Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1935-12-20
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32693410p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 20 décembre 1935 20 décembre 1935
Description : 1935/12/20 (A36,N122). 1935/12/20 (A36,N122).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
Description : Collection numérique : Thème : L'histoire partagée Collection numérique : Thème : L'histoire partagée
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k63797588
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/11/2012
JOURNAL jjUOTIDIIN
Rédaction & Administration :
1, Rue de la aoum
PARIS (Z')
TÉL. RICHELIEU 73-06
(2 lignes groupées)
36* ANNER. - NI, 122. 1 ., 1 1 , V. «,: I. VENDREDI, 13 H. 30, 20 DECEMBRE 1935
i 1 ài ë C 9
Les Annales Coloniales
Fondateur i Marcel RUEDEL Directeur i Raoul MONMARSON
IIORIEIERTS
n., III Rroué illustrât:
Uau ô Xeb 8 Kels
France et
Colonies 180 n 100 p 60 0
Étranger.. 240» 125 p 70 s
Le Numéro : 80 centimes
On s'abonne sans frais dans
tous les bureaux de poste.
:. En marge du conflit italo-abyssin
L'Angleterre et la campagne
coloniale allemande
Le développement qu'a pris le conflit italo- 1
abyssin est attentivement suivi par les puis-
sances coloniales en raison de plusieurs pré-
cédents qu'on peut en tirer. Mais ce sont
aussi les puissances sans colonies qui en sui-
vent le progrès, espérant que ces mêmes
précédents pourront être utilisés à leur avan-
tage dans des circonstances futures. Ainsi,
le plan Laval-Hoare, en constituant une
prime à l'agression, peut être invoqué dans
sou esprit par ceux qui voudraient recourir
à la force ou a la. pression armée pour s'as-
surer des avantages coloniaux. Il est inté-
ressant de constater cependant que la publi-
cation de ce plan n'a guère étéâsMtiée avec
enthousiasme chez les puiseànces sans colo-
nies, probablement parce qu'elles reconnais-
sent que les arguments basés sur ce précédent
politique sont à double tranchant.
- -Il n'en reste pas moins que cet événement
diplomatique vient renforcer la signification
que certaines puissances veulent donner à
l'article xix dû Covenant, qui prévoit que
l'Assemblée peut inviter les membres de la
S.D.N. à procéder à. un nouvel examen des
traités devenus inapplicables et des situa-
tions internationales dont le maintien pour-
rait mettre en péril la paix du monde. « Quel
que soit le résultat de l'aventure abyssine,
quelle serait l'attitude des puissances colo-
niailes- le -jour uù celles qui ne le sont pas
invoqueront .l'article xix pour satisfaire leurs
aspirations ? La question mérite une consi-
dération sérieuse s'il faut éviter qu'un avenir
rapprpché n'apporte des rivalités dangereuses
pour la" paix. Et elle est actuelle, puisque
déjîl. des observateurs consciencieux ne man-
quent pas de s'inquiéter des prétentions - co-
tomates allemandes qui, si elles ne se tont .1
pas sous le couvert officiel du Reich, ne s'en
affirment pas moins sous les auspices de la
Société Coloniale Allemande qui ne saurait
être tout à fait indépendante des services
.politiques du Reich. En tenant ses assises
périodiques, cette importante société ne man-
que jamais l'occasion d'affirmer ses espéran-
ces et ses exigences. Dans les derniers jours
du mois d'octobre, le D' -Schnee, ancien
Uuuvérneur générai de l'Est-Africain alle-
mand, a répété la ferme, détermination du
peuple alleinand à travailler pour la récu-
pération des colonies qui seraient nécessaires
à la jeunesse du pays. C'était à l'occasion
de l'inauguration du monument de Karl
Petcrs, le grand colonisateur qui s'était ins-
piré de l'Angleterre dans ses activités, et qui
voulait reridre l'Allemagne économiquement
indépendante à l'aide de colonies, comme
l'Angleterre elle-n^mc avait Réussi a le de-
venir.
Il faut reconnaître que c'est à l'aide de
grands sacrifices et d'une propagande inlas-
sable que l'esprit colonial est maintenu
vivant parmi les populations allemandes. Il
s'agit moins de leur faire regretter la perte
d'un empire de trois millions de kilomètres
carrés (soit six fois la superficie de l'Alle-
magne) et de quinze. millions d'habitants,
mais bien d'envisager les moyens de se faire
attribuer une partie au moins de ces vastes
territoires. Dans la pensée de la Société
Coloniale Allemande, comme dans celle du
Ftihrer d'ailleurs, le premier moyen était de
donner all Reich l'égalité des droits pour
les armements et la sécurité. Ayant réalisé
ce.'but, malgré le ùWme de Genève, le Rcich
penserait a mettre en avant ses revendica-
tions coloniales. Mais en ce moment, la ten-
sion entre la S.D.N. et l'Italie lui donne
beaucoup à réfléchir.
'.Içn attendant, la propagande officieuse
des Nazis dans leurs anciennes colonies afri-
caines, continue sans désemparer, et en dépit
des contretemps qu'elle rencontre de temps
à autre. Dans le Tanganyika, autrefois l'Est
aflricnin allemand, l'immigration germanique
non seulement d'anciens mais aussi de nou-
veaux colons, s'est accélérée depuis quelques
années suivant un rythme qui menace de
submerger l'élément britannique et d'autant
plus que le pays se prête parfaitement à la
colonisation européenne : on y compte à peine
8.000 blancs parmi cinq millions d'indigènes.
bix écoles allemandes donnent un enseigne-
ment national satisfaisant ; et lft Société
Coloniale Allemande demande des fonds pour
faire bénéficier de la même façon d'autres
enfants qui feront plus tard d'excellents
colons. Il est à noter à ce sujet que l'Est-
Africain allemand ne contenait plus un seul
citoyen allemand en 1919. Mais depuis 1926
surtout, il s'y est produit une lente infiltra-
tion, de sorte qu'aujourd'hui plus de trois
mille planteurs et commerçants y sont défi-
nitivement installés et forment un novau très
agissant.
Dans l'ancien Ouest-Africain allemand, le
danger semble être moind re, en raison des
difficultés de l'immigration dues à la nature
du pays qui est en grande partie désertique
et peu peuplé. Mais si parmi ces 300.000
habitants on y compte environ 30.000 de race
blanche, il y a bien 12.000 Allemands parmi
ceux-ci (naturalisés ou non), le reste étant
surtout des Sud-Africains pour la plupart
d'origine hollandaise. On peut donc dire que
l'influence allemande est assez forte dans ce
territoire, et que son accroissement n'a été
.mis en échec que l'année dernière lorsque les
- Allemands y perdirent leurs majorités dans
les élections à la Diète coloniale. En effet,
si les Sud-Africains manifestaient jusqu'ici
aux Allemands une certaine sympathie, ils
ont commencé à leur manifester Une cer-
taine hostilité avec le développement de
leurs idées racistes et de leurs prétentions
dont le danger devenait apparent. Les Alle.
nands ne se gênaient d'ailleurs pas dans lé
détail de leur propagande : visites de grands
personnages ou de missions officielles, orga-
nisation de l'immigration, développement
des écoles, rien n'y a manqué. Et hien que
les colons allemands y sachent que le retour
A l'Allemagne de l'Ouest-Africain, leur fe-
rait perdre leur clientèle-de l'Afrique du Sud,
qui est en ce moment leur unique marché, ils
ne s'en montrent pas moins favorables à ce
patriotisme inspiré de Berlin dans un esprit
de revendications coloniales.
On sait que c'est l'exagération même de
cette propagande dans l'Ouest-Africain qui
avait incité le Gouvernement britannique à
y mettre un terme. l.a dévotion des colons
allemands aux principes hitlériens leur avait
fait donner un « Ftihrer » au « Deutches
Bund * de la colonie et leur avait servi de
prétexte pour des manifestations bruyantes :
associations politiques, meetings de propa-
gande, port d'uniformes et d'insignes, tout
leur était bon pour travailler pour leur réu-
rtion au Vaterland. Or, maintenant, toutes
les organisations nazies sont prohibées dans
l'Ouest-Africain ; et devant la menace hit-
lérienne, cette vaste contrée penserait à de-
lérienne, à l'Afrique australe l'annexion pure
et simple des territoires dont elle a le man-
dat..- Devant - J!nhsenc.:e. de réaction- - sérimwa
de la part de l'Allemagne, certains en sont
venus à se demander si toute cette situation
dans l'Ouest-Africain n'est qu'une manœuvre
de la part de Berlin, qui cacherait ainsi son
dessein de rentrer en possession du Tanga-
nyika en échange de sa renonciation officielle
et définitive à l'Ouest-Africain. L'Allemagne.
n'a plus, en effet, les moyens de coloniser
par seul besoin de prestige ; et de ses deux
grandes anciennes colonies, le Tanganyika
seul présente un intérêt économique et de
peuplement. Dans tout ce pays. les planteurs
allemands font actuellement le quart, de la
production, et leur rayon d'action se déve-
loppe sans cesse. Tls sont même parvenus à
acclimater des cultures nouvelles, comme le
thé et le calté, qui sont pleines de promesse?
et qui sont suivies avec le maximum d'intérêt:
vur Berlin.
1.1 n'est pas impossible que les revendica-
tions allemandes futures ne prennent des 1 or-
mes variées. Ainsi, l'idée de donner à l'Ita-
lie une grosse partie de l'Abyssinie comme
une compagnie il charte sous la souveraineté
du Négus, a fait écrire à un journal alle-
mand que cette offre aurait été plus juste si
on étendait cette concession de l'autre côté de
la frontière du Kenya qui n'est pas encore
colonisé. N'est-il pas possible que l'Allema-
gne demande des concessions semblables
comme premier pas vers des réclamations
plus sérieuses ? La. politique de rapproche-
ment que l'Allemagne suit en ce moment en-
vers l'Angleterre et envers la France laisse
penser que le Reich voudrait employer des
mÓyens diplomatiques appuyés par des arme-
ments puissants, pour en arriver à ses lins.
Ce rapprochement est particulièrement visible
dans le cas de l'Angleterre envers laquelle
l'Allemagne prodigue ses bonnes grâces. Et
l'approbation de la politique anglaise par la
presse allemande s'accompagne d'une réserve
très visible de la Wilhelmstrasse à l'égard (le
l'Italie. C'est ce qui permet à des optimistes
d'entrevoir le jour où le Reich viendrait re-
prendre sa place à Genève pour travailler
d'un commun accord avec les autres puis-
sances à La stabilisation de la paix en Eu-
rope. Mais en attendant, le Gouvernement
britannique, comme les autres puissances co-
loniales d'ailleurs, ne manque pas de suivre
attentivement la politique coloniale de l'Alle-
magne afin de ne pas être pris au dépourvu
le moment où celle-ci s'étalera au grand
jour.
Thomas Greenwood,
Professeur à l'Université de Londres.
Mm Le Beau
vient de mourir
Nous avons appris avec regret la mort de
Le Beau, femme du Gouverneur général
de j 1 ta1 Algérie, qui a succombé mercredi, à Ven-
dôme, aux suites d'une intervention chirurgicale.
L'inhumation aura lieu demain, à 11 heures,
au cimetière de Châtillon-sur-Loire (Loiret).
Nous prions M. Le Beau d'agréer l'expres-
sion ,de nos condoléances très émues.
Recettes douanières
AU CAMEROUN
Pour les trois premiers trimestres de Tannée
les recettes douanières aux importations ont at-
teint 15.146.822 fr., dépassant les prévisions
budgétaires de 4.447.847 fr. A ce chiffre, il
faudra ajouter, en fin d'année, le montant des
recettes perçues à l'occasion des exportations
qui sera alors ristourné.
** t *
Et Djibouti ?
- ANGLE1:ERR'k' et la
France conjugu é n t
leurs ettorts pour
apaiser et, si possiotç,
resouore le contiit lia-
lu-etiiiopien. Ce n est
certes pas nous qui
- blâmerons M. Laval
et Sir Samuel Hoare. Ils sont dans leur roie
d'hommes d'Etat conscients de leur responsabi-
lité et ardemment désireux d'éviter une catastro-
phe.
Mais leurs propositions de paix ont été publiées.
Et tandis que l'Italie les examine, et que ie ixegus
les- rejette, il nous sera bien permis, à notre
tour, d'y jeter un coup d'oeil du point de vue
français.
Cat enfin, il est souhaitable que la paix se
fasse, ii serait désastreux qu'elle se fit à nos
dépens, Or certains milieux coloniaux se montrent
surpris et même alarmés. Malheureusement il 11e.
semble pas que ce soit sans raison.
Le journal l' « Ordre » publiait le 16 décem-
bre la lettre d'un colonial, lettre angoissée et an-
goissante, qui a le son d'un cri d'alarme.
On parle, par exemple, d'assurer à l'Ethio-
pie un débouché maritime, soit par le port d'As-
sah, en Erythrée, soit par le port de Zeïlah t.n
Somalie britannique, soit enfin par celui de Dji-
bouti, où des franchises très larges seraient ac-
cordées à-la convenance de Rome et du Négus.
En eux-mêmes, ces trois « soit » sont déjà
sérieusement inquiétants.
Un port à Assab, ce serait forcément une voie
ferrée. Assab-Addis-Abeba, dont l'Italie s'assure-
rait au moins le contrôle. Nous aurions là une
concurrence redoutable à notre chemin de fer de
Djibouti-Addis-Abeba. Et nous serions dupes.
C'est donc une hypothèse que la France ne peut
accepter. -
Le port de Zeïlah ne vaudrait pas mieux. Tout
près de Djibouti, il serait son rival acharné et
peut-être heureux. On ne conçoit même pas que
les Anglais aient pu émettre une telle proposi-
tion, à moins qu'ils ne poursuivent, sous prétexte
de; paix, des intérêts égoïstes. - u
Donc une .seule possibilité pour la France, Dji-
bouti.-Sans quoi comme le dit très bien le colo-
nial en question, nous remporterions à Genève
une défaite diplomatique des plus cruelles.
Djibouti se prêterait parfaitement à l'aménage
ment d'un port éthiopien. Le projet serait te
plus facile à réaliser et le moins coûteux. Pou-
vant être rapidement réalisé, Il serait de nature
à décider le Négus qui verrait du moins, qu'il ne
lâche pas tout à fait la proie pour l'ombre.
Mais comme il importe que notre diplomatie
soit prudente et qu'en voulant servir la cause de
la paix, elle ne desserve pas les intérêts de la
France.
Jean Philipt
: S",llr.ur du Hors.,
membre de la Commission des
- - rtnmtrKs,-~mt!m(rre~âë ? CMitfnl'
sion des Colonies.
---,--_,.-----_.-
AUDIENCES
AU MINISTERE DE L'INTERIEUR
M. Joseph Paganon, ministre de l'Intérieur,
a reçu avant-hier soir, en présence du Gouver-
neur général de l'Algérie, qui avait tenu à
assister a cette conférence malgré le deuil cruel
qui le frappe, et des représentants de la prési-
dence du Conseil et du ministère des Finan-
ces, les parlementaires de l'Algérie, ainsi que
trois délégués des assemblées algériennes :
MM. Duclaux, Bordèré et Galle.
Au cours de ceite réunion, ont été examinés
les différents problèmes économiques et finan-
ciers qui occasion du budget 'de
1936 de se posent à l'
l'Algérie. -..- ---
jDéplcxcements
EN TUNISIE
Hier, à la Chambre, le bruit courait que M. »
P.-E. Flandin, ministre d'Etat, s'embarquerait
incessamment pour la Tunisie, où il compte
prendre quelque repos pendant les vacances
parlementaires de fin d'année.
–:
, .., ,.
A la Société des Nations
La question assyrienne
Le Conseil de la Société des Nations, sié-
geant tnercredi sous la présidence de M. Ruis
Guinazu, représentant (de l'Argentine, s'est
occupé, en séance privée, de l'établissement
des Assyriens de l'Irak. Shabi Nagib, repré-
sentant de l'Irak, avait pris place à la table
du Conseil.
M. Lopez Olivan, représentant de l'Espa-
gne; a donné lecture de son rapport dont les
conc lusions ont été adoptées.
Sur-la proposition du rapporteur, le Conseil
a ̃ nommé membres r du Conseil des trustées
chargé d'assumer la responsabilité financière
des opérations d'établissement des Assyriens
de l'Irak dans la plaine du Ghab, M. Henri-
J. Guenod (Suisse), président, et M. Juan de
Las Barcenas (Espagne). Le haut commis-
saire de là République française en Syrie est
invité à désigner aussitôt que possible un re-
présentant au Conseil des trustées.
M. Massigli, qui représentait la France à
1 cette séance au Conseil, a déclaré que le haut
commissaire de France dans le Levant don-
nera sa pleine collaboration à l'acrion du
- Conseil des trustées.
L Italie n'occupait pas sa place à la table
du Conseil, La délégation italienne à Genève
explique cette abstention par le fait que le
gouvernement italien n'a pas voulu préjuger
l'attitude qu'adoptera cette nuit le grand
Consei l fasciste à l'égard des propositions
franco-britanniques de paix. Elle fait d'ail-
leurs observer que depuis l'application des
sanctions, l'Italie s'est abstenue de participer
à auoane réunion de caractère politique de la
Société des Nations.
Une belle figure coloniale
Le général Meynler
11 y a environ un mois, le Général Mey-
nicr fit, à la Société de Géographie, une con-
férence très remarquée sur le développement
des relations sahariennes entre l'Algérie et
le Soudan.
» D'une parole brève, souvent alourdie
d'émotion, le Général Meynicr exposa, sans
jamais se mettre en cause, des résultats dûs
cependant en grande partie à son initiative
el à sa propre" activité. -
Il dévoila ainsi, sans que le public ne
s'en doutât, l'idéal qui le guide toujours, en
dépit de tout.
Une tête fine, d'épais cheveux blancs re-
jetés en arrière, un front uni et limpide, des
yeux clairs et pétillants derrière un lorgnon
rebelle, un sourire très bon, lui font une phy-
sionomie qu'on ne saurait oublier après
l'avoir vue une fois. L'avant-bras rigide
donne quelque chose de tragique à l'éner-
gique prestance de son corps mince, à la
vivacité juvénile de sa démarche.
Tout jeune officier, Meyniet prend part,
de 1896 à 1899, à la pacificatjon de la Bou-
cle du Niger, dans la région de Tombouctou
à Gao, si mal connue à cette époque. Il fait
partie de la Mission de l'Afrique Centrale
(Voulct-Chanoine) qui, de 1899 à 1900, avec
la Mission Foureau-Lamy venue d'Algérie,
et la Mission Gentil partie du Cungu,
assure, pour le Tchad, la liaison des .trois
grands groupes de possessions françaises
Afrique.
La Mission Joalland-Meynier, restée pré-
sente dans tous les esprits, mène à bien son
œuvre civilisatrice, et, en 1904, elle reçoit
la Grande Médaille d'Or de la Société de
Géographie de Paris. Puis, le Capitaine Mey-
nier entre à l'Ecole de Guerre, il en sort
en 1907 pour retourner au Niger en qualité
d'Adjoint au Commandant du Territoire;
c'est l'époque où fut signée la convention,
algéro-soudanaise de Niamey. Le Capitaine
Meynier, fort de son expérience, y prend une
part active.
La Métropole le rappelle alors, et il de-
vient professeur à Saint-Cyr. En 1911, le
Gouverneur Général de l'Algérie, M. Lu-
- taud, demande qu'il fasse partie de son Ca-
binet Militaire et lui confie l'étude et la
réglementation des relations transsaharion-
- nés.
En 1913, il est nommé Commandant Mili-
taire des Oasis, ce qui lui permet d'inter-
venir plus directement et d'obtenir des réa-
lisations pratiques du plus haut intérêt pour
: l'extension de l'influcilcc française dans
J'Extrême-Sud. Ccpendant, les difficultés
* s/amoncellent sur sa route : les Senoussite3
! 'opposent unt résistance fanatique' à nos
! Qfforts de pénétratiôn. Malgré tout, il pour-
; suit l'installation des premiers postes de
,.,T..S.e.t. le tracé-tles-premières pistes-autor
mobiles qu'il pousse au delà d'In-Salah, jus-
qu'au Hoggar. Il mène si bien ses entrepri-
ses hardies que la Métropole s'en émeut
enfin, et le Gouvernement de la République
adresse des félicitations au Lieutenant-Colo-
nel Meynier pour la réussite des opérations
de T)ianet.
Mais la guerre européenne vient interrom-
pre le cours d'une carrière coloniale déjà
brillante ; sur le champ de bataille, le
12 avril 1918, il est fait Commandeur de
la Légion d'Honneur. En 1925, le Colonel
Meynier revient en Algérie comme chof du
Cabinet Militaire du Gouverneur général
Viollettc. Grâce à lui, le Gouverneur peut,
pour la première fois, porter officiellement
les virux et le sàlut de la France aux popu-
lations sa hariennes d'Adrar, de Ksabi, de
Timimoun. .t'ei-i- i to i i-es du
Puis, nommé Directeur des Territoires du
Suri, le Général Meynier travaille à assu-
rer définitivement au Sahara, une sécurité
complète; et cette étendue de sable et de
roche, de tristes et inquiétantes solutions de
continuité qu'elle était, devient un lien qui
unit l'Afrique du Nord à l'A.O.F.
Un des premiers, le Général traverse le
grand désert en automobile, après l'avoir si
souvent parcouru a dos de chameau : c'est
le signal des grands raids; les communica-
tions, automobiles d'abord, aériennes ensuite,
s'organisent entre les deux rives du désert.
Ces préoccupations techniques n'empêchent
.pas Ie..Général Meynier d'appliquer à
l'Extrême-Sud le plan d'assistance médicale
préconisé par le Gouverneur Général Viol-
lette : des infirmeries indigènes sont créées.
C'est là de l'utile besogne, de la vraie
pacification française !
En toute tranquillité, dès lors, le Géné-
l'al Meynier peut procéder à l'équipement
technique du Salwrx. Les pistes automobi-
les sont baisées, jalonnées d'hôtels; les pos-
tes de T.S.F. se multiplient, des centres de
distribution d'essence se créent. Le touriste
apnaraît là où, dix ans avant, nos méharis-
tes ne s'aventuraient qu'en force.
Et puis, en janvier 1935, c'est la retraite.
A cause de sa compétence indiscutée, M. le
Gouverneur général Carde conne à ce grand
colonial une mission en vue « du développe-
ment des relations économiques et touristi-
ques, à travers le Sahara » : il peut donc
poursuivre la tâche qu'il a assumée toute sa
vie. C'est ainsi que le r4 avril 1935 est
inauguré le Phare Vuillemin, à Bidon V; et
que, poursuivant sa roule vers le Sud, le
Général Meynier entreprend un long et péni-
ble voyage d'étude de Gao à Dakar (avril-
mai .1935). En ce moment même, il organise
une mission commerciale aérienne entre
l'Algérie et le Sénégal, qui quittera Alger
en janvier prochain.
A l'oeuvre on peut juger l'Homme. Il est
bien de la trempe de ceux qui ont donné
à la France le splendide empire colonial
dont elle peut s'enorgueillir aujourd'hui.
- - > S. Maury. -
1 --- -+.-.(---
A la recherche du pétrole
au Cameroun
l'enant du Gabon où il visita les 1ra-,uiux
réalisas (tans cette colonie 3 M. de Y ries s ill-
génieur géologue, chef de la mission de re-
cherche des hydrocarbures. assista de M.
Korcisky, ingénieur g/ologtfr du Ten'if aire
et du géomètre Schmitt, a commencé les
opérations de reconnaissance des suinte-
ments signalés dans le sud nu territoire.
Colonisation
En Guyane
Le Gouverneur de la colonie vient de
créer un Secrétariat de la Colonisation de la
Guyane et du Territoire indéfendant de
VInini.
Ce Secrétariat a dans ses attributions :
D'une part :
Installation des colons nouvellement arri-
vés dans la colonie.'
Groupement et publication de documents
et textes administratifs, études, rapports,
brochures, publications et renseignements
techniques se rapportant à la colonisation.
Attribution et contrôle des concessions
agricoles et d'élevage sous le contrôle du
Chef des bureaux du Gouvernement (i'1' bu-
reau).
Création l, organisation de.-3 rentre-, de co-
lonisation.
Etablissement annuel de- statistiques de
la production agricole.
Contrôle et vérification des déclarations
de surfaces que les exploitants pourraient
ctre amenés à faire ilans l'avenir.
Standardisation des produits agricoles ex-
portés de la colonie.
part
Le Sécrétai iat administratif des trois
conseillers techniques
Agriculture et élevage,
Eaux et forêts,
Médecine-vétérinaire, qui sont charg- de
la documentation et de la rédaction des let-
tres et rapports propres à leur spécialité.
Le Secrétariat e>t placé sous la direction
du Chef du service de l'Agriculture et de
l'hlevage et sous le contrôle du Chef des
bureaux du Gouvernement.
Chez les Diplomates
EN EGYPTE
M. de Lacroix, ministre plénipotentiaire de
première classe,11or5 cadres, chargé de mission
en Egypte, a été replacé dans le cadre des
agents de son grade et nommé envoyé extraor-
dinaire et ministre plénipotentiaire à Prague.
M. Moisson, baron de Vaux, ministre plé-
nipotentiaire de première classe à Helsingfors,
a été chargé de mission en Egypte et placé
hors cadres.
EN ETHIOPIE
M. Balay, secrétaire d'ambassade de troi-
sième classe faisant fonctions de 2° secrétaire
à la légation d'Addis-Abeba, a été chargé des
fonctions de son grade à la légation de Sofia.
M. Robert du GarcJier, secrétaire 'd'ambas-
sade de troisième classe à la légation de Pékin,
a été chargé des fonctions de 2° secrétaire à la
légation d Addis-Abeba.
EN CHINE
M. Naggiar, ministre plénipotentiaire de
2e classe à Prague, a été nommé envoyé extraor-
dinaire et ministre plénipotentiaire à Pékin.
Autour des incidents
politiques de Rabat
.0 us avons dit comment un comité de
coordination, compose des représentants des
Chambres consulaires, s'étail constitué à la
suite des incidents qui avaient déterminé la
rupture entre la Résidence et ces délégués.
Au cours d'mre première séance} tenue la
semaine dernière, sous la présida, ce de If,
Chapon, président de la ( hambre de corn
Jl/errc de Casablanca, ce comité avait adres-
sé, zijivi que nous l'avions signalé, deux
télégrammes : luit à M. Bérenger, président
de la Commission sénatoriale des Affaires
étrangères, l'autre au président du Conseil,
ministre des Affaires étrangères.
ICn réponse à cette communication, M.
Pierre Laval (i fait parvenir de Genève, le
12 décembre, à .1/. Ponsot, avec prière de le
transmettre au président du Comité de
coordination, le télégramme suivant :
Je vous prie de ivniellro le tOlêg aimnr
suivant à M. le président d<' la (Jiamhve de
Commerce de Casablanca.
Kn vous accusant réception de voire Ar1-
légrainnie du lu déccnibr'1, je tiens à vous
marquer que le Résident gênerai qui, de
puis plus do deux ans, a mérité la oon-
liance du Gouvemenn'ni, n'a jamais man-
que de 111e faire connaître les difficultés du
Maroc et le. \'LIIIX de..; assemblées qualifiées
[tour faire entendre leur \Ji"
Le Gouvernement français ne su désinté-
resse ni de la situation économique el O.
ciale des Français du Maroc, ni de celle
des sujets de S M. le Sultan. Saisi de pro-
positions formulées de Imiguo date par la
résidence générale, il ruinpte faire connaî-
tre prochainement par son intermédiaire
l'ensemble des mesures qui donneront une.
nouvelle preuve de sollicitude de la Illét.ro-
iloit, p-qui, I(J p:t,otcctot,ltt..
Je suis sûr qu'en répuiidnul à l'appel fait
pur M Ponsot à voire collaboration vous
servirez mieux que de toute autre manière
les mtéi-êls de la France et du Maroc.
PiEunt: Laval.
En possession de ce télégramme dès le 13
décembre, le Résident ghlrrtll l'a transmis
aussitôt au président de la Chambre de
commerce, mais il a jugé préférable d'en
différer la publication pendant cinq jours.
Le Résident général était, en effet, dési-
reux de permettre au y membres du Conseil
de gouvernement d'étudier au préalable la
situation économique et financière du Maroc
dit bénéfice de sa déclaration dit 3 décembre
et à la lumière de l'expose détaillé distri-
bué le 10 décembre à fous les membres du
Conseil de gouvernement. Le Résident gé-
néral a tenu il ce qu'un certain nombre de
points soient éclaircis avant de rendre jmbli-
que la ré ponse du président du Conseil, tant
en ce qui concerne les conditions mêmes de
l'équilibre budgétaire assuré avec le cou-
cours du gouvernement, français qu'en ce
qui IdUr-ltc les crédits- d'emprunt reportés des
exercices antérieurs qui permettront de ver-
ser dans Véconomie du pays, en 1936, les
mêmes sommes qu'eu 1935, toutes illdictl-
tions qui eussent été normalement données
en commission du budget si celle-ci avait
poursuivi ses travaux.
Le télégramme du président du ( 'onseil a
Ctiusé une profonda impression dans tous les
milieu.\ du protectorat.
- L'Indochine en face
de l'économie ordonnée
par Louis Pargoire.
Il est incontestable que, parmi les diri-
geants de la politique et des affaires, l' éco-
nomie dite ordonnée rencontre de plus en plus
de partisans.
Je ne veux pas chicaner et demander à ses
protagonistes en quoi celle-ci se différencie
de r économie dirigée, aujourd'hui honnie de
tous. -
En fait, les tenants de la nouvelle école
sont à peu près d'accord pour envisager avec
faveur un régime d'autarchie.
Constatant que l'évolution économique de
l' après-guerre nous a amenés, ainsi que la
plupart des autres pays, à nous débattre dans
un réseau de contingentements, de prohibi-
tion, de dunpings et de supertaxes, ils en con-
cluent volontiers qu'il convient d'accepter
cette situation comme acquise et de s'y ins-
taller.
D' où, pour eux. nécessité d' organiser un
système d'autarchie, réglant avec le plus de
précision possible, dans les limites de la na-
tion, les différentes fonctions économiques,
production, crédit, consommation.
Il nous appartient, à nous, coloniaux, de
suivre avec la plus grande attention cette dan-
gereuse tendance.
Certes, nous ne méconnaissons point les dé-
faillances du régime économique actuel. Beau-
coup d'entre nous estiment cependant que ces
défaillances sont bien plus souvent imputables
aux hommes qu'aux institutions, ou pour mieux
dire, que les hommes, spécialement ceux, d'af-
faires et de finance, sont extraordinairerpenl
ingénieux à fausser les meilleures institutions.
Mais, laissant de côté les questions doctri-
nales si importantes soient-elles, et sauf à les
agiter, le moment venu, au sein des assemblées
délibérantes ou devant l'opinion publique, il
convient, tout d'abord, de courir au plus pressé
et d'envisager, dans un esprit de réalisation,
les conséquences possibles d'un régime d'au-
tarchie économique, en cc qui concerne les rela-
tions de la France continentale avec la France
d'outre-mer.
Ayant entendu des orateurs très rematqua-
bles traiter de réorganisation économique de la
France, MM. Dubois, Delaisi, Henri Clerc,
Montagnon, PUivier, etc., j'ai été frappé de
constater combien la question coloniale tenait
peu de place dans leurs préoccupations..là de
Et je tiens à souligner qu'il s'agit là de
1
véritables penseurs et non de batteurs d'es-
trade, de gens qui ont longtemps médité et puis-
samment raisonné, de gens qui ne se paient pas
de mots et se flattent de ne jamais perdre de
vue les réalités.
Eh bien, le fait colonial, cette France d'ou-
tre-mer, peuplée de 60 millions d'habitants,
disposant de centaines de millions d'hectares
de terres en friches, passe presque inaperçu.
il est bien peu de Français, j'entends de
ceux qui n'ont pas habité les colonies, qui se
rendent, même approximativement, compte de
l'importance de ce facteur dans la vie de la mé-
tropole.
Sans doute, sont-ils dans une certaine mesure,
sensibles à l'accroissement de prestige que com-
porte pour la France la possession d'un si vaste
empire.
Mais, à tout prendre, ils considèrent les co-
lonies comme un objet de grand luxe, un bibelot
qu '.un pays riche met sur sa cheminée pour
exciter la jalousie de ses amis, plus que par uti-
lité.
De leur rôle économique, en tant qu' ache-
teur de produits métropolitains et en tant que
fournisseur de matières premières, beaucoup ont
une idée confuse, mais enfin une idée.
Pour ce qui est des relations des colonies
éloignées avec leurs proches voisins, ceci est
un côté de la question qui n'apparaît guère à
16.000 km. de distance.
Et voilà précisément le drame, spécialement
pour l'Indochine si distante, et surtout si pro-
fondément extrême-orientale, aussi bien pour ses
besoino .t o«,s productions que par ses coutumes
ancestrales.
Certes, nul n'est plus que moi partisan de
l' admission progressive et rapide de nos sujets
dans la vaste famille française, nul n'a plus
que moi revendiqué les droits souverains de la
France, comme nul n'a davantage rappelé les
devoirs qui nous incombent à tous et les droits
non moins légitimes des populations soumises.
Mais la fusion ne peut se faire d'un trait de
plume, alors qu'il n'y a pas homogénéité de ci-
vilisation, ni similitude d'ambiance économique,
ni correspondance entre les besoins des uns et
les productions des autres.
Nous en avons eu une preuve irréfragable
lors de la discussion de la loi de soutien du
blé.
Le principal produit indochinois, le riz, celui
Rédaction & Administration :
1, Rue de la aoum
PARIS (Z')
TÉL. RICHELIEU 73-06
(2 lignes groupées)
36* ANNER. - NI, 122. 1 ., 1 1 , V. «,: I. VENDREDI, 13 H. 30, 20 DECEMBRE 1935
i 1 ài ë C 9
Les Annales Coloniales
Fondateur i Marcel RUEDEL Directeur i Raoul MONMARSON
IIORIEIERTS
n., III Rroué illustrât:
Uau ô Xeb 8 Kels
France et
Colonies 180 n 100 p 60 0
Étranger.. 240» 125 p 70 s
Le Numéro : 80 centimes
On s'abonne sans frais dans
tous les bureaux de poste.
:. En marge du conflit italo-abyssin
L'Angleterre et la campagne
coloniale allemande
Le développement qu'a pris le conflit italo- 1
abyssin est attentivement suivi par les puis-
sances coloniales en raison de plusieurs pré-
cédents qu'on peut en tirer. Mais ce sont
aussi les puissances sans colonies qui en sui-
vent le progrès, espérant que ces mêmes
précédents pourront être utilisés à leur avan-
tage dans des circonstances futures. Ainsi,
le plan Laval-Hoare, en constituant une
prime à l'agression, peut être invoqué dans
sou esprit par ceux qui voudraient recourir
à la force ou a la. pression armée pour s'as-
surer des avantages coloniaux. Il est inté-
ressant de constater cependant que la publi-
cation de ce plan n'a guère étéâsMtiée avec
enthousiasme chez les puiseànces sans colo-
nies, probablement parce qu'elles reconnais-
sent que les arguments basés sur ce précédent
politique sont à double tranchant.
- -Il n'en reste pas moins que cet événement
diplomatique vient renforcer la signification
que certaines puissances veulent donner à
l'article xix dû Covenant, qui prévoit que
l'Assemblée peut inviter les membres de la
S.D.N. à procéder à. un nouvel examen des
traités devenus inapplicables et des situa-
tions internationales dont le maintien pour-
rait mettre en péril la paix du monde. « Quel
que soit le résultat de l'aventure abyssine,
quelle serait l'attitude des puissances colo-
niailes- le -jour uù celles qui ne le sont pas
invoqueront .l'article xix pour satisfaire leurs
aspirations ? La question mérite une consi-
dération sérieuse s'il faut éviter qu'un avenir
rapprpché n'apporte des rivalités dangereuses
pour la" paix. Et elle est actuelle, puisque
déjîl. des observateurs consciencieux ne man-
quent pas de s'inquiéter des prétentions - co-
tomates allemandes qui, si elles ne se tont .1
pas sous le couvert officiel du Reich, ne s'en
affirment pas moins sous les auspices de la
Société Coloniale Allemande qui ne saurait
être tout à fait indépendante des services
.politiques du Reich. En tenant ses assises
périodiques, cette importante société ne man-
que jamais l'occasion d'affirmer ses espéran-
ces et ses exigences. Dans les derniers jours
du mois d'octobre, le D' -Schnee, ancien
Uuuvérneur générai de l'Est-Africain alle-
mand, a répété la ferme, détermination du
peuple alleinand à travailler pour la récu-
pération des colonies qui seraient nécessaires
à la jeunesse du pays. C'était à l'occasion
de l'inauguration du monument de Karl
Petcrs, le grand colonisateur qui s'était ins-
piré de l'Angleterre dans ses activités, et qui
voulait reridre l'Allemagne économiquement
indépendante à l'aide de colonies, comme
l'Angleterre elle-n^mc avait Réussi a le de-
venir.
Il faut reconnaître que c'est à l'aide de
grands sacrifices et d'une propagande inlas-
sable que l'esprit colonial est maintenu
vivant parmi les populations allemandes. Il
s'agit moins de leur faire regretter la perte
d'un empire de trois millions de kilomètres
carrés (soit six fois la superficie de l'Alle-
magne) et de quinze. millions d'habitants,
mais bien d'envisager les moyens de se faire
attribuer une partie au moins de ces vastes
territoires. Dans la pensée de la Société
Coloniale Allemande, comme dans celle du
Ftihrer d'ailleurs, le premier moyen était de
donner all Reich l'égalité des droits pour
les armements et la sécurité. Ayant réalisé
ce.'but, malgré le ùWme de Genève, le Rcich
penserait a mettre en avant ses revendica-
tions coloniales. Mais en ce moment, la ten-
sion entre la S.D.N. et l'Italie lui donne
beaucoup à réfléchir.
'.Içn attendant, la propagande officieuse
des Nazis dans leurs anciennes colonies afri-
caines, continue sans désemparer, et en dépit
des contretemps qu'elle rencontre de temps
à autre. Dans le Tanganyika, autrefois l'Est
aflricnin allemand, l'immigration germanique
non seulement d'anciens mais aussi de nou-
veaux colons, s'est accélérée depuis quelques
années suivant un rythme qui menace de
submerger l'élément britannique et d'autant
plus que le pays se prête parfaitement à la
colonisation européenne : on y compte à peine
8.000 blancs parmi cinq millions d'indigènes.
bix écoles allemandes donnent un enseigne-
ment national satisfaisant ; et lft Société
Coloniale Allemande demande des fonds pour
faire bénéficier de la même façon d'autres
enfants qui feront plus tard d'excellents
colons. Il est à noter à ce sujet que l'Est-
Africain allemand ne contenait plus un seul
citoyen allemand en 1919. Mais depuis 1926
surtout, il s'y est produit une lente infiltra-
tion, de sorte qu'aujourd'hui plus de trois
mille planteurs et commerçants y sont défi-
nitivement installés et forment un novau très
agissant.
Dans l'ancien Ouest-Africain allemand, le
danger semble être moind re, en raison des
difficultés de l'immigration dues à la nature
du pays qui est en grande partie désertique
et peu peuplé. Mais si parmi ces 300.000
habitants on y compte environ 30.000 de race
blanche, il y a bien 12.000 Allemands parmi
ceux-ci (naturalisés ou non), le reste étant
surtout des Sud-Africains pour la plupart
d'origine hollandaise. On peut donc dire que
l'influence allemande est assez forte dans ce
territoire, et que son accroissement n'a été
.mis en échec que l'année dernière lorsque les
- Allemands y perdirent leurs majorités dans
les élections à la Diète coloniale. En effet,
si les Sud-Africains manifestaient jusqu'ici
aux Allemands une certaine sympathie, ils
ont commencé à leur manifester Une cer-
taine hostilité avec le développement de
leurs idées racistes et de leurs prétentions
dont le danger devenait apparent. Les Alle.
nands ne se gênaient d'ailleurs pas dans lé
détail de leur propagande : visites de grands
personnages ou de missions officielles, orga-
nisation de l'immigration, développement
des écoles, rien n'y a manqué. Et hien que
les colons allemands y sachent que le retour
A l'Allemagne de l'Ouest-Africain, leur fe-
rait perdre leur clientèle-de l'Afrique du Sud,
qui est en ce moment leur unique marché, ils
ne s'en montrent pas moins favorables à ce
patriotisme inspiré de Berlin dans un esprit
de revendications coloniales.
On sait que c'est l'exagération même de
cette propagande dans l'Ouest-Africain qui
avait incité le Gouvernement britannique à
y mettre un terme. l.a dévotion des colons
allemands aux principes hitlériens leur avait
fait donner un « Ftihrer » au « Deutches
Bund * de la colonie et leur avait servi de
prétexte pour des manifestations bruyantes :
associations politiques, meetings de propa-
gande, port d'uniformes et d'insignes, tout
leur était bon pour travailler pour leur réu-
rtion au Vaterland. Or, maintenant, toutes
les organisations nazies sont prohibées dans
l'Ouest-Africain ; et devant la menace hit-
lérienne, cette vaste contrée penserait à de-
lérienne, à l'Afrique australe l'annexion pure
et simple des territoires dont elle a le man-
dat..- Devant - J!nhsenc.:e. de réaction- - sérimwa
de la part de l'Allemagne, certains en sont
venus à se demander si toute cette situation
dans l'Ouest-Africain n'est qu'une manœuvre
de la part de Berlin, qui cacherait ainsi son
dessein de rentrer en possession du Tanga-
nyika en échange de sa renonciation officielle
et définitive à l'Ouest-Africain. L'Allemagne.
n'a plus, en effet, les moyens de coloniser
par seul besoin de prestige ; et de ses deux
grandes anciennes colonies, le Tanganyika
seul présente un intérêt économique et de
peuplement. Dans tout ce pays. les planteurs
allemands font actuellement le quart, de la
production, et leur rayon d'action se déve-
loppe sans cesse. Tls sont même parvenus à
acclimater des cultures nouvelles, comme le
thé et le calté, qui sont pleines de promesse?
et qui sont suivies avec le maximum d'intérêt:
vur Berlin.
1.1 n'est pas impossible que les revendica-
tions allemandes futures ne prennent des 1 or-
mes variées. Ainsi, l'idée de donner à l'Ita-
lie une grosse partie de l'Abyssinie comme
une compagnie il charte sous la souveraineté
du Négus, a fait écrire à un journal alle-
mand que cette offre aurait été plus juste si
on étendait cette concession de l'autre côté de
la frontière du Kenya qui n'est pas encore
colonisé. N'est-il pas possible que l'Allema-
gne demande des concessions semblables
comme premier pas vers des réclamations
plus sérieuses ? La. politique de rapproche-
ment que l'Allemagne suit en ce moment en-
vers l'Angleterre et envers la France laisse
penser que le Reich voudrait employer des
mÓyens diplomatiques appuyés par des arme-
ments puissants, pour en arriver à ses lins.
Ce rapprochement est particulièrement visible
dans le cas de l'Angleterre envers laquelle
l'Allemagne prodigue ses bonnes grâces. Et
l'approbation de la politique anglaise par la
presse allemande s'accompagne d'une réserve
très visible de la Wilhelmstrasse à l'égard (le
l'Italie. C'est ce qui permet à des optimistes
d'entrevoir le jour où le Reich viendrait re-
prendre sa place à Genève pour travailler
d'un commun accord avec les autres puis-
sances à La stabilisation de la paix en Eu-
rope. Mais en attendant, le Gouvernement
britannique, comme les autres puissances co-
loniales d'ailleurs, ne manque pas de suivre
attentivement la politique coloniale de l'Alle-
magne afin de ne pas être pris au dépourvu
le moment où celle-ci s'étalera au grand
jour.
Thomas Greenwood,
Professeur à l'Université de Londres.
Mm Le Beau
vient de mourir
Nous avons appris avec regret la mort de
Le Beau, femme du Gouverneur général
de j 1 ta1 Algérie, qui a succombé mercredi, à Ven-
dôme, aux suites d'une intervention chirurgicale.
L'inhumation aura lieu demain, à 11 heures,
au cimetière de Châtillon-sur-Loire (Loiret).
Nous prions M. Le Beau d'agréer l'expres-
sion ,de nos condoléances très émues.
Recettes douanières
AU CAMEROUN
Pour les trois premiers trimestres de Tannée
les recettes douanières aux importations ont at-
teint 15.146.822 fr., dépassant les prévisions
budgétaires de 4.447.847 fr. A ce chiffre, il
faudra ajouter, en fin d'année, le montant des
recettes perçues à l'occasion des exportations
qui sera alors ristourné.
** t *
Et Djibouti ?
- ANGLE1:ERR'k' et la
France conjugu é n t
leurs ettorts pour
apaiser et, si possiotç,
resouore le contiit lia-
lu-etiiiopien. Ce n est
certes pas nous qui
- blâmerons M. Laval
et Sir Samuel Hoare. Ils sont dans leur roie
d'hommes d'Etat conscients de leur responsabi-
lité et ardemment désireux d'éviter une catastro-
phe.
Mais leurs propositions de paix ont été publiées.
Et tandis que l'Italie les examine, et que ie ixegus
les- rejette, il nous sera bien permis, à notre
tour, d'y jeter un coup d'oeil du point de vue
français.
Cat enfin, il est souhaitable que la paix se
fasse, ii serait désastreux qu'elle se fit à nos
dépens, Or certains milieux coloniaux se montrent
surpris et même alarmés. Malheureusement il 11e.
semble pas que ce soit sans raison.
Le journal l' « Ordre » publiait le 16 décem-
bre la lettre d'un colonial, lettre angoissée et an-
goissante, qui a le son d'un cri d'alarme.
On parle, par exemple, d'assurer à l'Ethio-
pie un débouché maritime, soit par le port d'As-
sah, en Erythrée, soit par le port de Zeïlah t.n
Somalie britannique, soit enfin par celui de Dji-
bouti, où des franchises très larges seraient ac-
cordées à-la convenance de Rome et du Négus.
En eux-mêmes, ces trois « soit » sont déjà
sérieusement inquiétants.
Un port à Assab, ce serait forcément une voie
ferrée. Assab-Addis-Abeba, dont l'Italie s'assure-
rait au moins le contrôle. Nous aurions là une
concurrence redoutable à notre chemin de fer de
Djibouti-Addis-Abeba. Et nous serions dupes.
C'est donc une hypothèse que la France ne peut
accepter. -
Le port de Zeïlah ne vaudrait pas mieux. Tout
près de Djibouti, il serait son rival acharné et
peut-être heureux. On ne conçoit même pas que
les Anglais aient pu émettre une telle proposi-
tion, à moins qu'ils ne poursuivent, sous prétexte
de; paix, des intérêts égoïstes. - u
Donc une .seule possibilité pour la France, Dji-
bouti.-Sans quoi comme le dit très bien le colo-
nial en question, nous remporterions à Genève
une défaite diplomatique des plus cruelles.
Djibouti se prêterait parfaitement à l'aménage
ment d'un port éthiopien. Le projet serait te
plus facile à réaliser et le moins coûteux. Pou-
vant être rapidement réalisé, Il serait de nature
à décider le Négus qui verrait du moins, qu'il ne
lâche pas tout à fait la proie pour l'ombre.
Mais comme il importe que notre diplomatie
soit prudente et qu'en voulant servir la cause de
la paix, elle ne desserve pas les intérêts de la
France.
Jean Philipt
: S",llr.ur du Hors.,
membre de la Commission des
- - rtnmtrKs,-~mt!m(rre~âë ? CMitfnl'
sion des Colonies.
---,--_,.-----_.-
AUDIENCES
AU MINISTERE DE L'INTERIEUR
M. Joseph Paganon, ministre de l'Intérieur,
a reçu avant-hier soir, en présence du Gouver-
neur général de l'Algérie, qui avait tenu à
assister a cette conférence malgré le deuil cruel
qui le frappe, et des représentants de la prési-
dence du Conseil et du ministère des Finan-
ces, les parlementaires de l'Algérie, ainsi que
trois délégués des assemblées algériennes :
MM. Duclaux, Bordèré et Galle.
Au cours de ceite réunion, ont été examinés
les différents problèmes économiques et finan-
ciers qui occasion du budget 'de
1936 de se posent à l'
l'Algérie. -..- ---
jDéplcxcements
EN TUNISIE
Hier, à la Chambre, le bruit courait que M. »
P.-E. Flandin, ministre d'Etat, s'embarquerait
incessamment pour la Tunisie, où il compte
prendre quelque repos pendant les vacances
parlementaires de fin d'année.
–:
, .., ,.
A la Société des Nations
La question assyrienne
Le Conseil de la Société des Nations, sié-
geant tnercredi sous la présidence de M. Ruis
Guinazu, représentant (de l'Argentine, s'est
occupé, en séance privée, de l'établissement
des Assyriens de l'Irak. Shabi Nagib, repré-
sentant de l'Irak, avait pris place à la table
du Conseil.
M. Lopez Olivan, représentant de l'Espa-
gne; a donné lecture de son rapport dont les
conc lusions ont été adoptées.
Sur-la proposition du rapporteur, le Conseil
a ̃ nommé membres r du Conseil des trustées
chargé d'assumer la responsabilité financière
des opérations d'établissement des Assyriens
de l'Irak dans la plaine du Ghab, M. Henri-
J. Guenod (Suisse), président, et M. Juan de
Las Barcenas (Espagne). Le haut commis-
saire de là République française en Syrie est
invité à désigner aussitôt que possible un re-
présentant au Conseil des trustées.
M. Massigli, qui représentait la France à
1 cette séance au Conseil, a déclaré que le haut
commissaire de France dans le Levant don-
nera sa pleine collaboration à l'acrion du
- Conseil des trustées.
L Italie n'occupait pas sa place à la table
du Conseil, La délégation italienne à Genève
explique cette abstention par le fait que le
gouvernement italien n'a pas voulu préjuger
l'attitude qu'adoptera cette nuit le grand
Consei l fasciste à l'égard des propositions
franco-britanniques de paix. Elle fait d'ail-
leurs observer que depuis l'application des
sanctions, l'Italie s'est abstenue de participer
à auoane réunion de caractère politique de la
Société des Nations.
Une belle figure coloniale
Le général Meynler
11 y a environ un mois, le Général Mey-
nicr fit, à la Société de Géographie, une con-
férence très remarquée sur le développement
des relations sahariennes entre l'Algérie et
le Soudan.
» D'une parole brève, souvent alourdie
d'émotion, le Général Meynicr exposa, sans
jamais se mettre en cause, des résultats dûs
cependant en grande partie à son initiative
el à sa propre" activité. -
Il dévoila ainsi, sans que le public ne
s'en doutât, l'idéal qui le guide toujours, en
dépit de tout.
Une tête fine, d'épais cheveux blancs re-
jetés en arrière, un front uni et limpide, des
yeux clairs et pétillants derrière un lorgnon
rebelle, un sourire très bon, lui font une phy-
sionomie qu'on ne saurait oublier après
l'avoir vue une fois. L'avant-bras rigide
donne quelque chose de tragique à l'éner-
gique prestance de son corps mince, à la
vivacité juvénile de sa démarche.
Tout jeune officier, Meyniet prend part,
de 1896 à 1899, à la pacificatjon de la Bou-
cle du Niger, dans la région de Tombouctou
à Gao, si mal connue à cette époque. Il fait
partie de la Mission de l'Afrique Centrale
(Voulct-Chanoine) qui, de 1899 à 1900, avec
la Mission Foureau-Lamy venue d'Algérie,
et la Mission Gentil partie du Cungu,
assure, pour le Tchad, la liaison des .trois
grands groupes de possessions françaises
Afrique.
La Mission Joalland-Meynier, restée pré-
sente dans tous les esprits, mène à bien son
œuvre civilisatrice, et, en 1904, elle reçoit
la Grande Médaille d'Or de la Société de
Géographie de Paris. Puis, le Capitaine Mey-
nier entre à l'Ecole de Guerre, il en sort
en 1907 pour retourner au Niger en qualité
d'Adjoint au Commandant du Territoire;
c'est l'époque où fut signée la convention,
algéro-soudanaise de Niamey. Le Capitaine
Meynier, fort de son expérience, y prend une
part active.
La Métropole le rappelle alors, et il de-
vient professeur à Saint-Cyr. En 1911, le
Gouverneur Général de l'Algérie, M. Lu-
- taud, demande qu'il fasse partie de son Ca-
binet Militaire et lui confie l'étude et la
réglementation des relations transsaharion-
- nés.
En 1913, il est nommé Commandant Mili-
taire des Oasis, ce qui lui permet d'inter-
venir plus directement et d'obtenir des réa-
lisations pratiques du plus haut intérêt pour
: l'extension de l'influcilcc française dans
J'Extrême-Sud. Ccpendant, les difficultés
* s/amoncellent sur sa route : les Senoussite3
! 'opposent unt résistance fanatique' à nos
! Qfforts de pénétratiôn. Malgré tout, il pour-
; suit l'installation des premiers postes de
,.,T..S.e.t. le tracé-tles-premières pistes-autor
mobiles qu'il pousse au delà d'In-Salah, jus-
qu'au Hoggar. Il mène si bien ses entrepri-
ses hardies que la Métropole s'en émeut
enfin, et le Gouvernement de la République
adresse des félicitations au Lieutenant-Colo-
nel Meynier pour la réussite des opérations
de T)ianet.
Mais la guerre européenne vient interrom-
pre le cours d'une carrière coloniale déjà
brillante ; sur le champ de bataille, le
12 avril 1918, il est fait Commandeur de
la Légion d'Honneur. En 1925, le Colonel
Meynier revient en Algérie comme chof du
Cabinet Militaire du Gouverneur général
Viollettc. Grâce à lui, le Gouverneur peut,
pour la première fois, porter officiellement
les virux et le sàlut de la France aux popu-
lations sa hariennes d'Adrar, de Ksabi, de
Timimoun. .t'ei-i- i to i i-es du
Puis, nommé Directeur des Territoires du
Suri, le Général Meynier travaille à assu-
rer définitivement au Sahara, une sécurité
complète; et cette étendue de sable et de
roche, de tristes et inquiétantes solutions de
continuité qu'elle était, devient un lien qui
unit l'Afrique du Nord à l'A.O.F.
Un des premiers, le Général traverse le
grand désert en automobile, après l'avoir si
souvent parcouru a dos de chameau : c'est
le signal des grands raids; les communica-
tions, automobiles d'abord, aériennes ensuite,
s'organisent entre les deux rives du désert.
Ces préoccupations techniques n'empêchent
.pas Ie..Général Meynier d'appliquer à
l'Extrême-Sud le plan d'assistance médicale
préconisé par le Gouverneur Général Viol-
lette : des infirmeries indigènes sont créées.
C'est là de l'utile besogne, de la vraie
pacification française !
En toute tranquillité, dès lors, le Géné-
l'al Meynier peut procéder à l'équipement
technique du Salwrx. Les pistes automobi-
les sont baisées, jalonnées d'hôtels; les pos-
tes de T.S.F. se multiplient, des centres de
distribution d'essence se créent. Le touriste
apnaraît là où, dix ans avant, nos méharis-
tes ne s'aventuraient qu'en force.
Et puis, en janvier 1935, c'est la retraite.
A cause de sa compétence indiscutée, M. le
Gouverneur général Carde conne à ce grand
colonial une mission en vue « du développe-
ment des relations économiques et touristi-
ques, à travers le Sahara » : il peut donc
poursuivre la tâche qu'il a assumée toute sa
vie. C'est ainsi que le r4 avril 1935 est
inauguré le Phare Vuillemin, à Bidon V; et
que, poursuivant sa roule vers le Sud, le
Général Meynier entreprend un long et péni-
ble voyage d'étude de Gao à Dakar (avril-
mai .1935). En ce moment même, il organise
une mission commerciale aérienne entre
l'Algérie et le Sénégal, qui quittera Alger
en janvier prochain.
A l'oeuvre on peut juger l'Homme. Il est
bien de la trempe de ceux qui ont donné
à la France le splendide empire colonial
dont elle peut s'enorgueillir aujourd'hui.
- - > S. Maury. -
1 --- -+.-.(---
A la recherche du pétrole
au Cameroun
l'enant du Gabon où il visita les 1ra-,uiux
réalisas (tans cette colonie 3 M. de Y ries s ill-
génieur géologue, chef de la mission de re-
cherche des hydrocarbures. assista de M.
Korcisky, ingénieur g/ologtfr du Ten'if aire
et du géomètre Schmitt, a commencé les
opérations de reconnaissance des suinte-
ments signalés dans le sud nu territoire.
Colonisation
En Guyane
Le Gouverneur de la colonie vient de
créer un Secrétariat de la Colonisation de la
Guyane et du Territoire indéfendant de
VInini.
Ce Secrétariat a dans ses attributions :
D'une part :
Installation des colons nouvellement arri-
vés dans la colonie.'
Groupement et publication de documents
et textes administratifs, études, rapports,
brochures, publications et renseignements
techniques se rapportant à la colonisation.
Attribution et contrôle des concessions
agricoles et d'élevage sous le contrôle du
Chef des bureaux du Gouvernement (i'1' bu-
reau).
Création l, organisation de.-3 rentre-, de co-
lonisation.
Etablissement annuel de- statistiques de
la production agricole.
Contrôle et vérification des déclarations
de surfaces que les exploitants pourraient
ctre amenés à faire ilans l'avenir.
Standardisation des produits agricoles ex-
portés de la colonie.
part
Le Sécrétai iat administratif des trois
conseillers techniques
Agriculture et élevage,
Eaux et forêts,
Médecine-vétérinaire, qui sont charg- de
la documentation et de la rédaction des let-
tres et rapports propres à leur spécialité.
Le Secrétariat e>t placé sous la direction
du Chef du service de l'Agriculture et de
l'hlevage et sous le contrôle du Chef des
bureaux du Gouvernement.
Chez les Diplomates
EN EGYPTE
M. de Lacroix, ministre plénipotentiaire de
première classe,11or5 cadres, chargé de mission
en Egypte, a été replacé dans le cadre des
agents de son grade et nommé envoyé extraor-
dinaire et ministre plénipotentiaire à Prague.
M. Moisson, baron de Vaux, ministre plé-
nipotentiaire de première classe à Helsingfors,
a été chargé de mission en Egypte et placé
hors cadres.
EN ETHIOPIE
M. Balay, secrétaire d'ambassade de troi-
sième classe faisant fonctions de 2° secrétaire
à la légation d'Addis-Abeba, a été chargé des
fonctions de son grade à la légation de Sofia.
M. Robert du GarcJier, secrétaire 'd'ambas-
sade de troisième classe à la légation de Pékin,
a été chargé des fonctions de 2° secrétaire à la
légation d Addis-Abeba.
EN CHINE
M. Naggiar, ministre plénipotentiaire de
2e classe à Prague, a été nommé envoyé extraor-
dinaire et ministre plénipotentiaire à Pékin.
Autour des incidents
politiques de Rabat
.0 us avons dit comment un comité de
coordination, compose des représentants des
Chambres consulaires, s'étail constitué à la
suite des incidents qui avaient déterminé la
rupture entre la Résidence et ces délégués.
Au cours d'mre première séance} tenue la
semaine dernière, sous la présida, ce de If,
Chapon, président de la ( hambre de corn
Jl/errc de Casablanca, ce comité avait adres-
sé, zijivi que nous l'avions signalé, deux
télégrammes : luit à M. Bérenger, président
de la Commission sénatoriale des Affaires
étrangères, l'autre au président du Conseil,
ministre des Affaires étrangères.
ICn réponse à cette communication, M.
Pierre Laval (i fait parvenir de Genève, le
12 décembre, à .1/. Ponsot, avec prière de le
transmettre au président du Comité de
coordination, le télégramme suivant :
Je vous prie de ivniellro le tOlêg aimnr
suivant à M. le président d<' la (Jiamhve de
Commerce de Casablanca.
Kn vous accusant réception de voire Ar1-
légrainnie du lu déccnibr'1, je tiens à vous
marquer que le Résident gênerai qui, de
puis plus do deux ans, a mérité la oon-
liance du Gouvemenn'ni, n'a jamais man-
que de 111e faire connaître les difficultés du
Maroc et le. \'LIIIX de..; assemblées qualifiées
[tour faire entendre leur \Ji"
Le Gouvernement français ne su désinté-
resse ni de la situation économique el O.
ciale des Français du Maroc, ni de celle
des sujets de S M. le Sultan. Saisi de pro-
positions formulées de Imiguo date par la
résidence générale, il ruinpte faire connaî-
tre prochainement par son intermédiaire
l'ensemble des mesures qui donneront une.
nouvelle preuve de sollicitude de la Illét.ro-
iloit, p-qui, I(J p:t,otcctot,ltt..
Je suis sûr qu'en répuiidnul à l'appel fait
pur M Ponsot à voire collaboration vous
servirez mieux que de toute autre manière
les mtéi-êls de la France et du Maroc.
PiEunt: Laval.
En possession de ce télégramme dès le 13
décembre, le Résident ghlrrtll l'a transmis
aussitôt au président de la Chambre de
commerce, mais il a jugé préférable d'en
différer la publication pendant cinq jours.
Le Résident général était, en effet, dési-
reux de permettre au y membres du Conseil
de gouvernement d'étudier au préalable la
situation économique et financière du Maroc
dit bénéfice de sa déclaration dit 3 décembre
et à la lumière de l'expose détaillé distri-
bué le 10 décembre à fous les membres du
Conseil de gouvernement. Le Résident gé-
néral a tenu il ce qu'un certain nombre de
points soient éclaircis avant de rendre jmbli-
que la ré ponse du président du Conseil, tant
en ce qui concerne les conditions mêmes de
l'équilibre budgétaire assuré avec le cou-
cours du gouvernement, français qu'en ce
qui IdUr-ltc les crédits- d'emprunt reportés des
exercices antérieurs qui permettront de ver-
ser dans Véconomie du pays, en 1936, les
mêmes sommes qu'eu 1935, toutes illdictl-
tions qui eussent été normalement données
en commission du budget si celle-ci avait
poursuivi ses travaux.
Le télégramme du président du ( 'onseil a
Ctiusé une profonda impression dans tous les
milieu.\ du protectorat.
- L'Indochine en face
de l'économie ordonnée
par Louis Pargoire.
Il est incontestable que, parmi les diri-
geants de la politique et des affaires, l' éco-
nomie dite ordonnée rencontre de plus en plus
de partisans.
Je ne veux pas chicaner et demander à ses
protagonistes en quoi celle-ci se différencie
de r économie dirigée, aujourd'hui honnie de
tous. -
En fait, les tenants de la nouvelle école
sont à peu près d'accord pour envisager avec
faveur un régime d'autarchie.
Constatant que l'évolution économique de
l' après-guerre nous a amenés, ainsi que la
plupart des autres pays, à nous débattre dans
un réseau de contingentements, de prohibi-
tion, de dunpings et de supertaxes, ils en con-
cluent volontiers qu'il convient d'accepter
cette situation comme acquise et de s'y ins-
taller.
D' où, pour eux. nécessité d' organiser un
système d'autarchie, réglant avec le plus de
précision possible, dans les limites de la na-
tion, les différentes fonctions économiques,
production, crédit, consommation.
Il nous appartient, à nous, coloniaux, de
suivre avec la plus grande attention cette dan-
gereuse tendance.
Certes, nous ne méconnaissons point les dé-
faillances du régime économique actuel. Beau-
coup d'entre nous estiment cependant que ces
défaillances sont bien plus souvent imputables
aux hommes qu'aux institutions, ou pour mieux
dire, que les hommes, spécialement ceux, d'af-
faires et de finance, sont extraordinairerpenl
ingénieux à fausser les meilleures institutions.
Mais, laissant de côté les questions doctri-
nales si importantes soient-elles, et sauf à les
agiter, le moment venu, au sein des assemblées
délibérantes ou devant l'opinion publique, il
convient, tout d'abord, de courir au plus pressé
et d'envisager, dans un esprit de réalisation,
les conséquences possibles d'un régime d'au-
tarchie économique, en cc qui concerne les rela-
tions de la France continentale avec la France
d'outre-mer.
Ayant entendu des orateurs très rematqua-
bles traiter de réorganisation économique de la
France, MM. Dubois, Delaisi, Henri Clerc,
Montagnon, PUivier, etc., j'ai été frappé de
constater combien la question coloniale tenait
peu de place dans leurs préoccupations..là de
Et je tiens à souligner qu'il s'agit là de
1
véritables penseurs et non de batteurs d'es-
trade, de gens qui ont longtemps médité et puis-
samment raisonné, de gens qui ne se paient pas
de mots et se flattent de ne jamais perdre de
vue les réalités.
Eh bien, le fait colonial, cette France d'ou-
tre-mer, peuplée de 60 millions d'habitants,
disposant de centaines de millions d'hectares
de terres en friches, passe presque inaperçu.
il est bien peu de Français, j'entends de
ceux qui n'ont pas habité les colonies, qui se
rendent, même approximativement, compte de
l'importance de ce facteur dans la vie de la mé-
tropole.
Sans doute, sont-ils dans une certaine mesure,
sensibles à l'accroissement de prestige que com-
porte pour la France la possession d'un si vaste
empire.
Mais, à tout prendre, ils considèrent les co-
lonies comme un objet de grand luxe, un bibelot
qu '.un pays riche met sur sa cheminée pour
exciter la jalousie de ses amis, plus que par uti-
lité.
De leur rôle économique, en tant qu' ache-
teur de produits métropolitains et en tant que
fournisseur de matières premières, beaucoup ont
une idée confuse, mais enfin une idée.
Pour ce qui est des relations des colonies
éloignées avec leurs proches voisins, ceci est
un côté de la question qui n'apparaît guère à
16.000 km. de distance.
Et voilà précisément le drame, spécialement
pour l'Indochine si distante, et surtout si pro-
fondément extrême-orientale, aussi bien pour ses
besoino .t o«,s productions que par ses coutumes
ancestrales.
Certes, nul n'est plus que moi partisan de
l' admission progressive et rapide de nos sujets
dans la vaste famille française, nul n'a plus
que moi revendiqué les droits souverains de la
France, comme nul n'a davantage rappelé les
devoirs qui nous incombent à tous et les droits
non moins légitimes des populations soumises.
Mais la fusion ne peut se faire d'un trait de
plume, alors qu'il n'y a pas homogénéité de ci-
vilisation, ni similitude d'ambiance économique,
ni correspondance entre les besoins des uns et
les productions des autres.
Nous en avons eu une preuve irréfragable
lors de la discussion de la loi de soutien du
blé.
Le principal produit indochinois, le riz, celui
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