Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1932-06-18
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32693410p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 18 juin 1932 18 juin 1932
Description : 1932/06/18 (A32,N66). 1932/06/18 (A32,N66).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
Description : Collection numérique : Thème : L'histoire partagée Collection numérique : Thème : L'histoire partagée
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k63805018
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/02/2013
TRENTE-DEUXIEME ANNEE. Nu 66. LIS NUIORO i «ICXNTIMK SAMEDI SOIR, 18 JUIN 1085
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Rédaction & Administration :
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DmicTtuit. FONDATEUR 1 Marcel RUEDEL
1 t 1 - 1 1.
Tout 4et articles pubUé. dans notre tournai ne peuveni
être refflduils qu'ota citant les ABAtIS FFRIIFNTIIMM.
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9 0
Les territoriaux au Maroc
1
- - - -
Mon camarade et ami Jules Herber, mé-
decin à Sète, mais < marocain w dans l'âme,
vient de publier une brochure tout à fait
vivante, et émouvante par endroits, sur « Les
Territoriaux au Maroc J. Au moment de la
déclaration de guerre, nous occupions les
deux plateaux que sépare l'Atlas, et, par
la trouée de Taza, les troupes du Maroc
oriental et celles du Maroc occidental, con-
duites par Gouraud et Baumgarten, venaient
à peine de se joindre. La France, quelques
semaines après, était dans l'angoisse, L Al-
lemand marchait de Charleroi sur Paris.
Nous avions besoin de toutes nos forces pour
la défense du territoire. Le gouvernement
donne l'ordre à Lyautey d'évacuer l'avant
marocain et de ne garder que la côte :
c Lyautey répondit je ne sais trop quoi,
mais il pensa comme 1 autre : j'y suis, j'y
reste, et les territoriaux commencèrent très
obscurément à jouer un rôle de premier plan
que l'Histoire n'enregistrera jamais. Ils
étaient presque tous de notre région médi-
terranéenne. A ce titre seul, ils méritent
notre sympathie. Mais leur utilisation offre
en soi le plus grand intérêt. C'est, vraisem-
blablement., la prentiere et la derrière exPé.
rience d'occupatioit d'titie colonie en voie de
conquête par des régiments territoriaux. »
Suivent des pages pittoresques sur l'arri-
vée des hommes de la territoriale dans cette
terre inconnue, leur « dépaysement P, leur
« ahurissement »; puis, c'est le départ vers
le bled, où l'on va relever les sentinelles qui
veillent aux avant-postes des pays conquis
ou tenir garnison dans les villes que les
séditions peuvent bouleverser. Les bataillons
s'essaiment dans tout le Maroc, et certains
connaissent de dures épreuves. Damel Ces
hommes n avaient plus la souplesse et la
verdeur des conscrits de vingt ans ; l'âge
avait fait son œuvre, alourdi les jambes,
taidi les muscles, parfois voûté les épaules.
Mais, aussi longtemps qu'il fallait être des
soldats, ils tenaient le coup, et Herber nous
en montre plus d'un exemple éloquent. En
voici un pittoresque : en 1916, le poste de
Tauout est assiégé par les Ait Seghrouchen
et les Marmoucha qui l'encerclent et l'arro-
sènt copieusement du haut d'une éminence ;
les territoriaux font héroïquement le service
de la ifiitrailleuse, mais auparavant ils pren-
nent la précaution sage de réserver l'avenir:
ils se précipitent sur le tonneau de pinard,
et l'enterrent soigneusement, et puis, en
• * i 1 t
̃< H viuiïf- ws 1 ,
Là où ils sont non moins admirables,
c'est quand on les utilise pour les métiers
que chacun d'eux a en mains. Avec quel
cœur ils se mettaient à l'ouvrage, joyeux de
reprendre l'outil, nous en avons plus d'une
preuve. Ils ont été la « providence » des
ipostes d'étapes et des postes avancés, où il
fallait des mois et des nws avant d'avoir
le nécessaire. Après le combat, il est urgent
de laisser à l'abri d'un coup de main les
camarades qui resteront en pays ennemi ; il
faut de la chaux, du bois, donc des chau-
fpurnjerS, des charpentiers. S'il y a eu de
vrais bûcherons stix les flancs .de 1 Atlas,
c'est qu'un officier de la territoriale,,, pro-
priétaire .campagnard, avait choisi et dési-
gné les arbres, les avait fait couper suivant
les règles et avait préservé la forêt.
Ici les territoriaux sont les collaborateurs,
là les instituteurs de l'indigène. Dans le
Zerhoun, les oliviers poussaient selon leur
fantaisie; les territoriaux enseignent l'art
de les tailler. A Agouraï, les indigènes se
désespèrent en voyant le blé devenir noir;
les territoriaux reconnaissent la fumagine et
apprennent à 'ces malheureux comment on
plonge la semence dans une solution de sul-
fate de cuivre. A Volubilis, ils sont les chefs
d'équipe des ouvriers qui mettent au jour les
mines admirables cachées par le doum maro-
cain.
L histoire de ce brave territorial qui s'of-
fre un jour pour sauver l'autrucherie de
Meknès est caractéristique ; il surveille les
bêtes qui allaient pondre dans les champs
où les oiseaux de proie mangeaient les œufs,
répare une vieille couveuse, a la joie de voir
éclôre douze petits qui s'attachent à leur
père « spirituel. èt mangent dans sa main.
« A la démobilisation, personne ne put
s'imaginer à Meknès qu'on pourrait se pas-
ser de ce collaborateur,.. On lui proposa
de faire venir son autre famille, celle de
France. Il accepta, et il est peut-être encore
au Maroc. »
Voilà pourquoi ces Français-là étaient
bien accueillis aux marchés, et dans les
douars : « avec leur bonhomie, ils avaient
fait la conquête pacifique du Maroc ». C'est
bien la tradition française. J'ai eu, de
l'autre côté de la Méditerranée, l'occasion
de rappeler la devise de Bugeaud : « par
l'épée et par la charrue '», en ajoutant que
l'épée était rentrée au fourreau sur toute
l'étendue de l'Afrique du Nord. Mais,
même à l'époque où il n'en était pas ainsi,
en 1842, Bue'eaud commentait ainsi sa de-
vise : a La conquête serait stérile sans le
colonisateur. Je serai donc colonisateur
ardent, car rattache moins ma gloire à vain.
cre dans les combats qu'à fonder quelque
chose d'utilement durable pour la France,
et pour les peuples dont elle a à préserver
les intérêts et à favoriser l'évolution. * Grâce
à Herber, l'Histoire gardera cette page bien
française de 1.4 collhlx>rntion franco-maro-
caine : i à l'abri de vehj poitrines, le Maroc
n'a cessé de prospérer. Tes (populations loya*
les et fidèles ont béni les bienfaits de notre
protection »; c'est là ce que Lyautey disait
dans son adieu aux troupes en 1917 ; Herber
estime qu'une bonne part de ces éloges re-
vient aux territoriaux : le maréchal lui-
même est certainement tout prêt à en con-
venir.
Ilario Rouaian,
Sénateur de tWfaMM,
Ancien mintatrt.
An Ministère de l'intérieur
«♦»
Réception des grands chefs musulmans
M. Alexandre Israël, sous-secrétaire d'Etat
au ministère de l'Intérieur, a reçu hier les
délégués indigènes ,.JKhelif Djelloul, grand-
croix de la Légion d'honneur, Ben Abdallah,
délégué financier, vice-président du Conseil
général d'Oran, Ben Ali Chérif, délégué
financier, Ghersi, délégué financier et con-
seiller général d'Oudjoa, de Tlemcen. Ces
délégués lui ont été présentés par M. Mi-
rante, directeur des Affaires indigènes du
gouvernement général de l'Algérie.
Ces délégués sont venus à Paris pour re-
présenter les musulmans dans la Commis-
sion ïnterfninistériëlle des Affaires musul-
manes dont nous avotts annoncé la première
réunion jeudi dernier.
- ? o»» <
PHILATÉLIE
''II
EN NOUVELLE-CALÉDONIE
Surcharge sur des timbres-poste
Par arrêté du Gouverneur en vue de com-
mémorer par un souvenir durable et généra-
lisé la première liaison aérienne entre la
France et la Nouvelle-Calédonie accomplie
par les aviateurs de Verneilh, Dévé et Munch
sur l'avion Biarritz, il sera effectué, sur les
timbres-poste de la Nouvelle-Calédonie, une
impression spéciale « en surcharge » rappe-
lant cet événement.
Cette impression spéciale sera faite sur
deux catégories de timbres-poste : le timbre
à 40 centimes et le timbre à 50 centimes. Il
sera imprimé 3.000 timbres de chaque caté-
gorie en présence d'une Commission présidée
par le chef du service des. P.T.T.
A la société coloniale
des artistes français
lit 1
Le lundi 20 juin la manifestation de la
Semaine Coloniale aura lieu au Salon des
Artistes Français, Grand Palais des Champs-
Elysées, à 15 h. t/2. Les. adhérents de la
Semaine Coloniale visiteront les différentes
expositions des Boursiers de voyage de la
Société Coloniale des Artistes Français,
I'Kxpintéressant* résultats obtenus, par le minis-
tère de l'insttuction publique et de:- Hcaux-
Arts, par le concours organisé riitte les
principaux) établissements d'enseignement
artistique de France.
A 16 heures, dans la salle des réunions du
Grand Palais, Mme Thérèse Hcrpin, SUT
l'initiative de la Société des Ecrivains colo-
naux fera une conférence sur le Folk-Lore
des Antilles (chansons, fables, contes et lé-
gendes créoles). Cette conférence sera ac-
compagnée de films cinématographiques sur
nos principales colonies.
M. Carde à Paris
Arrivée de M. Iules Carde
M. Carde, Gouverneur général de l'Algé-
rie, accompagné du directeur de son cabinet,
M. Annet, Gouverneur des Colonies, et du
capitaine Gardel, est arrivé à Paris ce ma-
tin à 8 h. 15, à la gare de Lyon, où il a été
salué par de nombreuses personnalités de la
métropole et des colonies.
Déclarations de M. Carde
M. Carde a fait à son arrivée à Marseille
hier les déclarations suivantes sur la situa-
tion économique de l'Algérie :
Les chiffres du commerce extériettr de
VAlgérie, au cours dit premier semestre
1932, a-t-il dit, comparés avec ceux de la pé-
riode correspondante de Vannée précédente
accusent une certaine reprise d'activité. Une
notable augmentation des exportations a pu
être constatée au cours des trois premiers
mois de la présente année celles-ci accusent
une plus-value de l'ordre àe 200 millions par
rapport à 1931 et une diminution seulement
de 150 militons par rapport à 1930 qui tilt
une année exceptionnelle d'euphorie pour
l'Algérie. -
Parlant ensuite de l'attachement des indi-
gènes à la France, M. Carde a précisé :
Européens et indigènes collaborent en par-
faite entente à Vœuvre commune. Nos popu-
lations musulmanes demeurent insensibles
aux .appels des, organisations de désordre et
gardent leur confiance en la France qui leur
a, apporté, la sûreté des vies et des biens et
a fait disparaître pour tons le spectre re-
douté des famines et des disettes qui les dé-
cimaient régulièrement avant notre arrivée.
> -.. <–-–
M. Llcièn Saint préside le diner
du syndicat commercial (Vantais
M. Saint exprime sa confiance
dans l'avenir économique du Maroc
M. Lucien Saint, Résident général, a pré-
sidé à Rabat le dîner organisé par le Syndicat
commercial fronçais, pour son 20° anniversaire.
A ce banquet assistaient les autorités du Pro-
tectorat et quatre cents coniVlvc, tant indigènes
que Français, représentant toutes les grandes
firmes commerciales et industrielles du Maroc.
Dans son discours, M. Saint exprima son
optimisme quant aux destinées économiques du
protectorat et sa reconnaissance pour la France,
qui consentit le fécem emprunt marocain et
1 entrée d'un contingent important de blés du
Maroc. Il remit ensuite la Lésion d'honneur
à Si Bou Hellal, président de fa Chambre de
Commerce de Rabat.
i
0
Exuneù nécessaire
de, là situadon de FA, E, E
l'
ANS un dernier article
Paru dans ce joUrnal,
nous indiquions
qu'une des principa-
les tâches de la nou-
velle Commission des
Colonies de la Cham-
bre serait d* examiner
très attentivement la
sItuatton. financière de nos gouvernements
coloniaux. Cet éxtllllen est plus particulière-
ment nécessaire en ce qui concerne VAfrique
equatoriale française.
Eu effet, l'Afrique équatoriale est 1
seule de nos colonies qui mette très large-
ment à contribution le budget de la Métro-
pole. C'est ainsi que pour 1932, il a été
inscrit à ce budget les crédits suivants :
949.138 fr. pour subvention extraordi-
naire au budget général de l'A.. E. F. pour
le service de l'emprunt autorisé par la loi
du 12 juillet 1909, modifiée par l'article
134 de la loi de finances du 30 décembre
19*8.
5.941.178 francs pour subvention extra-
ordinaire au budget général de l'A. E. F.
pour le service de L'emprullt autorisé par la
loi du 13 juillet 1914, modifiée par celle du
8 août 1920 et l'article 134 de la loi de fi-
nances du 30 décembre 1928.
16.719.578 francs pour subvention extra-
ordinaire au budget général de l'A. E. F.
pour le service de l'emprunt autorisé par l'ar-
ticle 257 de la loi de finances du 13 juillet
1925 et réglementé par la loi du 15 septem-
bre 1926, modifié par Varticle 134 de là loi
de finances du 30 décembre 1928.
10.832.040 francs pour avances rembour-
sables au budget général de l*A. E. F. pour
le service autorisé par la loi du 22 février
*93*-
Au total, près de 35 millions et ceci pour
une année budgétaire de neuf mois seule-
ment. En année normale de douze mois,
c'est une somme voisine de 50 millions de
francs que la Métropole verse à l'Afrique
EgulItoriale. Nous n'avons d'ailleurs pas
l'assurance que l'ère des grands emprunts
est bien close pour l'A,. E, F., car il est
fort possible que les crédits prévus pour le
cltenttn de fer Brazzaville-Océan soient in-
suffisants.
̃ D'autre part, il nous- parvient qu'une
aimable fantaisie préside à l'administration
financière de notre grande colonie du Cetttre-
Afriqtte. Tout d'abord la délimitation entre
les charges incombant au budget général et
celles incombant aux budgets locaux des
colonies du groupe existe bien, mais trop
souvent, hélas sur le papier seulement.
Dam la pratique, il arrive assez fréquem-
ment que telle dépense engagée par le Gou-
vernement vénérai et devant être normale-
ment supportée par lui, est mise finalement
à la charge du Tchad on du Gabon, de VOu-
baltKlti-Clwri on du M0yen-Congo, au grattd
désespoir des lieutenants-gouverneurs.
Mais, fait plus grave, il transpire que les
fonds d'emprunts réqlisés pour le Congo-
Océan, ne servent pas exclusivement à la
construction de ce chemin de fer, qu'une pe-
tite partie tout au moins s'en irait de temps
à autre secourir la grande détresse du bud-
get général. S'il en est aimii, il appartielt à
M. Albert Sarraut d* emoyer de toute ur-
gence un inspecteur des finances à Brazza-
ville, car de telles pratiques en matière
financière ne sauraient "être tolérées.
Enfinf notre attention a été plusieurs fois
appelée sur les prodigalités du gouvernement
général de l'A. E. F., en des domaines va-
riés, sur les libéralités exagérées qu'il a pu
consentir. Tout cela mérite attention.
En un mot, l'A. E. F. est en pleine crise
financière, en plciuc détresse économique. Il
est nécessaire d'y faire régner plus que par-
,., , ,
tout ailleurs l'esprit d'économie, Vordre dans
les finances et les saines pratiques budgé-
taires.
La Commission des Colonies manquer ut à
sot devoir si elle n'accordait pas à 14 ques-
tion toute sa vigilante aUention.
Georges Nouelle,
député de Saâne-el-Loire,
> ..a (
Tu te tends compte.
LA MUSIQUE N'ADOUCIRAIT PAS
LES MŒURS CHEZ LES
ANTHROPOÏDES
Jeudi matin, un orchestre de musiciens jouant
du banjo, de la clarinette, du violon, donnait
un concert dans la cage aux singes au jardin
d'acclimatation. Immédiatement, les macaques
manifestèrent, cris cf. glapissements retentirent,
les singes se livrèrent à une sarabande effré-
née, tandis que les guenons continuèrent d'al-
laiter leurs petifl qu'elles serraient craintive-
ment dans leurs bras.
Celle manifestation musicale ne fut pas god-
tée ci le calme revint chez la gent quadru-
mane que lorsque cerises, bananes et oranges
leur furent distribuées.
Notons que Vorcheslre n'a joué que de la
musique ultra-modeme ci À la mode, list er, à
dire qu'il faudta refaire cettc même expérience
avec tri orchestre qui n'inferprétera que de la
musique classique.
L'ancré de l'homme, d'après Darwin,
serait-il un ermmi du jazz et fi*apprécierait-il
pas le fox-trott et la biguine, aurait-il utie men-
talité classique au point de vue musique et leur
préféteruienî-ils Lulli et Mozart et la pavane ?
F. J,
A la Commission des Colonies
de la Chambre
Les candidatures déjà connues des divers
groupes à la Commission des Colonies sont
les suivantes :
Socialistes S.F.I.O. : MM. Castagnez,
Deschizeaux, Fontanier, Goude, Lagrosillière,
Marsais, Nouelle, Sixte-Quenin, Thomas, Va-
renne.
Radicaux-socialistes : MM. Castel, Proust,
Tony-Révillon, Cuttoli, Graëve, Monnerville,
Briquet, G. Chauvin, jouffrault, Rucart, Mi-
chel Geistdœrfer Martinaud-Desplat.
Fédération républicaine (U.R.D.) : MM.
Fougère. Parés, Taittingçr.
Indépendants : M. d'Harcourt.
Républicains socialistes MM. Susset,
Forgeot.
'RéPublicains de. gauche: MM. Perreau-
Pradier, Tilly, Quesnel.
Démocrates populaires : M. Reille-Soult.
Indépendants de gauche : MM. Gasparin,
Auguste Brunet.
Gauche radicale : MM. Ulrich, Outrey,
Roux-Freissineng.
Un ou deux groupes encore doivent faire
parvenir incessamment à la questure la liste
de leurs candidats.
A MéA CHAfiËBMtE
Validations algériennes
et coloniales
Parmi les élus de l'Algérie ou des Colo-
nies, ont été jusqu'à présent validés :
Séance du 3 juin : MM. Fiori (Alger ir0),
Mallarmé (Alger 20), Guastavino (Alges 3e),
Morinaud fConstantine Ire), Cuttoli (Cons-
tantine 3e), Roux-Freissineng (Oran 30), Del-
mont (Martinique Ire).
Séance du 7 juin : MM. Pares (Oran Ire),
Lagrosillière (Martinique 20), Candace (Gua-
deloupe (im), Graëve (Guadeloupe 20),
Diagne (Sénégal).
Séance du 10 juin : MM. Brière (Oran 20),
Pierre Dupuy (Inde française), Monnerville
(Guyane ).
Restent donc à examiner les opérations
électorales de Cochinchine (M. Outrey) et
de La Réunion (MM. Gasparin et Auguste
Brunet) dont les dossiers ne sont pas arrivés.
> •<» <
Un Académicien voyageur
M. Abel Bonnard
succède à M. Charles Le Goffic
Voyageur, poète, essayiste, moraliste.
tSfriè délicieuse solidarité-de couleurs, de tona-
lités vivantes, d'éclat pénétrant s'établit entre
Abel Bonnard et son oeuvre.
Qu'il aille au Maroc, en Asie. à Rome,
en Àmérique, l'auteûr de Océan et Brésil, En
Chine sert fidèlement la loi des couleurs, le
jeu des féeries terriennes.
Abel Bonnard ne renonce jamais à la lu-
mière. Intense, vaporeuse, délicate, il ne peut
se passer de cet enchantement, mais il le ren-
force de toute la profondeur de sa pensée de
philosophe.
« Le plus attrayant des jardins m'ennuie
s'il a perdu son âme. » Telle était la plainte
de Maurice BarrésI Jamais un paysage a Abel
Bonnard ne perd son âme; sous chaque ligne,
palpitent l'amour, l'enthousiasme, éléments
Sarants d'un inépuisable aliment de vie et
d'une source de transfiguration.
Ainsi, les livres de cet auteur font miroir
à la façon des bois durs et des métaux polis
et nous reflètent l'essentiel de la physionomie
du nouvel académicien.
En relisant certains passages d'Abel Bon-
nard, je pense à Jules Tellier écrivant ces
phrases saisissantes : « Nous sommes -partis
d'Alger à midi et d'abord nous avons traversé
des espaces moirés d'un violet laiteux et com-
me polaire ; puis les flots où nous glissâmes
furent d'un violet sombre et plus tard, d'un
bleu-gris. »
L'amateur d'art chez Abel Bonnard égale
l'écrivain. En entrant à l'Académie, il ap-
porte sous la coupole sa vision du monde déli-
cieusement brodée par la grâce d'une curiosité
toujours en éveil et la virtuosité d'un souple
talent.
Il.-L. S.
- ̃̃ > --
A l'Académie Française
C'était jeudi, séance d'élection
> L'Académie française procède à une élec-
tion au fauteuil devenu vacant par suite du
décès, le 12 février dernier, de M. Charles
Le Goffic.
Sont candidats : MM. Abel Bonnard, Fran-
cis de Croisset, René Pinon, Alfred Poizat et
Jérôme Tharaud.
Déduction faite du membre défunt; de M.
Pierre Benoit qui, bien qu'élu, ne peut pren-
dre part au scrutin, n'ayant pas encore été
reçu, et des absents (MM. René Bazin, Berg-
son, Mâle et Poincaré), le nombre des vo-
tants s'élève à 34, la majorité est donc de iS.
M. Abel Bonnard est élu au quatrième tour
par 20 voix.
M. Abel Bonnard est ne à Poitiers le 10 dé-
cembre 1883, est licencié ès lettres, et fut, des
ses débuts, couronné par l'Académie françai-
se, pour son recueil de poèmes : les Royautés.
Son œuvre est extrêmement variée. On lui
doit : les Familiers les Histoires, le Palais
Palmacamini, un recueil de notes et nmxi-
mes : V Argent ,• (1rs impressions dr vovagr
Ait Maroc, Océan ri iïrcjiil, Rouir. 1 .a punir,
lui a fourni 1r su jH de In France rt ses
morts. ) 1 (.onvieiu dr ur pas oublin, non
plus, la biographie qu'il a consacrée à Saint
François d'Assise. Mais c'est plus particuliè-
rement dans la Vie et VAmour, VAmitié,
VEnfânce, Eloge de l'ignorance, que se sont
affirmées ses qualités de moraliste. Il faut
citeT, encore la Vie amoureuse d'Henri
Beyle que M. Abel Bonnard a donnée dans
la collection « Leurs amours n. Il est lauréat
du prix national de poésie.
La situation agricole
de la Guinée française
Année 1931
L'année 1931 a été une année normale au
point de vue agricole. Les cultures vivrières
ont donné, dans l'ensemble de bom: rende-
ments, les pluies ayant été assez régulières
et suffisamment abondantes, surtout en fin de
saison. L'alimentation des indigènes a été
ainsi assurée dans toute la colonie.
A différentes reprises, la production vi-
vrière, fruitière et maraîchère a subi d'assez
graves dégâts par suite d'importantes inva-
sions acridiennes. Faibles en janvier et fé-
vrier, plus fortes en mars et avril, sérieuses
de mai à août, ces invasions se sont pro-
duites en basse et moyenne Guinée et notam-
ment dans les circonscriptions de Kindia,
Koumbia, Mamou, iPta et Labé. Les planta-
tions de bananiers, d'ananas et d'agrumes
ont particulièrement souffert. Un arrêté du
30 juin 1931 a créé un organisme régulier de
lutte antiacridienne en Guinée.
A signaler qu'en 1931 la culture du cola-
tier s'est accrue dans le cercle de Conakry
et que les plantations indigènes de bananiers
ont augmenté de 2c hectares dans le cercle
de Kindia. - - -
Une heureuse innovation a été introduite
dans l'enseignement agricole pratique grâce
à l'école mobile de labourage créée par ar-
rêté du ior octobre 1931, en remplacement de
l'école de, Bomboli.
La nouvelle école détache dans les cercles
des équipes mobiles chargées de faire des dé-
monstrations pratiques., sur le dressage des
bœufs, les travaux du sol, les assolements, les
fumures, etc.
Chaque équipe est composée de deux mo-
niteurs agricoles disposant d'un matériel ap-
proprié : une charrue, une herse, trois jougs
et les outils à main.
Le labourage à la charrue continue donc
à être vulgarisé. Voici quelle était en fin
d'année la situation à ce sujet :
Char- I-lcctares
rues Bœufs cultivés
Moyenne Guinée..,. 3-010 8.406 13.902
Basse Guinée 137 - 170 580
Haute Guinée 2.725 5.606 14.197
Région forestièfe 86 46 84
5.958 14.228 28.763
Tandis que des essais de culture du riz
irrigué étaient tentés dans le Fouta Djallon,
en Haute-Guinée, dans le cercle de Kissi-
douou, notamment on a poursuivi celle du
caféier. En 1931, 175.000 plants dont 62.000
Robusta, 50.000 Arabica, 20.000 Numez et
45.000 Kouilou ont été distribués. Une nou-
velle pépinière de 40.000 Robusta a été éta-
blie.
Au F outa-Djallon, la culture des oranges
va trouver un débouché nouveau grâce à la
fabrication de l'essence. On estime qu'avec
1.500 oranges on peut faire un litre d'essence
dont le prix de revient était à Labé, au 15
décembre 1931, de 13 fr. 50 le litre. Il faut
2.000 oranges en Sicile pour avoir le même
rendement.
Quant aux exploitations européennes, leur
situation était la suivante en 1931 :
Dans le cercle de Kindia, la superficie des
concessions de bananiers cultivées était de
5.903 ha sur lesquels 735 ha étaient plantés.
Par rapport à 1930 il y a donc eu 264 ha de
plus de plantés. Ces exploitations possé-
daient. un bétail de 1.412 boeufs dont 167 de
trait.
Dans le cercle de Forécariali, les conces-
sions comprenaient 879 ha sur lesquels 43 ha
étaient en exploitation (augmentation de
t8 ha sur 1930.) Le cercle de Conakry comp-
tait 25 concessions d'une superficie nominale
de 2.342 ha.
Le cercle de Mamou comprenait 7 exploi-
tations se livrant à la culture de la banane
(727 Ha) et trois exploitations (190 Ha) culti-
vant le café ; dans la région de Labé, deux
exploitants européens avaient une concession
pour la culture du café et des orangers
(25 Ha) et pour celle des plantes à parfum
(148 Ha). Cette dernière exploitation fabri-
que des huiles essentielles en partant no-
tamment du faux jasmin.
Dans la Haute-Guinée, il n'y avait que
quatre entreprises agricoles européennes :
deux se consacraient à la culture du riz ; une
autre à la production de rejets de bananiers
et du fumier artificiel ; la dernière à la
culture du sisal. A signaler également dam
cette région une exploitation forestière qui
a planté des kapokiers de Java en vue de la
production de bois léger pour l'cmballagc
des bananes.
< j
Le paquebot" De Brazza"
échoué devant Libreville
.81 -
Le correspondant de VA gence Llods, à
Libreville, signalait hier que le vapeur français
Brazza, venant de Bordeaux, s'est échoué au
moment où il allait franchir la passe ;
A la Compagnie des Chargeurs Réunis, on
a déclaré qu'il s'agissait d'un incident de
navigation absolument sans gravité.
Le Brazza, qui est une des plus belles uni,
tés de la Compagnie naviguant stn' la ligne,
est commandé par le capitaine Caniou. L'oc-
cident est survenu jeudi matin, vers sept heu-
res, Une brume épaisse rendait plus difficile
encore l'accès du chenal de la rade de Libre-
ville, et le paquebot s'est échoué sur im haut-
fonds de sable dur.
s de sa b le dtn-
Le commandant Caniou a fait savoir qu'il
pâmait remettre le paquebot à flot à la pro-
chaine marée en vidant simplement les ballasts
du navire.
LIRE IN SECONDE PAGE :
Au. Sénat, : une sôanco coloniale.
Les tiuilcrios indigènes au Maroc.
Lu forme dos slnginiros à RidiTabct. en
Tunisie.
Lo marché dNord.
CINÉMA COLONIAL
l'Atfantide^de G. W. Pabst
»♦«
Quand les journaux annoncèrent que le pro-
digieux réalisateur de Quatre de l Infanterie,
de l'Opéra de Quat'sous et de la Tragédie
de la mine, G. W. Past allait tourner l'Atlan-
tide, on eut la certitude qu'un grand film colo-
nial allait être l'œuvre marquante de 1932.
Déjà, un metteur en scène sensible, Jacques
Feyder, auteur inoubliable de Visages d'en-
fants, avait réalisé à une époque où le cinéma
n'offrait pas les possibilités actuelles, une œu-
vre remarquable tirée du roman de Pierre Be-
noît. Quand on apprit la décision de Pabst sur
le choix des interprètes, le film de l'Atlantidt
fut attendu dans les milieux cinématographi-
ques et aussi chez les coloniaux comme une
grande première rappelant au théâtre les
grands soirs d'avant guerre.
- Ce film passe depuis quelques jours au ci-
néma des « Miracles ».
L'interprétation a donné ce qu'elle promet-
tait : « Pouvait-on trouver pour Antinea une
interprète plus parfaite que Brigitte Helm?
Visage antique admirable, regard à la fois
mystérieux et cruel, cette artiste dépassait dans
la réalité le rêve que l'on se faisait de cette
femme merveilleuse, à la lecture du roman.
Jean Angelo le capitaine Morhange sut
incarner à la perfection l'homme qui résista
aux charmes d'Antinea et fit naître l'amour
chez la souveraine du Hoggar. Pierre Blan-
char, actuellement un de nos meilleurs artistes,
Florelle ue Pabst avait révélée dans « l'Opéra
de Quat sous, une débutante Tel a Tchai,
Wladimir Sokoloff et Wiemann complétaient
cette distribution de tout premier ordre qui, à
part Jean Angelo, avait manqué à Jacques Fey-
der.
Comme extérieur, le Désert, avec pour fres-
ques vivantes les caravanes qui se prêtent si
bien au cinéma. Comme décor une conception
intelligente et heureuse d'une cité à la fois mo-
derne et rustique aménagée dans les rochers du
Hoggar et répondant parfaitement au cadre du
roman de Pierre Benoît. Aucune critique n'est
permise sur la technique de ce grand film où
Pabst comme toujours est resté le puissant réa-
lisateur.
Mais au point de vue colonial, comment fut
compris ce scénario tiré du roman français
L'Atlantide qui connut le succès à travers le
monde ?
Pour tous ceux qui connurent la vie isolée
de la brousse et les nuits troublantes du Dé-
sert, ce fut une joie réelle de trouver dans
l'Antinea de Pierre Benoît, cette nostalgie de
l'Afrique, cet appel des sables, ce mystère
éternel qui noüs fait désirer ces départs vers les
lointains, ces retours vers les régions qui, une
fois qu'on les a connues, ont conquis nos
cœurs, pour toute notre vie.
Antinéa pour un colonial tC3tC uniquement
ce mystérieux appel du Désert, et c'est là ce
qu'avait voulu Jacques Feyder dans sa réa-
lisation première. --
Pabst - fut-il gêné par ce film de Feyder?
- a voulu réaliser une œuvre entièrement nou-
velle, et pour cela prenant dans le roman ce
qui n'était qu'un doute il précisa Antinéa.
Mais faisant d'une femme mystérieuse la fille
de Clémentine, danseuse de cancans, il sup-
prime nettement cet appel inconnu des sables
pour ne faire qu' un retour vers une femme dont
nous connaissons les origines.
Modernisant le roman sans laisser au désert
son insondable isolement,la T.S.F. et l'avion
supprimant les distances diminuent l' atmo-
sphère des lointains, et la nostalgie de l'Afri-
que disparaissant ce n'est plus le roman colo-
nial qui plaisait tant aux isolés, mais un simple
roman d'amour.
Certes dans sa réalisation si rapide Pabst
trop entouré d'assistants, d'opérateurs et d'une
suite que nécessitait son film n'a pu vivre dans
l'isolement cette vie inoubliable des sables
dont son émotion d'artiste eut certes modifié
le scénario en laissant au roman toute la poé-
sie du doute.
Peut-être les cinéastes et le public, conquis
par la technique impeccable de Pabst préfère-
ront-ils cette nouvelle version, mais je suis bien
certain que les coloniaux aimeront mieux la ver-
sion moins puissante mais plus sensible qu'avait
tournée Jacques Feyder.
Certes le passage de cet enterrement dans la
ville souterraine est bien émouvant, le cadre
d'Antinea est supérieur de beaucoup à cette
salle te trop studio » créee pour le premier
film, mais Antinea est si peu Paris qu'elle le
fait oublier. Elle n'est pas non plus la « Clé-
mentine » évoquée par l'hetman de Jitomir au
service de la souveraine, que nous avions rêvée
pour un roman tout de mystère.
Si 1 Atlantide de Pabst reste au point de
vue technique et interprètes une œuvre magis-
trale on n'y retrouve pas la sensibilité « des
Jeunes filles en uniforme » et de « No man's
land » ces deux chefs-d'œuvre de la produc-
tion 1932. Ceux qui ne connaissent pas l'Afri-
que ont le droit sans réserve d'admirer cette
nouvelle version de VAtlantique et le défaut
de ceux qui en aimeront moins le sujet, est de
trop connaître celie vi e du désert et de n'y
avoir pas retrouvé le mystère perpétuel qui
attire vers les sables.
Alfred Chaumel.
« LE REVEIL D'UN E RACE »
ET LA SOCIETE DES NATIONS
Mllr Hélène Va raresco, déléguée de l'Ar,
m:1ic à l i .S. D. V , présidente, el les mein
bres du Comité international pour la diffusion
artistique et littéraire par le cinématographe,
présidera une présentation par la Société G.F.
F.A., et les « films exotiques » la présentation
du film Le Réveil d'une race, tourné au Ca-
meroun sur la maladie du sommeil par Alfred
Chaumel et Geneviève Ohaumcl-Gentil, le
mercredi 29 juin à 10 h. 45 à l'Elysée-Gau-
mont.
1 KAMIJjMTipjll ''i 1
Rédaction & Administration :
'̃ M.ÉM MiMMIMir
PARIS 0"> ,. 1
ireLOPH. 1 bQUVM 1947
R(C||ILflU «Ml
Le» i s Annales C"l"niales
,
rm cnttôncet al réclame» tout T
DmicTtuit. FONDATEUR 1 Marcel RUEDEL
1 t 1 - 1 1.
Tout 4et articles pubUé. dans notre tournai ne peuveni
être refflduils qu'ota citant les ABAtIS FFRIIFNTIIMM.
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Colonies 180. 100 a se a
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tous les bureaux de poste.
9 0
Les territoriaux au Maroc
1
- - - -
Mon camarade et ami Jules Herber, mé-
decin à Sète, mais < marocain w dans l'âme,
vient de publier une brochure tout à fait
vivante, et émouvante par endroits, sur « Les
Territoriaux au Maroc J. Au moment de la
déclaration de guerre, nous occupions les
deux plateaux que sépare l'Atlas, et, par
la trouée de Taza, les troupes du Maroc
oriental et celles du Maroc occidental, con-
duites par Gouraud et Baumgarten, venaient
à peine de se joindre. La France, quelques
semaines après, était dans l'angoisse, L Al-
lemand marchait de Charleroi sur Paris.
Nous avions besoin de toutes nos forces pour
la défense du territoire. Le gouvernement
donne l'ordre à Lyautey d'évacuer l'avant
marocain et de ne garder que la côte :
c Lyautey répondit je ne sais trop quoi,
mais il pensa comme 1 autre : j'y suis, j'y
reste, et les territoriaux commencèrent très
obscurément à jouer un rôle de premier plan
que l'Histoire n'enregistrera jamais. Ils
étaient presque tous de notre région médi-
terranéenne. A ce titre seul, ils méritent
notre sympathie. Mais leur utilisation offre
en soi le plus grand intérêt. C'est, vraisem-
blablement., la prentiere et la derrière exPé.
rience d'occupatioit d'titie colonie en voie de
conquête par des régiments territoriaux. »
Suivent des pages pittoresques sur l'arri-
vée des hommes de la territoriale dans cette
terre inconnue, leur « dépaysement P, leur
« ahurissement »; puis, c'est le départ vers
le bled, où l'on va relever les sentinelles qui
veillent aux avant-postes des pays conquis
ou tenir garnison dans les villes que les
séditions peuvent bouleverser. Les bataillons
s'essaiment dans tout le Maroc, et certains
connaissent de dures épreuves. Damel Ces
hommes n avaient plus la souplesse et la
verdeur des conscrits de vingt ans ; l'âge
avait fait son œuvre, alourdi les jambes,
taidi les muscles, parfois voûté les épaules.
Mais, aussi longtemps qu'il fallait être des
soldats, ils tenaient le coup, et Herber nous
en montre plus d'un exemple éloquent. En
voici un pittoresque : en 1916, le poste de
Tauout est assiégé par les Ait Seghrouchen
et les Marmoucha qui l'encerclent et l'arro-
sènt copieusement du haut d'une éminence ;
les territoriaux font héroïquement le service
de la ifiitrailleuse, mais auparavant ils pren-
nent la précaution sage de réserver l'avenir:
ils se précipitent sur le tonneau de pinard,
et l'enterrent soigneusement, et puis, en
• * i 1 t
̃< H viuiïf- ws 1 ,
Là où ils sont non moins admirables,
c'est quand on les utilise pour les métiers
que chacun d'eux a en mains. Avec quel
cœur ils se mettaient à l'ouvrage, joyeux de
reprendre l'outil, nous en avons plus d'une
preuve. Ils ont été la « providence » des
ipostes d'étapes et des postes avancés, où il
fallait des mois et des nws avant d'avoir
le nécessaire. Après le combat, il est urgent
de laisser à l'abri d'un coup de main les
camarades qui resteront en pays ennemi ; il
faut de la chaux, du bois, donc des chau-
fpurnjerS, des charpentiers. S'il y a eu de
vrais bûcherons stix les flancs .de 1 Atlas,
c'est qu'un officier de la territoriale,,, pro-
priétaire .campagnard, avait choisi et dési-
gné les arbres, les avait fait couper suivant
les règles et avait préservé la forêt.
Ici les territoriaux sont les collaborateurs,
là les instituteurs de l'indigène. Dans le
Zerhoun, les oliviers poussaient selon leur
fantaisie; les territoriaux enseignent l'art
de les tailler. A Agouraï, les indigènes se
désespèrent en voyant le blé devenir noir;
les territoriaux reconnaissent la fumagine et
apprennent à 'ces malheureux comment on
plonge la semence dans une solution de sul-
fate de cuivre. A Volubilis, ils sont les chefs
d'équipe des ouvriers qui mettent au jour les
mines admirables cachées par le doum maro-
cain.
L histoire de ce brave territorial qui s'of-
fre un jour pour sauver l'autrucherie de
Meknès est caractéristique ; il surveille les
bêtes qui allaient pondre dans les champs
où les oiseaux de proie mangeaient les œufs,
répare une vieille couveuse, a la joie de voir
éclôre douze petits qui s'attachent à leur
père « spirituel. èt mangent dans sa main.
« A la démobilisation, personne ne put
s'imaginer à Meknès qu'on pourrait se pas-
ser de ce collaborateur,.. On lui proposa
de faire venir son autre famille, celle de
France. Il accepta, et il est peut-être encore
au Maroc. »
Voilà pourquoi ces Français-là étaient
bien accueillis aux marchés, et dans les
douars : « avec leur bonhomie, ils avaient
fait la conquête pacifique du Maroc ». C'est
bien la tradition française. J'ai eu, de
l'autre côté de la Méditerranée, l'occasion
de rappeler la devise de Bugeaud : « par
l'épée et par la charrue '», en ajoutant que
l'épée était rentrée au fourreau sur toute
l'étendue de l'Afrique du Nord. Mais,
même à l'époque où il n'en était pas ainsi,
en 1842, Bue'eaud commentait ainsi sa de-
vise : a La conquête serait stérile sans le
colonisateur. Je serai donc colonisateur
ardent, car rattache moins ma gloire à vain.
cre dans les combats qu'à fonder quelque
chose d'utilement durable pour la France,
et pour les peuples dont elle a à préserver
les intérêts et à favoriser l'évolution. * Grâce
à Herber, l'Histoire gardera cette page bien
française de 1.4 collhlx>rntion franco-maro-
caine : i à l'abri de vehj poitrines, le Maroc
n'a cessé de prospérer. Tes (populations loya*
les et fidèles ont béni les bienfaits de notre
protection »; c'est là ce que Lyautey disait
dans son adieu aux troupes en 1917 ; Herber
estime qu'une bonne part de ces éloges re-
vient aux territoriaux : le maréchal lui-
même est certainement tout prêt à en con-
venir.
Ilario Rouaian,
Sénateur de tWfaMM,
Ancien mintatrt.
An Ministère de l'intérieur
«♦»
Réception des grands chefs musulmans
M. Alexandre Israël, sous-secrétaire d'Etat
au ministère de l'Intérieur, a reçu hier les
délégués indigènes ,.JKhelif Djelloul, grand-
croix de la Légion d'honneur, Ben Abdallah,
délégué financier, vice-président du Conseil
général d'Oran, Ben Ali Chérif, délégué
financier, Ghersi, délégué financier et con-
seiller général d'Oudjoa, de Tlemcen. Ces
délégués lui ont été présentés par M. Mi-
rante, directeur des Affaires indigènes du
gouvernement général de l'Algérie.
Ces délégués sont venus à Paris pour re-
présenter les musulmans dans la Commis-
sion ïnterfninistériëlle des Affaires musul-
manes dont nous avotts annoncé la première
réunion jeudi dernier.
- ? o»» <
PHILATÉLIE
''II
EN NOUVELLE-CALÉDONIE
Surcharge sur des timbres-poste
Par arrêté du Gouverneur en vue de com-
mémorer par un souvenir durable et généra-
lisé la première liaison aérienne entre la
France et la Nouvelle-Calédonie accomplie
par les aviateurs de Verneilh, Dévé et Munch
sur l'avion Biarritz, il sera effectué, sur les
timbres-poste de la Nouvelle-Calédonie, une
impression spéciale « en surcharge » rappe-
lant cet événement.
Cette impression spéciale sera faite sur
deux catégories de timbres-poste : le timbre
à 40 centimes et le timbre à 50 centimes. Il
sera imprimé 3.000 timbres de chaque caté-
gorie en présence d'une Commission présidée
par le chef du service des. P.T.T.
A la société coloniale
des artistes français
lit 1
Le lundi 20 juin la manifestation de la
Semaine Coloniale aura lieu au Salon des
Artistes Français, Grand Palais des Champs-
Elysées, à 15 h. t/2. Les. adhérents de la
Semaine Coloniale visiteront les différentes
expositions des Boursiers de voyage de la
Société Coloniale des Artistes Français,
I'Kxp
tère de l'insttuction publique et de:- Hcaux-
Arts, par le concours organisé riitte les
principaux) établissements d'enseignement
artistique de France.
A 16 heures, dans la salle des réunions du
Grand Palais, Mme Thérèse Hcrpin, SUT
l'initiative de la Société des Ecrivains colo-
naux fera une conférence sur le Folk-Lore
des Antilles (chansons, fables, contes et lé-
gendes créoles). Cette conférence sera ac-
compagnée de films cinématographiques sur
nos principales colonies.
M. Carde à Paris
Arrivée de M. Iules Carde
M. Carde, Gouverneur général de l'Algé-
rie, accompagné du directeur de son cabinet,
M. Annet, Gouverneur des Colonies, et du
capitaine Gardel, est arrivé à Paris ce ma-
tin à 8 h. 15, à la gare de Lyon, où il a été
salué par de nombreuses personnalités de la
métropole et des colonies.
Déclarations de M. Carde
M. Carde a fait à son arrivée à Marseille
hier les déclarations suivantes sur la situa-
tion économique de l'Algérie :
Les chiffres du commerce extériettr de
VAlgérie, au cours dit premier semestre
1932, a-t-il dit, comparés avec ceux de la pé-
riode correspondante de Vannée précédente
accusent une certaine reprise d'activité. Une
notable augmentation des exportations a pu
être constatée au cours des trois premiers
mois de la présente année celles-ci accusent
une plus-value de l'ordre àe 200 millions par
rapport à 1931 et une diminution seulement
de 150 militons par rapport à 1930 qui tilt
une année exceptionnelle d'euphorie pour
l'Algérie. -
Parlant ensuite de l'attachement des indi-
gènes à la France, M. Carde a précisé :
Européens et indigènes collaborent en par-
faite entente à Vœuvre commune. Nos popu-
lations musulmanes demeurent insensibles
aux .appels des, organisations de désordre et
gardent leur confiance en la France qui leur
a, apporté, la sûreté des vies et des biens et
a fait disparaître pour tons le spectre re-
douté des famines et des disettes qui les dé-
cimaient régulièrement avant notre arrivée.
> -.. <–-–
M. Llcièn Saint préside le diner
du syndicat commercial (Vantais
M. Saint exprime sa confiance
dans l'avenir économique du Maroc
M. Lucien Saint, Résident général, a pré-
sidé à Rabat le dîner organisé par le Syndicat
commercial fronçais, pour son 20° anniversaire.
A ce banquet assistaient les autorités du Pro-
tectorat et quatre cents coniVlvc, tant indigènes
que Français, représentant toutes les grandes
firmes commerciales et industrielles du Maroc.
Dans son discours, M. Saint exprima son
optimisme quant aux destinées économiques du
protectorat et sa reconnaissance pour la France,
qui consentit le fécem emprunt marocain et
1 entrée d'un contingent important de blés du
Maroc. Il remit ensuite la Lésion d'honneur
à Si Bou Hellal, président de fa Chambre de
Commerce de Rabat.
i
0
Exuneù nécessaire
de, là situadon de FA, E, E
l'
ANS un dernier article
Paru dans ce joUrnal,
nous indiquions
qu'une des principa-
les tâches de la nou-
velle Commission des
Colonies de la Cham-
bre serait d* examiner
très attentivement la
sItuatton. financière de nos gouvernements
coloniaux. Cet éxtllllen est plus particulière-
ment nécessaire en ce qui concerne VAfrique
equatoriale française.
Eu effet, l'Afrique équatoriale est 1
seule de nos colonies qui mette très large-
ment à contribution le budget de la Métro-
pole. C'est ainsi que pour 1932, il a été
inscrit à ce budget les crédits suivants :
949.138 fr. pour subvention extraordi-
naire au budget général de l'A.. E. F. pour
le service de l'emprunt autorisé par la loi
du 12 juillet 1909, modifiée par l'article
134 de la loi de finances du 30 décembre
19*8.
5.941.178 francs pour subvention extra-
ordinaire au budget général de l'A. E. F.
pour le service de L'emprullt autorisé par la
loi du 13 juillet 1914, modifiée par celle du
8 août 1920 et l'article 134 de la loi de fi-
nances du 30 décembre 1928.
16.719.578 francs pour subvention extra-
ordinaire au budget général de l'A. E. F.
pour le service de l'emprunt autorisé par l'ar-
ticle 257 de la loi de finances du 13 juillet
1925 et réglementé par la loi du 15 septem-
bre 1926, modifié par Varticle 134 de là loi
de finances du 30 décembre 1928.
10.832.040 francs pour avances rembour-
sables au budget général de l*A. E. F. pour
le service autorisé par la loi du 22 février
*93*-
Au total, près de 35 millions et ceci pour
une année budgétaire de neuf mois seule-
ment. En année normale de douze mois,
c'est une somme voisine de 50 millions de
francs que la Métropole verse à l'Afrique
EgulItoriale. Nous n'avons d'ailleurs pas
l'assurance que l'ère des grands emprunts
est bien close pour l'A,. E, F., car il est
fort possible que les crédits prévus pour le
cltenttn de fer Brazzaville-Océan soient in-
suffisants.
̃ D'autre part, il nous- parvient qu'une
aimable fantaisie préside à l'administration
financière de notre grande colonie du Cetttre-
Afriqtte. Tout d'abord la délimitation entre
les charges incombant au budget général et
celles incombant aux budgets locaux des
colonies du groupe existe bien, mais trop
souvent, hélas sur le papier seulement.
Dam la pratique, il arrive assez fréquem-
ment que telle dépense engagée par le Gou-
vernement vénérai et devant être normale-
ment supportée par lui, est mise finalement
à la charge du Tchad on du Gabon, de VOu-
baltKlti-Clwri on du M0yen-Congo, au grattd
désespoir des lieutenants-gouverneurs.
Mais, fait plus grave, il transpire que les
fonds d'emprunts réqlisés pour le Congo-
Océan, ne servent pas exclusivement à la
construction de ce chemin de fer, qu'une pe-
tite partie tout au moins s'en irait de temps
à autre secourir la grande détresse du bud-
get général. S'il en est aimii, il appartielt à
M. Albert Sarraut d* emoyer de toute ur-
gence un inspecteur des finances à Brazza-
ville, car de telles pratiques en matière
financière ne sauraient "être tolérées.
Enfinf notre attention a été plusieurs fois
appelée sur les prodigalités du gouvernement
général de l'A. E. F., en des domaines va-
riés, sur les libéralités exagérées qu'il a pu
consentir. Tout cela mérite attention.
En un mot, l'A. E. F. est en pleine crise
financière, en plciuc détresse économique. Il
est nécessaire d'y faire régner plus que par-
,., , ,
tout ailleurs l'esprit d'économie, Vordre dans
les finances et les saines pratiques budgé-
taires.
La Commission des Colonies manquer ut à
sot devoir si elle n'accordait pas à 14 ques-
tion toute sa vigilante aUention.
Georges Nouelle,
député de Saâne-el-Loire,
> ..a (
Tu te tends compte.
LA MUSIQUE N'ADOUCIRAIT PAS
LES MŒURS CHEZ LES
ANTHROPOÏDES
Jeudi matin, un orchestre de musiciens jouant
du banjo, de la clarinette, du violon, donnait
un concert dans la cage aux singes au jardin
d'acclimatation. Immédiatement, les macaques
manifestèrent, cris cf. glapissements retentirent,
les singes se livrèrent à une sarabande effré-
née, tandis que les guenons continuèrent d'al-
laiter leurs petifl qu'elles serraient craintive-
ment dans leurs bras.
Celle manifestation musicale ne fut pas god-
tée ci le calme revint chez la gent quadru-
mane que lorsque cerises, bananes et oranges
leur furent distribuées.
Notons que Vorcheslre n'a joué que de la
musique ultra-modeme ci À la mode, list er, à
dire qu'il faudta refaire cettc même expérience
avec tri orchestre qui n'inferprétera que de la
musique classique.
L'ancré de l'homme, d'après Darwin,
serait-il un ermmi du jazz et fi*apprécierait-il
pas le fox-trott et la biguine, aurait-il utie men-
talité classique au point de vue musique et leur
préféteruienî-ils Lulli et Mozart et la pavane ?
F. J,
A la Commission des Colonies
de la Chambre
Les candidatures déjà connues des divers
groupes à la Commission des Colonies sont
les suivantes :
Socialistes S.F.I.O. : MM. Castagnez,
Deschizeaux, Fontanier, Goude, Lagrosillière,
Marsais, Nouelle, Sixte-Quenin, Thomas, Va-
renne.
Radicaux-socialistes : MM. Castel, Proust,
Tony-Révillon, Cuttoli, Graëve, Monnerville,
Briquet, G. Chauvin, jouffrault, Rucart, Mi-
chel Geistdœrfer Martinaud-Desplat.
Fédération républicaine (U.R.D.) : MM.
Fougère. Parés, Taittingçr.
Indépendants : M. d'Harcourt.
Républicains socialistes MM. Susset,
Forgeot.
'RéPublicains de. gauche: MM. Perreau-
Pradier, Tilly, Quesnel.
Démocrates populaires : M. Reille-Soult.
Indépendants de gauche : MM. Gasparin,
Auguste Brunet.
Gauche radicale : MM. Ulrich, Outrey,
Roux-Freissineng.
Un ou deux groupes encore doivent faire
parvenir incessamment à la questure la liste
de leurs candidats.
A MéA CHAfiËBMtE
Validations algériennes
et coloniales
Parmi les élus de l'Algérie ou des Colo-
nies, ont été jusqu'à présent validés :
Séance du 3 juin : MM. Fiori (Alger ir0),
Mallarmé (Alger 20), Guastavino (Alges 3e),
Morinaud fConstantine Ire), Cuttoli (Cons-
tantine 3e), Roux-Freissineng (Oran 30), Del-
mont (Martinique Ire).
Séance du 7 juin : MM. Pares (Oran Ire),
Lagrosillière (Martinique 20), Candace (Gua-
deloupe (im), Graëve (Guadeloupe 20),
Diagne (Sénégal).
Séance du 10 juin : MM. Brière (Oran 20),
Pierre Dupuy (Inde française), Monnerville
(Guyane ).
Restent donc à examiner les opérations
électorales de Cochinchine (M. Outrey) et
de La Réunion (MM. Gasparin et Auguste
Brunet) dont les dossiers ne sont pas arrivés.
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Un Académicien voyageur
M. Abel Bonnard
succède à M. Charles Le Goffic
Voyageur, poète, essayiste, moraliste.
tSfriè délicieuse solidarité-de couleurs, de tona-
lités vivantes, d'éclat pénétrant s'établit entre
Abel Bonnard et son oeuvre.
Qu'il aille au Maroc, en Asie. à Rome,
en Àmérique, l'auteûr de Océan et Brésil, En
Chine sert fidèlement la loi des couleurs, le
jeu des féeries terriennes.
Abel Bonnard ne renonce jamais à la lu-
mière. Intense, vaporeuse, délicate, il ne peut
se passer de cet enchantement, mais il le ren-
force de toute la profondeur de sa pensée de
philosophe.
« Le plus attrayant des jardins m'ennuie
s'il a perdu son âme. » Telle était la plainte
de Maurice BarrésI Jamais un paysage a Abel
Bonnard ne perd son âme; sous chaque ligne,
palpitent l'amour, l'enthousiasme, éléments
Sarants d'un inépuisable aliment de vie et
d'une source de transfiguration.
Ainsi, les livres de cet auteur font miroir
à la façon des bois durs et des métaux polis
et nous reflètent l'essentiel de la physionomie
du nouvel académicien.
En relisant certains passages d'Abel Bon-
nard, je pense à Jules Tellier écrivant ces
phrases saisissantes : « Nous sommes -partis
d'Alger à midi et d'abord nous avons traversé
des espaces moirés d'un violet laiteux et com-
me polaire ; puis les flots où nous glissâmes
furent d'un violet sombre et plus tard, d'un
bleu-gris. »
L'amateur d'art chez Abel Bonnard égale
l'écrivain. En entrant à l'Académie, il ap-
porte sous la coupole sa vision du monde déli-
cieusement brodée par la grâce d'une curiosité
toujours en éveil et la virtuosité d'un souple
talent.
Il.-L. S.
- ̃̃ > --
A l'Académie Française
C'était jeudi, séance d'élection
> L'Académie française procède à une élec-
tion au fauteuil devenu vacant par suite du
décès, le 12 février dernier, de M. Charles
Le Goffic.
Sont candidats : MM. Abel Bonnard, Fran-
cis de Croisset, René Pinon, Alfred Poizat et
Jérôme Tharaud.
Déduction faite du membre défunt; de M.
Pierre Benoit qui, bien qu'élu, ne peut pren-
dre part au scrutin, n'ayant pas encore été
reçu, et des absents (MM. René Bazin, Berg-
son, Mâle et Poincaré), le nombre des vo-
tants s'élève à 34, la majorité est donc de iS.
M. Abel Bonnard est élu au quatrième tour
par 20 voix.
M. Abel Bonnard est ne à Poitiers le 10 dé-
cembre 1883, est licencié ès lettres, et fut, des
ses débuts, couronné par l'Académie françai-
se, pour son recueil de poèmes : les Royautés.
Son œuvre est extrêmement variée. On lui
doit : les Familiers les Histoires, le Palais
Palmacamini, un recueil de notes et nmxi-
mes : V Argent ,• (1rs impressions dr vovagr
Ait Maroc, Océan ri iïrcjiil, Rouir. 1 .a punir,
lui a fourni 1r su jH de In France rt ses
morts. ) 1 (.onvieiu dr ur pas oublin, non
plus, la biographie qu'il a consacrée à Saint
François d'Assise. Mais c'est plus particuliè-
rement dans la Vie et VAmour, VAmitié,
VEnfânce, Eloge de l'ignorance, que se sont
affirmées ses qualités de moraliste. Il faut
citeT, encore la Vie amoureuse d'Henri
Beyle que M. Abel Bonnard a donnée dans
la collection « Leurs amours n. Il est lauréat
du prix national de poésie.
La situation agricole
de la Guinée française
Année 1931
L'année 1931 a été une année normale au
point de vue agricole. Les cultures vivrières
ont donné, dans l'ensemble de bom: rende-
ments, les pluies ayant été assez régulières
et suffisamment abondantes, surtout en fin de
saison. L'alimentation des indigènes a été
ainsi assurée dans toute la colonie.
A différentes reprises, la production vi-
vrière, fruitière et maraîchère a subi d'assez
graves dégâts par suite d'importantes inva-
sions acridiennes. Faibles en janvier et fé-
vrier, plus fortes en mars et avril, sérieuses
de mai à août, ces invasions se sont pro-
duites en basse et moyenne Guinée et notam-
ment dans les circonscriptions de Kindia,
Koumbia, Mamou, iPta et Labé. Les planta-
tions de bananiers, d'ananas et d'agrumes
ont particulièrement souffert. Un arrêté du
30 juin 1931 a créé un organisme régulier de
lutte antiacridienne en Guinée.
A signaler qu'en 1931 la culture du cola-
tier s'est accrue dans le cercle de Conakry
et que les plantations indigènes de bananiers
ont augmenté de 2c hectares dans le cercle
de Kindia. - - -
Une heureuse innovation a été introduite
dans l'enseignement agricole pratique grâce
à l'école mobile de labourage créée par ar-
rêté du ior octobre 1931, en remplacement de
l'école de, Bomboli.
La nouvelle école détache dans les cercles
des équipes mobiles chargées de faire des dé-
monstrations pratiques., sur le dressage des
bœufs, les travaux du sol, les assolements, les
fumures, etc.
Chaque équipe est composée de deux mo-
niteurs agricoles disposant d'un matériel ap-
proprié : une charrue, une herse, trois jougs
et les outils à main.
Le labourage à la charrue continue donc
à être vulgarisé. Voici quelle était en fin
d'année la situation à ce sujet :
Char- I-lcctares
rues Bœufs cultivés
Moyenne Guinée..,. 3-010 8.406 13.902
Basse Guinée 137 - 170 580
Haute Guinée 2.725 5.606 14.197
Région forestièfe 86 46 84
5.958 14.228 28.763
Tandis que des essais de culture du riz
irrigué étaient tentés dans le Fouta Djallon,
en Haute-Guinée, dans le cercle de Kissi-
douou, notamment on a poursuivi celle du
caféier. En 1931, 175.000 plants dont 62.000
Robusta, 50.000 Arabica, 20.000 Numez et
45.000 Kouilou ont été distribués. Une nou-
velle pépinière de 40.000 Robusta a été éta-
blie.
Au F outa-Djallon, la culture des oranges
va trouver un débouché nouveau grâce à la
fabrication de l'essence. On estime qu'avec
1.500 oranges on peut faire un litre d'essence
dont le prix de revient était à Labé, au 15
décembre 1931, de 13 fr. 50 le litre. Il faut
2.000 oranges en Sicile pour avoir le même
rendement.
Quant aux exploitations européennes, leur
situation était la suivante en 1931 :
Dans le cercle de Kindia, la superficie des
concessions de bananiers cultivées était de
5.903 ha sur lesquels 735 ha étaient plantés.
Par rapport à 1930 il y a donc eu 264 ha de
plus de plantés. Ces exploitations possé-
daient. un bétail de 1.412 boeufs dont 167 de
trait.
Dans le cercle de Forécariali, les conces-
sions comprenaient 879 ha sur lesquels 43 ha
étaient en exploitation (augmentation de
t8 ha sur 1930.) Le cercle de Conakry comp-
tait 25 concessions d'une superficie nominale
de 2.342 ha.
Le cercle de Mamou comprenait 7 exploi-
tations se livrant à la culture de la banane
(727 Ha) et trois exploitations (190 Ha) culti-
vant le café ; dans la région de Labé, deux
exploitants européens avaient une concession
pour la culture du café et des orangers
(25 Ha) et pour celle des plantes à parfum
(148 Ha). Cette dernière exploitation fabri-
que des huiles essentielles en partant no-
tamment du faux jasmin.
Dans la Haute-Guinée, il n'y avait que
quatre entreprises agricoles européennes :
deux se consacraient à la culture du riz ; une
autre à la production de rejets de bananiers
et du fumier artificiel ; la dernière à la
culture du sisal. A signaler également dam
cette région une exploitation forestière qui
a planté des kapokiers de Java en vue de la
production de bois léger pour l'cmballagc
des bananes.
< j
Le paquebot" De Brazza"
échoué devant Libreville
.81 -
Le correspondant de VA gence Llods, à
Libreville, signalait hier que le vapeur français
Brazza, venant de Bordeaux, s'est échoué au
moment où il allait franchir la passe ;
A la Compagnie des Chargeurs Réunis, on
a déclaré qu'il s'agissait d'un incident de
navigation absolument sans gravité.
Le Brazza, qui est une des plus belles uni,
tés de la Compagnie naviguant stn' la ligne,
est commandé par le capitaine Caniou. L'oc-
cident est survenu jeudi matin, vers sept heu-
res, Une brume épaisse rendait plus difficile
encore l'accès du chenal de la rade de Libre-
ville, et le paquebot s'est échoué sur im haut-
fonds de sable dur.
s de sa b le dtn-
Le commandant Caniou a fait savoir qu'il
pâmait remettre le paquebot à flot à la pro-
chaine marée en vidant simplement les ballasts
du navire.
LIRE IN SECONDE PAGE :
Au. Sénat, : une sôanco coloniale.
Les tiuilcrios indigènes au Maroc.
Lu forme dos slnginiros à RidiTabct. en
Tunisie.
Lo marché dNord.
CINÉMA COLONIAL
l'Atfantide^de G. W. Pabst
»♦«
Quand les journaux annoncèrent que le pro-
digieux réalisateur de Quatre de l Infanterie,
de l'Opéra de Quat'sous et de la Tragédie
de la mine, G. W. Past allait tourner l'Atlan-
tide, on eut la certitude qu'un grand film colo-
nial allait être l'œuvre marquante de 1932.
Déjà, un metteur en scène sensible, Jacques
Feyder, auteur inoubliable de Visages d'en-
fants, avait réalisé à une époque où le cinéma
n'offrait pas les possibilités actuelles, une œu-
vre remarquable tirée du roman de Pierre Be-
noît. Quand on apprit la décision de Pabst sur
le choix des interprètes, le film de l'Atlantidt
fut attendu dans les milieux cinématographi-
ques et aussi chez les coloniaux comme une
grande première rappelant au théâtre les
grands soirs d'avant guerre.
- Ce film passe depuis quelques jours au ci-
néma des « Miracles ».
L'interprétation a donné ce qu'elle promet-
tait : « Pouvait-on trouver pour Antinea une
interprète plus parfaite que Brigitte Helm?
Visage antique admirable, regard à la fois
mystérieux et cruel, cette artiste dépassait dans
la réalité le rêve que l'on se faisait de cette
femme merveilleuse, à la lecture du roman.
Jean Angelo le capitaine Morhange sut
incarner à la perfection l'homme qui résista
aux charmes d'Antinea et fit naître l'amour
chez la souveraine du Hoggar. Pierre Blan-
char, actuellement un de nos meilleurs artistes,
Florelle ue Pabst avait révélée dans « l'Opéra
de Quat sous, une débutante Tel a Tchai,
Wladimir Sokoloff et Wiemann complétaient
cette distribution de tout premier ordre qui, à
part Jean Angelo, avait manqué à Jacques Fey-
der.
Comme extérieur, le Désert, avec pour fres-
ques vivantes les caravanes qui se prêtent si
bien au cinéma. Comme décor une conception
intelligente et heureuse d'une cité à la fois mo-
derne et rustique aménagée dans les rochers du
Hoggar et répondant parfaitement au cadre du
roman de Pierre Benoît. Aucune critique n'est
permise sur la technique de ce grand film où
Pabst comme toujours est resté le puissant réa-
lisateur.
Mais au point de vue colonial, comment fut
compris ce scénario tiré du roman français
L'Atlantide qui connut le succès à travers le
monde ?
Pour tous ceux qui connurent la vie isolée
de la brousse et les nuits troublantes du Dé-
sert, ce fut une joie réelle de trouver dans
l'Antinea de Pierre Benoît, cette nostalgie de
l'Afrique, cet appel des sables, ce mystère
éternel qui noüs fait désirer ces départs vers les
lointains, ces retours vers les régions qui, une
fois qu'on les a connues, ont conquis nos
cœurs, pour toute notre vie.
Antinéa pour un colonial tC3tC uniquement
ce mystérieux appel du Désert, et c'est là ce
qu'avait voulu Jacques Feyder dans sa réa-
lisation première. --
Pabst - fut-il gêné par ce film de Feyder?
- a voulu réaliser une œuvre entièrement nou-
velle, et pour cela prenant dans le roman ce
qui n'était qu'un doute il précisa Antinéa.
Mais faisant d'une femme mystérieuse la fille
de Clémentine, danseuse de cancans, il sup-
prime nettement cet appel inconnu des sables
pour ne faire qu' un retour vers une femme dont
nous connaissons les origines.
Modernisant le roman sans laisser au désert
son insondable isolement,la T.S.F. et l'avion
supprimant les distances diminuent l' atmo-
sphère des lointains, et la nostalgie de l'Afri-
que disparaissant ce n'est plus le roman colo-
nial qui plaisait tant aux isolés, mais un simple
roman d'amour.
Certes dans sa réalisation si rapide Pabst
trop entouré d'assistants, d'opérateurs et d'une
suite que nécessitait son film n'a pu vivre dans
l'isolement cette vie inoubliable des sables
dont son émotion d'artiste eut certes modifié
le scénario en laissant au roman toute la poé-
sie du doute.
Peut-être les cinéastes et le public, conquis
par la technique impeccable de Pabst préfère-
ront-ils cette nouvelle version, mais je suis bien
certain que les coloniaux aimeront mieux la ver-
sion moins puissante mais plus sensible qu'avait
tournée Jacques Feyder.
Certes le passage de cet enterrement dans la
ville souterraine est bien émouvant, le cadre
d'Antinea est supérieur de beaucoup à cette
salle te trop studio » créee pour le premier
film, mais Antinea est si peu Paris qu'elle le
fait oublier. Elle n'est pas non plus la « Clé-
mentine » évoquée par l'hetman de Jitomir au
service de la souveraine, que nous avions rêvée
pour un roman tout de mystère.
Si 1 Atlantide de Pabst reste au point de
vue technique et interprètes une œuvre magis-
trale on n'y retrouve pas la sensibilité « des
Jeunes filles en uniforme » et de « No man's
land » ces deux chefs-d'œuvre de la produc-
tion 1932. Ceux qui ne connaissent pas l'Afri-
que ont le droit sans réserve d'admirer cette
nouvelle version de VAtlantique et le défaut
de ceux qui en aimeront moins le sujet, est de
trop connaître celie vi e du désert et de n'y
avoir pas retrouvé le mystère perpétuel qui
attire vers les sables.
Alfred Chaumel.
« LE REVEIL D'UN E RACE »
ET LA SOCIETE DES NATIONS
Mllr Hélène Va raresco, déléguée de l'Ar,
m:1ic à l i .S. D. V , présidente, el les mein
bres du Comité international pour la diffusion
artistique et littéraire par le cinématographe,
présidera une présentation par la Société G.F.
F.A., et les « films exotiques » la présentation
du film Le Réveil d'une race, tourné au Ca-
meroun sur la maladie du sommeil par Alfred
Chaumel et Geneviève Ohaumcl-Gentil, le
mercredi 29 juin à 10 h. 45 à l'Elysée-Gau-
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