Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1925-06-26
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32693410p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 26 juin 1925 26 juin 1925
Description : 1925/06/26 (A25,N96). 1925/06/26 (A25,N96).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
Description : Collection numérique : Thème : L'histoire partagée Collection numérique : Thème : L'histoire partagée
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Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k63969434
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 16/01/2013
VINGT-CINQUIEME) ANNEE. No 96 ---_u_-- ---- ---- - --- --- - t.B 'NJJMfeftÔ : f» CENTIMES - - n - -- - - _u - -- - - - - --- - -- - VENDREDI SOIR, 26 JUIN 1925
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Les Annales Coloniales
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MQHMEMtflT* , j Francs et Colonies, 80 » 48 » 45 »
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On rahcnno dui tons In Bvmoz « poste et chez bi principaux Hbrairet
VASTE CONFLIT
-6
Mardi dernier, à la fin de son discours, M.
le Président du Conseil, avec une émotion
qu'il avait peine à maîtriser, adjurait les diffé-
rents partis de la Chambre de se grouper au-
tour du Gouvernement, afin de lui donner plus
de force pour défendre au Maroc la cause de
la civilisation occidentale.
Si M. Painlevé -en avait eu le loisir, il au-
rait pu montrer à ses auditeurs, dont certains
ne s'en doutent pas, que le conflit qui, aujour-
d'hui, met aux prises la France et les Riffains,
n'est qu'un épisode d'un conflit beaucoup
plus vaste, auquel nous avons, ici même, fait
fréquemment allusion, et qui dresse contre le
monde européen les peuplés de civilisation
différente qu'il a essayé de dominer.
L'histoire a de ces retours curieux, et qui
avaient frappé, il y a déjà longtemps, l'auteur
du Discours sur l'Histoire Universelle,
Les populations de l'Europe occidentale
ont été portées, il y a quelque cinq cents ans,
par le mouvement njême de leur vie économi-
que, à étendre les relations qu'elles entrete-
naient avec les autres parties du monde. Elles
se sont installées partout où il y avait quelque
profit à faire, quelques bonnes terres à culti-
ver, quelques richesses à exploiter. Il leur est
même arrivé, au cours de cette expansion, de
découvrir, presque sans le vouloir, des conti-
nents dont on ne soupçonnait pas l'existence,
et où elles ont, avec leurs propres enfants, éta-
bli leur civilisation. L'amour du gain, beau.
coup plus que le désir désintéressé de propager
leurs institutions, les a déterminées à faire la
conquête du monde ! Cette extension a été et
reste encore la condition même du développe-
ment de la civilisation européenne. Quel que
soit le jugement que l'on puisse porter à ce
sujet, il est indiscutable que, sans elle, le dé-
veloppement économique moderne aurait été,
sinon totalement impossible, au moins considé-
rablement gêné.
Mais aujourd'hui ce qui avait été l'une des
causes essentielles de la prospérité des peu-
ples européens et par cette expression j'en-
tends les peuples qui ont notre civilisation, se
letourne contre eux et menace de déterminer
leur ruine.
-. Les Européens, en effet, en même temps
que leurs capitaux, ont apporté leurs idées ;
ils ont' voulu donner aux peuples, au milieu)
desquels ils s'établissaient, une culture intel-
lectuelle, que ceux-ci ignoraient souvent en
grande partie, ou qui était différente de la leur,
mais qu'ils ont adoptée par curiosité avant de
s'apercevoir qu'ils pourraient en tirer profit
pour leur propre défense.
Pendant longtempe, cet état d'innocence
persista, et les peuples colonisateurs jouirent
•auprès de leurs sujets d'un prestige invict.
Mais avec les années, les choses ont changé,
et ators s'est révélé le - danger de notre situa-
tion.
La domination européenne est, en effet, une
question de prestige. Les Européens sont dans
le monde une minorité. Ils représentent à peine
le quart de la population du globe, et mrime
beaucoup moins si on ne tient pas compte de
celle de l'Etat russe qui, pour l'instant, sem-
ble s'être, à ce sujet, retranchée de la commu-
nauté à laquelle la rattachent ses origines ethni-
ques. Il y a donc une énorme disproportion en-
tie leur chiffre et leurs prétentions politiques.
Aussi longtemps que nous avons joui auprès
-des indigènes de la triple supériorité militaire,
économique et morale,. le danger n'est pas
apparu. Mais depuis quelque trente ans, nous
avons perdu certains de ces avantages. Des
Etafs peuplés d'hommes de couleur sont de-
venus de gflandes puissances industrielles et
commerciales. Dans le domaine moral, nous
éprouvions, d'autre part, quelque recul. Nous
cessions de passer pour les messagers désinté-
ressés de a civilisation pour faire figure
d'exploiteurs. Nous étions même menacés de
ne plus conserver. le monopole de la valeur
.militaire et de courage. En 1895, le Japonais
de couleur allait rivaliser avec nous de science
militaire et de courage. En 1895, le Japonais
montra au monde stupéfait et surpris qu'il avait
,pénétré les secrets de notre supériorité guer-
fière, et, dix ans après, il prouvait dans la
tière, eqtu, 'il soutint avec la Russie, qu'il était
guerre
capable de triompher d'un grand Etat euro-
péen.
.- Le charme était donc rompu et ce n est pas
la guerre de 1914-1918, où l'on a vu des mil-
liers d'hommes 3e couleur mourir pour lai
France et l'Angleterre, qui' pouvait avoir pour
résultat de le rétablir.
Peu à peu, donc, la domination européenne
.& perdù quelques-uns de ses plus solidès ap-
puis matériels et moraux, et elle a semblé
d'autant plus insupportable qu'on aWait plus
d'espoir de la détruire.
On se figure trop facilement que cet anta-
gonisme entre peuples de civilisation européen-
ne et peuples de civilisation asiatique et musul-
mane est un produit de la guerre, une consé-
quence des idées wilsoniennes ou une inven-
tion de la 111° Internationale.
C'est, en réalité, un phénomène déjà an-
cien, auquel des événements récents ont donné
plus de force.
Ni Wilson, ni les bolcheviks ne l'ont créé.
La pensée wilsonienne, qui traduisait en for-
mules claires le fond même des1 doctrines de la
démucmtie, a apporté aux nationalismes qui
s'éveiltaient tmmm une jostiEcation morale.
Quant aux communistes inwuoutahes, ils n ont
fait qUe fournir à un mouvement qui existait
déjà leur appui moral et leur aide matérielle.
Us ont vu dans l'exaspération des sentiments
nationaux un moyen de créer d'abord des dif-
ficultés aux Etats qui refusaient d'adopter1 le
régitpe social qu'ils préconisaient, en attendant
de préparer, en les privant de leurs colonies ou
de leurs débouchés, la ruine d'où sortira la
Révolution. Ce n'est pas ici le lieu de recher-
cher ce que peut, du point révolutiire,
présenter de vrai ou de faux, cette théorie.
Nous nous bornerons à en indiquer les réper-
cussions sur la politique internationale.
Quoi qu'il en soit, c'est vouloir se tromper
soi-même que d'attribuer à des faits accidentels
la valeur d'une cause profonde.
Ce qui rend la situation plus grave, c'est
que l'inintelligence ou l'égoïsme des peuples
anglo-saxons est en train de donner à ces peu-
ples inquiets et impatients un chef redoutable,
dont les intérêts sont conformes au moins pour
un temps aux leurs. Nous avons, à plusieurs
reprises, entretenu nos lecteurs des question du
Pacifique et notamment du problème redouta-
ble que pose t'accroissement ininterrompu de
la population du Japon.
C'est là, comme l'indique excellemment
dans une interview récente M. Albert Sarraut,
une véritable menace pour la paix du monde.
Non seulement parce que la nécessité de trou-
ver pour ces hommes trop à l'étroit sur leur ter-
ritoire un établissement nouveau, peut provo-
quer une guerre entre l'Empire du Soleil-Le-
vant, d'une part, les Etats-Unis et l'Anlffe.
terre, de l'autre, mais parce que le Japon se-
rait, dans ce cas, amené à susciter, pour sa
défense, les nationalismes qui sommeillent de
l'Inde à F Atlantique.
M. Sarraut est inquiet de ces perspectives
troublantes. U redoute que ce conflit allumé à
oln o it a à
propos du Pacifique ne s'étende de proche en
proche au reste du monde et ne détermine pour
notre civilisation - une crise mortelle.
C'est fort à craindre. II pourrait être l'étin-
celle qui mettra le feu aux barils de poudre en -
tassés imprudemment de l'Est à l'Occident.
Il est possible que personne ne le désire. Fait-
on auelque chose pour l'éviter ? Les solutions
de la force se présentent naturellement aux
esprits liés aux traditions du passé. Mais M..
raient-elles vraiment efficaces ? Ott peut rai-
sonnablement en douter. M. Sarvaut n'est pas
du tout convaincu de leur valeur. Et il préfère
« humaniser la civilisation, donner du pain à
ceux qui ont faim, de l'espace à ceux qui
étouffent, rendre en un mot le monde habitable
pour tous et pratiquer la coopération interna-
tionale ». C'est aussi notre sentiment, et nous
ne voyons pas d'autre solution au vaste conflit
qui, latent par endroit, aigu par ailleurs, met
aux prises sur le globe deux états d'esprit et
deux civilisations.
Henry FontanUrt
Député du Cantal, secrétaire de la
Commission des Affaires étran-
gères, membre de la Commission
des Colonies.
De beaux navires
-O-Õ--
Pour la ligne d'Extrême-Orient
Le grand paquebot neuf D'Artagnan, cons-
truit par les Chantiers et Ateliers de la Gi-
ronde, pour le compte des Services Contrac-
tuels des Messageries Maritimes, vient de
quitter Bordeaux pour procéder, sous. Belle-
Ile, à des essais officiels, puis rallier Mar-
seille, d'où il partira, le 30 juillet, pour effec-
tuer son premier voyage.
Le D'Artagnan est destiné à la ligne d'Ex-
trême-Orient (Indochine, Chine, Japon).
Il a été mis sur cale le 5 février 1923 et
lancé le 23 avril 1924.
Nous avons donné à plusieurs reprises les
principales caractéristiques de cette unité.
Nous les rappelons brièvement : longueur,
165 mètres; largeur, 19 m.80; creux, 13 m.65.
Il est pourvu de dix cloisons étanches, lui
permettant de flotter avec un compartiment
quelconque envahi par l'eau. Ses ideux ma-
chines à.-riple expansion développent une
puissance de 5.250 CV. chacune et auront une
vitesse de 16 nœuds 1/2.
Le volume jde ses cales et entrepont en
marchandises est de 13.000 mètres cubes;
elles permettent le transport ne 7.530 tonnes
de fret. Les cales sont desservies par cinq
écoutilles de chargement et vingt-six treuils
électriques pour l'embarquement et le débar-
quement des marchandises. Enfin, le navire
chauffe au mazout, mode de chauffe particu-
lièrement apprécié des passagers.
Ajoutons que le paquebot comporte sept
ponts et qu'il peut recevoir t66 passagers de
première classe, 152 tie deuxième et 95 de
troisième.
Pour le Maroc
Le Marèchai-Lyautey a été construit à la
Seyne par les Forges à la Compagnie de Na-
vigation Paquet et est destiné au service ra-
pide entre Marseille et Casablanca. Sa lon-
gueur est de 135 mètres. Sa vitesse aux es-
sais à été de 16 nœuds 7.
Le MaréchaULyautey peut recevoir 173
passagers de première classe, dont 10 en ajp-
partement de luxe ; 149 passagers de (deuxiè-
me classe; 80 passagers de troisième classe.
Il prendra son premier départ le 27 du cou-
rant
AU QUAI D'ORSAY
---0-0-
M. Briand a signé hier l'accord maritime
franco-espagnol.
Ce document sera; rendu public aujour-
d'hui..
Des moteurs à gazogène
pour nos colonies, s. v. p.
Où en sont donc, au
point de vue réalisation'
pratique, l'application du
procédé Makhonine,
Pour. l'utilisation du ma-
zout dans, nos moteurs à
explosion, ainsi que la fa-
brication et l'emploi de
V Il iroline », Produit
extraordinaire qui, par son excessivement fai-
ble prix de revient et sa force explosive, de-
vait révolutionner l'industrie des transports,
démocratiser l'automobile et présenter pour
notre pays, auquel il permettait de se pas-
ser dorénavant d'esseflce, une valeur incal-
culable. Après beaucoup de bruit autour de
ces deux inventions, voilà que tout est rentré
dans le silence. Plus rien. Secrets d'Etael
PettUètrel Beaucoup de gens commencent à
croirey en tout cas, qu'il s'agit 'de mystifi-
cations à la façon des diamants de Lemoine.
Sérieuses ou non, ces soi-disant inventions
ne doivent pas faire perdre de vue l'intérêt
considérable que Présente pour la France, et
plus encore pour ses colonies, un autre car-
burant que nous pouvons produire en quan-
tités illimitées et à très bon compte. le veux
parler du charbon (Je bois, utilisé dans des
gazogènes.
Le prix élevé de l'essence rend en fait pro-
hibitif dans nos colonies, les transports de
produits sur de longues distances par ca-
mions automobiles. En forêt, faute de trac-
teurs fonctionnant économiquement, les ex-
ploitants continuent à faire déborder leurs
billes de bois à main d'homme, gaspillant
une main-d'œuvre déjà trop rare. La généra
lisation de moteurs à gazogènes provoquerait
partout un essor remarquable et activerait
singulièrement la mise en valeur de nos pos-
sessions.
On a envisagé, pour suppléer à l'essence,
l'emploi comme carburant de divers produits
dont nos huiles végétales de palme ou d'ara-
chides, huiles, que certaines de nos colonies
exportent déjà en fortes quantités et dont la
production est loin d'avoir atteint son maxi.
mum. La mise parfaitement au point de mo-
teurs brûlant des huiles végétales est certaine-
ment possible, mais on cherche vainement où
serait l'avantage procuré. Sauf dans les ri-
pions très éloignées de la côte, nos huiles co-
loniales valent en effet, sur place, plus que
ne vaut l'essence importée et le rendement
en calories est moindre, A plus forte raison,
cet emploi serait-il onéreux en France. N OUI
avons du reste, pour tàos huiles coloniales,
d'autres usages. Nous. les achetons pas A
l'étranger, soit, mais en admettant que la
production dépasse nos besuins, ce dont nous
sommes encore très loin, il serait préférable
de vendre le surplus à t'étranger et d'acheter
de l'essence, que de gaspiller ces huiles clam
des moteurs à explosion.
Inutile d'ajouter que la transformation pat
catalyse des huiles végétales en pétroles syn
thétiques, ne donnerait pas des résultats plus
heureux..
La fabrication du charbon de bois, aux co-
lonies comme en France, est au contraire fa-
cile, surtout avec les nouveaux fours mobilet
à carboniser, donnant en toutes saisons un
rendement élevé et ne nécessitant pas de
main-d'œuvre spécialisée. En France, on
estime que l'emploi du chaibon de bois peut
procurer, pour les transports automobiles, une
économie de carburant, de 60 à 700 Aux
colonies, Vavantage serait plus grand encore,
l'essence y étant plus chère et le charbon de
bois ne coûtant au contraire que le prix de
sa fabrication.
N' avons-nous pas, dans le charbon de hoi)
notre véritable carburant national et qi £ atten►
dent nos constructeurs pour nous présenter des
camions et des tracteurs munis de gazogènes
avec des moteurs bien au point?
Quelques firmes connues ont bien exposé
au dernier Salon et au récent Congrès de
Blois, un certain nombre de véhicules mar-
chant à l'aide de gazogènes. L'effort est in-
suffisant, les appareils présentés n'o^ ffrent
pas encore assez â". garanties pour convain-
cre et. décider des acheteurs., On doit et on
peut faire beaucoup mieux.
Lucien Gasparin.
Député de ta Réunion,
i. -*
Rivalité de missionnaires
'O-
Une assez vive rivalité met aux prises sur
le territoire britannique de la Côte de l'Or,
les missionnaires protestants anglais et les
missionnaires catholiques français. Jusqu'à
présent, la prépondérance appartenait sans
conteste aux religieux des Missions africai-
nes de Lyon. Mais les missionnaires anglais,
ayant constaté l'attirance qu'exerce sur les
indigènes le déploiement des cérémonies ca-
tholiaues. ont introduit - dans leur -- culte - les
formes extérieures du catholicisme, Chose
curieuse, ils ont même adopté pour leur
compte personnel plusieurs des pratiques du
culte catholique. C'est ainsi qu'ils font l'ex-
position et donnent la bénédiction du Saint-
Sacrement, et que, dans les cérémonies reli-
gieuses, l'évêque protestant est revêtu des
ornements épiscopaux romains. Enfin, ces
temps derniers, l'Eglise protestante de la
Côte de l'Or, qui était indépendante, s'est
ralliée à la Haute-Eglise d'Angleterre et a
adopté xses pratiques rituelles. Cette dernière,
on le sait, manifeste à l'heure actuelle une
tendance très nette à se rapprocher de
l'Eglise romaine, comme en ont témoigné
les fameuses conférences de Malines prési-
dées par le cardinal Mercier.
A Fez et ailleurs
00 -
Notrer confrère royaliste Candide, qui est
certainement le journal littéraire le mieux
fait que nous dyons, publie une série d'échos
sur le Maroc, Ils montrent à la fois la sû-
reté de ses informations et l'habileté qu'il a
eue de se ménager un correspondant aussi
bien renseigné dans la zaouia résidentielle.
Fez mondaine et la guerre
Dès que se déclencha l'attaque brusquée
d'Abd-el-Krim, la colonie féminine de Fez
se mobilisa avec la plus simple élégance
pour faire face aux événements. La com-
tesse de 'Chambrun qui venait de décider un
départ en France, # déjà longtemps retardé,
rappela au plus vite ses bagages, et orga-
nisa séance tenante les travaux de la Croix-
Rouge. Mme Fleury suspendit ses réceptions.
Les réunions de tennis de Mrs Mackereth fu-
rent supprimées. Tout le monde courut aux
ateliers d'où sortaient, pour parer aux plus
urgents besoins des blessés, oreillers, chemi-
ses, pyjamas, etc. Mme Colombat, vraie mère
des sobdats, exerça une véritable permanence
consolatrice à l'ambulance.
A l'otrvroir, parmi les femmes d'officiers,
de banquiers et de commerçants, on remar-
quait : Mmes Vibert, Le Guevel, Barreaux,
Amédêe Blanc, Normand, Darray, Boucher,
Sagne, Lecaze, Coudert, combien t'autres.
L'hôpital Auvert qui en temps de paix, re-
présentait un centre musical de haute tenue,
où brillaient Mmes de l'Estang, Melnotte,
de Saint-Blanoas et Mazère, vit ses solistes
se transformer en bénévoles, et Mlle Krug,
musicienne remarquable, réapparaître uni-
quement en infirmière-major.
,, Rendons grâce à ces charmantes Françai-
ses qui contribuèrent puissamment à affermir
dans l'opinion locale la confiance dans la so-
lidité de nos armes. Le pacha de Fez leur
rendit, d'ailleurs, le plus solennel hommage
en avouant que ses « services », parfaitement
informés des. mouvements de notre opinion,
ne lui avaient signalé, en tout et pour tout,
qu'un seul départ de Fez, un peu hâtif. « Si
les rôles avaient été renversés, conclut-il en
souriant, nous n'aurions pas fait mieux. »
Le secrétaire de la main
Le maréchal Lyautey n'utilise pas les ser-
vices d'une sténographe, mais d'un « secré-
taire de la; main « auquel il 'dicte la totalité
de sa correspondance quotidienne officielle et
personnelle. C'est en remplissant cet office
pendant de longs mois, que M. Vatin-Péri-
5npn, le chef du cabinet civil démissionnaire
de là Résidence, pénétra peu à peu la pen-
600 intime du « patron n, comme on dit à
Rabctt; et put la servir avec tant de fidélité.
Accueillant, aimable, avec un rien de rai-
deur commerciale, M. Vatin-Pérignon excel-
lait à voiler la vérité de gazes aériennes qui
semblaient la découvrir tout entière. Dans
une période aussi difficile que la présente,
nul ne saura avec un plus cordial cynisme
lancer négligemment à l'informateur pressé
de courir au front :
En passant. La jumenterie de Mek-
nès i,.. Connaissez-vous la jumenteric de
Meknès ?
Mme Vatin-Pérignon, née Lefebvre-Ponta-
lis, et mariée depuis trois ans à peine, dont
la jeunesse, le charme et la sitnplicité ravis-
saient la « cour » de Rabat, ne manquera
point,de goûter quelque repos dans la. dis-
grâce dorée. L'hôtel Transatlantique, centre
de la vie mondaine de Fez, ne la verra plus
attendre au soleil couchant le retour impro-
bable d'un mari acharné à prévenir les moin-
dres désirs du proconsul, jusqu'à la minute
où, tout espoir évanoui, elle gagnait simple-
ment la table de quelques fonctionnaires
amis'';
Invitez-moi ! Le patron me force encore
à dîner seule.
La générale Daugan
Le général Daugan, qui fut le grand chef
militaire du Sud-Marocain, compare volon-
tiers l'efficité de son action guerrière à,
celle de l'action pacifique de Mme Daugan.
Il hésite à obnelure à laquelle des deux re-
vient davantage l'amitié solide qui le lie aux
grands caïds.
- La pouponnière, que ma femme a fon-
tiée, distribue, songez donc, 150 biberons par
jour aux petits Berbères. Et le nombre en
augmente sans cesse ! Les tribus sont très
frappées de tels résultats.
Mais ce fut lors de la visite de M. Mille-
rand que la générale Daugan accomplit sans
doute l'un des gestes les plus effectifs de l'oc-
cupation française au Maroc. Comme le
Glaouï, en effet, avait autorisé ses femmes à
sortir sur la terrasse pour voir passer le cor-
tège présidentiel, et qu'elles se penchaient
avec un peu trop de curiosité :
- Soyez raisonnables, conseilla doucement
Mme Daugan. Votre mari a été aimable.
N'abusez pas.
Les Berbères, caïds ou non, qui ne transi-
gent pas sur les ?droits qu'ils tiennent du
Coran, ont connu cette délicate intervention
et l'ont goûtée très vivement.
- De la dissidence
Les événements ont amené -au Maroc une
modification dans la terminologie usuelle
concernant la fidélité aux engagements de
toute nature, qui, sans nul doute, va gagner
rapidement Paris.
Ne dites donc plus :
Lafoix Bonsieur et Cie sont en difficul-
tés de règlement avec leurs fournisseurs.
Dites:
Lafoix Bonsieur et Cie inclinent vers
la 'dissidence. On multiplie les efforts pour
les rallier.
Ne dites plus :
Les écarts conjugaux de la petite Mme
Lecerf confinent au scandale.
Dites :
- La petite Mme Lecerf se roule dans la
dissidence.
Enfin, s'il est patent que votre cuisinière,
au lieu de faire le dîner, s'habille pour le
cinéma, excusez-vous simplement :
La dissidence gagne mes domestiques.
Il venait du Maroc
ao la Sodét6 des
Espérons qu' aujourd' hui , la Société des
Steeple-Chases de France sera plus heureuse
avec la journée des Drags qu'elle ne l'a été
mercredi avec la grande course des Haies qui
est devenue, depuis quelques années, lorsque
le soleil est de la fête, la journée la plus sé-
lect de la grande semaine des courses.
Les héros qui, mercredi, n'ont pas craint
1'avajanche et se sont risqués sur la butte Mor-
temart ont eu, outre un sport intéressant, un
spectacle fort réjouissant.
Il y avait, après la Grande Course de
Haies gagnée par Rocking Chair –< dans
Rocking il y a presque Rogue, et le cheval de
M. Tittement, qui aime la boue, a gagné par-
ce qu'il était copieusement servi - le prix
Artæ Talon, military international, dans le-
quel seuls le premier Wery Good et le second
Manambas ont fait correctement le parcours.
Mais le spectacle, dans cette course, fut
donné par l' Ascalonite, beau cheval gris d'un
caractère difficile ; Paris-Sport prétend même
que le cheval, venu pour la course en droite
ligne du Maroc, a fait montre de la sauvagerie
des Riffains. Le gris intraitable, après lavoir
semé son cavalier dans une chute à la rivière,
s'est attaché au pas de l'innocente Normandie
II, voulant mordre sa camarade et M. dPe.
ville. D'abord au bull finch L'Ascalooite pre-
nant à belles dents la bride de Normandie Il
l'a fait se dérober. La jument étant ramenée
et sautant, il l'a attaquée ensuite jusqu'au po-
teau, 5 '/en prenant. ensuite, une fois le but
passé, à Menthon Saint-Bernard et à son cava-
lier, M. 3e La Forest, qui a dû se défendre à
coups de cravache, pour ne pas être trop gra-
vement mordu aux fesses et qui a eu seulement
son pantalon déchiré. Heureusement que les
dames étaient peu nombreuses.
L'Ascalonite ne s'est calmé que lorsqu'il a
vu s' approcher son ordonnance avec sa chéchia
rouge. Reconnaissant un ami, il a daigné
obéir.
Boiard.
Il venait de la Côte d'Ivoire
̃ o»
M s'appelait Kooiabi, de la tribu des Oua-
bé. M. Maiîrdcc Mizraki, administrateur
coliaiidal, avait déraciné ce aïoir, il y a quel-
ques mois, parce que c'était un bon do-
mestique.
Kouabi a/vait paru d'abord tgoiMer la vie
parisienne. Piuis il donna des signes de
dérangement cérébral. A plusieurs repri-
ses, ifl s'enfertma dans la cave de son mal-
tre, criant à celui-ci : « Toi vouloir tu or
moi J). Par la douceur, M. Mizraki (parvint
chaque fois à calmer ce flagrant Il dédire
de la persécution ». Mais avant-ihdecr, le nè-
igre vit rouge. Barricadé dans sa chambre,
au premier étage d'un immeuble de Ja rue
de CaH.ais, il bombarda au moyen de bou-
teilles les 1-ooalaires qui traversaierut la
cour. Des agents, appelés, parlementèrent
en vain à travers la porte. Il iafllut recou-
rir aux gaz lacrymogènes. Kouabi, à demi
aveulgllé est hurlant, se jeta alors par la fe-
nétire. Relevé le crâne fracturé, fle pauvre
Kouabi, de la bribu des Ouabé, fut trans-
porté à l'Infirmerie spéciale du Dépôt.
Il revenait de Madagascar
Une société, 2, rue des Italiens, engageait,
il y a huit jours, comme garçon 'de bureau,
un ancien sous-officier, médaillé militairee
M. Eugène Reuillier, 52 ans, 7, rue Ducou.ë-
dic, arrivé de Madagascar deux semaines au-
paravant. Chargé d'encaisser un chèque de
50.000 francs dans un établissement de cré-
dit, 2, rue Edouard-VII, Reuillier touche la
somme et. disparaît. Vol, fugue, assassinat?
On se perd en conjectures. Mais l'argent
semble lui aussi bien perdu.
Un succès du Cartel aux élections
du Conseil général de la Guyane
On télégraphie de Cayenne que les élec-
tions pour le Conseil général de la Guyane
ont eu lieu dimanche dernier, dans le plus
grand calme, comme aux élections munici-
ptales récentes dont ce nouveau scrutin a con-
firmé les résultats.
Il y avait neuf mandats à renouveler. Les
sortants étaient 6 membres de la Fédération
républicaine et 3 membres dit parti radical-
socialiste qui a soutenu M. Eugène Lautier
à la députation aux élections législatives. Les
résultats connus jusqu'à présent donnent 7
élus à ce partie soit pour lui un gain de 4.
On se rappelle qu'aux élections municipales
des 3 et lo mai, les amis de M. Eugène Lau-
tier avaient enlevé la Plupart des mairies.
moiel
INDES FRANÇAISES
Fraudes électorales
Sur la plainte de trois citoyens de Mo-
deliarpeUi, * près de Pondichéry (Indes
-françaises), M. IBarnarnd, ju £ e d'instruc-
tion, a. été chargé par le Parquet, d'ouvrir
une information contre M. Gerbinis, gou-
verneur des Indes, pour fraudes commises
au cours des élections municipales de ma-
blissement de Modeliaperh, le 3 mai der-
nier.
Les trois plaignants ont confié leurs in-
térêts à M" César Campinchi.
Lire en seconde page ;
La Guerre au Maroc,
Au Conseil d'État
00
Requête d'un directeur des contributions
en résidence à Rabat
.Le Conseil d'Etat, considérant : Que M.
Mouzon, directeur des contributions direc-
tes hors cadre, détaché au Maroc sur sa
demande, résidant à Rabat, n'a tiré d'au-
cun texte de loi, ni article de règlement le
droit d'être réintégré dans un emploi .de
directeur en Algérie dès qu'il en ferait la
demande, ni celui d'être affecté au poste at-
tribué à M. BelloL que dès lorfJ ses conclu-
sions dirigées contre les décisions prises en
faveur de ce dernier, uniquement fondées
sur le prétendu droit du requérant d'être
affecté au poste auquel M. Bellot ne sont
pas recevables.
Pour ces motifs : est rejelée la requête
de M. Mouzon, directeur des contributions
directes, hors cadre détaché au Maroc, con-
tre : 1° un décret en date du 24 août 1923,
nommant M. Bellot directeur de 3e çlaaee
des contributions en Algérie ; 2° contre un
arrêté du 10 octobre 1923, affectant M. Bel-
lat à la direction de Constantine.
M. Mouzon soutenait avoir droit au pre-
mier poste de directeur devenu vacant en
Algérie, après la demande de réintégration"
qu il avait formulée le 18 février 1922, poste
indûment attribué disait-il a M. Bellot.
La Conférence de Madrid
Le général Primo de Rivera arrivera &
Madrid mardi prochain. Son arrivée coïnr
cidera avec oeJle de M. 'Malvy.
Tout porte à croire due la conférence,
ajournée deux fois, pour étudier les ba-
ses de l'accord terrestre, aboutira à. un ré-
sultat.
Enfin, on croit savoir que la prochaine
conférence pourra traiter des conditions iL
imposer à 'Abd el Krim.
Le statut de Tanger
--00--
Une députation s'est rendue à Tétouan;
pour protester auprès du''général Primo CW
Rivera contre les taxation. exorbitantes
imposées par le nouveau statut de Tanger.,
Cette protestation émané surtout, des re$<
sortissants espagnols établis à Tanger,.
LE RÉGIME POLITIUDE AUX COLONIES
,
A la suite des troubles électoraux qui
sont produits dans certaines colonies, M. Aiv
dré Hesse, ministre des Colonies, a, par une
circulaire envoyée à tous les Gouverneurs,
institué le régime de la détention politique
dans des conditions exactement semblables à
celles qui sont appliquées dans la métropole.
AU S:&N.AT
--0-0--
- Interpellation ajournée
Comme l'avait demandé M. Painlevé au
cours de son audition devant les grandes
Commissions du Sénat, la discussion de
l'interpellation de M. Bluysen sur l'action
diplomatique et militaire de la France au
Maroc, viendra devant la Haute Assemblée
le jeudi 2 juillet.
A LA CHAMBRE
DEBATS
Le budget
Au début de, la séance de l'après-raidi,.
la Chambre a adopta :
1° Un projet de loi, adopté par la Cham-
bre des députés, adopté avec modifications
par le Sénat, relatif aux nominations et
promutiorts dans l'ordtre national de la
Légion d'honneur destinées à récompen-
ser les concours prêtés à l'expansion com-
merciale ;
2° Un projet de loi portant attribution
d'un Seontingent spécial de croix do kl
Légion d'honneur à l'occasion du l'Exposi-
tion coloniale, industrielle et commerciale
de Strasbourg.
Puis l'assemblée revient. au budget. De-
puis le matin elle avait adopté le budget.
des Affaires étrangères, de l'Intérieur, de
tla Guerre, de la présidence du Conseil, de
la Marine, de l'Instruction publique, des
Beaux-Arts, de 'l'Enseignement technique,
du Travail et de l'Hygiène.
Elle aborda ensuite le budget ù{;s Co-
lonies et aborde les chapitres ;1, i. d r>, re-
latifs a.u traitement da personnel et le cha-
pitre 1; concernant les secours.
Au chapitre 15 relatif à la propagande-
cQloniale, M. Hobaglia demande an minis-
tre des Colonies do défeudnc très énergi-
qu'ement le service de propagande coln-
niale, dont le crédit a été réduit par le Sé-
nat de ">.000 francs.
M. Archimbaud indique, que l'état ac-
tuel du budget do l'Afrique Equatoriale
permet, d'accepter cette réduction.
Lo chapitre est l'tisuile adopté ainsi que
le chapitre 17, attribution aux person-
nels civils do l'Etat d'allocations pour:
charges de famille ; 19, avances rembour-
sables aux fonctionnaires et ayants c.ausn
de fonctionnaires on instance de pension..
(Application de l'art. 28 do la 10i du 3.1 dé-
cembre ItCO et décret du 21 juin 1924) et
31 relatif aux garanties d'intérêt à la Com-
pagnie du chemin de fer franco-éthiopien.,
Sur le chapitre 39 concernant la solda
des troupes coloniales (groupe de l'Afri-
que occidentale française).
M. le général Pcllier, directeur des Services
militaires, commissaire du Gouurrntmcnt, re-
marque que le renchérissement du prix de la
vie aux colonies, l'encliéirsscmont des passages.
a -' "ol
Les Annales Coloniales
, » , :. JOURNAL QUOTIDIEN
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On rahcnno dui tons In Bvmoz « poste et chez bi principaux Hbrairet
VASTE CONFLIT
-6
Mardi dernier, à la fin de son discours, M.
le Président du Conseil, avec une émotion
qu'il avait peine à maîtriser, adjurait les diffé-
rents partis de la Chambre de se grouper au-
tour du Gouvernement, afin de lui donner plus
de force pour défendre au Maroc la cause de
la civilisation occidentale.
Si M. Painlevé -en avait eu le loisir, il au-
rait pu montrer à ses auditeurs, dont certains
ne s'en doutent pas, que le conflit qui, aujour-
d'hui, met aux prises la France et les Riffains,
n'est qu'un épisode d'un conflit beaucoup
plus vaste, auquel nous avons, ici même, fait
fréquemment allusion, et qui dresse contre le
monde européen les peuplés de civilisation
différente qu'il a essayé de dominer.
L'histoire a de ces retours curieux, et qui
avaient frappé, il y a déjà longtemps, l'auteur
du Discours sur l'Histoire Universelle,
Les populations de l'Europe occidentale
ont été portées, il y a quelque cinq cents ans,
par le mouvement njême de leur vie économi-
que, à étendre les relations qu'elles entrete-
naient avec les autres parties du monde. Elles
se sont installées partout où il y avait quelque
profit à faire, quelques bonnes terres à culti-
ver, quelques richesses à exploiter. Il leur est
même arrivé, au cours de cette expansion, de
découvrir, presque sans le vouloir, des conti-
nents dont on ne soupçonnait pas l'existence,
et où elles ont, avec leurs propres enfants, éta-
bli leur civilisation. L'amour du gain, beau.
coup plus que le désir désintéressé de propager
leurs institutions, les a déterminées à faire la
conquête du monde ! Cette extension a été et
reste encore la condition même du développe-
ment de la civilisation européenne. Quel que
soit le jugement que l'on puisse porter à ce
sujet, il est indiscutable que, sans elle, le dé-
veloppement économique moderne aurait été,
sinon totalement impossible, au moins considé-
rablement gêné.
Mais aujourd'hui ce qui avait été l'une des
causes essentielles de la prospérité des peu-
ples européens et par cette expression j'en-
tends les peuples qui ont notre civilisation, se
letourne contre eux et menace de déterminer
leur ruine.
-. Les Européens, en effet, en même temps
que leurs capitaux, ont apporté leurs idées ;
ils ont' voulu donner aux peuples, au milieu)
desquels ils s'établissaient, une culture intel-
lectuelle, que ceux-ci ignoraient souvent en
grande partie, ou qui était différente de la leur,
mais qu'ils ont adoptée par curiosité avant de
s'apercevoir qu'ils pourraient en tirer profit
pour leur propre défense.
Pendant longtempe, cet état d'innocence
persista, et les peuples colonisateurs jouirent
•auprès de leurs sujets d'un prestige invict.
Mais avec les années, les choses ont changé,
et ators s'est révélé le - danger de notre situa-
tion.
La domination européenne est, en effet, une
question de prestige. Les Européens sont dans
le monde une minorité. Ils représentent à peine
le quart de la population du globe, et mrime
beaucoup moins si on ne tient pas compte de
celle de l'Etat russe qui, pour l'instant, sem-
ble s'être, à ce sujet, retranchée de la commu-
nauté à laquelle la rattachent ses origines ethni-
ques. Il y a donc une énorme disproportion en-
tie leur chiffre et leurs prétentions politiques.
Aussi longtemps que nous avons joui auprès
-des indigènes de la triple supériorité militaire,
économique et morale,. le danger n'est pas
apparu. Mais depuis quelque trente ans, nous
avons perdu certains de ces avantages. Des
Etafs peuplés d'hommes de couleur sont de-
venus de gflandes puissances industrielles et
commerciales. Dans le domaine moral, nous
éprouvions, d'autre part, quelque recul. Nous
cessions de passer pour les messagers désinté-
ressés de a civilisation pour faire figure
d'exploiteurs. Nous étions même menacés de
ne plus conserver. le monopole de la valeur
.militaire et de courage. En 1895, le Japonais
de couleur allait rivaliser avec nous de science
militaire et de courage. En 1895, le Japonais
montra au monde stupéfait et surpris qu'il avait
,pénétré les secrets de notre supériorité guer-
fière, et, dix ans après, il prouvait dans la
tière, eqtu, 'il soutint avec la Russie, qu'il était
guerre
capable de triompher d'un grand Etat euro-
péen.
.- Le charme était donc rompu et ce n est pas
la guerre de 1914-1918, où l'on a vu des mil-
liers d'hommes 3e couleur mourir pour lai
France et l'Angleterre, qui' pouvait avoir pour
résultat de le rétablir.
Peu à peu, donc, la domination européenne
.& perdù quelques-uns de ses plus solidès ap-
puis matériels et moraux, et elle a semblé
d'autant plus insupportable qu'on aWait plus
d'espoir de la détruire.
On se figure trop facilement que cet anta-
gonisme entre peuples de civilisation européen-
ne et peuples de civilisation asiatique et musul-
mane est un produit de la guerre, une consé-
quence des idées wilsoniennes ou une inven-
tion de la 111° Internationale.
C'est, en réalité, un phénomène déjà an-
cien, auquel des événements récents ont donné
plus de force.
Ni Wilson, ni les bolcheviks ne l'ont créé.
La pensée wilsonienne, qui traduisait en for-
mules claires le fond même des1 doctrines de la
démucmtie, a apporté aux nationalismes qui
s'éveiltaient tmmm une jostiEcation morale.
Quant aux communistes inwuoutahes, ils n ont
fait qUe fournir à un mouvement qui existait
déjà leur appui moral et leur aide matérielle.
Us ont vu dans l'exaspération des sentiments
nationaux un moyen de créer d'abord des dif-
ficultés aux Etats qui refusaient d'adopter1 le
régitpe social qu'ils préconisaient, en attendant
de préparer, en les privant de leurs colonies ou
de leurs débouchés, la ruine d'où sortira la
Révolution. Ce n'est pas ici le lieu de recher-
cher ce que peut, du point révolutiire,
présenter de vrai ou de faux, cette théorie.
Nous nous bornerons à en indiquer les réper-
cussions sur la politique internationale.
Quoi qu'il en soit, c'est vouloir se tromper
soi-même que d'attribuer à des faits accidentels
la valeur d'une cause profonde.
Ce qui rend la situation plus grave, c'est
que l'inintelligence ou l'égoïsme des peuples
anglo-saxons est en train de donner à ces peu-
ples inquiets et impatients un chef redoutable,
dont les intérêts sont conformes au moins pour
un temps aux leurs. Nous avons, à plusieurs
reprises, entretenu nos lecteurs des question du
Pacifique et notamment du problème redouta-
ble que pose t'accroissement ininterrompu de
la population du Japon.
C'est là, comme l'indique excellemment
dans une interview récente M. Albert Sarraut,
une véritable menace pour la paix du monde.
Non seulement parce que la nécessité de trou-
ver pour ces hommes trop à l'étroit sur leur ter-
ritoire un établissement nouveau, peut provo-
quer une guerre entre l'Empire du Soleil-Le-
vant, d'une part, les Etats-Unis et l'Anlffe.
terre, de l'autre, mais parce que le Japon se-
rait, dans ce cas, amené à susciter, pour sa
défense, les nationalismes qui sommeillent de
l'Inde à F Atlantique.
M. Sarraut est inquiet de ces perspectives
troublantes. U redoute que ce conflit allumé à
oln o it a à
propos du Pacifique ne s'étende de proche en
proche au reste du monde et ne détermine pour
notre civilisation - une crise mortelle.
C'est fort à craindre. II pourrait être l'étin-
celle qui mettra le feu aux barils de poudre en -
tassés imprudemment de l'Est à l'Occident.
Il est possible que personne ne le désire. Fait-
on auelque chose pour l'éviter ? Les solutions
de la force se présentent naturellement aux
esprits liés aux traditions du passé. Mais M..
raient-elles vraiment efficaces ? Ott peut rai-
sonnablement en douter. M. Sarvaut n'est pas
du tout convaincu de leur valeur. Et il préfère
« humaniser la civilisation, donner du pain à
ceux qui ont faim, de l'espace à ceux qui
étouffent, rendre en un mot le monde habitable
pour tous et pratiquer la coopération interna-
tionale ». C'est aussi notre sentiment, et nous
ne voyons pas d'autre solution au vaste conflit
qui, latent par endroit, aigu par ailleurs, met
aux prises sur le globe deux états d'esprit et
deux civilisations.
Henry FontanUrt
Député du Cantal, secrétaire de la
Commission des Affaires étran-
gères, membre de la Commission
des Colonies.
De beaux navires
-O-Õ--
Pour la ligne d'Extrême-Orient
Le grand paquebot neuf D'Artagnan, cons-
truit par les Chantiers et Ateliers de la Gi-
ronde, pour le compte des Services Contrac-
tuels des Messageries Maritimes, vient de
quitter Bordeaux pour procéder, sous. Belle-
Ile, à des essais officiels, puis rallier Mar-
seille, d'où il partira, le 30 juillet, pour effec-
tuer son premier voyage.
Le D'Artagnan est destiné à la ligne d'Ex-
trême-Orient (Indochine, Chine, Japon).
Il a été mis sur cale le 5 février 1923 et
lancé le 23 avril 1924.
Nous avons donné à plusieurs reprises les
principales caractéristiques de cette unité.
Nous les rappelons brièvement : longueur,
165 mètres; largeur, 19 m.80; creux, 13 m.65.
Il est pourvu de dix cloisons étanches, lui
permettant de flotter avec un compartiment
quelconque envahi par l'eau. Ses ideux ma-
chines à.-riple expansion développent une
puissance de 5.250 CV. chacune et auront une
vitesse de 16 nœuds 1/2.
Le volume jde ses cales et entrepont en
marchandises est de 13.000 mètres cubes;
elles permettent le transport ne 7.530 tonnes
de fret. Les cales sont desservies par cinq
écoutilles de chargement et vingt-six treuils
électriques pour l'embarquement et le débar-
quement des marchandises. Enfin, le navire
chauffe au mazout, mode de chauffe particu-
lièrement apprécié des passagers.
Ajoutons que le paquebot comporte sept
ponts et qu'il peut recevoir t66 passagers de
première classe, 152 tie deuxième et 95 de
troisième.
Pour le Maroc
Le Marèchai-Lyautey a été construit à la
Seyne par les Forges à la Compagnie de Na-
vigation Paquet et est destiné au service ra-
pide entre Marseille et Casablanca. Sa lon-
gueur est de 135 mètres. Sa vitesse aux es-
sais à été de 16 nœuds 7.
Le MaréchaULyautey peut recevoir 173
passagers de première classe, dont 10 en ajp-
partement de luxe ; 149 passagers de (deuxiè-
me classe; 80 passagers de troisième classe.
Il prendra son premier départ le 27 du cou-
rant
AU QUAI D'ORSAY
---0-0-
M. Briand a signé hier l'accord maritime
franco-espagnol.
Ce document sera; rendu public aujour-
d'hui..
Des moteurs à gazogène
pour nos colonies, s. v. p.
Où en sont donc, au
point de vue réalisation'
pratique, l'application du
procédé Makhonine,
Pour. l'utilisation du ma-
zout dans, nos moteurs à
explosion, ainsi que la fa-
brication et l'emploi de
V Il iroline », Produit
extraordinaire qui, par son excessivement fai-
ble prix de revient et sa force explosive, de-
vait révolutionner l'industrie des transports,
démocratiser l'automobile et présenter pour
notre pays, auquel il permettait de se pas-
ser dorénavant d'esseflce, une valeur incal-
culable. Après beaucoup de bruit autour de
ces deux inventions, voilà que tout est rentré
dans le silence. Plus rien. Secrets d'Etael
PettUètrel Beaucoup de gens commencent à
croirey en tout cas, qu'il s'agit 'de mystifi-
cations à la façon des diamants de Lemoine.
Sérieuses ou non, ces soi-disant inventions
ne doivent pas faire perdre de vue l'intérêt
considérable que Présente pour la France, et
plus encore pour ses colonies, un autre car-
burant que nous pouvons produire en quan-
tités illimitées et à très bon compte. le veux
parler du charbon (Je bois, utilisé dans des
gazogènes.
Le prix élevé de l'essence rend en fait pro-
hibitif dans nos colonies, les transports de
produits sur de longues distances par ca-
mions automobiles. En forêt, faute de trac-
teurs fonctionnant économiquement, les ex-
ploitants continuent à faire déborder leurs
billes de bois à main d'homme, gaspillant
une main-d'œuvre déjà trop rare. La généra
lisation de moteurs à gazogènes provoquerait
partout un essor remarquable et activerait
singulièrement la mise en valeur de nos pos-
sessions.
On a envisagé, pour suppléer à l'essence,
l'emploi comme carburant de divers produits
dont nos huiles végétales de palme ou d'ara-
chides, huiles, que certaines de nos colonies
exportent déjà en fortes quantités et dont la
production est loin d'avoir atteint son maxi.
mum. La mise parfaitement au point de mo-
teurs brûlant des huiles végétales est certaine-
ment possible, mais on cherche vainement où
serait l'avantage procuré. Sauf dans les ri-
pions très éloignées de la côte, nos huiles co-
loniales valent en effet, sur place, plus que
ne vaut l'essence importée et le rendement
en calories est moindre, A plus forte raison,
cet emploi serait-il onéreux en France. N OUI
avons du reste, pour tàos huiles coloniales,
d'autres usages. Nous. les achetons pas A
l'étranger, soit, mais en admettant que la
production dépasse nos besuins, ce dont nous
sommes encore très loin, il serait préférable
de vendre le surplus à t'étranger et d'acheter
de l'essence, que de gaspiller ces huiles clam
des moteurs à explosion.
Inutile d'ajouter que la transformation pat
catalyse des huiles végétales en pétroles syn
thétiques, ne donnerait pas des résultats plus
heureux..
La fabrication du charbon de bois, aux co-
lonies comme en France, est au contraire fa-
cile, surtout avec les nouveaux fours mobilet
à carboniser, donnant en toutes saisons un
rendement élevé et ne nécessitant pas de
main-d'œuvre spécialisée. En France, on
estime que l'emploi du chaibon de bois peut
procurer, pour les transports automobiles, une
économie de carburant, de 60 à 700 Aux
colonies, Vavantage serait plus grand encore,
l'essence y étant plus chère et le charbon de
bois ne coûtant au contraire que le prix de
sa fabrication.
N' avons-nous pas, dans le charbon de hoi)
notre véritable carburant national et qi £ atten►
dent nos constructeurs pour nous présenter des
camions et des tracteurs munis de gazogènes
avec des moteurs bien au point?
Quelques firmes connues ont bien exposé
au dernier Salon et au récent Congrès de
Blois, un certain nombre de véhicules mar-
chant à l'aide de gazogènes. L'effort est in-
suffisant, les appareils présentés n'o^ ffrent
pas encore assez â". garanties pour convain-
cre et. décider des acheteurs., On doit et on
peut faire beaucoup mieux.
Lucien Gasparin.
Député de ta Réunion,
i. -*
Rivalité de missionnaires
'O-
Une assez vive rivalité met aux prises sur
le territoire britannique de la Côte de l'Or,
les missionnaires protestants anglais et les
missionnaires catholiques français. Jusqu'à
présent, la prépondérance appartenait sans
conteste aux religieux des Missions africai-
nes de Lyon. Mais les missionnaires anglais,
ayant constaté l'attirance qu'exerce sur les
indigènes le déploiement des cérémonies ca-
tholiaues. ont introduit - dans leur -- culte - les
formes extérieures du catholicisme, Chose
curieuse, ils ont même adopté pour leur
compte personnel plusieurs des pratiques du
culte catholique. C'est ainsi qu'ils font l'ex-
position et donnent la bénédiction du Saint-
Sacrement, et que, dans les cérémonies reli-
gieuses, l'évêque protestant est revêtu des
ornements épiscopaux romains. Enfin, ces
temps derniers, l'Eglise protestante de la
Côte de l'Or, qui était indépendante, s'est
ralliée à la Haute-Eglise d'Angleterre et a
adopté xses pratiques rituelles. Cette dernière,
on le sait, manifeste à l'heure actuelle une
tendance très nette à se rapprocher de
l'Eglise romaine, comme en ont témoigné
les fameuses conférences de Malines prési-
dées par le cardinal Mercier.
A Fez et ailleurs
00 -
Notrer confrère royaliste Candide, qui est
certainement le journal littéraire le mieux
fait que nous dyons, publie une série d'échos
sur le Maroc, Ils montrent à la fois la sû-
reté de ses informations et l'habileté qu'il a
eue de se ménager un correspondant aussi
bien renseigné dans la zaouia résidentielle.
Fez mondaine et la guerre
Dès que se déclencha l'attaque brusquée
d'Abd-el-Krim, la colonie féminine de Fez
se mobilisa avec la plus simple élégance
pour faire face aux événements. La com-
tesse de 'Chambrun qui venait de décider un
départ en France, # déjà longtemps retardé,
rappela au plus vite ses bagages, et orga-
nisa séance tenante les travaux de la Croix-
Rouge. Mme Fleury suspendit ses réceptions.
Les réunions de tennis de Mrs Mackereth fu-
rent supprimées. Tout le monde courut aux
ateliers d'où sortaient, pour parer aux plus
urgents besoins des blessés, oreillers, chemi-
ses, pyjamas, etc. Mme Colombat, vraie mère
des sobdats, exerça une véritable permanence
consolatrice à l'ambulance.
A l'otrvroir, parmi les femmes d'officiers,
de banquiers et de commerçants, on remar-
quait : Mmes Vibert, Le Guevel, Barreaux,
Amédêe Blanc, Normand, Darray, Boucher,
Sagne, Lecaze, Coudert, combien t'autres.
L'hôpital Auvert qui en temps de paix, re-
présentait un centre musical de haute tenue,
où brillaient Mmes de l'Estang, Melnotte,
de Saint-Blanoas et Mazère, vit ses solistes
se transformer en bénévoles, et Mlle Krug,
musicienne remarquable, réapparaître uni-
quement en infirmière-major.
,, Rendons grâce à ces charmantes Françai-
ses qui contribuèrent puissamment à affermir
dans l'opinion locale la confiance dans la so-
lidité de nos armes. Le pacha de Fez leur
rendit, d'ailleurs, le plus solennel hommage
en avouant que ses « services », parfaitement
informés des. mouvements de notre opinion,
ne lui avaient signalé, en tout et pour tout,
qu'un seul départ de Fez, un peu hâtif. « Si
les rôles avaient été renversés, conclut-il en
souriant, nous n'aurions pas fait mieux. »
Le secrétaire de la main
Le maréchal Lyautey n'utilise pas les ser-
vices d'une sténographe, mais d'un « secré-
taire de la; main « auquel il 'dicte la totalité
de sa correspondance quotidienne officielle et
personnelle. C'est en remplissant cet office
pendant de longs mois, que M. Vatin-Péri-
5npn, le chef du cabinet civil démissionnaire
de là Résidence, pénétra peu à peu la pen-
600 intime du « patron n, comme on dit à
Rabctt; et put la servir avec tant de fidélité.
Accueillant, aimable, avec un rien de rai-
deur commerciale, M. Vatin-Pérignon excel-
lait à voiler la vérité de gazes aériennes qui
semblaient la découvrir tout entière. Dans
une période aussi difficile que la présente,
nul ne saura avec un plus cordial cynisme
lancer négligemment à l'informateur pressé
de courir au front :
En passant. La jumenterie de Mek-
nès i,.. Connaissez-vous la jumenteric de
Meknès ?
Mme Vatin-Pérignon, née Lefebvre-Ponta-
lis, et mariée depuis trois ans à peine, dont
la jeunesse, le charme et la sitnplicité ravis-
saient la « cour » de Rabat, ne manquera
point,de goûter quelque repos dans la. dis-
grâce dorée. L'hôtel Transatlantique, centre
de la vie mondaine de Fez, ne la verra plus
attendre au soleil couchant le retour impro-
bable d'un mari acharné à prévenir les moin-
dres désirs du proconsul, jusqu'à la minute
où, tout espoir évanoui, elle gagnait simple-
ment la table de quelques fonctionnaires
amis'';
Invitez-moi ! Le patron me force encore
à dîner seule.
La générale Daugan
Le général Daugan, qui fut le grand chef
militaire du Sud-Marocain, compare volon-
tiers l'efficité de son action guerrière à,
celle de l'action pacifique de Mme Daugan.
Il hésite à obnelure à laquelle des deux re-
vient davantage l'amitié solide qui le lie aux
grands caïds.
- La pouponnière, que ma femme a fon-
tiée, distribue, songez donc, 150 biberons par
jour aux petits Berbères. Et le nombre en
augmente sans cesse ! Les tribus sont très
frappées de tels résultats.
Mais ce fut lors de la visite de M. Mille-
rand que la générale Daugan accomplit sans
doute l'un des gestes les plus effectifs de l'oc-
cupation française au Maroc. Comme le
Glaouï, en effet, avait autorisé ses femmes à
sortir sur la terrasse pour voir passer le cor-
tège présidentiel, et qu'elles se penchaient
avec un peu trop de curiosité :
- Soyez raisonnables, conseilla doucement
Mme Daugan. Votre mari a été aimable.
N'abusez pas.
Les Berbères, caïds ou non, qui ne transi-
gent pas sur les ?droits qu'ils tiennent du
Coran, ont connu cette délicate intervention
et l'ont goûtée très vivement.
- De la dissidence
Les événements ont amené -au Maroc une
modification dans la terminologie usuelle
concernant la fidélité aux engagements de
toute nature, qui, sans nul doute, va gagner
rapidement Paris.
Ne dites donc plus :
Lafoix Bonsieur et Cie sont en difficul-
tés de règlement avec leurs fournisseurs.
Dites:
Lafoix Bonsieur et Cie inclinent vers
la 'dissidence. On multiplie les efforts pour
les rallier.
Ne dites plus :
Les écarts conjugaux de la petite Mme
Lecerf confinent au scandale.
Dites :
- La petite Mme Lecerf se roule dans la
dissidence.
Enfin, s'il est patent que votre cuisinière,
au lieu de faire le dîner, s'habille pour le
cinéma, excusez-vous simplement :
La dissidence gagne mes domestiques.
Il venait du Maroc
ao la Sodét6 des
Espérons qu' aujourd' hui , la Société des
Steeple-Chases de France sera plus heureuse
avec la journée des Drags qu'elle ne l'a été
mercredi avec la grande course des Haies qui
est devenue, depuis quelques années, lorsque
le soleil est de la fête, la journée la plus sé-
lect de la grande semaine des courses.
Les héros qui, mercredi, n'ont pas craint
1'avajanche et se sont risqués sur la butte Mor-
temart ont eu, outre un sport intéressant, un
spectacle fort réjouissant.
Il y avait, après la Grande Course de
Haies gagnée par Rocking Chair –< dans
Rocking il y a presque Rogue, et le cheval de
M. Tittement, qui aime la boue, a gagné par-
ce qu'il était copieusement servi - le prix
Artæ Talon, military international, dans le-
quel seuls le premier Wery Good et le second
Manambas ont fait correctement le parcours.
Mais le spectacle, dans cette course, fut
donné par l' Ascalonite, beau cheval gris d'un
caractère difficile ; Paris-Sport prétend même
que le cheval, venu pour la course en droite
ligne du Maroc, a fait montre de la sauvagerie
des Riffains. Le gris intraitable, après lavoir
semé son cavalier dans une chute à la rivière,
s'est attaché au pas de l'innocente Normandie
II, voulant mordre sa camarade et M. dPe.
ville. D'abord au bull finch L'Ascalooite pre-
nant à belles dents la bride de Normandie Il
l'a fait se dérober. La jument étant ramenée
et sautant, il l'a attaquée ensuite jusqu'au po-
teau, 5 '/en prenant. ensuite, une fois le but
passé, à Menthon Saint-Bernard et à son cava-
lier, M. 3e La Forest, qui a dû se défendre à
coups de cravache, pour ne pas être trop gra-
vement mordu aux fesses et qui a eu seulement
son pantalon déchiré. Heureusement que les
dames étaient peu nombreuses.
L'Ascalonite ne s'est calmé que lorsqu'il a
vu s' approcher son ordonnance avec sa chéchia
rouge. Reconnaissant un ami, il a daigné
obéir.
Boiard.
Il venait de la Côte d'Ivoire
̃ o»
M s'appelait Kooiabi, de la tribu des Oua-
bé. M. Maiîrdcc Mizraki, administrateur
coliaiidal, avait déraciné ce aïoir, il y a quel-
ques mois, parce que c'était un bon do-
mestique.
Kouabi a/vait paru d'abord tgoiMer la vie
parisienne. Piuis il donna des signes de
dérangement cérébral. A plusieurs repri-
ses, ifl s'enfertma dans la cave de son mal-
tre, criant à celui-ci : « Toi vouloir tu or
moi J). Par la douceur, M. Mizraki (parvint
chaque fois à calmer ce flagrant Il dédire
de la persécution ». Mais avant-ihdecr, le nè-
igre vit rouge. Barricadé dans sa chambre,
au premier étage d'un immeuble de Ja rue
de CaH.ais, il bombarda au moyen de bou-
teilles les 1-ooalaires qui traversaierut la
cour. Des agents, appelés, parlementèrent
en vain à travers la porte. Il iafllut recou-
rir aux gaz lacrymogènes. Kouabi, à demi
aveulgllé est hurlant, se jeta alors par la fe-
nétire. Relevé le crâne fracturé, fle pauvre
Kouabi, de la bribu des Ouabé, fut trans-
porté à l'Infirmerie spéciale du Dépôt.
Il revenait de Madagascar
Une société, 2, rue des Italiens, engageait,
il y a huit jours, comme garçon 'de bureau,
un ancien sous-officier, médaillé militairee
M. Eugène Reuillier, 52 ans, 7, rue Ducou.ë-
dic, arrivé de Madagascar deux semaines au-
paravant. Chargé d'encaisser un chèque de
50.000 francs dans un établissement de cré-
dit, 2, rue Edouard-VII, Reuillier touche la
somme et. disparaît. Vol, fugue, assassinat?
On se perd en conjectures. Mais l'argent
semble lui aussi bien perdu.
Un succès du Cartel aux élections
du Conseil général de la Guyane
On télégraphie de Cayenne que les élec-
tions pour le Conseil général de la Guyane
ont eu lieu dimanche dernier, dans le plus
grand calme, comme aux élections munici-
ptales récentes dont ce nouveau scrutin a con-
firmé les résultats.
Il y avait neuf mandats à renouveler. Les
sortants étaient 6 membres de la Fédération
républicaine et 3 membres dit parti radical-
socialiste qui a soutenu M. Eugène Lautier
à la députation aux élections législatives. Les
résultats connus jusqu'à présent donnent 7
élus à ce partie soit pour lui un gain de 4.
On se rappelle qu'aux élections municipales
des 3 et lo mai, les amis de M. Eugène Lau-
tier avaient enlevé la Plupart des mairies.
moiel
INDES FRANÇAISES
Fraudes électorales
Sur la plainte de trois citoyens de Mo-
deliarpeUi, * près de Pondichéry (Indes
-françaises), M. IBarnarnd, ju £ e d'instruc-
tion, a. été chargé par le Parquet, d'ouvrir
une information contre M. Gerbinis, gou-
verneur des Indes, pour fraudes commises
au cours des élections municipales de ma-
blissement de Modeliaperh, le 3 mai der-
nier.
Les trois plaignants ont confié leurs in-
térêts à M" César Campinchi.
Lire en seconde page ;
La Guerre au Maroc,
Au Conseil d'État
00
Requête d'un directeur des contributions
en résidence à Rabat
.Le Conseil d'Etat, considérant : Que M.
Mouzon, directeur des contributions direc-
tes hors cadre, détaché au Maroc sur sa
demande, résidant à Rabat, n'a tiré d'au-
cun texte de loi, ni article de règlement le
droit d'être réintégré dans un emploi .de
directeur en Algérie dès qu'il en ferait la
demande, ni celui d'être affecté au poste at-
tribué à M. BelloL que dès lorfJ ses conclu-
sions dirigées contre les décisions prises en
faveur de ce dernier, uniquement fondées
sur le prétendu droit du requérant d'être
affecté au poste auquel M. Bellot ne sont
pas recevables.
Pour ces motifs : est rejelée la requête
de M. Mouzon, directeur des contributions
directes, hors cadre détaché au Maroc, con-
tre : 1° un décret en date du 24 août 1923,
nommant M. Bellot directeur de 3e çlaaee
des contributions en Algérie ; 2° contre un
arrêté du 10 octobre 1923, affectant M. Bel-
lat à la direction de Constantine.
M. Mouzon soutenait avoir droit au pre-
mier poste de directeur devenu vacant en
Algérie, après la demande de réintégration"
qu il avait formulée le 18 février 1922, poste
indûment attribué disait-il a M. Bellot.
La Conférence de Madrid
Le général Primo de Rivera arrivera &
Madrid mardi prochain. Son arrivée coïnr
cidera avec oeJle de M. 'Malvy.
Tout porte à croire due la conférence,
ajournée deux fois, pour étudier les ba-
ses de l'accord terrestre, aboutira à. un ré-
sultat.
Enfin, on croit savoir que la prochaine
conférence pourra traiter des conditions iL
imposer à 'Abd el Krim.
Le statut de Tanger
--00--
Une députation s'est rendue à Tétouan;
pour protester auprès du''général Primo CW
Rivera contre les taxation. exorbitantes
imposées par le nouveau statut de Tanger.,
Cette protestation émané surtout, des re$<
sortissants espagnols établis à Tanger,.
LE RÉGIME POLITIUDE AUX COLONIES
,
A la suite des troubles électoraux qui
sont produits dans certaines colonies, M. Aiv
dré Hesse, ministre des Colonies, a, par une
circulaire envoyée à tous les Gouverneurs,
institué le régime de la détention politique
dans des conditions exactement semblables à
celles qui sont appliquées dans la métropole.
AU S:&N.AT
--0-0--
- Interpellation ajournée
Comme l'avait demandé M. Painlevé au
cours de son audition devant les grandes
Commissions du Sénat, la discussion de
l'interpellation de M. Bluysen sur l'action
diplomatique et militaire de la France au
Maroc, viendra devant la Haute Assemblée
le jeudi 2 juillet.
A LA CHAMBRE
DEBATS
Le budget
Au début de, la séance de l'après-raidi,.
la Chambre a adopta :
1° Un projet de loi, adopté par la Cham-
bre des députés, adopté avec modifications
par le Sénat, relatif aux nominations et
promutiorts dans l'ordtre national de la
Légion d'honneur destinées à récompen-
ser les concours prêtés à l'expansion com-
merciale ;
2° Un projet de loi portant attribution
d'un Seontingent spécial de croix do kl
Légion d'honneur à l'occasion du l'Exposi-
tion coloniale, industrielle et commerciale
de Strasbourg.
Puis l'assemblée revient. au budget. De-
puis le matin elle avait adopté le budget.
des Affaires étrangères, de l'Intérieur, de
tla Guerre, de la présidence du Conseil, de
la Marine, de l'Instruction publique, des
Beaux-Arts, de 'l'Enseignement technique,
du Travail et de l'Hygiène.
Elle aborda ensuite le budget ù{;s Co-
lonies et aborde les chapitres ;1, i. d r>, re-
latifs a.u traitement da personnel et le cha-
pitre 1; concernant les secours.
Au chapitre 15 relatif à la propagande-
cQloniale, M. Hobaglia demande an minis-
tre des Colonies do défeudnc très énergi-
qu'ement le service de propagande coln-
niale, dont le crédit a été réduit par le Sé-
nat de ">.000 francs.
M. Archimbaud indique, que l'état ac-
tuel du budget do l'Afrique Equatoriale
permet, d'accepter cette réduction.
Lo chapitre est l'tisuile adopté ainsi que
le chapitre 17, attribution aux person-
nels civils do l'Etat d'allocations pour:
charges de famille ; 19, avances rembour-
sables aux fonctionnaires et ayants c.ausn
de fonctionnaires on instance de pension..
(Application de l'art. 28 do la 10i du 3.1 dé-
cembre ItCO et décret du 21 juin 1924) et
31 relatif aux garanties d'intérêt à la Com-
pagnie du chemin de fer franco-éthiopien.,
Sur le chapitre 39 concernant la solda
des troupes coloniales (groupe de l'Afri-
que occidentale française).
M. le général Pcllier, directeur des Services
militaires, commissaire du Gouurrntmcnt, re-
marque que le renchérissement du prix de la
vie aux colonies, l'encliéirsscmont des passages.
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