Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1926-07-13
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32693410p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 13 juillet 1926 13 juillet 1926
Description : 1926/07/13 (A27,N107). 1926/07/13 (A27,N107).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
Description : Collection numérique : Thème : L'histoire partagée Collection numérique : Thème : L'histoire partagée
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6397154g
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 16/01/2013
VINGT-SEPTIEME ANNEE. N° 107 s LB NUMERO : au CENTIMES MARDI SOIn, 1:1 JULULT 1W26
Les - Coloniales
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1 JOURNAL QUOTIDIEN $
LU ARTICLES PUBLIÉS PAR --LES ANNALES COLONIALES" SONT LA PftOPRltlÉ
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D'un livre à une politique
.1.
Le livre de M. Vincent Sheean, dans le-
quel celui-ci nous conte son premier voyage
dans le Rif, en décembre 1924 et les pre-
miers mois de 1925, n'est pas seulement in-
téressant par le pittoresque des anecdotes et
les détails vécus déT la politique « secrète.
'du Rif qu'il nous rapporte. Il permet, je
crois, de comprendre pourquoi les Améri-
cains jugent généralement si mal notre po-
litique coloniale et, par là, il est pour nous
d'un utile enseignement.
Montrons d'abord la « manière 1 de M.
Nincent Sheean; -. -- - o.
Dès son arrivée chez Abd-el-Krim il est
mis en rapports avec Hitni, qui est chargé
de la correspondance officielle et des ri-
chesses minières du Rif. Hitni conte à M.
Vincent Sheean ses voyages à Paris, dans
l'hiver de 1922-23, ses rencontres avec des
hommes d'affaires allemands et anglais. Les
négociations échouèrent alors, mais Hitni,
parlant au nom de son maître Abd-el-Krim
se montre confiant. Il déclare à M. Vincent
Sheean :
« Ceux qui viendront les premiers rece-
vront les meilleures concessions, les condi-
tions les plus libérales. Tout ce que nous de-
mandons, c'est de travailler en paix. Les
capitalistes se tourmentent pour des problè-
mes qui n'existent que sur le papier ; s'ils
(Jésirent travailler aux mines, ils peuvent le
faire et tôt ou tard nous arriverons à un
accord avec les Espagnols pour faire cesser
le blocus de la côte. Alors rien n'empêchera
le développement de la grande région indus-
trielle qu'est le Rif et ceux qui seront venus
les premiers avec de, l'argent seront ceux qui
en tireront le plus. »
Bien entendu aucun capitaliste américain
ne se laisserait prendre, je pense, à de telles
'déclarations, mais un lecteur américain peut,
on le conçoit, se laisser troubler et accepter
la conclusion suivante qui est celle même
que je trouve à la fin d'un article de critique
sur le livre de M. Vincent Sheean, dans la
revue américaine. The Christian Science
- -Monitor » : « Aux oreilles compatissantes,
il résonne à travers ces pages américaines
elthistoire vivante un contre-chant de plain-
tes envers la folie du genre humain, envers
toutes ces querelles vaines et amères en vue
STacquérir la ricbesse: la puissance et le
prestige qui continuent à réduire une si
grande part de l'histoire humaine en un sim-
ple « hic iacet 9.
- Et cette impression le lecteur américain
(le ces « pages américaines d'histoire vi-
vante » va la retrouver à chaque ligne, puis-
je dire, du récit des aventures de M. Vincent
Sheean.
Abd es Salam el Kittabi, par exemple,
qui tient les comptes d'Abd-el-Krim, inter-
vient pour quelques confidences, qui ne man-
quent pas de saveur, si nous en croyons la
version de M. Vincent Sheean.
D'où venait l'argent?
M. Vincent Sheean, sur ces confidences,
écarte l'hypothèse d'une aide des bolcheviks
russes, mais il ajoute : « J'en suis arrivé
à croire que les communistes français ont
rctonné à Abd-el-Krim un appui financier
assez faible dans l'espoir qu'il se tournerait
plus tard de l'Espagne contre la France et
ébranlerait les fondations de l'empire afri-
cain français. » Et "uprès cette pointe per-
fide qui vise la France et ses désordres so-
ciaux (vous comprenez, n'est-ce pas 1) à tra-
vers les communistes français, l'auteur con-
tinue :
« Je ne crois pas non plus que l'ar-
gent vienne d'Angleterre. Le Morocco Mi-
nerais Syndicate Ltd, de Londres, est l'or-
ganisation qui a le plus d'intérêt dans l'ave-
nir du Rif et j'ai eu la preuve très nette
au dehors comme dans le Rif, que cettel
Société s'attache à ses concessions en res-
pectant le traité d'Algésiras. 1
Pour l'Allemagne, notre Américain sent
bien qu'une simple affirmation n'est point
suffisante. Il prend donc certaines précau-
tions oratoires. Il nous montre les troupes
rifaines faisant la parade du pas de l'oie
à comme je ne l'ai jamais vu faire que par
les SthutzfJolizei. mais ce sont quatre
officiers allemands, « supposés être des sol-
dats de fortune, sans aucune situation offi-
cielle. 8 et « 23 déserteurs allemands de
# la légion étrangère espagnole » qui « sont
les auteurs de la forte empreinte allemande
fie l'entralnement militaire des Rifains ». Et
M. Vincent Sheean conclut, sur ce point :
« Il n'y a pas de lieij entre Abd-el-Krim
et le Gouvernement allemand. Mais ce qui
peut être vrai et ce qui semble malheureuse-
ment plus que probable, c'est que les inté-
rêts privés allemands (Mannesmann et Stin-
nes) ont aidé Abd-el-Krim de leur argent et
'de leurs conseils en échange de promesses
ou de contrats définitifs leur accordant cer-
tains privilèges dans le Rif. Evidemment,
les Allemands ont autant de droits que qui-
conque à effectuer leur « pénétration paci-
fique ib, mais il est triste de voir après ces
nombreuses années, que la pénétration paci-
fique de l'Allemagne finira très probable-
ment par une guerre sanglante. »
Le lecteur américain serait presque tenté
"de croire, à lire M. Vincent Sheean, que
l'argent venait surtout de France ou tout
au moins que les Français ne manquaient
pas de « tripoter » dans ces affaires. Il lira,
par exemple ?
« Environ la moitié des mitrailleuses
en service sont des canons Hotchkiss faits
en Espagne et pris lors de la retraite des
troupes espagnoles; l'autre moitié sont des
canons Hotchkiss faits en France et amenés
soit par l'Algérie, soit par contrebande d'ar-
mes sur la côte » ; ou encore : « Je sais, par
exemple, qu'Abd-el-Krim a payé 35.000 fr.
par l'intermédiaire du caïd Haddou pour cet
avion Bréguet sans aucune valeur qui avait
si fort excité la presse espagnole; il valait
peut-être 3.000 francs pour les matériaux
qu'il contenait. peut-être! Mais où il se
procura les 35.000 francs qui allèrent au
tripoteur français d'Alger est une tout au-
tre affaire. 1.
Comment voulez-vous qu'après avoir lu et
goûté car la verve de M. Vincent Sheean
est entraînante de telles « pages améri-
caines d'histoire vivante. » où nulle part
n'est faite la moindre allusion à l'œuvre de
progrès matellC: et de civilisation réalisée
dans le Maroc français, l'Américain moyen
ne pense pas que toute notre politique co-
loniale n'est qu'une vaste entreprise de pira-
terie, de trafics et de gaspillages d'argent.
Relisez, après le livre de M. Vincent
Sheean, le compte rendu des débats, devant
le Sénat américain, à propos de la ratifica-
tion de l'accord Mellon-Berenger sur les det-
tes, vous y verrez que presque tous les ora-
teurs, adversaires de la ratification, invo-
quèrent, à l'appui de leur thèse, nos gaspil-
lages d'argent au Maroc, en Syrie et dans
tout notre empire colonial.
Je sais que d'autres Américains que M.
Vincent Sheean sont allés au Maroc, qu'ils
en sont revenus émerveillés et qu'ils l'ont dit.
Mais cela, je crois, ne suffit pas. Aux récits
comme ceux de M. Vincent Sheean, dont je
ne conteste pas la sincérité, mais qui sont
« inconsciemment tendancieux 9, il serait
peut-être bon d'opposer, à l'usage des étran-
gers, et notamment des Américains, des pa-
ges analogues, qui seraient des « pages fran-
çaises d'histoire vivante 1.
Notre politique coloniale vaut bien d'être
connue autrement qu'à travers les déforma-
tions conscientes ou inconscientes des con-
fidents d'Abd-el-Krim.
Etienne Antonelli,
Député de la Haute-Savoie, profes-
leur de législation coloniale et d'éco-
nomie politique à la Faculté de Droit
de Lyon.
L'Exposition Coloniale
Le Conseil municipal a discuté hier ma-
tin, un séance publique, le rapport de MM.
Paul Kleurot et Joseph Denuis sur les em-
placements de l'Exposition coloniale inter-
nationale et la participation de lu ville de
Paris dans les dépenses et recettes de cet:c
Exposttton. Aux termes do (ce rapport,
remplacement concédé est réduit à 300 hec-
tares du bois de Vincennes, dont la plus
grande partie se trouve autour du lac Dau-
mesnil, le reste étant constitué par les bas-
tions 4, 5, 6 et 7. D'autre part, le ministre
des Colonies a accepté d'accorder sa parti-
cipation financière au transfert sur un au-
tre emplacement des importants aménage-
ments sportifs créés par le groupement
Puris-Université-Club.
En ce qui concerne la participation finan-
cière de la ville de Paris, sa subvention
est fixée à 25 millions. Mais comme il n'y
n. pus, contrairement à ce qui s'est ipassft.
a pas, l'Exposition des Arts Décoratifs, de
pour
participation aux recettes de l'Exposition
coloniale, et que la ville de Paris a déjà
quelque peine à obtenir le paiement des
sommes qui lui reviennent de ce fait, M.
Maurice Quentin a présenté un amende-
ment stipulant que le règlement financer
avec la ville de Paris se fera dans le mois
qui suivra la fermeture de lTîxiposition.
Les conclusions des rapporteurs et de
l'amendement de M. Maurice -Quentin ont
été adoptées, ainsi qu'une proposition do
M. Riotor demandant que l'Exposition co-
loniale fasse une part à l'art rétrospecJl
indigène.
81.
A LA CHAMBRE
* DANS LES COMMISSIONS
Commission des Colonies
La Commission de l'Algérie, des Colo-
nies et des Protectorats s'est réunie aujour-
d'hui mardi 13 juillet, à 14 h. 30, local du
5* Bureau.
Ordre du jour : Chemin de fer Brazza-
ville-Océan.
DANS LA LEGION D'HONNEUR
-– OO
MINISTERE DE LA GUERRE
Est nommé chevalier : M. Laurent Biaise, chef
de l'exploitation du réseau P.-L.-M. Ailgérien.
.,. <–-<
Pour fêter la victoire du Maroc
00
A l'occasion du voyage en France du sultan
et .pour fêter la récente et brillante victoire de
nos troupes au Maroc, un grand banquet aura
lieu, ce soir mardi, à 20 heures, 8, rue Danton,
sous la présidence d'honneur du résident géné-
ral de France au Maroc.
Des délégations des troupes marocaines ve-
nues en France pour .participer à la revue du
14 juillet assisteront au banquet.
Le chemin de fer
Brazzaville-Océan
Jeudi matin, la Chambre iiént
une séance exceptionnelle pour
discuter la question du chemin de
fer Brazzaville-Ocean.
Un certain nombre de députés, même de
ceux qui assistaient à la séance de vendredi,
en seront surpris, car au milieu du bruit qui
en marqua la fin, personne n entendit an-
noncer par le président qu'on se réunirait
jeudi matin. On nous permettra de noter que
ce n'est pas la première fois qu'on fait venir
en discussion, à l'insu de la plupart des dé-
putés, des questions d'une très grande im-
portance Cest ainsi que, récemment, fut
votée dans le brouhaha d'un début de séance
et cela malgré les protestations de M. Mou-
tet, une disposition intéressant la propriété
indigène en Algérie. Il serait bon qu'on vou-
lût bien abandolllle, ces méthodestage qui n ajoutent rien au prestige du Par-
lement.
Mais revenons à la question. V Impartial
Français publie sur ce sujet une étude ftrrt
intéressante, et dont nous allons noter les
principaux points.
Il y a longtemps, écrit notre confrère,
que l'on songeait à la construction de cette
voie ferrée, mais ce n'est qu'au lendemain
de la paix que M. Albert Sarraut la décida.
Les conditions dans lesquelles elle fut
commencée sont assez Ctlrieuses. Il n'y eut
aucun appel à la concurrence, aucune adju-
dication. Le Gouvernement»Général de l'A.
E. F. traita de gré à gré avec la Compagnie
des Batignolles. T.,' on a l'impression que tout
se passa en famille. M. Daladier, devenu
ministre des Colonies, essaya d'y mettre un
peu d'ordre ; il fit établir un nouveau con-
trat. Mais la mesure fut en partie illusoire,
puisque les concurrents éventuels se trou-
vaient handicapés au bénéfice de la Compa-
gnie des Batignolles déjà concessionnaire.
M. Antonetti hâta les travaux, mais de
ses explications devant les commissions com-
pétentes du Parlement, il ressort que la mor-
talité est 101t grande sur les chantiers, et
que la hâte que l'on apporte à hâter les tra-
vaux risque de dépeupler un pays dont la
densité n'atteint pas un habitant au kilomè-
tre carré.
Vautre part, on ne comprend pas très
bien pourquoi dans un pays où abondent les
chutes d'eau et où manque totalement le
charbon que l'on est obligé d'importer, on
n'a pas songé à construire un chemin de fer
électrique.
Les raisons que l'on oppose à l'établisse-
ment d'une voie électrifiée ne sont pas très
probantes. la plupart des pays y ont re-
cours. Et dans la région même, les Belges
songent à transformer leur voie ferrée et ne
sont arrêtés que par leurs embarras tempo-
raires d'argent.
M. Perrier a envoyé une mission pour
étudier la question. Quels sont les résultats
de ses travaux ? Il ne serait pas inutile de
les connaître avant que le Parlement prît
une décision qui peut engager lourdement
l'avenir.
Nous espérons que la Chambre ne suivra
pas le Ministère dans sa précipitation. Elle
voudra examiner l'affaire à fond, se rendra
compte des conditions d'hygiène dans les-
quelles sont faits les travaux, de même
qu'elle tiendra à connaître les conventions
passées avec la Compagnie des Batignolles
et enfin quelle saura indiquer au ministre
sa volonté de substituer un moyen de com-
munication plus pratique, plus scientifique,
plus moderne au système coûteux et dans
une certaine mesure, suranné, en un mot, au
système qu'on veut installer si précipitam.
ment et définitivement.
Henry Fontamert
Député du Cantal
Secrétaire de la Commission des Af-
faires Etrangères, membre de ta
Commission des Colonies.
PHILATÉLIE
Cameroun
Au moment de la conquête du Cameroun, nos
troupes utilisèrent les timbres des colonies voi-
sines, Congo et Dahomey, sans surcharge. Ces
timbres sont oblitérés avec les cachets alle-
mands de Duala, Ynounllé. Atnlqmmé, etc.
Puis les timbres du Gabon, émission de 1910,
reçurent la surcharge : Corps expéditionnaire
franco-anglais Cameroun.
Toute la série du 1 c. au 2 francs fut ainsi
surchargée ; quelques valeurs en très petite
quantité, 1.000 et 3.000 exemplaires. C'est la
série avec légende « Afrique Equatoriale » qui
fut utilisée ; pourtant, un seul tiers de feuille
de 10 c. avec cette légende reçut cette surcharge,
et tous les autres 10 c. (30.000) sont avec la
légende « Congo Français ».
Ces timbres sont rares et la série entière vaut
environ 2.000 francs.
On rencontre quelques variétés comme fie
10 c. sans point sur les 1 d'expéditionnaire, et
tous les timbres existent avec la lettre a du mot
Il corps » il l'envers « s ».
On - attribue généralement à ces variétés une
valeur double de la valeur des timbres ordi-
naires, ce qui semble quelque peu exagéré.
Le haut prix de cette série a incité les falls-
saires a imiter la surcharge, et il convient de
n'acquérir les timbres qui la composent qu'avec
garantie indiscutable. Dans les faux, le C de
Corps est différent du C des timbres 'authen-
tiques.
Algérie
La série nouvelle se complète (te 4 "f\leur :
50 c. bleu ; 60 c. vert ; 75 c. rouge ; 80 c. ver-
millon.
Danemar,
Le 30 ore bleu, à l'effigie du roi, paraît sur-
charge « Postaerge Il.
Les tOloies DO secours do Irut
00 -
Les Annales Coloniales ont signalé, dans
leur numéro du 8 juillet, que M. Léon Per-
rier, ministre des Colonies, avait décidé,
avant que fussent connues les conclusions du
Comité des Experts, de faire étudier par la
Commission permanente du Conseil Supé-
rieur des Colonies, les mesures à prendre
pour obtenir de notre domaine colonial un
rendement supérieur en matières premières
et en denrées d'alimentation, afin de réduire
corrélativement les achats de la Métropole à
l'étranger.
Le problème ainsi posé vise essentiellement
à l'augmentation de la production coloniale.
Car l'on peut estimer que nos colonies font
un tout avec la France et que, dès lors, il
importe moins pour elles de nous fournir tout
ce qu'elles produisent, que de produire da-
vantage. Ce qu'elles envoient à l'étranger,
se traduit, en effet, par des rentrées de li-
vres et de dollars et contrebalancent les
achats que nous pourrions faire en denrées
analogues ailleurs que chez elles. On doit
même poser en principe que lorsque la mé-
tropole peut s'approvisionner à aussi bon
compte ailleurs, toute mesure prise pour fa-
voriser les expéditions des colonies sur la
métropole est antiéconomique, si les colonies
trouvent des débouchés plus avantageux à
l'étranger. C'est ainsi qu il serait paradoxal
de demander à l'Indochine, par exemple, des
bois de menuiserie ou de construction, ou
encore certaines qualités de riz que notre co-
lonie d'Extrême-Orient écoule chez ses voi-
sins, Chine, Japon et Malaisie, à des prix
que nous ne pouvons payer, étant donné la
distance et le coût des transports.
Peu importe que 100.000 tonnes d'arachi-
des du Sénégal aillent en Angleterre, en Hol-
lande et en Allemagne, malgré que nous
devions en acheter 100.000 tonnes aux Indes
anglaises. En fin de compte, il y a balance
des paiements, et nos commerçants et indus-
triels peuvent trouver à l'opcrations certains
bénéfices. Il y a avantage pour nous à ven-
dre à l'étranger une grande partie des aca-
jous de la Côte d'Ivoire, plutôt que d'em-
ployer la totalité de la production en France,
puisque nous pouvons nous procurer des bois
étrangers qui nous coûtent moins cher et nous
rendent les mêmes services. Ce qui est né-
cessaire, indispensable, dans la situation où
nous nous trouvons, c'est de produire davan-
tage, aux colonies comme en France et, à
ce seul point de vue, l'initiative prise par
M. Léon Perrier ne peut manquer d'être très
fertile en résultats. La Commission perma-
nente du Conseil Supérieur des Colonies,
convoquée par le ministre, s'est mise immé-
diatement au travail; elle s'est divisée en
Bous-commissijons et celles-ci, chargées de
l'étude d'une ou plusieurs questions, ont. dès
le 8 et le 9 juillet, déposé leurs rapports,
lesquels ont pu être discutés aussitôt en séan-
ces plénières. Le ministre va donc être saisi
incessamment de propositions conèises et
concrètes, et des dispositions pourront être
prises à très bref délai qui seront suscepti-
bles de favoriser la production coloniale.
Sans doute, ne faut-il pas escompter de
l'application des mesures prises, un accrois-
sement formidable et immédiat de cette pro-
duction. Le ministre et, après lui, les Gou-
ver-neurs Généiaux Carde et Olivier n'ont
pas manqué de le faire remarquer et d'expri-
mer toute leur pensée à ce sujet. La mise
en valeur des colonies est avant tout une
question d'outillage on ne peut rien obte-
nir ou presque des régions qui n'ont pas de
voie d'accès vers la mer. Il faut donc cons-
truire des routes, des chemins de fer, des
ports, et ceci est évidemment œuvre de lon-
gue haleine. Nous dirons même qu'il faut
d'autant plus de temps pour réaliser un pro-
gramme de grands travaux dans nos colo-
nies, que celtes-ci ne doivent fruère comp-
ter pour l'instant que sur leurs propnes res-
sources.
Cette considération ne doit pas empêcher
cependant d'établir des programmes et d'en
poursuivre le plus activement possible la réa-
lisation. Les conclusions des rapports de la
Commission permanente du Conseil Supé-
rieur des Colonies vont faire ressortir l'ur-
gence des travaux à entreprendre. Elles fe-
ront apparaître également, en ce qui con-
cerne les tarifs de chemins de fer ou de na-
vigation, les droits de sortie, les détaxes
douanières à l'entrée en France, l'utilisation
par les services publics de certains produits
coloniaux, etc., l'utilité de prendre nombre
de dispositions pouvant provoquer, sur le dé-
veloppement de la production coloniale, des
résultats immédiats et fort intéressants.
J. Meniaud
Administrateur des coloni
Le cours du riz
SAIGON
6 juillet
(Dorénavant, le cours moyen dus riz et
paddys «'entend : « Chambre Commerce
; 100 kilogrammes » et non plus « tonnes
rob).
Riz n" 1, 25 0/0 brisures 10 95
Riz n* 2 40 0/0 brisures 10 30
Riz n° 2, 50 0/0 brisures 9 90
Brisures no1 et 2 8 60
Brisures n0* 3 et 4 7 25
Farines :. 2 90
Paddy Vtn'h.Long 6 35
Pnddy Co-colig 6 55
Pcddy Baixau 0 50
Paddy Bac-Lieu 6 60
Coprah (les 100 kilos) 18 »
9 juillet
(les 100 kilos on piastres)
Riz ne 1, 25 0/0 brisures 10 90
iRiz no 2, 10 0/0 .brisures 10 30
Biz n° 2, 50 0/0 brisures 9 80
Brisures n08 1 et 2 8 60
Brisures n0* 3 et 4 7 30
1 (Farines 2 90
Paddy Vinh-Long 6 30
Paddy Co-Cong 6 55
Paddy Baixau 6 45
Paddy Bac-Lieu 6 60
Coprah 18 10
Les petits cOtls du vOVIue
0
Le salut du mistral
Au moment où l'auto du préfet maritime
de Toulon emmenait S. M. Moulay Youssef,
souriant de toutes ses dents blanches, notre
correspondant fit demander au sultan ses
impressions sur la traversée.
La large figure bronzée et les yeux pétil-
lants de Moulay Youssef s'illuminaient et
.on chambellan nous traduisit :
Sa Majesté est enchantée. Elle n'a pas
souffert un seul instant. Elle souhaitait con-
naître le mistral.
Et, chose curieuse, d'ailleurs, le mistral
eut la politesse de venir saluer le sultan et
de s'enfuir presque aussitôt.
L'hydrothérapie est une bonne chose
Tandis que, sous l'or du soleil qui faisait
scintiller les chamarrures des « officiels » et
l'acier des baïonnettes, les ministres et les
caïds, drapés dans leurs burnous constellés
de décorations, débarquaient sur le quai de
l'Arsenal de Toulon, ba Majesté Moulay
Youssef se penchait à l'oreille de Si Mam-
meri, son fidèle interprète particulier, et le
priait 3e demander au préfet maritime de
bien vouloir, avant la protocolaire tasse de
thé, lui faire préparer. un bain.
Fétiches arabes aux courses
Ce dimanche d'Auteuil manqua de soleil
mais non d'agrément. Comme tous les Pa-
risiens ne sont pas encore en villégiature, il
y avait beaucoup de monde sur la butte
Mortemart.
Au pesage, on se montrait les caïds ma-
rocains, splendides sous leurs amples bur-
nous blancs. Le dieu du turf eut, pour eux,
une pensée charmante en faisant gagner la
première course par un cheval nommé Sa-
lam. Or, en arabe, Salam signifie à peu
près : « Soyez les bienvenus ! »
Et le même dieu du turf, désireux de
laisser ses hôtes africains sur la meilleure
impression, voulut que la dernière épreuve,
le prix Perth, fût remportée par Djelaî, nom
Incontestablement orienta"
En somme, les sportsmen qui savent lire
leur programme ont fait hier une excellente
journée.
Les femmes voilées
Derrière le cortège du sultan, sur l'ave-
nue des Champs-Elysées, le public remar-
qua bien vite, dans un taxi rouge, deux Ma-
rocaines, voilées seloh la coutume.
Il les applaudit, par courtoisie.
Mais les deux pauvrettes, éberluées et,
peut-être aussi, ignorantes de nos usages, ne
savaient quelle contenance garder et demeu-
raient figées sur leur banquette.
Histoire arabe
Puisque les caïds sont à Paris : Petite his-
toire arabe pour les maris qui ne veulent
plus offrir à leur femme une bague qu'elles
oublieront sur un lavabo.
Je pars pour traverser le désert, dit
Ali a Mohamed. Donne-moi ta bague, en
souvenir d'amitié. Et chaque fois que je re-
garderai mon doigt, je penserai à toi.
Non dit Mohamed. Et chaque fois que
tu regarderas ton doigt, tu te rappelleras
que je ne t'ai pas donné la bague. Et tu
penseras à moi tout de même.
.a$$-
L'arrivée de M. Viollette
M. Yiollette. Gouverneur Général de l'Al-
gérie, est arrivé hier à Paris à 8 h. 20, par
l' express de Marseille qui amenait également
M. Herriot. M. Viollette, qui serra cordiale.
ment la main du président de la Chambre à la
descente dU train, a consacré la journée d'hier
à des occupations d'ordre essentiellement privé.
Il a assisté aujourd'hui à 16 heures à la récep-
tion à l'Hôtel de Ville, accompagné d'une suite
impesante - une centaine de chefs algé-
riens.
Au Conseil dtÉtat
0
Décision du Gouverneur de la Guyane
attaquée
Le icr mai 1923, le Gouverneur de la
Guyane française signait une « décision » re-
lative au reclassement de Mme Lafont, ins-
titutrice du cadre local de la colonie.
Ayant protesté en vain contre cette me-
sure, cette institutrice introduisit alors une
requête au Conseil d'Etat, afin d'en obtenir
l'annulation.
La requérante soutenait que le décret du
17 septembre 1906 avait modifié l'organisa-
tion de l'avancement des fonctionnaires de
l'instruction publique de la Guyane, qu'en
exécution de ce décret, la décision n° 234
du gouverneur, en date du 5 avril 1907, avait
porté « avancement en classe » de ce person-
nel et qu'elle n'avait pas été comprise dans
les bénéfices de la décision 234 précitée.
elle ajoutait : après de. nombreuses ré-
clamations, le Gouverneur de la Guyane, par
arrêté du 1,6 mars 1923, avait décidé qu'elle
devait être considérée comme ayant figuré
la, décision 234 et que son classement serait
par suite modifié en tenant compte des dis-
positions du décret du 8 septembre 1921.
Le Conseil d'Etat, statuant sur cette af-
faire, a rejeté la requête dont s'agit, et ce,
pour les motifs ci-après :
Considérant que, pour demander l'annula-
tion de la décision attaquée, la dame Lafont
se borne à soutenir que son reclassement au-
rait dû être effectué conformément au décret
du 8 septembre 1921 qui régissait l'avance-
ment des cadres de l'enseignement primaire
à la date où son reclassement a été or-
donné.
- -
Considérant que c est a bon droit que le 1
Gouverneur Général de la Guyane n'a pas,
pour procéder audit reclassement, appliqué
1e décret précité à des Périodes antérieures 1
à sa mise en vigueur,.. Dès lors, la requête
de la dame Lafont doit être rejetée..
Moulai Youssef en France
o---
Voici quelques renseigiiemoiils sur la ré-
cep lion que Puris a réservée à .Sa Majesté
Moulai Youssef :
Le train spécial, aux portiènvs duquel un
voyait des ufliciers en bleu hurizon, des
personnalités marocaines eu costumes
bilaues et toute une suite de personnages
aux vêtements pittoresques, est entré on
g/re à 10 h. 38. La locomotive et les wu-
gUits étaient pavoises de drapeaux. Ail mu-
ment où le convoi s'arrêta, la musique de
la garde joua la Marseillaise, tandis que le
détachement d'honneur présentait les ar-
mes. Un vit se former sur le quai un long
cortège qui se rendit devant le sleepiug d'où
Ic sultan s'apprêtait à descendiv. Le pré-
sident de la République et le président du
conseil s'avancèrent d'abord, entourés des
membres du gouvernement, auxquels 6e
joignirent les représentants des corps cons-
titués, les caïds et les membres de la so-
ciété des anciens spahis.
Moulai Youssef, souriant avec gravité
dans les plis de son burnous de suie, des-
cendit du wagon en inclinant la tète pour
saluer le chef de l'Etat. M. iàleejj, résident
général du Mû roc, descendit ensuite, et pré-
senta le sullml au président de la HIpubli-
que. loulaï Youssef présenta les membres
de sa suite à M. Gaston Doumerguc, en-
touré des personnalités officielles.
Tandis que la musique juuait. d'hymne
cliérifien, au rythme grave et lent, le cor-
tège se rendit dans le salon où des vœux
furent échungés. Des acclamations réson-
nèrent sous le ,hall de la gare, au moment
où le sultan, M. lxmmerguc, Si Kaddour
ben lilmbril, directeur du protocole cliéri-
fien, et le général Lasson prenaient place
dans la première des automobiles.
Dans les quatre autres voitures prirent
̃place les llls du sUItUll, Moulai Driss, Mou-
lai Hassan, Si llainada, M. Steg le minis-
trc des domaines, le ministre des luibous
et lieux suints, le général Mougin, le colo-
nel Audiberl.
Les cavaliers de la garde républicaine se
formèrent en escorte pour suivre ce cor-
tège quù, salué sur tout son parcours par
les sabres au clair et par les voix de la
foule, gagna le» Champs-Elysées, par Jo
boulevard Diderot, la rue de Lyon, la Bas-
tille, les rues Saint-Honoré, de Hivuli, la
Concorde. Il-arriva il Il h. 30 devant l'hôtel
particulier retenu pour le sultan, rue Fran-
çois-Ier. Lù, comme à la gare, M. Guichurd,
directeur de la- polic{! municipale, veillait
au maintien de l'ordre, qui, i U reste, n'a
été troublé à aucun moment.
Dans lu cour de l'llllel, un détachement,
avec musique, du 21" régiment d'infanterie
faisait face au piquet qui entourait le dra-
peaui de la garde. Au moment où l'automo-
bile présidentielle franchissait la porte co-
cTtfcre, !ll musique jouu aux champs.
Dans l'entrée de l'hôtel, M. Doumerguc
s'est entretenu quelques minutes avec Mou-
lai Yuussef, entouré de ses lils et de ses
ministres.
Le président de la République a pris con-
gé du sultan à Il h. :1b et, escorté par ta
garde républicaine, s'est rendu a. l'Elysée,
où il a reçu l'après-midi, Moulai Youssef.
A l'Elysée et à l'Arc de Triomphe
Moulay Youssef, introduit par l >, proto-
cole, trouva dans le vestibule M. Doumer-
gue qui venait, à lui ; les deux chefs d'Etat
si rendirent dans le salon des Aides de
camp et, M. stceg et Si Kaddour b< 11 Glui-
brit étant présents, s'y entretinrent l'onlia-
lement un quart d'heure.
Le sultan prit alors congé du Président
de la République et fut a. l'Arc de Triomphe,
accompagné de AI. Steeg. Le sultan por-
tait eu sautoir Je grand cordon de la Lé-
gion d'honneur et M. Steeg, en habit, por-
tait pareillement le grand cordon orange
1 du Ouïssam Alaouit.
Ayant monté les Champs-Elysées, où la
circulation fut. it peine interrompue quel-
ques minutes, l'automobile ne t roui va qu'aux
ahords du nond-Point la foule qui atten-
dait le sullan, non plus avec les acclama-
tions du matin, mais dans le silence que
les Pa.risicns ont pris spontanément l'habi-
tude d'ohserver quelle que soit la cérémo-
nie qui les appelle autour de l'Arc de
Triomphe.
Sous le.s voûtes, qui abritent la dalle sa.-
crée, cent. pachas, caïds et notables étaient
rangés, de part et d'autre du tombeau,
masquant d'un double rideau blanc la dou-
ble baie bleue formée par un bataillon du
; £ jfl d'infantrric, dont lu musique attaqua
l'hymne chéri tien quand le sultan parut
avec M. Slceg.
Moulay Youssef, reçu par le général
Gourami, gouverneur de Paris, et le géné-
ral Mougin, chef du cabintM militaire du
résident général, s'avança vers le tombeau
jonché de lleurs, considéra la flamme d'or
pAle en silence, les mains croisées, longue-
ment. Autour de lui, la. foule des burnous
blancs, les beaux profils bronzés barbe
d'argent, ou de goudron, capuchons incli-
nés et paupières closes, imitaient le recueil-
lement, et l'immobilité de leur ehérif. L'ad-
mirable tombeau du Soldat français a
connu, depuis six ans, bien des dévotions
incomparablement poignantes ; mais ja-
mais. depuis le grand défilé de la paix re-
conquise, jamais l'Arc d'c Triomphe n'avait
prêté son sublime décor à une cérémonie
nlus curieusement belle.
Le sultan, avant de se retira passa de-
vant les troupes et resta quelque temps
rleoont fi. la tète du tombeau, écoutant de
la bouche de ben Ghabrit, l'explication que
le général Gouraud lui donnait ton c liant le
Soldat inconnu, le symbole qui plane sur
cette sépulture et, le sentiment profond qui
unit tous les enfants de la France autour
d'elle.
Cependant, trois j(,\1rn t'n. coiffés du
fez et drapés dans le manteau de l'Eeolû
militaire de Meknès, le Sllint-Cv chériflen,
Les - Coloniales
es. mà es. %0 Il di 4
1 JOURNAL QUOTIDIEN $
LU ARTICLES PUBLIÉS PAR --LES ANNALES COLONIALES" SONT LA PftOPRltlÉ
EXCLUSIVE DU JOURNAL
LmAnnmtemetFldcl»mm»»nlrtçmta*mx Bureaux du JmtrmlttéamlmAgtmcitéêPmUklU
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ftétatiM el AtaWstratiM : 34, Rue du Mont-THabor, PARIS-1- TfliphiM : LOOTRI fl-ST
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-- mJÀ ( Btnmomr ISO > m » M >
0. lm de Pu" et am à" pbalpm .-
D'un livre à une politique
.1.
Le livre de M. Vincent Sheean, dans le-
quel celui-ci nous conte son premier voyage
dans le Rif, en décembre 1924 et les pre-
miers mois de 1925, n'est pas seulement in-
téressant par le pittoresque des anecdotes et
les détails vécus déT la politique « secrète.
'du Rif qu'il nous rapporte. Il permet, je
crois, de comprendre pourquoi les Améri-
cains jugent généralement si mal notre po-
litique coloniale et, par là, il est pour nous
d'un utile enseignement.
Montrons d'abord la « manière 1 de M.
Nincent Sheean; -. -- - o.
Dès son arrivée chez Abd-el-Krim il est
mis en rapports avec Hitni, qui est chargé
de la correspondance officielle et des ri-
chesses minières du Rif. Hitni conte à M.
Vincent Sheean ses voyages à Paris, dans
l'hiver de 1922-23, ses rencontres avec des
hommes d'affaires allemands et anglais. Les
négociations échouèrent alors, mais Hitni,
parlant au nom de son maître Abd-el-Krim
se montre confiant. Il déclare à M. Vincent
Sheean :
« Ceux qui viendront les premiers rece-
vront les meilleures concessions, les condi-
tions les plus libérales. Tout ce que nous de-
mandons, c'est de travailler en paix. Les
capitalistes se tourmentent pour des problè-
mes qui n'existent que sur le papier ; s'ils
(Jésirent travailler aux mines, ils peuvent le
faire et tôt ou tard nous arriverons à un
accord avec les Espagnols pour faire cesser
le blocus de la côte. Alors rien n'empêchera
le développement de la grande région indus-
trielle qu'est le Rif et ceux qui seront venus
les premiers avec de, l'argent seront ceux qui
en tireront le plus. »
Bien entendu aucun capitaliste américain
ne se laisserait prendre, je pense, à de telles
'déclarations, mais un lecteur américain peut,
on le conçoit, se laisser troubler et accepter
la conclusion suivante qui est celle même
que je trouve à la fin d'un article de critique
sur le livre de M. Vincent Sheean, dans la
revue américaine. The Christian Science
- -Monitor » : « Aux oreilles compatissantes,
il résonne à travers ces pages américaines
elthistoire vivante un contre-chant de plain-
tes envers la folie du genre humain, envers
toutes ces querelles vaines et amères en vue
STacquérir la ricbesse: la puissance et le
prestige qui continuent à réduire une si
grande part de l'histoire humaine en un sim-
ple « hic iacet 9.
- Et cette impression le lecteur américain
(le ces « pages américaines d'histoire vi-
vante » va la retrouver à chaque ligne, puis-
je dire, du récit des aventures de M. Vincent
Sheean.
Abd es Salam el Kittabi, par exemple,
qui tient les comptes d'Abd-el-Krim, inter-
vient pour quelques confidences, qui ne man-
quent pas de saveur, si nous en croyons la
version de M. Vincent Sheean.
D'où venait l'argent?
M. Vincent Sheean, sur ces confidences,
écarte l'hypothèse d'une aide des bolcheviks
russes, mais il ajoute : « J'en suis arrivé
à croire que les communistes français ont
rctonné à Abd-el-Krim un appui financier
assez faible dans l'espoir qu'il se tournerait
plus tard de l'Espagne contre la France et
ébranlerait les fondations de l'empire afri-
cain français. » Et "uprès cette pointe per-
fide qui vise la France et ses désordres so-
ciaux (vous comprenez, n'est-ce pas 1) à tra-
vers les communistes français, l'auteur con-
tinue :
« Je ne crois pas non plus que l'ar-
gent vienne d'Angleterre. Le Morocco Mi-
nerais Syndicate Ltd, de Londres, est l'or-
ganisation qui a le plus d'intérêt dans l'ave-
nir du Rif et j'ai eu la preuve très nette
au dehors comme dans le Rif, que cettel
Société s'attache à ses concessions en res-
pectant le traité d'Algésiras. 1
Pour l'Allemagne, notre Américain sent
bien qu'une simple affirmation n'est point
suffisante. Il prend donc certaines précau-
tions oratoires. Il nous montre les troupes
rifaines faisant la parade du pas de l'oie
à comme je ne l'ai jamais vu faire que par
les SthutzfJolizei. mais ce sont quatre
officiers allemands, « supposés être des sol-
dats de fortune, sans aucune situation offi-
cielle. 8 et « 23 déserteurs allemands de
# la légion étrangère espagnole » qui « sont
les auteurs de la forte empreinte allemande
fie l'entralnement militaire des Rifains ». Et
M. Vincent Sheean conclut, sur ce point :
« Il n'y a pas de lieij entre Abd-el-Krim
et le Gouvernement allemand. Mais ce qui
peut être vrai et ce qui semble malheureuse-
ment plus que probable, c'est que les inté-
rêts privés allemands (Mannesmann et Stin-
nes) ont aidé Abd-el-Krim de leur argent et
'de leurs conseils en échange de promesses
ou de contrats définitifs leur accordant cer-
tains privilèges dans le Rif. Evidemment,
les Allemands ont autant de droits que qui-
conque à effectuer leur « pénétration paci-
fique ib, mais il est triste de voir après ces
nombreuses années, que la pénétration paci-
fique de l'Allemagne finira très probable-
ment par une guerre sanglante. »
Le lecteur américain serait presque tenté
"de croire, à lire M. Vincent Sheean, que
l'argent venait surtout de France ou tout
au moins que les Français ne manquaient
pas de « tripoter » dans ces affaires. Il lira,
par exemple ?
« Environ la moitié des mitrailleuses
en service sont des canons Hotchkiss faits
en Espagne et pris lors de la retraite des
troupes espagnoles; l'autre moitié sont des
canons Hotchkiss faits en France et amenés
soit par l'Algérie, soit par contrebande d'ar-
mes sur la côte » ; ou encore : « Je sais, par
exemple, qu'Abd-el-Krim a payé 35.000 fr.
par l'intermédiaire du caïd Haddou pour cet
avion Bréguet sans aucune valeur qui avait
si fort excité la presse espagnole; il valait
peut-être 3.000 francs pour les matériaux
qu'il contenait. peut-être! Mais où il se
procura les 35.000 francs qui allèrent au
tripoteur français d'Alger est une tout au-
tre affaire. 1.
Comment voulez-vous qu'après avoir lu et
goûté car la verve de M. Vincent Sheean
est entraînante de telles « pages améri-
caines d'histoire vivante. » où nulle part
n'est faite la moindre allusion à l'œuvre de
progrès matellC: et de civilisation réalisée
dans le Maroc français, l'Américain moyen
ne pense pas que toute notre politique co-
loniale n'est qu'une vaste entreprise de pira-
terie, de trafics et de gaspillages d'argent.
Relisez, après le livre de M. Vincent
Sheean, le compte rendu des débats, devant
le Sénat américain, à propos de la ratifica-
tion de l'accord Mellon-Berenger sur les det-
tes, vous y verrez que presque tous les ora-
teurs, adversaires de la ratification, invo-
quèrent, à l'appui de leur thèse, nos gaspil-
lages d'argent au Maroc, en Syrie et dans
tout notre empire colonial.
Je sais que d'autres Américains que M.
Vincent Sheean sont allés au Maroc, qu'ils
en sont revenus émerveillés et qu'ils l'ont dit.
Mais cela, je crois, ne suffit pas. Aux récits
comme ceux de M. Vincent Sheean, dont je
ne conteste pas la sincérité, mais qui sont
« inconsciemment tendancieux 9, il serait
peut-être bon d'opposer, à l'usage des étran-
gers, et notamment des Américains, des pa-
ges analogues, qui seraient des « pages fran-
çaises d'histoire vivante 1.
Notre politique coloniale vaut bien d'être
connue autrement qu'à travers les déforma-
tions conscientes ou inconscientes des con-
fidents d'Abd-el-Krim.
Etienne Antonelli,
Député de la Haute-Savoie, profes-
leur de législation coloniale et d'éco-
nomie politique à la Faculté de Droit
de Lyon.
L'Exposition Coloniale
Le Conseil municipal a discuté hier ma-
tin, un séance publique, le rapport de MM.
Paul Kleurot et Joseph Denuis sur les em-
placements de l'Exposition coloniale inter-
nationale et la participation de lu ville de
Paris dans les dépenses et recettes de cet:c
Exposttton. Aux termes do (ce rapport,
remplacement concédé est réduit à 300 hec-
tares du bois de Vincennes, dont la plus
grande partie se trouve autour du lac Dau-
mesnil, le reste étant constitué par les bas-
tions 4, 5, 6 et 7. D'autre part, le ministre
des Colonies a accepté d'accorder sa parti-
cipation financière au transfert sur un au-
tre emplacement des importants aménage-
ments sportifs créés par le groupement
Puris-Université-Club.
En ce qui concerne la participation finan-
cière de la ville de Paris, sa subvention
est fixée à 25 millions. Mais comme il n'y
n. pus, contrairement à ce qui s'est ipassft.
a pas, l'Exposition des Arts Décoratifs, de
pour
participation aux recettes de l'Exposition
coloniale, et que la ville de Paris a déjà
quelque peine à obtenir le paiement des
sommes qui lui reviennent de ce fait, M.
Maurice Quentin a présenté un amende-
ment stipulant que le règlement financer
avec la ville de Paris se fera dans le mois
qui suivra la fermeture de lTîxiposition.
Les conclusions des rapporteurs et de
l'amendement de M. Maurice -Quentin ont
été adoptées, ainsi qu'une proposition do
M. Riotor demandant que l'Exposition co-
loniale fasse une part à l'art rétrospecJl
indigène.
81.
A LA CHAMBRE
* DANS LES COMMISSIONS
Commission des Colonies
La Commission de l'Algérie, des Colo-
nies et des Protectorats s'est réunie aujour-
d'hui mardi 13 juillet, à 14 h. 30, local du
5* Bureau.
Ordre du jour : Chemin de fer Brazza-
ville-Océan.
DANS LA LEGION D'HONNEUR
-– OO
MINISTERE DE LA GUERRE
Est nommé chevalier : M. Laurent Biaise, chef
de l'exploitation du réseau P.-L.-M. Ailgérien.
.,. <–-<
Pour fêter la victoire du Maroc
00
A l'occasion du voyage en France du sultan
et .pour fêter la récente et brillante victoire de
nos troupes au Maroc, un grand banquet aura
lieu, ce soir mardi, à 20 heures, 8, rue Danton,
sous la présidence d'honneur du résident géné-
ral de France au Maroc.
Des délégations des troupes marocaines ve-
nues en France pour .participer à la revue du
14 juillet assisteront au banquet.
Le chemin de fer
Brazzaville-Océan
Jeudi matin, la Chambre iiént
une séance exceptionnelle pour
discuter la question du chemin de
fer Brazzaville-Ocean.
Un certain nombre de députés, même de
ceux qui assistaient à la séance de vendredi,
en seront surpris, car au milieu du bruit qui
en marqua la fin, personne n entendit an-
noncer par le président qu'on se réunirait
jeudi matin. On nous permettra de noter que
ce n'est pas la première fois qu'on fait venir
en discussion, à l'insu de la plupart des dé-
putés, des questions d'une très grande im-
portance Cest ainsi que, récemment, fut
votée dans le brouhaha d'un début de séance
et cela malgré les protestations de M. Mou-
tet, une disposition intéressant la propriété
indigène en Algérie. Il serait bon qu'on vou-
lût bien abandolllle, ces méthodes
lement.
Mais revenons à la question. V Impartial
Français publie sur ce sujet une étude ftrrt
intéressante, et dont nous allons noter les
principaux points.
Il y a longtemps, écrit notre confrère,
que l'on songeait à la construction de cette
voie ferrée, mais ce n'est qu'au lendemain
de la paix que M. Albert Sarraut la décida.
Les conditions dans lesquelles elle fut
commencée sont assez Ctlrieuses. Il n'y eut
aucun appel à la concurrence, aucune adju-
dication. Le Gouvernement»Général de l'A.
E. F. traita de gré à gré avec la Compagnie
des Batignolles. T.,' on a l'impression que tout
se passa en famille. M. Daladier, devenu
ministre des Colonies, essaya d'y mettre un
peu d'ordre ; il fit établir un nouveau con-
trat. Mais la mesure fut en partie illusoire,
puisque les concurrents éventuels se trou-
vaient handicapés au bénéfice de la Compa-
gnie des Batignolles déjà concessionnaire.
M. Antonetti hâta les travaux, mais de
ses explications devant les commissions com-
pétentes du Parlement, il ressort que la mor-
talité est 101t grande sur les chantiers, et
que la hâte que l'on apporte à hâter les tra-
vaux risque de dépeupler un pays dont la
densité n'atteint pas un habitant au kilomè-
tre carré.
Vautre part, on ne comprend pas très
bien pourquoi dans un pays où abondent les
chutes d'eau et où manque totalement le
charbon que l'on est obligé d'importer, on
n'a pas songé à construire un chemin de fer
électrique.
Les raisons que l'on oppose à l'établisse-
ment d'une voie électrifiée ne sont pas très
probantes. la plupart des pays y ont re-
cours. Et dans la région même, les Belges
songent à transformer leur voie ferrée et ne
sont arrêtés que par leurs embarras tempo-
raires d'argent.
M. Perrier a envoyé une mission pour
étudier la question. Quels sont les résultats
de ses travaux ? Il ne serait pas inutile de
les connaître avant que le Parlement prît
une décision qui peut engager lourdement
l'avenir.
Nous espérons que la Chambre ne suivra
pas le Ministère dans sa précipitation. Elle
voudra examiner l'affaire à fond, se rendra
compte des conditions d'hygiène dans les-
quelles sont faits les travaux, de même
qu'elle tiendra à connaître les conventions
passées avec la Compagnie des Batignolles
et enfin quelle saura indiquer au ministre
sa volonté de substituer un moyen de com-
munication plus pratique, plus scientifique,
plus moderne au système coûteux et dans
une certaine mesure, suranné, en un mot, au
système qu'on veut installer si précipitam.
ment et définitivement.
Henry Fontamert
Député du Cantal
Secrétaire de la Commission des Af-
faires Etrangères, membre de ta
Commission des Colonies.
PHILATÉLIE
Cameroun
Au moment de la conquête du Cameroun, nos
troupes utilisèrent les timbres des colonies voi-
sines, Congo et Dahomey, sans surcharge. Ces
timbres sont oblitérés avec les cachets alle-
mands de Duala, Ynounllé. Atnlqmmé, etc.
Puis les timbres du Gabon, émission de 1910,
reçurent la surcharge : Corps expéditionnaire
franco-anglais Cameroun.
Toute la série du 1 c. au 2 francs fut ainsi
surchargée ; quelques valeurs en très petite
quantité, 1.000 et 3.000 exemplaires. C'est la
série avec légende « Afrique Equatoriale » qui
fut utilisée ; pourtant, un seul tiers de feuille
de 10 c. avec cette légende reçut cette surcharge,
et tous les autres 10 c. (30.000) sont avec la
légende « Congo Français ».
Ces timbres sont rares et la série entière vaut
environ 2.000 francs.
On rencontre quelques variétés comme fie
10 c. sans point sur les 1 d'expéditionnaire, et
tous les timbres existent avec la lettre a du mot
Il corps » il l'envers « s ».
On - attribue généralement à ces variétés une
valeur double de la valeur des timbres ordi-
naires, ce qui semble quelque peu exagéré.
Le haut prix de cette série a incité les falls-
saires a imiter la surcharge, et il convient de
n'acquérir les timbres qui la composent qu'avec
garantie indiscutable. Dans les faux, le C de
Corps est différent du C des timbres 'authen-
tiques.
Algérie
La série nouvelle se complète (te 4 "f\leur :
50 c. bleu ; 60 c. vert ; 75 c. rouge ; 80 c. ver-
millon.
Danemar,
Le 30 ore bleu, à l'effigie du roi, paraît sur-
charge « Postaerge Il.
Les tOloies DO secours do Irut
00 -
Les Annales Coloniales ont signalé, dans
leur numéro du 8 juillet, que M. Léon Per-
rier, ministre des Colonies, avait décidé,
avant que fussent connues les conclusions du
Comité des Experts, de faire étudier par la
Commission permanente du Conseil Supé-
rieur des Colonies, les mesures à prendre
pour obtenir de notre domaine colonial un
rendement supérieur en matières premières
et en denrées d'alimentation, afin de réduire
corrélativement les achats de la Métropole à
l'étranger.
Le problème ainsi posé vise essentiellement
à l'augmentation de la production coloniale.
Car l'on peut estimer que nos colonies font
un tout avec la France et que, dès lors, il
importe moins pour elles de nous fournir tout
ce qu'elles produisent, que de produire da-
vantage. Ce qu'elles envoient à l'étranger,
se traduit, en effet, par des rentrées de li-
vres et de dollars et contrebalancent les
achats que nous pourrions faire en denrées
analogues ailleurs que chez elles. On doit
même poser en principe que lorsque la mé-
tropole peut s'approvisionner à aussi bon
compte ailleurs, toute mesure prise pour fa-
voriser les expéditions des colonies sur la
métropole est antiéconomique, si les colonies
trouvent des débouchés plus avantageux à
l'étranger. C'est ainsi qu il serait paradoxal
de demander à l'Indochine, par exemple, des
bois de menuiserie ou de construction, ou
encore certaines qualités de riz que notre co-
lonie d'Extrême-Orient écoule chez ses voi-
sins, Chine, Japon et Malaisie, à des prix
que nous ne pouvons payer, étant donné la
distance et le coût des transports.
Peu importe que 100.000 tonnes d'arachi-
des du Sénégal aillent en Angleterre, en Hol-
lande et en Allemagne, malgré que nous
devions en acheter 100.000 tonnes aux Indes
anglaises. En fin de compte, il y a balance
des paiements, et nos commerçants et indus-
triels peuvent trouver à l'opcrations certains
bénéfices. Il y a avantage pour nous à ven-
dre à l'étranger une grande partie des aca-
jous de la Côte d'Ivoire, plutôt que d'em-
ployer la totalité de la production en France,
puisque nous pouvons nous procurer des bois
étrangers qui nous coûtent moins cher et nous
rendent les mêmes services. Ce qui est né-
cessaire, indispensable, dans la situation où
nous nous trouvons, c'est de produire davan-
tage, aux colonies comme en France et, à
ce seul point de vue, l'initiative prise par
M. Léon Perrier ne peut manquer d'être très
fertile en résultats. La Commission perma-
nente du Conseil Supérieur des Colonies,
convoquée par le ministre, s'est mise immé-
diatement au travail; elle s'est divisée en
Bous-commissijons et celles-ci, chargées de
l'étude d'une ou plusieurs questions, ont. dès
le 8 et le 9 juillet, déposé leurs rapports,
lesquels ont pu être discutés aussitôt en séan-
ces plénières. Le ministre va donc être saisi
incessamment de propositions conèises et
concrètes, et des dispositions pourront être
prises à très bref délai qui seront suscepti-
bles de favoriser la production coloniale.
Sans doute, ne faut-il pas escompter de
l'application des mesures prises, un accrois-
sement formidable et immédiat de cette pro-
duction. Le ministre et, après lui, les Gou-
ver-neurs Généiaux Carde et Olivier n'ont
pas manqué de le faire remarquer et d'expri-
mer toute leur pensée à ce sujet. La mise
en valeur des colonies est avant tout une
question d'outillage on ne peut rien obte-
nir ou presque des régions qui n'ont pas de
voie d'accès vers la mer. Il faut donc cons-
truire des routes, des chemins de fer, des
ports, et ceci est évidemment œuvre de lon-
gue haleine. Nous dirons même qu'il faut
d'autant plus de temps pour réaliser un pro-
gramme de grands travaux dans nos colo-
nies, que celtes-ci ne doivent fruère comp-
ter pour l'instant que sur leurs propnes res-
sources.
Cette considération ne doit pas empêcher
cependant d'établir des programmes et d'en
poursuivre le plus activement possible la réa-
lisation. Les conclusions des rapports de la
Commission permanente du Conseil Supé-
rieur des Colonies vont faire ressortir l'ur-
gence des travaux à entreprendre. Elles fe-
ront apparaître également, en ce qui con-
cerne les tarifs de chemins de fer ou de na-
vigation, les droits de sortie, les détaxes
douanières à l'entrée en France, l'utilisation
par les services publics de certains produits
coloniaux, etc., l'utilité de prendre nombre
de dispositions pouvant provoquer, sur le dé-
veloppement de la production coloniale, des
résultats immédiats et fort intéressants.
J. Meniaud
Administrateur des coloni
Le cours du riz
SAIGON
6 juillet
(Dorénavant, le cours moyen dus riz et
paddys «'entend : « Chambre Commerce
; 100 kilogrammes » et non plus « tonnes
rob).
Riz n" 1, 25 0/0 brisures 10 95
Riz n* 2 40 0/0 brisures 10 30
Riz n° 2, 50 0/0 brisures 9 90
Brisures no1 et 2 8 60
Brisures n0* 3 et 4 7 25
Farines :. 2 90
Paddy Vtn'h.Long 6 35
Pnddy Co-colig 6 55
Pcddy Baixau 0 50
Paddy Bac-Lieu 6 60
Coprah (les 100 kilos) 18 »
9 juillet
(les 100 kilos on piastres)
Riz ne 1, 25 0/0 brisures 10 90
iRiz no 2, 10 0/0 .brisures 10 30
Biz n° 2, 50 0/0 brisures 9 80
Brisures n08 1 et 2 8 60
Brisures n0* 3 et 4 7 30
1 (Farines 2 90
Paddy Vinh-Long 6 30
Paddy Co-Cong 6 55
Paddy Baixau 6 45
Paddy Bac-Lieu 6 60
Coprah 18 10
Les petits cOtls du vOVIue
0
Le salut du mistral
Au moment où l'auto du préfet maritime
de Toulon emmenait S. M. Moulay Youssef,
souriant de toutes ses dents blanches, notre
correspondant fit demander au sultan ses
impressions sur la traversée.
La large figure bronzée et les yeux pétil-
lants de Moulay Youssef s'illuminaient et
.on chambellan nous traduisit :
Sa Majesté est enchantée. Elle n'a pas
souffert un seul instant. Elle souhaitait con-
naître le mistral.
Et, chose curieuse, d'ailleurs, le mistral
eut la politesse de venir saluer le sultan et
de s'enfuir presque aussitôt.
L'hydrothérapie est une bonne chose
Tandis que, sous l'or du soleil qui faisait
scintiller les chamarrures des « officiels » et
l'acier des baïonnettes, les ministres et les
caïds, drapés dans leurs burnous constellés
de décorations, débarquaient sur le quai de
l'Arsenal de Toulon, ba Majesté Moulay
Youssef se penchait à l'oreille de Si Mam-
meri, son fidèle interprète particulier, et le
priait 3e demander au préfet maritime de
bien vouloir, avant la protocolaire tasse de
thé, lui faire préparer. un bain.
Fétiches arabes aux courses
Ce dimanche d'Auteuil manqua de soleil
mais non d'agrément. Comme tous les Pa-
risiens ne sont pas encore en villégiature, il
y avait beaucoup de monde sur la butte
Mortemart.
Au pesage, on se montrait les caïds ma-
rocains, splendides sous leurs amples bur-
nous blancs. Le dieu du turf eut, pour eux,
une pensée charmante en faisant gagner la
première course par un cheval nommé Sa-
lam. Or, en arabe, Salam signifie à peu
près : « Soyez les bienvenus ! »
Et le même dieu du turf, désireux de
laisser ses hôtes africains sur la meilleure
impression, voulut que la dernière épreuve,
le prix Perth, fût remportée par Djelaî, nom
Incontestablement orienta"
En somme, les sportsmen qui savent lire
leur programme ont fait hier une excellente
journée.
Les femmes voilées
Derrière le cortège du sultan, sur l'ave-
nue des Champs-Elysées, le public remar-
qua bien vite, dans un taxi rouge, deux Ma-
rocaines, voilées seloh la coutume.
Il les applaudit, par courtoisie.
Mais les deux pauvrettes, éberluées et,
peut-être aussi, ignorantes de nos usages, ne
savaient quelle contenance garder et demeu-
raient figées sur leur banquette.
Histoire arabe
Puisque les caïds sont à Paris : Petite his-
toire arabe pour les maris qui ne veulent
plus offrir à leur femme une bague qu'elles
oublieront sur un lavabo.
Je pars pour traverser le désert, dit
Ali a Mohamed. Donne-moi ta bague, en
souvenir d'amitié. Et chaque fois que je re-
garderai mon doigt, je penserai à toi.
Non dit Mohamed. Et chaque fois que
tu regarderas ton doigt, tu te rappelleras
que je ne t'ai pas donné la bague. Et tu
penseras à moi tout de même.
.a$$-
L'arrivée de M. Viollette
M. Yiollette. Gouverneur Général de l'Al-
gérie, est arrivé hier à Paris à 8 h. 20, par
l' express de Marseille qui amenait également
M. Herriot. M. Viollette, qui serra cordiale.
ment la main du président de la Chambre à la
descente dU train, a consacré la journée d'hier
à des occupations d'ordre essentiellement privé.
Il a assisté aujourd'hui à 16 heures à la récep-
tion à l'Hôtel de Ville, accompagné d'une suite
impesante - une centaine de chefs algé-
riens.
Au Conseil dtÉtat
0
Décision du Gouverneur de la Guyane
attaquée
Le icr mai 1923, le Gouverneur de la
Guyane française signait une « décision » re-
lative au reclassement de Mme Lafont, ins-
titutrice du cadre local de la colonie.
Ayant protesté en vain contre cette me-
sure, cette institutrice introduisit alors une
requête au Conseil d'Etat, afin d'en obtenir
l'annulation.
La requérante soutenait que le décret du
17 septembre 1906 avait modifié l'organisa-
tion de l'avancement des fonctionnaires de
l'instruction publique de la Guyane, qu'en
exécution de ce décret, la décision n° 234
du gouverneur, en date du 5 avril 1907, avait
porté « avancement en classe » de ce person-
nel et qu'elle n'avait pas été comprise dans
les bénéfices de la décision 234 précitée.
elle ajoutait : après de. nombreuses ré-
clamations, le Gouverneur de la Guyane, par
arrêté du 1,6 mars 1923, avait décidé qu'elle
devait être considérée comme ayant figuré
la, décision 234 et que son classement serait
par suite modifié en tenant compte des dis-
positions du décret du 8 septembre 1921.
Le Conseil d'Etat, statuant sur cette af-
faire, a rejeté la requête dont s'agit, et ce,
pour les motifs ci-après :
Considérant que, pour demander l'annula-
tion de la décision attaquée, la dame Lafont
se borne à soutenir que son reclassement au-
rait dû être effectué conformément au décret
du 8 septembre 1921 qui régissait l'avance-
ment des cadres de l'enseignement primaire
à la date où son reclassement a été or-
donné.
- -
Considérant que c est a bon droit que le 1
Gouverneur Général de la Guyane n'a pas,
pour procéder audit reclassement, appliqué
1e décret précité à des Périodes antérieures 1
à sa mise en vigueur,.. Dès lors, la requête
de la dame Lafont doit être rejetée..
Moulai Youssef en France
o---
Voici quelques renseigiiemoiils sur la ré-
cep lion que Puris a réservée à .Sa Majesté
Moulai Youssef :
Le train spécial, aux portiènvs duquel un
voyait des ufliciers en bleu hurizon, des
personnalités marocaines eu costumes
bilaues et toute une suite de personnages
aux vêtements pittoresques, est entré on
g/re à 10 h. 38. La locomotive et les wu-
gUits étaient pavoises de drapeaux. Ail mu-
ment où le convoi s'arrêta, la musique de
la garde joua la Marseillaise, tandis que le
détachement d'honneur présentait les ar-
mes. Un vit se former sur le quai un long
cortège qui se rendit devant le sleepiug d'où
Ic sultan s'apprêtait à descendiv. Le pré-
sident de la République et le président du
conseil s'avancèrent d'abord, entourés des
membres du gouvernement, auxquels 6e
joignirent les représentants des corps cons-
titués, les caïds et les membres de la so-
ciété des anciens spahis.
Moulai Youssef, souriant avec gravité
dans les plis de son burnous de suie, des-
cendit du wagon en inclinant la tète pour
saluer le chef de l'Etat. M. iàleejj, résident
général du Mû roc, descendit ensuite, et pré-
senta le sullml au président de la HIpubli-
que. loulaï Youssef présenta les membres
de sa suite à M. Gaston Doumerguc, en-
touré des personnalités officielles.
Tandis que la musique juuait. d'hymne
cliérifien, au rythme grave et lent, le cor-
tège se rendit dans le salon où des vœux
furent échungés. Des acclamations réson-
nèrent sous le ,hall de la gare, au moment
où le sultan, M. lxmmerguc, Si Kaddour
ben lilmbril, directeur du protocole cliéri-
fien, et le général Lasson prenaient place
dans la première des automobiles.
Dans les quatre autres voitures prirent
̃place les llls du sUItUll, Moulai Driss, Mou-
lai Hassan, Si llainada, M. Steg le minis-
trc des domaines, le ministre des luibous
et lieux suints, le général Mougin, le colo-
nel Audiberl.
Les cavaliers de la garde républicaine se
formèrent en escorte pour suivre ce cor-
tège quù, salué sur tout son parcours par
les sabres au clair et par les voix de la
foule, gagna le» Champs-Elysées, par Jo
boulevard Diderot, la rue de Lyon, la Bas-
tille, les rues Saint-Honoré, de Hivuli, la
Concorde. Il-arriva il Il h. 30 devant l'hôtel
particulier retenu pour le sultan, rue Fran-
çois-Ier. Lù, comme à la gare, M. Guichurd,
directeur de la- polic{! municipale, veillait
au maintien de l'ordre, qui, i U reste, n'a
été troublé à aucun moment.
Dans lu cour de l'llllel, un détachement,
avec musique, du 21" régiment d'infanterie
faisait face au piquet qui entourait le dra-
peaui de la garde. Au moment où l'automo-
bile présidentielle franchissait la porte co-
cTtfcre, !ll musique jouu aux champs.
Dans l'entrée de l'hôtel, M. Doumerguc
s'est entretenu quelques minutes avec Mou-
lai Yuussef, entouré de ses lils et de ses
ministres.
Le président de la République a pris con-
gé du sultan à Il h. :1b et, escorté par ta
garde républicaine, s'est rendu a. l'Elysée,
où il a reçu l'après-midi, Moulai Youssef.
A l'Elysée et à l'Arc de Triomphe
Moulay Youssef, introduit par l >, proto-
cole, trouva dans le vestibule M. Doumer-
gue qui venait, à lui ; les deux chefs d'Etat
si rendirent dans le salon des Aides de
camp et, M. stceg et Si Kaddour b< 11 Glui-
brit étant présents, s'y entretinrent l'onlia-
lement un quart d'heure.
Le sultan prit alors congé du Président
de la République et fut a. l'Arc de Triomphe,
accompagné de AI. Steeg. Le sultan por-
tait eu sautoir Je grand cordon de la Lé-
gion d'honneur et M. Steeg, en habit, por-
tait pareillement le grand cordon orange
1 du Ouïssam Alaouit.
Ayant monté les Champs-Elysées, où la
circulation fut. it peine interrompue quel-
ques minutes, l'automobile ne t roui va qu'aux
ahords du nond-Point la foule qui atten-
dait le sullan, non plus avec les acclama-
tions du matin, mais dans le silence que
les Pa.risicns ont pris spontanément l'habi-
tude d'ohserver quelle que soit la cérémo-
nie qui les appelle autour de l'Arc de
Triomphe.
Sous le.s voûtes, qui abritent la dalle sa.-
crée, cent. pachas, caïds et notables étaient
rangés, de part et d'autre du tombeau,
masquant d'un double rideau blanc la dou-
ble baie bleue formée par un bataillon du
; £ jfl d'infantrric, dont lu musique attaqua
l'hymne chéri tien quand le sultan parut
avec M. Slceg.
Moulay Youssef, reçu par le général
Gourami, gouverneur de Paris, et le géné-
ral Mougin, chef du cabintM militaire du
résident général, s'avança vers le tombeau
jonché de lleurs, considéra la flamme d'or
pAle en silence, les mains croisées, longue-
ment. Autour de lui, la. foule des burnous
blancs, les beaux profils bronzés barbe
d'argent, ou de goudron, capuchons incli-
nés et paupières closes, imitaient le recueil-
lement, et l'immobilité de leur ehérif. L'ad-
mirable tombeau du Soldat français a
connu, depuis six ans, bien des dévotions
incomparablement poignantes ; mais ja-
mais. depuis le grand défilé de la paix re-
conquise, jamais l'Arc d'c Triomphe n'avait
prêté son sublime décor à une cérémonie
nlus curieusement belle.
Le sultan, avant de se retira passa de-
vant les troupes et resta quelque temps
rleoont fi. la tète du tombeau, écoutant de
la bouche de ben Ghabrit, l'explication que
le général Gouraud lui donnait ton c liant le
Soldat inconnu, le symbole qui plane sur
cette sépulture et, le sentiment profond qui
unit tous les enfants de la France autour
d'elle.
Cependant, trois j(,\1rn t'n. coiffés du
fez et drapés dans le manteau de l'Eeolû
militaire de Meknès, le Sllint-Cv chériflen,
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