Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1924-02-01
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32693410p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 01 février 1924 01 février 1924
Description : 1924/02/01 (A25,N18). 1924/02/01 (A25,N18).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
Description : Collection numérique : Thème : L'histoire partagée Collection numérique : Thème : L'histoire partagée
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6411122p
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 31/01/2013
VINGT-CINQUIEME ANNEE. - No 18
LE NUMERO : 20 CENTIMES
VENDREDI SOIR, 1er FEVRIER 1921
Les Annales Coloniales
JOURNAL QUOTIDIEN
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Il laut intensifier la proflastion en A.O.F.
A l'occasion du projet do loi, portant
fixation d'un programme général de
mise en valeur des colonies françaises,
mon ancien collègue, M. Georges Bar-
ihélein-y, député du Pas-de-Calais, vient
de publier un très intéressant ra.p.po,rt
sur la situation actuelle d0 TA. 0. P. et
sur les grands travaux dont la réalisa-
tion domine le. programma élaboré ré-
ceinmen't, par M. Albert Sarraut, minis-
tre des Colouies.
La c-réation de nos possessions de
l'Ouest africain constitue une. des plus
bpUes pages de l'épopée coloniale fran-
çaise. En trente années, do 18185 à 1914
les Français, militaires et civils, qui fu-
rent les pionniers de noire action, ont
fait marcher de pair rexploration, la
pacification Olt. l'organisation pour ins-
taurer lo plus rapidement possible la
paix française.
La situation matérielle et moraJe des
indigènes n'a pas été oubliée. Nous
nous sommes efforcés partout de réduire
larigueur des fléaux naturels qui dévas-
taient ces régions, famines et maladies
épidLmiques, tandis que nous associons
progressivement nos suijels à la gestion
des affaires dei la colonie.
La France qui peut être fière de celte
œuvl', doit aussi pouvoir compter dans
les heures graves que. nous traversons
sur l'appoint économique de l'Afrique-
Occiidentale, merveilleux réservoir de
produits les plus divers.
L'inventaire des ressources du marché
africain, fait immédiatement ressortir
-les quantités énormes, d'oléagineux, ara-
chides, amandes de palme, huile de. paJ-
me et de f ois qui peuvent alimenter les
grandes industries françaises.
Pour tous les produits agricoles, une
question -primordiale se pose. Comment
stimuler la production de l'indigène
dont les moyens de culture sont encore
presque partout, très primitifs ?
Jardins d'essais, stations agricoles,
doivent être multipliés en vue de. l'in-
troduction des légumes et fruits d'au-
tres régions, mais il faut surtout favo-
riser la création des fermes-écoles où,
so-us la direction d'aigenls indigènes'
des services d'agriculture, les indigènes
acquèrent la technique des moyens mé-
caniques de travail et les procédés prof-
pres à la. rénovation de l'élevage local.
L'enseignement. donné dans ces fer-
m'e.s-é.c.Q,les, sans caractère officiel, est
ess eoa t i cQtl Ciiii en t pratique et facilite au
plus haut point, la vulgarisation dans
les milieux indigènes de nos méthodes
de cullures et de notre oui-liage agri-
cole.
Sti.muler la productivité locales t&l doit
être- le fut de noire action et pour cela
il faut apporter aux entreprises euro-
péennes de cultures, installées dans
nos coi oui es, et employant les indlg-è-
nes, une aide sérieuse, sous forme de
subventions à la culture mécanique et
déprimés au défrichement.
Cette culture européenne est naturel-
lement la seule qui puisse prendre ra-
pidement un caractère do production
intensive, avec des rendements élevés
et assurer l'amélioralion en qii,,clllilé 'ci-es
produits.
Tout nature'i'ieme.nt-, nous sommes
.ainsi am'enés au programme de mise en
valeur de nos territoires, par la néces-
sité des grands travaux à effectuer pour
favoriser à un triple, point, de vue la pro'-
duction, le transport et l'exportation.
A l'augmentation de la production de-
meure intimement liée la question
d'amélioration matérielle du sort de l'in-
digène.- Il faut faciliter par toutes les
mesures propres le développement de la
population el cela pour fournir ta lllatu-
d'œiuvire nécessaire.
Malheureusement, presque partout en
Afrique, nous nous trouvons en face
d'une densité de population extrême-
ment faible, due à des raisons d'ordre,
pathologique. La mortalité infantile fait
là, d'aussi affreux ravages que les ma-
ladies endémiques et épidémiques. Puis,
il y a l'Gl'eo'ÛllisDle qui durant de lon-
gues années s'est développé du fait des
énormes quantités d'alcool de traite aJ-
lemand, fabriqué avec. les pires rési-
dus et. introduit en Afrique comme élé-
ment. de troc.
Les remèdes à cette situation sont
nombreux. Il faut tout d'abord dévelop-
per les services d'assistance médicale
indigène pour vulgariser les habitudes
.l'Uvgiène et améliorer les conditions
d'existence des indigènes.
N'ons ne devons pas borner là notre
rôle, il faut aussi instruire l'indigène
et l'éduquer professionnellement. L'en-
-oi^Tiement doit être « approprié à la
ment.a.lHé des populations autochtones
et concu dans le sens des besoins de la
colonisation. » Ce programme est plein
de bon sens. Il ne nous fout pas, en
A. 0. P., une organisation d'instruction
calquée- sur la métropole, mais, au con-
traire dos programmes d'enseignement
permettant d'inculquer aux indigènes
des données élémentaires, tout en les dé-
veloppant professionnellement au
mieux des besoins locaux.
lm faut tendre à donner aux masses.
une instruction plus pratique que théo-
rique pour former des artisans et des
agriculteurs. Apprendre à l'indigène à
parler et à écrire le français, puis après
ces rudiments d'instruction, le diriger
vers l'Ecole professionnelle (industrielle
ou agricole) où il apprendra les métho-
des européennes propres ci son futur
métier.
M. Georg'es Barthélémy a parfaitement
raison de concevoir à la base de. lia. pro-
ductivité de l'A. 0. P. la.préparation eL
l'emploi d'un nombreux personnel indi-
gène qui deviendra un des éléments
prépondérants do la mise en valeur de
noire domaine africain.
Edouard Néron,
Sénateur de la Haute-Loire,
Membre de la Commission
des Colonies et Protectorats.
de
Rapports et Décrets
Décret du 19 janvier 1924 rendant applica-
bles pendant l'année 1924 les dispositions
du décret du 6 mai 1922 fixant le montant
du supplément temporaire de solde allouè
au personnel du chemin de fer et du port
de la Réunion.
Décret du 20 janvier 1924 autorisant le com-
missaire de la République au Cameroun
à faire. frapper et à émettre des jetons
métalliques de 2 fr.,, 1 fr. et 50 centimes
dans les territoires du Cameroun placés
sous mandat de la France.
Décret du 26 janyier 1924 accordant un per-
mis de coupe industrielle de bois dans le
territoire du Cameroun à la Société natio-
nale du Cameroun.
(J. 0., du 31 janvier 1924).
A LA CHAMBRE
RAPPORTS
Création d'un Institut de médecine
vétérinaire exotique
Il existe depuis quatre ans déjà, à l'école
vétérinaire d'Alfort, un enseignement spé-
cial donné à nos futurs vétérinaires colo-
niaux en vue de les doter des connaissan-
ces nécessaires pour assurer le développe-
ment de la production animale dans nos
possessions d outre-mer et pour lutter con-
tre les épizooties, infestations parasitaires,
infections microbiennes et influences cli-
matiques qui déciment cette production.
Depuis la création de cet enseignement,
une trentaine de vétérinaires ont fréquenté
régulièrement les jcours et ont obtenu le
certificat qui sanctionne les études à la
suite d'un examen.
L'utilité d'un tel enseignement ne saurait
être contestée, car un certain nombre d'af-
fections sont tout à fait spéciales aux ré-
gions tropicaksL Nos étudiants vétérinai-
res qui désifWWPliirp, leur carrière aux co-
lonies nt t p leui- carrière aux co-
lonies doivent pourrir s'y préparer le plus
utilement possible par une étude scientifi-
que des conditions défavorables de l'élevage
dans nos colonies. 11 y a, d'ailleurs, l'exem-
ple de l'étranger, des Anglais notamment,
dans l'Inde et dans l'Afrique .centrale.
ont obtenu de bons résultats, grâce à cette
étude scientifique.
La personnalité civile fera de ce service
spécial d'enseignement un établissement
dislind, ayant toute initiative pour la di-
rection administrative aussi bien que tech-
nique de cet enseignement, ayant aussi la
capacité de recevoir des dons et legs, de
toucher des rémunérations spéciales de ses
élèves ou du public auquel il pourra être
appelé à rendre service : ces recettes com-
pîèteront, le cas échéant, ses ressources
actuelles qui proviennent exclusivement des
subventions inscrites au budget du Maroc,
de l'Indochine, de l'Afrique occidentale
française et de Madagascar.
Il est naturellement prévu que ce nou-
vel établissement pourra recevoir des sub-
ventions. de l'Etat dont le concours pécu-
niaire, s'il devient nécessaire, sera des plus
justifiés par le motif que la métropole est
intéressée au plus haut point, à un râvitan-
lement en animaux des colonies et ci la
prospérité de ces colonies : toutefois, en ce
moment ou les dépenses doivent être si sé-
vèrement comprimées, il n'est pas inutile
de faire remarquer que ces subventions ne
seront pas immédiatement indispensables
pour assurer la vie de ce nouvel Institut.
L'Etat pourra, par la suite, juger intéres-
sant et possible de l'encourager pécuniaire-
mcnt pour augmenter la puissance de ses
moyens d'action : le projet doit lui accorder
cette faculté.
L'aviation coloniale
Le service Bangkok-Nongkhay
Les Siamois nous donnent le bon exem-
ple. En effet, au Siam, on compte à 130
kilomètres du Mékhong un vaste camp re-
tranché avec plus de 12.000 hommes bien
approvisionnés, un champ d'aviation et
des hangars abritant 400 avions
Les Siamois viennent aussi de créer un
service postal par avions Bangkok-Karat-
Nongkhay, cela a d'ailleurs causé quelque
émotion en Indochine. On a voulu y voir la
réplique à la création en Indochine d'un
service automobile entre Vinh et Thakhek.
Nons nous sommes laissés distancer, par
les Siamois pour la poste aérienne.
Que cet exemple nous soit utile 1
Le problème de l'eau
au Sénégal
Il fut un temps, pas
très éloigné de nous, où
la question de l'eau ne
se posait même pas pour
le Sénégal. Faidherbe,
lui-même, ignorait pas
l'énorme expansion, à
travers les terres des
eaux - du Sénégal. Il y
voyait des promesses d avenir et ne pouvait
prévoir leur disparition.
Si, en effet, je consulte le. travail de
M. Paul Bancal, auquel Eugène Devalx
faisait allusion dans les Annales Coloniales
des 23 juin 1923 et 17 janvier 1924, j'y
trouve, très bien résumées, les observations
des anciens voyageurs ci explorateurs :
Ca da Mosto (1455), Geoffroy de Ville-
neuve (1785-1788) - homme de confiance
de M. de Bouffiers, - Anville, J.-B. Du-
rand, Adç}ison. Tous s'accordent pour Vtm-
ter « la côte basse et très peuplée de fort
beaux arbres verdoyants. ». a Je ne veys,
dans ma vie, plus belle côte que celle-ci me
semble être, laquelle est toute arrousée de
plusieurs fleuves et petites rivières de peu
de coûte à cause que les navircs n'y saurait
emboucher », écrivait Alvise da Ca da
Mosto.
A Vendroit même que la mission hydro-
logique a reconnu pour servir de châteaiè.
d'eau dunaire pour Valimentation complé-
mentaire de Dakar et de Rufisque, se trou-
vait la forêt en vaste demi-cercle signalée
par Geoffroy de Villeneuve,
Une circulation intense d'eau douce se
produisait dans les régions de dunes et la
z,égétatioli -V éla.-i't fort acilvc I:c villa g e de
végétation y était fort active. Le village de
Cagnac était situé au bord d'un marigot
d'eau douce. On constatait, du temps. de
Geoffroy de VilleJlelfvc, l'existence d'un lac
navigable pendant quatre mois de l'année,
dans la vaste plaine s'étendant entre la baie
d'Yoff et les montagnes die Cap Rouge.
Avec le temps, cette plaine se transformera
en une série de lacs, par diminution des
apports d'eau et par ensablement. Une carte
de Pinei-Lapradc indique .en pointillé une
communication entre la Tamna et la So-
malie, interrompue par un soulèvement lent
positif du sol.
Le lac Tamna était alimenté, selon Geof-
froy de Villeneuve, par une rivière inter-
mittente venant du Nord qui, pendant la
saison des pluies, roulait ses eaux avec ra-
pidité et fracas, sur une largeur de 3 à 40c
toises.
Vers le nord-est, se trouvait, à la hau-
teur d.es Petites-Mamelles, iiii réseau dit-
llaire important renfermant des étangs
d'eau douce bordés de grands arbres et rem-
plis de crocodiles. En construisant le Da-
kar-Saint-Louis, ou trouva des caïmans
dans les lacs Yoni et Ouoronaï, à hauteur
du kilomètre 19,500.
A'Jl'Boro. écrit M. Paul Bancal. - on
trouve Vemplacement d'un immense lac et
le lit d'un fleuve de 20 kilomètres de long
alimenté par une puissante nappe phoréati-
que sortant des sables. C'est la même nappe
qui allait se perdre dans la mer à Yoff.
Tous les croquis et toutes les cartes indi-
quent les vestiges de cette vaste baie qui
remontent jusqu'à Marcaye (le Mekkey de
nos jours). C'était à n'eu point douter, la
région la plus lWJJlide du Cayor ct, en
1455, Ca da Mosto y débarqua quelques
chevaux d'Espagne avec leur harnachement
pour le Daniel dont la résidence se trou-
vait à proximité de cette baie de Jl'Boro.
111' Boro lui-mêmc était sur une colline « do-
minant une plaine ou coulait un ruisseau
entretenant une verdure perpétuelle ».
L'étang de ill'Boro, dont la direction est
normale à la plage, est de formation conti-
nentale. Il n'y a pas de trace de cordon
littoral. Il finit de s'endormir maintenant
à deux cents pas dia rivage. Ses méandres
sont enserrés par les dunes de sable qui,
après avoir reculé devant les eaux dOllces,
les envahissent.
C'est ce que confirmait J.-B. Duralld,
administrateur de la Compagnie du Séné-
gal, en 1785.
En 1922, à Jl'Boro, par une crue excep-
tionnelle, Veau revint comme, jadis, mais
avec une amplitude moindre, par suite de la
sécheresse acquise dti, sol.
Il est donc bien établi qidà une époque
récente, les eaux de la crue du Sénégal par-
venaient jusque dans la presqtc'île du Cap
Vert. C'est sans doute sur cette observation
que M. Paul Bancal a étayé son proiet de.
travaux destinés à doter Dakar et Rufisque
de l'eau qui leur est nécessaire. C'est ce que
nous verrons dans un prochain article.
Pierre Valude,
Député du Cher.
La station de T. S. F. de Saigon
00
- Depuis l'ouverture récente du nouveau
poste de T. S. F. de Saigon, un très grand
nombre de télégrammes commerciaux sont re-
çus ou expédiés chaque jour par notre grande
station indochinoise, bénéficiant ainsi d'une
économie de plus de 30 o/o suH les tarifs des
câbles étrangers, -
Vers l'Indochine
f
Sous la présidence de M. Albert Sarraut,
ministre des Colonies, M. le Résident supé-
rieur 'Gm:nie'l', avait organisé hier après-
midi dans les salons de l'Agence Ecçmomi-
que cle l'Indochine, 20, rue de la Boétie,
une causerie sur « Les grands voyages en
Indochine », à laquelle assistait un public
d'élite.
il s'agissait de mettre en relief, les ma-
gnifiques efforts faits par la Compagnie
des Messageries Maritimes, toujours son-
cieuse de développer l'influence française,
en Extrême-Orient, d'accord1 avec le Gou-
vernement- général de l'Indochine et la
Compagnie Française de Tourisme, pour
orienter le grand tourisme vers nos posses-
sions asiatiques.
Ces voyages organisés dans les condi-
tions les plus confortables prévoient de
grandes excursions en Cochinchine, au
Cmnlwdgr., au Laos, en Annam et au Ton-
Idn. Leur programme détaillé comprend la
visite des grandes cités et des villes morles
of£U,'' hU'Í, envahies par les sables et la
forât, dont les monuments avec leurs fres-
ques, retracent l'histoire des civilisations
disparucs. L'itinéraire complet à travers
l'lwlocltinc a une durée de 46 iours, non
compris les traversées de Marseille-Saigon
et retour.
Apres le confortable voyage sur les
luxueux paquebots de la Compagnie des
Messageries Jflll'i!inws et la visite des es-
cales de Port-Saïd, Colombo et SinnavOur,
le a touristes atteignent Saïgon, la « perle
de l'Extrême-Orient ».
Dans un style snbre et élégant, M. Mo-
nod, administrateur des services civils, a
(''roqué en ces termes le charme infini des
visions d'Indochine, à travers les magnifi-
ques projections tle Saigon, de Pnom-Penh.
de nalol, de Tmmine, de Hué, d'IIanoï et
d'IIaïphong. -
L'Indochine pittoresque
La photographie elle-même, fixe ou uni-
iuée, lie saurait donner qu'ulle idée impar-
faite de nus paysages d'Extrême-Orient, car
il manque la couleur, l'atmosphère, la lu-
mière, tout Ce qui fait la vie d'un site et
sou harmonie, il iiiaiique aussi l'élcnduc, qui
dans toutes les merveilles de l'Indochine
est un des éléments les plus importants et
que rien ne peuL représenter : certes cha-
que partie des grands monuments Khmcr
nous intéresse au plus haut deigré : la ri-
chesse et la perfection de l'ornementation
nous encnuniciu. Mais que sont ces beautés
de détail comparées a l'envolée des cinq
tours d'Angkor pointant dans le ciel ; à la
sérénité des immenses bassins lleuris de
lotus ; à l'envergure des enceintes concen-
triques se pressant de plus en plus les
unes contre les autres, s'élevant par éta-
ges, aboutissant logiquement à la grande
tour centrale, tabernacle dominant de bien
lui ut le - monde environnant.
Dans les tombeaux des empereurs à Hué,
il est aisé de montrer telle pagode conte-
nant - les reliques du défunt, tel portique de
bronze dont, les colonnes su.nt enserrées
dans le corps d'un dragon." Mais quelle
image saurait représenter la merveilleuse
;lclnlJtn!iúLl du paysage, exploité© avec un
goût tellement raliiné par les Annamites ;
la paix mystérieuse qui règne dans les vas-
tes espaces que couvrent les tombeaux ;
la variété des sites réalisés ?
En baie d'Along, peintres ou photogra-
phes peuvent rendre la l'orme plus ou
moins 01 range ou surprenante de tel ro-
cher, de telle grotte. Mais qui rendra l'im-
mensité de cette baie parsemée de milliers
d de milliers de rochers aux lignes hardies,
l'inLinie diversité des lumières dans la va-
riété des formes, la sensation toute parti-
culière que chacun ressent, mais que nul
jusqu'ici n'a su rendre.
Une autre raison encore rend diliieile,
toute représentation des sites les plus répu-
tés de rhidouhiuG ; leur beauté est telle-
ment particulière, d'un urdrc tellement nou-
veau pour nous, qu'elle nous échappe
d abord. Presque tous, en nous trouvant
pour la première fois devant eux, nous
avons tout d'aliord un sentiment qui nous
parait presqu'une désillusion : on nous avait
tant parlé de ce que nous allions voir que
nous nous attendions à. autre chose et il
nous faut un peu de temps, il nous faut
du recueillement, il nous faut, comme di-
saient les Romains, nous laisser pénétrer
par l'esprit du lieu, pour sentir que notre
impression première était simplement une
extrême surprise ; nous étions désorientés
parce que le spectacle qui s'olïrc à nos yeux
est autre que nous ne pouvions le conce-
voir et c'est seulement peu à peu que l'ex-
trême beauté du lieu nous pénètre et nous
remplit d'une admiration qui plus jamais
ne s'effacera de notre esprit.
Il serait donc vraiment téméraire de vou-
loir faire naître par des paroles une impres-
sion, si modeste qu'elle soit, de ces grandes
émotions d'art, dont nul ne peut avoir la
notion soni les avoir lui-même éprouvées.
Routes et chemins de ter
Il y a peu de temps encore, le touriste dis-
posé à aller recueillir ces impressions ren-
contrait. des difficultés sérieuses ; les rou-
tes et les chemins de fer avaient une exten-
sion limitée. Les trajets par bateaux, en
mer ou sur les fleuves et canaux, étaient
longs et ne permettaient pas toujours de
faciles correspondances, d'où résultaient
trop souvent des pertes de temps et par
suite des frais inutiles. Le débarquement
aux escales sur la côte d'Annam était par-
fois difficile. La nécessité1 de voyager par
eau limitait beaucoup les époques où il
était possible de visiter certains sites, par
exemple les ruines d'Angkor que l'on ne
pouva.it pratiquement atteindre que par les
grands lacs, donc à la saison des hautes
eaux ; mais c'est. la saison des pluies, des
averses torrentielles, et des moustiques -
et ceux qui ont visité Angkor ont conservé
des cruels insectes, piquant à travers les
vêtements, de désagréables souvenirs.
L'extension sans cesse augmentée du
réseau routier permet, aujourd'hui, les
voyages de tourisme en Indochine, dans
des conditions de rapidité, de confort, d'in-
dépcndance propres à satisfaire les plus
difficiles. L'automobile sillonne la Cochin-
chine, le Cambodge, le Tonkin, longe toute
la côte d'Annam, commence à parcourir les
hauts plateaux de la chaîne annamite et la
Laos. Partout, sur les routes qui sont oui-
vertes, des bungalow s'installent, tant aux
vertes, .d'étape qu'aux points d'arrêt méri-
gites
diens. Les services publics de voitures au-
tomobiles se multiplient ; on compte, à
l'heure actuelle, 75 lignes dont une tout
récemment créée entre la côte d'Annam et
le grand bief du Mékong laotien. Voyager
en Indochine devient chose vraiment aisée.
Quelle différence pour le touriste qui, main-
tenant, suit- toute la route longeant la côte
d'Annam, cette route qui comporte entre
autres l'admirable passage en corniche du
cap Varella, au, heu de se rendre par mer
de Saïgon à Haïphong, n'apercevant que
pur moment les côtes, faisant escale sur
rade à telle distance que le plus souvent il
n'avait pas le temps de descendre à terre.
Itinéraire touristique
L'Agence Economique de l'Indochine,
d'accord avec la Compagnie Française du
Tourisme et les Messageries Maritimes, a
étudié un itinéraire permettant aux touris-
tes de visiter, dans le court délai de 46
jours, les points les plus réputés de l'Indo-
chine en parcourant une distance totale de
3.800 kilomètres. Il ne semble pas qu'il eut
été réalisable de faire voir, en aussi peu de
temps, plus de choses ou des choses mieux
choisies.
Le voyageur débarque à Saigon et com-
mence par visiter cette charmante cité, qui
est, sans contredit, la plus jolie ville de tout
l'Extrême-Orient. Il parcourt les environs,
voit l'énorme ruche qu'est Cholon, puis,
par d'excellentes et belles routes, traverse
la Cochincliine, gagne le Cambodge, par-
court Phnom-Pcnh, posé sur Je bord du
Mékong, aux quatre bras, où le fleuve a
2 km. 1/2 de largeur, gravit le Phnom, col-
line couronnée d'une gracieuse pagode à.
laquelle conduit un escalier dont les orne-
ments sont des moulages d'Angkor ; par
une route nouvellement construite, il a fait
en automobile les 300 kilomètres qui le sé-
parent de Phnom-Pcnh d'Angkor. A moitié
chemin, il s'arrête pour déjeuner au bunga-
low de Kompong Thom et atteint, dans
l'après-midi, Siemreap et Angkor. Le bun-
galow est construit au pied d'Angkor Watt,
ou plus exactement Prah Moha Nokor Watt,
ce qui veut dire le Saint Grand temple du
royaume, à deux kilomètres d'Angkor
riiom, la ville royale, dont les ruines ache-
vaient de disparaître pierre à pierre, sous
l'effort des végétations tropicales, quand le
retour au Cambodge du territoire de Bat-
tambang nous a permis dr. sauver ces der-
niers restes des splendeurs passées.
Après la Cochinchine et Le Cambodge,
l'itinéraire conduit le touriste à Dalat,
sur le plateau du Langbian où, durant
trois jours, il retrouvera, dans un paysage
du plus pillorcsque, un climat qui lui rap-
pellera celui de la France, pendant que les
amateurs de chasse rencontreront, sans
peine, le gros gibier : tigre, panthère, bœuf
sauvage ou gaur, élépharit, cerfs de toutes
sortes et de toutes dimensions.
De Dalat à Tourane, le voyageur verra
la merveilleuse route qui suit la mer et
pourra admirer, sur son passage, les rui-
nes Chain, qui s'échelonnent depuis Torn
uiam jusqu au cirque de Mi Son. Il verra
1rs grandes villes de l'Annam : Hué, Vinh,
Tauh boa, atteindra Hanoï, la capitale ad-
ministrative de l'Indochine s'étendant au-
tour de son charmant petit lac, la grouil-
lante ville indigène avec ses rues groupant
les professions : rue de la Soie, rue du
Cuivre, rue des Tasses, rue des Cercueils,
et tant d'autres. A Haïphong, il admirera
1 activité de nos grandes industries, nuis
le bateau le mènèra dans la merveilleuse
baie d'Along que, je l'ai dit au commence-
ment je ne tenterai même pas de décrire.
Les images qui vont défiler sous vos yeux
vous en donneront une impression.
In memoriam
A -l'occasion du nouvel an annamite, le
Souvenir Indochinois fera le dimanche 10 fé-
vrier, à 10 h. 30, à Nogent-sur-Marne, sa vi-
site traditionnelle au Temple commémoratif
des Indochinois morts pour la France.
«Ob
LE TAUX DE LA PIASTRE
–0–
Le Gouverneur Général 'de l'Indochine
vient de faire connaître au Ministre des
Colonies qu'à la date du 30 janvier 1924, le
taux officiel de la piastre était de 10 fr. 80.
00
Une conférence sur Dupleix
à l'École Coloniale -,
M. le Gouverneur Martin eau a fait à
l'Ecole ColoniaJe, avant-hier, une confé-
rence très applaudie sur « les causes de la
chute de Dupleix ».
Dans un langage aussi clair que précis,
il a donné des renseignements sur la vie
de Dupleix, documents réunis déjà dans les
deux volumes qu'il a publiés et dont notre
ami et collaborateur M. Ernest Haudos a
rendu compte dans les Annales Coloniales.
La conférence a été complétée par la pro-
jection de 'films cinématographiques repré-
sentant des vues de l'Inde française. -
352IST A O. F.
-0-
la Sltuallon econOlloue
ab
Aux renseignements quotidiens que les
Annales Coloniales ont donnés par leurs ru-
briques sur les différentes colonies du
groupe de l'A. 0. F., nous pouvons ajou-
ter ceux que publie le Bulletin de l'Agence
économique de l'A. 6. F. du mois de jan-
vier 1924.
- En ce qui concerne le commerce de l'A.
O. F. pendant les neuf premiers mois de
1923, nous aiotons qu'il a atteint une va-
leur de 658.438.819 francs, dont 335.647.392
à l'importation et 322.70L7 francs à l'ex-
portation.
Pour la même période de 1922, ces chif-
tyes étaient de 4-65.662.4-50 francs, 220.632.940
francs et 246.029.510 francs.
Cette augmentation de 193 millions en
faveur de 1923 - n'est imputable que pour
une part assez faible à la hausse des mar-
chandises et des produits. En effet, les va-
leurs mercuriales qui servent à établir les
statistiques n'ont pas subi de modifications
sensibles pour beaucoup d'articles. Les
quantités importées ou exportées ont donc
sensiblement augmenté.
On voit que, pour certains articles d'im-
portation, les augmentations sont très im-
portantes ; citons les vins, qui ont pro-
gressé de plus de 70 0/0, et qui sont sur-
tout fournis par la France ; les automo-
biles (325 0/0) ; les machines et mécaniques
(190 0/0) -, les farines (60 0/0) ; les sucres
(1-5 0/0) ; les tissus de coton (51 0/0). Si les
premiers de ces articles témoignent de la
prospérité et du dévelopement des affaires,.
les trois derniers attestent le développement
des ressources des indigènes qui en sont
les principaux consommateurs.
L'augmentation des exportations en est
une autre preuve ; elle atteint, pour l'ensem-
ble des produits, 32.000 tonnes, portant sur
les bois de menuiserie et de charpente
(455 0/0) ; le caoutchouc (298 0/0) ; les lai-
nes (200 0/0) ; le coton (82 0/0) ; le cacao
(56 0/0) ; l'huile de palme (26 0/0) ; les
amandes de palme (15 0/0) ; les bois d'ébé-
nisterie (8 0/0) ; et l'or (41 0/0). - -
D ailleurs, l albondance des récoltes et
les prix élevés obtenus permettent d'es-
compter un mouvement d'échanges encore
plus aclif pendant le quatrième trimestre.
L'ensemble du trafic de l'A. O. F., pen-
dant l'année 1923, dépassera vraisembla-
iblement 850 millions de francs.
Les recettes douanières, qui avaient
pour l'ensemble de l'A. O. F., atteint au
cours des mois antérieurs un total très éle-
vé, ont encore, pendant le mois d'octobre,
continué leur marche ascendante. Elles
sont supérieures de près de 2.500.000 francs
à celles du mois d'octobre de l'année 1922
et se répartissent comme suit dans les di-
verses colonies dui groupe :
Sénégal, 2.786.425 francs ; Dahomey,
1.988.290 francs ; Côte d'Ivoire, 1.061.016
francs ; Guinée Française, 733.515 francs ;
Soudan Français, 536.160 francs ; Haute-
Volta, 42.790 francs. Au total : 7.14-8.196 fr.
Le total des recettes, pour les dix pre-
miers mois de l'année 1923, dépasse de
plus de 18.500.000 francs" le montant des
recettes de la période correspondante de
1922 et de plus de 19.000.000 les prévisions
budgétaires.
SENEGAL
Le commerce d'importations du 3e tri-
mestre 1923 a été en augmentation de
59.b31.3C8 francs sur la période correspon-
dante de 1922. Nous devons regretter que
si le Bulletin de l'Agence Economique de
l'A. O. F. relève une progression considé-
rable sur les bois de construction, due à la
reprise des travaux mis en adjudication
par l'Administration, il est muet sur l'ori-
gine de ces bois. Il aurait été très intéres-
sant de savoir si, enfin, on avait recours
aux bois de la Côte d'Ivoire.
L'importaticn de la bière est en progres-
sion.
L'huile de pétrole et-»de schiste réalise
une avance importante, grâce à la recons-
titution du stock : ces produits sont origi-
naires d'Amérique.
La parfumerie est toujours très demandée
par les indigènes ; elle est favorisée par
l'installation continue de nouvelles bouti-
ques dans toutes les agglomérations de la
colonie. -
Le besom du réassortiment des magasins
à l'approche de la traite, la hause du flo-
rin et de la livre sont les caluses de l'aug-
mentation en valeur des importaticns des
tissus de coton. Les guinées viennent prin-
cipalement de Hollande, les tissus de coton
unis, teints en bleu, sont fournis par l'An-
gleterre et la Métropole livre des tissus fa-
briqués avec des fils teints ou façonnés, de
qualité excellente.
L'augmentation de 104.000 francs sur les
vêtements confecticnnés représente l'arri-
vage de vêtements pour la troupe.
Les machines et mécaniques marquent
une hausse portant sur le matériel de trac-
tion pour chemin 'de fer, les treuils et les
basdules
Parmi les produits en diminution, l'on -
remarque les farines de froment, dont les
arrivages avaient été très considérables
dans les deux précëdents trimestres.
La diminution d'importation du riz doit
être imputée à la bonne récolte de riz in-
digène et aux belles perspectives de celle
du mil et des niébés, cqui a déterminé le
commerce à limiter ses achats en farineux
alimentaires.
La diminution des arrivages de rails pour
le Thiès-Kayes a fait reculer les fers de
1.315.725 francs.
Les noix de colas proviennent en ma-
jeure partie de la Sierra-Leone. C'est ce qui
explique que, bien que les quantités aient
fléchi, la valeur s'est maintenue, grâce à.
la hausse de la livre. On constate toutefois
que les importateurs tirent de plus en plus
leurs colas de la Côte d'Ivoire, et de la Gui-
née Française.
Pour les sels, les arrivages sont insigni-
LE NUMERO : 20 CENTIMES
VENDREDI SOIR, 1er FEVRIER 1921
Les Annales Coloniales
JOURNAL QUOTIDIEN
LES ARTICLES PUBLIÉS PAR "LES ANNALES COLONIALES" SONT LA PROPRIÉTÉ
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Il laut intensifier la proflastion en A.O.F.
A l'occasion du projet do loi, portant
fixation d'un programme général de
mise en valeur des colonies françaises,
mon ancien collègue, M. Georges Bar-
ihélein-y, député du Pas-de-Calais, vient
de publier un très intéressant ra.p.po,rt
sur la situation actuelle d0 TA. 0. P. et
sur les grands travaux dont la réalisa-
tion domine le. programma élaboré ré-
ceinmen't, par M. Albert Sarraut, minis-
tre des Colouies.
La c-réation de nos possessions de
l'Ouest africain constitue une. des plus
bpUes pages de l'épopée coloniale fran-
çaise. En trente années, do 18185 à 1914
les Français, militaires et civils, qui fu-
rent les pionniers de noire action, ont
fait marcher de pair rexploration, la
pacification Olt. l'organisation pour ins-
taurer lo plus rapidement possible la
paix française.
La situation matérielle et moraJe des
indigènes n'a pas été oubliée. Nous
nous sommes efforcés partout de réduire
larigueur des fléaux naturels qui dévas-
taient ces régions, famines et maladies
épidLmiques, tandis que nous associons
progressivement nos suijels à la gestion
des affaires dei la colonie.
La France qui peut être fière de celte
œuvl', doit aussi pouvoir compter dans
les heures graves que. nous traversons
sur l'appoint économique de l'Afrique-
Occiidentale, merveilleux réservoir de
produits les plus divers.
L'inventaire des ressources du marché
africain, fait immédiatement ressortir
-les quantités énormes, d'oléagineux, ara-
chides, amandes de palme, huile de. paJ-
me et de f ois qui peuvent alimenter les
grandes industries françaises.
Pour tous les produits agricoles, une
question -primordiale se pose. Comment
stimuler la production de l'indigène
dont les moyens de culture sont encore
presque partout, très primitifs ?
Jardins d'essais, stations agricoles,
doivent être multipliés en vue de. l'in-
troduction des légumes et fruits d'au-
tres régions, mais il faut surtout favo-
riser la création des fermes-écoles où,
so-us la direction d'aigenls indigènes'
des services d'agriculture, les indigènes
acquèrent la technique des moyens mé-
caniques de travail et les procédés prof-
pres à la. rénovation de l'élevage local.
L'enseignement. donné dans ces fer-
m'e.s-é.c.Q,les, sans caractère officiel, est
ess eoa t i cQtl Ciiii en t pratique et facilite au
plus haut point, la vulgarisation dans
les milieux indigènes de nos méthodes
de cullures et de notre oui-liage agri-
cole.
Sti.muler la productivité locales t&l doit
être- le fut de noire action et pour cela
il faut apporter aux entreprises euro-
péennes de cultures, installées dans
nos coi oui es, et employant les indlg-è-
nes, une aide sérieuse, sous forme de
subventions à la culture mécanique et
déprimés au défrichement.
Cette culture européenne est naturel-
lement la seule qui puisse prendre ra-
pidement un caractère do production
intensive, avec des rendements élevés
et assurer l'amélioralion en qii,,clllilé 'ci-es
produits.
Tout nature'i'ieme.nt-, nous sommes
.ainsi am'enés au programme de mise en
valeur de nos territoires, par la néces-
sité des grands travaux à effectuer pour
favoriser à un triple, point, de vue la pro'-
duction, le transport et l'exportation.
A l'augmentation de la production de-
meure intimement liée la question
d'amélioration matérielle du sort de l'in-
digène.- Il faut faciliter par toutes les
mesures propres le développement de la
population el cela pour fournir ta lllatu-
d'œiuvire nécessaire.
Malheureusement, presque partout en
Afrique, nous nous trouvons en face
d'une densité de population extrême-
ment faible, due à des raisons d'ordre,
pathologique. La mortalité infantile fait
là, d'aussi affreux ravages que les ma-
ladies endémiques et épidémiques. Puis,
il y a l'Gl'eo'ÛllisDle qui durant de lon-
gues années s'est développé du fait des
énormes quantités d'alcool de traite aJ-
lemand, fabriqué avec. les pires rési-
dus et. introduit en Afrique comme élé-
ment. de troc.
Les remèdes à cette situation sont
nombreux. Il faut tout d'abord dévelop-
per les services d'assistance médicale
indigène pour vulgariser les habitudes
.l'Uvgiène et améliorer les conditions
d'existence des indigènes.
N'ons ne devons pas borner là notre
rôle, il faut aussi instruire l'indigène
et l'éduquer professionnellement. L'en-
-oi^Tiement doit être « approprié à la
ment.a.lHé des populations autochtones
et concu dans le sens des besoins de la
colonisation. » Ce programme est plein
de bon sens. Il ne nous fout pas, en
A. 0. P., une organisation d'instruction
calquée- sur la métropole, mais, au con-
traire dos programmes d'enseignement
permettant d'inculquer aux indigènes
des données élémentaires, tout en les dé-
veloppant professionnellement au
mieux des besoins locaux.
lm faut tendre à donner aux masses.
une instruction plus pratique que théo-
rique pour former des artisans et des
agriculteurs. Apprendre à l'indigène à
parler et à écrire le français, puis après
ces rudiments d'instruction, le diriger
vers l'Ecole professionnelle (industrielle
ou agricole) où il apprendra les métho-
des européennes propres ci son futur
métier.
M. Georg'es Barthélémy a parfaitement
raison de concevoir à la base de. lia. pro-
ductivité de l'A. 0. P. la.préparation eL
l'emploi d'un nombreux personnel indi-
gène qui deviendra un des éléments
prépondérants do la mise en valeur de
noire domaine africain.
Edouard Néron,
Sénateur de la Haute-Loire,
Membre de la Commission
des Colonies et Protectorats.
de
Rapports et Décrets
Décret du 19 janvier 1924 rendant applica-
bles pendant l'année 1924 les dispositions
du décret du 6 mai 1922 fixant le montant
du supplément temporaire de solde allouè
au personnel du chemin de fer et du port
de la Réunion.
Décret du 20 janvier 1924 autorisant le com-
missaire de la République au Cameroun
à faire. frapper et à émettre des jetons
métalliques de 2 fr.,, 1 fr. et 50 centimes
dans les territoires du Cameroun placés
sous mandat de la France.
Décret du 26 janyier 1924 accordant un per-
mis de coupe industrielle de bois dans le
territoire du Cameroun à la Société natio-
nale du Cameroun.
(J. 0., du 31 janvier 1924).
A LA CHAMBRE
RAPPORTS
Création d'un Institut de médecine
vétérinaire exotique
Il existe depuis quatre ans déjà, à l'école
vétérinaire d'Alfort, un enseignement spé-
cial donné à nos futurs vétérinaires colo-
niaux en vue de les doter des connaissan-
ces nécessaires pour assurer le développe-
ment de la production animale dans nos
possessions d outre-mer et pour lutter con-
tre les épizooties, infestations parasitaires,
infections microbiennes et influences cli-
matiques qui déciment cette production.
Depuis la création de cet enseignement,
une trentaine de vétérinaires ont fréquenté
régulièrement les jcours et ont obtenu le
certificat qui sanctionne les études à la
suite d'un examen.
L'utilité d'un tel enseignement ne saurait
être contestée, car un certain nombre d'af-
fections sont tout à fait spéciales aux ré-
gions tropicaksL Nos étudiants vétérinai-
res qui désifWWPliirp, leur carrière aux co-
lonies nt t p leui- carrière aux co-
lonies doivent pourrir s'y préparer le plus
utilement possible par une étude scientifi-
que des conditions défavorables de l'élevage
dans nos colonies. 11 y a, d'ailleurs, l'exem-
ple de l'étranger, des Anglais notamment,
dans l'Inde et dans l'Afrique .centrale.
ont obtenu de bons résultats, grâce à cette
étude scientifique.
La personnalité civile fera de ce service
spécial d'enseignement un établissement
dislind, ayant toute initiative pour la di-
rection administrative aussi bien que tech-
nique de cet enseignement, ayant aussi la
capacité de recevoir des dons et legs, de
toucher des rémunérations spéciales de ses
élèves ou du public auquel il pourra être
appelé à rendre service : ces recettes com-
pîèteront, le cas échéant, ses ressources
actuelles qui proviennent exclusivement des
subventions inscrites au budget du Maroc,
de l'Indochine, de l'Afrique occidentale
française et de Madagascar.
Il est naturellement prévu que ce nou-
vel établissement pourra recevoir des sub-
ventions. de l'Etat dont le concours pécu-
niaire, s'il devient nécessaire, sera des plus
justifiés par le motif que la métropole est
intéressée au plus haut point, à un râvitan-
lement en animaux des colonies et ci la
prospérité de ces colonies : toutefois, en ce
moment ou les dépenses doivent être si sé-
vèrement comprimées, il n'est pas inutile
de faire remarquer que ces subventions ne
seront pas immédiatement indispensables
pour assurer la vie de ce nouvel Institut.
L'Etat pourra, par la suite, juger intéres-
sant et possible de l'encourager pécuniaire-
mcnt pour augmenter la puissance de ses
moyens d'action : le projet doit lui accorder
cette faculté.
L'aviation coloniale
Le service Bangkok-Nongkhay
Les Siamois nous donnent le bon exem-
ple. En effet, au Siam, on compte à 130
kilomètres du Mékhong un vaste camp re-
tranché avec plus de 12.000 hommes bien
approvisionnés, un champ d'aviation et
des hangars abritant 400 avions
Les Siamois viennent aussi de créer un
service postal par avions Bangkok-Karat-
Nongkhay, cela a d'ailleurs causé quelque
émotion en Indochine. On a voulu y voir la
réplique à la création en Indochine d'un
service automobile entre Vinh et Thakhek.
Nons nous sommes laissés distancer, par
les Siamois pour la poste aérienne.
Que cet exemple nous soit utile 1
Le problème de l'eau
au Sénégal
Il fut un temps, pas
très éloigné de nous, où
la question de l'eau ne
se posait même pas pour
le Sénégal. Faidherbe,
lui-même, ignorait pas
l'énorme expansion, à
travers les terres des
eaux - du Sénégal. Il y
voyait des promesses d avenir et ne pouvait
prévoir leur disparition.
Si, en effet, je consulte le. travail de
M. Paul Bancal, auquel Eugène Devalx
faisait allusion dans les Annales Coloniales
des 23 juin 1923 et 17 janvier 1924, j'y
trouve, très bien résumées, les observations
des anciens voyageurs ci explorateurs :
Ca da Mosto (1455), Geoffroy de Ville-
neuve (1785-1788) - homme de confiance
de M. de Bouffiers, - Anville, J.-B. Du-
rand, Adç}ison. Tous s'accordent pour Vtm-
ter « la côte basse et très peuplée de fort
beaux arbres verdoyants. ». a Je ne veys,
dans ma vie, plus belle côte que celle-ci me
semble être, laquelle est toute arrousée de
plusieurs fleuves et petites rivières de peu
de coûte à cause que les navircs n'y saurait
emboucher », écrivait Alvise da Ca da
Mosto.
A Vendroit même que la mission hydro-
logique a reconnu pour servir de châteaiè.
d'eau dunaire pour Valimentation complé-
mentaire de Dakar et de Rufisque, se trou-
vait la forêt en vaste demi-cercle signalée
par Geoffroy de Villeneuve,
Une circulation intense d'eau douce se
produisait dans les régions de dunes et la
z,égétatioli -V éla.-i't fort acilvc I:c villa g e de
végétation y était fort active. Le village de
Cagnac était situé au bord d'un marigot
d'eau douce. On constatait, du temps. de
Geoffroy de VilleJlelfvc, l'existence d'un lac
navigable pendant quatre mois de l'année,
dans la vaste plaine s'étendant entre la baie
d'Yoff et les montagnes die Cap Rouge.
Avec le temps, cette plaine se transformera
en une série de lacs, par diminution des
apports d'eau et par ensablement. Une carte
de Pinei-Lapradc indique .en pointillé une
communication entre la Tamna et la So-
malie, interrompue par un soulèvement lent
positif du sol.
Le lac Tamna était alimenté, selon Geof-
froy de Villeneuve, par une rivière inter-
mittente venant du Nord qui, pendant la
saison des pluies, roulait ses eaux avec ra-
pidité et fracas, sur une largeur de 3 à 40c
toises.
Vers le nord-est, se trouvait, à la hau-
teur d.es Petites-Mamelles, iiii réseau dit-
llaire important renfermant des étangs
d'eau douce bordés de grands arbres et rem-
plis de crocodiles. En construisant le Da-
kar-Saint-Louis, ou trouva des caïmans
dans les lacs Yoni et Ouoronaï, à hauteur
du kilomètre 19,500.
A'Jl'Boro. écrit M. Paul Bancal. - on
trouve Vemplacement d'un immense lac et
le lit d'un fleuve de 20 kilomètres de long
alimenté par une puissante nappe phoréati-
que sortant des sables. C'est la même nappe
qui allait se perdre dans la mer à Yoff.
Tous les croquis et toutes les cartes indi-
quent les vestiges de cette vaste baie qui
remontent jusqu'à Marcaye (le Mekkey de
nos jours). C'était à n'eu point douter, la
région la plus lWJJlide du Cayor ct, en
1455, Ca da Mosto y débarqua quelques
chevaux d'Espagne avec leur harnachement
pour le Daniel dont la résidence se trou-
vait à proximité de cette baie de Jl'Boro.
111' Boro lui-mêmc était sur une colline « do-
minant une plaine ou coulait un ruisseau
entretenant une verdure perpétuelle ».
L'étang de ill'Boro, dont la direction est
normale à la plage, est de formation conti-
nentale. Il n'y a pas de trace de cordon
littoral. Il finit de s'endormir maintenant
à deux cents pas dia rivage. Ses méandres
sont enserrés par les dunes de sable qui,
après avoir reculé devant les eaux dOllces,
les envahissent.
C'est ce que confirmait J.-B. Duralld,
administrateur de la Compagnie du Séné-
gal, en 1785.
En 1922, à Jl'Boro, par une crue excep-
tionnelle, Veau revint comme, jadis, mais
avec une amplitude moindre, par suite de la
sécheresse acquise dti, sol.
Il est donc bien établi qidà une époque
récente, les eaux de la crue du Sénégal par-
venaient jusque dans la presqtc'île du Cap
Vert. C'est sans doute sur cette observation
que M. Paul Bancal a étayé son proiet de.
travaux destinés à doter Dakar et Rufisque
de l'eau qui leur est nécessaire. C'est ce que
nous verrons dans un prochain article.
Pierre Valude,
Député du Cher.
La station de T. S. F. de Saigon
00
- Depuis l'ouverture récente du nouveau
poste de T. S. F. de Saigon, un très grand
nombre de télégrammes commerciaux sont re-
çus ou expédiés chaque jour par notre grande
station indochinoise, bénéficiant ainsi d'une
économie de plus de 30 o/o suH les tarifs des
câbles étrangers, -
Vers l'Indochine
f
Sous la présidence de M. Albert Sarraut,
ministre des Colonies, M. le Résident supé-
rieur 'Gm:nie'l', avait organisé hier après-
midi dans les salons de l'Agence Ecçmomi-
que cle l'Indochine, 20, rue de la Boétie,
une causerie sur « Les grands voyages en
Indochine », à laquelle assistait un public
d'élite.
il s'agissait de mettre en relief, les ma-
gnifiques efforts faits par la Compagnie
des Messageries Maritimes, toujours son-
cieuse de développer l'influence française,
en Extrême-Orient, d'accord1 avec le Gou-
vernement- général de l'Indochine et la
Compagnie Française de Tourisme, pour
orienter le grand tourisme vers nos posses-
sions asiatiques.
Ces voyages organisés dans les condi-
tions les plus confortables prévoient de
grandes excursions en Cochinchine, au
Cmnlwdgr., au Laos, en Annam et au Ton-
Idn. Leur programme détaillé comprend la
visite des grandes cités et des villes morles
of£U,'' hU'Í, envahies par les sables et la
forât, dont les monuments avec leurs fres-
ques, retracent l'histoire des civilisations
disparucs. L'itinéraire complet à travers
l'lwlocltinc a une durée de 46 iours, non
compris les traversées de Marseille-Saigon
et retour.
Apres le confortable voyage sur les
luxueux paquebots de la Compagnie des
Messageries Jflll'i!inws et la visite des es-
cales de Port-Saïd, Colombo et SinnavOur,
le a touristes atteignent Saïgon, la « perle
de l'Extrême-Orient ».
Dans un style snbre et élégant, M. Mo-
nod, administrateur des services civils, a
(''roqué en ces termes le charme infini des
visions d'Indochine, à travers les magnifi-
ques projections tle Saigon, de Pnom-Penh.
de nalol, de Tmmine, de Hué, d'IIanoï et
d'IIaïphong. -
L'Indochine pittoresque
La photographie elle-même, fixe ou uni-
iuée, lie saurait donner qu'ulle idée impar-
faite de nus paysages d'Extrême-Orient, car
il manque la couleur, l'atmosphère, la lu-
mière, tout Ce qui fait la vie d'un site et
sou harmonie, il iiiaiique aussi l'élcnduc, qui
dans toutes les merveilles de l'Indochine
est un des éléments les plus importants et
que rien ne peuL représenter : certes cha-
que partie des grands monuments Khmcr
nous intéresse au plus haut deigré : la ri-
chesse et la perfection de l'ornementation
nous encnuniciu. Mais que sont ces beautés
de détail comparées a l'envolée des cinq
tours d'Angkor pointant dans le ciel ; à la
sérénité des immenses bassins lleuris de
lotus ; à l'envergure des enceintes concen-
triques se pressant de plus en plus les
unes contre les autres, s'élevant par éta-
ges, aboutissant logiquement à la grande
tour centrale, tabernacle dominant de bien
lui ut le - monde environnant.
Dans les tombeaux des empereurs à Hué,
il est aisé de montrer telle pagode conte-
nant - les reliques du défunt, tel portique de
bronze dont, les colonnes su.nt enserrées
dans le corps d'un dragon." Mais quelle
image saurait représenter la merveilleuse
;lclnlJtn!iúLl du paysage, exploité© avec un
goût tellement raliiné par les Annamites ;
la paix mystérieuse qui règne dans les vas-
tes espaces que couvrent les tombeaux ;
la variété des sites réalisés ?
En baie d'Along, peintres ou photogra-
phes peuvent rendre la l'orme plus ou
moins 01 range ou surprenante de tel ro-
cher, de telle grotte. Mais qui rendra l'im-
mensité de cette baie parsemée de milliers
d de milliers de rochers aux lignes hardies,
l'inLinie diversité des lumières dans la va-
riété des formes, la sensation toute parti-
culière que chacun ressent, mais que nul
jusqu'ici n'a su rendre.
Une autre raison encore rend diliieile,
toute représentation des sites les plus répu-
tés de rhidouhiuG ; leur beauté est telle-
ment particulière, d'un urdrc tellement nou-
veau pour nous, qu'elle nous échappe
d abord. Presque tous, en nous trouvant
pour la première fois devant eux, nous
avons tout d'aliord un sentiment qui nous
parait presqu'une désillusion : on nous avait
tant parlé de ce que nous allions voir que
nous nous attendions à. autre chose et il
nous faut un peu de temps, il nous faut
du recueillement, il nous faut, comme di-
saient les Romains, nous laisser pénétrer
par l'esprit du lieu, pour sentir que notre
impression première était simplement une
extrême surprise ; nous étions désorientés
parce que le spectacle qui s'olïrc à nos yeux
est autre que nous ne pouvions le conce-
voir et c'est seulement peu à peu que l'ex-
trême beauté du lieu nous pénètre et nous
remplit d'une admiration qui plus jamais
ne s'effacera de notre esprit.
Il serait donc vraiment téméraire de vou-
loir faire naître par des paroles une impres-
sion, si modeste qu'elle soit, de ces grandes
émotions d'art, dont nul ne peut avoir la
notion soni les avoir lui-même éprouvées.
Routes et chemins de ter
Il y a peu de temps encore, le touriste dis-
posé à aller recueillir ces impressions ren-
contrait. des difficultés sérieuses ; les rou-
tes et les chemins de fer avaient une exten-
sion limitée. Les trajets par bateaux, en
mer ou sur les fleuves et canaux, étaient
longs et ne permettaient pas toujours de
faciles correspondances, d'où résultaient
trop souvent des pertes de temps et par
suite des frais inutiles. Le débarquement
aux escales sur la côte d'Annam était par-
fois difficile. La nécessité1 de voyager par
eau limitait beaucoup les époques où il
était possible de visiter certains sites, par
exemple les ruines d'Angkor que l'on ne
pouva.it pratiquement atteindre que par les
grands lacs, donc à la saison des hautes
eaux ; mais c'est. la saison des pluies, des
averses torrentielles, et des moustiques -
et ceux qui ont visité Angkor ont conservé
des cruels insectes, piquant à travers les
vêtements, de désagréables souvenirs.
L'extension sans cesse augmentée du
réseau routier permet, aujourd'hui, les
voyages de tourisme en Indochine, dans
des conditions de rapidité, de confort, d'in-
dépcndance propres à satisfaire les plus
difficiles. L'automobile sillonne la Cochin-
chine, le Cambodge, le Tonkin, longe toute
la côte d'Annam, commence à parcourir les
hauts plateaux de la chaîne annamite et la
Laos. Partout, sur les routes qui sont oui-
vertes, des bungalow s'installent, tant aux
vertes, .d'étape qu'aux points d'arrêt méri-
gites
diens. Les services publics de voitures au-
tomobiles se multiplient ; on compte, à
l'heure actuelle, 75 lignes dont une tout
récemment créée entre la côte d'Annam et
le grand bief du Mékong laotien. Voyager
en Indochine devient chose vraiment aisée.
Quelle différence pour le touriste qui, main-
tenant, suit- toute la route longeant la côte
d'Annam, cette route qui comporte entre
autres l'admirable passage en corniche du
cap Varella, au, heu de se rendre par mer
de Saïgon à Haïphong, n'apercevant que
pur moment les côtes, faisant escale sur
rade à telle distance que le plus souvent il
n'avait pas le temps de descendre à terre.
Itinéraire touristique
L'Agence Economique de l'Indochine,
d'accord avec la Compagnie Française du
Tourisme et les Messageries Maritimes, a
étudié un itinéraire permettant aux touris-
tes de visiter, dans le court délai de 46
jours, les points les plus réputés de l'Indo-
chine en parcourant une distance totale de
3.800 kilomètres. Il ne semble pas qu'il eut
été réalisable de faire voir, en aussi peu de
temps, plus de choses ou des choses mieux
choisies.
Le voyageur débarque à Saigon et com-
mence par visiter cette charmante cité, qui
est, sans contredit, la plus jolie ville de tout
l'Extrême-Orient. Il parcourt les environs,
voit l'énorme ruche qu'est Cholon, puis,
par d'excellentes et belles routes, traverse
la Cochincliine, gagne le Cambodge, par-
court Phnom-Pcnh, posé sur Je bord du
Mékong, aux quatre bras, où le fleuve a
2 km. 1/2 de largeur, gravit le Phnom, col-
line couronnée d'une gracieuse pagode à.
laquelle conduit un escalier dont les orne-
ments sont des moulages d'Angkor ; par
une route nouvellement construite, il a fait
en automobile les 300 kilomètres qui le sé-
parent de Phnom-Pcnh d'Angkor. A moitié
chemin, il s'arrête pour déjeuner au bunga-
low de Kompong Thom et atteint, dans
l'après-midi, Siemreap et Angkor. Le bun-
galow est construit au pied d'Angkor Watt,
ou plus exactement Prah Moha Nokor Watt,
ce qui veut dire le Saint Grand temple du
royaume, à deux kilomètres d'Angkor
riiom, la ville royale, dont les ruines ache-
vaient de disparaître pierre à pierre, sous
l'effort des végétations tropicales, quand le
retour au Cambodge du territoire de Bat-
tambang nous a permis dr. sauver ces der-
niers restes des splendeurs passées.
Après la Cochinchine et Le Cambodge,
l'itinéraire conduit le touriste à Dalat,
sur le plateau du Langbian où, durant
trois jours, il retrouvera, dans un paysage
du plus pillorcsque, un climat qui lui rap-
pellera celui de la France, pendant que les
amateurs de chasse rencontreront, sans
peine, le gros gibier : tigre, panthère, bœuf
sauvage ou gaur, élépharit, cerfs de toutes
sortes et de toutes dimensions.
De Dalat à Tourane, le voyageur verra
la merveilleuse route qui suit la mer et
pourra admirer, sur son passage, les rui-
nes Chain, qui s'échelonnent depuis Torn
uiam jusqu au cirque de Mi Son. Il verra
1rs grandes villes de l'Annam : Hué, Vinh,
Tauh boa, atteindra Hanoï, la capitale ad-
ministrative de l'Indochine s'étendant au-
tour de son charmant petit lac, la grouil-
lante ville indigène avec ses rues groupant
les professions : rue de la Soie, rue du
Cuivre, rue des Tasses, rue des Cercueils,
et tant d'autres. A Haïphong, il admirera
1 activité de nos grandes industries, nuis
le bateau le mènèra dans la merveilleuse
baie d'Along que, je l'ai dit au commence-
ment je ne tenterai même pas de décrire.
Les images qui vont défiler sous vos yeux
vous en donneront une impression.
In memoriam
A -l'occasion du nouvel an annamite, le
Souvenir Indochinois fera le dimanche 10 fé-
vrier, à 10 h. 30, à Nogent-sur-Marne, sa vi-
site traditionnelle au Temple commémoratif
des Indochinois morts pour la France.
«Ob
LE TAUX DE LA PIASTRE
–0–
Le Gouverneur Général 'de l'Indochine
vient de faire connaître au Ministre des
Colonies qu'à la date du 30 janvier 1924, le
taux officiel de la piastre était de 10 fr. 80.
00
Une conférence sur Dupleix
à l'École Coloniale -,
M. le Gouverneur Martin eau a fait à
l'Ecole ColoniaJe, avant-hier, une confé-
rence très applaudie sur « les causes de la
chute de Dupleix ».
Dans un langage aussi clair que précis,
il a donné des renseignements sur la vie
de Dupleix, documents réunis déjà dans les
deux volumes qu'il a publiés et dont notre
ami et collaborateur M. Ernest Haudos a
rendu compte dans les Annales Coloniales.
La conférence a été complétée par la pro-
jection de 'films cinématographiques repré-
sentant des vues de l'Inde française. -
352IST A O. F.
-0-
la Sltuallon econOlloue
ab
Aux renseignements quotidiens que les
Annales Coloniales ont donnés par leurs ru-
briques sur les différentes colonies du
groupe de l'A. 0. F., nous pouvons ajou-
ter ceux que publie le Bulletin de l'Agence
économique de l'A. 6. F. du mois de jan-
vier 1924.
- En ce qui concerne le commerce de l'A.
O. F. pendant les neuf premiers mois de
1923, nous aiotons qu'il a atteint une va-
leur de 658.438.819 francs, dont 335.647.392
à l'importation et 322.70L7 francs à l'ex-
portation.
Pour la même période de 1922, ces chif-
tyes étaient de 4-65.662.4-50 francs, 220.632.940
francs et 246.029.510 francs.
Cette augmentation de 193 millions en
faveur de 1923 - n'est imputable que pour
une part assez faible à la hausse des mar-
chandises et des produits. En effet, les va-
leurs mercuriales qui servent à établir les
statistiques n'ont pas subi de modifications
sensibles pour beaucoup d'articles. Les
quantités importées ou exportées ont donc
sensiblement augmenté.
On voit que, pour certains articles d'im-
portation, les augmentations sont très im-
portantes ; citons les vins, qui ont pro-
gressé de plus de 70 0/0, et qui sont sur-
tout fournis par la France ; les automo-
biles (325 0/0) ; les machines et mécaniques
(190 0/0) -, les farines (60 0/0) ; les sucres
(1-5 0/0) ; les tissus de coton (51 0/0). Si les
premiers de ces articles témoignent de la
prospérité et du dévelopement des affaires,.
les trois derniers attestent le développement
des ressources des indigènes qui en sont
les principaux consommateurs.
L'augmentation des exportations en est
une autre preuve ; elle atteint, pour l'ensem-
ble des produits, 32.000 tonnes, portant sur
les bois de menuiserie et de charpente
(455 0/0) ; le caoutchouc (298 0/0) ; les lai-
nes (200 0/0) ; le coton (82 0/0) ; le cacao
(56 0/0) ; l'huile de palme (26 0/0) ; les
amandes de palme (15 0/0) ; les bois d'ébé-
nisterie (8 0/0) ; et l'or (41 0/0). - -
D ailleurs, l albondance des récoltes et
les prix élevés obtenus permettent d'es-
compter un mouvement d'échanges encore
plus aclif pendant le quatrième trimestre.
L'ensemble du trafic de l'A. O. F., pen-
dant l'année 1923, dépassera vraisembla-
iblement 850 millions de francs.
Les recettes douanières, qui avaient
pour l'ensemble de l'A. O. F., atteint au
cours des mois antérieurs un total très éle-
vé, ont encore, pendant le mois d'octobre,
continué leur marche ascendante. Elles
sont supérieures de près de 2.500.000 francs
à celles du mois d'octobre de l'année 1922
et se répartissent comme suit dans les di-
verses colonies dui groupe :
Sénégal, 2.786.425 francs ; Dahomey,
1.988.290 francs ; Côte d'Ivoire, 1.061.016
francs ; Guinée Française, 733.515 francs ;
Soudan Français, 536.160 francs ; Haute-
Volta, 42.790 francs. Au total : 7.14-8.196 fr.
Le total des recettes, pour les dix pre-
miers mois de l'année 1923, dépasse de
plus de 18.500.000 francs" le montant des
recettes de la période correspondante de
1922 et de plus de 19.000.000 les prévisions
budgétaires.
SENEGAL
Le commerce d'importations du 3e tri-
mestre 1923 a été en augmentation de
59.b31.3C8 francs sur la période correspon-
dante de 1922. Nous devons regretter que
si le Bulletin de l'Agence Economique de
l'A. O. F. relève une progression considé-
rable sur les bois de construction, due à la
reprise des travaux mis en adjudication
par l'Administration, il est muet sur l'ori-
gine de ces bois. Il aurait été très intéres-
sant de savoir si, enfin, on avait recours
aux bois de la Côte d'Ivoire.
L'importaticn de la bière est en progres-
sion.
L'huile de pétrole et-»de schiste réalise
une avance importante, grâce à la recons-
titution du stock : ces produits sont origi-
naires d'Amérique.
La parfumerie est toujours très demandée
par les indigènes ; elle est favorisée par
l'installation continue de nouvelles bouti-
ques dans toutes les agglomérations de la
colonie. -
Le besom du réassortiment des magasins
à l'approche de la traite, la hause du flo-
rin et de la livre sont les caluses de l'aug-
mentation en valeur des importaticns des
tissus de coton. Les guinées viennent prin-
cipalement de Hollande, les tissus de coton
unis, teints en bleu, sont fournis par l'An-
gleterre et la Métropole livre des tissus fa-
briqués avec des fils teints ou façonnés, de
qualité excellente.
L'augmentation de 104.000 francs sur les
vêtements confecticnnés représente l'arri-
vage de vêtements pour la troupe.
Les machines et mécaniques marquent
une hausse portant sur le matériel de trac-
tion pour chemin 'de fer, les treuils et les
basdules
Parmi les produits en diminution, l'on -
remarque les farines de froment, dont les
arrivages avaient été très considérables
dans les deux précëdents trimestres.
La diminution d'importation du riz doit
être imputée à la bonne récolte de riz in-
digène et aux belles perspectives de celle
du mil et des niébés, cqui a déterminé le
commerce à limiter ses achats en farineux
alimentaires.
La diminution des arrivages de rails pour
le Thiès-Kayes a fait reculer les fers de
1.315.725 francs.
Les noix de colas proviennent en ma-
jeure partie de la Sierra-Leone. C'est ce qui
explique que, bien que les quantités aient
fléchi, la valeur s'est maintenue, grâce à.
la hausse de la livre. On constate toutefois
que les importateurs tirent de plus en plus
leurs colas de la Côte d'Ivoire, et de la Gui-
née Française.
Pour les sels, les arrivages sont insigni-
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