Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1932-09-19
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32693410p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 19 septembre 1932 19 septembre 1932
Description : 1932/09/19 (A32,N94). 1932/09/19 (A32,N94).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
Description : Collection numérique : Thème : L'histoire partagée Collection numérique : Thème : L'histoire partagée
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Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6380514w
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/02/2013
TRENTE-DEUXIEME ANNEES - N* Obi
LE NUMERO : 30 CENTIMES
LUNDI sOIn. 19 SiùMfiMBRK 1932.
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Les Annales Coloniales
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On s'abonne sans frais daos
loua les bureaux de poste.
Le rôle de l'Afrique
>
La crise économique sans précédent
que traverse le monde et, en particulier,
l'Europe, excite les esprits les plus divers
à en rechercher les remèdes propres à en
empêcher le retour.
M. Caillaux, qui sait concilier les
préoccupations de parti à des soucis d'in-
térêt général, se demande avec angoisse
ce que deviendra, dans un avenir peut-
être proche, notre civilisation européenne.
Il a été frappé de l'accroissement de la
population de l'Europe depuis moins
d'un siècle. En 1850, 266 millions d'ha-
bitants; en 1930, 478 millions, soit, en
l'espace de 80 ans, une augmentation de
no -
Jusqu'à la guerre, les inconvénients de
ces progrès démographiques ne s'étaient
pas révélés bien graves. Le petit cap du
Continent asiatique c'est ainsi que l'an-
cien président du Conseil appelle l'Eu-
rope - avait conservé pour une bonne
part le privilège de fournir le monde de
produits industriels. Il était dans une
grande mesure l'usine qui travaillait pour
les autres continents.
Il n'en est plus ainsi aujourd'hui. De
cette évolution, la guerre n'est pas la
Seule cause, comme beauoup ont tendance
à le croire elle lui est antérieure
mais .elle l'a précipitée. L'Europe « ne
pourra plus retrouver son entière activité
passée, écrit M. Caillaux. Par la force
même des choses, des masses d'ouvriers
et d'employés sont, aujourd'hui, jetés
hors du circuit de la production. L'an-
cien continent ne parvient à nourrir ces
inoccupés qu'en entamant les réserves
que, dans le passé, il a accumulées. »
« Mais, ajoute le sénateur de la Sar-
the, tout a une fin ici-bas. Et le jour vien-
dra où l'Europe succombera, épuisée par
l'effort qu'elle aura fourni en faveur des
chômeurs. n
Telle est la question. Tel est le pro-
blème, un des grands problèmes du mo-
ment, déclare avec raison notre auteur.
Ce n'est pas la première fois qu'on le
pose. Et en Angleterre, en France et ail-
leurs, on l'a fait avant M. Caillaux, et,
de ce point de vue, son originalité n'est
pas grande. Aussi bien ne nous n'y serions
nous pas arrêté s'il ne préconisait une so-
lution qui médite de retenir l'attention de
tous ceux qui se préoccupent de l'avenir
des pays dits exotiques.
Pour lui, la question est relativement
simple et la solution à la portée, si je puis
dire, de notre main : mettre en valeur le
continent noir qui est, selon lui, le pro-
longement de l'Europe. L'industrie de
notre continent y trouverait un débouché
dont l'étendue est difficile à marquer.
« Constructions de voies ferrées, de
ports, de routes, outillages de toute sorte
peuvent et doivent, déclare M. Caillaux,
fournir pendant des années un aliment à
la prodution rationalisée des anciens
pays. Ainsi, la fabrique européenne re-
couvrerait une part, la part raisonnable,
de sa splendeur passée. » D'un autre
côté. mais ici l'ancien unioniste me sem-
ble moins affirmatif, un courant d'émi-
gration s'établirait de notre continent
vers le continent africain. Ainsi serait,
sinon complètement résolue, au moins
fortement atténuée, la crise qui étreint les
pays européens. Tel serait le rôle de
l'Afrique.
Ces projets sont grandioses. Si on
lisait dans son intégralité l'exposé qui en
est fait et que nous avons été contraint
de résumer, on y sentirait la vivacité et
la puissance d'une imagination qui n'est
pas l'apanage unique des poètes.
Des vues fort exactes sur le rôle des
pays neufs vis-à-vis de ceux où florit une
puissante industrie s'y rencontrent. Sur
ce point, M. Caillaux rejoint la plupart
des théoriciens socialistes.
Mais est-ce que les espoirs que l'on
fonde sur le rôle de l'Afrique dans la so-
lution de la crise mondiale ne sont-ils pas
excessifs?
Construire des ports, des voies ferrées,
faire toute sorte dé travaux publics. Je
veux bien. Je n'y vois pour ma part au-
cun inconvénient. Mais c'est plus facile à
décrire qu'à réaliser. M. Caillaux donne
en exemple ce qu'a tenté en Afrique équa-
toriale un gouverneur général. Cet exem-
ple provoque des réserves. En tout cas, il
montre à quelles difficultés se heurtent
ces grandes entreprises.
Quand on parle de l'Afrique, on a trop
tendance à oublier les conditions de peu-
plement de ce continent. On raisonne
comme s'il s'agissait des Balkans ou de
l'Asie. Il n'en est cependant rien. Aussi
convient-il de modérer nos espoirs. Cer-
tes, on peut faire beaucoup et le Congo
belge en est un exemple, mais il faut se
garder de toute exagération.
Quant à l'immigration, on ne saurait
rien dire de précis à ce su jet. Les popula-
tions européennes émigrent beaucoup
moins facilement qu'il y a 60 ou 80 ans.
L'insuccès du Gouvernement anglais qui
s'était proposé d'écouler vers les domi-
nions quelques milliers de chômeurs
prouve que les ouvriers, même dans la
misère, s'expatrient très difficilement.
L'Afrique possède bien des territoires
susceptibles d'être peuplés par des Eu-
ropéens, mais, somme toute, ces terres ne
sont pas fort étendues et ne présentent
rien de comparable à ce qu'on a trouvé
en Australie et dans les deux Amériques.
Aussi, disons-nous en terminant que,
si le rôle que peut jouer l'Afrique dans
la solution de la crise que traversent nos
pays industriels n'est pas négligeable, il
est prudent de se méfier des espoirs gran-
dioses qui risqueraient d'être déçus.
Henry Fontanier,
Député du Cantal.
Membre de la commission de VAlgérie,
des colonies et protectorats.
) - -.- (
Le réseau routier
de la Nouvelle-Calédonie
Deux opinions se discutent en ce moment
en Nouvelle-Calédonie où se construit un im-
portant réseau routier compris dans le pro-
gramme des grands travaux de cette colonie.
Pour les uns les routes en construction cons-
tituent une réponse productive pour les au-
tres elle est improductive.
Si de telles discussions peuvent s'expli-
quer dans un pays pourvu de nombreuses
voies terrestres utilisables pour les trans-
ports, elles nous paraissent inutiles et super-
flues en Nouvelle-Calédonie, où il n'y a ja-
mais eu qu'une seule route d'une centaine
de kilomètres de Nouméa à La Foa, pous-
sée ensuite jusqu'à Bourail depuis quelques
années seulement. Il n'y avait aucune autre
route dans cette colonie où les localités
n'étaient reliées entre elles que par des sen-
tiers. i
Aussi, la productivité de ce réseau ne
pourra-t-elle pas être contestée parce que la
vente et les échanges des produits qui y cir-
culeront, soit pour la consommation dans la
colonie, soit pour l'exportation, donneront
"t' budget. bénéficie.
lieu à des impôts dont les budgets bénfide-
ront.
La commodité que ce réseau donnera (et
donne déjà là où les routes sont terminées) à
la colonisation est une forme de la produc-
tivité parce que la route, donnant aux colons
la certitude de pouvoir écouler tous leurs
produits, tous augmenteront leurs produc-
tions.
Si nous sommes bien informés, les discus*
sions auxquelles le réseau routier de la Nou-
velle-Calédonie donne lieu, sont provoquées
par l'inquiétude de la population qui a à
payer pendant le nombre d'années fixé
pour l'emprunt, les frais d'intérêt et d'amor-
tissement des sommes employées à sa cons-
truction et, pour tout l'avenir, les frais d'en-
tretien des routes construites. Ce n'est pas
tout que de construire, il faut aussi entrete-
nir. C'est là une charge qui ne peut pas être
évitée et elle sera importante.
Les contribuables de la Nouvelle-Calédo-
nie qui voient la crise économique se prolon-
ger, se demandent si le réseau routier sera
assez productif pour leur permettre de faire
face aux charges qu'il leur impose. C'est là
l'origine des discussions qui nous sont si-
gnalées. Elles ne peuvent d'ailleurs rien
changer à l'exécution du programme des
grands travaux établi par le Conseil géné-
ral et l'Administration de la Colonie.
La Nouvelle-Calédonie n'a eu, jusqu'à ce
jour, que la voie de mer pour le transport
des produits de la colonisation. Ce transport
a toujours été assuré et œuvré par un service
subventionne de bateaux qui circulent sur les
côtes de l'île suivant un itinéraire et un ho-
raire fixés par un cahier des charges indi-
quant les escales qui lui sont imposées.
La création d'un réseau routier n'a pas
fait supprimer, jusqu'à présent, ce service de
navigation appelé four de Côtes ; mais il
pourra le suppléer et le concurrencer. Toute-
fois, il nous paraît difficile que des véhicu-
les, aussi grand qu'en soit le nomme, cir-
culant sur les routes, puissent transporter
avec la même régularité et la même sécu-
rité les nombreuses tonnes de produits qui
peuvent être chargés sur un bateau. D'autre
part, ces véhicules qui ne peuvent être que
des poids lourds, occasionneront sur les 1 eû-
tes d'autant plus de dégradations qu'ils se-
ront plus nombreux, et en augmenteront les
frais d'entretien.
Ce service du Tour de Côtes auquel la co-
lonie est obligée de payer une subvention,
constitue pour les contribuables une nouvel-
le charge qui s'ajoute à celles que le réseau
routier lui impose. Bien que beaucoup de
Calédoniens espèrent sa suppression, nous
croyons que son maintien restera indispensa-
ble et que les transports par voie de terre se-
tont toujours insuffisants.
Jusqu'à l'établissement du programme de
grands travaux pour lesquels la colonie a été
autorisée à contracter un emprunt de 95 mil-
lions, les colons ne demandaient que des
routes transversales pour transporter leurs
produits sur la côte aux escales des bateaux
du service de Tour de Côtes. Ces routes
ont été comprises dans le programme et sont
en cours de construction.
Les discussions auxquelles le réseau rou-
tier de la Nouvelle-Calédonie donne lieu,
nous paraissent être un indice d'inquiétude
et de manque de confiance que la crise ac-
tuelle ne saurait justifier. Quelle que puisse
être sa prolongation, il est certain qu'elle
aura une fin, car tout commence et tout finit,
et le beau temps revient toujours après la
pluie. Il suffit de savoir attendre, et les me-
sures prises par le gouvernement métropoli-
tain à ce sujet en donnent le pouvoir.
Commandant Lmportm.
Chef d'etcaâron breveté en retraite.
Tourisme en Tunisie
ib,
A Tunisie souffre plus
peut-être que l'Algé-
rie de la crise, du
fait de l'exiguïté de
son budget et de
l'absence de tou-
ristes.
le reçois à l'ins-
tant une communica-
cation de M. d'Or-
-- geval, le - - distingué
chef du service de propagande ci de tou-
risme à la Direction de l'Agriculture et du
Commerce à la Régence de Tums et plu-
sieurs documents émanant de la Société des
Hôteliers de Tunisie sur le malaise qui les
accule à la ruine et leur situation désespérée.
M. d'Orgeval rappelle que le tourisme est,
en Afrique du Nord, aussi bien en Tunisie
qu'au Maroc et en Algérie, un facteur impor-
tant de la vie économique.
Les touristes étrangers, qui venaient autre-
fois en caravane par des bateaux affrétés
spécialement pour leur faire faire leur tour
d'amitié et de curiosité dans l'ancienne Nu-
midie, ont presque disparu. Maintenant, les
Français représentent plus des trois cin-
quièmes des visiteurs et Veffectif total a di-
minué en nombre et en ressources.
les moyens de locomotion rapides et
confortables sont obligés d'être à des prix
très raisonnables, comme au Maroc où de
luxueux cars siNonlletú les routes et par-
courent 300 kilomètres pour 50 francs par
voyageur.
Les hôteliers ont été obliges de réduire
leurs prix. les chambres avec cabinet de toi-
lette, pour deux personnes, coûtent 22 fr.;
une chambre à une personne avec eau cou-
rante, 15 francs.
Aussi, il est impossible aux hôteliers de
tenir le coup avec les impôts qui pèsent sur
eux.
Je reinendrai sur cette question un jour
prochain.
Dès maintenant, les Français doivent sa-
voir qu'ils peuvent visiter la Tunisie à très
bon compte, qu'ils trouveront à peu près par-
tout un gîte confortable et qu'ils auront la
faculté de traverser la Tunisie, de KIIToumi-
rie à Gabès, du cap Bon à Nefta en des
trains rapides et aérés ou dans des cars pou-
vant rivaliser avec les meilleurs de la métro-
pole.
1 Marcml Rumdml.
> ..a (
Élections Sénatoriales
»♦«
M. Lucien Saint serait candidat
dans la Haute-Garonne
M. Lucien Saint, Résident général au Ma-
roc, a été sollicité de se présenter aux élec-
tions sénatoriales du 16 octobre dans la Haute-
ronne.
Comme préfet de la Haute-Garonne, il a
laissé dans le département un souvenir inou-
blié. Depuis cette époque, il passe régulière-
ment ses vacances dans la partie montagneuse
de ce département
A la dernière élection sénatoriale partielle,
une manifestation spontanée lui donna un nom-
bre important de suffrages, quoique non can-
didat. Cette fois, il serait candidat sur la liste
radicale-socialiste à laquelle il apporterait un
gros appoint pour son succès.
) mem (
Notre action au Maroc
a * -
La pacification s'étend
Une délégation d'une tribu berbère soumise
du Draa dont les terres se trouvent à la li-
mite de la zone dissidente, et qui souffre des
attaques des insoumis, est venue à Rabat
pour faire de nouveau sa soumission, et as-
surer les autorités de sa loyauté. La déléga-
tion avait amené avec elle deux taureaux.
L'un d'eux a été égorgé en signe de soumis-
sion devant la direction des Affaires chéri-
fiennes, et l'autre devant le palais du Sultan.
Les deux bêtes qui, suivant la coutume,
avaient eu les jarrets sectionnés, sont demeu-
rées sur les lieux du sacrifice jusqu'à l'arri-
vée des autorités, qui les ont fait aussitôt
abattre.
La délégation a reçu l'assurance que le né-
cessaire sera fait pour assurer la sécurité de
la tribu.
Citation du Général Catroux
commandant la région de Marrakech
Voici le texte de la magnifique citation
qui vient d'être décernée au général Catroux
à la suite des récentes opérations effectuées
par nos troupes au Maroc -
Le général Huré, commandant supérieur
des troupes du Maroc, cite à l'ordre de l'ar-
mée :
M. Catroux, général de brigade;
A, grâce à une politique habile appuyée
sur d'opportunes manifestations de force, oc-
cupé sans coup férir le Todra, la position im-
portante du Zagoura et l'oasis d'Akka. Vient
de se montrer remarquable manœuvrier en
s'emparant, au prix de pertes minimes, de la
région difficile d'accès, montagneuse et cou-
pée des Ait Iska, malgré la résistance d'un
ennemi brave et bien armé. Le Il juin 1932,
au combat du Djebel-Issaf, se trouvant avec
un de ses bataillons qu'une attaque très vio-
lente et inopinée des dissidents avait mis en
difficulté, a fait l'admiration de ses légion-
naires par son sang-froid, son calme et sa
magnifique tenue au feu. Rabat, 5 sep-
tembre 1932.
Signé : HURÉ.
A LeELYSÉE
i
Recours en grAce
M. Albert Lebrun a rû«:u samedi Nie (ini-
ny, défenseur de l'Algérien Bedrat Nabot,
qiii assassina sauvagement aux environs
de PontTKvéque une fermière Mmegnola.
M. Albert Sarraut
à Marseille
»♦»
M. Albert Sarraut, ministre des Colonies,
a inauguré hier matin la huitième foire com-
merciale et coloale de Marseille.
Il a été reçu au Parc des Expositions par
M. Adrien Artaud, ancien député, président
du Conseil d'administration de la Foire, en-
touré de ses collaborateurs, MM. Gustave
Bourrageas, vice-président ; Ghiglione, direc-
teur ; Bouchery, commissaire général, etc., et
par le docteur Ribot, maire de Marseille, et
M. Maurice Hubert, président de la Chambre
de Commerce. La visite des stands, qui occu-
pent un emplacement de 14 hectares, a com-
mencé immédiatement, et M. Albert Sarraut,
que le préfet accompagnait, a félicité à di-
verses reprises les organisateurs. A l'issue de
cette visite, le ministre s'est rendu à l'Institut
Colomal.. où une visite des locaux l' a retenu
quelques instants. M. Albert Sarraut est re-
tourné ensuite à la Foire de Marseille, où un
banquet lui était offert dans la salle des Con-
grès. Il y a prononcé un discours.
Le ministre des Colonies a chaleureusement
félicité les organisateurs de cette belle mani-
festation économique dont il a souligné l'éclat
et les enseignements.
Analysant ensuite dans un magistral exposé
la situation coloniale et les effets de la crise
qui éprouve, comme l' ensemble du monde,
notre magnifique domaine d' outre-mer, il a
défini les conditions essentielles de la politi-
que de redressement qu'il fallait hardiment y
poursuivre en corrigeant les erreurs qui, comme
partout, y avaient été commises au cours d'une
période intensive de mise en valeur sans dis-
cipline suffisante.
Le ministre a résumé son exposé dans les
conclusions suivantes :
Garder confiance plus que jamais dam notre
destin colonial, poursuivre résolument l'outil-
lage économique des colonies. mais en donnant
la priorité aux œuvres rémunératrices, soumet-
tre la cadence de la productivité coloniale aux
règles d'une économie contrôlée. dirigée par la
prévision économique et orientée vers les be-
soins solidaires de la collectivité métropole-
colonies, améliorer la qualité des produits en
diminuant leur prix de revient, assainir une am-
biance financière polluée par les excès de la
spéculation et dégager le chantier colonial des
entreprises parasitaires, organiser, sur de larges
et solides bases, le crédit colonial, faire con-
necte par ope propagande plus active nos res-
sources cf outre-mer et favoriser des échanges
plus amples de la métropole et des colonies en
perfectionnant le régime des communications et
les procédures du commerce ; enfin et surtout,
réduire énergiquement le train de vie de l'Etat
colonial en renonçant à la pléthore de ses orga-
nismes et à leurs dépenses somptuaires.
En terminant, M. Albert Sarraut a insisté
sur la nécessité de rester fidèle au programme
humain de la colonisation et à l'idéalisme gé-
néreux de la politique d'association qui doit
progressivement habituer les populations indi-
gènes à collaborer en toute confiance avec
nous.
M. Albert Sarraut a été l'objet d'une très
chaleureuse ovation. Il a ensuite remis la
Croix de la Légion d'honneur à M. Ghi-
glione, directeur de la foire, aux applaudisse-
ments unanimes de l'assistance.
) -+- ( -
le Sultan dl Maroc à Paris
Le Sultan du Maroc a consacré sa matinée
d'hier au repos et à l'étude de son courrier.
Après un déjeuner dans l'intimité, Sa Ma-
jesté a fait une longue promenade au bois de
Boulogne et dans Paris, en particulier dans
les quartiers de l'ouest, où Elle s'est vive-
ment intéressée aux nouveaux immeubles.
Dans la soirée, le Sultan a assisté à une
représentation d'un grand music-hall de
l'avenue de Wagram.
̃ ) -M*mo <-
Tu te rends compte.
A CURIEUX, CURIEUX ET DEMI!
L'intelligence du/chimpanzé a été souvent,
dans diverses expériences faites par des sa-
vants, mise à l'épreuve.
Un savant anglais dernièrement voulut se
rendre compte jusqu'à quel degré ces animaux,
nos ancêtres peut-être, raisonnaient.
ZXins une cage, il suspendit une banane hors
d'atteinte des bras du singe, puis il mit trois ou
quatre petites caisses de bois pêle-mêle au mi-
lieu de la cage. Le chimpanzé se promena de
gauche à droite. puis de droite à gauche ; fina-
lemept, il plaça les caisses les unes sur les -
tres, monta légèrement au sommet de ce monti-
cule, prit la banane qu'il mangea avec satis-
faction.
Le savant, content de son examen, voulut
faire une seconde expérience. Pensant que le
chimpapzé agirait d'autant plus vite qu'il ne se
sentirait pas observé, il le plaça dans une cham-
bre. L. saoant ferma la porte et colla son œil
au trou de la serrure pour pouvoir iaire ses ob-
servations. Mais de l'autre côté Ju trou, il y
avait déjà un autre œil, celui du chimpanzé
qui observait le savant.
Lequel des deux voulait vraiment se docu-
menter sur l'autre?
F. J.
) <
DSPART
.1.
A la Direction de l'Administration
pénitentiaire de La Guyane
M. S. Bernard, nommé sous-directeur 'de
l'Administration pénitentiaire coloniale, est
parti samedi pour Saint-Laurent-du-Maroni.
Dépêches de l'Indochine
»♦»
Le Conseil Colonial ouvre sa session
à Saïgon
La session ordinaire de 1002 du Conseil
colonial s'est ouverte hier à Saïgon. A cette
occasion M. Eulrwpe, Gouverneur par inté-
rim de la Cochinchine, a prononçé le dis-
cours d'usage au cours duquel il a passé en
revue la situation générale de ta colonie.
L'orateur a dit notamment :
« Je ne viens pas exprimer au Conseil des
paroles de découragement. Si les circons-
tances générales extérieures demeurent pé-
nibles, la situation propre de la Goohincliine
ne saurait autoriser le pessimisme'. Notre
colonie possède deux ÓlémClnts essentiels
d'une économie favorable : des terres dI'une
superficie considérable, produisant une
denrée de consommation universelle et une
population laborieuse animée d'un excellent
esprit gui aie s'est jamais laissé abattre par
les difficultés de l'heure. »
Examinant d'abord la situation politique,
le Gouverneur de la Cochinchinc a déclaré :
« On peut affirmer que les temps diffici-
les ont rapproché la population annamite
de La France en lui faisant comprendre que
dans la tourmente générale qui s'abat sur
le monde, la collectivité française consti-
tuait un élément solide d'ordre et de stabi-
lité. un appui efficace contre les troubles
et désordres politiques ou économiques. »
A propos de la situation économique, le
Gouverneur a souligné que la France mé-
tropolitaine a pris une part de plus en plus
considérable dans la consommation du riz
indochinois,
« Au cours de la présente année, la to-
talité ds exportations die riz et de paddy
sur la France représente sensiblement uni
tiers de l'exportation totale de la colonie
alors qu'auparavant, cette proportion ne-
dépassait pas le sixième. Ce fait heureux est
la conséquence manifeste die l'active pro-
pagande menée en France en faveur du riz
Indochinois, sur l'initiative du Gouverneur
général Pasquier. »
Abordant le problème twdgrltaire, le Gou-
verneur de la Coehinchine déclare :
« Le budget de l'exercice 1 } est établi
avec la préoccupation impérieuse d'équili-
brer exactement les dépenses et les recettes
certainement réduites que le budget local
pourra percevoir, t'nc évaluation très
serrée fixe le chiffre des recettes probables
il treize millions de piastres environ, soit
une diminution de deux millions cinq cents
mille piastres par rapport aux prévisions de
l'exercice en cours. Il était donc indispen-
sable d'opérer dans les dépenses. Ces di-
minutions entraînent dans une certaine me-
sure des restrictions dans le fonctionne-
ment des services, mais elles sauvegardent
l'essentiel et ne comportent pas la suppres-
sion d'aucun organe assurant la vie de la
Colonie. Particulièrement, en matière d'as-
surance et d'assistance médicale les réduc-
tions ne portent pas atteinte au bon fonc-
tionnement des services. »
Exposant ensuite la situation actuelle de
la riziculture et recherchant les remèdes, le
Gouverneur Eutro]>e, après avoir rayffelé le
processus de t'endettement du itetit pro-
priétaire et la constitution des grands do-
maines, a exposé comment se ildveloppa
l'inflation des crédits dans ta confiance et
la prospérité générales après la guerre, le
débiteur prenant l'habitude de régler les
intérêts de sa dette sans se préoccuper de
l'amortissemcnt du capital pour lequel il
obtenait facilement reports et délais.
Cette situation s'est renversée complète-
ment pendant les dernières années a la
suite de la crise mondiale, de l'appauvris-
sement. général des consommateurs d'Ex-
trême-Orient, de l'amoindrissement, des ré-
coltes résultant de l'aménagement hâtif et
insuffisant des terres. Le cours du paddy
est revenu brusquement aux cours d'avant
guerre dont il avait perdu complètement le
souvenir. L'exportation du riz est tombée
très au-dessous du chiffre de ces dernières
années. Ainsi le cultivateur qui ai-ait payé
les intérêts de ses dettes sans assurer
l'amortissement, se trouva brusquement
dans l'obligation de faire face à des enga-
gements cumulés.
le La riziculture, enfin, n'est pas en me-
sure e restituer ce qui ne lui a pas été
donné. En effet, l'enquête actuellement
poursuivie par le service des prêts fonciers
démontre que la mise en valeur de la ri-
zière n'est pas l'unique et principale cause
de cet endettement. Les propriétaires anna-
mites, imitant, l'exemple des Français, se
isont lancés dans de nombreuses entrepri-
ses d'un rapport lointain avec la culture du
riz, empruntant pour construire dœ im-
meubles, pour créer des décortiqueries.
Beaucoup de propriétaires ont pris des
intérêts prépondérants dans de nombreu-
ses affaires avec une audace que ne justi-
fiaient pas toujours leur compétence et
leurs aptitudes. Le résultat de ces tentati-
ves malheureuses a contribué à enfler la
masse de l'endettement des rizières. La
proportion des dettes totales de la l'izklll-
ture envers les créanciers annamites re-
présente 30 de l'ensemble, ce qui sera
une révélation pour beaucoup ».
Parlant ensuite des remèdes, le Gouver-
neur de la Coehinchine a mentionné d'a-
bord ceux, d'ordre général, les études en-
treprises pour améliorer la technique de la
culture, augmenter les débouchés dévclop-
prr les échanges commerciaux avec L'Ex-
trême-Orient, puis les remèdes spéciaux :
création d'une caisse centrale de crédit
agricole et un service des prêts fonciers.
« Mais, a-t-il dit, pour la réussite de
l'œuvre de sauvetage, il est indispensable
que les débiteurs et les créanciers mon-
trent la plus giande volonté, plus encore
un véritable esprit dte sacrifice x.
J'orateur a conclu. :
« Je vous demande à toua de vous ren-
dre pleinement, compte que jamais, dans
aucun pays, en aucune circonstance, un
effort aussi général n'a été fait par un gou-
vernement pour soutenir l'économie privée.
Celte aide eut été irréalisable s'il n'avait
pas obtenu le concours de la métropole qui
se penche avec un intérêt efficace sur les
maux de ses enfants de toute origine. Que
cette pensée contribue à ramener certains
esprits égarés ot en préserve d'autres des
tentations malsaines ».
PHILATÉLIE
Timbres rares
Les Annales Coloniales ont annoncé la
vente de la collection de timbres-poste de sir
Philippe Manus dans laquelle figurent deux
timbres de l'île Maurice d'une valeur inesti-
mable.
En effet, en 1847, l'île Maurice émit pour
la première fois des timbres imprimés dans
l'ile. Deux timbres à titre d'échantillon fu-
rent offerts au Gouverneur dont il se servit
pour affranchir des lettres destinées à des
amis intimes. Or, la veille de la mise en
vente de ces nouveaux timbres un terrible
raz de marée détruisit les bâtiments dans les-
quels ils étaient emmagasinés. Il n'y eut pas
un rescapé.
Les deux timbres du Gouverneur les
seuls de l'émission sir Philippe Manus
parvint à les acheter.
> 40+0. (
A l'administration
de Saint-Pierre el Miquelon
L'n décret du ministre des Colonies vient
de nommer aux hautes fonctions d'adminis-
trateur des îles Saint-Pierre et Miquelon.
M. Barrillot, actuellement chef du bureau du
cabinet du ministre des Colonies.
.- (
Échange de télégrammes
entre
M. Antonetti et M. Bonnecarrère
.8.
En prenant possession de ses fonctions,
M. Bonnecarrère, le nouveau Commissaire
de la République au Cameroun, a adressé au
Gouverneur général Antonetti un télégramme
pour l'assurer de son intention de continuer à
favoriser la collaboration la plus étroite en-
tre le Cameroun et l'A.E.F. pour le bien de
ces deux teriitoires. M. Antonetti lui a ré-
pondu par un télégramme de remerciements
et l'a assuré de son vif désir de travailler en
plein accord avec lui pour le plus grand bien
des deux colonies qu'unissent des liens nom-
breux et étroits.
<
Les primes d'exportation
en A. E. F.
Le Gouvernement de l'Afrique Equatorialo
française a fixé comme suit le taux-primes
d'exportation pour le dernier semestre de
1932 à o fr. 39 par kilo pour le café en cerises
et à 2 francs pour le caoutchouc sec.
> et. (
La lutte contre la peste
bovine en A. E. F.
i
A la suite de la découverte de plusieurs cas
de peste bovine dans la région de Brazza-
ville, M. Antonetti, Gouverneur général de
l'Afrique Equatoriale française, a interdit,
jusqu'à nouvel ordre, l'entrée au Gabon et
dans le Moyen-Congo des animaux vivants,
de la viande et des produits d'origine ani-
male provenant de l'Angola.
) -+- (
Crime rituel
au Moyen-Congo
Le chef indigène de la Colonie du Moyen-
Congo a été assassiné à Boko et son cadavre
a été transporté à plus d'un kilomètre du
lieu du drame. La police croit se trouver en
présence d'un crime rituel, car les assassins
ont enlevé le cœur de leur victime.
> ..- (
INTERIM
Au Moyen-Congo
M. Buhot-Launay, qui a été désigné par un
décret du 24 août, pour assurer l'intérim du
Gouvernement du Moyen-Congo, a pris la
direction de ses services.
> -.- (
L'avancement
du Congo-Océan
Stur la ligne définitive qui comprendra
r>lG kilomètres, l'état d'avancement des
travaux au 1er juin 1r2 était le suivant :
Section. Pointe-Noire
Section Pointe-Noire. Plate-forme ter-
minée, voie définitive iposêe et exploitée
minée, M'Vouti (kilomètre 128). Tra-
vaux attaqués partout entre les kilomètres
127 et 172. Le percement du grand tunnel
liélicoïdal de l.liOO métrés dm Bamba avan-
ce à une cadence satisfaisante.
Section Brassance. Plate-forme termi-
née jiisqiii'tt Mainigou, kilomètre :!\:.I' de
Brazzaville ; voie définitive posée et ex-
ploitée jusqu'à Kikanbo, kilomètre 118. Lai
pose de la voie lourde entre Kikanbu et
Modingou avance ù la cadence de l.f>00 mè-
tres par jour, die sorte que le rail sera à
Madingou dans le courant d'août. po --
A ce moment Ml kilométrés sur dio se-
ront 'entièrement terminés ; les travaux
d'établissement de la plabe-forme étant ac-
tuellement poussés sur les 155 derniers ki-
lomètres. Ils sont d'ailleurs facilités par
les réalisations déjà effectuées qui permet-
tent d'amencr rapidement à tpied d'œuvre
le matériel nécessaire.
Ces constatations sont particulièrement,
réconfortantes pour qui a suivi depuis les;
premiers jours les difficultés énormes d,0
l'œuvre à accomplir.
Pès maintenant celle-ci a commencé à.
porter ses frnits. Tne liaison rapide par
des moyens mécaniques entre le tlongo-
CVéan en territoire français a pour la pre-
mière fois été réalisée dans le courant du
mois d'avril.
Désormais cette liaison fonctionne régu-
lièrement donnant un Il'Yrf''mit'r trafic au
chemin de fer et ouvrant aux 300.000 in/li-
LE NUMERO : 30 CENTIMES
LUNDI sOIn. 19 SiùMfiMBRK 1932.
aucul om$TlblEm
Mâmction & AdminitiraMmt
14, INIIMM-Ttafeir
PARIS a"
rtiim. i ijouvrc imi
- RICHBLIBUIMI
Les Annales Coloniales
Cm mmomcts et réeimm «ml reçus* m
bureau Ai joimiil
Dirbctsur-Fonoatsuik i Mareel RUEDEL
Tout Il..,ttcCe. publiés dans notre tournai ne peuvent
itrt rtprOduU. qu'en citant !« Arrnn Coummub.
abonnereuts
mm la Revus mensuel» :
Un au 0 M*U 8 IMl
Francs tt
Colonies 180 u 100 » m a
ttr.,.. 240 » 125 » 19»
On s'abonne sans frais daos
loua les bureaux de poste.
Le rôle de l'Afrique
>
La crise économique sans précédent
que traverse le monde et, en particulier,
l'Europe, excite les esprits les plus divers
à en rechercher les remèdes propres à en
empêcher le retour.
M. Caillaux, qui sait concilier les
préoccupations de parti à des soucis d'in-
térêt général, se demande avec angoisse
ce que deviendra, dans un avenir peut-
être proche, notre civilisation européenne.
Il a été frappé de l'accroissement de la
population de l'Europe depuis moins
d'un siècle. En 1850, 266 millions d'ha-
bitants; en 1930, 478 millions, soit, en
l'espace de 80 ans, une augmentation de
no -
Jusqu'à la guerre, les inconvénients de
ces progrès démographiques ne s'étaient
pas révélés bien graves. Le petit cap du
Continent asiatique c'est ainsi que l'an-
cien président du Conseil appelle l'Eu-
rope - avait conservé pour une bonne
part le privilège de fournir le monde de
produits industriels. Il était dans une
grande mesure l'usine qui travaillait pour
les autres continents.
Il n'en est plus ainsi aujourd'hui. De
cette évolution, la guerre n'est pas la
Seule cause, comme beauoup ont tendance
à le croire elle lui est antérieure
mais .elle l'a précipitée. L'Europe « ne
pourra plus retrouver son entière activité
passée, écrit M. Caillaux. Par la force
même des choses, des masses d'ouvriers
et d'employés sont, aujourd'hui, jetés
hors du circuit de la production. L'an-
cien continent ne parvient à nourrir ces
inoccupés qu'en entamant les réserves
que, dans le passé, il a accumulées. »
« Mais, ajoute le sénateur de la Sar-
the, tout a une fin ici-bas. Et le jour vien-
dra où l'Europe succombera, épuisée par
l'effort qu'elle aura fourni en faveur des
chômeurs. n
Telle est la question. Tel est le pro-
blème, un des grands problèmes du mo-
ment, déclare avec raison notre auteur.
Ce n'est pas la première fois qu'on le
pose. Et en Angleterre, en France et ail-
leurs, on l'a fait avant M. Caillaux, et,
de ce point de vue, son originalité n'est
pas grande. Aussi bien ne nous n'y serions
nous pas arrêté s'il ne préconisait une so-
lution qui médite de retenir l'attention de
tous ceux qui se préoccupent de l'avenir
des pays dits exotiques.
Pour lui, la question est relativement
simple et la solution à la portée, si je puis
dire, de notre main : mettre en valeur le
continent noir qui est, selon lui, le pro-
longement de l'Europe. L'industrie de
notre continent y trouverait un débouché
dont l'étendue est difficile à marquer.
« Constructions de voies ferrées, de
ports, de routes, outillages de toute sorte
peuvent et doivent, déclare M. Caillaux,
fournir pendant des années un aliment à
la prodution rationalisée des anciens
pays. Ainsi, la fabrique européenne re-
couvrerait une part, la part raisonnable,
de sa splendeur passée. » D'un autre
côté. mais ici l'ancien unioniste me sem-
ble moins affirmatif, un courant d'émi-
gration s'établirait de notre continent
vers le continent africain. Ainsi serait,
sinon complètement résolue, au moins
fortement atténuée, la crise qui étreint les
pays européens. Tel serait le rôle de
l'Afrique.
Ces projets sont grandioses. Si on
lisait dans son intégralité l'exposé qui en
est fait et que nous avons été contraint
de résumer, on y sentirait la vivacité et
la puissance d'une imagination qui n'est
pas l'apanage unique des poètes.
Des vues fort exactes sur le rôle des
pays neufs vis-à-vis de ceux où florit une
puissante industrie s'y rencontrent. Sur
ce point, M. Caillaux rejoint la plupart
des théoriciens socialistes.
Mais est-ce que les espoirs que l'on
fonde sur le rôle de l'Afrique dans la so-
lution de la crise mondiale ne sont-ils pas
excessifs?
Construire des ports, des voies ferrées,
faire toute sorte dé travaux publics. Je
veux bien. Je n'y vois pour ma part au-
cun inconvénient. Mais c'est plus facile à
décrire qu'à réaliser. M. Caillaux donne
en exemple ce qu'a tenté en Afrique équa-
toriale un gouverneur général. Cet exem-
ple provoque des réserves. En tout cas, il
montre à quelles difficultés se heurtent
ces grandes entreprises.
Quand on parle de l'Afrique, on a trop
tendance à oublier les conditions de peu-
plement de ce continent. On raisonne
comme s'il s'agissait des Balkans ou de
l'Asie. Il n'en est cependant rien. Aussi
convient-il de modérer nos espoirs. Cer-
tes, on peut faire beaucoup et le Congo
belge en est un exemple, mais il faut se
garder de toute exagération.
Quant à l'immigration, on ne saurait
rien dire de précis à ce su jet. Les popula-
tions européennes émigrent beaucoup
moins facilement qu'il y a 60 ou 80 ans.
L'insuccès du Gouvernement anglais qui
s'était proposé d'écouler vers les domi-
nions quelques milliers de chômeurs
prouve que les ouvriers, même dans la
misère, s'expatrient très difficilement.
L'Afrique possède bien des territoires
susceptibles d'être peuplés par des Eu-
ropéens, mais, somme toute, ces terres ne
sont pas fort étendues et ne présentent
rien de comparable à ce qu'on a trouvé
en Australie et dans les deux Amériques.
Aussi, disons-nous en terminant que,
si le rôle que peut jouer l'Afrique dans
la solution de la crise que traversent nos
pays industriels n'est pas négligeable, il
est prudent de se méfier des espoirs gran-
dioses qui risqueraient d'être déçus.
Henry Fontanier,
Député du Cantal.
Membre de la commission de VAlgérie,
des colonies et protectorats.
) - -.- (
Le réseau routier
de la Nouvelle-Calédonie
Deux opinions se discutent en ce moment
en Nouvelle-Calédonie où se construit un im-
portant réseau routier compris dans le pro-
gramme des grands travaux de cette colonie.
Pour les uns les routes en construction cons-
tituent une réponse productive pour les au-
tres elle est improductive.
Si de telles discussions peuvent s'expli-
quer dans un pays pourvu de nombreuses
voies terrestres utilisables pour les trans-
ports, elles nous paraissent inutiles et super-
flues en Nouvelle-Calédonie, où il n'y a ja-
mais eu qu'une seule route d'une centaine
de kilomètres de Nouméa à La Foa, pous-
sée ensuite jusqu'à Bourail depuis quelques
années seulement. Il n'y avait aucune autre
route dans cette colonie où les localités
n'étaient reliées entre elles que par des sen-
tiers. i
Aussi, la productivité de ce réseau ne
pourra-t-elle pas être contestée parce que la
vente et les échanges des produits qui y cir-
culeront, soit pour la consommation dans la
colonie, soit pour l'exportation, donneront
"t' budget. bénéficie.
lieu à des impôts dont les budgets bénfide-
ront.
La commodité que ce réseau donnera (et
donne déjà là où les routes sont terminées) à
la colonisation est une forme de la produc-
tivité parce que la route, donnant aux colons
la certitude de pouvoir écouler tous leurs
produits, tous augmenteront leurs produc-
tions.
Si nous sommes bien informés, les discus*
sions auxquelles le réseau routier de la Nou-
velle-Calédonie donne lieu, sont provoquées
par l'inquiétude de la population qui a à
payer pendant le nombre d'années fixé
pour l'emprunt, les frais d'intérêt et d'amor-
tissement des sommes employées à sa cons-
truction et, pour tout l'avenir, les frais d'en-
tretien des routes construites. Ce n'est pas
tout que de construire, il faut aussi entrete-
nir. C'est là une charge qui ne peut pas être
évitée et elle sera importante.
Les contribuables de la Nouvelle-Calédo-
nie qui voient la crise économique se prolon-
ger, se demandent si le réseau routier sera
assez productif pour leur permettre de faire
face aux charges qu'il leur impose. C'est là
l'origine des discussions qui nous sont si-
gnalées. Elles ne peuvent d'ailleurs rien
changer à l'exécution du programme des
grands travaux établi par le Conseil géné-
ral et l'Administration de la Colonie.
La Nouvelle-Calédonie n'a eu, jusqu'à ce
jour, que la voie de mer pour le transport
des produits de la colonisation. Ce transport
a toujours été assuré et œuvré par un service
subventionne de bateaux qui circulent sur les
côtes de l'île suivant un itinéraire et un ho-
raire fixés par un cahier des charges indi-
quant les escales qui lui sont imposées.
La création d'un réseau routier n'a pas
fait supprimer, jusqu'à présent, ce service de
navigation appelé four de Côtes ; mais il
pourra le suppléer et le concurrencer. Toute-
fois, il nous paraît difficile que des véhicu-
les, aussi grand qu'en soit le nomme, cir-
culant sur les routes, puissent transporter
avec la même régularité et la même sécu-
rité les nombreuses tonnes de produits qui
peuvent être chargés sur un bateau. D'autre
part, ces véhicules qui ne peuvent être que
des poids lourds, occasionneront sur les 1 eû-
tes d'autant plus de dégradations qu'ils se-
ront plus nombreux, et en augmenteront les
frais d'entretien.
Ce service du Tour de Côtes auquel la co-
lonie est obligée de payer une subvention,
constitue pour les contribuables une nouvel-
le charge qui s'ajoute à celles que le réseau
routier lui impose. Bien que beaucoup de
Calédoniens espèrent sa suppression, nous
croyons que son maintien restera indispensa-
ble et que les transports par voie de terre se-
tont toujours insuffisants.
Jusqu'à l'établissement du programme de
grands travaux pour lesquels la colonie a été
autorisée à contracter un emprunt de 95 mil-
lions, les colons ne demandaient que des
routes transversales pour transporter leurs
produits sur la côte aux escales des bateaux
du service de Tour de Côtes. Ces routes
ont été comprises dans le programme et sont
en cours de construction.
Les discussions auxquelles le réseau rou-
tier de la Nouvelle-Calédonie donne lieu,
nous paraissent être un indice d'inquiétude
et de manque de confiance que la crise ac-
tuelle ne saurait justifier. Quelle que puisse
être sa prolongation, il est certain qu'elle
aura une fin, car tout commence et tout finit,
et le beau temps revient toujours après la
pluie. Il suffit de savoir attendre, et les me-
sures prises par le gouvernement métropoli-
tain à ce sujet en donnent le pouvoir.
Commandant Lmportm.
Chef d'etcaâron breveté en retraite.
Tourisme en Tunisie
ib,
A Tunisie souffre plus
peut-être que l'Algé-
rie de la crise, du
fait de l'exiguïté de
son budget et de
l'absence de tou-
ristes.
le reçois à l'ins-
tant une communica-
cation de M. d'Or-
-- geval, le - - distingué
chef du service de propagande ci de tou-
risme à la Direction de l'Agriculture et du
Commerce à la Régence de Tums et plu-
sieurs documents émanant de la Société des
Hôteliers de Tunisie sur le malaise qui les
accule à la ruine et leur situation désespérée.
M. d'Orgeval rappelle que le tourisme est,
en Afrique du Nord, aussi bien en Tunisie
qu'au Maroc et en Algérie, un facteur impor-
tant de la vie économique.
Les touristes étrangers, qui venaient autre-
fois en caravane par des bateaux affrétés
spécialement pour leur faire faire leur tour
d'amitié et de curiosité dans l'ancienne Nu-
midie, ont presque disparu. Maintenant, les
Français représentent plus des trois cin-
quièmes des visiteurs et Veffectif total a di-
minué en nombre et en ressources.
les moyens de locomotion rapides et
confortables sont obligés d'être à des prix
très raisonnables, comme au Maroc où de
luxueux cars siNonlletú les routes et par-
courent 300 kilomètres pour 50 francs par
voyageur.
Les hôteliers ont été obliges de réduire
leurs prix. les chambres avec cabinet de toi-
lette, pour deux personnes, coûtent 22 fr.;
une chambre à une personne avec eau cou-
rante, 15 francs.
Aussi, il est impossible aux hôteliers de
tenir le coup avec les impôts qui pèsent sur
eux.
Je reinendrai sur cette question un jour
prochain.
Dès maintenant, les Français doivent sa-
voir qu'ils peuvent visiter la Tunisie à très
bon compte, qu'ils trouveront à peu près par-
tout un gîte confortable et qu'ils auront la
faculté de traverser la Tunisie, de KIIToumi-
rie à Gabès, du cap Bon à Nefta en des
trains rapides et aérés ou dans des cars pou-
vant rivaliser avec les meilleurs de la métro-
pole.
1 Marcml Rumdml.
> ..a (
Élections Sénatoriales
»♦«
M. Lucien Saint serait candidat
dans la Haute-Garonne
M. Lucien Saint, Résident général au Ma-
roc, a été sollicité de se présenter aux élec-
tions sénatoriales du 16 octobre dans la Haute-
ronne.
Comme préfet de la Haute-Garonne, il a
laissé dans le département un souvenir inou-
blié. Depuis cette époque, il passe régulière-
ment ses vacances dans la partie montagneuse
de ce département
A la dernière élection sénatoriale partielle,
une manifestation spontanée lui donna un nom-
bre important de suffrages, quoique non can-
didat. Cette fois, il serait candidat sur la liste
radicale-socialiste à laquelle il apporterait un
gros appoint pour son succès.
) mem (
Notre action au Maroc
a * -
La pacification s'étend
Une délégation d'une tribu berbère soumise
du Draa dont les terres se trouvent à la li-
mite de la zone dissidente, et qui souffre des
attaques des insoumis, est venue à Rabat
pour faire de nouveau sa soumission, et as-
surer les autorités de sa loyauté. La déléga-
tion avait amené avec elle deux taureaux.
L'un d'eux a été égorgé en signe de soumis-
sion devant la direction des Affaires chéri-
fiennes, et l'autre devant le palais du Sultan.
Les deux bêtes qui, suivant la coutume,
avaient eu les jarrets sectionnés, sont demeu-
rées sur les lieux du sacrifice jusqu'à l'arri-
vée des autorités, qui les ont fait aussitôt
abattre.
La délégation a reçu l'assurance que le né-
cessaire sera fait pour assurer la sécurité de
la tribu.
Citation du Général Catroux
commandant la région de Marrakech
Voici le texte de la magnifique citation
qui vient d'être décernée au général Catroux
à la suite des récentes opérations effectuées
par nos troupes au Maroc -
Le général Huré, commandant supérieur
des troupes du Maroc, cite à l'ordre de l'ar-
mée :
M. Catroux, général de brigade;
A, grâce à une politique habile appuyée
sur d'opportunes manifestations de force, oc-
cupé sans coup férir le Todra, la position im-
portante du Zagoura et l'oasis d'Akka. Vient
de se montrer remarquable manœuvrier en
s'emparant, au prix de pertes minimes, de la
région difficile d'accès, montagneuse et cou-
pée des Ait Iska, malgré la résistance d'un
ennemi brave et bien armé. Le Il juin 1932,
au combat du Djebel-Issaf, se trouvant avec
un de ses bataillons qu'une attaque très vio-
lente et inopinée des dissidents avait mis en
difficulté, a fait l'admiration de ses légion-
naires par son sang-froid, son calme et sa
magnifique tenue au feu. Rabat, 5 sep-
tembre 1932.
Signé : HURÉ.
A LeELYSÉE
i
Recours en grAce
M. Albert Lebrun a rû«:u samedi Nie (ini-
ny, défenseur de l'Algérien Bedrat Nabot,
qiii assassina sauvagement aux environs
de PontTKvéque une fermière Mme
M. Albert Sarraut
à Marseille
»♦»
M. Albert Sarraut, ministre des Colonies,
a inauguré hier matin la huitième foire com-
merciale et coloale de Marseille.
Il a été reçu au Parc des Expositions par
M. Adrien Artaud, ancien député, président
du Conseil d'administration de la Foire, en-
touré de ses collaborateurs, MM. Gustave
Bourrageas, vice-président ; Ghiglione, direc-
teur ; Bouchery, commissaire général, etc., et
par le docteur Ribot, maire de Marseille, et
M. Maurice Hubert, président de la Chambre
de Commerce. La visite des stands, qui occu-
pent un emplacement de 14 hectares, a com-
mencé immédiatement, et M. Albert Sarraut,
que le préfet accompagnait, a félicité à di-
verses reprises les organisateurs. A l'issue de
cette visite, le ministre s'est rendu à l'Institut
Colomal.. où une visite des locaux l' a retenu
quelques instants. M. Albert Sarraut est re-
tourné ensuite à la Foire de Marseille, où un
banquet lui était offert dans la salle des Con-
grès. Il y a prononcé un discours.
Le ministre des Colonies a chaleureusement
félicité les organisateurs de cette belle mani-
festation économique dont il a souligné l'éclat
et les enseignements.
Analysant ensuite dans un magistral exposé
la situation coloniale et les effets de la crise
qui éprouve, comme l' ensemble du monde,
notre magnifique domaine d' outre-mer, il a
défini les conditions essentielles de la politi-
que de redressement qu'il fallait hardiment y
poursuivre en corrigeant les erreurs qui, comme
partout, y avaient été commises au cours d'une
période intensive de mise en valeur sans dis-
cipline suffisante.
Le ministre a résumé son exposé dans les
conclusions suivantes :
Garder confiance plus que jamais dam notre
destin colonial, poursuivre résolument l'outil-
lage économique des colonies. mais en donnant
la priorité aux œuvres rémunératrices, soumet-
tre la cadence de la productivité coloniale aux
règles d'une économie contrôlée. dirigée par la
prévision économique et orientée vers les be-
soins solidaires de la collectivité métropole-
colonies, améliorer la qualité des produits en
diminuant leur prix de revient, assainir une am-
biance financière polluée par les excès de la
spéculation et dégager le chantier colonial des
entreprises parasitaires, organiser, sur de larges
et solides bases, le crédit colonial, faire con-
necte par ope propagande plus active nos res-
sources cf outre-mer et favoriser des échanges
plus amples de la métropole et des colonies en
perfectionnant le régime des communications et
les procédures du commerce ; enfin et surtout,
réduire énergiquement le train de vie de l'Etat
colonial en renonçant à la pléthore de ses orga-
nismes et à leurs dépenses somptuaires.
En terminant, M. Albert Sarraut a insisté
sur la nécessité de rester fidèle au programme
humain de la colonisation et à l'idéalisme gé-
néreux de la politique d'association qui doit
progressivement habituer les populations indi-
gènes à collaborer en toute confiance avec
nous.
M. Albert Sarraut a été l'objet d'une très
chaleureuse ovation. Il a ensuite remis la
Croix de la Légion d'honneur à M. Ghi-
glione, directeur de la foire, aux applaudisse-
ments unanimes de l'assistance.
) -+- ( -
le Sultan dl Maroc à Paris
Le Sultan du Maroc a consacré sa matinée
d'hier au repos et à l'étude de son courrier.
Après un déjeuner dans l'intimité, Sa Ma-
jesté a fait une longue promenade au bois de
Boulogne et dans Paris, en particulier dans
les quartiers de l'ouest, où Elle s'est vive-
ment intéressée aux nouveaux immeubles.
Dans la soirée, le Sultan a assisté à une
représentation d'un grand music-hall de
l'avenue de Wagram.
̃ ) -M*mo <-
Tu te rends compte.
A CURIEUX, CURIEUX ET DEMI!
L'intelligence du/chimpanzé a été souvent,
dans diverses expériences faites par des sa-
vants, mise à l'épreuve.
Un savant anglais dernièrement voulut se
rendre compte jusqu'à quel degré ces animaux,
nos ancêtres peut-être, raisonnaient.
ZXins une cage, il suspendit une banane hors
d'atteinte des bras du singe, puis il mit trois ou
quatre petites caisses de bois pêle-mêle au mi-
lieu de la cage. Le chimpanzé se promena de
gauche à droite. puis de droite à gauche ; fina-
lemept, il plaça les caisses les unes sur les -
tres, monta légèrement au sommet de ce monti-
cule, prit la banane qu'il mangea avec satis-
faction.
Le savant, content de son examen, voulut
faire une seconde expérience. Pensant que le
chimpapzé agirait d'autant plus vite qu'il ne se
sentirait pas observé, il le plaça dans une cham-
bre. L. saoant ferma la porte et colla son œil
au trou de la serrure pour pouvoir iaire ses ob-
servations. Mais de l'autre côté Ju trou, il y
avait déjà un autre œil, celui du chimpanzé
qui observait le savant.
Lequel des deux voulait vraiment se docu-
menter sur l'autre?
F. J.
) <
DSPART
.1.
A la Direction de l'Administration
pénitentiaire de La Guyane
M. S. Bernard, nommé sous-directeur 'de
l'Administration pénitentiaire coloniale, est
parti samedi pour Saint-Laurent-du-Maroni.
Dépêches de l'Indochine
»♦»
Le Conseil Colonial ouvre sa session
à Saïgon
La session ordinaire de 1002 du Conseil
colonial s'est ouverte hier à Saïgon. A cette
occasion M. Eulrwpe, Gouverneur par inté-
rim de la Cochinchine, a prononçé le dis-
cours d'usage au cours duquel il a passé en
revue la situation générale de ta colonie.
L'orateur a dit notamment :
« Je ne viens pas exprimer au Conseil des
paroles de découragement. Si les circons-
tances générales extérieures demeurent pé-
nibles, la situation propre de la Goohincliine
ne saurait autoriser le pessimisme'. Notre
colonie possède deux ÓlémClnts essentiels
d'une économie favorable : des terres dI'une
superficie considérable, produisant une
denrée de consommation universelle et une
population laborieuse animée d'un excellent
esprit gui aie s'est jamais laissé abattre par
les difficultés de l'heure. »
Examinant d'abord la situation politique,
le Gouverneur de la Cochinchinc a déclaré :
« On peut affirmer que les temps diffici-
les ont rapproché la population annamite
de La France en lui faisant comprendre que
dans la tourmente générale qui s'abat sur
le monde, la collectivité française consti-
tuait un élément solide d'ordre et de stabi-
lité. un appui efficace contre les troubles
et désordres politiques ou économiques. »
A propos de la situation économique, le
Gouverneur a souligné que la France mé-
tropolitaine a pris une part de plus en plus
considérable dans la consommation du riz
indochinois,
« Au cours de la présente année, la to-
talité ds exportations die riz et de paddy
sur la France représente sensiblement uni
tiers de l'exportation totale de la colonie
alors qu'auparavant, cette proportion ne-
dépassait pas le sixième. Ce fait heureux est
la conséquence manifeste die l'active pro-
pagande menée en France en faveur du riz
Indochinois, sur l'initiative du Gouverneur
général Pasquier. »
Abordant le problème twdgrltaire, le Gou-
verneur de la Coehinchine déclare :
« Le budget de l'exercice 1 } est établi
avec la préoccupation impérieuse d'équili-
brer exactement les dépenses et les recettes
certainement réduites que le budget local
pourra percevoir, t'nc évaluation très
serrée fixe le chiffre des recettes probables
il treize millions de piastres environ, soit
une diminution de deux millions cinq cents
mille piastres par rapport aux prévisions de
l'exercice en cours. Il était donc indispen-
sable d'opérer dans les dépenses. Ces di-
minutions entraînent dans une certaine me-
sure des restrictions dans le fonctionne-
ment des services, mais elles sauvegardent
l'essentiel et ne comportent pas la suppres-
sion d'aucun organe assurant la vie de la
Colonie. Particulièrement, en matière d'as-
surance et d'assistance médicale les réduc-
tions ne portent pas atteinte au bon fonc-
tionnement des services. »
Exposant ensuite la situation actuelle de
la riziculture et recherchant les remèdes, le
Gouverneur Eutro]>e, après avoir rayffelé le
processus de t'endettement du itetit pro-
priétaire et la constitution des grands do-
maines, a exposé comment se ildveloppa
l'inflation des crédits dans ta confiance et
la prospérité générales après la guerre, le
débiteur prenant l'habitude de régler les
intérêts de sa dette sans se préoccuper de
l'amortissemcnt du capital pour lequel il
obtenait facilement reports et délais.
Cette situation s'est renversée complète-
ment pendant les dernières années a la
suite de la crise mondiale, de l'appauvris-
sement. général des consommateurs d'Ex-
trême-Orient, de l'amoindrissement, des ré-
coltes résultant de l'aménagement hâtif et
insuffisant des terres. Le cours du paddy
est revenu brusquement aux cours d'avant
guerre dont il avait perdu complètement le
souvenir. L'exportation du riz est tombée
très au-dessous du chiffre de ces dernières
années. Ainsi le cultivateur qui ai-ait payé
les intérêts de ses dettes sans assurer
l'amortissement, se trouva brusquement
dans l'obligation de faire face à des enga-
gements cumulés.
le La riziculture, enfin, n'est pas en me-
sure e restituer ce qui ne lui a pas été
donné. En effet, l'enquête actuellement
poursuivie par le service des prêts fonciers
démontre que la mise en valeur de la ri-
zière n'est pas l'unique et principale cause
de cet endettement. Les propriétaires anna-
mites, imitant, l'exemple des Français, se
isont lancés dans de nombreuses entrepri-
ses d'un rapport lointain avec la culture du
riz, empruntant pour construire dœ im-
meubles, pour créer des décortiqueries.
Beaucoup de propriétaires ont pris des
intérêts prépondérants dans de nombreu-
ses affaires avec une audace que ne justi-
fiaient pas toujours leur compétence et
leurs aptitudes. Le résultat de ces tentati-
ves malheureuses a contribué à enfler la
masse de l'endettement des rizières. La
proportion des dettes totales de la l'izklll-
ture envers les créanciers annamites re-
présente 30 de l'ensemble, ce qui sera
une révélation pour beaucoup ».
Parlant ensuite des remèdes, le Gouver-
neur de la Coehinchine a mentionné d'a-
bord ceux, d'ordre général, les études en-
treprises pour améliorer la technique de la
culture, augmenter les débouchés dévclop-
prr les échanges commerciaux avec L'Ex-
trême-Orient, puis les remèdes spéciaux :
création d'une caisse centrale de crédit
agricole et un service des prêts fonciers.
« Mais, a-t-il dit, pour la réussite de
l'œuvre de sauvetage, il est indispensable
que les débiteurs et les créanciers mon-
trent la plus giande volonté, plus encore
un véritable esprit dte sacrifice x.
J'orateur a conclu. :
« Je vous demande à toua de vous ren-
dre pleinement, compte que jamais, dans
aucun pays, en aucune circonstance, un
effort aussi général n'a été fait par un gou-
vernement pour soutenir l'économie privée.
Celte aide eut été irréalisable s'il n'avait
pas obtenu le concours de la métropole qui
se penche avec un intérêt efficace sur les
maux de ses enfants de toute origine. Que
cette pensée contribue à ramener certains
esprits égarés ot en préserve d'autres des
tentations malsaines ».
PHILATÉLIE
Timbres rares
Les Annales Coloniales ont annoncé la
vente de la collection de timbres-poste de sir
Philippe Manus dans laquelle figurent deux
timbres de l'île Maurice d'une valeur inesti-
mable.
En effet, en 1847, l'île Maurice émit pour
la première fois des timbres imprimés dans
l'ile. Deux timbres à titre d'échantillon fu-
rent offerts au Gouverneur dont il se servit
pour affranchir des lettres destinées à des
amis intimes. Or, la veille de la mise en
vente de ces nouveaux timbres un terrible
raz de marée détruisit les bâtiments dans les-
quels ils étaient emmagasinés. Il n'y eut pas
un rescapé.
Les deux timbres du Gouverneur les
seuls de l'émission sir Philippe Manus
parvint à les acheter.
> 40+0. (
A l'administration
de Saint-Pierre el Miquelon
L'n décret du ministre des Colonies vient
de nommer aux hautes fonctions d'adminis-
trateur des îles Saint-Pierre et Miquelon.
M. Barrillot, actuellement chef du bureau du
cabinet du ministre des Colonies.
.- (
Échange de télégrammes
entre
M. Antonetti et M. Bonnecarrère
.8.
En prenant possession de ses fonctions,
M. Bonnecarrère, le nouveau Commissaire
de la République au Cameroun, a adressé au
Gouverneur général Antonetti un télégramme
pour l'assurer de son intention de continuer à
favoriser la collaboration la plus étroite en-
tre le Cameroun et l'A.E.F. pour le bien de
ces deux teriitoires. M. Antonetti lui a ré-
pondu par un télégramme de remerciements
et l'a assuré de son vif désir de travailler en
plein accord avec lui pour le plus grand bien
des deux colonies qu'unissent des liens nom-
breux et étroits.
<
Les primes d'exportation
en A. E. F.
Le Gouvernement de l'Afrique Equatorialo
française a fixé comme suit le taux-primes
d'exportation pour le dernier semestre de
1932 à o fr. 39 par kilo pour le café en cerises
et à 2 francs pour le caoutchouc sec.
> et. (
La lutte contre la peste
bovine en A. E. F.
i
A la suite de la découverte de plusieurs cas
de peste bovine dans la région de Brazza-
ville, M. Antonetti, Gouverneur général de
l'Afrique Equatoriale française, a interdit,
jusqu'à nouvel ordre, l'entrée au Gabon et
dans le Moyen-Congo des animaux vivants,
de la viande et des produits d'origine ani-
male provenant de l'Angola.
) -+- (
Crime rituel
au Moyen-Congo
Le chef indigène de la Colonie du Moyen-
Congo a été assassiné à Boko et son cadavre
a été transporté à plus d'un kilomètre du
lieu du drame. La police croit se trouver en
présence d'un crime rituel, car les assassins
ont enlevé le cœur de leur victime.
> ..- (
INTERIM
Au Moyen-Congo
M. Buhot-Launay, qui a été désigné par un
décret du 24 août, pour assurer l'intérim du
Gouvernement du Moyen-Congo, a pris la
direction de ses services.
> -.- (
L'avancement
du Congo-Océan
Stur la ligne définitive qui comprendra
r>lG kilomètres, l'état d'avancement des
travaux au 1er juin 1r2 était le suivant :
Section. Pointe-Noire
Section Pointe-Noire. Plate-forme ter-
minée, voie définitive iposêe et exploitée
minée, M'Vouti (kilomètre 128). Tra-
vaux attaqués partout entre les kilomètres
127 et 172. Le percement du grand tunnel
liélicoïdal de l.liOO métrés dm Bamba avan-
ce à une cadence satisfaisante.
Section Brassance. Plate-forme termi-
née jiisqiii'tt Mainigou, kilomètre :!\:.I' de
Brazzaville ; voie définitive posée et ex-
ploitée jusqu'à Kikanbo, kilomètre 118. Lai
pose de la voie lourde entre Kikanbu et
Modingou avance ù la cadence de l.f>00 mè-
tres par jour, die sorte que le rail sera à
Madingou dans le courant d'août. po --
A ce moment Ml kilométrés sur dio se-
ront 'entièrement terminés ; les travaux
d'établissement de la plabe-forme étant ac-
tuellement poussés sur les 155 derniers ki-
lomètres. Ils sont d'ailleurs facilités par
les réalisations déjà effectuées qui permet-
tent d'amencr rapidement à tpied d'œuvre
le matériel nécessaire.
Ces constatations sont particulièrement,
réconfortantes pour qui a suivi depuis les;
premiers jours les difficultés énormes d,0
l'œuvre à accomplir.
Pès maintenant celle-ci a commencé à.
porter ses frnits. Tne liaison rapide par
des moyens mécaniques entre le tlongo-
CVéan en territoire français a pour la pre-
mière fois été réalisée dans le courant du
mois d'avril.
Désormais cette liaison fonctionne régu-
lièrement donnant un Il'Yrf''mit'r trafic au
chemin de fer et ouvrant aux 300.000 in/li-
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