Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1933-07-20
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32693410p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 20 juillet 1933 20 juillet 1933
Description : 1933/07/20 (A33,N82). 1933/07/20 (A33,N82).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
Description : Collection numérique : Thème : L'histoire partagée Collection numérique : Thème : L'histoire partagée
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6380626f
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/02/2013
TRENTE-TROISIEME ANNEE. - N° 82
LB NUMERO : 30 CENTIMES
JEUDI SOIR, 20 JUILLET 1933.
JOUKML OUOTlOE.
Rédaction & Administration :
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paris an
TELEPH. 1 OPERA «1-M
Les Annales Coloniales
e À Ili" cl
Les annonces et réclames sont reçues au CR>MN>TCIID M 1 DIIPHPI TOUX les A'-NRIRS INNNRI ,UM bureau du tournai. rvWUATBUR : arce nUCl/CL t'Ire ,'eJJ,,,d,,,,,. 'l" pn riinut les ANNALES C(lI.U:--;IAI.F.,
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avec la Revue illustrée :
Un an 0 h.. 3 Moi.
France et
Colonies 180 » 100 * 50 »
Etranger.. 240 » 125 * 70.
On s'abonne sans frais d ins
tous les bureaux de poste.
LA PROTECTION DES OLÉAGINEUX
La France organise
son économie
> m%m <
Parmi toutes les mesures législatives
adoptées par les Chambres en fin de ses-
sion, l'institution d'un droit de douane
$ur les graines oléagineuses, votée sans
débats, a passé à peu près inaperçue.
C'est pourtant un geste dont il importe
de souligner la portée considérable, car
SI inaugure une orientation nouvelle de
Botre politique économique et consacre
l'étroite solidarité qui va s'affirmant en-
tre les intérêts vitaux de la France et
ceux de ses colonies.
La question s'était posée d'abord sur
l'angle strictement colonial.
, o o
ses est la seul e qui soit absolument géné-
rale dans nos possessions de la côte oc-
cidentale d'Afrique, la seule aussi qui
ait pris une ampleur considérable. Les
indigènes en tirent leur principale source
de revenus. Elle est le moteur du com-
merce d'importation et d'exportation, et
par là, de la vie budgétaire des adminis-
trations.
Ce pilier central de l'édifice social
africain était menacé de s'écrouler.
Sous l'influence d'une surproduction
des corps gras dans le monde, aggravée
par les progrès de la chimie qui permet
de les substituer les uns aux autres dans
tous leurs emplois, une baisse redoutable
a progressivement avili les prix sur les
marchés internationaux. On aura une idée
de la sévérité de ses effets en constatant
qu'au Sénégal, la plus importante colo-
nie de notre Afrique occidentale, la va-
leur-or de l'arachide est tombée à moins
de 32 de ce qu'elle était avant la
guerre.
Une effroyable misère s'est répandue
sur les populations ; en certains points
éloignés de la mer, les indigènes préfè-
tent consommer leur récolte plutôt que
de la vendre à des prix dérisoires ; les
amandes de palme, non directement co-
mestibles, pourrissent sur place. A l'avi-
lissement des cours, s'est ajouté, consé-
quence naturelle, l'amoindrissement du
tonnage traité. Le Sénégal avait exporté
en 1930, 503.000 tonnes d'arachides ;
cette quantité en 1932 est tombée à
H92.000.
Les entreprises commerciales se sont
écroulées comme châteaux de cartes. Les
finances publiques sont en détresse.
L'aide de la métropole a été deman-
dée. Les primes d'exportation, les sub-
ventions seraient une forme d'assistance
inopérante et trop lourde.
Une seule solution valable restait :
protéger par un qroit de douane, sur le
marché français, les oléagineux de nos
colonies.
Cette solution se heurtait au principe
traditionnel de nos tarifs : l'exemption
des matières premières. 11 était à crain-
dre qu'elle ne lésât les intérêts fort res-
pectables d'industriels travaillant pour
l'exportation.
Mais un double renfort est venu épau-
ler la cause des coloniaux.
D'une part l'agriculture et l'élevage
métropolitains se sont mis de la partie.
La crise des matières grasses n'affecte
pas seulement les arachides et les aman-
des de palme, mais les olives, les colzas,
les' lards, les saindoux, les beurres
mêmes.
D'autre part, les pays étrangers ont
'donné l'exemple de mesures protection-
nistes.
L'Angleterre, depuis la Conférence
Impériale d'Ottawa, frappe d'un droit
de 10 les graines, les huiles et les
* tourteaux ne provenant pas de ses colo-
nies.
En Allemagne, le chancelier Hitler
vient d'instituer un monopole rigoureux
des matières grasses, avec un triple but :
protéger l'agriculture et l'élevage natio-
naux ; instituer un dumping en faveur
des industries exportatrices d'huile et de
margarines ; affranchir le pays de la su-
jétion, qui avait tant pesé dans le résul-
tat de la dernière guerre, d'acheter à l'é-
tranger ses corps gras.
Pour la France, la question coloniale
devenait nationale. Allions-nous, en lais-
sant périr notre production d'oléagineux
sous l'effet de la fermeture des princi-
paux marchés étrangers et d'une recru-
descence de la concurrence sur le nôtre
resté ouvert, compromettre en cas de con-
flit armé l'alimentation de notre peuple,
le ravitaillement de nos usines ?
Ces considérations majeures ont dé-
terminé le vote de Parlement. L'effet du
nouveau droit sera léger pour le consom-
mateur. Vhuile est d'ailleurs un des ra-
res produits qui, en prix-or, coûtent au.
jourd'hui moins cher qu'avant la guerre.
Des mesures judicieuses sont prises
pour ménager l'intérêt des industriels :
drawback, dénaturation, etc. Il est à
souhaiter que le renforcement de la pro-
tection dont jouiront leurs produits fa-
briqués leur réserve notre marché inté-
rieur et leur assure une compensation à
la perte des débouchés extérieurs qui, on
l'a vu, se dérobent.
En tout cas, nos colonies africaines
sont sauvées. Et la France ne manquera
pas de matières grasses.
Chaque année elle importe : 1.200.000
tonnes de graines oléagineuses, 700.000
tonnes d'arachides, 250.000 tonnes de
lin, 200.000 tonnes de coprah, 50.000
tonnes de graines diverses (ricin, sésa-
me, etc.).
Ses colonies sont capables, en très peu
de temps, de lui fournir tout cela : le
Sénégal et le Soudan n'ont qu'à repren-
dre et à accroître un peu leur capacité
de production d'arachides ; le Maroc
peut, en quelques années, remplacer l'é-
tranger pour les graines de lin, et nos
autres possessions de la côte occidentale
d'Afrique, riches d'amandes de palme,
qui sont le succédané parfait du coprah,
propres à la culture du sésame et du ri-
cin, fourniront aisément le reste.
Notre balance commerciale avec les
pays qui nous vendaient des graines oléa-
gineuses, accusait en 1930 un déficit de
2 milliards et demi. Ces deux milliards
et demi resteront entre Français, et sti-
muleront les achats de nos colonies à la
métropole.
L'économie impériale française s'orga-
nise.
Un pas décisif est fait dans cette voie
qui mène à la sécurité et à la prospérité.
Il est heureux que la question se soit
posée pour la première fois sur le terrain
le plus favorable : l'union des intérêts
était évidente, les matières grasses sont
celles dont nos colonies sont en état de
nous fournir le plus vite notre suffi-
sance.
Demain, il faudra élargir le succès. Il
n'est pas un seul produit d'importation
que nous ne puissions demander à nos
colonies.
Les marchés extérieurs se ferment.
N'en soyons pas alarmés.
L'immense marché intérieur de l'em-
pire France-Colonies doit suffire à tous
nos besoins et nous permettre de réali-
ser, à l'abri de frontières militairement
et économiquement sûres, avec la garan-
tie d'une monnaie admirablement saine,
le niveau le plus élevé de bien-être qu'il
ait jamais été donné à un peuple d'at-
teindre.
- Louis Proust,
liriHitS d* Indre-et-Loire,
in'-l'rrsiilrnt (h> la l'ouï mission
fli• VAlu^rit.', fies Colonies
rl
) -M*M- (
Le roi du Cambodge
a pitié des contribuables
Il réduit les impôts.
On mande de Pnom-Penh que par ordon-
nance de S. M. Sisowath Monivong, roi du
Cambodge, il a été décidé de réduire de
16 l'impôt personnel Ipour les Cambod-
giens. Cette mesure est inspirée par le désir
d'alléger les charges de la population
éprouvée par la trise.
RAPIDEMENT.
It »
- On a découvert, dans son appartement
de Lunéville, le cadavre du colonel Holtz,
commandant la 40 brigade de cavalerie, qui
s'était suicidé d'une balle dans la tête. Le
colonel Holtz avait commandé le premier
régiment de spahis marocains à Alep
(Syrie).
- Le Conseil municipal de Marseille a
voté une motion hostile à l'institution d'un
service rapide Paris-Alger, jugé contraire
au intérêts du commerce marseillais.
- Pour vagabondage spécial, vol et es-
croqueries, l'Arabe Kadra-Kaddour, soldat
au train des équipages, a été condamné à
8 ans de prison par le tribunal militaire de
la Seine. Cette peine se confond avec une
précédente condamnation.
- Le peintre Marin Durand de Saint-
Front, peintre de la marine, connu sous le
nom de Marin Maire, est arrivé à Fort-de-
France le 14 juillet.
-- M. Priolet, commissaire spécial à la
police judiciaire, a découvert, rue du Pe-
tit-Pont, une fumerie de haschisch. Le tra-
fiquant, un Algérien, a été arrêté. Six Turcs
seront poursuivis.
- M. Carde, Gouverneur général de l'Al-
gérie, a visité hier le port aérien du Bour-
get et effectué un vol à bord d'un avion tri-
moteur.
- M. Peyrouton, secrétaire général du
Gouvernement général de l' A lérie, qui
avait pris passage à bord de VEl-Riar à
destination de Marseille, est arrivé à Paris.
AU MAROC -
La dissidence
est en régression
Les opérations réalisées permettent
d'entrevoir la pacification
totale
Une information de Rabat nous signale
que le développement rapide des opérations
commencées depuis le début de juillet con-
tre la tache dissidente du Grand Atlas per-
met d'escompter des résultats intéressants.
Ce sera, d'abord, le fractionnement géo-
graphique de ce qui restait de la résistance
grâce à la marche convergente des groupe-
ments qui opèrent qu Nord et au Sud, et
qui ne sont plus qu'à une vingtaine de kilo-
mètres les uns des autres. Vingt kilomètres,
il est vrai, de rude et sauvage montagne
dans laquelle le groupe mobile de Marra-
kech pousse une piste, en certains points,
audacieuse autant que vertigineuse.
Cette piste, qui sera demain la grande
voie de communication à travers le Grand
Atlas, la quatrième que nous aurons éta-
blie, atteint la région de l'Aghembo NIfen,
à 3.0()() mètres d'altitude. Cependant, les
groupes du Nord, Tadla et confins, qui tra-
ient cette voie impériale en descendant vers
le sud, dépassent actuellement Agoudal.
Des groupes équipent en même temps tout
le pays de l'Assif Melloul, demeuré jus-
qu'ici sauvage et impénétré.
La rapidité avec laquelle ces opérations
ont été conduites a un autre résultat : ce-
lui de désorganiser la résistance des Aït Ha-
didou et Aït Moghal, tribus rudes et guer-
rières décidées à une longue lutte. De nom-
breuses familles Aît Iladidou ont fait leur
soumission : d'autres groupes ont envoyé
des émissaires et déjà, parmi les tribus qui
portaient les armes contre nous, au début du
mois, on recrute des travailleurs pour les
tiavaux de piste.
LE PROCHAIN VOYAGE DU SULTAN
EN FRANCE
On confirme de Casablanca que le voyage
du sultan du Maroc en France aura lieu
du 5 août au 10 septembre. Le sultan s'ar-
rêtera a Marseille une demi-journée et ira
coucher à Lyon d'où il repartira le lende-
main pour Paris où il plissera cinq jours.
Il se rendra ensuite à Vittel où il demeu-
rera une semaine.
Il poursuivra sa randonnée jusqu'à Evian-
les-Bains où il s'arrêtera cinq jours. Enfin,
il se rendra à Nice où il restera qua-
rante-huit heures, et s'emlbarquera le lende-
main de Marseille pour le Maroc.
Au cours de son voyage en France le
Sultan rencontrera M. Henri Ponsot, le
nouveau Résident général de France au
Maroc.
Cette renconttè aurait lieu, croyons-nous,
à Paris, lors du passage du Souverain dans
la capitale.
LA TERRE TREMBLE A FEZ, TAZA
ET CASABLANCA
Lundi matin vers six heures, deux secous-
ses sismiques ont été enregistrées à Fez.
Leur durée a été de quatre secondes cha-
cune.
A Ta7a également, à la même heure, une
secousse d'une durée de quatre secondes a
été ressentie.
On signale les mêmes phénomènes à Ca-
sablanca et dans les environs.
EN TUNISIE
line décision
de la Résidence
Les indigènes pourront accéder
à de hautes fonctions
administratives
Une mesure importante concernant l'accès
des indigènes tunisiens à de hautes fonc-
tions administratives, dont la liste sera éta-
blie chaque année, vient d'être prise par le
Résident général.
Le décret qui vient de paraître à ce sujet
prévoit que les candidats de nationalité tu-
nisienne ayant accompli effectivement le
service militaire, soit dans l'armée fran-
çaise, soit dans l'armée beylicale, ou ayant
été exemptés du service militaire en appli-
cation des lois et règlements en vigueur se-
ront, au même titre que les citoyens fran-
çais et sous les mêmes conditions d'apti-
tudes, admissibles à concourir aux fonctions
et emplois publics de l'Etat tunisien.
Cette accession sera faite par étapes pro-
gressives, les fonctionnaires de nationalité
tunisienne admis dans les grades bénéficiant
des règles de statuts, de traitements et de
retraite prévues par les décrets en vigueur.
Si leur aptitude est incompatible avec le
loyalisme que nous sommes en droit d'exi-
ger d'eux, tant à notre égard qu'à l'égard
des autorités du Protectorat et de la nation
protectrice, la sanction à intervenir sera
prise après avis d'une commission.
On Dall en uniforme
a passé la frontière
4-
C'était pour s'engager
dans la Légion étrangère
Lundi dernier,dit une information de Metz,
!f' gendarme Moy^ier, de Sierck (arrondis-
sement de Thionville-Est), se trouvait en
surveillance à la frontière, près d'Apach,
lorsqu'il vit venir vers lui un hitlérien en
uniforme, qui l'aborda et lui déclara qu'il
demandait à entrer dans la Légion étran-
gère, préférant la vie en Afrique à celle
qu'il menait dans son pays.
I.e transfuge venait du Hanovre où il se
trouvait embrigadé dans un bataillon de
travailleurs mobilisés. Il a été conduit au
bureau de la brigade, pour les formalités
d'usage.
Des bouddhistes en Europe
Ils se proposent de convertir
l'Occident à l'antique.
* religion
Une dépêche de Londres annonce que
quatre-vingt moines bouddhistes ont quitté
Rangoon pour l'Europe.
Ils sont vêtus de haillons et ont juré de
dormir toujours à la belle étoile.
Cette expédition a été organisée par
Bikshu Loknath, le moine bouddhiste ita-
lien actuellement à Calcutta ; les quatre-
vingts pèlerins entendent faire du prosé-
lytisme et enseigner à l'Occident l'exacte
signification de leur religion.
lïikshu Loknath organise une expédition
semblable de bouddhistes du Siam et du
Cambodge.
Le Français colonisateur
au Canada
Êk
PEINE avais - je
termine mon ar-
ticle sur les pre-
miers Canadiens
que je trouvais
dans le « Bulle-
tin Quotidien de
Presse Etrallgè-
re », tlll articlt
dû au correspon-
dant du Times
à Ottawa.
Il v est ques-
tion du dernier recensement de 1931, et ; des
proportions relatives aux diverses souches
ethniques à qui ont constitué cette nation,
française à l'origine. le cite textuellement :
« Les Canadiens français, avec leur parti-
cularisme fervent, tiennent toujours à savoir
s'ils ne perdent pas de terrain. » Ils avaient,
paraît-il, été déçus lors des deux recense-
ments décennaux qui avaient précédé celui
de juin 1931. C'est maintenant, aux « élé-
ments britanttiques » de s'inquiéter. Sur une
population totale de dix millions d'habi-
tants, les Canadiens de race britannique fi-
gurent pour la moitié ; les Français y figu-
rent pour près de 3 millions.
Les britanniques ont un gain d'environ
10,52 contre un gain de 25 pendant la
période décennale précédente. Les Français
maintiennent leur progression normale de
20
Notons que, dans la province de Québec,
il y a 2.270.069 Français contre 432.726
Britanniques. Majorité écrasante. En revan-
che, dans l'Ontario, il y a 2.539.711 Britan-
niques pour 299.732 Français; les Allemands
ne viennent, que bien après, avec 174.000
habitants, les Juifs avec 62.383, les Hollml-
dais avec 60.241, les Italiens (J'l)eC 50.536.
Les trois provinces maritimes ont 721.203
Britanniques contre 206.590 Français, 29.757
Allemands, 17.014 Hollandais,
Tes trois provinces de la prairie comptent
1.195.084 Britanniques contre 241.760 Alle-
mands, 198.878 Ukrainiens, 163.542 Scan-
dinaves,, 136.116 Français, 87.761 Polonais,
63.375 Russes, 63.317 Hollandais ; c'est la
rlgion la plus cosmopolite. Les Britanniques
sont la minorité dans la grande province de
Saskatchcnan, mais ils sont la grande majo-
rité dans la Colombie britannique (489.923
sur 694.263 habitants) ; il v a là 50.951
Asiatiqucs) ear tous les Japonais, sauf un
millier, sont sur ce territoire. les Japonais
sont passés de 15.868 à 23.342 en dix ans,
soit une augmentation de 50 La progres-
sion des Chinois est peu importante.
Quant à la population indienne autochtone,
elle s'élè'l'c juste, en dix ans, de 110.814
à 122.911, soit un gain de 10 et plus :
elle ne paraît pas en danger de disparaître,
au moins immédiatement.
Je reviens à la liste des premiers émigrants
qui, depuis Richelieu, étaient venus fonder
en Amérique une nouvelle France. Parmi
eux, tous les Etats sont représentés, toutes
les professions sociales jusqu'à celle des no-
taires, mais surtout les agriculteurs ; il en
arrive de toutes les provinces ; ces faysans
feront mentir le fameux distique :
Il avait la charrue et l'épée en horreur,
Etant, comme l'on dit, un soldat laboureur ;
ils premirotzt avec la même vaillance la
charrue pour travailler la terre, et les armes
pour repousser l'Indien qui surgit traîtreu-
sement, pille, massacre, incendie. En 1667,
le Canada n'a encore que 4.000 habitants.
Il en compte ensuite 6.282. Puis, un temps
d'arrêt. « Plusieurs fois, écrit M. Gaxotte,
les décès et les départs l'emportèrent sur
les IIaiumtces. » 19.000 en 1714, 34.000
en 1730, 70.000 en 1756. « La na-
tion canadienne est née. L'homme l'a em-
porté sur la foret et sur la mort, la colonie
possède ses champs de blé, de chanvre et
de lin, ses filatures, ses pêcheries, ses for-
ges. » Ce sont tous ces souvenirs qu'on
trouve à la base de ce particularisme fervent
dont parle notre confrère britannique, A des
siècles de distance, les arrière-petits-neveux
des paysans français débarqués au début du
xvn" siècle se comptolt avec une sorte de
piétl filiale qui est bien faite pour nous
émouvoir.
Mario Rowutan,
Sénateur de V Hérault i
Ancien ministre.
Vice-président de la-Commission
des Colonies.
DE LA BULGARIE A MADAGASCAR
La loi du travail
aux colonies
au colo iies
L'économie coloniale n'est plus confinée
dans l'étude de questions spéciales intéres-
sant les peuples extraeuropéens dits « pri-
mitifs n, elle déborde, chaque jour davan-
tage, sur le "Homaine des questions sociales et
économiques <1111 touchent, généralement, à
la vie de tous les peuples civilisés.
Je faisais cette réflexion --. moins banale
qu'on pourrait penser au prime alxml - en
lisant, ces jours-ci, un livre remarquable de
M. J.-P. Koszul sur « Les efforts de res-
tauration financière de la Bulgarie 9.
L'auteur de ce livre, si richement docu-
menté et si limpidenient comjjosé, est un
excellent financier et économiste qui ne s'est
jamais, à ma connaissance du moins, occu-
pé de questions coloniales.
Mais, ayant à étudier un problème de
restauration financière nationale lié au pro-
blème plus général de la restauration finan-
cière européenne, il a été amené, naturelle-
ment à parler d' une institution comme « le
service obligatoire du travail en Bulgarie ».
11 remarque. que l'institut ion de ce ser-
vice obligatoire du travail fut un des pre-
miers actes du gouvernement paysan de
Stamllouliski,
III nous décrit son fonctionnement. L'en-
rôlement des assujettis se fait par l'inler-
médiaire de dix bureaux régionaux de cons-
cription et d'une direction générale ressor-
tissant au ministère des Travaux Publics.
Chaque année la direction générale arrête
le programme des travaux à exécuter au
cours de l'année suivante.
Au printemps, les assujettis sont convo-
qués et répartis en « colonnes de travail »
pour la construction de routes, voies ferrées,
digues, etc. ; en « groupes de praticiens 9
versés dans des usines privées ayant passé
des marchés avec l'état et enfin en « arti-
sans divers » envoyés dans des scieries, des
tuileries, des manufactures spécialement
créées par l'Etat à leur intention.
Comment M. Koszul juge-t-il l'institu-
tion? « Il faut tout d'abord, dit-il, recon-
naître au service obligatoire du Travail une
valeur éducative certaine due au fait que
la population bulgare est encore restée très
inculte et fermée, jusqu'à ces toutes der-
nières années, à une pénétration intellec-
tuelle que la domination turque avait long-
temps retardée.
Grâce au service obligatoire du travail, on
peut, chaque année, « dégrossir 9 plusieurs
milliers de paysans, les initier à de nouvel-
les méthodes de travail, leur apprendre un
métier. »
Plus loin, il ajoute :
« Seul, en Bulgarie, l'Etat disposait de
l'autorité et des moyens nécessaires i>our me-
ner à bien une tâche aussi formidable que
celle de la reconstruction du pays, et ce
n'est certes pas les initiatives individuelles
qui, devant la pénurie quasi totale des ca-
pitaux, eussent pu songer à se substituer à
lui.
Et il conclut :
« Dans la mesure où il a permis le groupe-
ment rationnel des efforts de chacun et leur
orientation, au lendemain de la défaite, vers
les travaux les plus urgents - qui n'étaient
pas nécessairement ceux dont la rentabilité
était la meilleure - le service obligatoire
du travail, institution originale, institution
osée, institution héroïque, mérite d'être con-
sidéré comme un des éléments ma rquants du
redressement économique de la Bulgarie. »
Et en lisant ces lignes d'un technicien fi-
nancier, uniquement préoccupé d'un problè-
me financier intéressant un pays européen,
je ne pouvais m'empêcher de songer aux at-
taques qui avaient, il y a quelques années
à peine, été dirigées, à Genève, contre la
politique instaurée à Madagascar par le dé-
cret du 3 juin 1926, qui a créé le service
de la main-d'œuvre pour les travaux d'in-
térêt général (S.M.O.T.I.G.) dont M. le
gouverneur Marcel Olivier nous présenta,
en 1931, l'éloquente défense dans son beau
livre sur « Six ans de politique sociale à
Madagascar D.
Qu'on relise, dans ce livre, les pages con-
sacrées au S. M.O. T. I. G., on y trouvera
les idées mêmes qui servent à justifier, dans
celui de M. J.-P. Koszul, le service obliga-
toire du travail en Bulgarie. Sont évoqués
le rôle de l'éducation économique et sociale
pour les individus, le rôle d'organisation ra-
tionnelle de l'économie nationale pour les
autorités publiques et résumée toute la valeur
sociale de l'institution dans une formule que
j'emprunte à M. Marcel Olivier, mai s que,
j'en suis sûr, ne repousserait pas M. Koszul:
« Le droit de contrainte, ici, n'a de raison
d'être que s'il poursuit un but moral élevé.
Au développement économique du pays -
qui l'explique - doit correspondre le pro-
grès moral des habitants qui le justifie, 1
J'entends bien que les sceptiques et les
pessimistes de Genève et d'ailleurs m'objec-
teront que le service obligatoire du travail
à Madagascar, comme en A. O. F., comme
en Bulgarie, ressemble à la langue de la
fable. Il peut être un instrument de progrès
social ou d'asservissement et d'exploitation
suivant la volonté ou l'arrière - pensée de
ceux qui en disposent. Et j'en tombe vo-
lontiers d'accord.
Et c'est pourquoi je pense qu'au lieu de
dénigrer systématiquement et a priori les
les institutions coloniales, à Genève et ail-
leurs, mieux vaudrait songer à organiser un
contrôle sérieux et sévère des actes de la co-
lonisation.
Ce contrôle peut et doit être international.
Aucune nation n'a le droit moral de se sous-
traire à un tel contrôle.
Si la colonisation n'est pas œuvre de ci-
vilisation, elle n'est qu' un brigandage.
Et si elle est œuvre de civilisation. elle ne
doit pas l'être seulement dans les discours
officiels et dans les livres écrits pour le
grand public, elle doit l'être dans les actes.
Ces actes, ces actes seuls, l'opinion mon-
diale a le droit et le devoir de les juger.
Mais je ne comprends pas qu'on puisse
critiquer si amèrement à Madagascar ce que
les observateurs les plus objectifs et les plus
impartiaux ne peuvent qu'approuver en Bul-
garie.
Etienne Antonelli,
Professeur à la Faculté de Droit
de Lyon.
- -- -- '-- ---+e---<
Une belle manifestation
de propagande coloniale
"0
Lu distribution des prix aux élève» dus
écoles communales de Xogcnt-t'-Roi (Eure-
el-Loir) il dUllné lieu Ù. une imposante et
clialeuieuse nuiuifestution de propagande
coloniale. La municipalité de la Ville avait
demandé à notre ami, M. Gratien Candace,
député de la Guadeiloupe, uncien sous-secré-
taire du ministère des Colonies, de présider
cette cérémonie. En uutre des trou* cents
élève» qui emplissaient la vaste salle ou etle
se déroulait, la plupart des habitants des
commune» qui dépendent du canton de
Nogent-le-Hoi s'étaient groupée pour enten-
dre le député de iu Guadeloupe. C'cst de-
vant. une assistance de près de mille per-
sonnes que Gratien Candace entouré de
toutes 'les uutorités de lu \'ille, et du haut
personnel de l'enseignement lit son dis-
cours.
Ce discours est une véritable leçon faite
à la jeunesse des écoles. L'exposé historir
que de l'ancien ministre n'a pas laissé in-
sensible ses auditeurs grands et petits.
C'est avec enthousiasme et par des applau-
dissements nourris que le discours a été
accueilli.
Près de cinq cents personnes n'ont pu
trouver place dans l'enceinte réservée plus
particulièrement aux élèves et à leurs pa-
rcnts aussi, le député Gratien Candace a été
prié de donner dans le département d'Eure-
el-Loir une ou plusieurs conférences où
seront reproduites les idées qu'il a si ma-
gnifiquf'ITH\nt exposée» il Nogent-le-Roi.
) (
La culture du tabac
à la Réunion
La culture du tabac est en pleine régres-
sion à la Réunion. E-lle procurait pourtant à
cette colonie, avant la guerre, des revenus con-
sidérables. Le tabac réunionnais était en effet
acheté non seulement par la colonie anglaise
de Maurice, mais encore par Madagascar où
sont établis, comme on le sait, un grand nom-
bre de Bourbonnais.
Depuis la guerre cette situation s'est sin-
gulièrement modifiée.
Maurice s'est mise à la culture du tabac.
Madagascar est devenue exportatrice et fournit
à notre régie.
Les goûts aussi ont changé, si bien que,
aujourd'hui, le tabac d'Algérie est importé,
même à la Réunion, en quantités sans cesse
citvissantep.
Cette situation inquiétante fait l'objet d'une
étude attentive de la Chambre de Commerce
de l'île.
Deux nécessités ont été retenues : D'abord,
une amélioration de la plante locale ou l'in-
troduction d'espèces nouvelles ; ensuite une
meilleure préparation du tabac.
Il y a quelques années ! un des représen-
tants de la Régie française à Madagascar s' é.
tant rendu à La Réunion, distribua des bro-
chures techniques aux planteurs. Mais, par
esprit de routine, aucun compte ne fut tenu
des techniques proposées. Des graines furent
bien demandées en France mais ces semences
se trouvèrent manquer d'homogénéité - une
sélection difficile dut être faite. Finalement,
tout resta en l'état. De leur côté, les vieux
préparateurs de tabac, s' entêtant dans leurs
procédés empiriques et redoutant une concur-
rence, firent tout ce qu'il fallait pour para-
lyser les initiatives gênantes.
On reconnaît aujourd'hui les erreurs et né.
gligences du passé, et surtout qu'un effort
énergique doit être fait pour ne pas perdre
irrémédiablement une situation fort compro-
mise.
C est pourquoi la Chambre de Commerce
vient d'émettre le vœu que l'Administration se
mette en rapport avec les agents de la Régie
à Madagascar pour l'envoi à la Réunion d'un
spécialiste susceptible de guider les planteurs
dans la culture et la préparation rationnelle du
tabac.
D autre part des démarch es seront faites
pour que la métropole envisage l'éventualité
d'acheter aux producteurs créoles une partie
de leur récol te. Ce serait un encouragement
pour la reprise des plantations qui faisaient na.
guère l'aisance d'un nombre important de cul-
tivateurs.
LB NUMERO : 30 CENTIMES
JEUDI SOIR, 20 JUILLET 1933.
JOUKML OUOTlOE.
Rédaction & Administration :
S4, lit M HHt-TUNT
paris an
TELEPH. 1 OPERA «1-M
Les Annales Coloniales
e À Ili" cl
Les annonces et réclames sont reçues au CR>MN>TCIID M 1 DIIPHPI TOUX les A'-NRIRS INNNRI ,UM
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avec la Revue illustrée :
Un an 0 h.. 3 Moi.
France et
Colonies 180 » 100 * 50 »
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On s'abonne sans frais d ins
tous les bureaux de poste.
LA PROTECTION DES OLÉAGINEUX
La France organise
son économie
> m%m <
Parmi toutes les mesures législatives
adoptées par les Chambres en fin de ses-
sion, l'institution d'un droit de douane
$ur les graines oléagineuses, votée sans
débats, a passé à peu près inaperçue.
C'est pourtant un geste dont il importe
de souligner la portée considérable, car
SI inaugure une orientation nouvelle de
Botre politique économique et consacre
l'étroite solidarité qui va s'affirmant en-
tre les intérêts vitaux de la France et
ceux de ses colonies.
La question s'était posée d'abord sur
l'angle strictement colonial.
, o o
ses est la seul e qui soit absolument géné-
rale dans nos possessions de la côte oc-
cidentale d'Afrique, la seule aussi qui
ait pris une ampleur considérable. Les
indigènes en tirent leur principale source
de revenus. Elle est le moteur du com-
merce d'importation et d'exportation, et
par là, de la vie budgétaire des adminis-
trations.
Ce pilier central de l'édifice social
africain était menacé de s'écrouler.
Sous l'influence d'une surproduction
des corps gras dans le monde, aggravée
par les progrès de la chimie qui permet
de les substituer les uns aux autres dans
tous leurs emplois, une baisse redoutable
a progressivement avili les prix sur les
marchés internationaux. On aura une idée
de la sévérité de ses effets en constatant
qu'au Sénégal, la plus importante colo-
nie de notre Afrique occidentale, la va-
leur-or de l'arachide est tombée à moins
de 32 de ce qu'elle était avant la
guerre.
Une effroyable misère s'est répandue
sur les populations ; en certains points
éloignés de la mer, les indigènes préfè-
tent consommer leur récolte plutôt que
de la vendre à des prix dérisoires ; les
amandes de palme, non directement co-
mestibles, pourrissent sur place. A l'avi-
lissement des cours, s'est ajouté, consé-
quence naturelle, l'amoindrissement du
tonnage traité. Le Sénégal avait exporté
en 1930, 503.000 tonnes d'arachides ;
cette quantité en 1932 est tombée à
H92.000.
Les entreprises commerciales se sont
écroulées comme châteaux de cartes. Les
finances publiques sont en détresse.
L'aide de la métropole a été deman-
dée. Les primes d'exportation, les sub-
ventions seraient une forme d'assistance
inopérante et trop lourde.
Une seule solution valable restait :
protéger par un qroit de douane, sur le
marché français, les oléagineux de nos
colonies.
Cette solution se heurtait au principe
traditionnel de nos tarifs : l'exemption
des matières premières. 11 était à crain-
dre qu'elle ne lésât les intérêts fort res-
pectables d'industriels travaillant pour
l'exportation.
Mais un double renfort est venu épau-
ler la cause des coloniaux.
D'une part l'agriculture et l'élevage
métropolitains se sont mis de la partie.
La crise des matières grasses n'affecte
pas seulement les arachides et les aman-
des de palme, mais les olives, les colzas,
les' lards, les saindoux, les beurres
mêmes.
D'autre part, les pays étrangers ont
'donné l'exemple de mesures protection-
nistes.
L'Angleterre, depuis la Conférence
Impériale d'Ottawa, frappe d'un droit
de 10 les graines, les huiles et les
* tourteaux ne provenant pas de ses colo-
nies.
En Allemagne, le chancelier Hitler
vient d'instituer un monopole rigoureux
des matières grasses, avec un triple but :
protéger l'agriculture et l'élevage natio-
naux ; instituer un dumping en faveur
des industries exportatrices d'huile et de
margarines ; affranchir le pays de la su-
jétion, qui avait tant pesé dans le résul-
tat de la dernière guerre, d'acheter à l'é-
tranger ses corps gras.
Pour la France, la question coloniale
devenait nationale. Allions-nous, en lais-
sant périr notre production d'oléagineux
sous l'effet de la fermeture des princi-
paux marchés étrangers et d'une recru-
descence de la concurrence sur le nôtre
resté ouvert, compromettre en cas de con-
flit armé l'alimentation de notre peuple,
le ravitaillement de nos usines ?
Ces considérations majeures ont dé-
terminé le vote de Parlement. L'effet du
nouveau droit sera léger pour le consom-
mateur. Vhuile est d'ailleurs un des ra-
res produits qui, en prix-or, coûtent au.
jourd'hui moins cher qu'avant la guerre.
Des mesures judicieuses sont prises
pour ménager l'intérêt des industriels :
drawback, dénaturation, etc. Il est à
souhaiter que le renforcement de la pro-
tection dont jouiront leurs produits fa-
briqués leur réserve notre marché inté-
rieur et leur assure une compensation à
la perte des débouchés extérieurs qui, on
l'a vu, se dérobent.
En tout cas, nos colonies africaines
sont sauvées. Et la France ne manquera
pas de matières grasses.
Chaque année elle importe : 1.200.000
tonnes de graines oléagineuses, 700.000
tonnes d'arachides, 250.000 tonnes de
lin, 200.000 tonnes de coprah, 50.000
tonnes de graines diverses (ricin, sésa-
me, etc.).
Ses colonies sont capables, en très peu
de temps, de lui fournir tout cela : le
Sénégal et le Soudan n'ont qu'à repren-
dre et à accroître un peu leur capacité
de production d'arachides ; le Maroc
peut, en quelques années, remplacer l'é-
tranger pour les graines de lin, et nos
autres possessions de la côte occidentale
d'Afrique, riches d'amandes de palme,
qui sont le succédané parfait du coprah,
propres à la culture du sésame et du ri-
cin, fourniront aisément le reste.
Notre balance commerciale avec les
pays qui nous vendaient des graines oléa-
gineuses, accusait en 1930 un déficit de
2 milliards et demi. Ces deux milliards
et demi resteront entre Français, et sti-
muleront les achats de nos colonies à la
métropole.
L'économie impériale française s'orga-
nise.
Un pas décisif est fait dans cette voie
qui mène à la sécurité et à la prospérité.
Il est heureux que la question se soit
posée pour la première fois sur le terrain
le plus favorable : l'union des intérêts
était évidente, les matières grasses sont
celles dont nos colonies sont en état de
nous fournir le plus vite notre suffi-
sance.
Demain, il faudra élargir le succès. Il
n'est pas un seul produit d'importation
que nous ne puissions demander à nos
colonies.
Les marchés extérieurs se ferment.
N'en soyons pas alarmés.
L'immense marché intérieur de l'em-
pire France-Colonies doit suffire à tous
nos besoins et nous permettre de réali-
ser, à l'abri de frontières militairement
et économiquement sûres, avec la garan-
tie d'une monnaie admirablement saine,
le niveau le plus élevé de bien-être qu'il
ait jamais été donné à un peuple d'at-
teindre.
- Louis Proust,
liriHitS d* Indre-et-Loire,
in'-l'rrsiilrnt (h> la l'ouï mission
fli• VAlu^rit.', fies Colonies
rl
) -M*M- (
Le roi du Cambodge
a pitié des contribuables
Il réduit les impôts.
On mande de Pnom-Penh que par ordon-
nance de S. M. Sisowath Monivong, roi du
Cambodge, il a été décidé de réduire de
16 l'impôt personnel Ipour les Cambod-
giens. Cette mesure est inspirée par le désir
d'alléger les charges de la population
éprouvée par la trise.
RAPIDEMENT.
It »
- On a découvert, dans son appartement
de Lunéville, le cadavre du colonel Holtz,
commandant la 40 brigade de cavalerie, qui
s'était suicidé d'une balle dans la tête. Le
colonel Holtz avait commandé le premier
régiment de spahis marocains à Alep
(Syrie).
- Le Conseil municipal de Marseille a
voté une motion hostile à l'institution d'un
service rapide Paris-Alger, jugé contraire
au intérêts du commerce marseillais.
- Pour vagabondage spécial, vol et es-
croqueries, l'Arabe Kadra-Kaddour, soldat
au train des équipages, a été condamné à
8 ans de prison par le tribunal militaire de
la Seine. Cette peine se confond avec une
précédente condamnation.
- Le peintre Marin Durand de Saint-
Front, peintre de la marine, connu sous le
nom de Marin Maire, est arrivé à Fort-de-
France le 14 juillet.
-- M. Priolet, commissaire spécial à la
police judiciaire, a découvert, rue du Pe-
tit-Pont, une fumerie de haschisch. Le tra-
fiquant, un Algérien, a été arrêté. Six Turcs
seront poursuivis.
- M. Carde, Gouverneur général de l'Al-
gérie, a visité hier le port aérien du Bour-
get et effectué un vol à bord d'un avion tri-
moteur.
- M. Peyrouton, secrétaire général du
Gouvernement général de l' A lérie, qui
avait pris passage à bord de VEl-Riar à
destination de Marseille, est arrivé à Paris.
AU MAROC -
La dissidence
est en régression
Les opérations réalisées permettent
d'entrevoir la pacification
totale
Une information de Rabat nous signale
que le développement rapide des opérations
commencées depuis le début de juillet con-
tre la tache dissidente du Grand Atlas per-
met d'escompter des résultats intéressants.
Ce sera, d'abord, le fractionnement géo-
graphique de ce qui restait de la résistance
grâce à la marche convergente des groupe-
ments qui opèrent qu Nord et au Sud, et
qui ne sont plus qu'à une vingtaine de kilo-
mètres les uns des autres. Vingt kilomètres,
il est vrai, de rude et sauvage montagne
dans laquelle le groupe mobile de Marra-
kech pousse une piste, en certains points,
audacieuse autant que vertigineuse.
Cette piste, qui sera demain la grande
voie de communication à travers le Grand
Atlas, la quatrième que nous aurons éta-
blie, atteint la région de l'Aghembo NIfen,
à 3.0()() mètres d'altitude. Cependant, les
groupes du Nord, Tadla et confins, qui tra-
ient cette voie impériale en descendant vers
le sud, dépassent actuellement Agoudal.
Des groupes équipent en même temps tout
le pays de l'Assif Melloul, demeuré jus-
qu'ici sauvage et impénétré.
La rapidité avec laquelle ces opérations
ont été conduites a un autre résultat : ce-
lui de désorganiser la résistance des Aït Ha-
didou et Aït Moghal, tribus rudes et guer-
rières décidées à une longue lutte. De nom-
breuses familles Aît Iladidou ont fait leur
soumission : d'autres groupes ont envoyé
des émissaires et déjà, parmi les tribus qui
portaient les armes contre nous, au début du
mois, on recrute des travailleurs pour les
tiavaux de piste.
LE PROCHAIN VOYAGE DU SULTAN
EN FRANCE
On confirme de Casablanca que le voyage
du sultan du Maroc en France aura lieu
du 5 août au 10 septembre. Le sultan s'ar-
rêtera a Marseille une demi-journée et ira
coucher à Lyon d'où il repartira le lende-
main pour Paris où il plissera cinq jours.
Il se rendra ensuite à Vittel où il demeu-
rera une semaine.
Il poursuivra sa randonnée jusqu'à Evian-
les-Bains où il s'arrêtera cinq jours. Enfin,
il se rendra à Nice où il restera qua-
rante-huit heures, et s'emlbarquera le lende-
main de Marseille pour le Maroc.
Au cours de son voyage en France le
Sultan rencontrera M. Henri Ponsot, le
nouveau Résident général de France au
Maroc.
Cette renconttè aurait lieu, croyons-nous,
à Paris, lors du passage du Souverain dans
la capitale.
LA TERRE TREMBLE A FEZ, TAZA
ET CASABLANCA
Lundi matin vers six heures, deux secous-
ses sismiques ont été enregistrées à Fez.
Leur durée a été de quatre secondes cha-
cune.
A Ta7a également, à la même heure, une
secousse d'une durée de quatre secondes a
été ressentie.
On signale les mêmes phénomènes à Ca-
sablanca et dans les environs.
EN TUNISIE
line décision
de la Résidence
Les indigènes pourront accéder
à de hautes fonctions
administratives
Une mesure importante concernant l'accès
des indigènes tunisiens à de hautes fonc-
tions administratives, dont la liste sera éta-
blie chaque année, vient d'être prise par le
Résident général.
Le décret qui vient de paraître à ce sujet
prévoit que les candidats de nationalité tu-
nisienne ayant accompli effectivement le
service militaire, soit dans l'armée fran-
çaise, soit dans l'armée beylicale, ou ayant
été exemptés du service militaire en appli-
cation des lois et règlements en vigueur se-
ront, au même titre que les citoyens fran-
çais et sous les mêmes conditions d'apti-
tudes, admissibles à concourir aux fonctions
et emplois publics de l'Etat tunisien.
Cette accession sera faite par étapes pro-
gressives, les fonctionnaires de nationalité
tunisienne admis dans les grades bénéficiant
des règles de statuts, de traitements et de
retraite prévues par les décrets en vigueur.
Si leur aptitude est incompatible avec le
loyalisme que nous sommes en droit d'exi-
ger d'eux, tant à notre égard qu'à l'égard
des autorités du Protectorat et de la nation
protectrice, la sanction à intervenir sera
prise après avis d'une commission.
On Dall en uniforme
a passé la frontière
4-
C'était pour s'engager
dans la Légion étrangère
Lundi dernier,dit une information de Metz,
!f' gendarme Moy^ier, de Sierck (arrondis-
sement de Thionville-Est), se trouvait en
surveillance à la frontière, près d'Apach,
lorsqu'il vit venir vers lui un hitlérien en
uniforme, qui l'aborda et lui déclara qu'il
demandait à entrer dans la Légion étran-
gère, préférant la vie en Afrique à celle
qu'il menait dans son pays.
I.e transfuge venait du Hanovre où il se
trouvait embrigadé dans un bataillon de
travailleurs mobilisés. Il a été conduit au
bureau de la brigade, pour les formalités
d'usage.
Des bouddhistes en Europe
Ils se proposent de convertir
l'Occident à l'antique.
* religion
Une dépêche de Londres annonce que
quatre-vingt moines bouddhistes ont quitté
Rangoon pour l'Europe.
Ils sont vêtus de haillons et ont juré de
dormir toujours à la belle étoile.
Cette expédition a été organisée par
Bikshu Loknath, le moine bouddhiste ita-
lien actuellement à Calcutta ; les quatre-
vingts pèlerins entendent faire du prosé-
lytisme et enseigner à l'Occident l'exacte
signification de leur religion.
lïikshu Loknath organise une expédition
semblable de bouddhistes du Siam et du
Cambodge.
Le Français colonisateur
au Canada
Êk
PEINE avais - je
termine mon ar-
ticle sur les pre-
miers Canadiens
que je trouvais
dans le « Bulle-
tin Quotidien de
Presse Etrallgè-
re », tlll articlt
dû au correspon-
dant du Times
à Ottawa.
Il v est ques-
tion du dernier recensement de 1931, et ; des
proportions relatives aux diverses souches
ethniques à qui ont constitué cette nation,
française à l'origine. le cite textuellement :
« Les Canadiens français, avec leur parti-
cularisme fervent, tiennent toujours à savoir
s'ils ne perdent pas de terrain. » Ils avaient,
paraît-il, été déçus lors des deux recense-
ments décennaux qui avaient précédé celui
de juin 1931. C'est maintenant, aux « élé-
ments britanttiques » de s'inquiéter. Sur une
population totale de dix millions d'habi-
tants, les Canadiens de race britannique fi-
gurent pour la moitié ; les Français y figu-
rent pour près de 3 millions.
Les britanniques ont un gain d'environ
10,52 contre un gain de 25 pendant la
période décennale précédente. Les Français
maintiennent leur progression normale de
20
Notons que, dans la province de Québec,
il y a 2.270.069 Français contre 432.726
Britanniques. Majorité écrasante. En revan-
che, dans l'Ontario, il y a 2.539.711 Britan-
niques pour 299.732 Français; les Allemands
ne viennent, que bien après, avec 174.000
habitants, les Juifs avec 62.383, les Hollml-
dais avec 60.241, les Italiens (J'l)eC 50.536.
Les trois provinces maritimes ont 721.203
Britanniques contre 206.590 Français, 29.757
Allemands, 17.014 Hollandais,
Tes trois provinces de la prairie comptent
1.195.084 Britanniques contre 241.760 Alle-
mands, 198.878 Ukrainiens, 163.542 Scan-
dinaves,, 136.116 Français, 87.761 Polonais,
63.375 Russes, 63.317 Hollandais ; c'est la
rlgion la plus cosmopolite. Les Britanniques
sont la minorité dans la grande province de
Saskatchcnan, mais ils sont la grande majo-
rité dans la Colombie britannique (489.923
sur 694.263 habitants) ; il v a là 50.951
Asiatiqucs) ear tous les Japonais, sauf un
millier, sont sur ce territoire. les Japonais
sont passés de 15.868 à 23.342 en dix ans,
soit une augmentation de 50 La progres-
sion des Chinois est peu importante.
Quant à la population indienne autochtone,
elle s'élè'l'c juste, en dix ans, de 110.814
à 122.911, soit un gain de 10 et plus :
elle ne paraît pas en danger de disparaître,
au moins immédiatement.
Je reviens à la liste des premiers émigrants
qui, depuis Richelieu, étaient venus fonder
en Amérique une nouvelle France. Parmi
eux, tous les Etats sont représentés, toutes
les professions sociales jusqu'à celle des no-
taires, mais surtout les agriculteurs ; il en
arrive de toutes les provinces ; ces faysans
feront mentir le fameux distique :
Il avait la charrue et l'épée en horreur,
Etant, comme l'on dit, un soldat laboureur ;
ils premirotzt avec la même vaillance la
charrue pour travailler la terre, et les armes
pour repousser l'Indien qui surgit traîtreu-
sement, pille, massacre, incendie. En 1667,
le Canada n'a encore que 4.000 habitants.
Il en compte ensuite 6.282. Puis, un temps
d'arrêt. « Plusieurs fois, écrit M. Gaxotte,
les décès et les départs l'emportèrent sur
les IIaiumtces. » 19.000 en 1714, 34.000
en 1730, 70.000 en 1756. « La na-
tion canadienne est née. L'homme l'a em-
porté sur la foret et sur la mort, la colonie
possède ses champs de blé, de chanvre et
de lin, ses filatures, ses pêcheries, ses for-
ges. » Ce sont tous ces souvenirs qu'on
trouve à la base de ce particularisme fervent
dont parle notre confrère britannique, A des
siècles de distance, les arrière-petits-neveux
des paysans français débarqués au début du
xvn" siècle se comptolt avec une sorte de
piétl filiale qui est bien faite pour nous
émouvoir.
Mario Rowutan,
Sénateur de V Hérault i
Ancien ministre.
Vice-président de la-Commission
des Colonies.
DE LA BULGARIE A MADAGASCAR
La loi du travail
aux colonies
au colo iies
L'économie coloniale n'est plus confinée
dans l'étude de questions spéciales intéres-
sant les peuples extraeuropéens dits « pri-
mitifs n, elle déborde, chaque jour davan-
tage, sur le "Homaine des questions sociales et
économiques <1111 touchent, généralement, à
la vie de tous les peuples civilisés.
Je faisais cette réflexion --. moins banale
qu'on pourrait penser au prime alxml - en
lisant, ces jours-ci, un livre remarquable de
M. J.-P. Koszul sur « Les efforts de res-
tauration financière de la Bulgarie 9.
L'auteur de ce livre, si richement docu-
menté et si limpidenient comjjosé, est un
excellent financier et économiste qui ne s'est
jamais, à ma connaissance du moins, occu-
pé de questions coloniales.
Mais, ayant à étudier un problème de
restauration financière nationale lié au pro-
blème plus général de la restauration finan-
cière européenne, il a été amené, naturelle-
ment à parler d' une institution comme « le
service obligatoire du travail en Bulgarie ».
11 remarque. que l'institut ion de ce ser-
vice obligatoire du travail fut un des pre-
miers actes du gouvernement paysan de
Stamllouliski,
III nous décrit son fonctionnement. L'en-
rôlement des assujettis se fait par l'inler-
médiaire de dix bureaux régionaux de cons-
cription et d'une direction générale ressor-
tissant au ministère des Travaux Publics.
Chaque année la direction générale arrête
le programme des travaux à exécuter au
cours de l'année suivante.
Au printemps, les assujettis sont convo-
qués et répartis en « colonnes de travail »
pour la construction de routes, voies ferrées,
digues, etc. ; en « groupes de praticiens 9
versés dans des usines privées ayant passé
des marchés avec l'état et enfin en « arti-
sans divers » envoyés dans des scieries, des
tuileries, des manufactures spécialement
créées par l'Etat à leur intention.
Comment M. Koszul juge-t-il l'institu-
tion? « Il faut tout d'abord, dit-il, recon-
naître au service obligatoire du Travail une
valeur éducative certaine due au fait que
la population bulgare est encore restée très
inculte et fermée, jusqu'à ces toutes der-
nières années, à une pénétration intellec-
tuelle que la domination turque avait long-
temps retardée.
Grâce au service obligatoire du travail, on
peut, chaque année, « dégrossir 9 plusieurs
milliers de paysans, les initier à de nouvel-
les méthodes de travail, leur apprendre un
métier. »
Plus loin, il ajoute :
« Seul, en Bulgarie, l'Etat disposait de
l'autorité et des moyens nécessaires i>our me-
ner à bien une tâche aussi formidable que
celle de la reconstruction du pays, et ce
n'est certes pas les initiatives individuelles
qui, devant la pénurie quasi totale des ca-
pitaux, eussent pu songer à se substituer à
lui.
Et il conclut :
« Dans la mesure où il a permis le groupe-
ment rationnel des efforts de chacun et leur
orientation, au lendemain de la défaite, vers
les travaux les plus urgents - qui n'étaient
pas nécessairement ceux dont la rentabilité
était la meilleure - le service obligatoire
du travail, institution originale, institution
osée, institution héroïque, mérite d'être con-
sidéré comme un des éléments ma rquants du
redressement économique de la Bulgarie. »
Et en lisant ces lignes d'un technicien fi-
nancier, uniquement préoccupé d'un problè-
me financier intéressant un pays européen,
je ne pouvais m'empêcher de songer aux at-
taques qui avaient, il y a quelques années
à peine, été dirigées, à Genève, contre la
politique instaurée à Madagascar par le dé-
cret du 3 juin 1926, qui a créé le service
de la main-d'œuvre pour les travaux d'in-
térêt général (S.M.O.T.I.G.) dont M. le
gouverneur Marcel Olivier nous présenta,
en 1931, l'éloquente défense dans son beau
livre sur « Six ans de politique sociale à
Madagascar D.
Qu'on relise, dans ce livre, les pages con-
sacrées au S. M.O. T. I. G., on y trouvera
les idées mêmes qui servent à justifier, dans
celui de M. J.-P. Koszul, le service obliga-
toire du travail en Bulgarie. Sont évoqués
le rôle de l'éducation économique et sociale
pour les individus, le rôle d'organisation ra-
tionnelle de l'économie nationale pour les
autorités publiques et résumée toute la valeur
sociale de l'institution dans une formule que
j'emprunte à M. Marcel Olivier, mai s que,
j'en suis sûr, ne repousserait pas M. Koszul:
« Le droit de contrainte, ici, n'a de raison
d'être que s'il poursuit un but moral élevé.
Au développement économique du pays -
qui l'explique - doit correspondre le pro-
grès moral des habitants qui le justifie, 1
J'entends bien que les sceptiques et les
pessimistes de Genève et d'ailleurs m'objec-
teront que le service obligatoire du travail
à Madagascar, comme en A. O. F., comme
en Bulgarie, ressemble à la langue de la
fable. Il peut être un instrument de progrès
social ou d'asservissement et d'exploitation
suivant la volonté ou l'arrière - pensée de
ceux qui en disposent. Et j'en tombe vo-
lontiers d'accord.
Et c'est pourquoi je pense qu'au lieu de
dénigrer systématiquement et a priori les
les institutions coloniales, à Genève et ail-
leurs, mieux vaudrait songer à organiser un
contrôle sérieux et sévère des actes de la co-
lonisation.
Ce contrôle peut et doit être international.
Aucune nation n'a le droit moral de se sous-
traire à un tel contrôle.
Si la colonisation n'est pas œuvre de ci-
vilisation, elle n'est qu' un brigandage.
Et si elle est œuvre de civilisation. elle ne
doit pas l'être seulement dans les discours
officiels et dans les livres écrits pour le
grand public, elle doit l'être dans les actes.
Ces actes, ces actes seuls, l'opinion mon-
diale a le droit et le devoir de les juger.
Mais je ne comprends pas qu'on puisse
critiquer si amèrement à Madagascar ce que
les observateurs les plus objectifs et les plus
impartiaux ne peuvent qu'approuver en Bul-
garie.
Etienne Antonelli,
Professeur à la Faculté de Droit
de Lyon.
- -- -- '-- ---+e---<
Une belle manifestation
de propagande coloniale
"0
Lu distribution des prix aux élève» dus
écoles communales de Xogcnt-t'-Roi (Eure-
el-Loir) il dUllné lieu Ù. une imposante et
clialeuieuse nuiuifestution de propagande
coloniale. La municipalité de la Ville avait
demandé à notre ami, M. Gratien Candace,
député de la Guadeiloupe, uncien sous-secré-
taire du ministère des Colonies, de présider
cette cérémonie. En uutre des trou* cents
élève» qui emplissaient la vaste salle ou etle
se déroulait, la plupart des habitants des
commune» qui dépendent du canton de
Nogent-le-Hoi s'étaient groupée pour enten-
dre le député de iu Guadeloupe. C'cst de-
vant. une assistance de près de mille per-
sonnes que Gratien Candace entouré de
toutes 'les uutorités de lu \'ille, et du haut
personnel de l'enseignement lit son dis-
cours.
Ce discours est une véritable leçon faite
à la jeunesse des écoles. L'exposé historir
que de l'ancien ministre n'a pas laissé in-
sensible ses auditeurs grands et petits.
C'est avec enthousiasme et par des applau-
dissements nourris que le discours a été
accueilli.
Près de cinq cents personnes n'ont pu
trouver place dans l'enceinte réservée plus
particulièrement aux élèves et à leurs pa-
rcnts aussi, le député Gratien Candace a été
prié de donner dans le département d'Eure-
el-Loir une ou plusieurs conférences où
seront reproduites les idées qu'il a si ma-
gnifiquf'ITH\nt exposée» il Nogent-le-Roi.
) (
La culture du tabac
à la Réunion
La culture du tabac est en pleine régres-
sion à la Réunion. E-lle procurait pourtant à
cette colonie, avant la guerre, des revenus con-
sidérables. Le tabac réunionnais était en effet
acheté non seulement par la colonie anglaise
de Maurice, mais encore par Madagascar où
sont établis, comme on le sait, un grand nom-
bre de Bourbonnais.
Depuis la guerre cette situation s'est sin-
gulièrement modifiée.
Maurice s'est mise à la culture du tabac.
Madagascar est devenue exportatrice et fournit
à notre régie.
Les goûts aussi ont changé, si bien que,
aujourd'hui, le tabac d'Algérie est importé,
même à la Réunion, en quantités sans cesse
citvissantep.
Cette situation inquiétante fait l'objet d'une
étude attentive de la Chambre de Commerce
de l'île.
Deux nécessités ont été retenues : D'abord,
une amélioration de la plante locale ou l'in-
troduction d'espèces nouvelles ; ensuite une
meilleure préparation du tabac.
Il y a quelques années ! un des représen-
tants de la Régie française à Madagascar s' é.
tant rendu à La Réunion, distribua des bro-
chures techniques aux planteurs. Mais, par
esprit de routine, aucun compte ne fut tenu
des techniques proposées. Des graines furent
bien demandées en France mais ces semences
se trouvèrent manquer d'homogénéité - une
sélection difficile dut être faite. Finalement,
tout resta en l'état. De leur côté, les vieux
préparateurs de tabac, s' entêtant dans leurs
procédés empiriques et redoutant une concur-
rence, firent tout ce qu'il fallait pour para-
lyser les initiatives gênantes.
On reconnaît aujourd'hui les erreurs et né.
gligences du passé, et surtout qu'un effort
énergique doit être fait pour ne pas perdre
irrémédiablement une situation fort compro-
mise.
C est pourquoi la Chambre de Commerce
vient d'émettre le vœu que l'Administration se
mette en rapport avec les agents de la Régie
à Madagascar pour l'envoi à la Réunion d'un
spécialiste susceptible de guider les planteurs
dans la culture et la préparation rationnelle du
tabac.
D autre part des démarch es seront faites
pour que la métropole envisage l'éventualité
d'acheter aux producteurs créoles une partie
de leur récol te. Ce serait un encouragement
pour la reprise des plantations qui faisaient na.
guère l'aisance d'un nombre important de cul-
tivateurs.
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