle.
Le Maroc traverse une crise de croissance,
en ce sens que de grand s travaux, de très
grands travaux ont été effectués jusqu'à ce
jour par l'Administration, ces travaux ont dé-
veloppé artificiellement l'essor économique des
villes, notamment de Casablanca.
Ils ont suscité les initiatives individuelles,
encouragé de nombreuses et considérables en-
treprises privées et provoqué finalement une
spéculation effrénée, véritable trompe l'œil,
qui a fait croire à l'existence d'une prospéri-
té, en réalité, toute factice.
Mais, vienne à diminuer l'intensité des
grands travaux admnistratifs et c'est ce qui
se produit toute cette activité se ralentit.
L'importation des capitaux s'arrête. Le crédit
même tend à disparaître totalement.
il faut tenir compte avec cela « que le com-
« merçant européen n'a pu pénétrer chez l'in-
« digène et que le commerce avec les Maro-
« cains est resté entre les mains des Maio-
« cains. »
« Résultat : les deux sources exclusives du
« mouvement des affaires, travaux adimnistra-
« tifs et importations des capitaux, sont taries
« pou" les 60.000 Européens disséminés
« d'Oudjda à Marrakech, qui, dès lors, ne
« pourront plus vivre qu'entre eux et sur eux-
« mêmes ».
La Chambre de Commerce déplore « qu une
w base d'activité nouvele, attendue de la co-
« Ionisation, ne soit pas venue compenser ce
« qu'on perd du fait de l'achèvement de l'ou-
« tillage économique ».
Le rapport ajoute encore :
« Faisons un peu un examen de nous-mê-
« me et demandons-nous, si, en présence c'u
m chiffre peu important encore des européens
« au Maroc, nous n' avons pas commis l'erreur
« d'être allés beaucoup trop vite en matière
« d'installations de Commerce et d'Industrie.
<( Regardons Casablanca et ses 32.000 Eu-
« ropéens, auxquels nous ajoutons 4 à 5.000
«Israélites européannisés, et voyons si en
« France même une ville de 50.000 âmes a
« des établissements de cette importance. »
Et passant en revue ensuite le programme
de l'Emprunt de 1920. il constate que sur
744.140.000 francs, 86 millions à peine sont
léservés à la colonisation et à l'hydraulique.
« C'est une misère 1 »
Il place immédiatement en regard de « cette
misère » les sommes oui doivent être consacrées
à l'achèvement des Ports.
Pour Casablanca : 221 mêlions se répartis-
sant ainsi :
95 millions : Achèvement de l'abri.
36 : Prolongement de la jetée du
large.
90 : Quais (4.505 mètres.)
Sur ces 4.505 mètres :
250 seront affectés à l'accostage des na-
vires.
500 seront affectés à l'embarquement dea
phosphates (un tonnage annuel de 2
millions de tonnes.)
Les autres desserviront les nouveaux terre.
pleins.
(( Le tout correspondant à un trafic de 4 à
« 5 millions de tonnes, ce qui dépasserait
« l'ensemble du mouvement commercial de
« l'Algérie,
« Il se passera au moins un siècle, avant que
« les besoins d'une telle quantité de quais se
« fasse sentir.
Pour Agadir, port sans intérêt réel en
ce moment 20 millions sont réservés.
Pour les P. T. T., on affecte 171 mil-
lions.
Or, au chapitre « Téléphone » on prévoit
pour Casablanca, 5.000 abonnés (plus que n'en
comptent les deux villes d'AEger et d'Oran
réunies).
1.000 à Sali.
1 500 à Mazagan.
Ce programme est donc une grosse décep-
lion.
Ce n'est pas 31 millions qu'il faudrait pour
le service proprement dit de la Colonisation
(achat de terres, création de Centres, etc.)
mais 300 millions.
Pas 51 mi21 ions pour l'assèchement des ma-
rais et toute l'hydraulique, mais 500.
B. Remèdes.
Et la Chambre de Commerce s'attache à
mettre en lumière avec perspicacité, l'impor-
tance capitale pour le Maroc, de cette partie
de 1 'oeuvre coloniale à peine ébauchée depuis
12 ans par le Protectorat.
Le Maroc est au point de vue agricole, un
pays riche, bien plus riche que l'Algérie et
la Tunisie, parce qu'il possède un régime flu-
vial que n'ont point la bonne fortune d'avoir
ces deux autres possessions. Fleuves et rivières
y roulent de l'eau en abondance, en toute sai-
son.
Des irrigations donneraient à une grande par-
tie du sol une fertilité incomparable. Elles per-
mettraient, en sus de la production des céréa-
les dont l'avenir est encore très grand, des cul-
tures extrêmement rémunératrices : Jardinage
(que les indigènes connaissent bien) ; Arbori-
culture (orangers, mandariniers, oliviers, etc.),
pour lesquelles le Maroc peut avoir des débou-
chés quasi illimités.
Mais pour l'utilisation de toutes ces riches-
ses éventuelles. il faut créer des Centres de co-
lonisation. « Tous les efforts roi vent tendre au
« groupement des Colons et non à la dlsper-
« sion de leurs efforts ». Question de sécurité
d'abord. Question d'ordre moral aussi. L'on
vit difficilement dans l'isolement. Et puis.
n'est-il pas nécessaire que les Colons puissent
faire donner à leurs enfants une instruction au
moins élémentaire } Il faudra donc faciliter
l'installation des Colons. Pour ceïa, diminuer
la somme exorbitante de 80.000 fr., dont doi-
vent disposer en vue de l'exploitation, les bé.
néficiaires des concessions moyennes (celles
surtout qu'il convient de multiplier).
Combien de centres a-t-on organisés à et
jour ?
En dehors des grandes villes et de leurs ban-
lieues, deux : « Petit-Jean et Sidi-Yaya ». Et
le Maroc Occidental ne compte encore que 400
colons. pas tous français (rapport Bureau
sur le budget marocain de 1923).
Alors qu' en Algérie, depuis 1904, malgré
l'immense effort antérieur, 79 nouveaux villa-
ges ont été encore créés, plus 53 groupes de
fermes (192 propriétés), 77 agrandissements ont
été réalisés. Au total 1.000 concessions gra-
tuites ont été accordées. 1.405 ventes ont été
consenties, 2.405 familles françaises ont été
attachées au sol dont 1.488 d'origine métropo-
litaine, 917 d'origine algérienne occupant
195.000 hectares.
Sur les moyens à employer pour augmenter
les concessions. la Chambre de Commerce si-
gnale la difficulté de se procurer des terres
sans dépouiller les indigènes. Eltle voit dans le
dessèchement de marais d'une superficie consi-
dérable et dans le développement de rHvdrau-
lique agricole des procédés tout à fait efficaces
pouT atteindre le but poursuivi.
Le desséchement des marais donnera à la
culture des surfaces très vastes. L'Hydraulique
permettra de réduire l'étendue des concessions.
Elle offrira aussi le moyen, en apportant de
l'eau aux collectivités, de leur demander en
échange de cette valeur nouvele, la cession de
terrains qui deviendront ainsi disponibles.
Et après avoir indiqué qu'à titre de pallia
tif et de remède provisoire à la crise actuelle,
le Protectorat doit hâter l'exécution des tra-
vaux restant à effectuer, en effectuer la répar-
1 tition sur 5 années au lieu de 10, la Chambre
de Commerce conclut : --
- - -
« La seule formule qui permettra au Maroc
« la prospérité à laquelle il a droit, se tient en
« deux mots : Hydraulique et Colonisation.
« .Là seulement se trouve le salut pour no-
« tre Commerce et notre Industrie. Pour un
« pays essentiellement agricole, l'épanouisse-
« ment de la richesse collective a pour cause
« unique la production du sol. » -
Pourquoi le Gouvernement du Protectorat
ne s'est-il pas inspiré depuis 12 années de la
politique si prévoyante, si sage et si naturelle
aue préconise la Chambre de Commerce de
Kénitra avec un réel courage.
Les avertissements ne lui ont cependant pas
manqué !
Depuis le commencement de cette législa-
ture. la Représentation Algérienne, s'inquiète
des eirements suivis au Maroc, et dont dule a
bien vu, par avance, les conséquences fatales
et désastreuses. Elle a exprimé ses craintes
directement au maréchal Lyautey, à plusieurs
reprises lorsqu'il a été entendu par la Commis-
sion de l'Algérie et des Coloni es, notamment
en décembre 1921-.
Moi-même je n'ai cessé toutes les fois que
l'occasion m'en a été offerte, de crier : *« Cas-
se-cou » -
En avril 1923, dans une conférence à Oran,
mettant en parallèle l'Algérie et le Maroc, je
reconnaissais la magnificence de l'œuvre accom-
plie par le Protectorat, mais je faisais obser-
ver que l'on avait usé d'une méthode inverse
de celle employée en Algérie.
Dans cette derniere Colonie, la Colonisa-
tion a précédé l'édification ou 3e développe-
ment des cités. Celles-ci ont grandi au fur et
à mesure qu'elles répondaient à des besoins
déjà éprouvés, et en proportion de l'intensi-
fication de la culture des territoires avoisi-
nants, tandis qu'au Maroc se dressait une faça-
de splendide, féerique, avant •! 'organisation des
exploitations qui devaient (l'étayer.
«Il faut, disais-je, maintenant justifier cette
« œuvre par la mise en valeur rapide de l'ar-
« rière-pays. Sinon sous peu ce sera l écroule-
« ment de la façade, une crise douloureuse 1 »
Je ne pensais pas que mes prévisions, hélas!
se réaliseraient aussi vite.
Uonc, comme >1 affirme excellemment la
Chambre de Commerce de Kénitra, il n'est
qu'un remède à la crise : Développer à tout
prix la Colonisation et j'ajouterai, dans l'in-
térêt de la France la colonisation par les Fran-
çais. L'on ne peut, puisqu'il en est ainsi, que
dépilorer, une fois de plus le dahir du 27 avril
1919 qui, renouvelant l'erreur funeste commise
en Algérie par le Sénatus-Consulte de 1863, a
constitué au bénéfice des tribus une propriété
collective qui n'existait point auparavant, à
donné à ces tribus la disposition définitive de
territoires immenses dont elles n'avaient jus-
que-là que la possession précaire, et qu'elles
sont dans l'impossibilité de cultiver.
N était-il point suffisant de maintenir provi-
soirement cette possession, d'interdire des alié-
nations prématurées, en attendant l'époque où
l'on pourrait donner aunx possédants une pro-
priété véritable, mais dans la mesure réduite
de leurs besoins et surtout de lleurs capacités
d'exploitation ? «
On n'aurait pas élevé un obstacle presque
insurmontable à l'extension de la colonisation.
C'est cependant tout l'avenir du Maroc qui
est en jeu, et non point uniquement, sa pros-
périté commerciale, mais aussi sa destinée po-
litique 1
Seul, l'on ne saurait trop le répéter, le peu-
plement français pourra nous fournir la garan-
tie que notre domination ne sera point éphémè-
re. Seul, il nous permettra de nous associer
étroitement aux populations marocaines pour
l'utilisation de toutes les richesses du Maroc.
Sed, en nous donnant le juste droit de con-
server le prix de nos efforts, il rendra possible
l'oeuvre de civilisation entreprise, il assoiera
et légitimera définitivement notre conquête !
Roux Freissineng,
Député d'Oran.
♦
De Dakar à Saint-Louis en automobile
n
Le dimanche 13 janvier une automobile
Renault pilotée par M. Goiux, représen
tant de la firme Delmas à Dakar a effectué
le trajet Dakar-Saint-Louis sans panne
aucune. Il a été de même au retour
le. surlendemain.
Cette belle randonnée doit marquer dans
l'histoire 'de l'évolution du Sénégal.
Tl est iL souhaiter que l'exemple de M.
Goux scit suivi. 11 suffit d'un moteur ré-
sistant. d'une voiture solide et surtout
d'un bon conducteur. La route est automo-
bilisable.
Le voyage avec arrêt pendant la grosse
chaleur est un voyage d'agrément.
M. Goux était d'ailleurs convaincu de la
bonne réussite de son raid puisqu'il n'avilit
pas craint d'emmener sa famille lui pro-
mettant au départ un beau voyage. Il a
tenu parole.
Exposition Coloniale de Strasbourg
Une manifestation coloniale importante se
prépare à Strasbourg, cœur de l'Alsace-Lor-
raine reconquise.
Une section industrielle et agricole sera
jointe à la section coloniale. L'ouverture
aura lieu le 13 juillet et la fermeture en
I octobre 1924.
Le Ministre des Colonies a désigné. comme
nous l'avons déjà annoncé, comme délégué
du Gouvernement, M. Louis Proust. Prési-
dent Général du Comité d'organisation, Dé-
puté, Membre du Conseil Supérieur des Co-
lonies.
Le Commissaire Général est M. A. Sartory,
Professeur à la Faculté de Pharmacie de
Strasbourg. M. A. Touché, un des organisa-
teurs de l'Exposition Nationale de Marseille,
spécialiste des questions coloniales, a été dé-
légué dans les fonctions de Commissaire Gé-
néral Adjoint.
e
L'aviation coloniale 1
O-t>.- dl
L'enquête sur le « Dixmude »
La haute commission d'enquête que pré-
side le maréchal Fayolle, a poursuivi hier
après-midi ses travaux dans la recherche
des responsabilités au sujet de la perte du
Dixmude.
Les membres de cette commission ont, à
nouveau, recueilli plusieurs dépositions.
Ils pensent avoir terminé leur mission à
la fin de la semaine.
LA OETIN LNIALE
et le Parti BadicaletRadical-Socialiste
--0-0--
Le Parti radical et ra-
dical-socialiste, se rendant
de plus eii plus compte du
rôle que nos colonies sont
appelées à jouer dans le
relèvement économique et
dans la restauration finan-
cière de la France métro-
politaine, avait décidé,
dans soit dentier Congres, la constitution
dans son sein d'une Commission des Colo-
nies, plus spécialement chargée d'dudier les
problèmes coloniaxix, si multiples et si va-
riés, dans leurs rapports avec les problèmes
extérieurs, économiques et financiers posés
par Vâpres-guerre. Nombre de nos camarades
s'étaient immédiatement fait inscrire dans
cette Commission.
Pour donner suite à cette décision et la
faire passer dans le domaine des réalités,
notre ami Archimbault, député de la Drôme,
vice-président du Comité Exécutif, avait con-
voqué, mardi dernier, les membres de cette
Commission, à l'effet de constituer leur bu-
reau et d'échanger leurs vues sur la meilleure
méthode de travail pour aboutir à des résul-
tats utiles et pratiques. Trop souvent, en
effet, dans les CommissioJlS, même je dirais
presque surtout dans celles qui émanent des
assemblées parlementaires, tout se passe en
discours et palabres plus ou moins ronflants.
D'actd. peu ou point!
Ta Commission des Colonies du Comité
Exécutif du Parti radical et radical-socia-
liste ne voudrait pas mériter ce rcprocllc.
Elle m'a fait Vhonneur 'de m ap peler à la
présider, et, sitôt son bureau constitué, elle
s'est mise à l'œuvre. Les divers orateurs qui
ont pris la parole ont successivement et rapi-
dement passé en rente les questions essentiel-
les se rattachant au développement et à l'ave-
nir du magnifique domaine (Coutre-Mer que
la troisième République a donné à la France,
et qui n'est pas le moindre, non seulement de
ses titres de gloire, mais encore de ses titres
à la reconnaissance de tous les bons Fran-
çais.
Sans entrer dans le détail de ces questions
le sujet, trop vaste à parcourir, dépasse
singulièrement les limites de cet article, j'au-
rai, au surplus, l'occasion d'y revenir je
voudrais simplement indiquer aujourd'hui
l'importance de l'innovation dont le Parti
radical et radical-socialiste a délibérément
Plis l'initiative.
C'est une constatation pénible mclis réelle
que le Français n'aime et n étudie guère la
géographie. Malgré de nombreuses et très
illustres exceptions les noms de nos célè-
bres explorateurs sont dans toutes les bouches
il n est pas exagéré de prétendre que nous
sommes plutôt d'un tempérament casanier.
Ajouterai-je que notre faible natalité, et jus-
qu'en ces dernières années. du moins, les fa-
cilités de notre existence métropolitaine
n'étaient pas de nature à développer beau-
cou p le goût des entreprises, j'allais dire des
aventures lointaines. Pères et liièrcs ne
voyaient pas sans peine leurs enfants s'expa-
trier pour aller dans les Colonies tenter ou
chercher la fortune.
La guerre a montré à tout Vunivers et ré-
vélé à beaucou p de Français l im portance et
l'étendue des services que notre immense Em-
pire colonial sur lequel le soleil ne se
J." d' l'
couche jamais pott rend rc a la mère-pa-
trie si nous savons intelligemment l'exploiter
et le mettre eu valeur. Combien de soldats
ne nous a-t-il - pas envoyés, à l'heure où le
destin de la France se décidait sur les champs
de bataille de la vieille Flirope? Qjtelles res-
sources de toutes natures ne nous a-t-il pas
abondamment fournies ? Point n'est besoin
de s'appesantir sur ces services : ils sontjon-
nus de tous. Ce qu'on sait moins ou ce dont
on paraît moins se préoccuper c'est que. dans
les luttes économiques qui ont succédé aux
batailles militaires, les Colonies peuvent nous
être également d'un très grand secours.
Pour combien de produits, qlte nous pour-
rions tirer de notre propre domainc colonial,
ne sommes-nous pas les tributaires de Vétran-
ger ! Pourquoi ne pas nous affranchir de ce
tribut 1 Dans quel état d'infériorité ne nous
place pas cette sujétion! N'oublions pas que
c'est en or que tous ces produits doivent être
pavés. Qui oserait soutenir que cette cause
n'a exercé aucune influence sur la dévalori-
sation de notre franc ? --
Ainsi avais-jt raison de dire, au début de
cet article, qlte le Parti radical et radical-so-
cialiste a bien fait de constituer, au sein de
son Comité Exhutif. une Commission des
questions coloniales. Il a prouvé ainsi que
,iOb de ce qui touche aux intérêts vitaux du
pays ne le laisse il/différeut. N'est-ce pas,
au surplus, un ministre radical qui, le pre-
mier. a défini en une formule lapidaire la
politique coloniale généreuse, large, humaine
tlui s'impose désormais à toutes les nations
civilisées ?
Henri Michel,
ancien Sénateur,
Délégué élu du Dahomey au Conseil
Supérieur des Colonies.
-go.
LE TAUX DE LA PIASTRE
Le Gouverneur général de l'Indochine
vient de faire connaître au ministre des
Colonies qu'à la daCe au 4 février 1924. le
taux officiel de la piastre était de 10 fr. 70.
A LA CHAMBRE
DEBATS
La Chambre a continué hier la discus-
sion des projets financiers du Gouverne-
ment.
- - -
M. Marcel Caclun a défendu un amende-
ment de M. Alexandre Blanc ainsi conçu :
« Les troupes d'occupation de la. Sarre,
de l'armée du Levant, de l'armée d'Orient
et du Maroc sont rappelées. »
M. Cachin a rappelé que d'après M. le
rapporteur général, la France doit entre-
tenir cette année 73.000 hommes au Maroc,
et 26.000 hommes en Syrie. Cette occupa-
tion doit coûter 342 millions pour le pre-
mier théâtre d'opérations et 218 millions
pour le second.
M. Laeotte a demande ce que pensaIent.
les députés algériens de l'utilisation qui est
faite du Maroc, des 340 millions engagés.
Le Maroc devrait se suffire à lui-même.
Notre ami et collaborateur Morinaud lui
a répondu : Il n'y a pas de colonisation au
Maroc : elle'n'est pas encore commencée
sérieusement et nous protestons contre
cette situation. La puissance française
dans l'Afrique du nord ne peut avoir d'au-
tre assise que la présence de nombreux
nationaux français. - -- --
A la majorité' de 462 voix contre /o,
l'amendement n'a pas été adopté.
M. André Berthon a ensuite développé
l'amendement ainsi conçu :
« Le service militaire des indigènes est
ramené au temps du service militaire dans
la métropole. »
M. Berthon a rappelé que le service mi-
litaire des indigènes est demeuré fixé à 3
ou 4 ans alors que celui des troupes m
tropolitaines a été abaissé à dix-huit mois.
Il v a la une anomalie choquante.
M. Morinaud a déclaré qu'en effet, les dê-
nutés 01' l'Algérie ne peuvent admettre que
ii>s indigènes, qui ne sont pas des citoyens
français, fassent plus de service que les
Français. Le Conseil général de Constan-
tinn n d'ailleurs voté à. l'unanimité une
motion flans ce sens, ce qui prouve bien,
pour nous Français, que les intérêts et les
droits des indigènes sont aussi sacrés que
('('1) ": des ritovi'iis français. (Applaudisse-
ments.)
M. Berthon a ajouté que ses déclarations
étaient, encore plus vraies en ce qui con-
cerne la population des jeunes colonies et
indiquant dans cet Qrare d'idées d'impor-
tantes économies à réaliser.
L'amendement mis aux voix est repoussé
par 380 voix contre 91.
AU SÉNAT
DANS LES COMMISSIONS
Projets et propositions de loi
relatifs à l'Algérie
Le. général Bourgeois a communiqué
le texte de la proposition de résolution
qu'il a déposée au Sénat avec MM. Cuttoli,
Duroux, et Gasser en vue de la nomination
d'une commission de dix-huit membres
chargée en 1924 d'examiner les projets et
propositions de lois relatifs à l'Algérie.
En voici la teneur :
« Dans sa séance du 18 mai r.i2o, le re-
nat. eomint1 il l'avait fait en 1922, a nommé
une commission chargée, pour 192-3, de
l'examen des projets et propositions de Ici
relatifs à l'Algérie.
Les pouvoirs de cette commission sont
expirés le 31 décembre dernier.
Nous nous adressons au Sénat, pour
solliciter de lui le renouvellement, pour 1921
des pouvoirs cette même commission.
Les raisons qui justilient notre proposition
sont les mêmes que celles que nous avons
invoquées dans l'exposé des motifs de la
proposition de résolution déposée en 1923.
Les projets ft propositions de loi relatifs
à l'Algérie sont renvoyés, suivant leur na-
ture, aux différentes commissions généra-
les.
Mais beaucoup d'entre elles connaissent ]
peu au peint de vue technique les questions
algériennes, lesquelles dépendent le plus
souvent d'un ensemble dont la coordination
est essentielle.
Il est donc logique de demander sur ces
questions, l'avis d'une commission spécia-
lisée dans l'étude des questions concernant
l'Algérie.
D'autre part, la commission de r.i;?3 n'a
pas terminé ses travaux et reste notam-
ment saisie au fend de deux propositions
de lois particulièrement importantes, et qui
touchent à l'organisation fondamentale de
notre grande possession d'Afrique du Nord.
Le renouvellement des pouvoirs de la
commission vous apparaîtra donc pleine-
ment justifié. »
*
* *
Le 9° bureau du Sénat, chargé de procé-
der à l'examen de l'élection de M. Clerc,
élu à une voix de majorité contre M. Le-
mery, sénateur sortant à la Martinique, a
lire au sort hier les noms des membres
de la sous-commission qui procédera h
l'étude du dossier.
MM. Bouvard, Cornudet, Loubet ont. été
llcmmés.
A Djibouti
Le prince siamois P a rachat ra qui va pro- 1
(hainement arriver en France sera reçu à
Djibouti par le Gouverneur de la Côte
française des Somalis au passage du pa-
quebot Paul-Iscat.
Inde française
-0-
Le Journal Officiel des Etablissements
français de l'Inde publie un avis aux ter-
mes duquel « le public musulman est, infor-
mé que les routes conduisant de la Mec-
que et de Djrddah il Médine ne présentent
pas de sécurité pour les voyageurs.
« Les pèlerins qui se rendent au tom-
hnn (lp Mahomet sont exposés aux entre-
prises de pillards bédouins )J.
Contre les sauterelles
en A. O. F.
r
–O–
En exécution de la Convention Internatio-
nale de Rome du 31 octobre 1920, les Gou--
vernements de l'Algérie, de l'A. O. F., dUt"
Maroc, de la Tunisie et de ta Tripolitaine
ont conclu un accord relatif à l'organisation
d'un service de renseignements sur les mi-
grations de sauterelles provenant des régions
désertiques.
Aux termes de cet accord, les intéressés
doivent avertir chacun des signataires, par
la voie télégraphique des vols de sauterelles,
de leurs lieux d'atterrissage et des éclosions
de criquets sur leurs territoires. Les condi-
tions physiques de milieu qui paraissent in-
fluencer les migrations det acridiens, telle
que la nature de la végétation, l'état hygro-
métrique de l'air, la température et La direc-
tion des vents font aussi l'objet d'observa-
tions dont communication est donnée à cha-
cun des membres de l'association. La pério-
dicité des invasions laisse en effet supposer
que les migrations sont soumises à certaines
lois dont la connaissance complète permet-
trait sans doute d'entreprendre une lutte ef-
ficace contre les sauterelles.
A l'heure actuelle, le service constitué en
Afrique Occidentale Française, en exécu-
tion de la convention internationale de
Rome comprend déjà soixante-huit postes,
tous munis des appareils nécessaires et dont
les chefs bénéficient de la franchise postale
pour toutes les communications relatives à
la lutte antiacridienne.
Ces postes sont répartis de la manière
suivante : 14 au Sénégal : 14 en Maurita-
nie; 21 au Soudan; 8 en Haute-Volta et 11
au Niger. Ils sont disposée de manière à for-
mer au sud du désert du Sahara un réseau
complet au travers duquel iet vols de saute-
relles ne peuvent passer eans être signalés.
Ces postes restent en liaison constante avec
ceux de l'Afrique du Nord tant française
qu'étrangère et l'on espère, grâce à leur sur-
veillance et leurs observations pouvoir dres-
ser bientôt contre les sauterelles un plan de
bataille qui, s'il était couronné de succès,
préserverait du fléau périodique les récoltes
de nos indigènes et présenterait beaucoup
d'intérêt du point de vue scientifique.
Le caoutchouc
Comme le signale dans son numéro
d'avant-hier le Times, c'est en 1923 qu'a
été mis en vigueur pour la première fois en
Angleterre le programme officiel relatif aux
restrictions de la consommation du caout-
chouc. Ceci dit, il est surprenant de cons-
tater que la caractéristique de l'année
écoulée consiste précisément dans l'accrois-
sement de la consommation et l'absence de
diminution dans la production. Les expor-
tations des pays producteurs ont été iden-
tiques à celles de l'année précédente, soit :
408.000 tonnes.
La consommation estimée à 420.000 ton-
nes est en augmentation dt près de 20.000
tonnes sur 1922. Cette augmentation s'ex-
plique uniquement par l'accroissement des
demandes de la métropole. Aux Etats-Unis
la situation est restée la même car les gros
affrètements à destination de ce pays pen-
dant la première partit de l'année
ont été compensés par de faibles importa-
tions durant la même période. La consom-
mation de l'Allemagne a été beaucoup
moins forte en 1923 qu'en 1922.
––-–
Rapports et Décrets
o
Arrêté du 5 février 1924 par lequel le taux
du péage perçu au port d'Alger au pro-
fit de la Chambre de Commerce de cette
ville en vertu de l'article -1er du décret du
8 mars 1922, qui a fixé le taux des péa-
ges établis audit port est réduit à 90 cen-
times par tonne métrique en ce qui con-
cerne le mazout entrant par mer, débar-
qué, embarqué ou transbOrdé.
Décret du 4 février 1924 par lequel la Cham-
bre de Commerce d'Alger est autorisée à
emprunter une somme de 44.500 francs,
dont le montant sera affecté à l'établisse-
ment d'un circuit téléphonique Alger-
Fouka.
Arrêté du 4 février 1924 relatif à l'organisa-
tion d'un service de mandats par télégra-
phie sans fil entre Agadir, d'une part, et
Atar (Mauritanie) et Sainî Louis-du-Sérié-
gai, d autre part.
.1. O. du G février 1924.
Le statut de Tanger
-.0-0---:.
Les plénipotentiaires angléùs, espagnols,
el français se sont réunis cet Ilprès-midi, à
dix-sent heures, au Quai ()'Orsay, pour
procéder à la signature définitive de la con-
vention sur le statut de Tanger.
On S0 souvient que les représentants de
la Grande-Bretagne et de la France avaient
déj'i signl l'accord, il y a quelques semai-
nes. tandis que ceux de 1'Espagne ne te pa-
raphaient qu'ad référendum.
CONFÉRENCE
SOCIETE DE GEOGRAPHIE
Demain soir, S février. suns la pré-
sidence du prince Bonaparte, la Société de
Géographie entendra nn, conférence de M.
Sylvain ï.e\i. professeur au Collège de
France, sur l'Asie iïnuvrlfr (deux personna-
lités. (10UX œuvres : Babindra Nath Tagore
et Santinikftan, Maharaja Chaptra Sham.,
shere Jari_: et le NépuL)
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