Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1923-12-03
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32693410p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 03 décembre 1923 03 décembre 1923
Description : 1923/12/03 (A24,N163). 1923/12/03 (A24,N163).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
Description : Collection numérique : Thème : L'histoire partagée Collection numérique : Thème : L'histoire partagée
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6411091k
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 31/01/2013
VJNGf-QUATRIEME ANNEE. - No 163 Oi NUMSNO » 15 GSNTM LUNDI SOIR, 3 DECEMBRE J933 *
Les Annales Coloniales
i JOURNAL QUOTIDIEN 1
LES ARTICLES PUBLIÉS PAR "LES ANNALES COLONIALES" SONT LÀ PROPRltTt
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Un» @man amob
«iî!y™2SIIL»$ France et CoUnum SB • JO. te.
ï.:. 1 Etranger :
.».u .1- n J- rir-it TÎ AH lu prtijpm Ifculi n
L'intervention italienne àTanger
.-----
La France, qui trouvait déjà désa-
gréable d'avoir à défendre périodique-
ment ses droits contre l'Espagne à pro-
pos de Tanger, qui dut constater avec
surprise et. chagrin que l'Angleterre ne
manquait aucune occasion de lui être
̃désagréable, a failli tout récemment se
trouver devant un troisième adversaire,
l'Italie. Le péril a été momentanément
écarté ; il n'est pas à tout jamais con-
juré et c'est pourquoi nous croyons né-
cessaire de mettre le public français au
courant de cette nouvelle intrigue.
Le Messagero- du 3 octobre, ex-
posant le point de vue italien, s'expri-
mait ainsi : « Depuis quelque temps se
pose pour l'Italie un problème de Tan-
ge/ ; l'Italie demande, comme pays
méditerranéen, d'être admise elle aussi
a ce débat dont la valeur est essentiel-
lement méditerranéenne, mais jusqu'ici
aucune invitation ne lui a été faite.
L'attitude des trois pays convoqués à
la conférence est différente. L'Espagne,
d'après nos renseignements, ne s'oppo-
se en aucune façon à l'admission de
l'Italie qu'elle juge parfaitement natu-
relle. L'Angleterre, tout en ne montrant
pas un désir particulier de la collabora-
tion italienne dans le problème, ne
semble pas jusqu'ici y l'aire une -oppo-
sition nette. -
« La France, au contraire, voudrait
repousser toute intervention italienne.
Le Quai d'Orsay affirme que l'Italie n'a
pas le droit de s'occuper du problème
de Tanger à cause de sa renonciation
précédente formulée dans l'accord pour
la Libye, dans lequel la France décla-
rait se désintéresser de la Libye, en
échange du désintéressement italien au
Maroc français. Mais il faut observer
que Tanger ne fait pas partie de la
zone marocaine soumise à l'influence
française et ne peut par conséquent
être comprise dans le pacte de désinté-
ressement italien ; cela est si vrai qu'il
existe un pacte identique de désintéres-
sement de l'Italie sur le Maroc espagnol
et que'pourtant le gouvernement espa-
gnol n'a soulevé aucune objection à
l'admission de l'Italie dans les débats
pour Tanger. n
Cela est assez habilement présenté
de manière à faire illusion. Malheureu-
sement pour la thèse italienne, il n'y a
pas deux Marocs, l'un français, l'autre
espagnol. Il n'y a qu'un Maroc, toutes
les puissances ayant accepté à Algési-
ras de prendre pour base l'indivisibilité
de l'empire chérifien. Cet empire chéri-
fien indivisible est sous le protectorat
français. De - iious-mèrnes, nous avons
consent-i deux concessions, i'une main-
tenant à Tanger, provisoirement, un
caractère international, l'autre plaçant
le nord-est du Maroc, sous la juridiction
espagnole. Mais le sultan, protégé fran-
çais, est souverain dans le Rif comme
ailleurs, et. ce qui concerne le Maroc du
Nord est affaire purement franco-espa-
gnole. Il n'y a pas eu de traité de dé-
sintéressement. concernant le Maroc
« espagnol » entre l'Espagne et rltalie
pour cette bonne raison que quand fut !
signé le traité franco-italien en 1902, il
n'y avait à ce moment rien qui pût
prendre le nom de Maroc espagnol.
I) ien(li-e le nom de, -
L'Espagne possédait un certain nombre
de points côtiers où elle se maintenait
assez difficilement, et rien de plus. La
mémoire des rédacteurs du M essayera
les trahit dans la circonstance. Fort
heureusement, les archives des chan-
celleries ont des souvenirs plus précis.
Mais ce qui est fort agaçant, c'est
que le gouvernement de M. Mussolini,
peut être pour se consoler de l'échec
-suibi à Corfou, et pour se remetre en
bons termes avec l'Angleterre aux dé-
pens de la France, a cru devoir se li-
vrer à une manifestation du genre de
celles citii amenaient naguère la Pan-
ther dans les eaux .d'Agadir. Des
soldais italiens ont débarqué à Tanger,
habillés provisoirement en civil, mais
accompagnés de caisses d'armes et de
munitions. L'affaire vaut qu'on la
conte.
Le 2'k juillet, à la suite d'une rixe,
deux sujets italiens furent arrêtés, et,
d'après leurs déclarations, maltraités
par des soldats du Tabor de police es-
pagnol. Le 30 août (soit après 37 jours
de réflexion) dans la matinée, le contre-
torpilleur italien Audace débarquait
à Tanger onze carabiniers et un sous-
officier. Le navire de guerre italien dé-
barquait également G5 grands colis que
la douane française se mit en devoir de
visiter, mais le ministre d'Italie s'oppo-
sa à la visite sous prétexte que les co-
lis en question lui étaiont adressés et
qu'ils bénéficiaient de la franchise di-
plomatique. Selon toute vraisemblance,
ces colis contenaient des canons, des
mitrailleuses et d'importantes provi-
sions de munitions.
Et les propos du ministre italien n'é-
taient pas moins étranges que cet en-
voi suspect, Il déclarait à un journalis-
te italien, M. Hernandez Mir: que les
Italiens ne se considéraient plus com-
me liés par le traité de 1902, « parce
que précisément, ce sont les Français
eux-mêmes qui ont lancé dans le mon-
de la théorie d'après laquelle le traité
de Versailles aurait virtuellement an-
nulé le statut du Maroc ». Il n'y a qu'à
ouvrir le traité de Versailles pour cons-
tater qu'il ne dit rien de pareil, et ces
propos d'un diplomate ressemblent fort
it un roman chez la portière.
Ce qui est assez piquant, c'est que
les prétentions de l'Italie ont été una-
nimement repoussées par les trois puis-
sances représentées à la conférence des
experts de Londres. Dans quels termes,
nous n'en savons rien ; mais un autre
journaliste espagnol, M. Francisco Ma-
drid, qui semble en avoir eu connais-
sance, dit : « La leçon que la diploma-
tie hispano-franco-anglaise a donnée au
duo de Mussolini a été un des plus plai-
sants sujets d'amusement offerts par la
diplomatie internationale. L'incident
a été résolu par une succulente note
diplomatique que le duc Mussolini se
gardera bien de publier. »
.Quant à l'incident du Tabor, il sem-
ble avoir été réglé conformément au
bon sens ; les Italiens avaient à se
plaindre des policiers instruits par les
officiers Espagnols, et ils débarquaient
une troupe qui semblait animée de bien
plus mauvais desseins envers les Fran-
çais qu'envers les Espagnols. On a con-
sidéré qu'une seule chose là-dedans
était constante et pertinente : l'insuffi-
sance du dressage espagnol : désor-
mais, la police dépendra exclusive-
ment du sultan du Maroc, Mouley-Yous-
sef.
Ce qu'il convient de retenir, c'est
l'ensemble parfait avec lequel on a
écarté des rivages marocains toute im-
mixtion italienne. On est d'accord pour
trouver que la diplomatie mussolinien-
ne a besoin de passer quelque temps à
l'école pour se guérir de son impulsivi-
té ; elle emploie des procédés d'une
brusquerie un peu trop imprévisible.
Edoumrd Néron,
Dévuté de la Haute-Loire.
Rapporteur Général
de la Commission des Douanes
et des Conventions Commerciales.
A LA CHAMBRE
--00---
DANS LES COMMISSIONS
Le renouvellement du privilège
de la Banque de l'Indochine
M. Albert Sarraut, ministre des Colonies
a été entendu vendredi dernier à la Com-
mission. des Finances sur le projet de loi
portant renouvellement iJu privilège de la
Banoue d'Indochine.
Le Ministre a indiqué les modifications
apportées à la convention primitive ainsi
qu'aux statuts et il a insisté auprès de la
Commission pour que le vote du projet de
loi intervienne avant la clôture de la
session.
La Commission se prononcera cette
semaine sur les conclusions que formulera
en son nom M. Archimbaud.
RAPPORTS
Compte définitif du budget des fonds d'em-
prunt du protectorat du Maroc pour
l'exercice 1920.
Conformément aux dispositions de l'ar-
ticle 8 de la loi du 16 mars 1914, la Com-
mission des comptes définitifs et des éco-
nomies a été chargée d'examiner le compte
définitif du budget des fonds d'emprunt du
protectorat du Maroc pour l'exercice 1920.
D'une manière générale, il convient de
remarquer que les dépenses sur fonds
d'emprunt au cours de l'exercice 1920, ont
été beaucoup plus faibles que lors des
exercices précédents. --
Pour ne citer que 1 exercice précédent,
c'est ainsi qu'en 1919, les prévisions de
dépenses du budget de l'emprunt attei-
gnaient le chiffre de 48.958.806 fr. 48 cen-
times pour une dépense effective de 37 mil-
lions 486.143 fr. 95, alors-qu'en 1920, les
prévisions ne dépassaient qu'à peine 17
millions de francs, pour aboutir à une
dépense effective seulement de 9.292.002
francs 97.
Lu cause de cette diminution de dépenses
est des plus simples.Elle n'a été provoquée
que par l'épuisement des fonds de l'em-
prunt de 1914, épuisement qui s'est parti-
culièrement fait. sentir sur certains chapi-
tres importants du budget dont la dotation
avait toujours été assez élevée.
Cette observation explique la brièveté de
l'examen de la Commission des Comptes
définitifs de certains chapitres du budget
soumis à l'approbation de la Chambre.
PHILATÉLIE
INDES FRANÇAISES
L'information annonçant l'épuisement de
2 valeurs de la nouvelle série surchargée
en caches, fanons et roupies, est erronée.
Les deux valeurs en question ont été
tirées à un nombre d'exemplaires plus ré-
duit que les autres et pour éviter l'accapa-
rement de ces deux timbres, il a été donné
ordre de ne vendre aux négociants fn tim-
bres-postes et aux collectionneurs, que des
séries complètes ; mais il existe encore
actuellement un approvisionnement de plus
de 30.000 séries qui, au prix où sont ven-
dues ces séries, n'est pas -près d'être épuisé.
Le change ayant encore varié dans un
sens qui nous est défavorable, ces timbres
sont vendus avec une majoration de 120
1
Toulours le Transsaharien.
Au Parlement et dans
la Presse, mon sympathi-
que collègue et ami Geor-
ges Boussenot, combat le
Transsaharien. Mieux
vaudrait, à son avis, quel-
ques travaux. dans les
colonies.
Pour lui, le Transsaha-
rien ne représente aucune utilité au point
de vue économique 1 C'est vrai dans le
présent. Mais un avenir peut-être prochain
répondra sur ce point, car nous sommes là
dans le champ des hypothèses.
Le Transsaharien ne représente guère plus
d'importance, au point de vue de la défense
nationale, d'après notre ami Boussenot.
Sans doute a-t-il été mal impressionné par
un récent article inspiré. Oyez plutôt :
Restent les raisons d'intérêt stratégique.
L'Etat-Major général de l'Armée envisage,
en temps d'hostilités, la nécessité de trans-
porter rapidement 150.000 à 160.000 tirail-
leurs puisés en A. O. F. et les auteurs et les
propagandistes du transafricain d'indiquer
qu'en cas de guerre avec une grande puis-
sance maritime comme l'Angleterre c'est
là un cas qu'on a le droit d'envisager les
troupes noires ne pourraient venir en France
par la voie Dakar-Bordeaux, la liberté des
mers ne nous étant pas assurée. Si demain
une nation comme l'Angleterre se dressait
contre nous, elle se verrait assez puissante
au point de vue maritime pour gêner non
seulement nos transports de Dakar à Bor-
deaux, mais également ceux de la côte al-
géro-tunisienne à Marseille. Dans cette hy-
pothèse douloureuse - et c'est la seule que
l'on pourrait envisager comme dangereuse
pour la circulation de nos bâtiments sur les
mers le transafricain, comme voie de
transport rapide et sûr des troupes noires
dans la Métropole serait sans valeur.
Il faut près d'une semaine pour aller de
Dakar à Bordeaux.
Sur cette immense distance, combien il
serait facile à une flotte ennemie d'attaquer
nos convois de troupes noires et de les
couler 1
Si la défense nationale l'exigeait, il suffi.
rait de 20 heures pour les transporter
d'Alger à Marseille.
Une centaine de sous-marins, un millier
d'avions, rendront sur cette ligne toute atta-
que de nos transports par une flotte enne-
mie absolument et radicalement impossible.
Pour M. Georges Boussenot, la traversée
Dakar-Bordeaux ou Alger-Marseille, c'est
la même chose. llJ'on aimable collègue exa-
gère vraiment.
Pour tout patriote, pour le Conseil supé-
rieur de la Guerre, pour quiconque a étudié
le problème du transport, en France, de
nos troupes noires en temps de guerre, le
Transsaharien s'impose.
Pourquoi M. Boussenot le combat-il ?
Voici Vexplication. Laissons-lui la parole :
Que nom envisagions le projet sous son
double aspect' d'utilité économique ou
d'utilité stratégique, nous arrivons au
même résultat : le Transafricain. tel
qu'il est conçu, est une œuvre évidem-
ment très belle et qui fera, une fois achevé,
honneur à ceux qui l'auTont pratiquement
réalisée ; mais a-t-on le droit, à l'heure où
nous semmes, de jeter entre le Niger et le
Sud-Algérien, des millions par centaines
pour construire une ligne dont la nécessité,
je le répète, au double point de vue écono-
mique et militaire, n'est pas démontrée. Et
au lieu d'affecter ainsi près de deux milliards
à l'établissement d'une voie semblable,
j'avoue que je préférerais de beaucoup voir
la Métropole et les capitalistes français réa-
liser celles des parties du grand programme
Sarraut concernant l'outillage de nos posses-
sions d'outre-mer. Ce programme-là a une
productivité qui n'est contestée par personne,
son exécution permettra, comme celle du
transafricain, à nos firmes métallurgiques
d'être largement alimentées. Dans les temps
durs où nous vivons, avec une situation fi-
nancière telle que celle que nous avons et
qui doit commander la plus grande prudence,
il n'y a d'entreprises vraiment utiles que ces
œuvres qui peuvent être rapidement profita-
bles au pays. Je ne pense pas et je ne suis
pas le seul à penser que le transafricain
du moins pour l'instant, soit une de celles-là.
En résumé, -il vaudrait mieux quelques
travaux à Madagascar, à la Réunion ou à
la Martinique, que cette œuvre de défense
nationale de tout premier ordre que reste
le Tr ans saharien.
Le bout de l'oreille 1
Nous répondrons à notre excellent ami
Boussenot que le programme Sarraut (tra-
vaux dans toutes les colonies) est extrême-
ment intéressant ; qu'il faut le voter ; qu'il
faut l'exécuter ; qu'il est facile à réaliser,
par les colonies elles-mêmes, dont les em-
prunts seront garantis par la Métropole (à
la différence de VAlgérie qui, elle, ne lui
demande aucune garantie); qu'en résumé,
l'exécution du programme Sarraut et celle
d'ml Transsaharien tion pas improvisé
mais sérieux et indiscutable ne sont
nullement inconciliables.
Et nous concluons en plus large que
M. Boussenot par cette double formule :
Pour la France, pour son avenir, pour sa
prospérité, réalisons dans toutes les colo-
mes le magnifique programme Sarraut ;
Pour la Patrie, pour sa sécurité, pour
la Défense Nationale, exécutons bien vite le
T ranssaharien.
Emile Morinand,
Député-maire de Constantine.
̃ Pour le Transsaharien
Une mission va étudier sur place le projet
- chemin de fer transsaharien
(De notre correspondant)
Une mission composée de M. Regnault,
ingénieur en chef à la direction du P.-L.-M. ;
Gil Corbin, ingénieur en chef du contrôle
au ministère des Travaux publics; Chollet,
ingénieur en chef du P.-L.-M. à Alger, et
pilotée par le lieutenant Darbois, du Centre
d'aviation de la Seine, vient de se constituer
à Oran. Elle s'est rendue hier dimanche à
Bedeau, puis, de là, par étapes, elle doit
gagner en automobile, Adrar, afin d'éta-
blir et d'étudier sur place l'avant-projet du
futur transsaharien, dans les conditions ar-
rêtées récemment par le Conseil supérieur
de la défense nationale.
On sait que sur l'initiative de M. Le Troc-
quer, ministre des Travaux publics, d'ac-
cord avec M. Mahieu et le général Mangin,
on doit donner au P.-L.-M. la concession
de la construction d'une voie transsaharienne
par Oran et le Touat, avec garantie de
l'Etat.
Cette mission qui est faite aux frais de
l'Etat doit avoir fini ses études en deux ans.
En vue de couvrir les frais de cette mis-
sion et de ratifier l'entente faite entre la
Compagnie du P.-L.-M. et le ministère des
Travaux publics le tracé décidé en prin-
cipe comporte une dépense globale de
1.400.000.000 de francs les deux Chambres
seront saisies sous peu d'un projet de loi.
Les Commissions de la Chambre envisa-
gent même la possibilité de demander pour
un travail de cette importance l'avis des gou-
verneurs généraux de l'Algérie et de l'A.
O. F. et des techniciens qui, déjà depuis
vingt-cinq ans, se sont spécialisés dans
l'étude sur place de la réalisation de cette
voie ferrée-
la défense des producteurs de sucre
et de rhums coloniaux
On sait que l'appiication 'de la loi qui a
limité la. quantité de rhum de nos colonies
susceptible d'entrer en France sans payer
de surtaxe, n'a pas été sans soulever de
nombreuses difficultés qu'il a fallu résou-
dre successivement.
.l.-<.'l. plus récente a été la délivrance de
certificats constatant la perte d'alcool entre
le départ des colonies et l'arrivée en France,
certificats qui restituent aux producteurs, la
- faculté d'expédier en - France - l'équivalent
des quantités perdues en cours de route.
C'est surtout au Havre, que la douane
prétendait fixer le déficit, sauf le cas 'de
mise en consommation immédiate et au
débarquement mme. à un taux forfait-aire
de 5%, bien inférieur à la réalité, surtout
pour les rhums venant de colonies éloi-
gnées et ayant subi de nombreuses manu-
tentions. D'autre part, dans toutes circons-
tances, elle refusait le certifiicat de déficit
réel aux rhums arrivés avant le 14 sep-
tembre, 'date de l'arrêté de réglementation,
alors que le principe en remontait au décret
de février 1923. fixant les conditions d'appli-
cation de la loi de contingemcnt.
Le Syndical Général des Producteurs de
sucre et de rhum des Colonies Françaises,
dont le bureau a été reconstitué cette année
sous la présidence de M. Adrien Artaud, a
fait, à ce sujet, 'de nombreuses démarches'
auprès de l'Administration centrale, et, a
obtenu entière satisfaction.
Des instructions ont été envoyées aux
services locaux pour que les certificats de
déficit soient établis immédiatement, sans
attendre la mise en consommation sur les
quantités et degrés constatés au débarque-
ment. et ce pour tous les rhums et quelle
qu:' soit l'époque de leur arrivée.
Pour éviter toute ambiguïté, il est d'ail-
leurs recommandé aux 1 éceptionnaii es, au
moment où ils 'demandent le permis de
douane pour le débarquement, d'ajouter la
formule suivante : --
« .NOUS demandons la constatation eilec-
« tive du détiieit survenu en cours de rou-
« te D.
Ajoutons que le Syndicat Général a eu
aussi la satisfaction de l'aire admettre par
l'Administration des Douanes de Paris, que
du rhum de la Réunion. reconnu au Havre
comme remplissant les conditions organo-
leptiques exigées par les règlements, devait,
également être considéré comme tel à son
arrivée à Paris, ayant voyagé sous suite
de douane. Sur l'intervention du Syndicat.
la Douane de Paris a renoncé à un. nouvel
examen auquel elle subordonnait la libre
pratique de la marchandise, avec tous les
avantages de la première décision.
Ce sont là. d'intéressants résultats.
L'aviation coloniale
En Indochine
Grâce au travail inlassable auquel se
sont livrés depuis de longues années les
pilotes de notre aviation militaire coloniale,
on peut trouver dans le Guide aérien pour
l'Indochine qui vient de paraître la somme
des connaissances indispensables aux
aviateurs en Indochine. ,
Ce guide ne s'adresse encore qu'aux pi-
lotes militaires, mais il sera également
utile aux aviateurs civils qui pourront
dans un proche avenir, organiser dans le
pays des lignes de transports oU des
voyages de grand tourisme.
Il comprend 2 parties : d'abord des con-
sidérations générales sur la géographie et
la climatologie de l'Indochine, ses condi-
tions atmosphériques, ses voies aériennes,
ses terrains, etc., puis la description dé-
taillée des lignes aériennes, chacune fai-
sant l'objet d'un commentaire très com-
plet. Enfin pour chaque terrain on trouve
groupés tous les renseignements indispen-
sables avec des croquis parfois des pho-
tographies aériennes verticales ou obliques
d'une belle présentation. Deux cartes ter-
minent cet ouvrage.
LES IUIKS GIHFtKICB CUMUttS
:, ,,--0-- ',-',
L'Histoire de Carthage
Au théâtre Femina, samedi dernier, Mme
Lucie Delarue-Mardrus, en résumant d'une
façon charmante quelques épisodes des guer-
res puniques, les a rapprochées des diffé-
rents chapitres de Salammbô dont le souvenir
est si intimement lié à u Kar Adtcha », la
nouvelle ville fondée par Didon, après avoir
abandonné Tyr en Phénicie.
Carthage étendit rapidement sa supréma-
tie sur les villes d'Afrique, sur toute l'Afri-
que Mineure actuelle, suprématie qui excita
la jalousie de Rome, et l'histoire des guerres
puniques n'est que celle d'une lutte sans
merci jusqu'à la mort, lutte dont l'univers
sera le prix, au bout de plus d'un siècle.
Regulus et Amilcar, qui est lui-même en
butte aux jalousies d'Hannon, qui continue
la guerre malgré les avis prudents d'Amil-
car, sont les premiers héros de ces guerres.
Ce sont ensuite les campagnes d'Annibal
que renouvela Napoléon.
La Illo guerre punique ramena la guerre
aux portes de Carthage. Rome gagnera la
belle de ces trois parties à la victoire de
Zama. Caton à Carthage précipita la fin de
la malheureuse guerre d'Afrique, Delenda
est Carthago.
Les marchands de Carthage finirent en hé-
ros après un siège de 24 années. Carthage
devint encore une ville nouvelle comme ca-
pitale de la province d'Afrique, centre in-
tellectuel ; elle eut ses martyrs chrétiens et
subit l'invasion des Vandales.
L'orge a poussé sur Carthage vide et si-
lencieuse devant la mort, sous l'assaut des
vents de la mer.
A la nouvelle Carthage bâtie près de l'an-
cienne, autour d'une épicerie à l'enseigne
u A Salammbô », on court encore quand un
prince meurt au palais de Stamboul, voir si
une petite étoile brille à côté de la lune. Le
vent de haine souffle toujours; les poules
elles-mêmes se battent, les ânes s'attaquent
jusqu'à ce que mort s'ensuive.
Les guerres puniques sont des momies,
conclut la distinguée conférencière, qui se
réveillent. « C'est la fortune des combat-
tants qui décidera si la; terre sera latine ou
phénicienne », disait Scipion l'Africain.
Eugène Devaux
L'affaire Couitéas
Epilogue
Le Conseil d'Etat vient de rendre, sur
cette affaire un arrêt dont rimportance est
considérable parce qu'il établit, en matière
de haute administration, une jurisprudence
et des principes qui sauvegardent à .la fois
les droits essentiels du gouvernement et les
intérêts des particuliers. On se souvient que
M. Couitéas, privé par les incursions des
indigènes de la jouissance du domaine de
Tatia en Tunisie, avait obtenu en 1908 du
tribunal de Sousse deux jugements le mam-
tenant en possession et lui conférant le
droit de faire expulser les occupants. La de-
mande de M. Couitéas, tendant il une In-
demnité de 4.600.000 francs, se fondait sur
ce que le gouvernement français avait re-
fusé de prêter main-forte à l'exécution des
jugements. Le refus du gouvernement se
justifiait par les troubles graves qu'aurait
pu susciter l'expulsion de nombreux indi-
gènes de territoires dont ils s'estimaient lé-
gitimes occupants depuis un temps immé-
morial.
L'arrêt rendu sur le rapport du conseiller
d'Etat Riboulet, commence par constater
que le Gouvernement français n'a fait
qu'user des pouvoirs qui lui sont conférés
en vue du maintien de l'ordre, dans un
pays de protectorat. Mais il ajoute qu'un
justiciable, nanti d'une sentence judiciaire
dûment revêtue de la formule exécutoire,
est. en droit de compter sur le concours de
la force publique pour assurer l'exécution
de son titre.
Ces principes posés, l'arrêt s'exprime
ainsi :
Considérant que si le gouvernement français
a le devoir d'apprécier les conditions de cette
exécution et le droit de refuser le concours 1e
la force armée tant qu'il estime qu'il y a dan-
ger pour l'ordre et la sécurité, le préjudice qui
peut résulter de ce refus ne saurait, s'il excède
une certaine durée, être regardé comme une
charge incombant à l'intéressé, et qu'il appar-
tient au juse de déterminer la limite à partir
de laquelle il doit être supporté par la collec-
tivité ;
Considérant que la privation de jouissance
totale et sans limitation de durée résultant
pour le requérant de la mesure prise à son
égard, lui a imposé dans l'intérêt général un
préjudice pour lequel il est fondé à demander
une réparation 'pécuninire.
En conséquence, M. Couitéas est renvoyé
devant le ministre des Affaires étrangères
pour y être procédé, à défaut d'accord amia-
ble, à la liquidation en capital et intérêts de
l'indemnité à laquelle il a droit en raison
de la privation de jouissance qu'il a dû su-
bir jusqu'en décembre 1917 par suite du re- 1
fus du Gouvernement français de prêter le
concours de la force armée pour l'elécution
des jugements du tribunal de Sousse. Il'Etat
est condamné aux dépens.
Il résulte donc de cet arrêt que le Con-
seil d'Etat, reconnaît au Gouvernement,
quand l'intérêt public est en jeu et queues
troubles graves sont à craindre, le droit de
prendre, par son action ou par son absten-
tion certaines mesures exceptionnelles - qu.
peuvent iéser des droits privés. Mais les
charges anormales et les sacrifices trop
lourds ainsi imposés aux particuliers ne
sauraient rester sans compensation, et un
droit à indemnité leur est ouvert. C'est ainsi
que ce droit est reconnu à M. Couitéas puis-
que le Gouvernement s'est abstenu, malgré.
ses réclamations, de faire exécuter des ju-
gements qui, revêtus .de la formule exécu-
toire, constituaient une sorte de contrat
dont le requérant était bénéficiaire.
Quand touchera-t-il son argent ?
, Pour Carthage
':. ," ; 1 ", 0..0 ," .,¡ ,J
Notre confrère théâtral Comadia annonces
qu'en collaboration avec les Amis de Car. -
thage et avec l'aimable autorisation de M.
Rouché, directeur de l'Opéra, il organise--
pour une date prochaine une grande fête
suivie de bal à l'Opéra. Cette manifestation
permettra de recueillir les fonds nécessaires
à la conservation de l'antique cité punique.
D'autre part, on vient de présenter à Tunis
un film « La Fille de Carthage Ot, dont toute
l'intrigue se déroule dans ce cadre merveil-
leux et donne une très juste idée de la vie
arabe tunisienne. De plus, ce film a été pré-
paré, ordonné, mis en scène et joué unique-
ment avec des artistes arabes tunisiens, sauf
le rôle principal.
Il est appelé à un grand succès, et nous
en félicitons sincèrement son auteur.
J. P.
-.. –-–-
Un rezzou au Soudan
- j
D'après le Bulletin du Comité de l'Afri-
que Française de novembre 1928, le rezzou
qui, le 29 septembre dernier,attaqua un déta-
chement de nos troupes campé au puits de
Dasla, à 90 kilomètres au nord de Tom-
bouctou, avait à sa tête Hammou Khelifat,
fils de Sidi Mohammed, chef des Berabich
dissidents, et Kamma Ould Abbldine. N08
troupes ont courageusement soutenu le
combat pendant sept heures, mais les per-
tes enregistrées sont néanmoins de un
sou-ollicier européen et d'une cinquantai-
ne de tirailleurs et gradés.
Dès le 1er octobre, une contire-rezzou dont
faisait partie l'officier commandant le déta-
chement attaqué, fut constitué et lancé
dans la direction de l'adversaire qu'il re-
joignit au nord du lac Faguibine. Le com-
bat fut livré, la .position enlevee, le butin
repris. Des détachements se sont mis & la.
poursuite des débris du rezzou en fuite.
La rapidité avec laquelle nos troupes ont
pu réagir avec l'appui des partisans est fai-
te pour décourager les coups de main des
bandes de pillards du désert. Des mesures
ont été prises en vue du renforcement des
détachements de surveillance, l'annonce de-
rezzous semblables ayant été connue dans-
la région d'Agadez.
Le rezzou du puits de Dasla indique la
nécessité d'une liaison étroite entre du Ma-
roc et de l'Afrique Occidentale Française.
L'officier de cette section méhariste au--
Irait été éloigné de son campement par quel-
ques dissidents et cest en son absence que
la surprise aurait eu lieu. - -
Quoiqu'il en soit, il reste surprenante
qu'un rezzou de cette importance ait pu
s'approcher du Niger sans avoir été si-
gnalé.
Monof.
Courrier de l'Algérie
La vie administrative
M. Steeg, Gouverneur Général, a ou-
vert, jeudi matin, la session extraordinaire
vert, délégations tinancières.
des
Répondant à l'allocution du président
Seurin, te Gouverneur général a renwrçw
le président et les membres de rassemblée
pour la collaboration cordiale, confiante et
amicale qu'ils n'ont cessé de lui témoigner
et dont il apprécie toute la valeur.
Le président Seurin ayant lail un vif
éloge du secrétaire général du gouverne-
ment général, récemment promu commanr
deur de la légion d'honneur, M. Stee" A
son tour, fait l'éloge de son collaborateur,
pour son labeur et son dévouement ardad
à la chose publique qui lui ont conquis la
sympathie unanime de toute VAlgérie.
Le Gouverneur général, énumêrant lei
travaux de la session qui, comme l'a ind&
qué le président, sera caLme, courte et H-
conde, a ajouté : « L'AI fidèle à elle-
même, sans se laisser dtstraire par les dif-
ficultés, les angoisses ou les obstacles,
poursuit son ère de progrès républicain,
1 démocratique et de prospérité économi-
que. »
- Par arrêté de M. le Gouverneur Gene-
ral de l'Algérie, les nominations suivantes
sont prononcées dans le personnel des com-
missaires de police de la Colonie :
M. David, commissaire central à Blida,
est nommé, en la même qualité à Bône, en
.i,emplacem(!nt de I.
remplacement de M. Vinciguerra Raphaël.
M. Vinciguerra Raphaël, commissaire
centra] a DÓne. est nommé en la même qua-
lité à BUtta en remplacement de M. David.
La vie économique
On cotait à Sousse le 29 novembre
1923 :
Blé marchand, w à 81 fr. ; machmê, s
83 à 84 fr. ; orge disponible, T,;> fr. 50 ;
livrable décembre, 54 francs' ; avoine. 52
francs ; fèves marchands, 86 francs ; fèves ,
grosses, 95 francs; pois chiches, 17 francs;
l'huile de première pression, 4-80 francs ;
de grignons, 315 francs ; grignr.ns, 225 fr.
la tonne ; olives (Teboucha, Mahdia, Bakal-
la), 400 à 420 francs le cafiir ; olives (Ka-
laa. Kebia, Msaken;, 315 à 3*20 francs le
caffir.
Les événements et les hommes
Un incenéie a éclaté hier à bord dit
vapeur japonais Buyo-Maru, en rade dit-
port d'Alger, chargé de liège et u continur
toute la nuit.
Le feu est maintenant maîtrisé. Mais
trois cales ont été fermées ctan ta- crainte
que l'aération de ces cales n'alimente à
MI/Veau. le foyer.
Les dégdts dépasseront un d!mi-millÏOft.
Le navire devra passer dans II' bassin de
radoub. 1
Deux rapeurs soviétiques, dont Uun
est le Krosni-Pacbar, venant de Pétro-
grad, PUjmouth et tisbonne, ront arrivés
dans ta matinée d'hier devant Alger. Jm.
Les Annales Coloniales
i JOURNAL QUOTIDIEN 1
LES ARTICLES PUBLIÉS PAR "LES ANNALES COLONIALES" SONT LÀ PROPRltTt
EXCLUSIVE DU JOURNAL
La AMonce. el RIdGlflu sont pfflu eux Bureaux tluJourtIGl el ku le» Agence» de Publicité
DIRECTEURS : MARCEL RUEDEL et L.-G. THEBAULT
AédaelioB et Administration : 34, Rue du Mont-Thabop. PARIS-1" Téléphone : LOUVRI 49-37
Un» @man amob
«iî!y™2SIIL»$ France et CoUnum SB • JO. te.
ï.:. 1 Etranger :
.».u .1- n J- rir-it TÎ AH lu prtijpm Ifculi n
L'intervention italienne àTanger
.-----
La France, qui trouvait déjà désa-
gréable d'avoir à défendre périodique-
ment ses droits contre l'Espagne à pro-
pos de Tanger, qui dut constater avec
surprise et. chagrin que l'Angleterre ne
manquait aucune occasion de lui être
̃désagréable, a failli tout récemment se
trouver devant un troisième adversaire,
l'Italie. Le péril a été momentanément
écarté ; il n'est pas à tout jamais con-
juré et c'est pourquoi nous croyons né-
cessaire de mettre le public français au
courant de cette nouvelle intrigue.
Le Messagero- du 3 octobre, ex-
posant le point de vue italien, s'expri-
mait ainsi : « Depuis quelque temps se
pose pour l'Italie un problème de Tan-
ge/ ; l'Italie demande, comme pays
méditerranéen, d'être admise elle aussi
a ce débat dont la valeur est essentiel-
lement méditerranéenne, mais jusqu'ici
aucune invitation ne lui a été faite.
L'attitude des trois pays convoqués à
la conférence est différente. L'Espagne,
d'après nos renseignements, ne s'oppo-
se en aucune façon à l'admission de
l'Italie qu'elle juge parfaitement natu-
relle. L'Angleterre, tout en ne montrant
pas un désir particulier de la collabora-
tion italienne dans le problème, ne
semble pas jusqu'ici y l'aire une -oppo-
sition nette. -
« La France, au contraire, voudrait
repousser toute intervention italienne.
Le Quai d'Orsay affirme que l'Italie n'a
pas le droit de s'occuper du problème
de Tanger à cause de sa renonciation
précédente formulée dans l'accord pour
la Libye, dans lequel la France décla-
rait se désintéresser de la Libye, en
échange du désintéressement italien au
Maroc français. Mais il faut observer
que Tanger ne fait pas partie de la
zone marocaine soumise à l'influence
française et ne peut par conséquent
être comprise dans le pacte de désinté-
ressement italien ; cela est si vrai qu'il
existe un pacte identique de désintéres-
sement de l'Italie sur le Maroc espagnol
et que'pourtant le gouvernement espa-
gnol n'a soulevé aucune objection à
l'admission de l'Italie dans les débats
pour Tanger. n
Cela est assez habilement présenté
de manière à faire illusion. Malheureu-
sement pour la thèse italienne, il n'y a
pas deux Marocs, l'un français, l'autre
espagnol. Il n'y a qu'un Maroc, toutes
les puissances ayant accepté à Algési-
ras de prendre pour base l'indivisibilité
de l'empire chérifien. Cet empire chéri-
fien indivisible est sous le protectorat
français. De - iious-mèrnes, nous avons
consent-i deux concessions, i'une main-
tenant à Tanger, provisoirement, un
caractère international, l'autre plaçant
le nord-est du Maroc, sous la juridiction
espagnole. Mais le sultan, protégé fran-
çais, est souverain dans le Rif comme
ailleurs, et. ce qui concerne le Maroc du
Nord est affaire purement franco-espa-
gnole. Il n'y a pas eu de traité de dé-
sintéressement. concernant le Maroc
« espagnol » entre l'Espagne et rltalie
pour cette bonne raison que quand fut !
signé le traité franco-italien en 1902, il
n'y avait à ce moment rien qui pût
prendre le nom de Maroc espagnol.
I) ien(li-e le nom de, -
L'Espagne possédait un certain nombre
de points côtiers où elle se maintenait
assez difficilement, et rien de plus. La
mémoire des rédacteurs du M essayera
les trahit dans la circonstance. Fort
heureusement, les archives des chan-
celleries ont des souvenirs plus précis.
Mais ce qui est fort agaçant, c'est
que le gouvernement de M. Mussolini,
peut être pour se consoler de l'échec
-suibi à Corfou, et pour se remetre en
bons termes avec l'Angleterre aux dé-
pens de la France, a cru devoir se li-
vrer à une manifestation du genre de
celles citii amenaient naguère la Pan-
ther dans les eaux .d'Agadir. Des
soldais italiens ont débarqué à Tanger,
habillés provisoirement en civil, mais
accompagnés de caisses d'armes et de
munitions. L'affaire vaut qu'on la
conte.
Le 2'k juillet, à la suite d'une rixe,
deux sujets italiens furent arrêtés, et,
d'après leurs déclarations, maltraités
par des soldats du Tabor de police es-
pagnol. Le 30 août (soit après 37 jours
de réflexion) dans la matinée, le contre-
torpilleur italien Audace débarquait
à Tanger onze carabiniers et un sous-
officier. Le navire de guerre italien dé-
barquait également G5 grands colis que
la douane française se mit en devoir de
visiter, mais le ministre d'Italie s'oppo-
sa à la visite sous prétexte que les co-
lis en question lui étaiont adressés et
qu'ils bénéficiaient de la franchise di-
plomatique. Selon toute vraisemblance,
ces colis contenaient des canons, des
mitrailleuses et d'importantes provi-
sions de munitions.
Et les propos du ministre italien n'é-
taient pas moins étranges que cet en-
voi suspect, Il déclarait à un journalis-
te italien, M. Hernandez Mir: que les
Italiens ne se considéraient plus com-
me liés par le traité de 1902, « parce
que précisément, ce sont les Français
eux-mêmes qui ont lancé dans le mon-
de la théorie d'après laquelle le traité
de Versailles aurait virtuellement an-
nulé le statut du Maroc ». Il n'y a qu'à
ouvrir le traité de Versailles pour cons-
tater qu'il ne dit rien de pareil, et ces
propos d'un diplomate ressemblent fort
it un roman chez la portière.
Ce qui est assez piquant, c'est que
les prétentions de l'Italie ont été una-
nimement repoussées par les trois puis-
sances représentées à la conférence des
experts de Londres. Dans quels termes,
nous n'en savons rien ; mais un autre
journaliste espagnol, M. Francisco Ma-
drid, qui semble en avoir eu connais-
sance, dit : « La leçon que la diploma-
tie hispano-franco-anglaise a donnée au
duo de Mussolini a été un des plus plai-
sants sujets d'amusement offerts par la
diplomatie internationale. L'incident
a été résolu par une succulente note
diplomatique que le duc Mussolini se
gardera bien de publier. »
.Quant à l'incident du Tabor, il sem-
ble avoir été réglé conformément au
bon sens ; les Italiens avaient à se
plaindre des policiers instruits par les
officiers Espagnols, et ils débarquaient
une troupe qui semblait animée de bien
plus mauvais desseins envers les Fran-
çais qu'envers les Espagnols. On a con-
sidéré qu'une seule chose là-dedans
était constante et pertinente : l'insuffi-
sance du dressage espagnol : désor-
mais, la police dépendra exclusive-
ment du sultan du Maroc, Mouley-Yous-
sef.
Ce qu'il convient de retenir, c'est
l'ensemble parfait avec lequel on a
écarté des rivages marocains toute im-
mixtion italienne. On est d'accord pour
trouver que la diplomatie mussolinien-
ne a besoin de passer quelque temps à
l'école pour se guérir de son impulsivi-
té ; elle emploie des procédés d'une
brusquerie un peu trop imprévisible.
Edoumrd Néron,
Dévuté de la Haute-Loire.
Rapporteur Général
de la Commission des Douanes
et des Conventions Commerciales.
A LA CHAMBRE
--00---
DANS LES COMMISSIONS
Le renouvellement du privilège
de la Banque de l'Indochine
M. Albert Sarraut, ministre des Colonies
a été entendu vendredi dernier à la Com-
mission. des Finances sur le projet de loi
portant renouvellement iJu privilège de la
Banoue d'Indochine.
Le Ministre a indiqué les modifications
apportées à la convention primitive ainsi
qu'aux statuts et il a insisté auprès de la
Commission pour que le vote du projet de
loi intervienne avant la clôture de la
session.
La Commission se prononcera cette
semaine sur les conclusions que formulera
en son nom M. Archimbaud.
RAPPORTS
Compte définitif du budget des fonds d'em-
prunt du protectorat du Maroc pour
l'exercice 1920.
Conformément aux dispositions de l'ar-
ticle 8 de la loi du 16 mars 1914, la Com-
mission des comptes définitifs et des éco-
nomies a été chargée d'examiner le compte
définitif du budget des fonds d'emprunt du
protectorat du Maroc pour l'exercice 1920.
D'une manière générale, il convient de
remarquer que les dépenses sur fonds
d'emprunt au cours de l'exercice 1920, ont
été beaucoup plus faibles que lors des
exercices précédents. --
Pour ne citer que 1 exercice précédent,
c'est ainsi qu'en 1919, les prévisions de
dépenses du budget de l'emprunt attei-
gnaient le chiffre de 48.958.806 fr. 48 cen-
times pour une dépense effective de 37 mil-
lions 486.143 fr. 95, alors-qu'en 1920, les
prévisions ne dépassaient qu'à peine 17
millions de francs, pour aboutir à une
dépense effective seulement de 9.292.002
francs 97.
Lu cause de cette diminution de dépenses
est des plus simples.Elle n'a été provoquée
que par l'épuisement des fonds de l'em-
prunt de 1914, épuisement qui s'est parti-
culièrement fait. sentir sur certains chapi-
tres importants du budget dont la dotation
avait toujours été assez élevée.
Cette observation explique la brièveté de
l'examen de la Commission des Comptes
définitifs de certains chapitres du budget
soumis à l'approbation de la Chambre.
PHILATÉLIE
INDES FRANÇAISES
L'information annonçant l'épuisement de
2 valeurs de la nouvelle série surchargée
en caches, fanons et roupies, est erronée.
Les deux valeurs en question ont été
tirées à un nombre d'exemplaires plus ré-
duit que les autres et pour éviter l'accapa-
rement de ces deux timbres, il a été donné
ordre de ne vendre aux négociants fn tim-
bres-postes et aux collectionneurs, que des
séries complètes ; mais il existe encore
actuellement un approvisionnement de plus
de 30.000 séries qui, au prix où sont ven-
dues ces séries, n'est pas -près d'être épuisé.
Le change ayant encore varié dans un
sens qui nous est défavorable, ces timbres
sont vendus avec une majoration de 120
1
Toulours le Transsaharien.
Au Parlement et dans
la Presse, mon sympathi-
que collègue et ami Geor-
ges Boussenot, combat le
Transsaharien. Mieux
vaudrait, à son avis, quel-
ques travaux. dans les
colonies.
Pour lui, le Transsaha-
rien ne représente aucune utilité au point
de vue économique 1 C'est vrai dans le
présent. Mais un avenir peut-être prochain
répondra sur ce point, car nous sommes là
dans le champ des hypothèses.
Le Transsaharien ne représente guère plus
d'importance, au point de vue de la défense
nationale, d'après notre ami Boussenot.
Sans doute a-t-il été mal impressionné par
un récent article inspiré. Oyez plutôt :
Restent les raisons d'intérêt stratégique.
L'Etat-Major général de l'Armée envisage,
en temps d'hostilités, la nécessité de trans-
porter rapidement 150.000 à 160.000 tirail-
leurs puisés en A. O. F. et les auteurs et les
propagandistes du transafricain d'indiquer
qu'en cas de guerre avec une grande puis-
sance maritime comme l'Angleterre c'est
là un cas qu'on a le droit d'envisager les
troupes noires ne pourraient venir en France
par la voie Dakar-Bordeaux, la liberté des
mers ne nous étant pas assurée. Si demain
une nation comme l'Angleterre se dressait
contre nous, elle se verrait assez puissante
au point de vue maritime pour gêner non
seulement nos transports de Dakar à Bor-
deaux, mais également ceux de la côte al-
géro-tunisienne à Marseille. Dans cette hy-
pothèse douloureuse - et c'est la seule que
l'on pourrait envisager comme dangereuse
pour la circulation de nos bâtiments sur les
mers le transafricain, comme voie de
transport rapide et sûr des troupes noires
dans la Métropole serait sans valeur.
Il faut près d'une semaine pour aller de
Dakar à Bordeaux.
Sur cette immense distance, combien il
serait facile à une flotte ennemie d'attaquer
nos convois de troupes noires et de les
couler 1
Si la défense nationale l'exigeait, il suffi.
rait de 20 heures pour les transporter
d'Alger à Marseille.
Une centaine de sous-marins, un millier
d'avions, rendront sur cette ligne toute atta-
que de nos transports par une flotte enne-
mie absolument et radicalement impossible.
Pour M. Georges Boussenot, la traversée
Dakar-Bordeaux ou Alger-Marseille, c'est
la même chose. llJ'on aimable collègue exa-
gère vraiment.
Pour tout patriote, pour le Conseil supé-
rieur de la Guerre, pour quiconque a étudié
le problème du transport, en France, de
nos troupes noires en temps de guerre, le
Transsaharien s'impose.
Pourquoi M. Boussenot le combat-il ?
Voici Vexplication. Laissons-lui la parole :
Que nom envisagions le projet sous son
double aspect' d'utilité économique ou
d'utilité stratégique, nous arrivons au
même résultat : le Transafricain. tel
qu'il est conçu, est une œuvre évidem-
ment très belle et qui fera, une fois achevé,
honneur à ceux qui l'auTont pratiquement
réalisée ; mais a-t-on le droit, à l'heure où
nous semmes, de jeter entre le Niger et le
Sud-Algérien, des millions par centaines
pour construire une ligne dont la nécessité,
je le répète, au double point de vue écono-
mique et militaire, n'est pas démontrée. Et
au lieu d'affecter ainsi près de deux milliards
à l'établissement d'une voie semblable,
j'avoue que je préférerais de beaucoup voir
la Métropole et les capitalistes français réa-
liser celles des parties du grand programme
Sarraut concernant l'outillage de nos posses-
sions d'outre-mer. Ce programme-là a une
productivité qui n'est contestée par personne,
son exécution permettra, comme celle du
transafricain, à nos firmes métallurgiques
d'être largement alimentées. Dans les temps
durs où nous vivons, avec une situation fi-
nancière telle que celle que nous avons et
qui doit commander la plus grande prudence,
il n'y a d'entreprises vraiment utiles que ces
œuvres qui peuvent être rapidement profita-
bles au pays. Je ne pense pas et je ne suis
pas le seul à penser que le transafricain
du moins pour l'instant, soit une de celles-là.
En résumé, -il vaudrait mieux quelques
travaux à Madagascar, à la Réunion ou à
la Martinique, que cette œuvre de défense
nationale de tout premier ordre que reste
le Tr ans saharien.
Le bout de l'oreille 1
Nous répondrons à notre excellent ami
Boussenot que le programme Sarraut (tra-
vaux dans toutes les colonies) est extrême-
ment intéressant ; qu'il faut le voter ; qu'il
faut l'exécuter ; qu'il est facile à réaliser,
par les colonies elles-mêmes, dont les em-
prunts seront garantis par la Métropole (à
la différence de VAlgérie qui, elle, ne lui
demande aucune garantie); qu'en résumé,
l'exécution du programme Sarraut et celle
d'ml Transsaharien tion pas improvisé
mais sérieux et indiscutable ne sont
nullement inconciliables.
Et nous concluons en plus large que
M. Boussenot par cette double formule :
Pour la France, pour son avenir, pour sa
prospérité, réalisons dans toutes les colo-
mes le magnifique programme Sarraut ;
Pour la Patrie, pour sa sécurité, pour
la Défense Nationale, exécutons bien vite le
T ranssaharien.
Emile Morinand,
Député-maire de Constantine.
̃ Pour le Transsaharien
Une mission va étudier sur place le projet
- chemin de fer transsaharien
(De notre correspondant)
Une mission composée de M. Regnault,
ingénieur en chef à la direction du P.-L.-M. ;
Gil Corbin, ingénieur en chef du contrôle
au ministère des Travaux publics; Chollet,
ingénieur en chef du P.-L.-M. à Alger, et
pilotée par le lieutenant Darbois, du Centre
d'aviation de la Seine, vient de se constituer
à Oran. Elle s'est rendue hier dimanche à
Bedeau, puis, de là, par étapes, elle doit
gagner en automobile, Adrar, afin d'éta-
blir et d'étudier sur place l'avant-projet du
futur transsaharien, dans les conditions ar-
rêtées récemment par le Conseil supérieur
de la défense nationale.
On sait que sur l'initiative de M. Le Troc-
quer, ministre des Travaux publics, d'ac-
cord avec M. Mahieu et le général Mangin,
on doit donner au P.-L.-M. la concession
de la construction d'une voie transsaharienne
par Oran et le Touat, avec garantie de
l'Etat.
Cette mission qui est faite aux frais de
l'Etat doit avoir fini ses études en deux ans.
En vue de couvrir les frais de cette mis-
sion et de ratifier l'entente faite entre la
Compagnie du P.-L.-M. et le ministère des
Travaux publics le tracé décidé en prin-
cipe comporte une dépense globale de
1.400.000.000 de francs les deux Chambres
seront saisies sous peu d'un projet de loi.
Les Commissions de la Chambre envisa-
gent même la possibilité de demander pour
un travail de cette importance l'avis des gou-
verneurs généraux de l'Algérie et de l'A.
O. F. et des techniciens qui, déjà depuis
vingt-cinq ans, se sont spécialisés dans
l'étude sur place de la réalisation de cette
voie ferrée-
la défense des producteurs de sucre
et de rhums coloniaux
On sait que l'appiication 'de la loi qui a
limité la. quantité de rhum de nos colonies
susceptible d'entrer en France sans payer
de surtaxe, n'a pas été sans soulever de
nombreuses difficultés qu'il a fallu résou-
dre successivement.
.l.-<.'l. plus récente a été la délivrance de
certificats constatant la perte d'alcool entre
le départ des colonies et l'arrivée en France,
certificats qui restituent aux producteurs, la
- faculté d'expédier en - France - l'équivalent
des quantités perdues en cours de route.
C'est surtout au Havre, que la douane
prétendait fixer le déficit, sauf le cas 'de
mise en consommation immédiate et au
débarquement mme. à un taux forfait-aire
de 5%, bien inférieur à la réalité, surtout
pour les rhums venant de colonies éloi-
gnées et ayant subi de nombreuses manu-
tentions. D'autre part, dans toutes circons-
tances, elle refusait le certifiicat de déficit
réel aux rhums arrivés avant le 14 sep-
tembre, 'date de l'arrêté de réglementation,
alors que le principe en remontait au décret
de février 1923. fixant les conditions d'appli-
cation de la loi de contingemcnt.
Le Syndical Général des Producteurs de
sucre et de rhum des Colonies Françaises,
dont le bureau a été reconstitué cette année
sous la présidence de M. Adrien Artaud, a
fait, à ce sujet, 'de nombreuses démarches'
auprès de l'Administration centrale, et, a
obtenu entière satisfaction.
Des instructions ont été envoyées aux
services locaux pour que les certificats de
déficit soient établis immédiatement, sans
attendre la mise en consommation sur les
quantités et degrés constatés au débarque-
ment. et ce pour tous les rhums et quelle
qu:' soit l'époque de leur arrivée.
Pour éviter toute ambiguïté, il est d'ail-
leurs recommandé aux 1 éceptionnaii es, au
moment où ils 'demandent le permis de
douane pour le débarquement, d'ajouter la
formule suivante : --
« .NOUS demandons la constatation eilec-
« tive du détiieit survenu en cours de rou-
« te D.
Ajoutons que le Syndicat Général a eu
aussi la satisfaction de l'aire admettre par
l'Administration des Douanes de Paris, que
du rhum de la Réunion. reconnu au Havre
comme remplissant les conditions organo-
leptiques exigées par les règlements, devait,
également être considéré comme tel à son
arrivée à Paris, ayant voyagé sous suite
de douane. Sur l'intervention du Syndicat.
la Douane de Paris a renoncé à un. nouvel
examen auquel elle subordonnait la libre
pratique de la marchandise, avec tous les
avantages de la première décision.
Ce sont là. d'intéressants résultats.
L'aviation coloniale
En Indochine
Grâce au travail inlassable auquel se
sont livrés depuis de longues années les
pilotes de notre aviation militaire coloniale,
on peut trouver dans le Guide aérien pour
l'Indochine qui vient de paraître la somme
des connaissances indispensables aux
aviateurs en Indochine. ,
Ce guide ne s'adresse encore qu'aux pi-
lotes militaires, mais il sera également
utile aux aviateurs civils qui pourront
dans un proche avenir, organiser dans le
pays des lignes de transports oU des
voyages de grand tourisme.
Il comprend 2 parties : d'abord des con-
sidérations générales sur la géographie et
la climatologie de l'Indochine, ses condi-
tions atmosphériques, ses voies aériennes,
ses terrains, etc., puis la description dé-
taillée des lignes aériennes, chacune fai-
sant l'objet d'un commentaire très com-
plet. Enfin pour chaque terrain on trouve
groupés tous les renseignements indispen-
sables avec des croquis parfois des pho-
tographies aériennes verticales ou obliques
d'une belle présentation. Deux cartes ter-
minent cet ouvrage.
LES IUIKS GIHFtKICB CUMUttS
:, ,,--0-- ',-',
L'Histoire de Carthage
Au théâtre Femina, samedi dernier, Mme
Lucie Delarue-Mardrus, en résumant d'une
façon charmante quelques épisodes des guer-
res puniques, les a rapprochées des diffé-
rents chapitres de Salammbô dont le souvenir
est si intimement lié à u Kar Adtcha », la
nouvelle ville fondée par Didon, après avoir
abandonné Tyr en Phénicie.
Carthage étendit rapidement sa supréma-
tie sur les villes d'Afrique, sur toute l'Afri-
que Mineure actuelle, suprématie qui excita
la jalousie de Rome, et l'histoire des guerres
puniques n'est que celle d'une lutte sans
merci jusqu'à la mort, lutte dont l'univers
sera le prix, au bout de plus d'un siècle.
Regulus et Amilcar, qui est lui-même en
butte aux jalousies d'Hannon, qui continue
la guerre malgré les avis prudents d'Amil-
car, sont les premiers héros de ces guerres.
Ce sont ensuite les campagnes d'Annibal
que renouvela Napoléon.
La Illo guerre punique ramena la guerre
aux portes de Carthage. Rome gagnera la
belle de ces trois parties à la victoire de
Zama. Caton à Carthage précipita la fin de
la malheureuse guerre d'Afrique, Delenda
est Carthago.
Les marchands de Carthage finirent en hé-
ros après un siège de 24 années. Carthage
devint encore une ville nouvelle comme ca-
pitale de la province d'Afrique, centre in-
tellectuel ; elle eut ses martyrs chrétiens et
subit l'invasion des Vandales.
L'orge a poussé sur Carthage vide et si-
lencieuse devant la mort, sous l'assaut des
vents de la mer.
A la nouvelle Carthage bâtie près de l'an-
cienne, autour d'une épicerie à l'enseigne
u A Salammbô », on court encore quand un
prince meurt au palais de Stamboul, voir si
une petite étoile brille à côté de la lune. Le
vent de haine souffle toujours; les poules
elles-mêmes se battent, les ânes s'attaquent
jusqu'à ce que mort s'ensuive.
Les guerres puniques sont des momies,
conclut la distinguée conférencière, qui se
réveillent. « C'est la fortune des combat-
tants qui décidera si la; terre sera latine ou
phénicienne », disait Scipion l'Africain.
Eugène Devaux
L'affaire Couitéas
Epilogue
Le Conseil d'Etat vient de rendre, sur
cette affaire un arrêt dont rimportance est
considérable parce qu'il établit, en matière
de haute administration, une jurisprudence
et des principes qui sauvegardent à .la fois
les droits essentiels du gouvernement et les
intérêts des particuliers. On se souvient que
M. Couitéas, privé par les incursions des
indigènes de la jouissance du domaine de
Tatia en Tunisie, avait obtenu en 1908 du
tribunal de Sousse deux jugements le mam-
tenant en possession et lui conférant le
droit de faire expulser les occupants. La de-
mande de M. Couitéas, tendant il une In-
demnité de 4.600.000 francs, se fondait sur
ce que le gouvernement français avait re-
fusé de prêter main-forte à l'exécution des
jugements. Le refus du gouvernement se
justifiait par les troubles graves qu'aurait
pu susciter l'expulsion de nombreux indi-
gènes de territoires dont ils s'estimaient lé-
gitimes occupants depuis un temps immé-
morial.
L'arrêt rendu sur le rapport du conseiller
d'Etat Riboulet, commence par constater
que le Gouvernement français n'a fait
qu'user des pouvoirs qui lui sont conférés
en vue du maintien de l'ordre, dans un
pays de protectorat. Mais il ajoute qu'un
justiciable, nanti d'une sentence judiciaire
dûment revêtue de la formule exécutoire,
est. en droit de compter sur le concours de
la force publique pour assurer l'exécution
de son titre.
Ces principes posés, l'arrêt s'exprime
ainsi :
Considérant que si le gouvernement français
a le devoir d'apprécier les conditions de cette
exécution et le droit de refuser le concours 1e
la force armée tant qu'il estime qu'il y a dan-
ger pour l'ordre et la sécurité, le préjudice qui
peut résulter de ce refus ne saurait, s'il excède
une certaine durée, être regardé comme une
charge incombant à l'intéressé, et qu'il appar-
tient au juse de déterminer la limite à partir
de laquelle il doit être supporté par la collec-
tivité ;
Considérant que la privation de jouissance
totale et sans limitation de durée résultant
pour le requérant de la mesure prise à son
égard, lui a imposé dans l'intérêt général un
préjudice pour lequel il est fondé à demander
une réparation 'pécuninire.
En conséquence, M. Couitéas est renvoyé
devant le ministre des Affaires étrangères
pour y être procédé, à défaut d'accord amia-
ble, à la liquidation en capital et intérêts de
l'indemnité à laquelle il a droit en raison
de la privation de jouissance qu'il a dû su-
bir jusqu'en décembre 1917 par suite du re- 1
fus du Gouvernement français de prêter le
concours de la force armée pour l'elécution
des jugements du tribunal de Sousse. Il'Etat
est condamné aux dépens.
Il résulte donc de cet arrêt que le Con-
seil d'Etat, reconnaît au Gouvernement,
quand l'intérêt public est en jeu et queues
troubles graves sont à craindre, le droit de
prendre, par son action ou par son absten-
tion certaines mesures exceptionnelles - qu.
peuvent iéser des droits privés. Mais les
charges anormales et les sacrifices trop
lourds ainsi imposés aux particuliers ne
sauraient rester sans compensation, et un
droit à indemnité leur est ouvert. C'est ainsi
que ce droit est reconnu à M. Couitéas puis-
que le Gouvernement s'est abstenu, malgré.
ses réclamations, de faire exécuter des ju-
gements qui, revêtus .de la formule exécu-
toire, constituaient une sorte de contrat
dont le requérant était bénéficiaire.
Quand touchera-t-il son argent ?
, Pour Carthage
':. ," ; 1 ", 0..0 ," .,¡ ,J
Notre confrère théâtral Comadia annonces
qu'en collaboration avec les Amis de Car. -
thage et avec l'aimable autorisation de M.
Rouché, directeur de l'Opéra, il organise--
pour une date prochaine une grande fête
suivie de bal à l'Opéra. Cette manifestation
permettra de recueillir les fonds nécessaires
à la conservation de l'antique cité punique.
D'autre part, on vient de présenter à Tunis
un film « La Fille de Carthage Ot, dont toute
l'intrigue se déroule dans ce cadre merveil-
leux et donne une très juste idée de la vie
arabe tunisienne. De plus, ce film a été pré-
paré, ordonné, mis en scène et joué unique-
ment avec des artistes arabes tunisiens, sauf
le rôle principal.
Il est appelé à un grand succès, et nous
en félicitons sincèrement son auteur.
J. P.
-.. –-–-
Un rezzou au Soudan
- j
D'après le Bulletin du Comité de l'Afri-
que Française de novembre 1928, le rezzou
qui, le 29 septembre dernier,attaqua un déta-
chement de nos troupes campé au puits de
Dasla, à 90 kilomètres au nord de Tom-
bouctou, avait à sa tête Hammou Khelifat,
fils de Sidi Mohammed, chef des Berabich
dissidents, et Kamma Ould Abbldine. N08
troupes ont courageusement soutenu le
combat pendant sept heures, mais les per-
tes enregistrées sont néanmoins de un
sou-ollicier européen et d'une cinquantai-
ne de tirailleurs et gradés.
Dès le 1er octobre, une contire-rezzou dont
faisait partie l'officier commandant le déta-
chement attaqué, fut constitué et lancé
dans la direction de l'adversaire qu'il re-
joignit au nord du lac Faguibine. Le com-
bat fut livré, la .position enlevee, le butin
repris. Des détachements se sont mis & la.
poursuite des débris du rezzou en fuite.
La rapidité avec laquelle nos troupes ont
pu réagir avec l'appui des partisans est fai-
te pour décourager les coups de main des
bandes de pillards du désert. Des mesures
ont été prises en vue du renforcement des
détachements de surveillance, l'annonce de-
rezzous semblables ayant été connue dans-
la région d'Agadez.
Le rezzou du puits de Dasla indique la
nécessité d'une liaison étroite entre du Ma-
roc et de l'Afrique Occidentale Française.
L'officier de cette section méhariste au--
Irait été éloigné de son campement par quel-
ques dissidents et cest en son absence que
la surprise aurait eu lieu. - -
Quoiqu'il en soit, il reste surprenante
qu'un rezzou de cette importance ait pu
s'approcher du Niger sans avoir été si-
gnalé.
Monof.
Courrier de l'Algérie
La vie administrative
M. Steeg, Gouverneur Général, a ou-
vert, jeudi matin, la session extraordinaire
vert, délégations tinancières.
des
Répondant à l'allocution du président
Seurin, te Gouverneur général a renwrçw
le président et les membres de rassemblée
pour la collaboration cordiale, confiante et
amicale qu'ils n'ont cessé de lui témoigner
et dont il apprécie toute la valeur.
Le président Seurin ayant lail un vif
éloge du secrétaire général du gouverne-
ment général, récemment promu commanr
deur de la légion d'honneur, M. Stee" A
son tour, fait l'éloge de son collaborateur,
pour son labeur et son dévouement ardad
à la chose publique qui lui ont conquis la
sympathie unanime de toute VAlgérie.
Le Gouverneur général, énumêrant lei
travaux de la session qui, comme l'a ind&
qué le président, sera caLme, courte et H-
conde, a ajouté : « L'AI fidèle à elle-
même, sans se laisser dtstraire par les dif-
ficultés, les angoisses ou les obstacles,
poursuit son ère de progrès républicain,
1 démocratique et de prospérité économi-
que. »
- Par arrêté de M. le Gouverneur Gene-
ral de l'Algérie, les nominations suivantes
sont prononcées dans le personnel des com-
missaires de police de la Colonie :
M. David, commissaire central à Blida,
est nommé, en la même qualité à Bône, en
.i,emplacem(!nt de I.
remplacement de M. Vinciguerra Raphaël.
M. Vinciguerra Raphaël, commissaire
centra] a DÓne. est nommé en la même qua-
lité à BUtta en remplacement de M. David.
La vie économique
On cotait à Sousse le 29 novembre
1923 :
Blé marchand, w à 81 fr. ; machmê, s
83 à 84 fr. ; orge disponible, T,;> fr. 50 ;
livrable décembre, 54 francs' ; avoine. 52
francs ; fèves marchands, 86 francs ; fèves ,
grosses, 95 francs; pois chiches, 17 francs;
l'huile de première pression, 4-80 francs ;
de grignons, 315 francs ; grignr.ns, 225 fr.
la tonne ; olives (Teboucha, Mahdia, Bakal-
la), 400 à 420 francs le cafiir ; olives (Ka-
laa. Kebia, Msaken;, 315 à 3*20 francs le
caffir.
Les événements et les hommes
Un incenéie a éclaté hier à bord dit
vapeur japonais Buyo-Maru, en rade dit-
port d'Alger, chargé de liège et u continur
toute la nuit.
Le feu est maintenant maîtrisé. Mais
trois cales ont été fermées ctan ta- crainte
que l'aération de ces cales n'alimente à
MI/Veau. le foyer.
Les dégdts dépasseront un d!mi-millÏOft.
Le navire devra passer dans II' bassin de
radoub. 1
Deux rapeurs soviétiques, dont Uun
est le Krosni-Pacbar, venant de Pétro-
grad, PUjmouth et tisbonne, ront arrivés
dans ta matinée d'hier devant Alger. Jm.
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