Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1932-09-27
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32693410p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 27 septembre 1932 27 septembre 1932
Description : 1932/09/27 (A32,N98). 1932/09/27 (A32,N98).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
Description : Collection numérique : Thème : L'histoire partagée Collection numérique : Thème : L'histoire partagée
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k63805174
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/02/2013
TRENTE-DEUXIEME AN'N'BB. No 98. 1-E NUMERO : 30 ÇENTtMES MARDI SOIH, 27 SEPTiEMBRE 1982.
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Les Annales Coloniales
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tous les bureaux de posle.
LWaallnie Hrlcote an Maroc
CI <
- Les pays méditerranéens sont essentielle-
ment des pays agricoles,, à' l'exception de
J'Espagne, qui contient des richesses miniè-
res considérables que les Carthaginois et les
Romains exploitèrent de la façon la plus ac-
tive. 'Il existe sur d'autres points de la côte
et de l'hinterland des mines qui ne sont pas
sans importance, mais il n'en reste pas moins
que l'agriculture a été et demeure encore la
orme principale de l'activité humaine.
Cela est vrai de la Tunisie, de l'Algérie
et du Maroc, pour nous en tenir aux pays
que la France gouverne à des titres divers.
Le Maroc est de toutes nos possessions
nord-africaines celle qui compte le plus
grand nombre d'hectares susceptibles d être
mis en culture. Le sol est naturellement fer-
tile. Il comporte des terres qui sont parmi les
plus riches que l'on connaisse, mais ainsi
qu'il arrive partout, cette fertilité est fonc-
tion de l'eau. Le grand géographe Jean
Brunhes a consacré, il y a quelques années,
un ouvrage tout à fait intéressant à cette
question qu'il a reprise dans sa Géographie
Humaine que devraient lire tous ceux qui
se consacrent ou ont l'intention de se consa-
crer à l'activité agricole dans l'Afrique Mi-
heure.
Ce préambule, qui n'est pas du remplissa-
ge, ni une manière d'allonger un article, a
simplement pour objet de rappeler l'impor-
tance d'une question qui échappe à beaucoup
d'esprits qui se prétendent informas des pro-
blèmes agricoles de ces régions-là.
Aussi bien les géographes et ceux qui se
préoccupent de l'avenir économique de cette
pattie de nos possessions coloniales suivent-
ils avec attention les efforts qui sont faits en
vue de suppléer, sinon à l'insuffisance tout
au moins à la répartition défectueuse des
pluies qui est une gêne constante pour l'agri-
culture.
Le Maroc n'est pas dépourvu d'eau. Les
cartes des pluies nous montrent en effet qu'il
en reçoit des quantités suffisantes, supérieures
même à celles qui tombent dans le bassin pa-
risien où l'agriculture n'a pas besoin de faire
appel à des moyens artificiels pour procurer
aux cultures l'eau qui leur* est nécessaire.
Mais le régime des précipitations atmosphé-
riques est tel que l'humidité fait défaut au
moment où elle serait le plus nécessaire.
Aussi l'un des premiers soucis du protectorat
a-t-il été d'avoir une politique de l'eau.
Au Maroc, a-t-on l'habitude de dire, l'eau
ne manque pas. Le soi est sillonné par d'im-
portants cours d'eau, les plus considérables
de du ,J'I lia sont trop connus
• JJotff ijuè: nous nous attardions à les énu-
méret. D'autre part, des vastes aquiferes em-
magasinent des masses d'eau d'importance et
d'accès variables.
Deux questions se posaient: 1 0 recon-
naître l'emplacement et l'étendue des nappes
souterraines - 2° examiner la meilleure façon
d'utiliser les cours d'eau.
Ces problèmes n étaient pas inconnus du
gouvernement chérifien mais on peut dire
sans injustice qu'on pourvoyait aux besoins
d'une façon rudimentaire et que l'eau était
géfléralement gaspillée.
Le gouvernement du protectorat a décidé
de procéder d'une façon plus méthodique et
plus efficace.
En ce qui concerne les nappes d'eau, un
plan de foràge a été dressé et se trouve en
voie d'exécution.
Pour les oueds les travaux ont commencé :
il a fallu d'abord étudier leur régime, voir
la quantité d'eau utilisable, et ensuite dé-
terminer l'emplacement des barrages. Ces
travaux sont délicats et la solution définitive
ne peut intervenir qu'après des recherches
assez longues.
Les travaux d'irrigation intéressent Montes
les régions du Protectorat.
Dans le Maroc oriental, de vastes travaux
sont prévus en vue d'irriguer la plaine des
Triffas qui s'étend même sur une partie de
la zone espagnole. Il s'agit de construire un
barrage et de nombreux canaux de dériva-
tion.
Près de la côte, en arrière de Rabat, de
grandes étendues de terres propres à la cul-
ture manquent d'eau. C'est la plaine de Sidi-
Sliman. On y pourvoira en utilisant les eaux
'de l'oued Beth grâce au barrage d'El-Kan-
sera. Cet ouvrage-là aura une hauteur de
36 mètres au-dessus du niveau normal de la
rivière et permettra de retenir près de 230
millions de mètres cubes d'eau. A quinze ki-
lomètres en aval un canal de dérivation per-
mettra l'irrigation de plusieurs milliers d'hec-
tares d'excellentes terres. Des extensions ul-
térieures apporteront l'eau bienfaisante
jusque dans la plaine de Petitjean.
Plus au sud, entre Casablanca et Fedhala,
un barrage établi sur l'oued Mellah à l'en-
droit où cessent de se faire sentir le flux et
le reflux, et où les eaux sont encore douces
rendra possible l'irrigation des cultures ma-
raîchères des jardins voisins de la côte.
On a projeté également d'utiliser par le
même moyen FOum-er-Rébia en amont de
Xasba- Tadla. Le seul inconvénient est que
'les eaux de cet oued sont assez fortement
salées 1 t gr. 40 par litre. Mais l'expérience
a démontré que les cultures peuvent s'en
accommoder.
Des travaux encore plus importants sont
prévus sur deux affluents de l'oued Oum-cr-
Rébia, l'oued Tessaout et l'oued el Abid.
Sur ce dernier cours d'eau le projet présente
un caractère grandiose. Le barrage attein-
'drait un hauteur de 60 mètres. Un tunnel de
'dérivation à travers la montagne qui le
sépare de FOum-er-Rébia est prévu sur une
longueur de 8 à 10 kilomètres. Enfin, une
chute d'eau de 280 mètres dans la plaine de
Sidi-Moussa donnerait une puissance
moyenne de. 60.000 CV.
Quelle sera la surface des terrains que
l'on pourra ainsi gagner à l'agriculture ? Les
services du Protectorat l'évaluent a au
moins 200.000 hectares. Cela représente un
douzième des terres actuellement cultivées.
Ces travaux hydrauliques ont un autre in-
térêt que nous laissons volontiers de côté : ils
fourniront à l'industrie une force appré-
ciable. -
La construction des barrages et des cana-
lisations est un des aspects de l'hydraulique
agricole. Il en est d'autres. Les Marocains
avaient créé des canalisations souterraines,
notamment dans la région de Marrakech.
L'effort des Français a consisté à les amé-
liorer et à les étendre. Mais la tâche la plus
importante, en dehors des projets que nous
venons d'analyser, est l'assèchement de cer.
taines plaines comme celle du Gharb., Ce
travail commencé dès les premières années de
l'occupation est, par endroits, fort avancé,
mais il est fort coûteux.
Il' reste-encore beaucoup à faire. Mais il
serait injuste de ne pas reconnaitre l'impor-
tance de ce qui 1 a été réalisé. La mise en
valeur du Maroc se fait méthodiquement.
Un seul souhait, c'est qu'elle s'accomplisse
avec le souci constant de ménager les deniers
et d'éviter les gaspillages qui ne pourraient
être tolérés à l'époque de crise que traverse
la Métropole.
Henry Fontanier,
Député rlu Cantal
Membre de la commission de l'Algܡ\,
des colonies el protectorats.
.E
M. Lucien Saint
candidat aux éiectiias sénatoriales
a.68
Réunie en assemblée générale dimanche la
Fédération radicale et radicale-socialiste de
la Haute-Garonne a désigné ses candidats
aux prochaines élections sénatoriales. Ce
sont : MM. Lucien Saint, résident général au
Maroc ; Savignol sénateur sortant ; Rouart,
conseiller général, et Garrère, président de la
Fédération radicale et radicale-socialiste de
la Haute-Garonne.
; et
Notre action au Maroc
- Les progrès de la pacification
Les dissidents blessés continuent à affluer
vers Midelt, venant de la région du plateau
des Lacs; on y trouve des Ait Haddidou,
quelques Ait fiitôkjnattos, u 1 - étaient restés
irréductibles, mais surtout des indigènes AH
Amour-Qunefgou, dont le territoire actuelle-
ment Occupé était devenu, depuis quelques
années, le refuge de tous ceux qui avaient
intérêt à combattre l'établissement du Magh-
zen, c'est-à-dire l'ordre et la paix.
Parmi ceux qui se sont soumis à nos trou-
pes, se trouve le fameux agitateur El Mokri,
que nous trouvions devant nous depuis de lon-
gues années ; deux de ses frères, qui étaient
également ses lieutenants, ayant été tués au
cours de l'action du Plateau des Lacs, nôtre
farouche ennemi se décida à demander
l'aman et enterra devant nos troupes la pou-
dre des cartouches qui lui restaient, en signe
de paix.
Le médecin-inspecteur Spick s'est rendu à
Midelt afin d'inspecter les formations sani-
taires dont le personnel se multiplie auprès
de ceux qui nous combattaient encore hier, et
dont l'état physiologique, pour beaucoup, est
déplorable. Des missions sanitaires volante
ont également été envoyées, dans les régions
nouvellement conquises et procèdent sans ar-
rêt à des vaccinations contre la variole et le
typhus.
) -+
A la Chambre de Commerce
de Casablanca
̃ «♦«
Le contingent d'exportation des blés durs
marocains
Le 21 septembre la commission instituée
par le dahir du 8 septembre 1932 qui régle-
mente les blés et farines s'est réunie à la
Chambre de commerce de Casablanca.
La décision prise de bloquer 300,000 qtx de
blés durs a pour conséquence de permettre
d'accorder au commerce l'autorisation d'ex-
porter la quantité de blé dur correspondant
à celle que l'Union des docks-silos avait la
possibilité d'exporter sur le contingent ad-
missible en franchise en France et en Al-
gérie.
En vue de procéder à la répartition entre
les divers intéressés de la part à leur attri-
buer, les commerçants exportateurs de céréa-
les ont été invités à faire la déclaration des
stocks de blés durs qu'ils détiennent en vue
de l'exportation.
Cette déclaration devra indiquer la quan-
tité et l'endroit exact où les grains sont dé-
posés, de manière que le service des douanes
puisse s'assurer à tous moments de l'exis-
tence effective des stocks déclarés.
La déclaration faite par les commerçants
doit comprendre uniquement les quantités
stockées dans les ports, à l'exclusion de tou-
tes celles stockées dans les dépôts de l'inté-
rieur.
Les quantités que les commerçants ont re-
çues en dépôt dans leurs magasins doivent
être déclarées au nom de leur véritables pro-
priétaires, et la licence sera délivrée au nom
de ces derniers.
Tl sera procédé ensuite au recensement gé-
néral desdits stocks.
La distribution sera faite dans la limite de
20.000 qtx pour la période allant jusqu'au
15 octobre, au prorata des quantités recon-
nues, compte tenu des licences déjà délivrées
et non encore utilisées.
La répartition du surplus aura lieu après
un nouveau recensement entre le 20 et 25 oc-
tobre.
Chez les primeuristes
parisiens
-- 1..
CHEREMENT, atlX
devantures de cer-
tains. grands mal- -
tres fruitiers de
la capitale s*éta-
laient d'adtnirar
bles, pêches, car-
minées à souhait,
parées de robes en
papier rose savamment ajouTé. Une publi-
cité intensive faite par les vendeurs affir-
mait que ces pèches énormes, arrivant de
l'Italie, malgré leur prix très modique, qua-
fante-cinç sous pièce, étaient aussi bonnes
que belles 1
Il n'aurait pas failu croire en la langue
dorée des marchands : la magnifique pê-
che italienne était décorative, inodore et sans
saveur.
Nombreux furent ceux qui se laissèrent
prendre au piège et n'eurent d'autres res-
sources que de les manger en beignets bien
sucrés.
br, tandis que la métropole consomme
ainsi la production étrangère, la situation de
l'arboriculture fruitière en Algérie est. loin
d'être satisfaisante.
Après un essor remarquable des différen-
tes cultures fruitières, cette France de
Afrique du Nord, subit en xc moment une
régression marquée de la plupart d'entre
elles.
Ce changement brusque de la situation
doit être attribué à la baisse des prix de
t'elite produits sur les marchés européens,
mais surtout, à la concurrence étrangère
s'exerçalli sur le marché français. Evidcm-
ment, Vaugmentation continue des frais de
culture et de transport aggrave la situation.
Cet état de choses met les agriculteurs al-
gériens dans le p-lus grand embarras. Il faut
se rappeler, qu à la suite du vote de la loi
du 4 juillet sur la viticulture, ils se voient
dans d'obligation de rechercher les cultures
qu'ils devront entreprendre en remplacement
de ICI vigne, dans les terrains oh cette del-
nière aurait donné les meilleurs résultats.
L'arboriculture fruitière est au premier rang
parmi les productions aptes à remplacer la
vigne dans les terrains qui lui étaient pricl-
demment destinés. La zone littorale de PorI.
Say à La Calle, de même que certaines ré-
gions montagneuses (Kabylie, Zaccar, Mt-
déa, Tlemcen) conviennent parfaitement aux
plantations d. arbres fruitiers : suivant le
sol, Vexposition et l'altitude, on peut songer
a planter agrumes. figuiers, abricotiers,
amandiers, pruniers, pichets, eifFl fiers, né-
fliers, poiriers, châtaigniers, noyers, etc.
Telles sont tes réflexions de philosophie
économique auxquelles peut se livrer un sim-
ple amateur de fruits savoureux.
Avant d'acheter, nos ménagères n*ont pas
le temps de se livrer à de patriotiques médi-
tations. TOllf de même, il importerait que
Vopinion métropolitaine soit enseignée et
qu'avant, de choisir « une pêche » à l'éta-
lage, l'acheteur pense aux 10.000 hectares
de vergers qui s'étendent dans les plaines de
la Mitidja, des lssers, de Rôtlc, dans la
vallée du Clléliff, aux environs de Tlemcen,
de Miliana, etc.
Ne poussons pas à l'extrhllc la proposi-
tion « Achetez français n, mais sac hons
jairc valoir - le patrimoine de ta France.
Edouard Néron,
Sénateur de La Haute-Loire,
Vice-Président de la Commissior
des Douanes.
)..
Le Muséum
s'est enrichi
M. Urbain vient de procéder ces jours-ci
à l'installation d'un superbe troupeau de mou-
tons de Boukàra don généreux du marquis
d'Aigneau.
il s'agit de très ibeaux spécimens de cette
race, asiatique spéciale qu'on élève pour la
production de la fourrure appelée, sui /ant sa
forme: breitschwanz; persianer, karakul ou
astrakan.
La tlaine des agneaux nouvellement nés se
caractérise par une boucle plus ou moins accu-
sée.
Ces animaux peuvent parfaitement. s'accli-
mater en France, et leur accouplement avec
certains de nos moutons peut donner d'excel-
lents résultats.
Un autre pensionnaire de marque est récem-
ment arrivé, lui aussi; c'est un rfourmilier de
très grande taille, comme on en voit rarement
dans les parcs zoologiques.
Au zoo de Vincennes, trois naissances
viennent d'être célébrées : celles d'un élan du
Cap et de deux antilopes du Tchad.
> «M*M (
Oépêches de l'Indochine
l*
Du riz pour France
L'Alster est parti le 18 septembre avec
50 tonnes de riz blanc pour MarseilU, 99
tonnes de riz blanc pour le Rn/ore.
Le Kouang-Si est parti te 20 septembre
avec 1.077 tannes de riz blanc 100 tonnes
de brisures pottr MarseUle et sit tonnes de
brisures pour Dunherque.
L'arrivée du courrier France-Indochine
L'avion est arrivé avec 56 kilos 704 de
courrier, 12 kilos 530 00 fret et trois pas-
sagers, MM. Labaste, Ratfcleuf et Glatze.
Départ du courrier Saïgon-Marseille
L'avion est parti de Saigon samedi avec
70 kilos 697 de courrier et un passager
pour Marseille, M. Sa col,
IndUI.
Remarques
sur la presse coloniale
»♦«
Que les questions économiques préoccupent
touy les esprits à l'heure -actuelle, c'est 1 évî-
dence même. La crise qui sévit sur les na-
tions et les individus étant elle-même issue
d'un complexe économique formidable, il est
bien naturel que les hommes donnent aux
manifestations économiques une importance
première.
Que la presse d'information reflète ces pré-
occupations et nourrisse ses innombrables
lecteurs d'une pâture quotidienne où le cours
du blé et des bestiaux s'allie aux déclarations
ministérielles les plus optimistes, c'est tout à
fait normal ; encore que la grande presse ait
les moyens de réserver une place notable aux
sports, aux faits divers et au cinéma.
Mais je veux pour les journaux, revues et
périodiques coloniaux qui se publient dans la
métropole, à cause même de leur audience
particulière et de leur rôle directeur, un peu
ptus que des préoccupations purement écono-
m'ques.
Les colonies sont autre chose, heureuse»
ment, qu'une affaire, qu'une vaste affaire,
conception en laquelle on voudrait enfermer
les forces vives de la colonisation.
D'ailleurs, plus les colonies se dévelop-
pent en valeurs économiques et plus elles
tehdent à ressembler, dans leur structure mo-
rale et intellectuelle, à la métropole, dont
la haute civilisation est considérée comme
un exemple et un but à atteindre au plus tôt.
-En admettant même la primauté des fac-
teurs économiques, les problèmes qui en ré-
sultent sont en connexion intime avec les
autres éléments de la vie d'un peuple.
La production agricole et industrielle, à
laquelle on attache une importance capitale,
trOp souvent exclusive, suppose au moins un
facteur humain la main-d'œuvre que
l'on ne peut raisonnablement considérer
cqmme une abstraction.
En replaçant ce facteur fondamental dans
sa réalité, on voit immédiatement surgir
mille questions relatives à la géograpnie. à
l'histoire, à l'étude des races, à la psycho-
logie, à la politique, à la littérature même,
questions effleurées par les meilleurs jour-
naux coloniaux, ignorées ou passées sous si-
lence par les autres. Non que ces questions
soient l'objet de leur part d'une espèce de
prévention ; mais l'actualité « économique »,
si l'on peut dire, chasse impitoyablement ce
qui n'est pas elle ou en relation immédiate
avec elle.
Hâtons-nous de dire que ces questions sont
étudiées, mais elles le sont dans dés publi-
cations spéciales, de science pure, qui n'at-
teignent pas le grand public. Traitées par
des spécialistes opérant chacun en des com-
partiments étanches, elles existent sans lien
ayee la vie économique et sociale des colo-
nies Intéressées. Leurs conséquences prati-
ques, quand elles se produisent, arrivent tard
et souvent trop tard. Bien des erreurs et des
fautes sont commises qui auraient pu être
évitées dans tous les domaines.
On ne le répétera jamais assez : la géogra-
phie, l'histoire, la sociologie devraient être à
la base de notre connaissance des colonies et
conditionner toutes les activités y compris
l'activité économique. On peut même affir-
mer que, sans ce fondement solide, les réali-
sations techniques les plus audacieuses res-
tent inefficaces.
Il n'est pas jusqu'aux descriptions litté-
raires qui pourraient trouver place utilement
dans les journaux et revues coloniaux, si l'on
tient compte qu'elles sont susceptibles de fa-
voriser le tourisme colonial, où tout reste à
faire presque. Quoi de plus charmant qu'une
description alerte, colorée, exacte. Ça vous
donne envie d'aller voir, surtout si le texte
est accompagné de jolies reproductions pho-
tographiques.
Si ces réflexions paraissent un peu naïves,
on les admettra comme un point de vue. Le
point de vue du bled j de ceux qui, étant à
pied d'ouvré, sont à même de juger les
réactions morales qu'cntraine l'application
de certains principes dont il n'est pas diffi-
cile de retrouver l'origine à travers l'igno-
rance et les idées préconçues qui règnent
trop souvent en matière de colonisation.
Le rôle éminent de la presse coloniale doit
être justement de dissiper l'ignorance et les
préjugés et d'exercer sur l'opinion et les pou-
voirs publics une influence ayant pour mo-
bile essentiel la dignité morale et le bien-
être des populations lointaines au nom de qui
il faut parler en toute connaissance de cause.
Arthur Pellegrin.
Délégué au Grand Conseil de la Tunisie
: ) M*M- It
Rédiction des dépenses
du gouvernement tunisien
––-
Un décret calqué sur les dispositions de
l'article 6 de la loi française du 15 juillet
1932 vient de paraître au Journal officiel tuni-
sien. Ce décret est relatif aux mesures d'éco-
nomies budgétaires. Il dispose que les dépenses
administratives de 1932 subiront, au titre du
dernier trimestre, une réduction de 5 des
crédits annuels afférents à la rétribution des
personnels civil et militaire. Ce même décret
précise qu'aucun changement n'est apporté aux
conditions de rémunération et aux règles
d'avancement du personnel. Les économies à
réaliser devront être recherchées dans le com-
pression des frais de gestion d'administration de
tout ordre.
Les mesures à prendre consisteront notam-
ment dans des suppressions d'emplois, tout au
moins provisoires, par ralentissement du recru-
tement, dans la réduction des dépenses auxi-
liaires, dans les compressions sur les dépenses
administratives de matériel d'entretien, frais de
bureaux; irais de tournées, etc.
La réduction porte sur une somme globale
de 300.484.300 francs, dont la répartition
dans les différents articles du budget sera fixée
f ultérieurement.
Pour le grand tourisme
M. Marchandeau à Marseille
Ainsi que les Annales Coloniales l'avaient
annoncé, M. Marchandeau, sous-secrétaire
d'Etat à la présidence du Conseil, a présidé
hier matin dans la salle des séances de la
Chambre de commerce, où il' est arrivé ac-
compagné de MM. Causeret, préfet des Bou-
ches-du-Rhône, et Ribot, maire de Marseille,
la treizième assemblée des membres de la
Commission du Grand Tourisme. M. Maurice
Hubert, président de la Chambre de com-
merce de Marseille, a souhaité la bienvenue
à M. Marchandeau. Le ministre a remercié
la Chambre de commerce et la Commission
du Grand Tourisme de l'accueil fait à sa vi-
site et a donné ensuite la parole à M. Guizot.
La discussion a été ouverte par un rapport
sur la situation privilégiée que l'Alsace' oc-
cupe dans la carte du Grand Tourisme Eu-
ropéen dont elle est en quelque sorte la pla-
que tournante.
M. Jaeger, secrétaire général de la Corn.
mission, fit l'exposé des desiderata des ré-
gions de l'Est, relatifs aux relations avec
Marseille et l'Afrique du Nord. La Commis-
sion examina ensuite diverses questions tech-
niques : projets horaires, propagande, ta-
rifs, etc.
) -.- (
L'Exposition artistique
algérienne de Vienne
Les journaux autrichiens, en particulier le
N'eues Wiener Journal et la Neue Freic
Presse, annoncent avec beaucoup de sympa-
thie l'importance de l'Exposition « L'Algé-
rie dans l'art français du xix° et du XX0 siè-
cles » qui a lieu au Palais de la Sécession, en
plein centre de Vienne, pendant tout le mois
d'octobre, qui est le mois du Tourisme en
Autriche. Le grand musée viennois, l'Alber-
lipia, a bien voulu preter une vingtaine de
dessins et d'aquarelles du Maroc; de Dela-
croix, de Decamps, de Fromentin et. de Barye
qui viennent heureusement compléter l'en-
semble du XIX" siècle, réuni grâce aux prêts
du musée du Louvre, des musées d'Alger et
de Reims et de nombreuses collections parti-
culières françaises.
Comme préface à l'Exposition, M. Jean
Alazard, directeur du musée des Beaux-Arts
d'Alger, a fait, dans la grande salle de
YUrania-j devant un nombreux public, une
conférence sur l'Algérie et les artistes fran-
fais du XIXO et dit xx" siècles. Il a parlé éga-
lement à Radio-Vienne sur le même sujet.
Le Président de la République a inauguré
hier matin à Il heures l'Exposition de l'Al-
gérie. -
Une très brillante assistance groupait aveo
les membres du corps diplomatique, les per-
sonnalités les plus représentatives du monde
artistique et littéraire viennois. Le chance.
lier et le ministre de l'Instruction publique,
l'un et l'autre président d'honneur, en même
temps que MM. Herriot et de Monzie,
s'étaient fait représenter en leur absence de
Vienne par de hauts fonctionnaires de leurs
services.
Après une allocution du président de la
Sécession, le professeur Martin, le ministre
de France, comte Clauzel, remercia à son
tour les différentes autorités ou personnalités
qui avaient fourni les éléments de l'Exposi-
tion ou qui l'avaient organisée.
Le Président de la République répondit que
c'était un honneur pour l'Autriche d'avoir
été choisie pour cette manifestation dont la
qualité et l'importance supposaient un public
compréhensif et sympathique. Il souligna le
rôle de l'Algérie dans la vie de la France et
rendit hommage aux éléments d'heureuse
inspiration apportés par cette belle terre lu-
mineuse à l'art français moderne.
Le Président de la République, accompa-
gné du comte Clauzel, -fit ensuite une visite
à l'Exposition sous la conduite du principal
organisateur de cette manifestation, le direc-
teur du musée des Beaux-Arts d'Alger, M.
Jean Alazard.
Le ministre de France et la comtesse Clau-
zel donnent aujourd'hui un grand déjeuner à
l'occasion çle cette inauguration.
) «M*M- (
Dans la Marine
-
La croisière annuelle du « Jeanne-d'Arc »
Le croiseur Jeanne - d'Arc, navire-école
d'application des enseignes de vaisseau, quit-
tera Brest le 5 octobre, sous le commande-
ment du capitaine de vaisseau Marquis, pour,
effectuer sa campagne annuelle. Le croiseur
fera le tour du monde en neuf mois.
Voici les principales escales :
Alger, du 10 au 13 octobre; Bizerte, du 14
au 20 octobre ; Beyrouth, du 29 octobre au 3
novembre j Port-Saïd, du 4 au 7 décembre ;
Djibouti, du 12 au 14 novembre; Bombay, du
28 novembre au 4 décembre; Saïgon, du 16
décembre au 30 janvier; Port-Dayot, du 31
janvier au 16 février; Baie d'Along, du 18 fé-
vrier au 4 mars ; Changhaï, du 13 au 19
mars; Nagasaki, du 21 au 27 mars; Yoko-
hama, du 5 au Il avril; San-Francisco, du 4
au 10 mai; Fort-de-France, du 3 au 9 juin;
La Guadeloupe, du 9 au 18 juin. Retour à
Brest le 5 juillet.
Le général Huré en France
Le général Huré, commandant des troupes
d'occupation du Maroc, qui s'était embarqué
samedi à bord du paquebot Maréchal-Lyau-
tey, à destination de Marseille est arrivé hier.
<
Affermage du wbàrf
de Cotonou
-–- .,.
La Compagnie des Chargeurs Réunis a com-
muniqué à la Chambre de Commerce de Coto-
nou un projet d'affermage de l'exploitation du
wharf par la Société les « Ports Coloniaux ».
La Chambre de Commerce avait émis anté-
neurenMnt un vœu favorable à cet affermage.
le Congrès
des Chumbres de commerce
méditerranéennes
«♦«
Première séance
Samedi a commencé, dans la salle d'hon-
neur de la Chambre de commerce de Mar-
seille, la VII" Conférence des Chambres de
commerce françaises de la Méditerranée,
sous la présidence de M. Maurice Hubert,
président de la Chambre de commerce. M.
Hubert était entouré de MM. Mérillon, se-
crétaire général de la résidence, représentant
M. Lucien Saint, résident général de France
au Maroc ; Wattier, directeur général des
ports et voies fluviales ; Lemoine, ingénieur
en chef des ponts et chaussées.
La séance a débuté par une allocution de
bienvenue dans laquelle le président de la
Chambre de commerce de Marseille a salué
les congressistes.
Il a été ensuite rendu compte de la suite
donnée aux vœux émis lors de la VI0 Confé-
rence. Après quoi. l'ordre du jour a été
abordé, comportant de nombreuses et impor-
tantes questions, telles que : clauses d'exoné-
ration des connaissements (Chambre de com-
merce d'Alger); liaison aérienne Marseille-
Alger (Chambre de commerce d'Alger); liai-
son aérienne Alger-Oran (Chambre de com-
merce d'Alger) ; chemin de fer transafricain
(Chambre de commerce d'Alger) ; taxe de dé-
douanement sur les colis postaux importés
en Algérie (Chambre de commerce d'Alger) ;
zones franches (Chambres de commerce d'Al-
ger et de Marseille) ; utilisation des huiles
d'olive pour le graissage des moteurs à ex-
plosion (Chambre de commerce de Bougie) ;
unification de la réglementation de l'exporta-
tion des huiles d'olive (Chambre de com-
merce de Sousse) ; politique fiscale du gou-
vernement égyptien (Chambre de commerce
française du Caire), etc.
Un discours de M. Lucien Saint
M. Mérillon à l'issue de la réunion a donné
lecture du discours que devait prononcer
M. Lucien Saint. Nous sommes heureux d'en
publier quelques passages :
Accablés par la crise, on voit aujow'd' hui
trop d'esprits plus préoccupés de se repré-
senter le Pire que de. le conjurer. Ils se
complaisent dans leur alegoissc et s'inclinent
sous le poids des fatalités. Les fatalités mes-
sieurs, ne sont le plus souvent que le masque
de responsabilité inavouée. A l'origine dei
calamités sociales, il y a presque toujours
une erreur ou un crime. Il faut croire à
l'efficacité du vouloir humain, pour agir et
pour vaincre et se détourner de ceux qui ef-
frayés par la complexité des problèmes ou
séduits par la simplicité des solutions vio-
lentes, sont toujours pressés ile. souscrire à
la capitulation de l'esprit. Nos pères, les
Gaulois. lançaient des flèches contre le cielt
et ce geste, qui. scandalisait la piété romaine,
est à l'origine de tous nos progrès. On ne
triomphe de la nature qu'en lui obéissant di-
sait Bacon. Oui, mais à la condition d'af-
fronter ses colères et de s'ancrer dans la cer.
titude que notre intelligence les paralysera.
On parlait naguère de fatalités économi-
ques. Les optimistes -- en espéraient une trans-
figuration spontanée de la vie sociale. Nous
avons réappris, dc-fnds la grande guerre, que
Véconomie est dépendante de la politique et
que les débordements dit créditt les engorge-
ments de la surproduction sont nés d'une
inexacte appréciation des besoins ou d'nnt
surenchère des cupidités. Ils ne trouveront
leur régulateur que dans un accord concerté
des bonnes volontés.
Au cours des délibérations internationales
où se heurtent les prétentions des peuples,
nous sommes heureux d'applaudir au sens
pratique et a l'idéalisme des représentanti
français. Le vent gonfle leur voile sans la
détacher dit flot. C'est là un signe de force
et un gage de victoire. Ne croyons pas toute-
fois, qu'il nous suffise de jouer autour d'eux
le rôle du chœur dans la tragédie antiquc.
Il s'agit d'un monde à repétrir et nous ne
triompherons de son inertie que si chacun de
nous devient SOn fermeut.
Le commerce est le lien des nations. Grâce
à voit s, chaque individu communie avec la
substance de l'univers. Portant les symptô-
mes dit mal dont nous souffrons tous, soyez
les premiers à le combattre. L'effort isolé sc-
rait vain : il deviendra fécond si, à la pour-
suite du succès personnel, se mêle une pen-
sée d'universalité.
Cette pensée est aujourd'hui présente par-
mi nous. Méditerranéens, nous sommes asso-
ciés par une communauté d'intérêts qui nous
lient à tous les pays d'alentour. Il ne dépend
pas de nous d'assurer l'harmonie de ce tout,
mais notre propre cohésion peut déterminer
un métamorphisme de cont/let. qui aide nos
voisins à s'organiser eux-mêmes à notre
exemple et les amène ensuite à chercher un
soutien dans ceux qui auront été leur modèle.
Français, vous ne pouvez pas davantage tra-
vailler à la prospérité de la France sans tra-
vailler à celle de l'humanité, puisque le
maintien de la vitalité nationale concourt à
la stabilité dit monde qui, peut-être même,
s'effondrerait sans elle,
Le départ du Sultan du Maroc
4.
Le sultan du Maroc, son fis, El Mukri.
grand vizir, Si Kaddour lien Ghabrit, mi-
nistre plénipotentiaire, Si Mammeri. pré-
cepteur du fils du sultan, se sont embar-
qués. samedi sur le paquebot !\ïcolas-Pa-
quet pour rentrer au Maroc.
A l'embarcadère le sultan a {.t,', accueilli
par M. Nunzi, administrateur-directeur de
la compagnie, et par le commandant, Agos-
tini. Le sultan n pris plewe (tons le grand
solon du pûcpwhol, ayant a. ses cAU'-s M.
̃Morillon, secrétaire général de la Rési-
dence : 'El Mokri, Si Kaddour ben Gbobnl
et. Si M-ammeri.
M. Jean Cansorel. préfet des B<.ucbes-du-
Rhfmc, le douleur Ribot, maire, et de nom-
breuses personnalités ont présenté leurs
devoirs au sultan qui a eu pour chacun
une parole do remerciement.
Si Kaddour ben Ghaibrit au nom du sul-
tan a fait connaître les impressions d'e Si
Mohamed sur son cinquième voyage en.
France el a dk']nré que toutes Ic,-:; autorités
àVÉNILJNTiOlEN
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Réduction & AiministrmMmi
; •4,RnH MMftlMr
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Les Annales Coloniales
tim 1 et réHtmeitont rtçuu m
tnirMtttfMfovnMli
Dirictbué.Pon6atbuii I Maroel RU BDEk
Touf lot. orticles publiés dans notre fownal ne peuvent
être rlPNduU. qu'en citant les Amialis Colomialm.
ABONNEMENTS
mec la Revue mensuelle t
u.., 6 Mois 8 nom
France et
colonies 1800 tOO t M *
Étranger.. 240 » 125 » - 79 »
On s'abonne boiu (rais dana
tous les bureaux de posle.
LWaallnie Hrlcote an Maroc
CI <
- Les pays méditerranéens sont essentielle-
ment des pays agricoles,, à' l'exception de
J'Espagne, qui contient des richesses miniè-
res considérables que les Carthaginois et les
Romains exploitèrent de la façon la plus ac-
tive. 'Il existe sur d'autres points de la côte
et de l'hinterland des mines qui ne sont pas
sans importance, mais il n'en reste pas moins
que l'agriculture a été et demeure encore la
orme principale de l'activité humaine.
Cela est vrai de la Tunisie, de l'Algérie
et du Maroc, pour nous en tenir aux pays
que la France gouverne à des titres divers.
Le Maroc est de toutes nos possessions
nord-africaines celle qui compte le plus
grand nombre d'hectares susceptibles d être
mis en culture. Le sol est naturellement fer-
tile. Il comporte des terres qui sont parmi les
plus riches que l'on connaisse, mais ainsi
qu'il arrive partout, cette fertilité est fonc-
tion de l'eau. Le grand géographe Jean
Brunhes a consacré, il y a quelques années,
un ouvrage tout à fait intéressant à cette
question qu'il a reprise dans sa Géographie
Humaine que devraient lire tous ceux qui
se consacrent ou ont l'intention de se consa-
crer à l'activité agricole dans l'Afrique Mi-
heure.
Ce préambule, qui n'est pas du remplissa-
ge, ni une manière d'allonger un article, a
simplement pour objet de rappeler l'impor-
tance d'une question qui échappe à beaucoup
d'esprits qui se prétendent informas des pro-
blèmes agricoles de ces régions-là.
Aussi bien les géographes et ceux qui se
préoccupent de l'avenir économique de cette
pattie de nos possessions coloniales suivent-
ils avec attention les efforts qui sont faits en
vue de suppléer, sinon à l'insuffisance tout
au moins à la répartition défectueuse des
pluies qui est une gêne constante pour l'agri-
culture.
Le Maroc n'est pas dépourvu d'eau. Les
cartes des pluies nous montrent en effet qu'il
en reçoit des quantités suffisantes, supérieures
même à celles qui tombent dans le bassin pa-
risien où l'agriculture n'a pas besoin de faire
appel à des moyens artificiels pour procurer
aux cultures l'eau qui leur* est nécessaire.
Mais le régime des précipitations atmosphé-
riques est tel que l'humidité fait défaut au
moment où elle serait le plus nécessaire.
Aussi l'un des premiers soucis du protectorat
a-t-il été d'avoir une politique de l'eau.
Au Maroc, a-t-on l'habitude de dire, l'eau
ne manque pas. Le soi est sillonné par d'im-
portants cours d'eau, les plus considérables
de du ,J'I lia sont trop connus
• JJotff ijuè: nous nous attardions à les énu-
méret. D'autre part, des vastes aquiferes em-
magasinent des masses d'eau d'importance et
d'accès variables.
Deux questions se posaient: 1 0 recon-
naître l'emplacement et l'étendue des nappes
souterraines - 2° examiner la meilleure façon
d'utiliser les cours d'eau.
Ces problèmes n étaient pas inconnus du
gouvernement chérifien mais on peut dire
sans injustice qu'on pourvoyait aux besoins
d'une façon rudimentaire et que l'eau était
géfléralement gaspillée.
Le gouvernement du protectorat a décidé
de procéder d'une façon plus méthodique et
plus efficace.
En ce qui concerne les nappes d'eau, un
plan de foràge a été dressé et se trouve en
voie d'exécution.
Pour les oueds les travaux ont commencé :
il a fallu d'abord étudier leur régime, voir
la quantité d'eau utilisable, et ensuite dé-
terminer l'emplacement des barrages. Ces
travaux sont délicats et la solution définitive
ne peut intervenir qu'après des recherches
assez longues.
Les travaux d'irrigation intéressent Montes
les régions du Protectorat.
Dans le Maroc oriental, de vastes travaux
sont prévus en vue d'irriguer la plaine des
Triffas qui s'étend même sur une partie de
la zone espagnole. Il s'agit de construire un
barrage et de nombreux canaux de dériva-
tion.
Près de la côte, en arrière de Rabat, de
grandes étendues de terres propres à la cul-
ture manquent d'eau. C'est la plaine de Sidi-
Sliman. On y pourvoira en utilisant les eaux
'de l'oued Beth grâce au barrage d'El-Kan-
sera. Cet ouvrage-là aura une hauteur de
36 mètres au-dessus du niveau normal de la
rivière et permettra de retenir près de 230
millions de mètres cubes d'eau. A quinze ki-
lomètres en aval un canal de dérivation per-
mettra l'irrigation de plusieurs milliers d'hec-
tares d'excellentes terres. Des extensions ul-
térieures apporteront l'eau bienfaisante
jusque dans la plaine de Petitjean.
Plus au sud, entre Casablanca et Fedhala,
un barrage établi sur l'oued Mellah à l'en-
droit où cessent de se faire sentir le flux et
le reflux, et où les eaux sont encore douces
rendra possible l'irrigation des cultures ma-
raîchères des jardins voisins de la côte.
On a projeté également d'utiliser par le
même moyen FOum-er-Rébia en amont de
Xasba- Tadla. Le seul inconvénient est que
'les eaux de cet oued sont assez fortement
salées 1 t gr. 40 par litre. Mais l'expérience
a démontré que les cultures peuvent s'en
accommoder.
Des travaux encore plus importants sont
prévus sur deux affluents de l'oued Oum-cr-
Rébia, l'oued Tessaout et l'oued el Abid.
Sur ce dernier cours d'eau le projet présente
un caractère grandiose. Le barrage attein-
'drait un hauteur de 60 mètres. Un tunnel de
'dérivation à travers la montagne qui le
sépare de FOum-er-Rébia est prévu sur une
longueur de 8 à 10 kilomètres. Enfin, une
chute d'eau de 280 mètres dans la plaine de
Sidi-Moussa donnerait une puissance
moyenne de. 60.000 CV.
Quelle sera la surface des terrains que
l'on pourra ainsi gagner à l'agriculture ? Les
services du Protectorat l'évaluent a au
moins 200.000 hectares. Cela représente un
douzième des terres actuellement cultivées.
Ces travaux hydrauliques ont un autre in-
térêt que nous laissons volontiers de côté : ils
fourniront à l'industrie une force appré-
ciable. -
La construction des barrages et des cana-
lisations est un des aspects de l'hydraulique
agricole. Il en est d'autres. Les Marocains
avaient créé des canalisations souterraines,
notamment dans la région de Marrakech.
L'effort des Français a consisté à les amé-
liorer et à les étendre. Mais la tâche la plus
importante, en dehors des projets que nous
venons d'analyser, est l'assèchement de cer.
taines plaines comme celle du Gharb., Ce
travail commencé dès les premières années de
l'occupation est, par endroits, fort avancé,
mais il est fort coûteux.
Il' reste-encore beaucoup à faire. Mais il
serait injuste de ne pas reconnaitre l'impor-
tance de ce qui 1 a été réalisé. La mise en
valeur du Maroc se fait méthodiquement.
Un seul souhait, c'est qu'elle s'accomplisse
avec le souci constant de ménager les deniers
et d'éviter les gaspillages qui ne pourraient
être tolérés à l'époque de crise que traverse
la Métropole.
Henry Fontanier,
Député rlu Cantal
Membre de la commission de l'Algܡ\,
des colonies el protectorats.
.E
M. Lucien Saint
candidat aux éiectiias sénatoriales
a.68
Réunie en assemblée générale dimanche la
Fédération radicale et radicale-socialiste de
la Haute-Garonne a désigné ses candidats
aux prochaines élections sénatoriales. Ce
sont : MM. Lucien Saint, résident général au
Maroc ; Savignol sénateur sortant ; Rouart,
conseiller général, et Garrère, président de la
Fédération radicale et radicale-socialiste de
la Haute-Garonne.
; et
Notre action au Maroc
- Les progrès de la pacification
Les dissidents blessés continuent à affluer
vers Midelt, venant de la région du plateau
des Lacs; on y trouve des Ait Haddidou,
quelques Ait fiitôkjnattos, u 1 - étaient restés
irréductibles, mais surtout des indigènes AH
Amour-Qunefgou, dont le territoire actuelle-
ment Occupé était devenu, depuis quelques
années, le refuge de tous ceux qui avaient
intérêt à combattre l'établissement du Magh-
zen, c'est-à-dire l'ordre et la paix.
Parmi ceux qui se sont soumis à nos trou-
pes, se trouve le fameux agitateur El Mokri,
que nous trouvions devant nous depuis de lon-
gues années ; deux de ses frères, qui étaient
également ses lieutenants, ayant été tués au
cours de l'action du Plateau des Lacs, nôtre
farouche ennemi se décida à demander
l'aman et enterra devant nos troupes la pou-
dre des cartouches qui lui restaient, en signe
de paix.
Le médecin-inspecteur Spick s'est rendu à
Midelt afin d'inspecter les formations sani-
taires dont le personnel se multiplie auprès
de ceux qui nous combattaient encore hier, et
dont l'état physiologique, pour beaucoup, est
déplorable. Des missions sanitaires volante
ont également été envoyées, dans les régions
nouvellement conquises et procèdent sans ar-
rêt à des vaccinations contre la variole et le
typhus.
) -+
A la Chambre de Commerce
de Casablanca
̃ «♦«
Le contingent d'exportation des blés durs
marocains
Le 21 septembre la commission instituée
par le dahir du 8 septembre 1932 qui régle-
mente les blés et farines s'est réunie à la
Chambre de commerce de Casablanca.
La décision prise de bloquer 300,000 qtx de
blés durs a pour conséquence de permettre
d'accorder au commerce l'autorisation d'ex-
porter la quantité de blé dur correspondant
à celle que l'Union des docks-silos avait la
possibilité d'exporter sur le contingent ad-
missible en franchise en France et en Al-
gérie.
En vue de procéder à la répartition entre
les divers intéressés de la part à leur attri-
buer, les commerçants exportateurs de céréa-
les ont été invités à faire la déclaration des
stocks de blés durs qu'ils détiennent en vue
de l'exportation.
Cette déclaration devra indiquer la quan-
tité et l'endroit exact où les grains sont dé-
posés, de manière que le service des douanes
puisse s'assurer à tous moments de l'exis-
tence effective des stocks déclarés.
La déclaration faite par les commerçants
doit comprendre uniquement les quantités
stockées dans les ports, à l'exclusion de tou-
tes celles stockées dans les dépôts de l'inté-
rieur.
Les quantités que les commerçants ont re-
çues en dépôt dans leurs magasins doivent
être déclarées au nom de leur véritables pro-
priétaires, et la licence sera délivrée au nom
de ces derniers.
Tl sera procédé ensuite au recensement gé-
néral desdits stocks.
La distribution sera faite dans la limite de
20.000 qtx pour la période allant jusqu'au
15 octobre, au prorata des quantités recon-
nues, compte tenu des licences déjà délivrées
et non encore utilisées.
La répartition du surplus aura lieu après
un nouveau recensement entre le 20 et 25 oc-
tobre.
Chez les primeuristes
parisiens
-- 1..
CHEREMENT, atlX
devantures de cer-
tains. grands mal- -
tres fruitiers de
la capitale s*éta-
laient d'adtnirar
bles, pêches, car-
minées à souhait,
parées de robes en
papier rose savamment ajouTé. Une publi-
cité intensive faite par les vendeurs affir-
mait que ces pèches énormes, arrivant de
l'Italie, malgré leur prix très modique, qua-
fante-cinç sous pièce, étaient aussi bonnes
que belles 1
Il n'aurait pas failu croire en la langue
dorée des marchands : la magnifique pê-
che italienne était décorative, inodore et sans
saveur.
Nombreux furent ceux qui se laissèrent
prendre au piège et n'eurent d'autres res-
sources que de les manger en beignets bien
sucrés.
br, tandis que la métropole consomme
ainsi la production étrangère, la situation de
l'arboriculture fruitière en Algérie est. loin
d'être satisfaisante.
Après un essor remarquable des différen-
tes cultures fruitières, cette France de
Afrique du Nord, subit en xc moment une
régression marquée de la plupart d'entre
elles.
Ce changement brusque de la situation
doit être attribué à la baisse des prix de
t'elite produits sur les marchés européens,
mais surtout, à la concurrence étrangère
s'exerçalli sur le marché français. Evidcm-
ment, Vaugmentation continue des frais de
culture et de transport aggrave la situation.
Cet état de choses met les agriculteurs al-
gériens dans le p-lus grand embarras. Il faut
se rappeler, qu à la suite du vote de la loi
du 4 juillet sur la viticulture, ils se voient
dans d'obligation de rechercher les cultures
qu'ils devront entreprendre en remplacement
de ICI vigne, dans les terrains oh cette del-
nière aurait donné les meilleurs résultats.
L'arboriculture fruitière est au premier rang
parmi les productions aptes à remplacer la
vigne dans les terrains qui lui étaient pricl-
demment destinés. La zone littorale de PorI.
Say à La Calle, de même que certaines ré-
gions montagneuses (Kabylie, Zaccar, Mt-
déa, Tlemcen) conviennent parfaitement aux
plantations d. arbres fruitiers : suivant le
sol, Vexposition et l'altitude, on peut songer
a planter agrumes. figuiers, abricotiers,
amandiers, pruniers, pichets, eifFl fiers, né-
fliers, poiriers, châtaigniers, noyers, etc.
Telles sont tes réflexions de philosophie
économique auxquelles peut se livrer un sim-
ple amateur de fruits savoureux.
Avant d'acheter, nos ménagères n*ont pas
le temps de se livrer à de patriotiques médi-
tations. TOllf de même, il importerait que
Vopinion métropolitaine soit enseignée et
qu'avant, de choisir « une pêche » à l'éta-
lage, l'acheteur pense aux 10.000 hectares
de vergers qui s'étendent dans les plaines de
la Mitidja, des lssers, de Rôtlc, dans la
vallée du Clléliff, aux environs de Tlemcen,
de Miliana, etc.
Ne poussons pas à l'extrhllc la proposi-
tion « Achetez français n, mais sac hons
jairc valoir - le patrimoine de ta France.
Edouard Néron,
Sénateur de La Haute-Loire,
Vice-Président de la Commissior
des Douanes.
)..
Le Muséum
s'est enrichi
M. Urbain vient de procéder ces jours-ci
à l'installation d'un superbe troupeau de mou-
tons de Boukàra don généreux du marquis
d'Aigneau.
il s'agit de très ibeaux spécimens de cette
race, asiatique spéciale qu'on élève pour la
production de la fourrure appelée, sui /ant sa
forme: breitschwanz; persianer, karakul ou
astrakan.
La tlaine des agneaux nouvellement nés se
caractérise par une boucle plus ou moins accu-
sée.
Ces animaux peuvent parfaitement. s'accli-
mater en France, et leur accouplement avec
certains de nos moutons peut donner d'excel-
lents résultats.
Un autre pensionnaire de marque est récem-
ment arrivé, lui aussi; c'est un rfourmilier de
très grande taille, comme on en voit rarement
dans les parcs zoologiques.
Au zoo de Vincennes, trois naissances
viennent d'être célébrées : celles d'un élan du
Cap et de deux antilopes du Tchad.
> «M*M (
Oépêches de l'Indochine
l*
Du riz pour France
L'Alster est parti le 18 septembre avec
50 tonnes de riz blanc pour MarseilU, 99
tonnes de riz blanc pour le Rn/ore.
Le Kouang-Si est parti te 20 septembre
avec 1.077 tannes de riz blanc 100 tonnes
de brisures pottr MarseUle et sit tonnes de
brisures pour Dunherque.
L'arrivée du courrier France-Indochine
L'avion est arrivé avec 56 kilos 704 de
courrier, 12 kilos 530 00 fret et trois pas-
sagers, MM. Labaste, Ratfcleuf et Glatze.
Départ du courrier Saïgon-Marseille
L'avion est parti de Saigon samedi avec
70 kilos 697 de courrier et un passager
pour Marseille, M. Sa col,
IndUI.
Remarques
sur la presse coloniale
»♦«
Que les questions économiques préoccupent
touy les esprits à l'heure -actuelle, c'est 1 évî-
dence même. La crise qui sévit sur les na-
tions et les individus étant elle-même issue
d'un complexe économique formidable, il est
bien naturel que les hommes donnent aux
manifestations économiques une importance
première.
Que la presse d'information reflète ces pré-
occupations et nourrisse ses innombrables
lecteurs d'une pâture quotidienne où le cours
du blé et des bestiaux s'allie aux déclarations
ministérielles les plus optimistes, c'est tout à
fait normal ; encore que la grande presse ait
les moyens de réserver une place notable aux
sports, aux faits divers et au cinéma.
Mais je veux pour les journaux, revues et
périodiques coloniaux qui se publient dans la
métropole, à cause même de leur audience
particulière et de leur rôle directeur, un peu
ptus que des préoccupations purement écono-
m'ques.
Les colonies sont autre chose, heureuse»
ment, qu'une affaire, qu'une vaste affaire,
conception en laquelle on voudrait enfermer
les forces vives de la colonisation.
D'ailleurs, plus les colonies se dévelop-
pent en valeurs économiques et plus elles
tehdent à ressembler, dans leur structure mo-
rale et intellectuelle, à la métropole, dont
la haute civilisation est considérée comme
un exemple et un but à atteindre au plus tôt.
-En admettant même la primauté des fac-
teurs économiques, les problèmes qui en ré-
sultent sont en connexion intime avec les
autres éléments de la vie d'un peuple.
La production agricole et industrielle, à
laquelle on attache une importance capitale,
trOp souvent exclusive, suppose au moins un
facteur humain la main-d'œuvre que
l'on ne peut raisonnablement considérer
cqmme une abstraction.
En replaçant ce facteur fondamental dans
sa réalité, on voit immédiatement surgir
mille questions relatives à la géograpnie. à
l'histoire, à l'étude des races, à la psycho-
logie, à la politique, à la littérature même,
questions effleurées par les meilleurs jour-
naux coloniaux, ignorées ou passées sous si-
lence par les autres. Non que ces questions
soient l'objet de leur part d'une espèce de
prévention ; mais l'actualité « économique »,
si l'on peut dire, chasse impitoyablement ce
qui n'est pas elle ou en relation immédiate
avec elle.
Hâtons-nous de dire que ces questions sont
étudiées, mais elles le sont dans dés publi-
cations spéciales, de science pure, qui n'at-
teignent pas le grand public. Traitées par
des spécialistes opérant chacun en des com-
partiments étanches, elles existent sans lien
ayee la vie économique et sociale des colo-
nies Intéressées. Leurs conséquences prati-
ques, quand elles se produisent, arrivent tard
et souvent trop tard. Bien des erreurs et des
fautes sont commises qui auraient pu être
évitées dans tous les domaines.
On ne le répétera jamais assez : la géogra-
phie, l'histoire, la sociologie devraient être à
la base de notre connaissance des colonies et
conditionner toutes les activités y compris
l'activité économique. On peut même affir-
mer que, sans ce fondement solide, les réali-
sations techniques les plus audacieuses res-
tent inefficaces.
Il n'est pas jusqu'aux descriptions litté-
raires qui pourraient trouver place utilement
dans les journaux et revues coloniaux, si l'on
tient compte qu'elles sont susceptibles de fa-
voriser le tourisme colonial, où tout reste à
faire presque. Quoi de plus charmant qu'une
description alerte, colorée, exacte. Ça vous
donne envie d'aller voir, surtout si le texte
est accompagné de jolies reproductions pho-
tographiques.
Si ces réflexions paraissent un peu naïves,
on les admettra comme un point de vue. Le
point de vue du bled j de ceux qui, étant à
pied d'ouvré, sont à même de juger les
réactions morales qu'cntraine l'application
de certains principes dont il n'est pas diffi-
cile de retrouver l'origine à travers l'igno-
rance et les idées préconçues qui règnent
trop souvent en matière de colonisation.
Le rôle éminent de la presse coloniale doit
être justement de dissiper l'ignorance et les
préjugés et d'exercer sur l'opinion et les pou-
voirs publics une influence ayant pour mo-
bile essentiel la dignité morale et le bien-
être des populations lointaines au nom de qui
il faut parler en toute connaissance de cause.
Arthur Pellegrin.
Délégué au Grand Conseil de la Tunisie
: ) M*M- It
Rédiction des dépenses
du gouvernement tunisien
––-
Un décret calqué sur les dispositions de
l'article 6 de la loi française du 15 juillet
1932 vient de paraître au Journal officiel tuni-
sien. Ce décret est relatif aux mesures d'éco-
nomies budgétaires. Il dispose que les dépenses
administratives de 1932 subiront, au titre du
dernier trimestre, une réduction de 5 des
crédits annuels afférents à la rétribution des
personnels civil et militaire. Ce même décret
précise qu'aucun changement n'est apporté aux
conditions de rémunération et aux règles
d'avancement du personnel. Les économies à
réaliser devront être recherchées dans le com-
pression des frais de gestion d'administration de
tout ordre.
Les mesures à prendre consisteront notam-
ment dans des suppressions d'emplois, tout au
moins provisoires, par ralentissement du recru-
tement, dans la réduction des dépenses auxi-
liaires, dans les compressions sur les dépenses
administratives de matériel d'entretien, frais de
bureaux; irais de tournées, etc.
La réduction porte sur une somme globale
de 300.484.300 francs, dont la répartition
dans les différents articles du budget sera fixée
f ultérieurement.
Pour le grand tourisme
M. Marchandeau à Marseille
Ainsi que les Annales Coloniales l'avaient
annoncé, M. Marchandeau, sous-secrétaire
d'Etat à la présidence du Conseil, a présidé
hier matin dans la salle des séances de la
Chambre de commerce, où il' est arrivé ac-
compagné de MM. Causeret, préfet des Bou-
ches-du-Rhône, et Ribot, maire de Marseille,
la treizième assemblée des membres de la
Commission du Grand Tourisme. M. Maurice
Hubert, président de la Chambre de com-
merce de Marseille, a souhaité la bienvenue
à M. Marchandeau. Le ministre a remercié
la Chambre de commerce et la Commission
du Grand Tourisme de l'accueil fait à sa vi-
site et a donné ensuite la parole à M. Guizot.
La discussion a été ouverte par un rapport
sur la situation privilégiée que l'Alsace' oc-
cupe dans la carte du Grand Tourisme Eu-
ropéen dont elle est en quelque sorte la pla-
que tournante.
M. Jaeger, secrétaire général de la Corn.
mission, fit l'exposé des desiderata des ré-
gions de l'Est, relatifs aux relations avec
Marseille et l'Afrique du Nord. La Commis-
sion examina ensuite diverses questions tech-
niques : projets horaires, propagande, ta-
rifs, etc.
) -.- (
L'Exposition artistique
algérienne de Vienne
Les journaux autrichiens, en particulier le
N'eues Wiener Journal et la Neue Freic
Presse, annoncent avec beaucoup de sympa-
thie l'importance de l'Exposition « L'Algé-
rie dans l'art français du xix° et du XX0 siè-
cles » qui a lieu au Palais de la Sécession, en
plein centre de Vienne, pendant tout le mois
d'octobre, qui est le mois du Tourisme en
Autriche. Le grand musée viennois, l'Alber-
lipia, a bien voulu preter une vingtaine de
dessins et d'aquarelles du Maroc; de Dela-
croix, de Decamps, de Fromentin et. de Barye
qui viennent heureusement compléter l'en-
semble du XIX" siècle, réuni grâce aux prêts
du musée du Louvre, des musées d'Alger et
de Reims et de nombreuses collections parti-
culières françaises.
Comme préface à l'Exposition, M. Jean
Alazard, directeur du musée des Beaux-Arts
d'Alger, a fait, dans la grande salle de
YUrania-j devant un nombreux public, une
conférence sur l'Algérie et les artistes fran-
fais du XIXO et dit xx" siècles. Il a parlé éga-
lement à Radio-Vienne sur le même sujet.
Le Président de la République a inauguré
hier matin à Il heures l'Exposition de l'Al-
gérie. -
Une très brillante assistance groupait aveo
les membres du corps diplomatique, les per-
sonnalités les plus représentatives du monde
artistique et littéraire viennois. Le chance.
lier et le ministre de l'Instruction publique,
l'un et l'autre président d'honneur, en même
temps que MM. Herriot et de Monzie,
s'étaient fait représenter en leur absence de
Vienne par de hauts fonctionnaires de leurs
services.
Après une allocution du président de la
Sécession, le professeur Martin, le ministre
de France, comte Clauzel, remercia à son
tour les différentes autorités ou personnalités
qui avaient fourni les éléments de l'Exposi-
tion ou qui l'avaient organisée.
Le Président de la République répondit que
c'était un honneur pour l'Autriche d'avoir
été choisie pour cette manifestation dont la
qualité et l'importance supposaient un public
compréhensif et sympathique. Il souligna le
rôle de l'Algérie dans la vie de la France et
rendit hommage aux éléments d'heureuse
inspiration apportés par cette belle terre lu-
mineuse à l'art français moderne.
Le Président de la République, accompa-
gné du comte Clauzel, -fit ensuite une visite
à l'Exposition sous la conduite du principal
organisateur de cette manifestation, le direc-
teur du musée des Beaux-Arts d'Alger, M.
Jean Alazard.
Le ministre de France et la comtesse Clau-
zel donnent aujourd'hui un grand déjeuner à
l'occasion çle cette inauguration.
) «M*M- (
Dans la Marine
-
La croisière annuelle du « Jeanne-d'Arc »
Le croiseur Jeanne - d'Arc, navire-école
d'application des enseignes de vaisseau, quit-
tera Brest le 5 octobre, sous le commande-
ment du capitaine de vaisseau Marquis, pour,
effectuer sa campagne annuelle. Le croiseur
fera le tour du monde en neuf mois.
Voici les principales escales :
Alger, du 10 au 13 octobre; Bizerte, du 14
au 20 octobre ; Beyrouth, du 29 octobre au 3
novembre j Port-Saïd, du 4 au 7 décembre ;
Djibouti, du 12 au 14 novembre; Bombay, du
28 novembre au 4 décembre; Saïgon, du 16
décembre au 30 janvier; Port-Dayot, du 31
janvier au 16 février; Baie d'Along, du 18 fé-
vrier au 4 mars ; Changhaï, du 13 au 19
mars; Nagasaki, du 21 au 27 mars; Yoko-
hama, du 5 au Il avril; San-Francisco, du 4
au 10 mai; Fort-de-France, du 3 au 9 juin;
La Guadeloupe, du 9 au 18 juin. Retour à
Brest le 5 juillet.
Le général Huré en France
Le général Huré, commandant des troupes
d'occupation du Maroc, qui s'était embarqué
samedi à bord du paquebot Maréchal-Lyau-
tey, à destination de Marseille est arrivé hier.
<
Affermage du wbàrf
de Cotonou
-–- .,.
La Compagnie des Chargeurs Réunis a com-
muniqué à la Chambre de Commerce de Coto-
nou un projet d'affermage de l'exploitation du
wharf par la Société les « Ports Coloniaux ».
La Chambre de Commerce avait émis anté-
neurenMnt un vœu favorable à cet affermage.
le Congrès
des Chumbres de commerce
méditerranéennes
«♦«
Première séance
Samedi a commencé, dans la salle d'hon-
neur de la Chambre de commerce de Mar-
seille, la VII" Conférence des Chambres de
commerce françaises de la Méditerranée,
sous la présidence de M. Maurice Hubert,
président de la Chambre de commerce. M.
Hubert était entouré de MM. Mérillon, se-
crétaire général de la résidence, représentant
M. Lucien Saint, résident général de France
au Maroc ; Wattier, directeur général des
ports et voies fluviales ; Lemoine, ingénieur
en chef des ponts et chaussées.
La séance a débuté par une allocution de
bienvenue dans laquelle le président de la
Chambre de commerce de Marseille a salué
les congressistes.
Il a été ensuite rendu compte de la suite
donnée aux vœux émis lors de la VI0 Confé-
rence. Après quoi. l'ordre du jour a été
abordé, comportant de nombreuses et impor-
tantes questions, telles que : clauses d'exoné-
ration des connaissements (Chambre de com-
merce d'Alger); liaison aérienne Marseille-
Alger (Chambre de commerce d'Alger); liai-
son aérienne Alger-Oran (Chambre de com-
merce d'Alger) ; chemin de fer transafricain
(Chambre de commerce d'Alger) ; taxe de dé-
douanement sur les colis postaux importés
en Algérie (Chambre de commerce d'Alger) ;
zones franches (Chambres de commerce d'Al-
ger et de Marseille) ; utilisation des huiles
d'olive pour le graissage des moteurs à ex-
plosion (Chambre de commerce de Bougie) ;
unification de la réglementation de l'exporta-
tion des huiles d'olive (Chambre de com-
merce de Sousse) ; politique fiscale du gou-
vernement égyptien (Chambre de commerce
française du Caire), etc.
Un discours de M. Lucien Saint
M. Mérillon à l'issue de la réunion a donné
lecture du discours que devait prononcer
M. Lucien Saint. Nous sommes heureux d'en
publier quelques passages :
Accablés par la crise, on voit aujow'd' hui
trop d'esprits plus préoccupés de se repré-
senter le Pire que de. le conjurer. Ils se
complaisent dans leur alegoissc et s'inclinent
sous le poids des fatalités. Les fatalités mes-
sieurs, ne sont le plus souvent que le masque
de responsabilité inavouée. A l'origine dei
calamités sociales, il y a presque toujours
une erreur ou un crime. Il faut croire à
l'efficacité du vouloir humain, pour agir et
pour vaincre et se détourner de ceux qui ef-
frayés par la complexité des problèmes ou
séduits par la simplicité des solutions vio-
lentes, sont toujours pressés ile. souscrire à
la capitulation de l'esprit. Nos pères, les
Gaulois. lançaient des flèches contre le cielt
et ce geste, qui. scandalisait la piété romaine,
est à l'origine de tous nos progrès. On ne
triomphe de la nature qu'en lui obéissant di-
sait Bacon. Oui, mais à la condition d'af-
fronter ses colères et de s'ancrer dans la cer.
titude que notre intelligence les paralysera.
On parlait naguère de fatalités économi-
ques. Les optimistes -- en espéraient une trans-
figuration spontanée de la vie sociale. Nous
avons réappris, dc-fnds la grande guerre, que
Véconomie est dépendante de la politique et
que les débordements dit créditt les engorge-
ments de la surproduction sont nés d'une
inexacte appréciation des besoins ou d'nnt
surenchère des cupidités. Ils ne trouveront
leur régulateur que dans un accord concerté
des bonnes volontés.
Au cours des délibérations internationales
où se heurtent les prétentions des peuples,
nous sommes heureux d'applaudir au sens
pratique et a l'idéalisme des représentanti
français. Le vent gonfle leur voile sans la
détacher dit flot. C'est là un signe de force
et un gage de victoire. Ne croyons pas toute-
fois, qu'il nous suffise de jouer autour d'eux
le rôle du chœur dans la tragédie antiquc.
Il s'agit d'un monde à repétrir et nous ne
triompherons de son inertie que si chacun de
nous devient SOn fermeut.
Le commerce est le lien des nations. Grâce
à voit s, chaque individu communie avec la
substance de l'univers. Portant les symptô-
mes dit mal dont nous souffrons tous, soyez
les premiers à le combattre. L'effort isolé sc-
rait vain : il deviendra fécond si, à la pour-
suite du succès personnel, se mêle une pen-
sée d'universalité.
Cette pensée est aujourd'hui présente par-
mi nous. Méditerranéens, nous sommes asso-
ciés par une communauté d'intérêts qui nous
lient à tous les pays d'alentour. Il ne dépend
pas de nous d'assurer l'harmonie de ce tout,
mais notre propre cohésion peut déterminer
un métamorphisme de cont/let. qui aide nos
voisins à s'organiser eux-mêmes à notre
exemple et les amène ensuite à chercher un
soutien dans ceux qui auront été leur modèle.
Français, vous ne pouvez pas davantage tra-
vailler à la prospérité de la France sans tra-
vailler à celle de l'humanité, puisque le
maintien de la vitalité nationale concourt à
la stabilité dit monde qui, peut-être même,
s'effondrerait sans elle,
Le départ du Sultan du Maroc
4.
Le sultan du Maroc, son fis, El Mukri.
grand vizir, Si Kaddour lien Ghabrit, mi-
nistre plénipotentiaire, Si Mammeri. pré-
cepteur du fils du sultan, se sont embar-
qués. samedi sur le paquebot !\ïcolas-Pa-
quet pour rentrer au Maroc.
A l'embarcadère le sultan a {.t,', accueilli
par M. Nunzi, administrateur-directeur de
la compagnie, et par le commandant, Agos-
tini. Le sultan n pris plewe (tons le grand
solon du pûcpwhol, ayant a. ses cAU'-s M.
̃Morillon, secrétaire général de la Rési-
dence : 'El Mokri, Si Kaddour ben Gbobnl
et. Si M-ammeri.
M. Jean Cansorel. préfet des B<.ucbes-du-
Rhfmc, le douleur Ribot, maire, et de nom-
breuses personnalités ont présenté leurs
devoirs au sultan qui a eu pour chacun
une parole do remerciement.
Si Kaddour ben Ghaibrit au nom du sul-
tan a fait connaître les impressions d'e Si
Mohamed sur son cinquième voyage en.
France el a dk']nré que toutes Ic,-:; autorités
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